(Traduction de la conclusion en Français. L'article est en Anglais)
Ne commettez pas l’erreur de penser que vous êtes à l’abri, peut-être parce que vous êtes jeune, homme, blanc, hétérosexuel et en bonne santé. Vous pourriez penser que vos données personnelles ne peuvent que vous procurer de bonnes choses, jamais de mauvaises, si vous avez eu de la chance jusqu’à présent. Mais vous n’êtes peut-être pas en aussi bonne santé que vous le pensez, et vous ne serez pas jeune pour toujours. La démocratie que vous tenez pour acquise pourrait se transformer en un régime autoritaire qui pourrait ne pas favoriser des gens comme vous.
De plus, la protection de la vie privée ne concerne pas que votre propre personne. La vie privée est à la fois personnelle et collective. Lorsque vous exposez votre vie privée, vous nous mettez tous en danger. Le pouvoir de protection de la vie privée est nécessaire à la démocratie – pour que les gens votent selon leurs croyances et sans pression indue, pour que les citoyens protestent anonymement sans crainte de représailles, pour que les individus aient la liberté de s’associer, de dire ce qu’ils pensent, de lire ce qui les intéresse. Si nous voulons vivre en démocratie, il faut que le gros du pouvoir appartienne au peuple. Si la majeure partie du pouvoir revient aux entreprises, nous aurons une ploutocratie. Si la plus grande partie du pouvoir revient à l’État, nous aurons une sorte d’autoritarisme. La démocratie n’est pas une évidence. C’est une chose pour laquelle nous devons nous battre tous les jours. Et si nous cessons de construire les conditions dans lesquelles elle prospère, la démocratie ne sera plus. La vie privée est importante parce qu’elle donne du pouvoir aux gens. Protégez-la.
Depuis trois à quatre décennies, avec une forte accélération ces dernières années, se réalise le rêve d’une partie du patronat : défaire les avancées du Conseil national de la Résistance.
Faites ce que vous voulez, mais dites adieu au modèle social français
Parmi tous les clichés trompeurs qui circulent à propos de la France, celui d’un pays «impossible à réformer» est certainement le plus ridicule. Sans que la majorité des Français ne l’ait vraiment souhaité, les transformations que subit l’économie depuis trois à quatre décennies, avec une spectaculaire accélération ces dernières années, sont à même de réaliser le rêve pas du tout secret d’une partie du patronat et des classes aisées tel qu’il avait été énoncé par Denis Kessler il y a quelques années: défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance et en finir avec le modèle social français.
Après des années de libéralisation dans de nombreux domaines, à commencer par le secteur financier, les «réformes» néolibérales se sont attaquées sérieusement aux deux principaux piliers du modèle social que sont la relation d’emploi et la protection sociale. Pour la première, l’histoire retiendra que c’est un président «socialiste» qui aura mis en œuvre la plus importante loi de flexibilisation du marché du travail de l’après-guerre. La loi travail, prolongée par les ordonnances Macron, constitue non seulement une diminution significative de la protection légale de l’emploi, mais consacre aussi un affaiblissement de la représentation des salariés et pour tout dire un recul de la démocratie sociale.
On pourrait se dire que tout cela n’est pas grave car les transformations en œuvre ne sont que l’une des deux faces de la «flexisécurité à la danoise» qu’Emmanuel Macron vantait tant lorsqu’il était en visite à Copenhague. Pour la flexibilité, c’est vu ; mais la sécurité va suivre, non ? Eh bien non, justement. Parce que si on regarde par exemple la réforme de l’indemnisation du chômage, on est très loin de l’augmentation de la sécurité.
Il y a d’abord la logique d’ensemble qui est de transformer un régime d’assurance fondé sur les cotisations par un régime de «solidarité» financé par l’impôt. Ceci a un double objectif : premièrement, évincer les syndicats de la gestion de l’indemnisation du chômage et faire en sorte que l’Etat reprenne la main ; deuxièmement, permettre la transition vers une indemnisation plus chiche et sous condition(s). Les indemnités ne seront plus un droit acquis par une contribution mais un geste que l’Etat fera en direction des chômeurs. Il faudra donc ne pas être trop exigeant. Le point d’arrivée de cette évolution est le filet de sécurité, la protection minimale des économies les plus libérales.
C’est d’ailleurs le chemin qui est actuellement suivi avec la règle de calcul des indemnités en fonction du salaire mensuel perçu pendant la période précédant le chômage et non plus du salaire journalier, ce qui pénalisera les salariés précaires. On peut aussi mentionner la très forte dégressivité des indemnités pour les cadres, ce qui d’une part va les inciter à chercher un mécanisme complémentaire d’assurance auprès du secteur privé et d’autre part les décourager de soutenir un régime d’indemnisation généreux pour les autres salariés.
Vivement la retraite, doivent se dire de nombreux salariés. Alors là, justement, on poursuit la même logique. C’est une transformation majeure qui va s’opérer avec la réforme annoncée, qui va au-delà des questions d’âge-pivot ou de durée de cotisation. Le système actuel de retraite est un système à prestations définies, c’est-à-dire que lorsque les conditions d’âge ou de durée de cotisations sont remplies, le retraité sait à quelle pension il aura droit, en pourcentage de son salaire par exemple.
Avec le système par points, on passe à un régime à cotisations définies. Chaque point donnera en principe les mêmes droits à indemnisation, mais on ne connaîtra pas le montant de celle-ci au moment où on acquiert les points. Si on ajoute à cela que l’objectif est de maintenir à niveau constant la part du PIB consacrée aux retraites alors que la population concernée va augmenter relativement à la population totale, que les discussions autour de l’âge-pivot ou de la durée de cotisation nécessaire pour ne pas subir de décote vont de toute façon dans la même direction, à la hausse, on ne peut qu’en conclure que les retraités à venir devraient subir une baisse sensible de leurs futurs revenus.
On peut ajouter que la baisse des cotisations pour les cadres, et donc des droits correspondants, devrait inciter ceux-ci à se tourner vers la retraite par capitalisation, ce qui est aussi probablement la «solution» que risquent d’adopter les autres salariés soucieux de leur niveau de vie passé l’âge de la retraite.
Alors que le déploiement sécurisé des réseaux 5G vient d’être adopté par la France (loi « anti-Huawei »), les polémiques fleurissent autour des assistants vocaux (sans oublier votre Xbox) convertis en véritables « mouchards ». A la suite de lanceurs d’alerte, plusieurs médias ont ainsi révélé l’étendue des enregistrements accidentels (non déclenchés par l’utilisateur) et surtout l’envoi de tous les enregistrements à des sous-traitants dont les salariés écoutent vos moments les plus intimes.
Google Home, Apple Siri, Amazon Echo et Xbox, fabricants de ces dispositifs reposant sur l’intelligence artificielle ont en effet recours à des sociétés extérieures pour analyser les requêtes. C’est acceptable, mais là où cela devient glissant, c’est que les salariés peuvent écouter les enregistrements des voix des membres du foyer et des personnes qui les visitent et sont à portée de voix.
La commande vocale est en réalité profondément infiltrée dans votre vie privée. Au-delà des assistants vocaux ce sont bien sûr le téléphone, un casque audio, les équipements ménagers, jusqu’à votre chambre d’hôtel, et demain les véhicules autonomes qui fonctionnent grâce à cette technologie. Il est donc temps de découvrir ce que les fabricants enregistrent, pourquoi, et quels sont les risques pour les utilisateurs.
Contrôler des objets connectés, utiliser des services de divertissement tels sont les fonctions des assistants personnels à commande vocale : répondre à une question, jouer un morceau de musique, donner la météo, descendre les stores, diminuer la température… un vrai valet à votre service !
Tous les appareils connectés se trouvent dans le foyer ou sont portés par leurs utilisateurs. Le volume des données qu’ils génèrent est donc très important et reflète parfaitement le mode de vie de la famille depuis l’heure du lever. Réglage du chauffage, goûts culturels, achats passés, centres d’intérêt… rien de leur échappe. Le profil commercial de chaque membre de la famille est affiné en toute discrétion puisque la voix qui commande l’appareil ne laisse aucune « trace ». En effet, vous souvenez-vous des requêtes formulées hier ? La semaine dernière ? Ou depuis l’achat de cet assistant ? Et qu’en est-il des interactions de vos enfants ou de leurs amis avec cette machine ? L’appareil lui, ne perd pas une miette du moindre mot et s’empresse de l’analyser pour peaufiner la technologie de reconnaissance vocale et, au passage, la publicité ciblée.
Le fonctionnement est tellement simple que l’appareil se déclenche au bruit d’une simple fermeture éclair ! Siri s’est aussi déclenché en plein discours du Secrétaire à la Défense Gavin Williamson qui s’adressait aux députés au sujet de la Syrie. Le même assistant s’active aussi en concordance avec l’Apple Watch. Or, le taux de déclenchement accidentel de cette montre connectée est très élevé et il peut enregistrer jusqu’à 30 secondes de son. Des négociations d’affaires aux rapports sexuels, en passant par des transactions illicites et des consultations médicales, l’objet des enregistrements est identifiable en un rien de temps.
Le motif invoqué par les fabricants pour justifier ces enregistrements est l’amélioration de la technologie de reconnaissance vocale : « améliorer la qualité langagière » selon Amazon et Google. Les sociétés précisent qu’elles permettent à l’utilisateur de s’opposer à certaines utilisations de ces enregistrements par une option d’« opt-out » (pour ce faire, il faudra vous immerger dans les paramètres de votre appareil…). Apple a pour sa part expliqué que l’analyse porte sur moins de 1 % des requêtes et qu’elle se fait moyennant des garanties : les données sont anonymisées (elles ne peuvent pas être rattachées à l’identifiant d’un client) et les personnes chargées de l’analyse ont signé un engagement de confidentialité. Devant le tollé provoqué par ces révélations, la firme a décidé d’introduire une option de consentement pour les utilisateurs.
Si ces enregistrements « accidentels » et leur envoi pour analyse et écoute à des sous-traitants alimentent la polémique, c’est parce que les utilisateurs n’en étaient pas informés par les fabricants. Leur manque de loyauté et de transparence vis-à-vis de leurs clients est donc condamnable, sans compter l’absence de sécurité et de confidentialité s’agissant des enregistrements communiqués aux médias. Ces enregistrements comprennent l’historique des requêtes audio et la transcription des requêtes. Ils sont accompagnés de données de localisation, données de contacts et détails des applications qui servent à vérifier si la réponse à une requête a été donnée, plus les méta-données (date, heure, utilisateur…).
De surcroît, d’innombrables cas d’enregistrements portent sur des discussions privées entre médecins et patients, des négociations commerciales, des transactions apparemment criminelles, ou encore de rencontres sexuelles, etc.
Or, les données contenues par ces enregistrements sont des données à caractère personnel puisqu’il s’agit d’informations se rapportant à une personne physique identifiée ou identifiable. Rappelons que la personne physique peut être identifiée indirectement par référence à un identifiant (nom, numéro d’identification, données de localisation) ou à un ou plusieurs éléments spécifiques propres à son identité qu’elle soit physique, économique, culturelle ou sociale.
Nombre de ces données sont qualifiées de sensibles : celles révélant l’origine raciale ou ethnique, les opinions politiques, les convictions religieuses, l’appartenance syndicale, les données de santé ou celles concernant la vie sexuelle ou l’orientation sexuelle d’une personne. Le RGPD interdit le traitement de ces données sauf consentement explicite de la personne et dans certaines hypothèses strictement définies (art. 9). Or, dans de tels cas, les équipes qui analysent les enregistrements ont pour toute consigne de rapporter un « incident technique », sans plus. Aucune procédure n’est mise en place pour ces données très sensibles !
Au-delà de la publicité ciblée, les risques sont le partage ou la commercialisation des données, le piratage et l’utilisation par des tiers non autorisés (usurpation d’identité, arnaques, ransomware, etc.). Ces risques sont bien réels car la détection de la voix humaine n’est pas infaillible. Lors du Super Bowl 2017, une publicité TV sur Google Home avait déclenché les appareils des téléspectateurs car les personnages lançaient le fameux « OK Google ». De nombreux utilisateurs d’Amazon Echo ont reçu à leur domicile une maison de poupée qu’ils n’avaient pas commandée ! La commande vocale est donc la grande vulnérabilité de ces nouvelles technologies.
L’utilisation des assistants à commande vocale se révèle donc à haut risque pour la vie privée de ses utilisateurs. Leurs propriétaires sont en premier lieu affectés ainsi que toute personne se trouvant à portée de voix de l’appareil, même s’il n’en a pas forcément conscience. Plusieurs principes du RGDP ne sont sans doute pas observés. Celui de licéité, loyauté et transparence tout d’abord, puisque ces enregistrements et leur envoi à des sous-traitants ont eu lieu en dehors de toute information des personnes aisément accessible, facile à comprendre et formulée en termes clairs et simples. La minimisation de l’usage des données est aussi mise à mal car ces sociétés traitent des données qui ne sont ni adéquates, ni pertinentes au regard des requêtes des usagers.
Ensuite, rappelons qu’en vertu du principe de limitation des finalités, la ou les finalités doivent répondre à trois qualités. Être « déterminées » préalablement ce qui signifie qu’il est interdit de collecter des données à des fins préventives. Ces finalités doivent être « explicites », c’est-à-dire communiquées à la personne concernée (droit à l’information) et enfin, être légitimes par rapport à l’activité du responsable de traitement.
Quant à la limitation de la conservation, aucune durée n’est spécifiée par les CGU de Google si ce n’est que les enregistrements sont conservés jusqu’à ce que les utilisateurs les suppriment. Comment faire ? Ici encore, tout repose sur la vigilance de la personne et sa persévérance, à défaut de protection par défaut et dès la conception de la part de Google (accédez ici à votre activité sur la page de Google pour tenter de supprimer vos enregistrements).
Sur certains produits, il est possible de paramétrer plusieurs profils d’utilisateurs, dans ce cas les enregistrements permettent l’identification de la personne (biométrie vocale) et les données sont rattachées à chaque profil. S’agissant de données biométriques, elles sont qualifiées de sensibles au sens du RGPD et ne peuvent être traitées que sur la base d’un consentement explicite.
En cas d’utilisation des données pour une finalité autre que celles spécifiées dans les conditions d’utilisation de ces services, les sociétés peuvent voir leur responsabilité engagée pour détournement de finalité. La CNIL a récemment mis en demeure des sociétés des groupes Humanis et Malakoff-Médéric de cesser d’utiliser pour de la prospection commerciale des données personnelles collectées exclusivement afin de payer les allocations retraite.
Avec l’entrée en application du RGPD, les amendes administratives pour violation des principes de base d’un traitement, y compris les conditions applicables au consentement, peuvent atteindre vingt millions d’euros ou jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial total de l’exercice précédent (le montant le plus élevé étant retenu).
L’autorité de protection des données allemande a justement ouvert une procédure d’enquête en août dernier enjoignant Google de cesser ses analyses des enregistrements pour une durée de 3 mois dans l’Union européenne.
Les détenteurs de ces assistants peuvent tout d’abord exercer leurs droits d’accès à leurs données à caractère personnel pour savoir quelles écoutes ont été faites, et ensuite en demander la suppression. En attendant que des sanctions soient prises, les conseils de la CNIL sont les suivants :
Privilégier l’utilisation d’enceintes équipées d’un bouton de désactivation du microphone.
Couper le micro/éteindre/débrancher l’appareil lorsque vous ne souhaitez pas être écouté. Certains dispositifs n’ont pas de bouton on/off et doivent être débranchés.
Avertir les tiers/invités de l’enregistrement potentiel des conversations (ou couper le micro lorsqu’il y a des invités).
Encadrer les interactions des enfants avec ce type d’appareils (rester dans la pièce, éteindre le dispositif lorsqu’on n’est pas avec eux).
Vérifier qu’il est bien réglé par défaut pour filtrer les informations à destination des enfants.
Enfin, si vous possédez l’appareil Alexa d’Amazon, il est possible de désactiver l’option d’enregistrement dans : Paramètres > Alexa et vos informations personnelles > Gérer comment vos données contribuent à améliorer Alexa > Contribuer à améliorer les services Amazon et à développer de nouvelles fonctionnalités.
Ce n’est pas un secret : sur Internet, notre réputation peut chuter en un clin d’œil. Mais pas de panique, des cyber-nettoyeurs peuvent intervenir en cas de crise.
Henri, jeune ingénieur à la réputation irréprochable, découvre un jour sur Google Images une ancienne photo associée à son nom, qui le montre participant à une soirée sur un thème politique. Le webmaster du site abritant ladite photo ne répondra jamais à sa demande de l’effacer… jusqu’à ce que sa conjointe tombe à son tour sur l’image, où Henri apparaît d’ailleurs accompagné de son ex-petite amie. Le virulent e-mail qu’elle adresse au webmaster en exigeant la suppression de la photo atteint son objectif : à peine une heure plus tard, l’image disparaît de la page. Si cet incident s’est bien terminé pour Henri, ce n’est pas toujours le cas pour d’autres internautes ayant souhaité exercer leur droit à l’effacement, adopté par le Parlement européen en 2016. «Lorsqu’un site ne donne pas suite à votre demande ou qu’il répond par la négative, vous pouvez adresser gratuitement une plainte à la Cnil. Elle dispose du pouvoir de sanctionner les entreprises contrevenantes par des amendes allant jusqu’à 20 millions d’euros ou 4% de leur chiffre d’affaires», explique Sophie Genvresse, adjointe au chef du service des plaintes de la Cnil. «Cette plainte peut concerner n’importe quel type de contenu qui vous porte préjudice : un commentaire sur un forum, un tweet, etc. »
Notre e-réputation étant de plus en plus vulnérable, de nombreuses entreprises de cyber-nettoyage ont vu le jour ces dernières années. Ainsi, des sites comme Deseat.me rappellent gratuitement aux usagers la totalité des comptes qu’ils ont ouverts avec leur adresse Gmail. D’autres, comme JustDelete.Me ou AccountKiller, recensent des centaines de sites en indiquant le lien conduisant vers l’espace dédié à la suppression des comptes sur chacune des plates-formes. Ils expliquent les démarches à effectuer pour celles qui demandent plus d’un clic. «Effacer un profil Facebook ou LinkedIn n’est pas compliqué, mais éliminer un commentaire sur un forum peut nécessiter un vrai travail d’enquête ! Si le site est abandonné, on peut contacter l’hébergeur pour qu’il accepte de supprimer directement cette URL, blog ou forum», souligne Guillaume Sessa, fondateur de Mavieprivee.fr, une société de suppression de données en ligne et de gestion d’e-réputation.
Cependant, on ne peut pas tout faire effacer, les droits numériques ont leurs limites. «La liberté d’expression et d’information peut faire obstacle à la suppression de certaines informations relatives à des éléments de la vie privée. Or, si leur divulgation reste indélébile en ligne, on peut tenter d’en limiter la visibilité sur les moteurs de recherche en sollicitant le déréférencement, sous réserve de certaines conditions et notamment de l’intérêt du public à avoir accès à l’information», précise Sophie Genvresse. Mais ceux-ci ne répondent pas favorablement à la totalité de ces demandes.
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Noyer les contenus négatifs
En quête d’une stratégie alternative, bon nombre de sociétés se sont spécialisées dans l’enfouissement des informations nuisibles par la création de contenus web positifs que l’on fait remonter vers les premiers résultats de Google. «Dans la mesure où 90% des internautes ne naviguent pas au-delà de la première page, on garantit à nos clients que celle-ci ne sera remplie qu’avec du contenu 100% positif», explique Antoine de Tournemire, fondateur de Laudans, une agence spécialisée dans l’e-réputation. «Nos clients sont surtout des professionnels libéraux atteints par le dénigrement, la justice ou un bad buzz. Comme cet artiste français qui, arrivé fatigué et stressé au vernissage de son expo aux États-Unis, a adressé un commentaire sexiste à une journaliste. Ça nous a pris six mois de travail pour noyer les traces de ce scandale ! On a aussi accompagné pendant un an un haut fonctionnaire dont le passé pénitentiaire lui collait à la peau sur Google.»
Rayer d’un moteur de recherche des informations personnelles, un document PDF traînant quelque part ou un contenu diffamatoire peut coûter jusqu’à 330 euros. Les missions plus complexes se font sur devis. «La plupart de mes clients sont des personnalités qui ont besoin d’une stratégie. J’ai assisté une actrice qui avait vu la Toile inondée de clichés où elle était dénudée. Il y a des années, elle avait signé un contrat à l’étranger pour cette séance de photos et les détenteurs des images souhaitaient profiter de la notoriété qu’elle commençait à acquérir en France, se souvient Guillaume Sessa. Ça touchait tellement de sites à l’international qu’il lui était impossible de porter plainte ! Il a fallu contacter les sites un par un pour demander la suppression de toute image publiée. Cela impactait près de 200URL.» En parallèle, le nettoyeur a entrepris une campagne de flooding (technique consistant à poster massivement de nouveaux contenus pour «noyer» les anciens dans la masse), mettant en avant le travail actuel de sa cliente sur plusieurs sites. «On a créé ces pages pour l’occasion, afin qu’elles se placent dans les premiers résultats des moteurs de recherche. Lorsque le site échappe au cadre légal européen, faire valoir nos droits numériques devient un défi !»
Des prestations qui se paient
Première étape : ouvrir une dizaine de profils sur les réseaux sociaux. Sur chacun d’eux, on reformule les phrases et on modifie les mots de la biographie du client, sachant que Google sanctionne les contenus dupliqués. Pareil pour les images : mieux vaut les renommer avant de les poster ailleurs. «On crée aussi un blog et une URL avec les nom et prénom du client, dont on animera régulièrement le contenu pour que Google remonte nos liens vers les premiers résultats de recherche. Au moins 1% du contenu doit être le nom de la personne – par exemple 5mots sur 500– pour que les moteurs de recherche repèrent cette information comme étant pertinente», souligne Antoine de Tournemire. Il en va de même pour les autres sites où apparaît le client. C’est pourquoi, afin d’orienter vers les sites et les profils créés, la société dispose d’un réseau de plusieurs centaines de sites «complices», bien vus par Google, qui acceptent de poster des liens vers les pages positives.
Coût des prestations : entre 2.000 et 30.000 euros, en fonction du nombre et du poids des sites à «enfouir» ou à éliminer. Certains assureurs proposent même des contrats couvrant les risques liés à l’atteinte de l’e-réputation. SwissLife en a été le pionnier en proposant, pour 9,90 euros par mois, l’accès à une assistance juridique et financière en cas de contenu litigieux sur le Web. «Détruire entièrement sa présence sur Internet s’avère presque impossible. Mais au lieu de supprimer nos comptes sur les réseaux sociaux, il est plus sage d’en garder la maîtrise, puisqu’ils peuvent devenir une bonne carte de visite», explique Tristan Mendès France, spécialiste des cultures numériques et chargé de cours au Celsa Sorbonne Université. Alors, plutôt que d’attendre une publication négative ou critique, mieux vaut prendre les devants et poster régulièrement du contenu positif pour travailler sa présence en ligne…
Le principe du reste à charge zéro (RAC 0), incorporé dans la réforme “100% santé”, a été voté en fin d’année 2018. Il instaure progressivement, jusqu’en 2021, un remboursement renforcé de certains paniers de soins auditifs, optiques et dentaires. Calendrier, soins pris en charge, part de remboursement de l’Assurance maladie et des mutuelles… Le guide pour tout comprendre.
Une réforme à un milliard d’euros, financée aux trois quarts par l’Assurance maladie, et au quart par les mutuelles. Le reste à charge zéro, permettant au patient de bénéficier d’aides auditives, optiques et dentaires sans avoir à débourser un euro de leur poche, a été voté en fin d’année 2018 par les parlementaires. Étalée sur 3 ans - 2019, 2020 et 2021-, son application plafonnera progressivement les prix d’achats pour certains paniers de soins bien définis. Dans ces domaines, les “prix sont actuellement fixés librement et déconnectés des tarifs de remboursement”, justifie ainsi le ministère de la Santé. Si le reste à charge moyen des Français s’établit à seulement 8,3%, selon le rapport 2017 de la commission des comptes de la santé, ce chiffre grimpe de façon spectaculaire dans les trois catégories ciblées par la réforme : 22% pour les soins optiques, 43% pour les prothèses dentaires et même 53% pour les aides auditives ! Les patients pourront évidemment continuer à bénéficier de prestations non prises en charge à 100%, aussi appelées paniers “libres”. Les remboursements de ces derniers (via l’Assurance maladie) seront en revanche plafonnés. Voici le calendrier de la réforme, les soins pris en charge ainsi que la part de remboursement de l’Assurance maladie et des mutuelles.
Le reste à charge zéro pour les soins optiques
Il s’agit de la prochaine échéance. A compter du 1er janvier 2020, le “100% santé” sera garanti pour les soins optiques. La réforme, pour les soins liés à la vision, se fera donc en une seule étape et non pas progressivement. Actuellement, le reste à charge moyen s’établit à 22%, et environ 10% des Français renoncent à soins optiques pour des raisons financières selon le ministère.
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Pour bénéficier du reste à charge zéro, le prix des lunettes devra osciller entre 95 euros et 265 euros pour un équipement unifocal et de 180 euros à 370 euros pour un équipement progressif. A ce prix, les verres sont garantis anti-rayures et anti-reflets. Chaque opticien aura l’obligation de proposer 17 modèles de montures adultes “100% santé” (c’est à dire le panier de classe A) en 2 coloris et 10 modèles enfants, ainsi que des verres traitant l’ensemble des troubles visuels. A titre d’exemple, le tarif médian des lunettes corrigeant une myopie modérée (entre -2 et -4 sur chaque oeil) est actuellement établi à 290 euros (dont 135 euros de monture). Le reste à charge pour le particulier est d’environ 65 euros. Après la réforme, toutes les lunettes corrigeant une faible myopie et dont le prix n’excède pas 105 euros seront ainsi entièrement remboursées. Les particuliers pourront également se tourner vers un panier de classe B, c’est-à-dire à prix libres, et choisir ainsi des montures plus esthétiques. Mais dans ce cas, le remboursement des complémentaires sera 100 euros au maximum (contre actuellement 150 euros). Evidemment, tout est fonction des clauses du contrat de la complémentaire.
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Pour arriver au RAC 0, la part de remboursement de l’Assurance maladie passera au 1er janvier de 4% en moyenne à 18% du coût total des équipements. Le reste du remboursement sera assuré par les complémentaires santé.
Le reste à charge zéro pour les soins auditifs
Sur les 3 millions de personnes appareillables en France, seulement 35% d’entre elles sont effectivement équipées d’une aide auditive. Et pour cause : le coût moyen d’équipement pour chaque oreille grimpe à 1.500 euros, et le reste à charge demeure très élevé. D’environ 860 euros, ce dernier représente 53% de la facture totale. Les premières victimes sont évidemment les seniors.
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Pour cela, les soins auditifs ont entamé leur transformation au 1er janvier 2019. Depuis cette date, le panier de soin 100% santé (ceux de classe A) a vu son prix plafond diminuer de 100 euros par oreille, et le remboursement - Assurance maladie et complémentaire - augmenter de 100 euros par oreille également. Cela représente une diminution du reste à charge de 400 euros. Deuxième étape : au 1er janvier 2020, le plafond des tarifs diminuera à nouveau de 200 euros pour chaque oreille, et le remboursement sera rehaussé de 50 euros, pour un reste à charge diminué de 500 euros. Enfin, au 1er janvier 2021, le reste à charge sera nul. Exemple : pour deux prothèses auditives, le gouvernement prévoit que le reste à charge s’établisse à 1.300 euros en 2019 (soit 400 euros de moins qu’en 2018), 800 euros en 2020 et bien entendu, 0 euro en 2021.
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Tous les équipements auditifs sont concernés par le RAC 0 sont : les contours d’oreille classiques, les contours à écouteurs déportés, mais aussi les dispositifs intra auriculaires. Ils seront assortis de protections juridiques solides : 30 jours minimum d’essai avant achat, et quatre ans de garantie. Côté technique, ils devront disposer de 12 canaux de réglages pour pouvoir répondre à tous les troubles auditifs. Enfin ils devront disposer d’au moins trois options. Au choix : le système anti-acouphène, connectivité sans fil, réducteur de bruit du vent, un système anti-réverbération… Pour permettre la réforme, la base de remboursement de la Sécurité sociale doublera entre 2018 et 2021, passant de 200 à 400 euros.
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Comme pour les soins optiques, des équipements de classe B - c’est-à-dire aux tarifs libres - seront toujours proposés. Les bases de remboursement seront les mêmes que pour la classe A, à savoir 400 euros en 2021. Quant à la prise en charge totale, complémentaire comprise donc, elle est limitée à 1.700 euros par oreille.
Le reste à charge zéro pour les soins dentaires
Avec un reste à charge moyen de 43%, la facture pour une prothèse dentaire reste très salée pour les assurés. Environ un Français sur six (16,8%) renonce à des soins dentaires, avec un pic de 28% pour les 20% de Français les plus pauvres.
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Comme pour les aides auditives, les tarifs de panier de soins dentaires seront d’abord plafonnés progressivement entre le 1er avril 2019 et le 1er janvier 2020. En 2020, les couronnes et bridges céramiques en métal seront sans reste à charge, quelle que soit la dent, visible ou non visible. Pour des rendus plus esthétiques, il est aussi possible d’opter pour du céramique, ou du métalo-céramique, mais dans ce cas, le RAC 0 sera cantonné aux dents visibles : les incisives, les canines et prémolaires. Enfin, la matière qui se rapproche le plus de l’aspect de la dent, le céramique zircones, sera sans reste à charge uniquement pour les incisives et les canines. Les bridges céramo-métalliques, réservées aux incisives, ainsi que les bridges métalliques, applicables à toutes les dents, seront aussi sans reste à charge dès 2020. Enfin en 2021, l’ensemble des autres prothèses compris dans le panier soin seront sans reste à charge, y compris les prothèses amovibles (dentiers), les inlays core - ces pièces de métal qui servent à poser des couronnes sur les dents très abîmées - ou encore les couronnes transitoires, la pièce de résine qui sert à couvrir la dent en attendant la pose d’une couronne définitive. Tous ces soins représentent aujourd’hui près de 50% des actes pratiqués par les professionnels, rappelle le gouvernement.
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Pour comprendre l’intérêt de la réforme, un simple exemple suffit. La pose d’une couronne en métal recouverte de céramique coûte en moyenne 550 euros aujourd’hui. Une fois décomptés le remboursement de 75 euros de l’Assurance maladie, le ticket modérateur de 32 euros et le remboursement moyen des complémentaires, il reste au client à débourser 195 euros. Dès 2020, ce RAC sera nul, et le particulier ne paiera plus rien.
Un deuxième panier de soin a été créé, intégrant un RAC modéré pour le client. Il comprend notamment les bridges et couronnes céramo-métalliques posées sur les dents non visibles (comme les deuxièmes prémolaires ou les molaires) et permettra de bénéficier d’un RAC modéré, sans pour autant se voir appliquer un reste à charge zéro. Ce deuxième panier concernera 25% des actes. Le dernier panier de soin permettra de “choisir librement les techniques et les matériaux les plus sophistiqués”, avec aucun plafonnement de tarif. Ce dernier panier touchera ainsi 29% des actes pratiqués.
Continuons notre voyage en Italie et parlons maintenant d l’état civil napoléonien.
Si cette expérience ne couvre pas un laps de temps très étendu (nous pouvons en limiter d’une manière approximative l’extension temporelle entre 1804 et 1814), il s’agit d’une réalité fondamentale pour l’Italie.
En effet, pour la première fois certains territoires italiens ont connu l’existence de registres des naissances, mariages et décès indépendants de ceux de l’Eglise. Ainsi, les événements de la vie des citoyens ont été séparés des sacrements.
L’institution d’un état civil « à la française » a concerné les provinces faisant partie de l’empire et celle du Royaume de Naples, que nous pouvons identifier avec les actuels Piémont, Vallée d’Aoste, Ligurie, Lombardie, Vénétie, une partie du Frioul, Emilie, Romagne, Toscane, Ombrie, Marches, Latium, Abruzzes, Molise, Pouilles, Calabre, Basilicate, Campanie. En étaient exclues la Sardaigne et la Sicile (restées indépendantes), le territoire Tridentin, le Haut-Adige, une partie du Frioul.
Côté organisation, les autorités instituèrent les registres « classiques » des naissances, mariages, décès, ainsi que des registres « annexes ». Généralement, les registres étaient accompagnés de tables annuelles et décennales, et certains étaient rédigés en français.
Pour couronner le tout, un grand recensement de la population fut lancé en 1809, une première depuis des siècles sur une telle échelle.
Cette expérience a influencé énormément l’état civil de 1866 et a aussi eu des répercussions sur la manière dont les états de la « restauration » ont décidé de dresser et d’enregistrer les actes.
L’état civil napoléonien nous livre des documents importants, par rapport auxquels il faut néanmoins prendre du recul. Les erreurs d’âge, de prénom, de patronyme étaient fréquentes, notamment en ce qui concerne le recensement effectué à partir de 1809. En revanche, les informations livrées à propos des métiers exercés sont généralement exactes.
Les registres, rédigés en double exemplaire, sont conservés dans les archives d’état ainsi qu’auprès des communes.
Hypothèse : les garçons et les filles ont toujours été égaux face à l'enseignement supérieur. Première nouvelle ! Cette affirmation qui relève du déni est pourtant soutenue par de nombreuses personnes aujourd'hui, ici même sur Agoravox, et c'est pourquoi j'ai cru bon de me pencher sur l'histoire de la prestigieuse filière des hautes études commerciales. Démonstration à partir du cas HEC Jeunes Filles.
Je publie cet article en réaction à certains propos tenus par des contributeurs sur les forums d'Agoravox et niant le principe de domination masculine en tant que fait historique dans l'enseignement supérieur.
Tout cela m'a ramenée quelques années en arrière... A la fin des années 90, j’ai intégré HEC non pas en tant qu’étudiante mais en tant que salariée dans un service pédagogique. Le président nous avait préparé un beau discours, à nous, les nouveaux arrivants, discours qu'il a débuté en soulignant le point suivant : l'école HEC est ouverte aux filles depuis 1973 ! Quelle bonne nouvelle, me suis-je dit ironiquement. Pourtant, il avait bien raison de le souligner : HEC et les filles, c'est une longue histoire.
Oui car auparavant, il y avait HECJF, c’est-à-dire HEC Jeunes Filles. Une école prestigieuse pour les filles mais forcément moins estimée par les employeurs puisque réservée aux filles. Quant à savoir si l’enseignement atteignait le même niveau, je n’ai pas la réponse à cette question car je n'appartiens pas à la génération concernée et n'ai pas pris le temps de comparer les deux programmes (des témoignages ?). En tout cas, l'enseignement n'était visiblement pas bidon puisque certaines diplômées ont fait de belles carrières. Mais une chose est sûre, l’aura de HECJF n’avait rien à voir avec celle de HEC : demandez à un diplômé d’une grande école de commerce âgé d’une soixantaine d’années ce qu’il pense de HECJF, et vous verrez un sourire se peindre sur ses lèvres.
Si HEC fut fondé en 1881, HECJF est créé en 1916 par Louli Sanua et sélectionne alors ses candidates parmi les bachelières. L'école intègre le groupe des écoles de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris en 1923. A l'époque, l'ESCP (créé en 1821) et HEC (créé en 1881) étaient déjà intégrées à la Chambre mais n'étaient pas ouvertes aux jeunes filles.
C'est en 1954 que le recrutement de HECJF se durcit puisqu'il oblige les candidates à effectuer une année de classe préparatoire, la prépa HEC. La sélection devient de plus en plus difficile au fil du temps, obligeant la plupart des candidates à faire deux ans de préparation. La même année, l'association des diplômées de HECJF, créée en 1917, est déclarée « d'utilité publique » par décret, le 12 avril 1954.
Au début des années 1970, la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris décide enfin d'introduire la mixité dans l'enseignement supérieur. Les conséquences ne tardent pas à se manifester puisque trois ans plus tard, en 1973, les concours d'accès à HEC, à l'ESCP, à l'EAP et à l'ESSEC s'ouvrent aux femmes. Il était temps. Les premières diplômées de HEC sortent en 1975, ce qui entraîne logiquement la fermeture de HEC Jeunes Filles.
On perçoit plusieurs choses dans cet historique. D’abord, il est incontestable que l’accès des hommes et des femmes à l’enseignement supérieur n’était pas égalitaire jusqu’au 20e siècle. Chose qui paraît logique puisque les matières enseignées au lycée n’étaient pas forcément les mêmes (les filles avaient entre autres dans le temps des cours de « gestion domestique », no comment).
Ensuite, la conquête de l’enseignement supérieur ne s’est pas faite en 1 jour ; les choses sont toujours plus complexes. HECJF a été créé pour donner accès aux filles aux écoles de commerce mais on a peine à imaginer que les débouchés étaient les mêmes dans les années 20, 30, 40 ou 50, ne serait-ce que parce que les moeurs ne poussaient guère les femmes à devenir chef d'entreprise.
Il faut ajouter quelques considérations concernant la reconnaissance des associations de diplômés. Pour HEC jeunes hommes, l’association des diplômés fut créée en 1881 et déclarée « d’utilité publique » en 1900, soit 19 ans plus tard. L’association des diplômées de HEC Jeunes Filles fut créée en 1917 et il aura fallu attendre 1954 pour qu’elle soit reconnue « d’utilité publique ». 37 ans plus tard. 54 ans après HEC.
Dernière remarque, certains contributeurs ont souligné à juste titre dans le commentaire d’un autre article d’Agoravox qu'au cours de l'Histoire, l’accès à l’éducation des pauvres fut difficile pour les hommes comme pour les femmes. Et c'est parfaitement vrai. Oui, mais voilà. Elle s’est faite en deux temps : d’abord pour les hommes et ENSUITE pour les femmes, qui ont dû se battre deux fois plus, contre le rejet des privilégiés mais aussi des hommes de leur propre classe sociale. Et bien sûr, contre les mentalités.
Le monde a changé et nombre d'étudiantes intègrent les prestigieuses écoles de commerce. Toutefois, si l'accès aux filières les plus prestigieuses de l'enseignement supérieur (toutes disciplines confondues) est accessible aux femmes et aux hommes de manière égalitaire, les mentalités mettent du temps à changer. Pour preuve, selon un article de L'Expansion, les jeunes filles sorties diplômées de HEC en 1983 (soit dix ans après l'ouverture de l'école aux femmes) ne représentaient que le tiers des effectifs.
Encore aujourd'hui, les traces sont visibles dans les choix de chacune et de chacun lors de l'orientation au lycée, mais aussi lors du choix des filières à l'intérieur même des écoles et universités prestigieuses. Pour ma part, j'ai reçu ma Maîtrise des Sciences de Gestion en 1998 à l'Université Paris IX-Dauphine et autant vous dire qu'à l'époque, certaine filières étaient fortement prisées par les hommes, comme la finance, et d'autres par les femmes, comme le marketing et la gestion des ressources humaines. Non que ces dernières soient moins valables, mais disons qu'elles n'ouvrent pas les portes vers les mêmes hauts postes de direction. Une forme d'auto-censure pousserait-elle les filles à s'orienter vers les filières relationnelles ?
Concernant la vie professionnelle, le même article de L'Expansion cité précédemment, véritable enquête sur les femmes de la promo HEC 83, met également en lumière plusieurs freins empêchant les femmes d'accéder à des postes de n°1 dans les entreprises : volonté de concilier vie professionnelle et vie de famille (nous ne condamnerons pas) ou de pouvour suivre leur mari à l'étranger (principe résultant directement de la domination masculine dès lors qu'il devient la norme) mais aussi une certaine auto-censure ou encore une difficulté à se mettre en valeur et à réclamer : "les femmes attendent implicitement qu'on les installe dans la hiérarchie, alors que les hommes se positionnent tout naturellement au sommet", confient deux salariées de Neumann International (citation de l'article). L'éducation a encore des progrès à faire et ça commence dès l'enfance.
Enfin, il y a la difficulté à s'imposer dès lors qu'elle font concurrence aux hommes : "Tant que j'étais la collaboratrice qui mettait son patron en valeur, on ne tarissait pas d'éloges sur moi. Depuis que je commence à concurrencer des hommes, il y a toujours un petit quelque chose qui ne va pas.", confie une cadre dirigeante d'une grande entreprise (citation de l'article). Ne parlons même pas de la question des salaires, dont les statistiques sont édifiantes : parmi les femmes de cette promotion, 65,2% des femmes auraient un salaire inférieur à 150 000 Euros annuel, contre 41,6% des hommes...
Dans ces conditions, on comprend pourquoi l'auto-censure s'opère dès l'école.
Sanctionné par les États-Unis, le fabricant chinois est contraint de lancer son prochain smartphone phare amputé des services de Google et du magasin d'applications d'Android.
Nouveau coup dur pour Huawei. Le géant chinois de l'électronique pourrait être forcé de repousser le lancement européen de son prochain smartphone haut de gamme dont la présentation doit avoir lieu le 18 septembre à Munich. Très attendu par les fans de la marque, le Mate 30 ne pourra pas bénéficier de la dernière version de la licence Android, a fait savoir un porte-parole de Google à Reuters le 29 août.
Conséquence : le téléphone ne pourra pas proposer les applications Google ni le magasin d'applications Play Store permettant de les télécharger. Cela réduit considérablement son attractivité pour le public occidental et pourrait contraindre le numéro 2 mondial de la téléphonie à retarder sa sortie en Europe. En Chine, les smartphones du groupe doivent déjà composer sans Google et ses services.
Conçu pour fonctionner sur les nouveaux réseaux mobiles 5G, le Mate 30 est le premier lancement majeur de Huawei - le second du groupe après celui du Honor 20 Pro de sa filiale Honor - depuis que les États-Unis ont placé le groupe chinois sur liste noire le 16 mai, interdisant aux entreprises américaines de lui vendre des produits et technologies comportant au moins 25% de composants américains.
Un sursis temporaire de 90 jours a été annoncé par le gouvernement américain la semaine dernière mais il ne s'applique pas aux nouveaux appareils, a précisé Google à Reuters. Il ne concerne que les mises à jour de produits existants.
Beaucoup moins attractif sans les applications Google
Dans ces conditions, le Mate 30 ne pourra pas être vendu avec la suite d'applications habituelle de Google (Gmail, Google Chrome, Google Maps, Google Drive, etc.). Il ne sera pas possible de les télécharger non plus car le magasin d'applications de Google, Play Store, sera lui aussi inaccessible, privant les utilisateurs des services en ligne les plus populaires, tels que Facebook, WhatsApp ou Instagram.
La firme de Shenzhen pourrait toujours proposer le téléphone avec une version open source d'Android et indiquer aux utilisateurs comment télécharger directement les applications via des circuits parallèles. Mais malgré une configuration annoncée comme l'une des plus qualitatives du secteur, avec quatre appareils photos et un processeur surpuissant, le Mate 30 aurait alors du mal à surmonter ces limitations face à la concurrence.
Sans Google, Huawei pourrait aussi décider de sortir le téléphone avec le système d'exploitation maison HarmonyOS, présenté début août par le groupe pour réduire sa dépendance à Android. Mais le logiciel est censé équiper seulement des téléviseurs connectés dans un premier temps. Les observateurs doutent de sa capacité à être opérationnel pour une échéance si proche et à constituer une alternative fiable à Android, qui équipe 8 smartphones sur 10 à travers le monde.
Huawei a d'ailleurs répété lors de la présentation d'HarmonyOS que sa priorité était de continuer à utiliser le système Android, si le gouvernement américain l'y autorise. Basée sur Android, l'interface actuelle des smartphones du groupe est le fruit de plusieurs années de développement avec le logiciel de Google. Contacté par RTL.fr, Huawei n'a pas souhaité commenter les informations de Reuters.
Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft… ces firmes ont récemment reconnu avoir écouté des conversations d’utilisateurs à partir d’enceintes connectées ou de smartphones dans le but d’améliorer les performances de leurs systèmes.
Nichés dans nos téléphones, enceintes et autres objets connectés… les assistants vocaux envahissent notre vie quotidienne. Leur rôle, répondre à des requêtes et exécuter des actions comme l’envoi d’un message, le lancement d’une musique, une recherche sur internet… Faciliter la vie de tout un chacun, en somme.
Mais un nuage vient ternir l’horizon : nos requêtes, nos questions, mais aussi nos conversations privées peuvent être stockées et écoutées. Alors, comment s’en prémunir ?
Les enceintes connectées sont « en veille permanente » et peuvent « s’activer et enregistrer inopinément une conversation dès lors qu’elle[s] croi[en]t détecter le mot-clé » qui la déclenche, rappelle la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) dans un guide en ligne publié en 2018.
L’autorité administrative prodigue quelques conseils pour protéger la vie privée des utilisateurs : privilégier les enceintes « équipées d’un bouton de désactivation du microphone » afin de pouvoir « couper le micro » ou « débrancher l’appareil » lorsque l’on ne souhaite pas être écouté, supprimer régulièrement « l’historique des conversations/questions posées » ou encore « avertir des tiers de l’enregistrement potentiel des conversations ».
Malgré toutes ces précautions, « le simple fait d’avoir une enceinte connectée comporte un danger sur l’utilisation des extraits vocaux », met en garde Martin Drago, juriste à la Quadrature du net. Aroua Biri, experte en cybersécurité, file la métaphore : « l’enceinte connectée, c’est une personne qui peut nous écouter du matin au soir. Ce que l’on dit en sa présence doit pouvoir être dit devant une assemblée ».
Outre l’utilisation des données par les entreprises, la menace d’un piratage plane. « Imaginez si un hacker s’emparait des conversations… », lance Aroua Biri. La solution serait d’« éviter de placer ces appareils dans des espaces d’intimité et de limiter leur usage à un moment dans la journée par exemple ».
Le risque est aussi présent avec les smartphones, qui peuvent également être équipés d’assistants vocaux. Les plus connus : Siri pour Apple, et Google Assistant chez Google. Pour éviter tout enregistrement, il faut tout simplement désactiver lesdits assistants. Mais si l’utilisateur souhaite s’en servir avec plus de contrôle, il est possible de désactiver la fonction de mise en route vocale. Les fameux « Dis Siri » ou « Ok Google ». En clair, l’assistant devra être activé manuellement par l’utilisateur à chaque requête, ce qui ralentit quelque peu le procédé.
Par ailleurs, Google a mis en place l’outil « Mon activité » afin de permettre aux utilisateurs de connaître leurs données enregistrées, dont l’historique des commandes vocales effectuées. Il est possible d’y désactiver l’« activité vocale et audio ».
Dernière révélation en date : Facebook a reconnu avoir fait écouter et transcrire des conversations vocales privées tenues sur son application Messenger. Le réseau social explique que les utilisateurs avaient donné leur accord. Aroua Biri déplore le fait que « beaucoup de gens téléchargent sans regarder les droits qu’ils accordent aux applications ». Dans le cadre de Messenger, explique-t-elle, il est possible d’utiliser l’application sans avoir à accorder la permission d’activer le microphone.
Pour limiter les risques, cette « culture de la vérification » serait donc une condition nécessaire. Mais pas forcément suffisante : « quand Facebook demandait à l’utilisateur de consentir à l’utilisation de son micro sur Messenger, personne ne savait que derrière, il allait y avoir des humains qui allaient écouter les conversations », regrette Martin Drago.
Oubliée la réclame à la papa ! Désormais digitalisée, la pub se veut intelligente et personnalisée. Mais elle est aussi de plus en plus intrusive…
Vous allez fêter votre anniversaire cet été et, voilà que sur votre fil d’actualité Facebook, on vous propose d’acheter un tee-shirt où est inscrit «Les meilleurs sont nés en juillet». Vous consultez régulièrement des sites de recettes italiennes et une publicité apparaît sur votre écran, vantant un tablier de cuisine où s’affiche le slogan «Les filles aiment les garçons qui aiment les pâtes». Comme des centaines de milliers d’internautes, vous venez d’être la proie d’une publicité ciblée qui a utilisé vos données personnelles. Car les réseaux sociaux, mais aussi la plupart des sites Internet que vous fréquentez, savent beaucoup de choses sur vous et ne se privent pas de vendre à leurs clients des informations sociologiques ou géographiques vous concernant. Un marché colossal puisqu’en 2019, selon Cisco, le marché de la publicité digitale (Internet et téléphonie mobile) devrait dépasser les 200 milliards d’euros dans le monde. En France, la publicité en ligne a atteint le chiffre d’affaires record de 4,9 milliards d’euros en 2018. Et pour la première fois, le digital est passé devant la télévision.
«Une bonne publicité, c’est le bon message livré à la bonne personne au bon moment.» La traditionnelle formule n’a jamais été aussi pertinente qu’à l’heure de la révolution numérique, qui permet un ciblage des consommateurs toujours plus précis. Entré en vigueur le 25 mai 2018, le règlement général sur la protection des données (le RGPD) n’a pas entamé ce marché en pleine croissance. Pour le respecter, les sites sont certes obligés de demander l’autorisation aux internautes pour utiliser leurs données, mais cela ne semble pas ralentir le business, car l’immense majorité clique sur le bouton «accepter». Certains internautes ressentent même les pubs ciblées comme moins agaçantes que les publicités classiques, car elles correspondent à leurs envies du moment. Pour toutes ces bannières publicitaires, l’élément central est le cookie.
Des pubs de plus en plus précises
On peut le définir comme un ensemble d’informations textuelles enregistrées sur le navigateur de votre ordinateur après la visite d’un site Internet. A chaque fois que l’on revient sur cette page, l’information est transmise par l’ordinateur au serveur Web qui vous identifie immédiatement. Les cookies basiques, dits «internes», ne sont utilisés que par le site Web que vous avez visité. Mais, très souvent, ces sites partagent ces petits intrus avec des régies publicitaires, qui peuvent ainsi cibler leurs publicités à partir de plusieurs adresses Internet. Grâce à un simple cookie, votre profil d’internaute se précise et les publicités qui s’afficheront sur votre écran correspondront de mieux en mieux à vos données sociologiques et à vos habitudes de consommation. C’est la raison pour laquelle vous recevez des publicités de clubs de vacances en Croatie si vous vous êtes renseigné sur les hébergements de ce pays ou que des messages vous incitent à revenir sur un site d’e-commerce que vous avez récemment consulté.
Encore plus précis, le geo-targeting permet aux annonceurs de cibler leurs clients potentiels en leur proposant des publicités pour des produits ou des services se trouvant à proximité de leur position géographique. Vous êtes au fin fond de l’Aveyron et, comme par hasard, une fenêtre s’affiche sur votre navigateur avec une publicité pour le supermarché situé à 2 kilomètres. Et ce n’est rien à côté de ce qui vous attend : votre téléviseur va, à son tour, bientôt diffuser des publicités adaptées à votre profil. TF1, France Télévisions ou BFM demandent une réforme de l’audiovisuel pour tenter de contrer l’influence grandissante du Net qui fait chuter leur chiffre d’affaires. En janvier 2018, un test grandeur nature a été réalisé par France Télévisions : les habitants de la région du Mans ont reçu une page de publicité spécifique pour l’assureur Thélem sur le signal TNT de France 2 et de France 4. Techniquement, tout est déjà au point et votre box Internet regorge d’informations personnelles que les annonceurs vont s’arracher.
Mais les nouvelles technologies sont jugées de plus en plus intrusives par les consommateurs. Les millennials seraient devenus totalement «adlergics» et ont massivement recours à des logiciels bloqueurs de publicité quand ils sont sur Internet. Dernière polémique en date, les panneaux publicitaires équipés de systèmes de mesure d’audience installés dans le métro parisien ainsi qu’à Toulouse. Sur ces panneaux, des capteurs scannent les ondes Wi-Fi et Bluetooth des smartphones qui passent à proximité afin de mesurer l’audience. Les données recueillies sont anonymes, mais elles permettront de savoir, par exemple, que des personnes qui ont vu une publicité sur un panneau se sont ensuite rendues dans une boutique si elle est équipée du même dispositif… Mais ce qui n’est pas du goût de certains usagers, c’est que, par défaut, tout le monde est enregistré et qu’il faut aller sur le site du prestataire (l’agence Retency) pour signaler qu’on ne veut pas que notre portable soit tracé… Ce qui oblige à communiquer ses données personnelles.
La publicité ciblée mode d’emploi
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À la veille de la réunion du G7 à Biarritz, puis pendant le sommet, les méga-feux en Amazonie ont suscité une émotion planétaire. Réseaux sociaux, médias, responsables politiques ont rivalisé de superlatifs, de constats catastrophistes, de formules lacrymales, d'injonctions au changement et à la responsabilité –en s'arrogeant parfois une licence très poétique avec la réalité des faits ou leur représentation photographique.
«Notre maison brûle», a twitté le président de la République jeudi 22 août, reprenant la métaphore de Jacques Chirac passée à la postérité, plus pour l'inertie coupable qui suivit cette prise de conscience passagère que comme la première pierre d'une politique environnementale et d'une stratégie de développement durable.
Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence. >#ActForTheAmazon pic.twitter.com/Og2SHvpR1P
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 22, 2019
L'histoire dira bien assez tôt si, comme son prédécesseur, Emmanuel Macron se payait de mots, ou si les slogans publicitaires dont il a le secret, au premier rang desquels le gadget anti-Trump «Make Our Planet Great Again», avaient une finalité plus substantielle que faire le buzz tout en soignant sa cote d'amour à l'étranger.
Il reste que, dans le contexte amazonien, l'image de la maison en feu est problématique pour une tout autre raison: l'adjectif possessif qui l'introduit. Dans son tweet, Emmanuel Macron reprend le lieu commun du «poumon de notre planète».
Si le parallèle anatomique se justifie d'un point de vue scientifique, ce passage du local au global, dans lequel l'écosystème amazonien devient un «bien commun universel» et un élément du patrimoine mondial, tend à en déposséder symboliquement ses premiers occupants historiques: les peuples indigènes déjà agressés par les politiques de Jair Bolsonaro.
Quelle que soit sa spontanéité et sa bienveillance, la vague de compassion globale de la semaine passée s'inscrit dans une appropriation morale de l'Amazonie.
Terrible lapsus
Il est symptomatique, dans le cadre de ce processus, que la comparaison avec l'incendie de Notre-Dame ait acquis en quelques heures la force d'un véritable leitmotiv pour appréhender ce qui se joue au Brésil et dans les pays limitrophes: «source importante d'oxygène, d'eau et de biodiversité dont dépend l'ensemble de la planète», écrit Le Monde, la forêt «vierge» n'existe que pour sa contribution au bien-être de la communauté mondiale.
Personne, fort heureusement, n'habitait sous la voûte de Notre-Dame lorsque le feu du 15 avril a ravagé la cathédrale. Mais en Amazonie? Tout se passe comme s'il s'agissait d'un espace vide, comme si les peuples indigènes n'existaient pas, comme si les calamités dont ils continuent à être les victimes se voyaient effacées de la mémoire collective.
«Sans même parler de son impact sur les populations indigènes», éditorialise ainsi Le Monde à propos de la déforestation massive par brûlis: le lapsus, même bien intentionné, est terrible, en ce qu'il ouvre la porte à une forme de négationnisme compassionnel. L'indifférence et l'oubli dans lesquels elles sont tombées à nos yeux épouvantés prennent place dans la continuité du génocide qui a suivi la conquête des Amériques par les puissances européennes.
Voilà pourquoi Jair Bolsonaro a beau jeu, en maître du cynisme, de rejeter l'aide internationale tout en dénonçant l'ingérence néo-colonialiste de la France, lui dont les positions ne sont jamais très éloignées de l'idéologie suprémaciste blanche.
Comme la savane, la steppe, le désert, l'océan, le grand nord, la jungle amazonienne est autre chose avant d'être notre maison: elle est l'habitat de peuples autochtones dont les modes de vie, les ressources et les cultures ont été décimées par des siècles de prédation coloniale et néocoloniale –et aujourd'hui par la surproduction agricole et le dérèglement climatique.
Comprendre que ces terres ne nous appartiennent pas est la première étape dans la survie de notre environnement, au sens où le combat écologique est inséparable du combat pour la reconnaissance et les droits de ces peuples.
Les Amérindiens, du reste, le savent depuis toujours. Leur rapport à la nature n'est pas fondé sur la domination, l'exploitation, la possession. C'est une vision du monde que le gouvernement des États-Unis, quel que soit le chef de l'exécutif, n'a jamais compris: après avoir profané le site sacré des Black Hills, centre et origine du monde dans la mythologie sioux, en y taillant dans la pierre les visages de Washington, Jefferson, Lincoln et Roosevelt, le pouvoir fédéral a proposé par la voix de la Cour suprême une réparation financière évaluée aujourd'hui à plus d'un milliard de dollars. Les Sioux continuent à refuser ce dédommagement, parce que leur perception de la terre nord-américaine, leur manière de l'habiter ne se résument pas à une valorisation immobilière.
Se sachant de passage, les peuples indigènes des Amériques vivent en harmonie avec le monde qui les entoure. Leur occupation consiste à l'entretenir le mieux possible, afin de le transmettre aux générations futures, qui elles aussi en seront les dépositaires, et non les propriétaires. La «maison» ne nous appartient pas: nous ne faisons que la préparer, en locataires respectueux, pour ceux qui y habiteront après nous.
Faire face à notre responsabilité envers l'avenir est la condition sine qua non de toute politique environnementale. Elle implique une remise en cause radicale du système capitaliste, sans quoi notre empathie devant les feux dits domestiques et les catastrophes dites naturelles qui sévissent ici et là n'est que le masque d'une angoisse aussi égoïste qu'hypocrite.
Dans cette lutte globale pour la survie de l'humanité, la bonne volonté, la solidarité, la conscience que nous occupons un seul et même espace vivant ne doivent plus oblitérer l'histoire ni l'existence de populations qui ne sont pas nous.
Nous n'éteindrons pas les incendies futurs avec nos larmes de crocodile occidental.
Si vous vous êtes déjà rendu sur un site d'Archives départementales, vous aurez probablement remarqué la rubrique "cadastre". Un grand nombre de départements la propose et tout le monde a jeté un oeil à la commune de ses ancêtres, pour voir à quoi ressemblait l'étendue des bâtiments à l'époque de nos ancêtres. On peut bien sûr aller plus loin et retrouver la maison de ses ancêtres, en voici un petit exemple.
“Connaître l’étendue et la nature des biens de chacun, en faire l’évaluation, se révèle très vite nécessaire afin de répartir équitablement la contribution foncière. C’est l’origine de l’institution du cadastre, remontant à la plus haute Antiquité.”
Cette définition que l’on trouve sur Wikipédia définit parfaitement le rôle et l’utilité du cadastre. Modernisé, cadré et institutionnalisé par Napoléon en 1807, le cadastre est aujourd’hui accessible très simplement par quiconque, sinon en ligne, du moins sur place aux archives départementales.
Pour les généalogistes, l’ancienneté du cadastre permet en gros de remonter jusqu’à la génération de ses ancêtres nés pendant la Révolution, entre la cinquième ou septième génération donc, ce qui représente un nombre de familles assez important, de 16 à 64 !
Malheureusement, si la plupart des archives départementales publient leurs plans cadastraux (les plans avec emplacements des bâtiments et parcelles, routes, cours d’eau), rares sont ceux qui publient aussi les matrices cadastrales et/ou les états de section (tables alphabétiques). Les états de section renvoient aux matrices, qui permettent de faire correspondre le numéro d’une parcelle à ses propriétaires successifs. A partir de là, il n’est pas très compliqué de retrouver la maison ou les terrains ayant appartenu à ses ancêtres (ou reconstituer l’histoire de la maison que l’on occupe !).
Voici un exemple de la procédure à suivre, pour un cas situé dans les Alpes-Maritimes, département qui publie les états de section et les matrices. Notez qu’en l’absence de tables, on peut quand même chercher dans les matrices le nom de son ancêtre, c’est simplement un peu plus long.
Sur l’état de section on trouve, classés par ordre alphabétique, les propriétaires des biens, suivi du numéro de folio de la matrice cadastrale : ici, le folio 701.
Il suffit de consulter ensuite la matrice cadastrale (il peut y en avoir de plusieurs sortes : propriétés foncières, propriétés bâties ou non bâties) au folio indiqué pour trouver la liste des propriétaires (à gauche) avec le numéro correspondant à la parcelle d’un bien (à droite).
Si les propriétaires ont changé de nom (autre famille et pas simple héritage) des renvois permettent d’aller à la bonne page.
Dans notre exemple, il s’agit d’un terrain, ou plus précisément d’une “aire de labour”. Nous n’avons pas mis l’intégralité du document, les colonnes manquantes concernant la contenance imposable et/ou les revenus de la parcelle.
Le folio 701-803 donne le nom de plusieurs membres de la famille Noble ayant succédé les uns aux autres, avec les années concernées (le nom est rayé quand la propriété est transférée). Sur la droite, chaque parcelle possédée est indiquée avec l’année où elle est devenue la propriété de la famille (la “mutation”) et sur la droite son nom, ici “Canorgues”, son type : vigne, aire, labour, maison, etc. et le plus important : le numéro de la parcelle, numéro que l’on trouve sur le plan. Ceux que nous cherchons ici sont les 799, 800 et 801 (un peu effacés mais reconnaissables – les numéros qui se suivent correspondent en général à des parcelles contigües) :
Muni de ces numéros, il ne nous reste plus qu’à repérer sur le plan leur emplacement, ici encadré en rouge.
Une fois l’emplacement repéré, il peut s’avérer utile de consulter le cadastre actuel (en ligne sur le site cadastre.gouv.fr) pour repérer les nouvelles routes, voies de communication, évolution des parcelles :
Puis on terminera en faisant un petit tour sur Google Maps, en mode “Earth” si la zone a été photographiée, ou sur le Géoportail de l’IGN (préférable) pour obtenir une superbe vue satellite de la maison/du terrain tel qu’il est aujourd’hui (n’oubliez pas Street View quand cela est possible, ce qui n’est pas le cas ici) :
Il ne reste plus qu’à se rendre sur place et pourquoi pas, à demander au propriétaire actuel s’il veut bien vous laisser photographier sa maison, ce qui n’est sans doute pas la partie la plus simple à réaliser, à moins qu’il soit lui aussi passionné de généalogie !
NB : pour obtenir une concordance parfaite des zones entre le cadastre napoléonien, le cadastre actuel et une vue Google Maps comme ci-dessus, il est nécessaire de faire pivoter vos images et de les mettre à la même échelle, cela peut demander des manipulations de précision sur un logiciel de retouche d’image comme Photoshop. Évidemment cela n’est pas nécessaire pour retrouver l’emplacement d’une maison !
Une réponse furieuse à la décision chinoise ce vendredi de taxer 75 milliards de dollars d'importations venues des États-Unis.
INTERNATIONAL - Furieux de la contre-attaque de Pékin dans la guerre commerciale qu’il mène depuis plus d’un an, le président américain Donald Trump a opté ce vendredi 23 août pour la surenchère.
La totalité des 550 milliards de dollars de produits chinois importés aux États-Unis seront frappés de taxes douanières encore plus lourdes d’ici la fin de l’année. “Il nous faut rééquilibrer cette relation commerciale très injuste” avec la Chine, a tweeté le président en fin d’après-midi détaillant lui-même les nouveaux tarifs douaniers.
À partir du 1er octobre, 250 milliards de dollars de marchandises importées seront frappées de 30% de taxes punitives contre 25% actuellement. En outre, les 300 milliards de dollars d’importations restantes seront taxées à hauteur de 15% au lieu de 10% à partir du 1er septembre.
...unfair Trading Relationship. China should not have put new Tariffs on 75 BILLION DOLLARS of United States product (politically motivated!). Starting on October 1st, the 250 BILLION DOLLARS of goods and products from China, currently being taxed at 25%, will be taxed at 30%...
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 23, 2019
Pour éviter que le consommateur - et électeur - américain ne soit trop pénalisé pour ses achats de la période des fêtes, le président a maintenu le report au 15 décembre de cette mesure pour une liste de produits de grande consommation, notamment électroniques.
La Chine a annoncé ce vendredi son intention d’imposer de nouveaux droits de douane sur 75 milliards de dollars d’importations en provenance des États-Unis, en représailles aux taxes douanières supplémentaires que prévoit d’instaurer prochainement Washington.
Pour le président c’est une “décision politiquement motivée” et peu après l’annonce de Pékin il s’est lancé dans une salve de tweets au ton particulièrement agressif. “Nous n’avons pas besoin de la Chine et, franchement, on se porterait bien mieux sans eux”, a écrit le locataire de la Maison Blanche.
La Fédération américaine des distributeurs a vivement réagi. “Il est impossible de planifier l’avenir dans ce type d’environnement. Il est clair que la stratégie de cette administration ne fonctionne pas”, a-t-elle estimé.
Tempête à Wall Street
Dans sa série de messages, Donald Trump avait aussi “ordonné” aux sociétés américaines “de commencer immédiatement à chercher des alternatives à la Chine, y compris de rapatrier vos sociétés et de fabriquer vos produits aux Etats-Unis”.
C’est ce dernier tweet qui a effrayé investisseurs et entrepreneurs.
Les premiers ont vendu en masse les titres des entreprises qui potentiellement seraient les plus affectées. Exit donc les actions de Caterpillar et ses engins de chantiers, les constructeurs automobiles et ceux de micro-processeurs. Apple a pour sa part vu plus de 44 milliards de dollars de valeur en bourse partir en fumée et le Dow Jones, le principal indice de Wall Street a fini sur sa deuxième plus forte baisse de l’année.
Depuis un an que Donald Trump a déclenché son combat à coups de tarifs douaniers punitifs contre les pratiques commerciales de l’Empire du Milieu qu’il juge “déloyales”, nombre d’entreprises américaines ont cherché des alternatives dans des pays voisins à bas coûts. Mais la transition est difficile, coûteuse, et les infrastructures souvent insuffisantes.
La Chambre de commerce américaine avait elle lancé un appel au calme. “Nous ne voulons pas d’une nouvelle détérioration des relations sino-américaines”, avait-elle expliqué, soulignant que “40 ans de relations commerciales entre nos deux pays ont été pour l’essentiel productives, constructives et mutuellement bénéfiques”.
Donald Trump n’a finalement plus fait allusion à son “ordre”.
Insatisfait des avancées des négociations entre les deux partenaires commerciaux et se jugeant trompé par son homologue Xi Jinping, Donald Trump avait annoncé le 13 août que les 300 milliards de dollars de produits importés de Chine qui avaient jusque-là échappés à l’affrontement seraient également taxés.
C’est à ce nouveau coup qu’a réagi Pékin ce vendredi avec des mesures reflétant les représailles américaines, mais sur seulement 75 milliards de dollars de produits importés des États-Unis. Pour faire bonne mesure, les Chinois ont aussi rétabli une taxe de 25% sur les importations automobiles américaines.
Cette guerre commerciale entre les deux premières économies du monde crée énormément d’incertitude et pèse sur la croissance à un moment où l’Europe est fragilisée par les crises politiques en Italie et au Royaume-Uni et une Allemagne au bord de la récession.
Le président aura sans doute des explications à donner à ses collègues du G7, qu’il doit normalement retrouver ce samedi en France.
Le président de la Banque centrale américaine, Jerome Powell, a fait écho aux inquiétudes pour la croissance mondiale vendredi matin, peu avant l’éruption de tweets de Donald Trump. Il a souligné que si les perspectives économiques américaines restaient favorables, les tensions commerciales semblaient en revanche “jouer un rôle dans le ralentissement mondial et la faiblesse du secteur manufacturier (...) aux États-Unis”. Dans ce contexte, le patron de la Fed a cependant prévenu que la politique monétaire n’avait “pas de mode d’emploi” tout prêt.
Le président, qui, en campagne pour sa réélection, sait que la bonne santé de l’économie en est un ingrédient indispensable, ne cesse d’attaquer la Banque centrale afin qu’elle baisse “fortement” ses taux pour faire de la croissance américaine “une fusée”.
Deux publications récentes mettent en cause l'étude de bioéquivalence qui a permis à Merck de remplacer l'ancienne formule du Levothyrox par la nouvelle en 2017. Les moyennes obtenues lors de cette étude masqueraient la réalité des situations individuelles.
En France, environ 2,5 millions de personnes prennent de la lévothyroxine, en grande majorité sous la forme de Levothyrox. Une nouvelle formule de ce médicament est arrivée dans les pharmacies en mars 2017. Seuls les excipients changeaient, le lactose de l'ancienne formule étant remplacé par le mannitol et l'acide citrique. Ce changement de formule a été justifié par le souci d'avoir une meilleure stabilité du produit.
Suite à l'arrivée du nouveau Levothyrox, des milliers de patients ont déclaré des effets secondaires. L'affaire est même arrivée devant la justice, avec une action collective au tribunal de Lyon, mais les plaignants ont été déboutés de leur demande. En parallèle, l'ANSM a considéré que seul 1,43 % des patients avaient déclaré des effets secondaires.
Cependant, les travaux d'une équipe franco-britannique semblent donner raison aux patients. Ils ont fait l'objet de deux publications scientifiques. Les chercheurs des universités de Toulouse et de Londres se sont intéressés à l'étude de bioéquivalence réalisée par Merck pour savoir si l'ancienne et la nouvelle formule du Levothyrox étaient interchangeables. Avant de commencer un traitement avec la lévothyroxine, un dosage des hormones thyroïdiennes est généralement préconisé pour estimer la bonne dose de médicament nécessaire. Si les deux formules de Levothyrox sont bien équivalentes, alors les patients peuvent passer de l'une à l'autre sans problème.
L'étude de bioéquivalence a inclus 204 personnes en bonne santé, âgées de 18 à 50 ans (59 % d'hommes). Pour savoir si les deux formulations étaient équivalentes, les volontaires ont pris une des deux formules, l'ancienne ou la nouvelle, et les variations de l'hormone ont été mesurées dans le sang. Plus tard, les scientifiques ont testé l'autre formule pour comparer et sont arrivés à la conclusion que l'ancien médicament pouvait être remplacé par le nouveau.
Un premier article paru dans la revue Clinical Pharmacokinetics a critiqué cette étude de Merck. En effet, les auteurs relèvent que chez plus de la moitié des participants, la bioéquivalence du produit n'était pas établie : le caractère substituable du médicament n'est donc pas démontré chez eux !
Plusieurs hypothèses pourraient expliquer que certaines personnes développent des effets secondaires. Par exemple, chez les patients, l'absorption du médicament peut être différente par rapport à des sujets en bonne santé. De plus, le mannitol, excipient présent dans la nouvelle formule et absent de l'ancienne, influencerait la fonction intestinale et donc la biodisponibilité de la lévothyroxine.
Dans un nouvel article paru cette semaine, la même équipe s'interroge sur le fait que Merck ait inclus plus de 200 personnes dans cette étude. En effet, ce type d'étude de bioéquivalence se réalise souvent sur bien moins de sujets. Or d'après Pierre-Louis Toutain, un des auteurs de cette recherche, plus le nombre de participants est important, plus il est facile d'obtenir un résultat qui entre dans l'intervalle de confiance fixé (0,9-1,1) : « Si on avait pris un nombre classique de sujets (entre 24 et 48, mais pas 200), ce ne serait pas passé. » L'intervalle de confiance donne un degré de sûreté du résultat. Un intervalle de confiance restreint à 0,9-1,1 semble assurer une certaine sécurité du résultat, mais ce choix « est annulé par le fait que l'on prend beaucoup de sujets ».
Ce qu'il faut retenir
Avant le changement de formule de Levothyrox, Merck a réalisé une étude de bioéquivalence sur plus de 200 personnes.
Une équipe franco-britannique signale que dans cette étude le médicament n’était pas substituable chez plus de la moitié des sujets.
Les études de bioéquivalence sont généralement réalisées sur des échantillons plus petits.
Alors que la crise des migrants en méditerranée est toujours d’actualité, nous republions cet article sur l’acceuil des migrants à Corfou, écrit en mars 2017.
Les îles grecques, tout comme les côtes italiennes ou espagnoles, font partie des zones d’interface de la Méditerranée. Elles servent de passage aux flux des marchandises et des hommes, dans des conditions qui dépendent beaucoup de la situation politique et économique : on n’accueille pas les migrants de la même manière en période d’abondance et en période de crise.
Or à Corfou, en 1473, c’est la crise, et les habitants se plaignent :
« Des personnes étrangères sont venues dans cette ville et dans cette île (…) et habitent ici. Ils ont pris le nom de Corfiotes, et chaque jours ils commettent mille infractions (…) Qu’ils soient condamnés à des peines corporelles, et non à des amendes (…) afin que l’on sache bien que les fidèles Corfiotes originaires de ce lieu ne mènent pas une telle vie ».
Demander des peines corporelles pour les nouveaux habitants de l’île, c’est demander que leur soit appliquée une justice différente, et plus dure, que celle qui s’applique aux autres Corfiotes. C’est donc une décision grave, et c’est pourquoi les Corfiotes ont décidé de la porter devant la plus haute autorité dont ils relèvent : Venise.
Car au XVe siècle, Corfou fait partie d’un vaste empire maritime vénitien. Pour mieux tenir les routes du commerce, Venise s’est lancée depuis le XIIIe siècle dans la conquête d’îles et de villes côtières dans l’Adriatique et la mer Egée. Mais ces territoires sont alors menacés : Venise est en guerre contre l’Empire ottoman, avec l’espoir de stopper l’avancée des Ottomans dans les Balkans, peut-être même d’étendre ses propres territoires dans la région.
Corfou est donc soumise à une double contrainte : d’une part elle doit fournir des hommes pour le front, et d’autre part elle accueille les populations qui fuient les zones de combat. Pas étonnant que la situation y soit tendue.
Combien de réfugiés Corfou a-t-elle accueilli depuis le début de la guerre ? Difficile à dire. Le flux des réfugiés a probablement commencé avant le début de la guerre. Dès la prise de Constantinople, en 1453, de nombreux orthodoxes ont choisi l’exil vers des îles grecques sous domination vénitienne. Des Latins et des juifs ont pu s’y ajouter depuis que la guerre a commencée en 1463.
Tout le monde ne fuit pas devant l’armée ottomane : pour certaines communautés, ou pour certains individus, faire allégeance au sultan permet d’éviter une conquête violente, ou même d’améliorer sa position sociale. Il n’empêche, Corfou a certainement vu sa population doubler à l’époque. Et ce n’est qu’un début, la population de l’île continue de croître : entre 1499 et 1503 elle passerait de 37 000 à 60 000 habitants. Peut-être faut-il imaginer une île où plus de la moitié de la population est « réfugiée ».
Pourtant la croissance démographique n’est jamais retenue comme un problème en soi. Dans un monde où la main d’œuvre est précieuse, on s’inquiète d’abord de pouvoir nourrir tout le monde. En ensuite, seulement, les Corfiotes s’inquiètent du maintien de leurs privilèges.
Car les Corfiotes qui, en 1473, adressent à Venise pour demander de punir plus sévèrement les nouveaux-venus, ne représentent pas l’intégralité de la population. Il s’agit uniquement des citoyens : c’est-à-dire les classes supérieures, celles qui jouissent de droits politiques. À part cette partie privilégiée de la population, les autres habitants n’ont pas vraiment plus de droits que les réfugiés nouveaux-venus. La mesure qu’ils réclament est donc avant tout une mesure de distinction : elle permettrait de séparer les nouveaux corfiotes des anciens, même lorsqu’ils ne sont pas citoyens.
Or quelques années plus tard, au début du XVIe siècle, les citoyens corfiotes renouvellent leur plainte, mais cette fois dans un tout autre domaine : ils protestent parce que certains des nouveaux Corfiotes sont désormais parvenus à obtenir des droits de citoyenneté. Par mariage, par grâce, ou par d’autres moyens, ils sont parvenus à obtenir des droits politiques, et la majorité du conseil se plaint que, parmi ses rangs, siègent maintenant d’anciens réfugiés.
D’une plainte à l’autre, de la fin du XVe siècle au début du XVIe siècle, l’évolution est frappante. Elle montre que la fermeture face à l’arrivée de nouveaux venus n’est pas que le fait des couches sociales les plus basses : elle se rejoue à tous les niveaux, dès lors, en fait, que l’on craint de se voir remplacé. Mais ces deux plaintes suggèrent aussi un autre aspect : dans un monde où les bras humains sont encore la première source d’énergie, personne ne songe jamais à leur interdire l’accès à l’île. Pas même lorsqu’ils deviennent, probablement, la moitié de la population.
Pour aller plus loin :
– Νicolas Karapidakis, Civis fidelis : l’avènement et l’affirmation de la citoyenneté corfiote (XVIe-XVIIe siècles), P. Lang, 1992
– Peregrine Horden et Nicholas Purcell, The corrupting sea : a study of Mediterranean history, Blackwell, 2000.
– Suraiya Faroqhi, The Ottomans empire and the world arount it, I. B. Tauris, 2006.
Donald Trump a de nouveau marqué sa défiance vis à vis du Danemark en l’accusant explicitement de posséder des armes des destructions massives. Des armes qui seraient actuellement déployées au Groenland et susceptibles d’atteindre des intérêts américains. Reportage.
« Je sais de sources sûres que ces armes sont puissantes et très, très dangereuses » a-t-il affirmé. « Nous savons que le Danemark dispose de milliers d’ours polaire de combat, d’orques surentraînés, tout ceci est un danger pour la sécurité des Américains » a réaffirmé le président Trump précisant que toute volonté de nier de la part du Danemark de posséder un tel arsenal serait preuve de culpabilité. « De plus il y a beaucoup de neige et de glace et on peut cacher beaucoup de choses dedans sans que les satellites ne détectent rien, il faut que le Danemark déneige totalement le Groenland sous trois semaines pour prouver que nos inquiétudes ne sont pas fondées » a-t-il martelé.
Donald Trump a demandé en outre au FBI de déclassifier les dossiers concernant les liens de messieurs Freeze et Pingouin, ennemis jurés de BatMan, avec le Danemark. « Nous comptons découvrir que le Danemark a financé tout ou en partie les activités illégales de Mr Freeze et du Pingouin ». Plus loin le président précise que les eaux arctiques proches du Groenland abriteraient aussi la Forteresse de Solitude de Superman, lieu emblématique de l’Histoire des États-Unis qui justifierait clairement un rattachement du Groenland aux USA.
Une fuite de documents à la Maison-Blanche la semaine passée aurait révélé que le président américain Donald Trump serait en train de rédiger un décret visant à réglementer la censure des médias sociaux en ligne. Le projet de loi confierait à la FTC et à la FCC, la surveillance des échanges en ligne sur les plateformes de médias sociaux, les forums, etc. Le décret en question donnerait aux organismes fédéraux, le pouvoir de choisir quel type de données seraient acceptable ou non sur Internet. Pour beaucoup, ce projet témoigne de l’aversion profonde de Donald Trump pour les médias sociaux.
Ces derniers mois, le président américain Donald Trump n’a pas cessé de rappeler combien de fois il trouve que les médias sociaux deviennent de plus dangereux pour l’homme et la façon dont ils influent négativement sur le comportement humain. Cela a encore été le cas la semaine passée lorsqu’il s’est prononcé sur les fusillades dans les villes d’El Paso, au Texas, et Dayton, dans la l’Ohio. « Les dangers d'Internet et des médias sociaux ne peuvent être ignorés et ne seront pas ignorés. La haine n'a pas sa place en Amérique », avait-il déclaré. Il a invité les agences de réglementation de l’État et les médias sociaux à collaborer.
« Nous devons identifier et agir plus efficacement sur les signes avant-coureurs. Je demande au ministère de la Justice de travailler en partenariat avec les agences étatiques et fédérales locales, ainsi que les sociétés de médias sociaux, pour développer des outils qui vont permettre de détecter les tireurs de masse avant qu'ils ne frappent », avait-il déclaré dans son discours de la semaine passée. À en croire ces événements, l’on peut être amené à dire que Trump nourrit un sentiment d’exécration très forte à l’égard des plateformes de médias sociaux et des communautés en lignes.
Selon le média américain CNN, un résumé du décret montre que Donald Trump appelle la FCC à élaborer de nouvelles réglementations. Ces réglementations vont préciser comment et quand la loi peut protéger les sites de médias sociaux lorsqu'ils décident de poster ou de supprimer du contenu sur leurs plateformes.
Selon des groupes de défense de liberté d’expression, cela donnerait à ces agences fédérales un contrôle sans précédent sur la manière dont les plateformes Internet modéreraient les posts en ligne. Le décret leur permettrait de révoquer les protections essentielles énoncées par le Congrès à la section 230 de la loi sur la décence des communications.
En effet, la CDA 230 (Communications Decency Act 230) est la loi fondamentale qui permet aux plateformes en ligne de permettre aux utilisateurs de publier leur propre contenu et de prendre des décisions de base concernant les types de contenu qu’elles souhaitent héberger en tant qu’entités privées. Tous les contenus publiés par les utilisateurs sur Internet ont été rendus possibles grâce à cette protection essentielle de la liberté d’expression.
Ainsi, si le décret venait à être appliquée, elle refléterait une escalade significative du président Trump dans ses attaques fréquentes contre les sociétés de médias sociaux pour un préjugé systémique prétendu, mais non prouvées à l'encontre de conservateurs de la part de plateformes technologiques.
Cela pourrait aussi donner lieu à une réinterprétation importante d'une loi (CDA 230) qui, selon ses auteurs, était censée donner aux entreprises de haute technologie la plus grande liberté pour gérer le contenu à leur guise. Ce qui signifierait que n'importe quel parti politique au pouvoir pourrait dicter quel discours est autorisé sur Internet. Selon l’association Fight For The Future, l’administration prétend vouloir empêcher les entreprises privées de faire taire le discours, mais ce plan créerait de nouveaux pouvoirs terrifiants de censure en faveur du gouvernement et pour les agences étatiques de réglementation.
Le média CNN a informé que le résumé du projet de loi qu’il a pu consulter porte actuellement le titre « Protéger les Américains de la censure en ligne ». La FTC serait la grande bénéficiaire des avantages de ce décret. Elle va travailler avec la FCC pour élaborer un rapport d’enquête sur la manière dont les entreprises technologiques gèrent leurs plateformes et vérifier si elles le font de manière neutre.
Le résumé indique aussi que les entreprises dont la base d'utilisateurs mensuels représente au moins un huitième de la population américaine pourraient se retrouver confrontées à un examen minutieux. En gros, le décret de l’administration Trump cherche à restreindre considérablement les protections accordées aux entreprises en vertu de la directive CDA 230. Trump a-t-il à l’idée que cette loi accorde trop de protection aux médias sociaux ?
Cette loi aurait déjà été fermement condamné par le Premier amendement et des experts de la liberté de parole issus de tous les horizons politiques. « Peu importe votre politique, peu importe ce que vous pensez du président, c'est une idée terrible qui aura l'effet exactement opposé à celui de son objectif déclaré de protéger la liberté d'expression », a déclaré l’association Fight For The Future. D’après cette dernière, la Maison-Blanche et son administration actuelle ne sont pas les seules à promouvoir cette idée erronée. Certains grands démocrates ont également appelé à affaiblir la CDA 230.
En Europe également, des lois sur la censure continuent de nourrir les assises des députés. Au sein de l’UE, en début d’année, les négociations sur la réforme européenne sur le droit d’auteur avaient été interrompues après que les gouvernements des États membres n’ont pas réussi à adopter une position commune sur l’article 13, qui vise à obliger les plateformes d’Internet à installer des machines de censure qui filtrent automatiquement les contenus mis en ligne par leurs utilisateurs. Finalement, en février, la France et l'Allemagne ont trouvé un accord et les négociations sur la directive Copyright ont repris.
Pour rappel, l’article 13 vise à instaurer le filtrage automatique des contenus mis en ligne, puisque ce sont des algorithmes qui devraient juger quel contenu a le droit d'apparaître sur Internet. Néanmoins, notons que beaucoup condamnent ces propositions de loi, en les traitant d’horribles. « Je parie que de nombreux conservateurs se retournent dans leur tombe en écoutant toutes ces grandes approches du gouvernement. Leur proposition aujourd'hui ne constitue rien de moins qu'un discours policier », a déclaré le sénateur Ron Wyden (D-Ore) dans une interview accordée à CNN.
La voix, nouvelle empreinte digitale ? D'après le Wall Street Journal, certaines banques et même le corps médical ont littéralement trouvé leur voie : utiliser la voix de chacun pour mieux les identifier.
Dans le domaine de la biométrie, on rivalise de moyens pour identifier tout un chacun. Depuis quelques années déjà, nos doigts sont un sésame pour déverrouiller nos téléphones. Souriez, vous devez payer : on peut également régler une transaction désormais avec son visage. Marchez ? Vous êtes identifié ! La prochaine rivale de l’empreinte digitale - considérée comme infaillible - est peut-être la voix, selon le Wall Street Journal. « On sait depuis des siècles que la voix porte en elle quantité d’informations. Grâce à l’intelligence artificielle, on peut soutirer ces informations », déclare au journal Rita Singh, chercheuse spécialisée en apprentissage machine appliqué à la voix, à la Carnegie Mellon University. Il y a quelques mois, toujours au même journal, l’universitaire avait précisé que « la voix humaine contient des informations, liées à nos caractéristiques physiques, physiologiques, démographiques, médicales, et environnementales ». Utile pour le profilage en tout genre.
Dans les faits, la chercheuse essaie de transformer chaque voix en un code-barres unique à chacun. Pour ce faire, Rita Singh distingue une douzaine de caractéristiques vocales. Avoir la voix rauque ou des trémolos dans la voix, par exemple, mais aussi la résonance sont autant d’indices pour identifier un individu. La manière dont on pose sa voix ou dont on échoue à se faire entendre dans une salle peuplée d’autres individus pourrait trahir plus qu’une timidité en public. On pourrait aller jusqu’à en déduire son physique. Selon l’universitaire, dans une enquête policière, l’audio serait tout aussi utile que la voix. Une affirmation qui est loin d’être farfelue quand on voit que son travail serait soutenu financièrement par le département américain de la Sécurité intérieure.
« Ma voix est mon mot de passe »
Les entreprises auraient déjà recours à la voix pour prévenir les fraudes. Les banques, notamment. HSBC est ainsi la première banque à avoir mis en place un système de reconnaissance vocale pour ses clients. Quelque 15 millions de clients peuvent accéder en Grande-Bretagne à leurs comptes d’un simple « bonjour », même avec un rhume, s’amusait en 2016 le Guardian. En réalité, le client doit dire « my voice is my password » (« ma voix est mon mot de passe ») pour s’identifier. Quelques mois plus tard, un journaliste de la BBC pointe une première défaillance du système : il demande alors à son jumeau de tenter d’accéder à son compte, ce qu’il réussit à faire… après 7 tentatives. La banque déclare avoir depuis rectifié le tir et a annoncé en avril dernier avoir évité pour 300 millions de livres sterling (325 millions d’euros) de fraudes. Au WSJ, Daniel Capozzi, un des porte-paroles de Discover Financial Services - une entreprise américaine spécialisée dans les cartes de crédit - explique avoir réduit les fraudes de 10 % depuis que la société a recours à un système d’analyse vocale.
La médecine a aussi recours à ces mêmes technologies, notamment pour détecter certaines maladies dégénératives, telles que la maladie de Parkinson, ou tester l’efficacité d’un traitement contre la dépression. C’est ce que propose la société Sonde Health, qui analyse le rythme, le timbre et la clarté d’une voix pour identifier de possibles souffrances psychologiques. Une démarche qui se rapproche de celle de l’entreprise canadienne WinterLight Labs qui utilise la voix pour étudier les effets de l’âge sur les individus. Dis-moi comment tu parles, et je te dirai qui tu es, et qui tu deviendras ?
Mural in downtown Las Vegas by British artist Izaac Zevalking meant to draw attention to America’s founding by immigrants.
Edward Helmore ed 14 Aug 2019 14.42 BST

A mural of the Statue of Liberty, handcuffed and slammed on the hood of a police cruiser, is drawing attention in downtown Las Vegas, a day after a top Trump administration official in charge of immigration suggested the statue’s famous inscription be amended to include a test of means.
Under the pseudonym Recycled Propaganda, artist and British immigrant Izaac Zevalking painted the image on a wall late last month, before citizenship and immigration services director Ken Cuccinelli – jokingly – suggested amending Emma Lazarus’s sonnet inscribed on the statue to read: “Give me your tired and your poor who can stand on their own two feet and who will not become a public charge.”
Zevalking told Las Vegas station KTNV: “My purpose of doing what I did with the Statue of Liberty is to try and draw analogies with America’s past and how it was founded and how it was largely built by immigrants, to really make an analogy out of that so that people can apply that to contemporary society and contemporary issues a little bit more.”
Since Cuccinelli made his suggestion to NPR, administration officials have sought to play down its significance.
The White House adviser Stephen Miller said he wouldn’t “get off into a whole thing about history here”. But he added: “The Statue of Liberty is a symbol of American liberty lighting the world. The poem that you’re referring to was added later and is not actually part of the original Statue of Liberty.”
Still, the exchange underscores the change last week in administration policy toward immigrants applying for permanent residency status or green card. Under the new rules, immigration services will be able to reject applicants who have spent more than a year on food stamps, Medicaid or other public benefits.
Asked which immigrants will now be welcome to the US, Cuccinelli said: “All immigrants who can stand on their own two feet, self-sufficient, pull themselves up by their boot straps – as in the American tradition.”
But critics of the rule fear it will be used to prevent poorer immigrants from ever setting foot in the US.
“Aliens will be barred from entering the United States if they are found likely to become public charges,” revealed a White House fact sheet. “Aliens in the United States who are found likely to become public charges will also be barred from adjusting their immigration status.”
The Migration Policy Institute estimated the change could result in more than half of all family-based green card applicants being denied. About 800,000 green cards were issued in 2016.