Lorsque les Latins voulaient désigner un ensemble d’arbres ou d’arbustes de même espèce, ils ajoutaient un suffixe – ETUM au nom de l’arbre. Par exemple, OLIVETUM désignait une plantation d’oliviers (OLIVA) et ROBORETUM un bois de chênes (ROBUR, d’où ROUVRE en français, ROURE en provençal). Il faut remarquer d’ailleurs que la langue française emploie encore, pour jouer le même rôle, des termes de même formation, tels que PINEDE ou OLIVETTE.
Dans la toponymie provençale, ce suffixe, qui a été emprunté au latin se retrouve sous les formes – ET et EDE : le FIGUEIRET caractérise une plantation de figuiers et la ROUREDE est un bois de chênes.
Voici une liste des noms de lieux de cette catégorie, étant précisé qu’elle n’est pas exhaustive mais qu’elle comporte déjà un assez grand nombre de spécimens.
Dans cette liste, à côté du nom actuel, figure une forme ancienne lorsqu’elle existe et la traduction est donnée le plus souvent par le dictionnaire le Trésor du Félibrige (Lou Tresor dóu Felibrige) de Frédéric Mistral (1878).
Aubarède, Albareta : lieu planté de peupliers blancs.
Avelanède : plantation de noisetiers.
Bagarède : taillis de jeunes lauriers, bois de lauriers.
Bletounet, Bletounède, Bletoneda : bois nouvellement planté.
Bouisset, Bexutum : lieu planté de buis.
Cadenet, Cadenède, Cadanetum, Cadaneda : lieu couvert de cades.
Cannet, Cannetum : cannaie, taillis de roseaux.
Castagnarède : châtaigneraie.
Corneidère, Cornarieta : bois de cornouillers.
Fenouillet, Fenouillède : lieu où le fenouil abonde.
Feouvède : fougeraie, lieu couvert de fougères.
Figueiret, Figaredum : plantation de figuiers.
Fraxinetum, Fraxineda : frênaie. Le terme Fraxinetum a plus particulièrement désigné au Moyen Age, le golfe de Saint Tropez, base d’opérations des Sarrasins.
Garoupède : lieu planté de garou ou sainbois (espèce d’arbrisseau).
Genebreda : lieu planté de genévriers.
Ginestet, Ginestedum : lieu où le genêt abonde.
Gourrède : plantation d’osiers.
Nogarède : noiseraie, lieu planté de noyers.
Oliverède : plantation d’oliviers.
Oumède, Olmeta : ormaie, lieu planté d’ormes.
Oinède, Pineta, Pinetum : pinède.
Pourraquède : lieu planté d’asphodèles.
Rourède, Rovoretum : chênaie.
Sanguinède : lieu couvert de cornouillers sanguins.
Suveret, Suveretum : bois de chênes lièges.
Tremoureda : bois de peupliers.
Vernet, Vernède, Vernetum, Verneta : bois d’aulnes.
Vorzeda : lieu planté d’osiers noirs.
Il est à noter qu’à côté de la formation en EUTUM, on trouve une formation en – IER, IERE qui joue le même rôle : BOUISSIERE, CADENIERE, FENOUILLERE, GINESTIERE, etc…
Source : "Lou terraire" (Le terroir) Revue culturelle provençale
Dans une ordonnance rendue en 1669, Louis XIV ordonnaient que soient considérés et traités à l’égal des Français et déclarés bourgeois de Marseille les étrangers résidant à Marseille qui satisferaient aux conditions suivantes :
1) s’ils épousaient une Marseillaise ou une fille de la ville.
2) s’ils acquéraient un immeuble de 10000 livres et habitaient la ville depuis au moins trois ans.
3) s’ils acquéraient un immeuble de 5000 livres et habitaient la ville depuis au moins cinq ans.
4) s’ils avaient fait un commerce assidu et régulier depuis douze ans de façon ininterrompues.
5) s’ils avaient servi cinq ans sur mer.
Le tout, bien sûr, devait être vérifié et validé par les échevins et le lieutenant de l’amirauté.
D’après Le Petit Marseillais, n° 3, 25 mars 1868.
Quand le mistral souffle violemment et arrache les embruns à la surface des eaux, la côte de l’Estaque à la Couronne mérite bien son appellation de Côte Bleue tant les eaux affichent des bleus sombres et froids, des bleus violacés, des bleus outremer…
A l’abri du chaînon littoral de la Nerthe, la randonnée au soleil, sous le vent, est comme une promenade sous serre....
Dès l’aube de la civilisation, les matières premières, sources de richesse et de bien-être, ont été un ressort essentiel du développement de nos sociétés. Elles ont aussi alimenté des guerres féroces, des actions d’espionnage et une contrebande sans merci : marchands et banquiers, espions et scientifiques, explorateurs et marins ; tous se battent depuis toujours pour acquérir les secrets de fabrication et contrôler l’offre. Extrait de "Nouvelles Histoires extraordinaires des matières premières" d'Alessandro Giraudo, publié aux Editions François Bourin.
On trouve des traces du savon à partir de 2800 av. J.-C. en Mésopotamie, dans la région de Babylone (surtout pour traiter la laine et le coton) et une tablette sumérienne (datée de 2200 av. J.-C.) indique la recette : eau, alcalis et huile de cassia. Le papyrus Ebers (XVIIIe dynastie égyptienne, environ 1550 av. J.-C.), qui comporte de nombreuses prescriptions médicales, précise que les Égyptiens se lavaient avec du savon préparé avec du gras d’animaux et des huiles végétales mélangés à un minerai (le trona, un carbonate de sodium qui se trouve dans les régions proches de lacs salés).
La Bible (Jérémie, Malachie) mentionne un produit semblable à celui que nous connaissons. Les Romains, eux, n’utilisent pas de savon, mais des poudres très fines (pierre ponce et argile) ; elles exercent une délicate action abrasive sur la peau qui, ensuite, est enduite d’huile. Pline cite un produit très proche du savon actuel : il le nomme cepo galliarum car il arrive de Gaule, (probablement de Marseille) ; ce produit est employé comme teinture rouge pour les cheveux. On dispose également des informations sur les barils de savon liquide distribués aux galères avant la bataille. Les marins déversent du savon sur le pont ; en cas d’abordage, l’ennemi glisse et tombe sur le pont... L’équipage de la galère, évidemment informé de la ruse, profite ainsi de l’effet de surprise.
Et les Croisades importèrent le savon en Europe
Le vrai savon vient du monde arabe ; vers la fin du premier millénaire, la production de savons fins se diffuse à Alep et dans le bassin méditerranéen, qui dispose d’une importante production d’huile d’olive et de soude. Le savon d’Alep est préparé avec de l’huile d’olive de très bonne qualité à laquelle on ajoute de l’eau et de la soude, et que l’on fait bouillir dans des chaudrons de cuivre, avant d’y ajouter des cendres de laurier qui lui confèrent une couleur ambrée. Les pièces de savon sont exposées au soleil pendant douze mois et la chlorophylle du laurier change la coloration du produit. Un document manuscrit d’al-Razi (scientifique pluridisciplinaire iranien, qui a travaillé sur la médecine, la chimie et la philosophie ; 865-925) précise les détails de la fabrication. Les contacts très denses du monde arabe avec l’Espagne et la Sicile, au début du deuxième millénaire, permettent à ces deux régions de disposer de savons de grande qualité. Les croisades facilitent la diffusion du savon dans toute l’Europe médiévale. Toutefois, la production d’Alep est fortement pénalisée par une série d’épidémies et de famines qui se développent au cours du xiiie siècle et par l’arrivée des Mamelucks circassiens (peuplade du Nord du Caucase) qui imposent une fiscalité contraignante. Les principaux centres de productions sont alors situés dans les régions disposant d’huile d’olive (Espagne, Sud de la France, Italie et îles grecques) ; Alicante, Marseille, Gênes, Venise et Savone figurent parmi les principaux producteurs. Au xve siècle, Venise devient le principal centre de fabrication de savon en Europe. La ville profite du boom de la lingerie féminine et des relations commerciales avec les ports levantins de la Méditerranée, d’où la Sérénissime importe les cendres, composante alcaline essentielle dans la fabrication du savon. La production de Venise est de grande qualité et la ville détient presque le monopole d’achat de produits alcalins provenant de Syrie et d’Égypte. L’encyclopédiste Tommaso Garzoni dans son livre Piazza universale di tutte le professioni del mondo (Venise, 1587) parle des savons de Venise qui sont parfumés avec des essences et des extraits d’herbes. La forte concurrence des savonniers d’Ancône, Raguse, Savone et Marseille et la lente décadence industrielle de Venise au milieu du xviie siècle affectent la production de savon de la ville, qui doit importer la matière première alors que les fabricants marseillais disposent de l’huile provençale. Une légende affirme que la technique de fabrication du savon de Savone (à l’ouest de Gênes), a été découverte par pur hasard (encore un cas de sérendipité !) par l’épouse d’un pêcheur qui faisait bouillir de l’huile avec de la soude. Cette histoire peut être vraie ou fausse, mais l’industrie du savon de Savone et Gênes a été très prospère, ainsi que celle du Sud de l’Espagne, surtout à Séville dont le savon est vendu par les apothicaires. Il s’agit d’un savon blanc produit avec de l’huile d’olive et de la barilla (les cendres de l’erba kali, la soude commune, qui pousse dans les terrains secs et dans des prés salés).
Le savon de Marseille, Colbert et les forçats des galères
La grande disponibilité d’huile de Provence permet à Marseille, Salon-de-Provence et Toulon de devenir de grands centres de production dès la fin du Moyen Âge. Des documents signalent la présence d’un savonnier en 1371 à Marseille ; mais la première fabrique dépassant le stade artisanal est fondée en 1593 par Georges Prunemoyr. Les guerres du xviie siècle, en particulier la guerre de Trente Ans, coupent les approvisionnements de matières premières. Au début de chaque conflit, la demande de savon explose et la production marseillaise augmente.
En 1668, un édit de Colbert fixe les règles de la production du « savon de Marseille » : il doit être fabriqué dans de grandes chaudières avec de l’huile d’olive et le produit final doit contenir 72 % d’huile, le reste étant de l’eau ; toute autre huile est interdite. Le produit est vendu en pains de vingt kilos et en barres de cinq kilos. En 1786, quarante-neuf savonneries produisent à Marseille 76 000 tonnes, employant 600 ouvriers. Pour faire face à une demande spéciale, l’arsenal des galères peut prêter aux producteurs jusqu’à 1 500 forçats. Les guerres napoléoniennes compliquent la situation et entraînent une chute de l’exportation. Mais, en 1813, Nicolas Leblanc invente un procédé chimique qui permet d’obtenir du carbonate de sodium à partir du sel marin – l’Académie des Sciences a créé en 1783 un prix allant au savant capable de produire ce composant chimique, qu’il faut importer après la grande déforestation de la France au xviiie siècle.
On peut appliquer cette technique à l’industrie du savon, du verre, du textile et du papier, mais elle a deux inconvénients : elle consomme beaucoup d’énergie et pollue du fait de la production d’acide chlorhydrique, souvent jeté dans l’eau des rivières et de la mer. En 1870, la technique de Leblanc est remplacée par le procédé Solvay, chimiste belge qui est parvenu à synthétiser le carbonate de sodium. Finalement, en 1906, François Merklen fixe la nouvelle formule du savon de Marseille : 63 % d’huile de coprah ou de palme, 9 % de soude ou sel marin, 28 % d’eau. L’objectif est de limiter la fraude, de nombreux producteurs utilisant du gras de mauvaise qualité. Après les deux guerres mondiales, l’industrie du savon périclite, un déclin dû à plusieurs causes, parmi lesquelles l’apparition des détergents de synthèse, la diffusion de la machine à laver, le développement des grandes surfaces, la création de nouvelles savonneries, enfin la chute de l’Empire colonial français, grand consommateur de savon. La Chine et la Turquie sont aujourd’hui les plus gros fabricants de savon de Marseille.
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