Les navigateurs web étaient faits pour… naviguer.
Aujourd’hui on ne navigue plus sur internet, il n’y a plus d’exploration.
On reste entre des murailles bien définis. Celles de quelques gros écosystèmes, Facebook, Google…
Naviguer le web à perdu son sens, parce qu’il n’y a plus de navigation.
Pourtant, il existe encore quelque chose en dehors de ces murailles.
Un web sauvage, naturel, appelle-le comme tu veux.
Mais ce qui est sûr c’est qu’il y a beaucoup plus à découvrir, on y trouve beaucoup plus de liberté, de créativité qu’à l’intérieur des murailles...
Il est à la Une de tous les médias, fait naître des théories complotistes, interroge sur ses possibles mutations et son devenir... Microscopique, mille fois plus petit que les bactéries, le SARS-CoV-2 fait cependant parler de lui depuis des mois. Pour mieux l'expliquer, un chercheur s'est glissé dans la peau de ce coronavirus. Dialogue avec cet intrus qui menace notre santé et empiète sur notre liberté au quotidien.
Depuis des mois, on ne parle que de lui... sans jamais cependant entendre son point de vue ! Franck Courchamp, directeur de recherche au CNRS et titulaire de la Chaire Axa sur la biologie des invasions (Université Paris-Saclay), s'est glissé le temps d'une interview imaginaire dans la peau de ce coronavirus SARS-CoV-2 qui affole la planète. Au-delà de l'aspect ludique de cette « rencontre », c'est aussi une façon pour le scientifique de nous faire changer de perspective sur les enjeux de la pandémie et des enseignements qu'il serait heureux d'en tirer.
Je commencerais par dire, modestement, que je suis le King. Le roi. Après tout, corona en latin signifie « couronne », vous le reconnaissez donc vous-même en me donnant ce nom. Je suis un petit bijou de l'évolution, pourtant, je suis resté assez simple. Paradoxalement, cette simplicité est une source d'incompréhension pour vous. Vous avez déjà du mal à vous décider sur un point aussi basique que de savoir si je suis ou non vivant... À votre décharge, vous vous posez la même question pour tous mes autres confrères virus.
Personnellement, cela m'importe peu de savoir où vous me classez. Il est vrai que mon fonctionnement diffère sensiblement de celui des êtres vivants. Vous pouvez voir en moi une sorte de machine biologique microscopique. Mon programme est très simple : survivre et me reproduire pour perdurer d'une génération à l'autre. En cela, j'ai exactement le même objectif que toutes les espèces vivantes.
La différence est sûrement que je n'ai pour cela besoin que du strict minimum : je m'introduis dans les cellules de mon hôte, et j'y emprunte tout ce qu'il faut pour fonctionner. En détournant la machinerie des cellules que j'infecte, je fabrique des copies de moi-même, je me réplique autant que je peux. Mes semblables, des particules virales toutes neuves, sont ensuite relâchées partout autour, et partent à l'assaut d'autres cellules. Nous, les coronavirus, produisons 1.000 virus par cellule infectée, en à peine dix heures !
Et pourtant, je ne suis pas grand. Mon diamètre est de l’ordre de la centaine de nanomètres, soit un dix-millième de millimètre.
Je suis donc mille fois plus petit que les bactéries, elles-mêmes 10 à 100 fois plus petites qu'une cellule humaine. 50.000 milliards de fois plus petit qu'une goutte d'eau. À mon échelle, vos cellules sont bien plus grandes pour moi que ne le sont vos villes pour vous.
C'est une question étrange. Les gens sont mon habitat, mon écosystème, et mes ressources. C'est comme si je vous demandais pourquoi vous vivez dans cette plaine ou sur cette montagne.
Cependant, contrairement à vous, je n'ai pas une vie facile de sédentaire. Je suis un nomade, car mon vaisseau (vous, ou les animaux que j'infecte) n'est pas immortel. Afin de me perpétuer, je dois donc sans cesse passer à un autre hôte avant que le premier ne disparaisse. Il faut reconnaître que parfois, nous y sommes un peu pour quelque chose : certains de nos hôtes ne supportent pas nos proliférations, qui peuvent avoir tendance à abîmer leurs organes. Mais il arrive aussi que nos hôtes soient victimes de la guerre que nous livre leur système immunitaire, qui finit parfois hors de contrôle.
Comment nous infectez-vous ?
En ce qui me concerne, mes moyens sont simples et vous avez déjà percé certains de mes secrets, comme celui qui consiste à voyager dans les gouttelettes de postillons, d'éternuement, et à rester sur les mains ou les objets manipulés par les gens qui ont touché leur salive ou leur morve.
Je peux caser 100 milliards de mes congénères par millilitre dans un crachat et je peux tenir 5 jours sur du plastique ou 7 jours sur un masque chirurgical. Je ne suis pas très sophistiqué, mais efficace. Comme tous les autres virus en fait. L'efficacité, ça nous connaît, nos adaptations n'ont pas de limites.
Prenons, par exemple, la difficulté majeure de la transmission à un autre hôte. Pourquoi croyez-vous que lorsque vous êtes infectés, vous éternuez ? Une fois contaminé, vous voilà transformé en puissant spray capable de nous transporter à plus de 50 km/h dans un nuage de dizaines de milliers de gouttelettes vers nos nouvelles victimes (ou dans vos mains, que vous mettez ensuite un peu partout).
Autre exemple : pas facile de bouger quand on n'a pas de pied. Heureusement, vous avez de la morve, et vous en produisez d'autant plus quand nous vous infectons, nous les virus respiratoires. Pas étonnant : c'est un moyen de transport bien pratique pour nous transmettre plus facilement... Certains autres virus choisissent des fluides différents, liquéfient vos selles et vous donnent la diarrhée. Résultat : une transmission de masse très efficace également... Aucun contact avec personne ? Qu'à cela ne tienne : nous pouvons nous loger dans vos fluides séminaux et nous transmettre lors des rapports sexuels. Vous pouvez vous isoler tant que vous voudrez, en tant qu'espèce, vous êtes bien obligés de passer par la reproduction à un moment ou à un autre...
Quant aux virus qui font changer les comportements pour permettre une transmission plus facile, comme la rage, qui désoriente et rend agressif, prêt à mordre, difficile de lutter contre ça, n'est-ce pas...
Il ne faut pas être si nombriliste. Nous ne vous en voulons pas, nous n'éprouvons aucun sentiment, ni bon ni mauvais, envers vous. Vous êtes juste des vaisseaux de choix.
Car il faut dire qu'en tant qu'hôtes, les humains sont parfaits. Ils nous facilitent les choses à de nombreux points de vue. Déjà, ils vivent souvent dans des lieux très denses, et leur population globale est interconnectée. Ce qui nous donne à nous autres virus presque systématiquement accès à la totalité des hôtes disponible, d'un bout à l'autre de la planète !
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En théorie, en moins d’une semaine, je peux créer des foyers d’infection sur tous les continents
Je l'ai bien démontré ces derniers mois : parti d'une région quelconque de Chine, j'ai très rapidement (et sans petites pattes), réussi à m'inviter sur tous les continents, et jusque dans les coins les plus reculés du globe. Les autres populations animales sont généralement fragmentées, ce qui limite notre potentiel de dispersion et nous cantonne à de petites régions. On y tourne un peu en rond. Mais avec les humains, c'est autre chose ! Plus une mer, plus une montagne ne nous arrête. Nous voyageons d'un hôte à l'autre par bateau, par avion : des perspectives sans frontières, sans limites ! En théorie, en moins d'une semaine, je peux créer des foyers d'infection sur tous les continents.
En outre, vous nous facilitez les choses : les êtres humains maintiennent une grande partie de leur population dans des conditions sanitaires assez déplorables, ce qui facilite grandement notre transmission. Sans parler des comportements de certains de vos dirigeants, qui n'ont soit pas la moralité soit pas l'intelligence d'agir avec responsabilité. Tout cela crée pour nous des opportunités incroyables dans certains coins du monde, où l'épidémie est officiellement minimisée pour ne pas avoir à être contrôlée...
Effectivement, j'étais à l’origine inféodé à d’autres espèces animales. Mais pour toutes les raisons que je viens d'expliquer, nous, les virus qui infectons d’autres animaux que l'être humain, avons de quoi être jaloux de ceux qui ont su s'adapter à un tel hôte ! Toutefois, à force de nous copier et nous recopier au sein des cellules que nous infectons, il se trouve que de temps à autre, une de nos répliques mute, et devient légèrement différente des autres. Et, de temps en temps, un de ces mutants tire le gros lot : sa mutation le rend capable de survivre dans - et de se transmettre via - d'autres animaux que ceux que ses congénères infectent habituellement. Cette nouvelle souche de virus est alors prête à changer d'hôte.
Mais cette situation est très rare. D'autant plus rare qu'il ne s'agit pas seulement d'acquérir la capacité à infecter une nouvelle espèce animale : encore faut-il en être assez proche pour pouvoir l'infecter ! La probabilité que ces événements coïncident est assez infime, mais deux facteurs jouent pour nous.
D'une part, nous sommes très, très nombreux. Vous êtes environ 5.000 espèces de mammifères ? Nous avons environ 320.000 virus différents infectant les mammifères ! Une bien belle panoplie de possibilités, puisque plus il y a de virus, plus il y a de mutations.
D'autre part, vous les humains nous facilitez la chose en multipliant les contacts avec les autres espèces, et donc les chances que l'on a de vous rencontrer, et de passer chez vous. Entre toutes ces incursions brutales que vous effectuez dans les territoires fragilisés d'espèces déjà stressées par la chasse, le manque d'habitat et de ressources, la pollution ou le climat, et toutes les espèces sauvages que vous chassez, encagez, entassez sur vos marchés, mangez plus ou moins bien cuites, à raison de millions de tonnes par an, les opportunités de vous infecter sont de plus en plus fréquentes. C'est ainsi que le VIH, le SRAS, l'Ebola, le Zika ou le MERS sont passés chez vous ces dernières années.
On peut d'ailleurs ajouter que lorsqu'un virus ne tombe pas sur l'humain, mais sur une de ses espèces domestiques, le résultat est assez similaire. Lorsque vous grignotez le territoire des chauves-souris et installez aux pieds de leurs habitats dévastés des élevages intensifs de porcs, vous augmentez les chances qu'un virus de chauve-souris (au hasard, le Nipah) passe au porc lorsque celui-ci entre en contact avec leur salive ou leurs déjections (dans lesquels les virus sont présents). Comme ces porcs vivent en très grande densité et en conditions sanitaires appauvries, les chances de transmissions augmentent et rien ne nous arrête.
Imaginez des hôtes côte à côte, à perte de vue, affaiblis, stressés, vivants dans leurs déjections et parmi les cadavres déjà tombés, pour un virus, c'est buffet à volonté ! C'est ainsi que les copains de la grippe aviaire H5N1 et de la grippe porcine ont pris d'assaut les élevages de volailles et de porcs il y a quelques années. Ces concentrations d'hôtes en mauvaise santé mènent à des concentrations extraordinaires de virus. Cela augmente nos chances de passer ensuite de l'animal domestique à l'humain. Comme le Nipah (qui entraîne de 40 à 75 % de mortalité chez vous), ou le H5N1.
Et comme je l'ai dit plus haut, la difficulté (toute relative maintenant) est d'infecter le premier humain. Après, votre système de mondialisation fait le reste. À croire que vous avez créé tout cela pour la libre circulation des virus ! Donc, merci beaucoup, thank you very much, danke schöne, 衷心感谢, muchas gracias, большое спасибо, etc.
Nous ne vous voulons pas plus de mal qu'un mouton ne voudrait du mal à une touffe d'herbe. Si l'on avait le choix, évidemment on préférerait que nos humains infectés ne meurent jamais et continuent à nous abriter indéfiniment. Ça nous faciliterait grandement la vie, croyez-moi. Mais leur caractère mortel nous pousse parfois à nous répliquer rapidement pour pouvoir infecter un autre humain avant que le premier ne meure. Cette réplication intense crée des symptômes qui leur sont parfois nocifs, voire fatals. Un des problèmes est que si nous restons tranquilles et faisons profil bas, nos faibles effectifs de départ risquent d'être rapidement submergés par vos défenses immunitaires, si nous ne parvenons pas à nous cacher assez bien dans votre corps. Entre survivre sans trop nuire et être éliminé, l'équilibre n'est pas facile à trouver !
Quoi qu'il en soit, nous les virus et les espèces que nous infectons sommes la plupart du temps liés par des centaines de milliers d'années de coévolution, si bien qu'au final nous sommes généralement bien « adaptés » les uns aux autres, avec dans la grande majorité des cas, peu de dégâts d'un côté ou de l'autre.
Surtout, il ne faut pas oublier que nous autres virus jouons un rôle régulateur important sur les populations des autres êtres vivants (des micro-organismes aux plantes en passant par les animaux). Si nous disparaissions tous du jour au lendemain, il est possible que celles-ci finiraient par être en surpopulation, risquant de mourir de faim après avoir tellement augmenté qu'elles en épuiseraient leurs ressources... D'ailleurs, on dit que nous sommes d'une importance majeure pour l'écologie et l’évolution du monde vivant.
Et puis, nombre de virus sont bénéfiques pour vous, par exemple parce qu'ils tuent des bactéries que vous n'appréciez pas non plus vraiment. Certains envisagent même de les utiliser pour suppléer aux antibiotiques ! Par ailleurs, n'oublions pas que les virus peuvent avoir un effet qu'on pourrait qualifier de « neutre ». Chez l'humain, toujours, puisqu'il n'y a que cela qui vous intéresse, on recense environ 5.000 virus différents, mais moins de 3 % d'entre eux provoquent une maladie, autrement dit sont « pathogènes ». Ce n'est finalement pas tant que ça...
Enfin, il y a tous les virus qui s'intéressent tellement peu à vous que vous ne vous y intéressez pas non plus. Présents dans le sol, en suspension dans l'air, flottant dans l'eau, ils infectent les plantes, les insectes ou les étoiles de mer... On trouve par exemple un million de virus en suspension dans un litre d'eau de mer. En fait, il y a tellement de virus en suspension dans les océans que, mis bout à bout et malgré leur taille ridiculement minuscule, la longueur obtenue représenterait une distance dépassant les galaxies voisines de la nôtre.
Encore une fois, les virus sont partout, même si vous ne les voyez pas... Et parfois, ils sont sous vos yeux, et vous ne les reconnaissez pas, comme ces extraordinaires virus géants, plus gros que certaines bactéries, avec qui on les a initialement confondus...
D’ailleurs, d’où venez-vous, vous autres virus ?
J'imagine que vous voulez dire de quand venons-nous ? En fait, nous avons toujours été là. En tout cas depuis que les humains existent, et même bien avant vos premiers ancêtres animaux. Certains disent que nous sommes plus anciens que les bactéries les plus anciennes.
Déjà présents à l'origine du vivant, nous avons joué un rôle essentiel dans l'évolution, notamment en permettant des transferts de gènes non pas d'une génération à l'autre, mais bien entre les espèces. Nous sommes tellement anciens que certains d'entre nous se sont intégrés dans vos génomes ici et là, pour finalement faire partie intégrante de vous.
Au total, pas loin de 10 % de votre génome est de l'ADN de virus assimilé dans vos chromosomes. Et de tous ces nouveaux gènes que nous vous avons offerts, certains sont importants, voire essentiels. Chez les mammifères par exemple, l'embryon n'est accepté par le système immunitaire de la mère malgré son caractère étranger (c'est un hybride entre le père et la mère), que par l'existence du placenta, dont l'origine est due à un virus intégré dans votre génome. Alors, merci qui ?
Quelle espèce mes ancêtres infectaient avant de passer chez vous ? Je ne le sais pas. Mais chauve-souris, pangolin, singe, ou autre, qu'importe ? Que feriez-vous si vous le découvriez ? Vous arrêteriez de braconner et dévorer cette espèce ? Vous l'extermineriez ? Feriez-vous pareil pour toutes les espèces dont vous risqueriez d'attraper les virus ? Impossible évidemment, il s'agirait de pratiquement tous les animaux...
Et pourquoi cherchez-vous des coupables quand ils sont tout désignés ? Les coupables ne sont-ils pas plutôt ceux qui « vont chercher » les virus en perturbant des systèmes virus-animal relativement hermétiques depuis des millions d'années ? Si vous vous faites griffer par un chat que vous embêtez, vous allez éliminer tous les chats ? Ne devriez-vous pas plutôt apprendre à cesser de leur tirer la queue ?
En théorie c'est assez simple. Il suffit de concevoir les épidémies comme des incendies de forêt. L'un et l'autre sont des phénomènes naturels, mais lorsque vous jouez avec les lois de la nature, ils peuvent devenir hors de contrôle.
Les incendies sont, par exemple, favorisés par une accumulation de conditions favorables (comme du bois mort qui s'entasse). Après une flambée rapide, ils disparaissent généralement : soit parce qu'ils arrivent dans des zones où les arbres sont trop éloignés pour que les flammes passent de l'un à l'autre (l'équivalent de votre distanciation sociale), soit parce qu'ils arrivent dans des zones où les espèces d'arbres sont moins inflammables (ils sont immunisés contre le feu).
Dans le cas des épidémies naturelles, la situation est relativement similaire. Elles émergent puis se propagent jusqu'à ce que la contagion soit freinée parce que la plupart des infectés échouent à contaminer d'autres personnes. Cela peut être dû au fait qu'ils n'en rencontrent plus (à cause de la mise en place de mesures de distanciation sociale, de quarantaine...), ou parce que ceux qu'ils rencontrent sont immunisés (immunité acquise lors d'une infection passée, ou grâce à la vaccination). Si le rythme des infections diminue, alors l'épidémie s'atténue, jusqu'à disparaître.
La question importante est donc plutôt de savoir comment ne pas attraper le prochain de vos congénères virus ?
Effectivement, car il ne s'agit pas de savoir « si » un nouveau virus dangereux pour l'être humain émergera à partir d'une autre espèce, mais « quand ».
Serez-vous prêts ? Mieux vaut être capable de répondre rapidement, car les épidémies venant d'animaux sauvages se multiplient depuis quelques années, et vos sociétés ont déjà goûté à mes cousins virus sur plusieurs continents... Nous les virus émergents avons tué des millions des vôtres, frappant parfois vos congénères au hasard, ou nous attaquant à des catégories très ciblées (comme ici les plus vulnérables physiquement). Nous avons mis à mal vos systèmes économiques et politiques, nous vous avons enfermés chez vous, terrorisés, avons fait naître les théories complotistes les plus absurdes... Qu'en avez-vous retenu ?
Je serais bien en peine de vous le dire : moi et ma prolifique descendance nous allons au hasard des infections et des mutations.
Si vous survivez à mon passage dans votre organisme, serez-vous immunisés contre mon retour, une fois guéris ? Je ne sais pas, et ce n'est pas mon problème. Serez-vous capables de me maintenir à distance à coups de masques et de distanciation physique lors de la seconde vague hivernale ? Nous allons le découvrir ensemble.
Une chose est sûre : je ne resterai pas absolument identique d'une année sur l'autre. Rappelez-vous, nous les virus, nous mutons. Et si nous sommes très nombreux - comme, par exemple, quand des millions d'humains sont infectés, ce qui est le cas actuellement - alors ces mutations sont plus nombreuses aussi.
La Dordogne est devenue une voie naturelle d’échanges et ce, depuis l’époque Gallo-Romaine. Il faut dire que les ressources ne manquaient pas, les forêts pour le bois de construction et le chauffage, les merrains pour la tonnellerie, les carassonnes (piquet de vignes en châtaigniers). En plus du bois, on transportait les fromages d’Auvergne, les peaux des tanneries de Bort-les-Orgues, les châtaignes (qui pouvaient également partir vers l’Angleterre et la Hollande), les « soustres » pierres destinées aux meules, le charbon d’Argentat, le genièvre, le vin, les céréales, les papeteries et diverses marchandises telles que les tuiles, les poteries…
On peut même dire qu’elle a fait vivre et parfois prospérer bon nombre de riverains.
C’est ainsi qu’on a construit des « gabarres » ou « gabares » tout le long de la rivière. Parfois les chantiers étaient éphémères sur l’exploitation d’une coupe de bois. C’étaient des barques à fond plat ou « sole » qui permettait avec un faible tirant d’eau de porter un maximum de charge car elles étaient destinées au transport de marchandises. Elles pouvaient même être gréées. Sous ce terme, on désignait plusieurs sortes de bateaux fluviaux. Le courpet est un ancien type de gabare, utilisé en haute Dordogne depuis Argentat en Corrèze (le nom « d’Argentat » était également utilisé pour le désigner), bien que généralement construit à Spontour (commune de Soursac) ou Saint-Projet. L’élan du bateau était impulsé par une rame ou « pallas » et le gabarrier, juché sur le chargement afin de pouvoir observer, dirigeait la manœuvre, à l’aide d’un grand aviron ou « plume » ou « gober ». Il fallait une autre personne pour écoper. A usage souvent unique, il était fabriqué avec du « bois pauvre » comme le hêtre, le tremble, l’aulne, le bouleau, le peuplier…Arrivé à destination il était alors « déchiré » (désassemblé) et vendu avec le chargement comme bois de chauffage.
On disait alors de cette navigation qu’elle était à bateau perdu car il était très difficile de remonter à contre-courant surtout en l’absence de chemin de halage. Les gabariers rentraient alors à pied ou sur de légers « couralins ». L'activité des courpets était saisonnière, et se concentrait sur une période d'environ 27 jours, période appelée par les gabariers : « eau marchande » ou « eau de voyage ». C’était à la fin du printemps avec les eaux de neige ou au début de l’automne avec les grosses pluies que l’eau était assez haute pour passer les hauts fonds sans trop de difficulté car les passages périlleux étaient nombreux (appelés localement « malpas »), bien connus et redoutés par les gabariers. Le trajet entre Argentat et Libourne en Gironde s'effectuait en 5-6 jours par beau temps, mais nécessitait néanmoins que plusieurs courpets partent en convoi. Ces parcours nécessitaient « une protection divine » et le départ donnait toujours lieu à une cérémonie religieuse. Le restant de l’année les hommes exerçaient un autre métier (charpentiers, mérandiers…)
D’autres argentats descendaient la Dordogne, les couajadours qui pouvaient être réutilisés ainsi que les gabarots (petites gabarres). Certains gabarots et les batelets étaient utilisés pour la pêche. Quant aux naus ils servaient pour aller d’une rive à l’autre. Le coureau (ou courreau, courau) était un type de gabare de transport traditionnelle de fret à fond plat originaire de la Gironde et de la Dordogne, relevé aux extrémités aux formes allongées pointues et étroites. A l’arrière de l’embarcation, un long aviron « la plume » servait de gouvernail. Le mat qui supporte la voilure était repliable pour passer sous les ponts. La cale à marchandise était à ciel ouvert. Les coureaux de Dordogne, longs de 15 à 20m environ pour 4,50m de large pour un tonnage de 25 à 50 tonnes Une cale ouverte servait d’abri à l’équipage.
Les couralins étaient semblables aux coureaux, ils avaient une voile carrée, le logement du gabarier était sous le pont arrière. Le tonnage était inférieur à 15 tonnes. Ils étaient destinés à naviguer en moyenne Dordogne et à la remonte. La remonte, permettait d'alimenter le "haut pays" en sel, poissons séchés ou salés (sardines, morues), huile d’olive, savon, sucre, café, soie et bois exotiques…Elle était cependant moins importante que la descente. Elle se faisait avec l'aide de la marée, du vent (voiles) notamment sur la partie aval. En amont, après Castillon, il était fréquent d'avoir recours à la tire ou halage. Le chemin de halage longeait la rivière, les tireurs pouvaient être au nombre de 20 à 30, de 80 à 100 quand il fallait franchir des passages difficiles. Au XVIIIe siècle les tireurs ont été remplacés par des bœufs.
Florissante du XVIIe siècle à une bonne partie du XIXe siècle, la batellerie a réduit son activité par la suite, à cause notamment des épidémies de phylloxéra et l’arrivée du train.
Le tourisme fluvial et de plaisance a remplacé cette vieille navigation, c’est un facteur majeur de développement économique.
La chanson des gabariers.
C'était le temps des gabariers, Qui descendaient au fil de la Dordogne Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient Du haut pays jusqu'en basse Gascogne Le beau voyage en vérité Entre les bois dans les gorges profondes Le beau voyage au fil de l'onde Au temps des Gabariers En ce temps-là notre belle rivière Coulait gaiement sous les ponts de chez nous On aimait voir folâtrer son eau claire Reflets d'argent dansant sur les cailloux Je me souviens on chargeait les gabares A Spontour au pied de notre maison Les fiers lurons en larguant les amarres Nous quittaient en chansons C'était le temps des gabariers, Qui descendaient au fil de la Dordogne Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient Du haut pays jusqu'en basse Gascogne Le beau voyage en vérité Entre les bois dans les gorges profondes Le beau voyage au fil de l'onde Au temps des Gabariers Quand ils disaient que l'eau était marchande Le moment était venu de partir Ils quittaient Jeanne, Marie ou Fernande Mais quand on part c'est pour mieux revenir Les échalas charges sur les gabares Ils s en allaient au fil des hautes eaux Pendant trois jours et sans lâcher la barre Ils voguaient vers Bordeaux C'était le temps des gabariers, Qui descendaient au fil de la Dordogne Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient Du haut pays jusqu'en basse Gascogne Le beau voyage en vérité Entre les bois dans les gorges profondes Le beau voyage au fil de l'onde Au temps des GabariersLes zones humides littorales constituent des espaces naturels essentiels en raison de la diversité des fonctions qu’elles supportent : écologiques en supportant une biodiversité remarquable, climatiques en piégeant le CO2, antiérosives en créant une zone tampon pour briser l’assaut de vagues ou encore de protection contre les inondations.
Très présentes sur les littoraux nord-européens, elles ont été asséchées et aménagées par l’homme au cours des siècles pour des usages agricoles. Ces terres gagnées sur la mer ou les estuaires ont été transformées en marais salants grâce à l’entrée régulière d’eau de mer ou en terres arables drainées et déconnectées du rythme des marées. Les marais salés comme les marais doux sont tous abrités derrière des digues, elles-mêmes reliées à des systèmes de gestion plus ou moins complexe des niveaux d’eau, comprenant écluses, portes à flots, chenaux, fossés ou bassins.
Ces espaces sont à l’échelle européenne gérés par des structures très différentes : collectivités, associations, établissements publics… Cette diversité d’acteurs complexifie la naissance d’une politique de gestion à grande échelle. Depuis une vingtaine d’années, sous l’effet du changement climatique, les phénomènes extrêmes (tempêtes, crues, submersions marines…) s’intensifient, provoquant des brèches dans les digues construites par l’homme. À ces événements ponctuels s’ajoute une autre menace : l’élévation graduelle du niveau de la mer.
Pour se préparer à ces nouvelles menaces, les gestionnaires des espaces naturels côtiers sont confrontés à un choix cornélien : consolider les digues ou les laisser se dégrader. La question de l’arbitrage entre maintien ou abandon des digues permet de s’interroger sur la place que l’homme est prêt à laisser à la nature et donc sur la relation qu’il entretient avec elle.
Pour appréhender cette problématique, il faut mêler sciences du milieu et sciences humaines et sociales, ce qui n’est pas toujours aisé. Alors que l’écologie s’attache à comprendre le fonctionnement des milieux à partir des relations qu’entretiennent faune et flore avec leur habitat, la géographie cherche à comprendre les relations que les hommes entretiennent avec les milieux dits naturels ou non. La composante humaine est faible pour l’une, indispensable pour l’autre, mais la place de la nature est centrale dans les recherches des deux disciplines.
Dans le cas de la gestion des zones humides littorales, l’écologue s’intéresse aux poissons et la géographe aux acteurs impliqués dans le territoire. Pendant que l’une pêche et analyse la façon dont les poissons s’alimentent, l’autre réalise des entretiens auprès des acteurs sur le terrain et les retranscrit. Une fois leurs matériaux récoltés et saisis, les deux les analysent : analyse quantitative pour l’une, qualitative pour l’autre.
Enfin, elles appuient leurs recherches sur des terrains. Ainsi, l’écologue a travaillé sur l’île Nouvelle, au cœur de l’estuaire de la Gironde, géré par le département. La géographe a quant à elle investi la Réserve naturelle nationale de Lilleau des Niges sur l’île de Ré, gérée par la Ligue de protection des oiseaux. Leurs échanges vont apporter des éléments de réponse autour du dilemme actuel entre maintien et abandon des digues.
Historiquement, les digues ont été construites pour se protéger des assauts de la mer. Derrière elles, l’agriculture s’est développée pendant des siècles : aquaculture, saliculture, élevage, polyculture. Avec le temps, les enjeux côtiers ont évolué, les remparts dressés pour protéger les activités économiques et les espaces naturels défendent aussi les habitations, de plus en plus présentes en raison d’une urbanisation littorale galopante.
Si la législation impose la préservation des habitations et activités économiques, il n’en est pas de même des espaces naturels. Sur l’île de Ré, la communauté de communes a décidé de laisser les murs en l’état au niveau de la réserve naturelle de Lilleau des Niges. Un jour, elle sera submergée et les niveaux d’eau ne pourront plus être gérés.
C’est pourtant grâce à cette gestion des niveaux d’eau que les oiseaux peuvent venir se reposer et se nourrir derrière les digues au moment des marées hautes et des marées de vives eaux. Elles assurent ainsi le maintien de la fonctionnalité écologique perçue comme la plus importante de la réserve par ses gestionnaires : celle de zone de reposoir. « Une lame d’eau dans quelques bassins permet aux oiseaux de se poser et de se sentir en sécurité, car bien que ce soient des oiseaux d’eau, ils aiment avoir pied ! ». C’est pourquoi ces derniers fréquentent aussi les marais salants, où il est possible de les observer autant que dans la réserve. Ce sont les mêmes arguments qui priment pour la gestion des niveaux d’eau sur la partie endiguée du sud de l’île Nouvelle.
L’autre option est de laisser les digues se dégrader, au risque de livrer peu à peu les îles estuariennes et côtières, qui ne perdurent que grâce à leur présence, à la montée des mers.
L’île de Ré par exemple est une île d’agriculteurs, qui ont su tirer profit de la mer pour se nourrir et pour produire du sel grâce à l’existence des digues. Depuis leur mise en place à la fin du Moyen-Âge, elles étaient reconstruites, renforcées, rebouchées à chaque tempête. Avec le temps et l’oubli du risque, elles se sont dégradées faute d’entretien. La tempête Xynthia en 2010 a révélé leurs mauvais états en les attaquant violemment. Les abandonner est pourtant impensable aujourd’hui, puisque les activités qu’elles protègent se perpétuent.
Si la relation qu’entretiennent les Rétais avec leur marais paraît à première vue économique (sel, huître, gambas, algue, pêche à pied…), elle est surtout affective et sensible. Ceux qui y travaillent et les modèlent louent leur « argile très plastique, qui imprime le caractère du saunier », ceux qui les préservent sont « attentifs à la lumière, à l’arrivée des migrateurs, aux bernaches cravants qui amènent l’automne ». Et ceux qui en profitent admirent « les oiseaux qui s’envolent de partout, les goélands, l’herbe, les huîtres dans le marais » et aimeraient que leurs « enfants continuent à voir tout ça ».
Sur l’île Nouvelle, il n’y a plus d’habitants ni d’agriculture depuis une trentaine d’années. Le contexte est propice à une expérience de restauration grandeur nature : au nord, les digues ont cédé pendant la tempête Xynthia, et la brèche n’a pas été réparée à dessein.
Depuis, les eaux de l’estuaire entrent et sortent librement grâce à la coursive nouvellement formée. Le milieu évolue en réponse aux marées et le cycle naturel des marais s’observe du ciel : les vasières ont d’abord reconquis les espaces et se couvrent aujourd’hui peu à peu de végétation. Les poissons estuariens et migrateurs se rencontrent à nouveau dans le chenal, laissant présager un retour de fonctionnalités écologiques perdues, à l’avantage des zones en eau et de la biodiversité aquatique.
Le dilemme entre le maintien ou l’abandon des digues exprime la complexité de notre relation à la nature. L’homme a conquis des espaces sur la mer, aujourd’hui il fait marche arrière, souvent pour des questions économiques. Une digue coûte cher, des choix doivent être faits. Sur l’île Nouvelle et l’île de Ré, des remparts ont été maintenus, d’autres abandonnés.
Que ce soit sur l’île Nouvelle ou l’île de Ré, s’étendent derrière les digues des espaces naturels. Dans les deux cas, elles jouent un rôle d’interface entre la terre et la mer ou l’estuaire. À la fois fragiles et robustes, elles révèlent nos propres fragilités et forces, mais aussi notre distanciation avec la nature. Elles mettent à distance la mer, et lorsqu’elles sont détruites, la connexion entre le marais et la mer ou l’estuaire est rétablie quotidiennement. Quand elles sont maintenues, la connexion ne survient que lors des marées de vives eaux, une fois par mois, parfois moins.
La mer monte, pouvons-nous continuer à « construire des digues jusqu’au ciel » ? Ou faut-il laisser la nature reprendre sa place ?
Histoire de la misogynie, paru le 22 octobre aux éditions Arkhê, se veut l'archéologie d'un mépris, celui de la femme et de la féminité, tel qu'il s'exprime depuis la haute Antiquité. Un terrible constat s'impose sur la longévité et la ténacité des regards péjoratifs portés sur les femmes et la féminité. Ces regards sont ceux des hommes, parfois intériorisés par des femmes; ils sont puissamment ancrés dans les mentalités par le langage, les images, les théories et les croyances, la littérature, la médecine et le droit.
Comment comprendre la misogynie? Procède-t-elle uniquement d'habitudes profondément ancrées en nous? Est-elle partie intégrante de la masculinité?
Autant de questions qu'étudient Adeline Gargam et Bertrand Lançon dans cet ouvrage dont nous publions les bonnes feuilles. Voici un extrait du chapitre «La faute à Ève».
Dans les sociétés juives et chrétiennes, mais aussi musulmanes, autrement dit dans les sociétés qui tiennent la Bible pour un livre inspiré, le livre de la Genèse a été abondamment exploité, de l'Antiquité tardive à l'époque moderne, pour façonner la femme originelle, Ève, en être coupable devant susciter la méfiance. Le texte sacré a servi de support à une double interprétation misogyne. D'abord du point de vue de la création et ensuite de celui de la «chute», déterminant ainsi un fondement scripturaire et religieux à la conviction d'une infériorité et d'une culpabilité féminines.
La figure d'Ève apparaît toujours aujourd'hui comme l'image originelle de la femme sujette à la tentation et à la curiosité transgressive, et à son tour tentatrice et fauteuse de la chute de l'homme. Ève proposant la «pomme» à Adam appartient à une vulgate iconographique et culturelle qui est aussi solidement ancrée qu'elle est dévoyée par rapport au texte biblique. De ce fait, Ève comme source du péché est une figure mythologique de la misogynie, mais cette misogynie-là s'est construite par une cristallisation spécieuse, opérée au détriment du texte de la Genèse. Autrement dit, la Bible a été convoquée de manière fallacieuse pendant des siècles afin de légitimer des fantasmes misogynes dont elle n'était pas porteuse.
La femme, ayant été modelée à partir de la côte de l'homme endormi, Adam, lui-même façonné dans la terre par la main d'Élohim, a été regardée comme tirée de l'homme. Le récit de la Genèse a, de ce fait, donné lieu à une extrapolation tenace: puisque la femme est postérieure à l'homme et qu'elle est tirée de lui, elle n'aurait été qu'une création secondaire de Dieu et une auxiliaire de l'homme. En d'autres termes, plus philosophiques, secondaire dans l'ordre chronologique, elle le serait aussi dans l'ordre ontologique. Sans compter que la postérité serait aussi un critère d'infériorité ontologique, ce qui est une extrapolation puisque l'homme, dans le processus de création, est lui-même postérieur à la terre, au ciel et aux animaux!
Rappelons le texte. Le façonnement de la femme y procède d'une constatation qui est à la fois celle de l'homme et celle de Dieu lui-même: aucun être créé par Dieu dans les espèces animales ne procure à Adam une aide suffisante à ses besoins, ce qui le renvoie à la solitude. Dans le texte, la raison pour laquelle Dieu façonne une compagne à l'homme est très claire: il s'agit de lui donner, par elle, un être véritablement capable de l'extraire de cette solitude et de l'aider. L'infériorité ontologique de la femme par rapport à l'homme est donc un jugement de valeur qui considère l'aidant comme inférieur à l'aidé, ce qui est une vue de l'esprit tout à fait discutable.
À cela s'ajoute le rôle joué par Ève dans la tentation et la chute. Dans l'Éden, elle est séduite par le discours du serpent, qui l'incite à goûter le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. C'est elle qui convainc Adam de faire de même. Par là même, Ève a été érigée en être influençable par le malin, en être à la fois indocile et curieux, étendant sa tentation à l'homme. Bref, en être par qui le malheur arrive. Condamné au travail, à l'enfantement douloureux et à la mortalité, le couple primordial se trouve chassé de l'Éden avec le poids de sa faute.
Ce n'est pas tant la Genèse qui pèse que les interprétations fallacieuses qui ont fleuri sur elle. Dès les premiers siècles, mais surtout au cours du Moyen Âge, le texte a été extrapolé vers l'infériorité et la subordination de la femme à l'homme et vers la responsabilité première du péché et des douleurs qui en découlent. Perçue comme étant d'un statut inférieur à lui, elle représente en outre la menace de conduire à la faute envers Dieu. Tel est le fondement, soi-disant scripturaire, d'une perception misogyne terriblement tenace.
Dans les sociétés considérées, le texte biblique faisant autorité incontestable, ces interprétations, qui ne sont autres que des lectures spécieusement conduites par la logique, obéissent en fait à une forme de diabolisation de la femme qui n'est autre que la misogynie. Une misogynie fondée par l'Écriture, justifiée par elle et donc fondée en vérité, et verrouillée par des fondements religieux. La conséquence est terrible: compagne seconde et défaillante de l'homme, Ève reçoit la plus grande part des malédictions prononcées à l'égard du couple par celui que la Bible n'appelle pas encore Yahvé.
Étant perçues comme des êtres dangereux, elles étaient considérées comme devant être soumises, écartées et mises hors d'état de nuire.
Sans être plus misogyne que ses contemporains, saint Paul énonce, au milieu du Ier siècle, un certain nombre de ces interprétations dans ses Épîtres. À la fin du IIe, Tertullien, le premier écrivain parmi les Pères latins, l'accrédite en faisant de la femme, dans son traité sur l'âme, la porte du diable. Il insiste encore sur ce point dans son livre contre la toilette des femmes, en vilipendant le maquillage, considéré à la fois comme une attention excessive portée au corps et une propension à la tentation séductrice de la chair. On prendra cependant garde à ne pas assimiler les assertions de Tertullien avec celles de l'ensemble des chrétiens: celui-ci avait en effet rejoint le courant des Montanistes, qui, dans sa méfiance envers les faiblesses du corps, prônait et pratiquait une ascèse radicale.
La compagne d'Adam n'est nommée Ève qu'en deux occurrences dans la Bible. D'abord dans Genèse 3, 20, où Adam la nomme Hawwāh (= vivante, vie). Ensuite, deux fois par saint Paul. On a façonné au Moyen Âge une origine fantaisiste de ce nom en lui prêtant une étymologie latine fortement misogyne: Eva viendrait de extra vadens («qui s'égare») parce que la femme était supposée sortir par nature de la voie de la sagesse et de la raison. La conséquence de cette misogynie n'a cessé de peser ensuite sur les femmes. Étant perçues comme des êtres dangereux, elles étaient dès lors considérées comme devant être soumises, écartées et, par l'organisation sociale, mises hors d'état de nuire.
Une lecture attentive, dans la Genèse, des passages qui peuvent se prêter à une interprétation misogyne nous donne à voir tout autre chose. Le premier récit de la Création indique: «Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa.» On ne voit ici aucune antériorité de l'homme sur la femme, mais une simultanéité, puisque le texte ne fait aucun distinguo chronologique. Par ailleurs, on n'y trouve aucune hiérarchisation entre îsh (l'homme) et ishshah (la femme), qui sont présentés comme deux déclinaisons du même être.
Le second récit de la Création se montre plus précis. Élohim modèle l'homme avec de la glaise du sol, et le nom qui lui est donné, âdam, vient du mot hébreu désignant le sol, adâmah. C'est la raison pour laquelle André Chouraqui, dans sa traduction littérale de la Bible, traduit âdam par «le glébeux». Dieu insuffle dans ses narines une haleine de vie, qui lui permet de devenir un être vivant. Il l'établit dans le jardin d'Éden pour qu'il le cultive et le garde, lui faisant toutefois interdiction de manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
Élohim crée alors des animaux pour fournir à âdam une aide assortie, mais celui-ci ne la trouva pas parmi ceux-ci. De cette constatation d'inachèvement, il fait tomber l'homme dans un profond sommeil, prend l'une de ses côtes, referme sa chair, façonne une femme de cette côte et l'amène à l'homme. Celui-ci l'appelle alors ishshah, car tirée de îsh, ce qui est un jeu sur l'homophonie des termes.
Adam apparaît comme une sorte de prototype imparfait et c'est Ève qui vient, par la main de Dieu, parachever l'être humain.
L'affirmation qui suit est explicite: c'est pour cette raison que l'homme s'attache à sa femme et qu'ils deviennent une seule chair, ce qu'ils sont effectivement. Autrement dit, la femme apparaît dans le second récit de la Création comme un correctif à l'inachèvement, un perfectionnement destiné à parfaire l'être humain en le complétant. On est donc bien loin d'une quelconque misogynie puisque la femme est aussi façonnée par Dieu, dans la même matière que l'homme, la sienne. N'en procède aucune infériorité, car elle n'est pas une apostille: c'est par elle que l'homme devient pleinement homme, et donc pleinement l'image de son créateur. Adam apparaît comme une sorte de prototype imparfait et c'est Ève qui vient, par la main de Dieu, parachever l'être humain.
Aboutissement de la Création, elle a donc été l'objet, de la part de toute une exégèse approximative ou malintentionnée, de dérives interprétatives misogynes. Au XIIIe siècle, Thomas d'Aquin était, semble-t-il, bien conscient de ce problème d'interprétation. Il écrit ainsi qu'Ève aurait pu être considérée comme inférieure à Adam si elle avait été tirée de son pied, et comme supérieure à lui si elle avait été tirée de sa tête. Les traducteurs de la Genèse se sont aussi demandé si elle avait été tirée de la «côte» (costa) ou du flanc (latus) d'Adam.
Adam et Ève sont donc deux êtres issus d'une seule création. C'est pourquoi l'Évangile de Jean désigne Jésus non pas comme anèr (homme) mais comme anthropos (homme, au sens d'être humain): cela se traduit dans quelques représentations androgynes du Christ dans l'art médiéval, tel ce vitrail roman du XIIe siècle de la cathédrale du Mans, dans lequel il possède de toute évidence une poitrine féminine.
Relisons maintenant le passage qui concerne la faute dans la traduction faite par l'École biblique de Jérusalem en 1964. Ève voit dans l'arbre défendu un arbre séduisant car «désirable pour acquérir l'entendement». Il ne s'agit donc pas d'une curiosité malsaine, mais du désir humain de connaître et comprendre, que l'on peut interpréter comme la conséquence de la création de l'être humain achevé. Un désir qui résonne comme le prodrome de la «rage d'apprendre» des femmes de l'époque moderne. Ève mange du fruit et en donne à Adam, qui en mange également sans émettre la moindre protestation.
Lorsque Élohim découvre l'infraction à son commandement, le texte évoque une suite de déresponsabilisations: Adam rejette la faute sur Ève qui lui a donné le fruit; Ève la rejette sur le serpent, qui lui a assuré qu'elle ne mourrait pas si elle en mangeait. Elle n'était pourtant pas mortelle, alors, et cela traduit un manque de confiance, inexplicable dans le cadre de l'Éden. Il est remarquable qu'à la suite de ce double aveu, Dieu commence par maudire le serpent. Il étend ensuite sa malédiction sur la femme, qui enfantera désormais dans la peine et qui, poussée vers son mari, sera dominée par lui; et sur l'homme, condamné à peiner pour manger et promis à retourner à la terre d'où il a été tiré. Il condamne donc la femme à donner la vie dans la peine et l'homme à la mort après une vie de peines. On le voit, le châtiment diffère, puisqu'il évoque le don de la vie pour la femme et la mortalité pour l'homme.
À tout le moins, il est remarquable que la responsabilité de la faute n'incombe pas à la femme seule. La déclinaison des malédictions remonte la chaîne des causalités, du serpent à l'homme en passant par la femme. Celle-ci n'est aucunement désignée comme la responsable de la faute, qui est partagée par son alter ego masculin. Une fois chassé du jardin d'Éden, le couple conçoit Caïn. Or, le texte n'évoque en rien la peine, mais une jubilation d'Ève en l'honneur de Dieu: «J'ai acquis un homme de par Élohim», dit-elle. Ce qui devait être son châtiment, son asservissement à l'homme et les peines de la grossesse, devient, par la maternité, la capacité de faire des hommes. Et si Dieu agrée l'offrande du puîné, Abel, il n'agrée pas celle de Caïn, le premier-né. Par la reproduction, la femme reçoit un pouvoir similaire à celui de la création divine, tandis que, dans ce passage, Adam est le grand absent. Il revient ensuite dans le texte comme fondateur d'une lignée, la patrilinéarité mésopotamienne reprenant ses droits.
On le voit, c'est donc bien une lecture misogyne de la Genèse qui s'est ancrée dans la tradition, et non la Genèse elle-même, qui a conduit à grever Ève d'infériorité et de culpabilité. Celle-ci a déterminé une perception négative de la femme, de l'Antiquité à nos jours.
"Fluctuat nec mergitur"? La Bibliothèque de la Pléiade publie jeudi une "Anthologie bilingue de la poésie latine", alors que peu de lecteurs savent encore lire la langue de Cicéron.
Rares sont les langues ayant eu l'honneur d'entrer dans la collection de prestige des éditions Gallimard: outre l'ancien français, il n'y a eu que l'anglais, l'allemand, l'espagnol, l'italien et le latin, déjà, avec les oeuvres complètes de Virgile en 2015.
Face à quatre langues bien vivantes, la question se pose ex abrupto: ce XXIe siècle fera-t-il du latin une langue vraiment morte, privée ad vitam aeternam de locuteurs?
"Non", répond à l'AFP Philippe Cibois, sociologue, qui suit les tendances de l'enseignement de rosa, rosam, rosae. "En moyenne, toutes classes confondues, 12 ou 13% des élèves font des langues anciennes, surtout du latin maintenant, très peu du grec. C'est un roc solide dans l'enseignement et les 7.000 profs de latin en France sont très actifs pour promouvoir leur matière".
"Je suis certain qu'il y aura beaucoup de lecteurs qui aimeront avoir cette Pléiade dans leur bibliothèque", parie-t-il.
Sans forcément beaucoup lire la page de gauche, en VO: "C'est tout le bénéfice du sous-titrage. On apprécie une langue sans avoir besoin d'être très performant".
Le volume couvre bien sûr la littérature romaine, en commençant par Livius Andronicus (IIIe siècle avant Jésus-Christ), en passant par les classiques Ovide ou Catulle.
Mais aussi le Moyen Âge, où Alain de Lille a pour alias Alanus de Insulis, la période moderne... et contemporaine, avec des vers de Pascal Quignard publiés en 1979, "Inter aerias fagos" ("Parmi les hêtres aériens").
Comme l'écrit dans une note introductive Philippe Heuzé, professeur de littérature latine à Sorbonne Nouvelle, la poésie latine "a la particularité remarquable de courir sur deux mille trois cents ans".
"Des auteurs du XIXe ont une production originale en latin, comme Baudelaire, ou Rimbaud qui avait remporté un premier prix de vers latins. C'est presque militant que de rappeler que des auteurs aussi importants sont des poètes bilingues", relève Pierre-Alain Caltot, maître de conférence en langue et littératures latines de l'Université d'Orléans.
Le poème de Rimbaud s'appelle "Ver erat" ("C'était le printemps", 1868), et semble préfigurer "Le Dormeur du val" (1870). "Iacui uiridanti in fluminis ora": "Je me couchai sur la rive verdoyante d'une rivière".
"J'ai une vraie espérance pour l'avenir de la langue, non dénuée d'inquiétude, mais fondée sur l'idée qu'on ne peut pas se passer de latin, que sans connaissance du latin on ne peut pas comprendre ce que sont par exemple l'épopée, la satire, même l'écriture de l'histoire", dit M. Caltot. "La question se pose toujours de savoir à quoi ça sert, à une époque où tout doit payer immédiatement, et j'allais dire que ça ne sert à rien directement. Sauf à cultiver son jardin".
Mais c'est un combat quotidien, quand il faut convaincre les parents de collégiens d'ajouter une matière optionnelle à des programmes déjà chargés.
Philippe Cibois ferait presque son mea culpa. "J'ai fait du latin de la 6e à la 1re, au lycée classique. Au début ça allait, mais à la fin j'étais noyé: après mes études je me disais que le latin, il fallait supprimer ça, que ça amenait des élèves à l'échec... Et puis, quand ma fille a eu l'âge d'en faire, je me suis dit qu'on ne pouvait pas la priver de cette culture-là". Nolens volens.
Le musée d'histoire de Nantes a indiqué lundi 12 octobre qu'il reportait une exposition consacrée à l'histoire de Gengis Khan et de l'empire mongol en raison du "durcissement" de "la position du gouvernement chinois à l'encontre de la minorité mongole".
publié le 13/10/2020 à 16:11
Au premier semestre 2021, le Château des ducs de Bretagne, à Nantes, devait accueillir dans ses murs, une "exposition consacrée à l’un des plus grands conquérants de l’Histoire" : le Mongol Gengis Khan, rapporte Ouest-France. Mais s'était sans compter sur une pression inattendue exercée par la Chine, selon le directeur du musée d’Histoire de Nantes, qui a annoncé lundi 12 octobre devoir "reporter" l'évènement.
"Nous sommes aujourd’hui contraints de reporter cette exposition en octobre 2024 en raison du durcissement, cet été, de la position du gouvernement chinois à l’encontre de la minorité mongole", indique Bertrand Guillet dans un communiqué. "Nous avons pris la décision de stopper cette production au nom des valeurs humaines, scientifiques et déontologiques que nous défendons".
Une décision prise après que les autorités chinoises ont exercé différentes pressions. Elles auraient ainsi d'abord exigé de "faire disparaitre de l’exposition des éléments de vocabulaire (les mots Gengis Khan, empire et mongol)", avant de demander un droit de regard sur les contenus eux-mêmes.
"Une annonce de modification du contenu de l’exposition accompagnée d’une demande de contrôle de l’ensemble de nos productions (textes, cartographies, catalogue, communication) ont été formulées", a fait savoir le directeur du musée nantais qui parle de "censure à l’égard du projet initial".
Le "nouveau synopsis proposé, écrit par le bureau du patrimoine de Pékin (...) comporte notamment des éléments de réécriture tendancieux visant à faire disparaître totalement l'histoire et la culture mongole au bénéfice d'un nouveau récit national", précise encore le communiqué.
La Chine compte 1,4 milliard d'habitants et 56 groupes ethniques. Les Hans y sont majoritaires à 92%. Les quelque 6,5 millions de Mongols habitent principalement en Mongolie intérieure, vaste région chinoise constituée de prairies, de déserts et de forêts. Mais en Mongolie voisine, la nouvelle politique linguistique chinoise, qui veut accroître l'enseignement du mandarin au détriment du mongol, provoque un tollé dans l'opinion et suscite de large manifestations.
Le projet, à l'instar de précédentes expositions présentées avec le concours de musées grec, colombien ou suédois ces dernières années, était prévu en partenariat avec le musée de Mongolie Intérieure à Hohhot (Chine). Le musée d'histoire affirme qu'une nouvelle exposition "nourrie de collections européennes et américaines" sera bientôt reconstruite en "conservant le premier synopsis".
La CNIL a adopté des lignes directrices modificatives ainsi qu’une recommandation portant sur l’usage de cookies et autres traceurs. L’évolution des règles applicables marque un tournant pour les internautes, qui pourront désormais exercer un meilleur contrôle sur les traceurs en ligne.
01 octobre 2020
L’article 82 de la loi Informatique et Libertés transpose en droit français l’article 5.3 de la directive 2002/58/CE « vie privée et communications électroniques » (ou « ePrivacy »). Il prévoit notamment l’obligation, sauf exception, de recueillir le consentement des internautes avant toute opération d’écriture ou de lecture de cookies et autres traceurs.
En 2013, la CNIL adoptait une première recommandation pour guider les acteurs dans la mise en œuvre des textes régissant à l’époque les opérations de lecture et d’écritures par des cookies.
Le 25 mai 2018, l’entrée en application du règlement général sur la protection des données (RGPD) est venue renforcer les exigences en matière de validité du consentement, rendant obsolète une partie de cette recommandation.
Dans le cadre de son plan d’action sur le ciblage publicitaire, la CNIL a donc entrepris d’actualiser en deux temps ses cadres de référence.
Le 4 juillet 2019, la CNIL a ainsi adopté des lignes directrices rappelant le droit applicable. Celles-ci ont été ajustées le 17 septembre 2020 pour tirer les conséquences de la décision rendue le 19 juin 2020 par le Conseil d’Etat.
En parallèle, la CNIL a également décidé d’établir, à l’issue d’une concertation avec les professionnels et la société civile, un projet de recommandation. Sans être prescriptive, la recommandation joue le rôle de guide pratique destiné à éclairer les acteurs utilisant des traceurs sur les modalités concrètes de recueil du consentement de l’internaute.
Ce projet a été soumis, le 14 janvier dernier, à une consultation publique, dont les apports ont permis d’enrichir la version finalement adoptée le 17 septembre 2020.
L’évolution des règles applicables
L’évolution des règles applicables, clarifiées par les lignes directrices et la recommandation, marque un tournant tant pour le secteur de la publicité en ligne que pour les internautes, qui pourront désormais exercer un meilleur contrôle sur les traceurs en ligne.
la simple poursuite de la navigation sur un site ne peut plus être considérée comme une expression valide du consentement de l’internaute ;
les personnes doivent consentir au dépôt de traceurs par un acte positif clair (comme le fait de cliquer sur « j’accepte » dans une bannière cookie). Si elles ne le font pas, aucun traceur non essentiel au fonctionnement du service ne pourra être déposé sur leur appareil.
Les utilisateurs devront être en mesure de retirer leur consentement, facilement, et à tout moment.
Refuser les traceurs doit être aussi aisé que de les accepter.
- elles doivent clairement être informées des finalités des traceurs avant de consentir, ainsi que des conséquences qui s’attachent à une acceptation ou un refus de traceurs ;
- elles doivent également être informées de l’identité de tous les acteurs utilisant des traceurs soumis au consentement.
Les organismes exploitant des traceurs doivent être en mesure de fournir, à tout moment, la preuve du recueil valable du consentement libre, éclairé, spécifique et univoque de l’utilisateur.
Certains traceurs sont cependant exemptés du recueil de consentement, comme par exemple les traceurs destinés à l’authentification auprès d’un service, ceux destinés à garder en mémoire le contenu d’un panier d’achat sur un site marchand, certains traceurs visant à générer des statistiques de fréquentation, ou encore ceux permettant aux sites payants de limiter l’accès gratuit à un échantillon de contenu demandé par les utilisateurs.
Les recommandations de la CNIL
Par ailleurs la CNIL recommande que l’interface de recueil du consentement ne comprenne pas seulement un bouton « tout accepter » mais aussi un bouton « tout refuser ».
Elle suggère que les sites internet, qui généralement conservent pendant une certaine durée le consentement aux traceurs, conservent également le refus des internautes pendant une certaine période, afin de ne pas réinterroger l’internaute à chacune de ses visites.
En outre, pour que l’utilisateur soit bien conscient de la portée de son consentement, la CNIL recommande que, lorsque des traceurs permettent un suivi sur des sites autres que le site visité, le consentement soit recueilli sur chacun des sites concernés par ce suivi de navigation.
Afin de répondre aux questions des acteurs concernés et des internautes, la CNIL propose une FAQ accompagnement la publication des lignes directrices et de la recommandation.
Vers une mise en conformité des acteurs concernés
La CNIL invite tous les acteurs concernés à s’assurer de la conformité de leurs pratiques aux exigences du RGPD et de la directive ePrivacy.
Comme elle l’avait annoncé, elle estime que le délai de mise en conformité aux nouvelles règles ne devra pas dépasser six mois, soit au plus tard fin mars 2021.
Si la CNIL tiendra compte des difficultés opérationnelles des opérateurs pendant cette période durant laquelle elle privilégiera l’accompagnement sur les contrôles, elle se réserve la possibilité, conformément à la jurisprudence du Conseil d’Etat, de poursuivre certains manquements, notamment en cas d'atteinte particulièrement grave au droit au respect de la vie privée (CE, 16 octobre 2019, n° 433069, Rec.). En outre, la CNIL continuera à poursuivre les manquements aux règles relatives aux cookies antérieures à l’entrée en vigueur du RGPD, éclairées par sa recommandation du 5 décembre 2013.
Certains équipements appartenant à l'Etat peuvent désormais être offerts à des associations. Le but: promouvoir l'économie circulaire. AFP
ASSOCIATIONS- Chaises de bureaux, ordinateurs, imprimantes: lorsqu’ils ne sont plus utilisés, certains équipements appartenant à l’État peuvent désormais être offerts à des associations. Une opération qui se réalise via une plateforme internet présentée ce jeudi 8 octobre par le gouvernement qui entend ainsi promouvoir “l’économie circulaire”.
Une table basse, quatre fauteuils et un guichet d’accueil, “le tout en très bon état”, à venir récupérer dans le Val-de-Marne; une cinquantaine d’ordinateurs avec écrans, également dans le Val-de-Marne; un ensemble de mobilier de couleur acajou à saisir à Nantes: tous ces objets sont proposés, photos à l’appui, sur dons.encheres-domaine.gouv.fr.
Ce site, lancé fin 2019 mais qui a fait l’objet de peu de publicité jusqu’à présent, permet aux responsables d’administration de se débarrasser d’équipements mobiliers - de faible valeur - dont ils n’ont plus l’usage, en les donnant à d’autres administrations, ou à des associations reconnues d’utilité publique, ont expliqué les responsables de cette initiative lors d’une conférence au ministère des Finances.
“On a trop de biens aujourd’hui qui sont stockés pour rien, il faut avoir le réflexe de donner” plutôt que de jeter, a souligné Alain Caumeil, directeur national des interventions domaniales.
“Avec cette plateforme, vous montrez l’exemple”, s’est félicitée de son côté la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire, Olivia Grégoire, qui a officialisé le don d’une cinquantaine d’ordinateurs, offerts par l’administration fiscale, au foyer socio-éducatif d’un collège des Hauts-de-Seine.
Depuis novembre dernier, plus de 120 annonces ont été mises en ligne, et environ la moitié des objets proposés ont trouvé preneurs. Parmi ce bric-à-brac, on trouve même des présentoirs et autres vitrines proposés par le Musée du Louvre, et susceptibles d’intéresser d’autres musées.
Des procédures assouplies
“Certains de ces biens auraient été détruits si on n’avait pas eu la possibilité de les donner”, a observé M. Caumeil, vantant une démarche “vertueuse” sur les plans économique et environnemental.
Le dispositif reste très encadré: seuls les biens dont la valeur à la revente paraît “dérisoire” peuvent être cédés gratuitement, et les véhicules motorisés sont exclus. Certains objets doivent être d’abord proposés à d’autres administrations, puis dans un second temps seulement à des associations si aucun service public n’a fait part de son intérêt.
Les associations bénéficiaires doivent en principe venir chercher elles-mêmes leurs meubles ou ordinateurs, et n’ont pas le droit de les revendre.
Pour les responsables des services administratifs - mais également des musées ou agences nationales - qui souhaitent se débarrasser de leurs objets, les procédures, autrefois contraignantes, ont été assouplies. Mais pourraient l’être encore davantage, observe M. Caumeil, qui souligne que, pour l’heure, l’État ne peut donner à des collectivités locales, ni les collectivités à des associations.
Vous avez certainement déjà entendu les sirènes assourdissantes des entraînements aux alertes ou des ambulances. Si ces sirènes sont si efficaces, c'est parce qu'elles imitent parfaitement le hurlement du loup, qui a lui-même été sélectionné comme meilleur son possible pour parcourir les plus grandes distances. Un exemple parfait de biomimétisme involontaire.
N'avez-vous jamais remarqué que les chiens se mettent à hurler lorsqu'une sirène d'alarme se déclenche ? Ce comportement exaspérant ne doit rien au hasard : c'est parce que ces sirènes émettent les mêmes sons que ceux de hurlements des loups, révèle une nouvelle étude parue dans Acta Biotheoretica.
Les chercheurs ont analysé le son d'une trentaine de sirènes telles que celles des alertes d’urgence, des ambulances ou des alertes aux tornades aux États-Unis, et les ont comparées avec différents enregistrements de hurlements de loups. Ils ont alors constaté des similitudes troublantes en superposant leurs spectres de fréquences, 89,6 % de sons étant similaires sur cinq paramètres différents.
Pourtant, cette ressemblance ne serait pas délibérée, mais le fruit de la sélection des meilleurs sons possibles pour communiquer sur la plus grande distance possible, explique Hynek Burda, chercheur à l'université tchèque de sciences naturelles et principal auteur de l'étude. Chez le loup, le hurlement sert ainsi à indiquer sa position aux autres membres de la meute de façon à obtenir leur position en retour. Ce signal sonore est notamment crucial pendant la chasse, car il annonce aux autres loups que la zone est déjà occupée par une meute.
Les loups alpha (les meneurs de la meute) commencent sur de basses fréquences, puis les loups bêta poursuivent sur un ton plus haut. Leurs variations hétérogènes servent à donner l'impression d'une meute très nombreuse. Selon les chercheurs, l'évolution naturelle aurait favorisé chez le loup les hurlements avec le meilleur compromis entre l'audibilité (qui augmente lorsque l'intensité de la pression acoustique s'accroît) et la capacité à voyager sur de longues distances, qui s'obtient en diminuant la fréquence.
Mais ce n'est pas tout. Certains animaux ont appris à reconnaître le hurlement du loup comme un signal de danger ou à l'interpréter comme tel. Les faons voient ainsi leur fréquence cardiaque s'accélérer lorsqu'ils entendent le loup, tandis que les charognards sont au contraire attirés, le hurlement signalant qu'une proie a été capturée.
L'Homme pourrait-il lui aussi avoir été sélectionné par l'évolution pour interpréter le son des hurlements (et donc des sirènes) comme signal de danger ? « Bien qu'il n'existe pas de prédateur spécialisé de l'Homme aujourd'hui, les loups représentaient une menace majeure il n'y a pas si longtemps. Les humains auraient donc pu apprendre à interpréter les signaux acoustiques intraspécifiques des loups comme un signal d'avertissement » et donc à les privilégier pour le son des alarmes, suggèrent les auteurs. Une précédente étude a, par exemple, montré que les fœtus voient leur cœur accélérer lorsque les sirènes d'alarme se déclenchent en Israël.
« Nous suggérons que (par hasard) l'efficacité du son des sirènes comme signal d'alerte a été renforcée par une prédisposition sensorielle naturelle (innée) des humains à être alertés par le hurlement des loups, concluent Hynek Burda et ses collègues. Il s'agit là d'un exemple intéressant de biomimétisme acoustique ».
Beaucoup se demandent quel peut bien être le secret du garde des Sceaux pour occuper ainsi à lui tout seul la quasi-totalité de la scène médiatique. La Voix du Nord vous met au parfum : en réalité, ils sont deux !
Il n'aura pas fallu longtemps à votre serviteur (dont, faut-il le rappeler, les initiales sont B. D.) pour remarquer que Castex, ça commence comme Casterman. Dès lors, son gouvernement, faute de nous promettre la Lune, ne pouvait que marquer le grand retour des Dupondt. Marianne aura achevé de nous mettre la puce à l'oreille. Dans un article publié cette semaine, l'hebdomadaire note d'abord que « lentement, mais sûrement, Éric Dupond-Moretti s'installe dans un bras de fer avec les magistrats ». Mais, dès le paragraphe suivant, c'est un Éric Dupont-Moretti qui, lentement toujours, « s'avance sur le gravier du ministère ». La preuve que cette fois, et contrairement à ce qui se passe chez un spécialiste reconnu de l'aménagement, il y en a bien deux !
Pourtant, pour distinguer au premier coup d'œil le Dupont avec « t » du Dupond avec « d », c'est tintin ! Le dernier nommé, le jumeau dominant à n'en pas douter, fait l'essentiel du taf. Mais, occasionnellement, on n'en a pas moins croisé l'autre, celui avec « t », dans les colonnes du Monde, du Figaro, du Journal du dimanche, de Valeurs actuelles, de Gala, d'Ouest-France, de Charente libre, de Sud-Ouest, de L'Indépendant, du Midi libre, du Dauphiné libéré, de La Nouvelle République, de L'Est républicain, de L'Union... et même de votre journal préféré !
C'est mon moyen mnémotechnique, et je le partage volontiers : pour s'assurer (trêve de plaisanterie !) que le seul, le vrai, est bien le Dupond avec « d », il suffit de se souvenir que notre homme est avocat et qu'il a consacré sa vie à la défense, avec un « d » là aussi. Mettons-nous à la place d'un homme qui croyait naïvement s'être fait un nom, et qui doit traîner comme un boulet (merci au correcteur automatique de ne pas écrire ici Boulay) ce déficit de reconnaissance. Car je n'en démords pas, quoi qu'en disent d'aucuns pour s'absoudre de leurs propres négligences : défigurer un nom propre est aussi grave que d'estropier un nom commun. Ça l'est même davantage. En ces jours d'égoïsme forcené, le respect d'autrui commence par celui de son patronyme. Si le masque est un mal nécessaire, n'allons pas lui en faire porter un second.
Pas question pour autant que Matignon reconnaisse l'existence d'une doublure : « Botus et mouche cousue », c'est leur devise !
Nous avons besoin de vous. De votre mobilisation. Du rempart de vos consciences.
Il n’est jamais arrivé que des médias, qui défendent souvent des points de vue divergents et dont le manifeste n’est pas la forme usuelle d’expression, décident ensemble de s’adresser à leurs publics et à leurs concitoyens d’une manière aussi solennelle.
Si nous le faisons, c’est parce qu’il nous a paru crucial de vous alerter au sujet d’une des valeurs les plus fondamentales de notre démocratie: votre liberté d’expression.
Aujourd’hui, en 2020, certains d’entre vous sont menacés de mort sur les réseaux sociaux quand ils exposent des opinions singulières. Des médias sont ouvertement désignés comme cibles par des organisations terroristes internationales. Des États exercent des pressions sur des journalistes français “coupables” d’avoir publié des articles critiques.
La violence des mots s’est peu à peu transformée en violence physique.
Ces cinq dernières années, des femmes et des hommes de notre pays ont été assassinés par des fanatiques, en raison de leurs origines ou de leurs opinions. Des journalistes et des dessinateurs ont été exécutés pour qu’ils cessent à tout jamais d’écrire et de dessiner librement.
“Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi”,
proclame l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, intégrée à notre Constitution. Cet article est immédiatement complété par le suivant: “La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.”
Pourtant, c’est tout l’édifice juridique élaboré pendant plus de deux siècles pour protéger votre liberté d’expression qui est attaqué, comme jamais depuis soixante-quinze ans. Et cette fois par des idéologies totalitaires nouvelles, prétendant parfois s’inspirer de textes religieux.
Rappelons ici, en solidarité avec Charlie Hebdo, qui a payé sa liberté du sang de ses collaborateurs, qu’en France, le délit de blasphème n’existe pas.
Bien sûr, nous attendons des pouvoirs publics qu’ils déploient les moyens policiers nécessaires pour assurer la défense de ces libertés et qu’ils condamnent fermement les États qui violent les traités garants de vos droits. Mais nous redoutons que la crainte légitime de la mort n’étende son emprise et n’étouffe inexorablement les derniers esprits libres.
Que restera-t-il alors de ce dont les rédacteurs de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 avaient rêvé? Ces libertés nous sont tellement naturelles qu’il nous arrive d’oublier le privilège et le confort qu’elles constituent pour chacun d’entre nous. Elles sont comme l’air que l’on respire et cet air se raréfie. Pour être dignes de nos ancêtres qui les ont arrachées et de ce qu’ils nous ont transmis, nous devons prendre la résolution de ne plus rien céder à ces idéologies mortifères.
Les lois de notre pays offrent à chacun d’entre vous un cadre qui vous autorise à parler, écrire et dessiner comme dans peu d’autres endroits dans le monde. Il n’appartient qu’à vous de vous en emparer. Oui, vous avez le droit d’exprimer vos opinions et de critiquer celles des autres, qu’elles soient politiques, philosophiques ou religieuses pourvu que cela reste dans les limites fixées par la loi. Rappelons ici, en solidarité avec Charlie Hebdo, qui a payé sa liberté du sang de ses collaborateurs, qu’en France, le délit de blasphème n’existe pas. Certains d’entre nous sont croyants et peuvent naturellement être choqués par le blasphème. Pour autant ils s’associent sans réserve à notre démarche. Parce qu’en défendant la liberté de blasphémer, ce n’est pas le blasphème que nous défendons mais la liberté.
Nous avons besoin de vous. De votre mobilisation. Du rempart de vos consciences. Il faut que les ennemis de la liberté comprennent que nous sommes tous ensemble leurs adversaires résolus, quelles que soient par ailleurs nos différences d’opinions ou de croyances. Citoyens, élus locaux, responsables politiques, journalistes, militants de tous les partis et de toutes les associations, plus que jamais dans cette époque incertaine, nous devons réunir nos forces pour chasser la peur et faire triompher notre amour indestructible de la Liberté.
DéfendonsLaLiberté
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Pendant que TikTok conclut un deal pour ne pas être banni aux États-Unis, Facebook, de son côté, se bat pour assurer son fonctionnement normal en Europe. Fin août, l’équivalent de la CNIL en Irlande a suggéré au groupe de suspendre les transferts de données d’utilisateurs de l’UE vers les États-Unis. Facebook conteste cette décision préliminaire auprès de la Haute Cour irlandaise et a pu obtenir un gel de celle-ci.
Aujourd’hui, nous apprenons que le numéro un des réseaux sociaux menacerait même de fermer ses apps dans l’Union Européenne. Comme le rapporte Reuters, le média irlandais Sunday Business Post aurait accédé à des documents qui n’ont pas été rendus publics, dans lesquels une responsable de Facebook explique qu’il n’est pas possible de respecter les exigences de la CNIL irlandaise.
« Il n’est pas très clair comment, dans ces circonstances, (Facebook) peut continuer à fournir les services Facebook et Instagram dans l’Union Européenne », expliquerait Yvonne Cunnane, responsable de la protection des données et de la vie privée chez Facebook, dans une déclaration envoyée à la Haute Cour irlandaise. Normalement, la Haute Cour irlandaise devrait se prononcer au mois de novembre.
Il y a quelques jours, Facebook s’était déjà exprimé au sujet de cette affaire, publiquement. « Un manque de transferts de données internationaux sûrs, sécurisés et légaux aurait des conséquences néfastes pour l’économie européenne », avait expliqué l’entreprise dans un communiqué relayé par la presse. « Nous exhortons les régulateurs à adopter une approche pragmatique et proportionnée jusqu’à ce qu’une solution durable à long terme puisse être trouvée. »
Une conséquence directe de l’invalidation du Privacy Shield
Cette affaire qui menace les activités de Facebook en Europe est une conséquence directe de l’invalidation du Privacy Shield. Il s’agit d’un texte qui régissait les transferts de données de l’Union Européenne vers les États-Unis. Au mois de juillet, ce texte a été invalidé par la Cour de Justice de l’Union Européenne qui estime que les lois américaines ne permettent pas d’avoir un niveau de protection des données équivalent à celui de l’UE, en particulier au RGPD ou règlement général sur la protection des données personnelles.
En juillet, nous expliquions déjà que cette invalidation va mettre dans l’incertitude de nombreuses entreprises dont les activités dépendent des transferts de données entre l’UE et les USA. Mais pour l’avocat autrichien Maximillian Schrems, qui a porté plainte pour obtenir cette invalidation, c’est aux États-Unis de changer leurs lois. « Il est clair que les États-Unis vont devoir changer sérieusement leurs lois sur la surveillance, si les entreprises américaines veulent continuer à jouer un rôle sur le marché européen », avait-il expliqué.
De son côté, Facebook évoque l’impact économique que cette situation (l’invalidation du Privacy Shield et l’action de la CNIL irlandaise) pourrait avoir sur de nombreuses entreprises (mais pas seulement Facebook), alors que celles-ci essaient de rebondir durant la pandémie.
Dans un billet de blog publié ce mois de septembre, Nick Clegg, Vice-président des affaires mondiales et des communications, écrit : « L’impact serait ressenti par les entreprises, grandes et petites, dans de multiples secteurs. Dans le pire des cas, cela pourrait signifier qu’une petite start-up technologique en Allemagne ne pourrait plus utiliser un fournisseur de cloud basé aux États-Unis. Une société espagnole de développement de produits ne pourrait plus être en mesure d’exécuter une opération sur plusieurs fuseaux horaires. Un détaillant français peut constater qu’il ne peut plus maintenir un centre d’appels au Maroc. »
Vous qui lisez cette tribune, abandonnez toute désespérance. Le principe de celle-ci sera, nous l’espérons, de ne pas faire dans la surenchère politique et de vous aider à y voir plus clair dans ce qu’est cette 5G qui fait tant couler d’octets.
La 5G, ce n’est pas une technologie disruptive.
La 5G, ce n’est pas un immense plan commercial visant à nous contraindre à renouveler nos appareils électroniques.
En fait, pour tout vous dire, la 5G ce n’est pas pour nous, humbles consommateurs.
Mais entrons dans le vif du sujet.
Petit point sur les G
Le 3rd Generation Partnership Project (3GPP) est une coopération internationale regroupant un certain nombre d’agences de même type issues de chacune des grosses entités du monde : le CCSA pour la Chine, l’ARIB pour le Japon, l’ATIS pour l’Amérique du nord, l’ETSI pour l’Europe ou encore le TTA pour la Corée du Sud. Cette coopération travaille sur la normalisation globale des télécommunications dans le domaine du mobile.
Le 3GPP compile les différentes normes sous forme de versions numérotées, labellisées voire marketisées.
Par exemple, la version « release 14″ connue aussi sous le nom de « LTE Advanced », correspond à la dernière sous-version de la 4G. Viennent ensuite les « release 15″ et « release 16″ normalisant respectivement la 5G et la 5G par satellite.
La 5G est donc une étape dans la suite logique d’un développement continu de la norme issue du travail du 3GPP, elle n’implique pas de remplacer tout le réseau actuel. D’ailleurs, pour certaines antennes 4G, il suffira simplement d’effectuer une mise-à-jour logicielle pour activer le protocole 5G.
Cette nouvelle norme, qu’on pourrait aussi plus simplement qualifier de V. 5.0, permet d’explorer l’utilisation (et la réutilisation) de plusieurs gammes de fréquences radio, parmi lesquelles certaines déjà en partie exploitées par la Télévision Numérique Terrestre (TNT). (1) (2) (3)
Oui, l’évolution technologique nécessite une part de renouvellement du parc informatique.
La société de consommation exacerbée nous incite à changer trop souvent d’équipements ou à nous procurer le dernier appareil à la mode, ce n’est pas inhérent à la 5G. Par exemple, un téléphone, dont la durée de vie moyenne constatée est de 3 ans, peut être conservé plus longtemps. Les écrans, les batteries peuvent être changés, et dans le cas contraire il faudrait inciter les constructeurs à le permettre. Cependant, certains modèles vendus aujourd’hui, alors que la 5G n’est pas encore déployée en France, sont déjà compatibles avec cette nouvelle norme. En effet, la 5G n’est pas une technologie spécifiquement française, elle est déjà déployée ailleurs dans le monde, les constructeurs ne nous ont pas attendus pour s’en emparer.
Le renouvellement du parc mobile nécessite effectivement une quantité importante de ressources, notamment de terres rares, et va nous contraindre à produire une certaine quantité de gaz à effet de serre. Ici encore, cela n’est pas inhérent à la 5G, mais plutôt aux choix politiques et économiques que nous faisons.
Consommation de données et consommation d’énergie
L’énergie est essentielle dans le monde numérique mais il n’est pas question de la gaspiller. Pour résoudre un problème à efficacité égale, on cherchera donc à dépenser le moins d’énergie possible pour deux raisons :
À efficacité constante, vous dépensez moins d’argent pour entretenir votre structure ;
À énergie constante, vous pouvez repousser certaines limites.
La 5G permet une meilleure gestion des faisceaux de communication avec deux avantages immédiats :
Une baisse de la consommation énergétique, car la dispersion des ondes radio est limitée ;
Une amélioration de la qualité d’utilisation des ondes radio, puisque les interférences sont évitées.
Ensuite, le protocole de la 5G est intelligent. Plus intelligent que celui de la 4G. Il est capable d’adapter efficacement la performance et la consommation d’une partie des cellules des antennes-relais et de leur faire reprendre une activité au besoin. Autrement dit, le principe du stop & start (arrêt et redémarrage automatique du moteur), déjà utilisé sur les nouvelles voitures, est appliqué ici à nos antennes.
À terme, la 5G permettra de fermer les 3G et 4G et recycler leurs bandes de fréquence. Ces deux générations consomment aujourd’hui trop d’énergie pour fournir des services qui ne sont plus à la hauteur de nos attentes.
En outre, la 5G permet l’organisation de réseaux locaux décentralisés sans passer par les infrastructures complètes. Concrètement, cela permet à des structures, des objets connectés, des capteurs d’interagir entre eux plutôt qu’en passant par un réseau télécom complet, gagnant ainsi en réactivité.
Cette amélioration technologique intéresse l’industrie automobile : un véhicule autonome qui doit freiner d’urgence ne peut pas se satisfaire des réseaux actuels.
Il en va de même pour un certain nombre de secteurs pour lesquels la rationalisation à travers l’utilisation de l’Internet des Objets (IoT, Internet of Things), permet une économie de ressources plus importante que pour le réseau existant aujourd’hui.
Que se passerait-t-il sans la 5G ?
La sollicitation du réseau continuera de croître, il n’y a aucune raison pour que cela cesse avec le refus de la 5G. C’est l’industrie qui, la première, pour anticiper efficacement ses besoins en consommation de données, a besoin de la 5G.
Sans la 5G, on ne résorbera pas davantage la fracture numérique. Et, comme lors de la transition entre la 3G et la 4G, les utilisateurs finiront par lancer des pétitions pour que les opérateurs fassent le nécessaire pour désaturer le réseau.
Sans la 5G, il faudra installer davantage d’antennes 4G, qui consomment donc davantage d’énergie que celles de la 5G. C’est d’ailleurs ce qu’a conclu l’ANFR, l’Agence Nationale des Fréquences : La puissance reçue sera plus grande en conservant la 4G plutôt qu’avec un mix de 5G et de 4G. (4)
La 5G, c’est un outil
Cet outil pose une multitude de questions, mais les questions posées focalisent sur l’outil en tant que tel plutôt que sur les choix sociétaux que nous faisons, ou, en l’occurrence, que nous ne faisons pas.
Si la 5G permet en effet une meilleure transmission des données, nous devons néanmoins rester attentifs, voire très vigilants, sur la sécurité entourant nos données. Nous devons continuer à faire tout notre possible pour mener une politique qui respecte la vie privée et les libertés individuelles, et à ce titre, avec ou sans la 5G, des lois devront être votées (ou abrogées).
Si la 5G favorise en effet l’émergence des villes intelligentes (smartcities) (5), elles se développeront, très probablement malgré son absence, sous l’impulsion de politiques locales environnementales ambitieuses qui ne peuvent fonctionner sans consommer des données, et provoqueront de fait la saturation d’un réseau déjà très chargé.
Ce que nous pouvons faire
Aujourd’hui, le territoire français est couvert par quatre réseaux 4G (6) exploités par quatre opérateurs différents (Bouygues, Orange, Free et SFR). Aujourd’hui, aucun de ces réseaux ne couvre 100% du territoire français, et chaque réseau est indépendant, sauf dans le cas d’itinérances et de mutualisations contractuelles entre certains opérateurs.
À notre niveau, politique, nous pouvons demander, par exemple, la mutualisation des réseaux pour réduire à deux le nombre de réseaux 5G autorisés à la construction et à l’exploitation sans pour autant provoquer la disparition des opérateurs, qui devront se concentrer davantage sur les services apportés que sur la qualité du réseau.
Nous pouvons également demander que le déploiement de la 5G aide à la couverture des zones grises et blanches, notamment pour absorber les retards ou absences de déploiement de la fibre (dont l’installation nous semble prioritaire).
Nous pouvons favoriser le développement de filières locales de réparation et de recyclage spécifiques au numérique par le biais de choix politiques et économiques.
Nous pouvons également décider que la construction de nos appareils numériques soit soumise à des réglementations strictes limitant la production de CO2 et que les fabricants fournissent des mises à jour logicielles sur des durées plus longues pour les anciens matériels.
Ce que nous devons faire
Nous devons orienter les entreprises vers la production d’appareils réparables et améliorables.
Nous devons réfléchir à notre consommation, et à travers elle à la publicité incitant à se procurer des technologies plus performantes que nécessaire, cette publicité qui continue de prendre de la place dans le monde réel, numérique et énergétique tant par la multiplication d’écrans publicitaires que par la multiplication des spams ou des encarts publicitaires sur nos sites préférés, cette publicité qui nous surveille, se servant de nos données pour mieux nous vendre des produits ou des services dont nous n’avons finalement pas besoin.
Ce que nous devons craindre, c’est notre société qui nous pousse à consommer toujours plus, toujours plus d’objets connectés, toujours plus de gadgets à la mode, toujours plus de tout.
La 5G nous permettra de mieux nous connecter entre nous.
Mais qu’elle soit déployée ou non, nous ferons, quoi qu’il en soit, face à toutes les problématiques que le débat autour de son déploiement soulève. Autrement dit, ces débats sont légitimes en tant que tels, et ce n’est qu’en les considérant en tant que tels que nous serons en mesure d’y répondre, plutôt qu’en nous opposant, par principe, à la 5G.
Cet article n’est qu’un point d’étape sur nos réflexions autour de la 5G, nous réfléchissons à ce qu’elle permet sans pour autant occulter certaines faiblesses.
Nous sommes conscients que ces faiblesses sont liées à notre impossibilité de savoir de quoi sera fait le futur et à notre capacité collective à dévoyer les outils à notre disposition pour les retourner contre les autres ou, au contraire, à les encadrer au mieux pour qu’ils s’inscrivent dans la société que nous voulons.
Nous, Pirates, dénonçons les discours anxiogènes basés sur de fausses informations ou des informations déformées à des fins électoralistes.
Nous ne pouvons accepter que des personnes politiques chargées de décider de notre avenir se cachent derrière de faux problèmes pour éviter d’ouvrir un véritable débat sur notre société.
PS : Nous ne vous dirons pas que la 5G est un cancérigène possible selon l’OMS. Nous ne chercherons pas à vous faire peur avec une information qui est également valable pour d’autres produits ou activités contre lesquels nous n’avons pas prévu de militer tels que l’aloé vera, la menuiserie, le nettoyage à sec…
Sources
(1) https://www.anfr.fr/publications/dossiers-thematiques/la-5g/les-changements-technologiques-de-la-5g/
(2) https://www.generation-nt.com/arcep-tnt-regulation-frequences-5g-actualite-1955076.html
(3)
À lire sur Numerama : Le régulateur des télécoms anticipe la fin de la TNT : la 5G en embuscade
(5) https://www.zdnet.fr/actualites/comment-la-5g-va-faire-des-smart-cities-une-realite-39880333.htm
(6) https://www.couverture-mobile.fr/?page=statistiques
https://www.arcep.fr/nos-sujetshtml/parlons-5g-toutes-vos-questions-sur-la-5g.html
L’article 5G : Élevons le débat est apparu en premier sur Parti Pirate.
Acadie Nouvelle3 décembre 2017
Pour nombre d’entre eux, partis de diverses provinces françaises au XVIIe siècle, il est très difficile de savoir d’où ils étaient originaires et la première difficulté est le manque d’archives originelles les concernant, celles-ci ayant disparu lors du Grand Dérangement, archives qui auraient indiqué leur provenance.
Sur le premier recensement d’Acadie de 1671, document original conservé aux Archives d’outre-mer à Aix-en-Provence, nous ne trouvons ni mention du lieu d’origine, ni les noms de leurs parents restés en France.
Les origines qui ont pu être retrouvées pour un petit nombre de migrants qui étaient inscrits sur des rôles de navire ou avaient passé des contrats d’engagements chez un notaire. Certains renseignements ont ainsi de pouvoir confirmer des origines: par exemple, Guillaume Trahan de Bourgueil en Anjou et son épouse Françoise Corbineau partis sur le Saint-Jean en 1636, avec leur fille Jeanne (future épouse de Jacques Bourgeois, pionnier d’Acadie bien connu). Ils s’étaient mariés à Chinon le 13 juillet 1627 (Source: Jean-Marie Germe, 1986). Également plus facile pour les personnages historiques pour lesquels il y avait quelques indices comme Nicolas Denys de Tours, Charles de Menou à Charnizay ou Françoise-Marie Jacquelin à Nogent-le-Rotrou, dont les baptêmes ou l’origine ont été retrouvés et publiés par M. Germe dans les bulletins AGCF.
Des similitudes de noms ne peuvent suffire à inscrire leurs origines avec certitude. On retrouve les patronymes acadiens dans beaucoup de départements français. Ainsi en 1963, une hypothèse, dans une étude linguistique, a été émise proposant, sur des ressemblances de noms, qu’une grande partie des migrants acadiens étaient du Loudunais (Généralité de Tours jusqu’à la Révolution). Cette hypothèse a très vite été reprise comme certitude, certains n’hésitant pas ensuite à accommoder l’Histoire. Ainsi on peut lire encore de nos jours que Théophraste Renaudot, dans la Gazette de France en 1632, aurait relaté le départ des Loudunais avec Razilly parti d’Auray en Bretagne en 1632!
Lorsqu’on lit la Gazette de France originale du 14 juillet 1632, sauf erreur, on peut noter qu’Isaac de Razilly (Commandeur de l’Île Bouchard en Touraine ) est parti d’Auray en Bretagne avec 300 hommes d’élite et 3 capucins, mais dont la provenance n’est pas mentionnée.
Deux filles Brin baptisées à la Chaussée en Loudunais, seraient ainsi, selon cette hypothèse, les filles Brun recensées en Acadie en 1671. Or, il n’y a pas de document qui atteste d’un lien avec l’Acadie; les noms de leurs mères sont différents ainsi que le lieu-dit de résidence. Comment pouvoir être certains qu’elles sont sœurs et que ce sont les mêmes que celles recensées en Acadie?
Un Etienne Rebecheau est recensé à la Chaussée, mais ne quittera jamais la Chaussée où il baptise des enfants et y décède le 24 février 1718. Par conséquent, il ne peut pas être Etienne Robichaud recensé en Acadie en 1671 dont on ne sait rien. Est-il né en France, est-il né en Acadie?
L’origine d’Antoine Bourc, qui figure également sur le Recensement d’Acadie de 1671, est toujours inconnue, et ce malgré l’installation d’une plaque à son nom dans une église. Comme pour les autres pionniers, personne ne connaît les noms de ses parents.
Deux baptêmes en 1627 ont été trouvés au nom de Jeanne Chebrat, l’un à Poitiers (Poitou) l’autre à la Chaussée (Anjou à l’époque). Mais personne ne connaît les noms des parents de Jeanne Chebrat recensée en Acadie, donc il est impossible de dire si l’une d’elles est la migrante. Il en existe peut-être d’autres ailleurs en France.
Pour l’Acadie, pour annoncer une origine française à leurs descendants, il ne faut se fier qu’aux archives retrouvées qui la confirment.
Marie-Christine Chaillou (Poitiers)
Les Amitiés Généalogiques Canadiennes-Françaises
Dans la "ligne de mire" des autorités dans la lutte contre l'épidémie de Covid-19, les plus de 60 ans ne veulent pas être "infantilisés" et encore moins "placardisés", beaucoup exprimant leurs craintes d'un clivage intergénérationnel.
"Il y a une façon protectrice d'appeler les personnes qui sont à plus grand risque à se protéger avec plus de vigilance, et une façon clivante: c'est hélas la seconde qui a été choisie. C'est une faute psychologique et humaine dramatique", déplore le psychiatre Serge Tisseron.
Depuis quelques semaines, la tonalité des discours est la même, à la mesure de la progression de l'épidémie. Le 27 août, le Premier ministre Jean Castex suggérait d'éviter "que papi et mamie aillent chercher les enfants à l'école".
Le 10 septembre, le Pr Jean-François Delfraissy, qui préside le Conseil scientifique, indiquait que "deux populations sont sur notre ligne de mire", les personnes de plus de 60 ans qui sont "la cible de ce virus" avec les populations fragiles, et les 20-40 ans.
Jeudi, le ministre de la Santé Olivier Véran a dit "mesurer les sacrifices consentis" par les personnes âgées après "de longs mois de confinement", leur demandant néanmoins de "redoubler tous (leurs) efforts. Y compris celui, le plus difficile, de réduire encore le nombre de personnes que vous voyez chaque jour".
Joël, fringant sexagénaire francilien, pongiste émérite, respecte les précautions sanitaires et les fait respecter dans le club de tennis de table qu'il préside. Mais il est un point sur lequel il ne transigera pas: "continuer de garder mes petits-enfants".
Armelle Le Bigot-Macaux, présidente de l'Ecole des grands-parents européens, dénonce pour sa part "l'amalgame, l'infantilisation, la placardisation et le mépris de ce que l'on représente dans la société".
"Stratégie du bouc émissaire"
"Ce qui me fait bondir c'est l'amalgame "60 ans et plus" alors que cela recoupe deux générations", ajoute-t-elle, ulcérée également par un certain double discours.
"Personne ne s'est occupé de nous cet été où on a rempli notre rôle en gardant nos petits-enfants, en leur remontant le moral. Ça arrangeait tout le monde et personne n'a rien dit parce qu'on était bien utile", fait-elle remarquer.
"On a fait de cette génération des plus âgés une catégorie qu'il fallait protéger à tout prix, qui devait être isolée du reste de la population. On a clivé", analyse la psychologue clinicienne Béatrice Copper-Royer, auteur du livre "Grands-parents, le maillon fort" (Albin Michel, 2018).
Egalement dans le viseur, la jeunesse. Pour le sociologue du CNRS Olivier Galland, davantage encore que les autres classes d'âge, "les jeunes sont plus affectés par les conséquences économiques et sociales de la crise et dans leur mode de vie".
Même si après le déconfinement, "on a eu un certain relâchement", "ce n'est pas pour autant qu'il faut les stigmatiser et en faire les grands coupables. Ce serait absurde".
Le président du Forum français de la jeunesse, Anthony Ikni, regrette le "paternalisme" de certains discours, notamment médiatiques, "toujours très stéréotypés" à l'égard des jeunes.
"Il faut un peu raison garder dans ce débat et avoir en tête qu'on n'a pas énormément d'informations sur les chaînes de transmission" du virus.
"Pointer une catégorie de la population est extrêmement dangereux, surtout à l'heure des réseaux sociaux (qui) ont popularisé une culture de la dénonciation publique et de l'exacerbation des tensions entre groupes", met en garde le Dr Tisseron qui dénonce une "stratégie du bouc émissaire".
Le pire pour Béatrice Copper-Royer serait d'ériger "deux mondes avec une frontière qu'on voudrait de plus en plus étanche. Alors que cela fait un bien fou de se mélanger entre générations, cela maintient la bonne santé psychique aussi bien des jeunes que des plus âgés".
Qui n'a jamais reçu dans sa boîte mail ou sur sa page Facebook une de ces annonces vous suppliant de signer là, maintenant de suite, une pétition sur tous les sujets possibles et imaginables: la libération de Toto, le perroquet de tante Jacqueline détenu en toute illégalité par les autorités indonésiennes. Le droit pour les nudistes de voter à poil le jour des élections. Le rétablissement de la peine de mort pour les vendeurs de fleurs qui saccagent les bocages normands. La création d'une haute autorité sur les problèmes hémorroïdaires qui empoisonnent la vie des Français.
Quand ce n'est pas le souhait tout personnel de voir Gérard se laisser pousser la moustache.
Tout y passe: de la création d'une nouvelle école à la dénonciation d'une injustice en passant par les mille et une causes dont chacun comprendra l'impérieuse nécessité de la soutenir. C'est ainsi que de nos jours à chaque fois que l'on se sent l'envie de pousser une petite gueulante, au lieu de hurler sur les enfants ou de secouer son chien ou les deux à la fois, on sort de sa poche une pétition et attention Messieurs les puissants, Mesdames les décisionnaires, fini de plaisanter, le vent de l'histoire est en train de tourner.
Auparavant, pour se faire entendre, de son bureau, on tirait son plus beau papier et d'une écriture soignée, en des termes plus ou moins circonstanciés, on se permettait d'attirer l'attention de Monsieur le maire sur les travaux de voirie de l'avenue Jean-Jaurès «qui provoquent un tel vacarme qu'on est obligé d'augmenter le son du téléviseur pour entendre le journal de Jean-Pierre Pernaut et encore, parfois même cela ne suffit pas, et on doit se contenter des images pour comprendre de quoi il en retourne».
Aujourd'hui fini ces blablas. En trois clics, et sans rien débourser, on sort direct la bombe atomique, la putain de pétition qui envoie du lourd, du très lourd même. «Halte aux travaux de l'avenue Jean Jaurès!» Et voilà, qui m'aime me signe. Moi par principe, je ne signe jamais. Jamais. Un principe de vie et de précaution où la finalité suprême est d'être le moins emmerdé possible. Donc, vous êtes gentil avec votre pétition, mais ce sera sans moi.
Je suis anti pétitionnaire dans l'âme. D'ailleurs je ne les lis jamais, convaincu de leur parfaite inutilité voire de leur supercherie. À qui fera-t-on croire que quelques signatures apposées à la suite d'une pétition ont déjà occasionné un quelconque changement de cap?
Pétitionner, c'est reconnaître sa défaite et admettre son impuissance.
Certes on jouit de voir son indignation ainsi étalée au grand jour mais pour quel résultat si ce n'est quelques accommodements rapiécés que les décideurs jetteront à l'opinion comme un signe d'apaisement avant de tranquillement mener à bien le projet tant décrié?
Les pétitions sont les postillons de la démocratie. Elles donnent l'illusion du pouvoir mais débouchent immanquablement sur des déconvenues. Parfois on les signe même sans savoir de quoi il en retourne, par amitié ou désœuvrement. Le temps d'un instant, on se sent important, et puis l'euphorie retombée, on reste seul avec son indignation comme ces malheureux dans la rue qui vous interpellent d'une voix sonore, et qui défaits, restent là dans leur coin à maugréer quelques insultes ou à pleurer sur leur infortune.
Pourtant devant les injustices qui nous révoltent, il nous faut bien entreprendre quelque chose, sinon à quoi bon vivre? C'est peut-être le seul aspect positif de la pétition, elle redonne de la dignité aux gens, un brin d'espoir, une soupape à cette colère qui sans elle se retourne sur elle-même, grignotant l'âme de relents amers. Soudain, on se trouve des milliers et dans cette ivresse qui monte à la tête, on se voit déjà triomphant, déjà vainqueur, déjà sur le podium.
Et puis le temps passe, les appuis hier enthousiastes vous abandonnent, ils se sont égarés vers d'autres combats. Vous voilà seul. Bientôt l'écho de votre colère disparaît. Vous étiez à la tête d'une armée de fantômes qui en fait –vous vous en rendez compte trop tard– n'ont jamais vraiment existé. Votre combat n'est pas le leur, il ne le sera jamais et dans cette amertume qui vous saisit tout entier, c'est aussi un peu sur vous-même que vous pleurez.
Non, les pétitions ne servent à rien si ce n'est à se donner de faux espoirs.
Ceci dit, le premier qui en lance une sur le thème: «Débarrassez Slate de ce crétin de Stabilovitsch», je la signe sur-le champ.
Au boulot, bande de doux rêveurs!
In our posts on what archivists do and on what it’s like to visit the archives, we promised you a closer look at how archivists organize collections. Here it is: we hope this post demystifies some of the terminology and techniques archivists use. But most of all, we hope to convince you that what makes archival research a bit slower is also what makes it so rich.
Libraries vs. Archives
As a new archival researcher you might assume that archivists group documents together based on the topics they cover. So, you might ask us where we store all our information on a particular subject; say, railway stations, aboriginal history, agricultural fairs, or shoe factories.
What you’ll find is that archivists may send you off in multiple directions to comb through sometimes unlikely and unrelated groups of records. For example, to research aboriginal history here at the Peel Archives, we might suggest looking through the 1930s papers of a wealthy industrialist, the 1840s letters of an Irish settler, and government land records; to research 1920s railway stations, we might recommend regional planning records and the papers of a town seamstress. All these groups of records will be listed and stored separately; they’ll also need to be searched separately. And they’ll cover all kinds of topics beyond your own main focus.
side-by-side
Search results for the term “horse” from a library catalogue (left) and an archival database (right). The library catalogue shows you items (books) directly related to your topic. The archival database shows you record groups (“fonds”) that might have documents relating to horses in them, among other material. See below for more about fonds. (Database views courtesy of Mississauga Library System and Archeion.ca respectively.)
So unlike libraries, archives don’t organize individual items by subject matter. But why not? Wouldn’t that make things easier to find? And if we archivists don’t organize records by topic, in what sense are we organizing them at all?
To answer these questions, let’s think about what archives collect.
Records: Documentary footprints
Archives primarily collect records. Acting individually or together, people produce records simply in the course of living their lives and conducting their business. Without even being aware of it, every time you scribble a grocery list, type an email, snap a photograph, or take meeting minutes, you’re documenting all kinds of information about you and the world you live in.
When this farmer recorded the tasks completed by his farmhands, he didn't know he was also recording for posterity information about labour practices, the cost of living, and even climate change.
When this farmer recorded the tasks completed by his farmhands, he didn’t know he was also recording for posterity information about labour practices, the cost of living, and even climate change.
By fixing information on physical media, like paper, film, or hard drives, you’re creating firsthand evidence of your activities. Records are the documentary footprints people leave on the world.
As the tangible direct traces of past activity, records are the primary sources – the raw material – that we use to understand the past and to plan for the future. (Secondary sources, like the books historians write, are produced by examining and drawing conclusions from primary sources.) Archivists need to decide what records should be kept to document our shared past.
Groups of records: Documentary trails
Records accumulated over a person’s life, or over the period an organization functions, reveal even more about human activity. Patterns and interconnections between records shed light on how a person lived, or on how an organization carried out its business. For example, the return addresses on a group of someone’s letters can reveal his itinerary; government records stored together can show how an important decision was made.20150826_-500px
The whole body of records is more than the sum of its parts. In fact, a lot of what we can learn from an individual record is actually related to other records around it. If individual records are footprints, groups of records are like trails of footprints showing routes and detours.
So records are closely linked to why and how they were created, used, and collected. And this is why archivists keep records together based on who created and collected them – if we didn’t, all that extra information found only in the whole group of records would be lost, even if all the individual items were kept. This is also why, when you look up archival material, you’ll notice that it’s listed under the name of that creator.
Some terminology explained
The seeds of the idea of the archival fonds originated in the French Revolution as French archivists grappled with maintaining official records at a time of immense political and social upheaval.
Many archivists around the world, including here in Canada, refer to the accumulated body of the records of a person or organization as the fonds of that person or organization. This word is taken from the French phrase respect des fonds, an archival principle which tells us to acknowledge the source, or provenance, of records when we organize them. Records have so much more to say to us when we know why, how, and by whom they were used and gathered.
You might be surprised to learn that in the archival world, a fonds is technically different from a collection. Collections are materials that are deliberately gathered and artificially organized by somebody, based on a theme or topic. Some examples would be a postcard collection of waterfalls, or a set of newspaper clippings about local history; such groupings aren’t usually created incidentally as the natural result of the collector’s daily activities or business.
Archivists still associate collections with the name of the collector, since, again, who they are and why they collected things adds information to the collection. (Archivists use the word “collection” loosely too, to refer to any group of records.)
Besides the concepts of fonds and provenance, another important guiding principle we keep in mind is that of original order. We try not to disturb the way creators arrange their own records because that order tells us so much more about creators and about the records themselves.
Original Order: Example 1
Perkins-Bull-Giants-Causeway-collageThis file of mixed record types from the William Perkins Bull fonds demonstrates the importance of keeping related records together. It contains documents concerning William Perkins Bull’s mysteriously aborted attempt to erect a monument dedicated to the Irish Regiment of Canada in Toronto’s Armoury using imported stones from Ireland’s Giant’s Causeway.
The documents in this file include many letters, together with some blueprints, photographs, and sketches.
We can see how important it is not to separate these records by imagining what would happen if we did. How much less might we know about Perkins Bull and his project if we
took out the blueprint and put it in a general collection called “blueprints”?
took out the photograph and stored it with other “photographs of Ireland” in our collection?
removed this whole file from the body of Perkins Bull’s fonds and put it in a general collection of “monument planning records” or “Irish-related records”?
You also may notice that groups of records are subdivided into series, and series are further subdivided into files. Not only does this hierarchical organization make things easier to find, but it also often reflects the way people structure their lives and business.
The art of archival arrangement
So if archivists don’t want to disturb the way records were originally organized, what are we doing when we arrange records to make them useable?
processing table
The task of arranging archival collections can take up a lot of space – it’s a physical as well as an intellectual exercise.
A lot, it turns out. You’ve probably already thought of several ways real life might be messier than the above principles and definitions. The skill of the archivist comes in dealing with the messiness of life as it’s represented in records and documents.
You may have had to sort through a relative’s personal papers at one time, and struggled to figure out why certain things were kept together. Archivists not only make sense of records, but they also help other people make sense of them. Here’s just a handful of the problems archivists may face:
It’s not always easy to determine why records were originally organized the way they were or even where they come from. How else can we seek informative context?
A group of records may have been created by one person and then added to and re-organized by another. Whose records – whose “fonds” – are these? How can we tell the work, and so the lives, of different people apart?
What about collections that are found within fonds? What does the habit of collecting tell us about a person or group’s life and about collections?
What happens – and it frequently does – if a fonds gets split up over the years as people remove parts of it? If multiple archival institutions inherit different parts, how can we present a cohesive picture to researchers?
What happens – and it frequently does – if an original order (if it ever existed) is barely or no longer discernible? How do we impose one that isn’t misleading?
How do we balance original order with trying to make things easy to find?
Juggling all these factors means archivists need to draw on heavy doses of informed judgement, a fine balance of analysis and synthesis, a good depth of general knowledge, and honed research skills. And yes, many times we have to create order out of chaos.
Original Order: Example 2
20150725_103353GordonSometimes the relationships between documents are subtle. The records shown on the left were stored together by the person who collected them: somebody’s will; an unfinished letter to this person dated a few months before her death; a draft of her death notice; a letter written to her many years after her death in apparent ignorance of her death. Might these documents, taken together, tell a story? Or is their juxtaposition a coincidence? The archivist will ask these questions as she arranges the collection this material was found in.
The archival journey
Here’s another thing to think about. Human beings are unique; this means every group of records is unique too. While archivists use the concepts mentioned above to guide them, every collection they work on will present its own challenges and rewards.
It’s no wonder that organizing archival records can be a time-consuming process. However, once archivists have arranged and described records, they become an accessible part of the human story.
What else do the principles of archival arrangement mean for archival researchers? Because records are parts of collections, every individual item you access is surrounded by other records thatPicture1 you get to encounter as a result. Who knows what else you might discover?
And – going back to the beginning of this post – this is why at the Peel Archives, you’ll find information about aboriginal peoples in such different collections: Perkins Bull, the industrialist mentioned above was personally interested in Canada’s indigenous people and collected accounts of them whenever he could; the Magrath family from Ireland who settled in Erindale in Peel wrote about meeting these people in their letters to Dublin; and land records show the evidence of the dwindling reserve areas of the native people. As to why you’ll find information on railway stations in the papers of a town seamstress: she collected old phone directories complete with station timetables.
by Samantha Thompson, Archivist
Malgré la rapidité des doigts sur le clavier, plusieurs raisons poussent à privilégier un stylo et un bon vieux carnet.
La sensation tactile offerte par l'écriture manuscrite est extrêmement bénéfique lors de prises de notes.
Rédiger à la main est une manière efficace d'aider le cerveau à extraire et à retrouver des informations. C'est d'ailleurs dès leur plus jeune âge, à l'école primaire, que les élèves apprennent à former de belles lettres en écriture cursive. Avec le temps, un enfant devient capable de rédiger rapidement et lisiblement. Son aisance en matière d'écriture manuscrite s'en ressent. Une fois cette fluidité acquise, il peut mobiliser les exigences cognitives que demande la prise de notes.
Grâce à l'écriture manuscrite, toute personne qui se trouve en situation d'apprentissage étudie de manière active et de façon productive. Pourtant, les années passant, de plus en plus d'étudiant·es troquent leurs stylos et leurs calepins pour des claviers d'ordinateurs. Dénigrer l'usage des écrans n'est pas le sujet. Dans une ère comme la nôtre où la communication numérique ne cesse de croître, savoir se servir d'un clavier sans même y réfléchir est une compétence primordiale.
Cependant, saisir ses textes en les tapant reste un acte extrêmement monotone, qui fait appel à un geste répétitif et identique. L'écriture manuscrite, parce que ses sensations tactiles sont nombreuses et variées, crée un neurocircuit entre la main et le cerveau.
Rédiger à la main pour lutter contre la prise de notes «non générative»
Malgré la rapidité des doigts sur le clavier, il existe plusieurs raisons qui poussent à privilégier un stylo et un bon vieux carnet. Selon certaines études, l'utilisation d'un clavier revient souvent à transcrire ses notes de façon textuelle et manque cruellement de traitement des informations. C'est ce que des chercheurs et des chercheuses appellent une prise de notes «non générative». Écrire à la main oblige au contraire à faire preuve d'un engagement cognitif qui permet à la personne munie d'un stylo de résumer, manipuler et transformer l'information. En somme, prendre des notes manuscrites aide à s'approprier un discours.
Pour réussir à bien comprendre et se rappeler un nouveau concept, le cumul d'un usage de références personnelles et créatives à une écriture manuscrite est une stratégie efficace et durable. Pour un grand nombre d'étudiant·es, cette technique de travail reste indispensable afin de mieux apprendre à long terme. Si les écrans et les claviers sont d'excellents alliés dans certaines situations, il ne faut pas jeter ni ses cahiers ni ses stylos.
Chances are you have already heard something about who anarchists are and what they are supposed to believe. Chances are almost everything you have heard is nonsense. Many people seem to think that anarchists are proponents of violence, chaos, and destruction, that they are against all forms of order and organization, or that they are crazed nihilists who just want to blow everything up. In reality, nothing could be further from the truth. Anarchists are simply people who believe human beings are capable of behaving in a reasonable fashion without having to be forced to. It is really a very simple notion. But it’s one that the rich and powerful have always found extremely dangerous.
At their very simplest, anarchist beliefs turn on to two elementary assumptions. The first is that human beings are, under ordinary circumstances, about as reasonable and decent as they are allowed to be, and can organize themselves and their communities without needing to be told how. The second is that power corrupts. Most of all, anarchism is just a matter of having the courage to take the simple principles of common decency that we all live by, and to follow them through to their logical conclusions. Odd though this may seem, in most important ways you are probably already an anarchist — you just don’t realize it.
Let’s start by taking a few examples from everyday life.
If there’s a line to get on a crowded bus, do you wait your turn and refrain from elbowing your way past others even in the absence of police?
If you answered “yes”, then you are used to acting like an anarchist! The most basic anarchist principle is self-organization: the assumption that human beings do not need to be threatened with prosecution in order to be able to come to reasonable understandings with each other, or to treat each other with dignity and respect.
Everyone believes they are capable of behaving reasonably themselves. If they think laws and police are necessary, it is only because they don’t believe that other people are. But if you think about it, don’t those people all feel exactly the same way about you? Anarchists argue that almost all the anti-social behavior which makes us think it’s necessary to have armies, police, prisons, and governments to control our lives, is actually caused by the systematic inequalities and injustice those armies, police, prisons and governments make possible. It’s all a vicious circle. If people are used to being treated like their opinions do not matter, they are likely to become angry and cynical, even violent — which of course makes it easy for those in power to say that their opinions do not matter. Once they understand that their opinions really do matter just as much as anyone else’s, they tend to become remarkably understanding. To cut a long story short: anarchists believe that for the most part it is power itself, and the effects of power, that make people stupid and irresponsible.
Are you a member of a club or sports team or any other voluntary organization where decisions are not imposed by one leader but made on the basis of general consent?
If you answered “yes”, then you belong to an organization which works on anarchist principles! Another basic anarchist principle is voluntary association. This is simply a matter of applying democratic principles to ordinary life. The only difference is that anarchists believe it should be possible to have a society in which everything could be organized along these lines, all groups based on the free consent of their members, and therefore, that all top-down, military styles of organization like armies or bureaucracies or large corporations, based on chains of command, would no longer be necessary. Perhaps you don’t believe that would be possible. Perhaps you do. But every time you reach an agreement by consensus, rather than threats, every time you make a voluntary arrangement with another person, come to an understanding, or reach a compromise by taking due consideration of the other person’s particular situation or needs, you are being an anarchist — even if you don’t realize it.
Anarchism is just the way people act when they are free to do as they choose, and when they deal with others who are equally free — and therefore aware of the responsibility to others that entails. This leads to another crucial point: that while people can be reasonable and considerate when they are dealing with equals, human nature is such that they cannot be trusted to do so when given power over others. Give someone such power, they will almost invariably abuse it in some way or another.
Do you believe that most politicians are selfish, egotistical swine who don’t really care about the public interest? Do you think we live in an economic system which is stupid and unfair?
If you answered “yes”, then you subscribe to the anarchist critique of today’s society — at least, in its broadest outlines. Anarchists believe that power corrupts and those who spend their entire lives seeking power are the very last people who should have it. Anarchists believe that our present economic system is more likely to reward people for selfish and unscrupulous behavior than for being decent, caring human beings. Most people feel that way. The only difference is that most people don’t think there’s anything that can be done about it, or anyway — and this is what the faithful servants of the powerful are always most likely to insist — anything that won’t end up making things even worse.
But what if that weren’t true?
And is there really any reason to believe this? When you can actually test them, most of the usual predictions about what would happen without states or capitalism turn out to be entirely untrue. For thousands of years people lived without governments. In many parts of the world people live outside of the control of governments today. They do not all kill each other. Mostly they just get on about their lives the same as anyone else would. Of course, in a complex, urban, technological society all this would be more complicated: but technology can also make all these problems a lot easier to solve. In fact, we have not even begun to think about what our lives could be like if technology were really marshaled to fit human needs. How many hours would we really need to work in order to maintain a functional society — that is, if we got rid of all the useless or destructive occupations like telemarketers, lawyers, prison guards, financial analysts, public relations experts, bureaucrats and politicians, and turn our best scientific minds away from working on space weaponry or stock market systems to mechanizing away dangerous or annoying tasks like coal mining or cleaning the bathroom, and distribute the remaining work among everyone equally? Five hours a day? Four? Three? Two? Nobody knows because no one is even asking this kind of question. Anarchists think these are the very questions we should be asking.
Do you really believe those things you tell your children (or that your parents told you)?
“It doesn’t matter who started it.” “Two wrongs don’t make a right.” “Clean up your own mess.” “Do unto others...” “Don’t be mean to people just because they’re different.” Perhaps we should decide whether we’re lying to our children when we tell them about right and wrong, or whether we’re willing to take our own injunctions seriously. Because if you take these moral principles to their logical conclusions, you arrive at anarchism.
Take the principle that two wrongs don’t make a right. If you really took it seriously, that alone would knock away almost the entire basis for war and the criminal justice system. The same goes for sharing: we’re always telling children that they have to learn to share, to be considerate of each other’s needs, to help each other; then we go off into the real world where we assume that everyone is naturally selfish and competitive. But an anarchist would point out: in fact, what we say to our children is right. Pretty much every great worthwhile achievement in human history, every discovery or accomplishment that’s improved our lives, has been based on cooperation and mutual aid; even now, most of us spend more of our money on our friends and families than on ourselves; while likely as not there will always be competitive people in the world, there’s no reason why society has to be based on encouraging such behavior, let alone making people compete over the basic necessities of life. That only serves the interests of people in power, who want us to live in fear of one another. That’s why anarchists call for a society based not only on free association but mutual aid. The fact is that most children grow up believing in anarchist morality, and then gradually have to realize that the adult world doesn’t really work that way. That’s why so many become rebellious, or alienated, even suicidal as adolescents, and finally, resigned and bitter as adults; their only solace, often, being the ability to raise children of their own and pretend to them that the world is fair. But what if we really could start to build a world which really was at least founded on principles of justice? Wouldn’t that be the greatest gift to one’s children one could possibly give?
Do you believe that human beings are fundamentally corrupt and evil, or that certain sorts of people (women, people of color, ordinary folk who are not rich or highly educated) are inferior specimens, destined to be ruled by their betters?
If you answered “yes”, then, well, it looks like you aren’t an anarchist after all. But if you answered “no”, then chances are you already subscribe to 90% of anarchist principles, and, likely as not, are living your life largely in accord with them. Every time you treat another human with consideration and respect, you are being an anarchist. Every time you work out your differences with others by coming to reasonable compromise, listening to what everyone has to say rather than letting one person decide for everyone else, you are being an anarchist. Every time you have the opportunity to force someone to do something, but decide to appeal to their sense of reason or justice instead, you are being an anarchist. The same goes for every time you share something with a friend, or decide who is going to do the dishes, or do anything at all with an eye to fairness.
Now, you might object that all this is well and good as a way for small groups of people to get on with each other, but managing a city, or a country, is an entirely different matter. And of course there is something to this. Even if you decentralize society and put as much power as possible in the hands of small communities, there will still be plenty of things that need to be coordinated, from running railroads to deciding on directions for medical research. But just because something is complicated does not mean there is no way to do it democratically. It would just be complicated. In fact, anarchists have all sorts of different ideas and visions about how a complex society might manage itself. To explain them though would go far beyond the scope of a little introductory text like this. Suffice it to say, first of all, that a lot of people have spent a lot of time coming up with models for how a really democratic, healthy society might work; but second, and just as importantly, no anarchist claims to have a perfect blueprint. The last thing we want is to impose prefab models on society anyway. The truth is we probably can’t even imagine half the problems that will come up when we try to create a democratic society; still, we’re confident that, human ingenuity being what it is, such problems can always be solved, so long as it is in the spirit of our basic principles — which are, in the final analysis, simply the principles of fundamental human decency.