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 La revue de web de Kat

Synonymes & Co

Thu 27 Apr 2023 - 19:25
https://www.cnrtl.fr/synonymie/

Des livres d’Agatha Christie en français vont aussi être révisés - Huffington Post

Mon 17 Apr 2023 - 18:22

Les expressions jugées offensantes sur le physique ou l’origine de personnages vont être supprimées, ont annoncé les éditions « Le Masque ».

LITTÉRATURE - Les traductions françaises d’Agatha Christie vont faire l’objet de « révisions », notamment la suppression de termes jugés offensants sur le physique ou l’origine de personnages, « s’alignant ainsi sur les autres éditions internationales », a indiqué une porte-parole des éditions « Le Masque » à l’AFP ce lundi 17 avril.

« Les traductions françaises de l’œuvre d’Agatha Christie font l’objet de révisions habituelles et intègrent au fil des années les corrections demandées par Agatha Christie Limited (la société qui gère l’œuvre de l’autrice, ndlr), s’alignant ainsi sur les autres éditions internationales », précise l’éditeur, qui fait partie du groupe Hachette.

Fin mars, le quotidien britannique The Telegraph avait rapporté que plusieurs passages des romans racontant les enquêtes d’Hercule Poirot et Miss Marple, initialement publiés entre 1920 et 1976, avaient été récrits après examen par un comité de lecture. L’éditeur a notamment modifié ou retiré des descriptions de certains personnages étrangers.
Les Dix petits nègres devenus Ils étaient dix

Comme dans Mort sur le Nil (1937), où le personnage de Mrs Allerton se plaignait d’un groupe d’enfants et se moquait de leur nez, ou dans La Mystérieuse Affaire de Styles (1920), dans lequel Hercule Poirot soulignait qu’un autre personnage était « un Juif, bien sûr ».

Ce n’est pas la première fois qu’un titre d’Agatha Christie est modifié. En 2020, le roman policier les Dix petits nègres, un des plus lus et vendus au monde, avait été rebaptisé Ils étaient dix et l’appellation péjorative, citée 74 fois dans la version originale, avait été ôtée de la nouvelle édition.

Récemment, des modifications apportées aux romans pour enfants de l’auteur anglais Roald Dahl avaient suscité l’indignation au Royaume-Uni. Les références au poids, à la santé mentale, à la violence ou aux questions raciales avaient été expurgées d’œuvres comme Charlie et la Chocolaterie ou James et la Grosse Pêche.

Face au tollé, son éditeur, Puffin UK, avait assuré qu’il continuerait de publier les versions originales dans une collection spéciale. La maison d’édition française de l’auteur, Gallimard Jeunesse, avait indiqué qu’elle continuerait d’éditer les versions originales.

Les aventures du célèbre espion britannique James Bond, écrites par Ian Fleming, ont également été récrites en anglais pour en enlever certains passages jugés racistes.

cancel-culture
https://www.huffingtonpost.fr/culture/article/des-livres-d-agatha-christie-en-francais-vont-aussi-etre-revises_216713.html

Qu'on se le dise : les Bretons ne sont pas celtes

Sat 15 Apr 2023 - 17:49

Archéologue spécialiste de la préhistoire du Massif armoricain, Yannick Lecerf tord scientifiquement le cou à quelques idées bretonnantes reçues. Interview.

Yannick Lecerf, archéologue, vient de sortir un livre passionnant et très pédagogique sur la Bretagne préhistorique. S'appuyant sur de récentes découvertes scientifiques et sur ses quelque quatre décennies de recherches, il bouscule les mythes et les légendes du Massif armoricain.

A quelle époque remonte le peuplement de la Bretagne ?

Yannick Lecerf : « On vient de faire un bon considérable dans le temps. Pendant longtemps, on a considéré que les traces les plus anciennes remontaient aux alentours du paléolithique récent (50.000 avant J.-C.). Dans les années quatre-vingt-dix, grâce aux fouilles du CNRS, on a trouvé dans le Finistère Sud le foyer le plus ancien, datant de 450.000 ans avant J.-C. Et puis récemment, à la suite d'érosions accélérées par les tempêtes, on a identifié un foyer dans la vallée de moyenne Vilaine qui nous emmène aux alentours de 750.000 avant J.-C. C'est donc dès cette époque que des hominidés ont fréquenté la Bretagne. »

Les monuments mégalithiques avaient-ils notamment un rapport avec les astres ?

« Non. Lorsqu'au néolithique (5.000 ans avant J.-C. dans le Massif armoricain) les communautés se sédentarisent et organisent leurs territoires, dans les vallées, près des points d'eau, ils créent des zones funéraires, avec de grands cairns mégalithiques, comme celui de Barnénez. Ce sont de grands monuments pouvant atteindre 70 mètres de long, 25 mètres de large et 9 à 10 mètres de hauteur pour accueillir onze chambres funéraires. On va commencer dans le même temps à dresser les premiers grands menhirs de plus de 20 mètres de haut et puis on va aussi créer des lieux de mémoire avec des champs de menhirs. Ils sont dressés afin de marquer un événement pour ces communautés qui sont de tradition orale. C'est à partir de ce moment-là que le territoire est structuré par le mégalithisme, avec une partialisation en lieux de vie, lieux de mort et lieux de mémoire. C'est là que naît l'identité des communautés du Massif armoricain. »

La Bretagne celtique, c'est un mythe ?

« Complètement ! Dans la préhistoire du Massif armoricain, les Celtes ne sont qu'une anecdote qu'on a cherché à monter en épingle à partir du XVIII esiècle, en partie, pour des raisons politiques, Bonaparte voulant recréer une Nation sur des bases identitaires très fortes, lançant la fameuse académie celtique qui a attribué aux Celtes le mégalithisme. »

En tout cas, c'est un mythe persistant…

« Il est particulièrement entretenu, au point que l'on voit aujourd'hui se mettre en place des pratiques néodruidiques complètement construites puisque les communautés du Massif armoricain, de tradition orale, n'ont laissé aucun écrit ! Les Celtes ne sont jamais venus en Bretagne. Les recherches archéologiques démontrent que les Celtes sont venus d'Europe centrale et se sont partagés en deux groupes, l'un remontant vers l'Angleterre, l'Écosse et l'Irlande par la Belgique et la Normandie ; l'autre descendant vers la péninsule, ibérique par le centre de la France en évitant la Bretagne. »

Pourquoi ont-ils snobé la Bretagne ?

« D'abord parce que les Celtes, peuple migrant, n'étaient pas intéressés par les péninsules. Mais je pense que la raison principale tient au fait que les Celtes, qui cherchaient à se fondre dans les populations, n'ont pas réussi à s'intégrer aux communautés bretonnes du fait de leur forte identité développée au néolithique. »

Donc, les Bretons doivent être fiers de ne pas être celtes !

« Absolument ! Ils n'ont pas attendu les Celtes pour avoir une culture forte. »

Bretagne Celtes Généalogie
https://www.lanouvellerepublique.fr/france-monde/qu-on-se-le-dise-les-bretons-ne-sont-pas-celtes

Piwigo, la photo en liberté – Framablog

Tue 28 Mar 2023 - 10:47

Nous avons profité de la sortie d’une nouvelle version de l’application mobile pour interroger l’équipe de Piwigo, et plus particulièrement Pierrick, le créateur de ce logiciel libre qui a fêté ses vingt ans et qui est, c’est incroyable, rentable.

Salut l’équipe de Piwigo ! Nous avons lu avec intérêt la page https://fr.piwigo.com/qui-sommes-nous

Moi je note que « Piwigo » c’est plus sympa que « PhpWebGallery », comme nom de logiciel. Enfin, un logiciel libre qui n’a pas un nom trop tordu. Qu’est-ce que vous pouvez nous apprendre sur Piwigo, le logiciel ?

Piwigo est un logiciel libre de gestion de photothèque. Il s’agit d’une application web, donc accessible depuis un navigateur web, que l’on peut également consulter et administrer avec des applications mobiles. Au-delà des photos, Piwigo permet d’organiser et indexer tout type de média : images, vidéos, documents PDF et autres fichiers de travail des graphistes. Originellement conçu pour les particuliers, il s’est au fil des ans trouvé un public auprès des organisations de toutes tailles.

Le logo de Piwigo, le logicielLe logo de Piwigo, le logiciel

La gestation du projet PhpWebGallery démarre fin 2001 et la première version sortira aux vacances de Pâques 2002. Pendant les vacances, car j’étais étudiant en école d’ingénieur à Lyon et j’ai eu besoin de temps libre pour finaliser la première version. Le logiciel a tout de suite rencontré un public et des contributeurs ont rejoint l’aventure. En 2009, « PhpWebGallery » est renommé « Piwigo » mais seul le nom a changé, il s’agit du même projet.

Les huit premières années, le projet était entièrement bénévole, avec des contributeurs (de qualité) qui donnaient de leur temps libre et de leurs compétences. Le passage d’étudiant à salarié m’a donné du temps libre, vraiment beaucoup. Je faisais pas mal d’heures pour mon employeur mais en comparaison avec le rythme prépa/école, c’était très tranquille : pas de devoirs à faire le soir ! Donc Piwigo a beaucoup avancé durant cette période. Devenu parent puis propriétaire d’un appartement, avec les travaux à faire… mon temps libre a fondu et il a fallu faire des choix. Soit j’arrêtais le projet et il aurait été repris par la communauté, soit je trouvais un modèle économique viable et compatible avec le projet pour en faire mon métier. Si je suis ici pour en parler douze ans plus tard, c’est que cette deuxième option a été retenue.

En 2010 vous lancez le service piwigo.com ; un logiciel libre dont les auteurs ne crèvent pas de faim, c’est plutôt bien. Est-ce que c’est vrai ? Avez-vous trouvé votre modèle économique ?

Le logo de Piwigo, le serviceLe logo de Piwigo, le service

Pour ce qui me concerne, je ne crève pas du tout de faim. J’ai pu rapidement retrouver des revenus équivalents à mon ancien salaire. Et davantage aujourd’hui. J’estime vivre très confortablement et ne manquer de rien. Ceci est très subjectif et mon mode de vie pourrait paraître « austère » pour certains et « extravagant » pour d’autres. En tout cas moi cela me convient :-)

Notre modèle économique a un peu évolué en 12 ans. Si l’objectif est depuis le départ de se concentrer sur la vente d’abonnements, il a fallu quelques années pour que cela couvre mon salaire. J’ai eu l’opportunité de réaliser des prestations de dev en parallèle de Piwigo les premières années pour compenser la croissance lente des ventes d’abonnements.

Ce qui a beaucoup changé c’est notre cible : on est passé d’une cible B2C (à destination des individus) à une cible B2B (à destination des organisations). Et cela a tout changé en terme de chiffre d’affaires. Malheureusement ou plutôt « factuellement » nous plafonnons depuis longtemps sur les particuliers. Nos offres Entreprise quant à elles sont en croissance continue, sans que l’on atteigne encore de plafond. Nous avons donc décidé de communiquer vers cette cible. Piwigo reste utilisable pour des particuliers bien sûr, mais ce sont prioritairement les organisations qui vont orienter notre feuille de route.

Grâce à la réorientation de notre modèle économique, il a été possible de faire grossir l’équipe.

Donc on a Piwigo.org qui fournit le logiciel libre que chacun⋅e peut installer à condition d’en avoir les compétences, et Piwigo.com, service commercial géré par ton équipe et toi. Vous vous chargez de la maintenance, des mises à jour, des sauvegardes.

Qui est vraiment derrière Piwigo.com aujourd’hui ? Et combien de gens est-ce que ça fait vivre ?

Une petite équipe mêlant des salariés, dont plusieurs alternants, des freelances dans les domaines du support, de la communication, du design ou encore de la gestion administrative. Cela représente 8 personnes, certaines à temps plein, d’autres à temps partiel. J’exclus le cabinet comptable, même s’il y passe du temps compte tenu du nombre de transactions que les abonnements représentent…

Qu’est-ce qui est lourd ?

Certains aspects purement comptables de l’activité. La gestion de la TVA par exemple. Non pas le principe de la TVA mais les règles autour de la TVA. Nous vendons en France, dans la zone Euro et hors zone Euro : à chaque situation sa règle d’application des taxes. Les PCA (produits constatés d’avance) sont aussi une petite source de tracas qu’il a fallu gérer proprement. Jamais je n’aurais imaginé passer autant de temps sur ce genre de sujets en lançant le projet commercial.

Qu’est-ce qui est cool ?

Constater que Piwigo est leur principal outil de travail de nombreux clients. On comprend alors que certains choix de design, certaines optimisations de performances font pour eux une grande différence au quotidien.

Création d’un utilisateurCréation d’un utilisateur

Nous avons lancé depuis quelques semaines une série d’entretiens utilisateurs durant lesquels des clients nous montrent comment ils utilisent Piwigo et c’est assez génial de les voir utiliser voire détourner les fonctionnalités que l’on a développées.

D’un point de vue vraiment personnel, ce que je trouve cool c’est qu’un projet démarré sur mon temps libre pendant mes études soit devenu créateur d’emplois. Et j’espère un emploi « intéressant » pour les personnes concernées. Qu’elles soient participantes à l’aventure ou utilisatrices dans leur métier. Je crois vraiment au rôle social de l’entreprise et je suis particulièrement fier que Piwigo figure dans le parcours professionnel de nombreuses personnes.

Votre liste de clients est impressionnante…

Oui, je suis d’accord : ça claque ! et bien sûr tout est absolument authentique. Évidemment on n’affiche qu’une portion microscopique de notre liste de clients.

Recevez-vous des commandes spécifiques des gros clients pour développer certaines fonctionnalités ?

Pourquoi des « gros » ? Certaines entreprises « pas très grosses » ont des demandes spécifiques aussi. Bon, en pratique c’est vrai que certains « gros » ont l’habitude que l’outil s’adapte à leur besoin et pas le contraire. Donc parfois on adapte : en personnalisant l’interface quasiment toujours, en développant des plugins parfois. C’est moins de 5 % de nos clients qui vont payer une prestation de développement. Vendre ce type de prestation n’est pas au cœur de notre modèle économique mais ne pas le proposer pourrait nuire à la vente d’abonnements, donc on est ouverts aux demandes.

Est-ce que vous refusez de faire certaines choses ?

D’un point de vue du développement ? Pas souvent. Je n’ai pas souvenir de demandes suffisamment farfelues… pardon « spécifiques » pour qu’on les refuse a priori. En revanche il y a des choses qu’on refuse systématiquement : répondre à des appels d’offre et autre « marchés publics ». Quand une administration nous contacte et nous envoie des « dossiers » avec des listes de questions à rallonge, on s’assure qu’il n’y a pas d’appel d’offre derrière car on ne rentrera pas dans le processus. Nous ne vendons pas assez cher pour nous permettre de répondre à des appels d’offre. Je comprends que les entreprises qui vendent des tickets à 50k€+ se permettent ce genre de démarche administrative, mais avec notre ticket entre 500€ et 4 000€, on serait perdant à tous les coups. Le « coût administratif » d’un appel d’offre est plus élevé que le coût opérationnel de la solution proposée. C’est aberrant et on refuse de rentrer là-dedans.

Bien que nous refusions de répondre à cette complexité administrative (très française), nous avons de nombreuses administrations comme clients : ministère, mairies, conseils départementaux, offices de tourisme… Comme quoi c’est possible (et légal) de ne pas gaspiller de l’énergie et du temps à remplir des dossiers.

Y a-t-il beaucoup de particuliers qui, comme moi, vous confient leurs photos ? Faites péter les chiffres qui décoiffent !

Environ 2000 particuliers sont clients de notre offre hébergée. Ils sont bien plus nombreux à confier leurs photos à Piwigo, mais ils ne sont pas hébergés sur nos serveurs. Notre dernière enquête en 2020 indiquait qu’environ un utilisateur sur dix était client de Piwigo.com [donc 90% des gens qui utilisent le logiciel Piwigo s’auto-hébergent ou s’hébergent ailleurs, NDLR] .

Si on élargit un peu le champ de vision, on estime qu’il y a entre 50 000 et 500 000 installations de Piwigo dans le monde. Avec une énorme majorité d’installations hors Piwigo.com donc. Difficile à chiffrer précisément car Piwigo ne traque pas les installations.

La page d’administration de PiwigoLa page d’administration de Piwigo

Pour des chiffres qui « décoiffent », je dirais qu’on a fait 30 % de croissance en 2020. Puis encore 30 % de croissance en 2021 (merci les confinements…) et qu’on revient à notre rythme de croisière de +15 % par an en 2022. Dans le contexte actuel de difficulté des entreprises, je trouve qu’on s’en sort bien !

Autre chiffre qui décoiffe : on n’a pas levé un seul euro. Aucun business angel, aucune levée de fonds auprès d’investisseurs. Notre croissance est douce mais sereine. Attention pour autant : je ne dénigre pas le principe de lever des fonds. Cela permet d’aller beaucoup plus vite. Vers le succès ou l’échec, mais beaucoup plus vite ! Rien ne dit que si c’était à refaire, je n’essaierais pas de lever des fonds.

Encore un chiffre respectable : Piwigo a soufflé sa vingtième bougie en 2022. Le projet a connu plusieurs phases et nous vivons actuellement celle de la professionnalisation. Beaucoup de projets libres s’arrêtent avant et disparaissent car ils ne franchissent pas cette étape. Si certains voient dans l’arrivée de l’argent une « trahison » de la communauté, je trouve au contraire que c’est sain et gage de pérennité. Lorsque les fondateurs d’un projet ont besoin d’un modèle économique viable pour payer leurs propres factures, vous pouvez être sûrs que le projet ne va pas être abandonné sur un coup de tête.

Est-ce que les réseaux sociaux axés sur la photographie concurrencent Piwigo ? On pense à Instagram mais aussi à Pixelfed, évidemment.

J’ai regardé rapidement ce qu’était Pixelfed. Ma conclusion au bout de quelques minutes : c’est un clone opensource à Instagram, en mode décentralisé.

Piwigo n’est pas un réseau social. Pour certains utilisateurs, Piwigo a perdu de son intérêt dès lors que Facebook et ses albums photos sont arrivés. Pour d’autres, Piwigo constitue au contraire une solution pour ceux qui refusent la centralisation/uniformisation telle que proposée par Facebook ou Google. Enfin pour de nombreux clients pro (photographes ou entreprises) Piwigo est un outil à usage interne de l’équipe communication pour organiser les ressources média qui seront ensuite utilisées sur les réseaux sociaux. Il faut comprendre que pour les chargés de communication d’un office de tourisme, mettre sa photothèque sur Facebook n’a aucun sens. Ils ou elles publient quelques photos sur Facebook, sur Instagram ou autres, mais leur photothèque est organisée sur leur Piwigo.

Bref, même si les premières années je me suis demandé si Piwigo était encore pertinent face à l’émergence de ces nouvelles formes de communication, je sais aujourd’hui que Piwigo n’est pas en concurrence frontale avec ces derniers mais qu’au contraire, l’existence de ces réseaux nécessite pour les marques/entreprises qu’elles organisent leurs photothèques. Piwigo est là pour les y aider.

Quelles sont les différences ?

La toute première des choses, c’est la temporalité. Les réseaux sociaux sont excellents pour obtenir une exposition forte et éphémère de votre « actualité ». À l’inverse, Piwigo va exceller pour vous permettre de retrouver un lot de photos parmi des centaines de milliers, organisées au fil des années. Piwigo permet de gérer son patrimoine photo (et autres médias) sur le temps long.

L’autre aspect important c’est le travail en équipe. Un réseau social est généralement conçu autour d’une seule personne qui administre le compte. Dans Piwigo, plusieurs administrateurs collaborent (à un instant T ou dans la durée) pour construire la photothèque : classification, indexation (tags, titre, descriptions…)

Enfin, certaines fonctionnalités n’ont tout simplement rien à voir. Par exemple, dans un réseau social le cœur de métier va être d’obtenir des likes. Dans un Piwigo, vous allez pouvoir mettre en place un moteur de recherche multicritères avec vos propres critères. Par exemple on a un client qui fabrique des matériaux acoustiques. Ses critères de recherche sont collection, coloris, lieu d’implantation… Cela n’aurait aucun sens sur l’interface uniformisée d’un Instagram.

Qui apporte des contributions à Piwigo ? Est-ce que c’est surtout la core team ?

Cela a beaucoup changé avec le temps. Et même ce qu’on appelle aujourd’hui « équipe » n’est plus la même chose que ce qu’on appelait « équipe » il y a 10 ans. Aujourd’hui, l’équipe c’est essentiellement celle du projet commercial. Pas uniquement mais quand même pas mal.

On a donc beaucoup de contributions « internes » mais ce serait trop simplificateur d’ignorer l’énorme apport de la communauté de contributeurs au sens large. Déjà parce que l’état actuel de Piwigo repose sur les fondations créées par une communauté de développeurs bénévoles. Ensuite parce qu’on reçoit bien sûr des contributions sous forme de rapports de bugs, des pull-requests mais aussi grâce à des bénévoles qui aident des utilisateurs sur les forums communautaires, les bêta-testeurs… sans oublier les centaines de traducteurs.

Petite anecdote dont je suis fier : Rasmus Lerdorf, créateur de PHP (le langage de programmation principalement utilisé dans Piwigo) nous a plusieurs fois envoyé des patches pour que Piwigo soit compatibles avec les dernières versions de PHP.

Quel est votre lien avec le monde du Libre ? (<troll>y a-t-il un monde du Libre ?</troll>)

Je ne sais pas s’il y a un « monde du libre ». Historiquement Les contributeurs sont d’abord des utilisateurs du logiciel qui ont voulu le faire évoluer. Je ne suis pas certain qu’il s’agisse de fervents défenseurs du logiciel libre.

Franchement je ne sais pas trop comment répondre à cette question. Je sais que Piwigo est une brique de ce monde du libre mais je ne suis pas sûr que l’on conscientise le fait de faire partie d’un mouvement global. Je pense qu’on est pragmatique plutôt qu’idéologique.

En tant que client, je viens de recevoir le mail qui annonce le changement de tarif. Pouvez-vous nous expliquer l’origine de cette décision ?

Là on est vraiment sur l’actualité « à chaud ». Le changement de tarif pour les nouveaux/futurs clients a fait l’objet d’une longue réflexion et préparation. Je dirais qu’on le prépare depuis 18 mois.

Si j’ai bien compris la clientèle particulière est un tout petit pourcentage de la clientèle de Piwigo.com ?

Les clients de l’ancienne offre « individuelle » représentent 30 % du chiffre d’affaires des abonnements pour 91 % des clients. J’exclus les prestations de dev, qui sont exclusivement ordonnées par des entreprises. Donc « tout petit pourcentage », ça dépend du point de vue :-)

Est-ce que l’offre de stockage illimité devient trop chère ?

En moyenne sur l’ensemble des clients individuels, on est à ~30 Go de stockage utilisé. La médiane est quant à elle de 5Go. Si la marge financière dégagée n’est pas folle, on ne perd pas d’argent pour autant, car nous avons réussi à ne pas payer le stockage trop cher. Pour faire simple : on n’utilise pas de stockage cloud type Amazon Web Services, Google Cloud ou Microsoft Azure. Sinon on serait clairement perdant.

Ceci est vrai tant qu’on propose de l’illimité sur les photos. Sauf que la première demande au support, devant toutes les autres, c’est : « puis-je ajouter mes vidéos ? », et cela change la donne. Hors de question de proposer de l’illimité sur les vidéos. De l’autre côté, on entend et on comprend la demande des utilisateurs concernant les vidéos. Donc on veut proposer les vidéos, mais il faut en parallèle introduire un quota de stockage.

Ensuite nous avions un souci de cohérence entre l’offre individuelle (stockage illimité mais photos uniquement) et les offres entreprise (quota de stockage et tout type de fichiers). La solution qui nous paraît la meilleure est d’imposer un quota pour toutes les offres, mais un quota généreux. L’offre « Perso » est à 50 Go de stockage, donc largement au-delà de la conso moyenne.

Enfin la principe de l’illimité est problématique. En 12 ans, la perception du grand public sur le numérique a évolué. Je parle spécifiquement de la consommation de ressources que le numérique représente. Le cloud, ce sont des serveurs dans des centres de données qui consomment de l’électricité, etc. En 2023, je pense que tout le monde a intégré le fait que nous vivons dans un monde fini. Ceci n’est pas compatible avec la notion de stockage infini. Je peux vous assurer que certains utilisateurs n’ont pas conscience de cette finitude.

Est-ce que des pros ont utilisé cette offre destinée aux particuliers pour « abuser » ?

Il y a des abus sur l’utilisation de l’espace de stockage, mais pas spécialement par des pros. On a des particuliers qui scannent des documents en haute résolution par dizaine de milliers pour des téraoctets stockés… On a des particuliers qui sont fans de telle ou telle star de cinéma et qui font des captures d’écran chaque seconde de chaque film de cet acteur. Ne rigolez pas, cela existe.

En revanche on avait un soucis de positionnement : l’offre « individuelle » n’était pas très appropriée pour les photographes pros mais l’offre entreprise était trop chère. On a maintenant des offres mieux étagées et on espère que cela sera plus pertinent pour ce type de client.

Enfin on a des entreprises qui essaient de prendre l’offre individuelle en se faisant passer pour des particuliers. Et là on est obligés de faire les gendarmes. On a même détecté des « patterns » de ses entreprises et on annulait les commandes « individuelles » de ces clients. J’en avais personnellement un petit peu ras le bol :-)

Les nouvelles offres, même « Perso » sont accessibles même à des multinationales. Évidemment, les limites qu’on a fixées devraient naturellement les orienter vers nos offres Entreprise (nouvelle génération) voire VIP.

Est-ce qu’il s’agissait d’une offre qui se voulait temporaire et que vous avez laissé filer parce que vous étiez sur autre chose ?

Pendant 12 ans ? Non non, le choix de proposer de l’illimité en 2010 était réfléchi et « à durée indéterminée ». Les besoins et les possibilités et surtout les demandes ont changé. On s’adapte. On espère ne pas se tromper et si c’est le cas on fera des ajustements.

L’important c’est de pas mettre nos clients au pied du mur : ils peuvent renouveler sur leur offre d’origine. On a toujours proposé cela et on ne compte pas changer cette règle. C’est assez unique dans notre secteur d’activité mais on y tient.

Nous avons vu que votre actualité c’était la nouvelle version de Piwigo NG. Je crois que vous avez besoin d’aide. Vous pouvez nous en parler ?

Nous avons plusieurs actualités et effectivement côté logiciel, c’est la sortie de la version 2 de l’application mobile pour Android. Piwigo NG (comme Next Generation) est le résultat du travail de Rémi, qui travaille sur Piwigo depuis deux ans. Après avoir voulu faire évoluer l’application « native » sans succès, il a créé en deux semaines un prototype d’application mobile en Flutter. Ce qu’il avait fait en deux semaines était meilleur que ce que l’on galérait à obtenir avec l’application native en plusieurs mois. On a donc décidé de basculer sur cette nouvelle technologie. Un an après la sortie de Piwigo NG, Rémi sort une version 2 toujours sur Flutter mais avec une nouvelle architecture « plus propice aux évolutions ». Le fameux « il faut refactorer tous les six mois », devise des développeurs Java.

En effet nous avons besoin d’aide pour bêta-tester cette version 2 de Piwigo NG. Plus nous avons de retours, plus nous pouvons la stabiliser.

Pour aller plus loin

  • Vous pouvez auto-héberger votre Piwigo, rendez-vous sur cette page
  • ou vous pouvez prendre un abonnement ici
  • Piwigo est également une application intégrée à la solution d’auto-hébergement Yunohost
Frama Piwigo
https://framablog.org/2023/03/28/piwigo-la-photo-en-liberte/

Comment le référencement a ruiné Internet - Speedway98

Wed 22 Feb 2023 - 11:52

Entre 1998 et 2003, rechercher quelque chose sur Google était magique. Je me souviens avoir saisi une vague notion comme "lait maternel du pétrole" et avoir été dirigé vers une interview de Thomas Gold, un astrophysicien qui postulait que les gisements d'hydrocarbures se remplissaient d'eux-mêmes en raison de la pression géologique.

Aujourd'hui, si vous cherchez quelque chose de technique, de spécifique, d'académique ou de généralement non commercial, bonne chance. Le meilleur système de recherche d'informations au monde s'est transformé en quelque chose qui rappelle le Digg de 2006 : Un indice de popularité contrôlé par un petit nombre d'acteurs motivés par le commerce. Ils se font appeler "SEOs".

Les spécialistes de l'optimisation technique des moteurs de recherche ont un laissez-passer : Ils rendent généralement le web plus rapide, plus sûr et plus accessible. Les "Black hat" SEOs sont des méchants évidents. Ils améliorent leur propre classement sur le web en enfreignant la loi (par exemple, en piratant un site web pour ajouter des liens vers le leur). Mais les "black hats" sont les petits criminels du monde du référencement. Ce sont les SEO "à chapeau blanc", les supposés gentils, qui sont les loups déguisés en moutons.

Ces spécialistes du marketing web ont une stratégie simple : étouffer la concurrence en concentrant l'autorité. Ils marchent en arborant une bannière de légitimité et d'autosatisfaction, et comme un régime totalitaire, ils pensent que la fin justifie les moyens. Voici quelques-unes des tactiques qu'ils utilisent.

Réécrire l'histoire

S'il vous est déjà arrivé de relire un article et de jurer que le titre, les hyperliens et les en-têtes avaient été modifiés, vous ne l'imaginez pas. Les spécialistes du référencement "optimisent" les anciens articles pour les rendre plus commercialisables (et pour diriger les visiteurs vers des contenus plus récents et plus commerciaux). Lorsque je regarde des articles que j'ai écrits il y a dix ans, je constate qu'ils ont été mis à jour avec du texte que je n'ai pas écrit et qui porte des significations que je ne voulais pas.

Effacer le passé

"L'élagage du contenu" est une tactique de référencement efficace sur les sites Web importants et établis. Au lieu d'archiver le vieux contenu ayant une signification historique, de nombreux sites Web le suppriment de leurs serveurs et renvoient un code d'état 410. Disparu. L'objectif est d'optimiser le "budget d'exploration", afin que Google se concentre sur le contenu qui compte aujourd'hui. Le résultat est un web sans mémoire institutionnelle ni responsabilité.

Diriger le récit

Montrez-moi une salle de rédaction moderne et je vous montrerai un stratège de contenu que les rédacteurs sont censés consulter. Mais lorsque les journalistes se sentent contraints d'écrire sur des sujets qu'ils ne maîtrisent pas, ou lorsqu'ils sont obligés de formuler les choses d'une manière spécifique, les "meilleures pratiques de référencement" commencent à ressembler à de la propagande. C'est l'effet de l'information par câble, où un stratège en coulisse édite le script et pousse chaque tendance comme une "nouvelle de dernière minute".
Donner l'illusion du choix

Une poignée de sociétés d'édition possèdent des centaines de sites web de médias qui reçoivent collectivement des milliards de visites de moteurs de recherche chaque année. Faites une recherche sur "meilleur smartphone" et vous verrez peut-être des résultats de sites Web comme TechRadar, Android Central, T3, Tom's Guide, Anandtech, iMore ou Top Ten Reviews. Peu importe le site pour lequel vous votez avec votre clic, le scrutin est pipé : Tous ces sites sont détenus par une seule et même entreprise.

Accumulation de richesses

Les liens sont la monnaie du web. Sans eux, les moteurs de recherche ne pourraient pas juger de la valeur relative d'une page par rapport à une autre. Malheureusement, de nombreux grands sites Web thésaurisent leur capital de liens en refusant de créer des liens vers des sites Web externes ou en utilisant un attribut rel="nofollow" sur chaque lien externe (c'est-à-dire en demandant aux moteurs de recherche d'ignorer ces liens). L'ensemble du web s'en trouve appauvri.

Le référencement est un jeu à somme nulle qui compte un perdant pour chaque gagnant. Mais nous sommes tous perdants lorsque le référencement encourage le gaslighting, le link rot, la conformité, le monopole et la subversion. Je me souviens quand il était facile de trouver la logique, les faits et la rationalité sur le web. Puis, quelqu'un les a optimisés.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

référencement référenceur SEO
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Registres maritimes et généalogie : retrouvez vos ancêtres marins - Généafinder

Sun 12 Feb 2023 - 12:02

Si vous cherchez un ancêtre qui a fait partie de la Marine Nationale française, la bonne piste est dans les archives de la Marine qui répertorient l’état civil et le signalement des marins, ainsi que leur carrière. Cependant tout n’est pas disponible en ligne. Le plus simple pour les recherches maritimes reste encore de s’adresser directement aux archives des 3 ports militaires Français : Cherbourg, Brest et Toulon. Elles seules disposent des registres matricules de la Marine, non disponibles en ligne.

Heureusement, des sites web peuvent déjà nous aider avant que nous traversions la France et les Océans :

Les archives de l'inscription maritime

Les sites d'institutions et archives

  • Registres maritimes Loire-Atlantique en ligne : Inscrits maritimes, matricules de navires, journaux de bord, capitaines…

  • La base de données reprend les informations contenues dans les registres d’inscription maritime conservés au [service historique de la défense à Cherbourg](http:// http://www.unicaen.fr/ufr/histoire/cimarconet/accueil.php) Attention : CIMARCONET n'est plus en ligne depuis le 30 septembre 2021, à la suite d'une cyberattaque.

  • www.frenchlines.com : site créé dans le but de « conserver la mémoire des entreprises et des hommes qui ont œuvré dans tous les domaines du commerce maritime national et international ». On y trouve notamment un répertoire des navires.

  • Rouen et Le Havre : Registres de l’administration de l’inscription maritime

  • Naissances et décès en mer en France 1802-1872

  • Base patronymique des marins et des passagers de la compagnie des Indes entre 1721 et 1770.

  • La liste des marins disparus et décédés, du milieu du XIXe au milieu du XXe siècle par l'Arche Musée et Archives de la Collectivité Territoriales de Saint-Pierre et Miquelon

  • L'inscription maritime aux archives départementales de Seine-Maritime

Les sites bénévoles

  • Un guide pour effectuer ses recherches sur des ancêtres marins

  • Le site www.migrations.fr contient de nombreuses informations comme le matricule des gens de mer de Granville entre 1706 et 1725.

  • Un groupe d’entraide de généalogie Outremer sur Facebook

  • Une base de données pour retrouver un ancêtre corsaire. Les navires et les armateurs y sont indexés.

  • Mémoire des équipages des marines de guerre, commerce, pêche et plaisance de 1939 à 1945 pour retrouver un marin ou un bâtiment dans la base de données.

  • Une base de données des désarmements des navires du Havre avec la liste des capitaines ainsi que la liste des navires désarmés.

  • Mémorial des officiers de marine

Mais si le voyage vous dit

Ici la liste des centres d'archives militaires en France :

  • Brest : Centre historique des archives de la marine en Atlantique et dans le pacifique
    4, rue du Commandant Malbert, 29240 BREST CEDEX 9

  • Cherbourg : Centre historique des archives de la marine en Manche et en mer du Nord
    57 Rue de l'Abbaye, 50100 Cherbourg-Octeville

  • Toulon : Centre d’archives de la marine en méditerranée et dans l’océan Indien
    Passage de la Corderie, 83000 Toulon

  • Rochefort : Centre historique des archives : archives de la marine du littoral atlantique ( de la Vendée à l’Espagne )
    4, rue du Port 17300 Rochefort

  • Lorient : Centre d’archives de la marine en Océan Indien dont le fonds de la compagnie des Indes
    1bis Rue de la Cale Orry, 56100 Lorient

Bonnes recherches !

Généalogie marins
https://geneafinder.com/blog?id=13:31

Infographie : L'excès de lumière est une pollution majeure

Wed 8 Feb 2023 - 22:10

Pollution lumineuse

environnement lumière nuit pollution-lumineuse
https://partage.agirpourlenvironnement.org/s/infographie-lexces-de-lumiere-est-une-pollution-majeure/

La loi européenne sur le contrôle des conversations (chats) interdit les systèmes d'exploitation open source. - Blog | Mullvad VPN

Wed 1 Feb 2023 - 12:57

1er février 2023 VIE PRIVÉE

La proposition de loi européenne sur le contrôle du chat ne se contentera pas de prendre le contrôle totalitaire de toutes les communications privées. Elle aura également pour conséquence involontaire d'interdire les systèmes d'exploitation open source.

L'UE est actuellement en train de promulguer la loi sur le contrôle du chat. Elle a été critiquée pour avoir créé un système centralisé de surveillance et de censure de masse à l'échelle de l'UE et pour avoir permis aux gouvernements d'écouter toutes les communications privées. Mais une conséquence peu évoquée de la loi proposée est qu'elle rend illégaux pratiquement tous les systèmes d'exploitation à code source ouvert existants, y compris les principales distributions Linux. Elle interdirait également l'archive d'applications Android open source F-Droid.

L'article 6 de la loi impose à tous les "magasins d'applications logicielles" de :

Évaluer si chaque service fourni par chaque application logicielle permet une communication interhumaine.
vérifier si chaque utilisateur est âgé de plus ou moins de 17 ans
empêcher les utilisateurs de moins de 17 ans d'installer de tels logiciels de communication.

En laissant de côté la folie des intentions déclarées ou les détails des logiciels qui seraient visés, examinons les implications pour les systèmes de logiciels libres.

Un "magasin d'applications logicielles" est défini par l'article 2[*] comme étant "un type de services d'intermédiation en ligne, qui se concentre sur les applications logicielles en tant que produit ou service intermédié".

Cela couvre clairement les archives logicielles en ligne presque universellement utilisées par les systèmes d'exploitation à source ouverte depuis les années 1990 comme principale méthode de distribution des applications et des mises à jour de sécurité. Ces archives sont souvent créées et maintenues par de petites entreprises ou des associations de bénévoles. Elles sont hébergées par des centaines d'organisations telles que des universités et des fournisseurs d'accès à Internet dans le monde entier. L'une des principales, l'archive de paquets Debian gérée par des bénévoles, contient actuellement plus de 170 000 paquets logiciels.

Ces services d'archivage de logiciels ne sont pas construits autour du concept d'un utilisateur humain individuel avec une identité ou un compte. Ils desservent des machines anonymes, comme un ordinateur portable, un serveur ou un appareil. Ces machines peuvent ensuite être utilisées ou non par des utilisateurs humains individuels pour installer des applications, ce qui échappe totalement au contrôle des services d'archives.

Pour être en mesure, ne serait-ce que conceptuellement et théoriquement, de respecter cette loi, il faudrait revoir totalement l'installation des logiciels, leur approvisionnement et les mises à jour de sécurité, procéder à une restructuration organisationnelle majeure et mettre au rebut, centraliser et reconstruire l'infrastructure de distribution des logiciels.

Ceci n'est bien sûr que théorique car les coûts et les problèmes pratiques seraient insurmontables.

Si et quand cette loi entre en vigueur, elle rendra illégaux les services de logiciels libres qui sous-tendent la majorité des services et des infrastructures sur l'internet, un nombre incalculable d'appareils et les ordinateurs utilisés par les développeurs de logiciels, parmi beaucoup d'autres choses. Pour se conformer à la loi, il faudrait tout arrêter, au niveau mondial, car les serveurs qui fournissent les logiciels et les mises à jour de sécurité ne font pas la différence entre un serveur web, un développeur de logiciels japonais, un réfrigérateur et un adolescent européen.

Il peut sembler incroyable que les auteurs de la loi n'aient pas pensé à cela, mais ce n'est pas si surprenant si l'on considère qu'il ne s'agit là que de l'une des nombreuses conséquences gigantesques de cette loi mal conçue et rédigée.

[Pour définir un magasin d'applications logicielles, la loi fait référence à la loi européenne sur les marchés numériques, article 2, point 12, qui définit l'"assistant virtuel". Ce qu'ils veulent dire en réalité est le point 14, qui définit le "magasin d'applications logicielles".
Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Europe Libre Vie-privée
https://mullvad.net/en/blog/2023/2/1/eu-chat-control-law-will-ban-open-source-operating-systems/

Kits ADN: les géants du secteur arrêtent leurs livraisons en France

Sun 29 Jan 2023 - 21:43

Bien qu'ils soient illégaux en France, entre 100.000 et 200.000 Français ont recours chaque année à des tests ADN vendus par MyHeritage ou 23andMe pour connaître ses origines ethniques. Désormais, les principales entreprises du secteur exigent des adresses de livraison hors de France.

Il est désormais plus compliqué de se faire livrer des kits ADN en France. Depuis 2014, plusieurs entreprises américaines ou israéliennes proposent des tests ADN "récréatifs", comme MyHeritage, 23AndMe ou encore My Ancestry, pour une somme ne dépassant pas les 100 euros.

Sauf qu'en France, où entre 100.000 et 200.000 personnes font appel chaque année à leurs services selon l'association DNA PASS, la pratique est illégale et peut être sanctionnée d'une amende de 3.750 euros. En 2020, l'Inserm expliquait qu'il était interdit "de réaliser, et même de solliciter, un test génétique sans ordonnance médicale, injonction judiciaire ou projet de recherche strictement défini".

Comme l'ont repéré nos confrères du Parisien, depuis quelques jours, les géants du secteur, MyHeritage, basée à Tel-Aviv et l'entreprise américaine 23andMe exigent désormais une adresse de livraison hors de France.

Selon le généalogiste Loïc Duchamp, cité par nos confrères, seules deux entreprises acceptent encore de livrer en France. "Cela devait finir par arriver. Ils profitaient d’un vide juridique. Mais ils se savaient clairement hors-la-loi", explique-t-il dans les colonnes du quotidien.

Une décision "catastrophique" pour les associations

Les autorités françaises auraient-elles tapé du poing sur la table? La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) n'a pas souhaité répondre à nos confrères, tandis que la Cnil affirme avoir reçu "plusieurs plaintes au sujet des kits salivaires", mais "aucune action répressive n’a été engagée à ce stade".

Pour les associations de défense du droit à la connaissance de ses origines, cette décision de MyHeritage et 23andMe inquiète. Arthur Kermalvezen, de l'association Origines, explique que "pour des personnes nées sous X ou abandonnées, l’arrivée de ces tests a été un énorme soulagement", regrettant une décision "catastrophique".

De son côté, Loïc Duchamp, qui dénonce une interdiction "complètement rétrograde", assure que cette volte-face va "sérieusement" "compliquer la tâche" des spécialistes.

Généalogie génétique
https://www.bfmtv.com/societe/kits-adn-les-geants-du-secteur-arretent-leurs-livraisons-en-france_AN-202301290204.html#xtor=AL-68

30 décembre 1922, naissance de l'URSS: d'un impérialisme l'autre - RFI

Fri 16 Dec 2022 - 18:02

État le plus vaste du monde, l’URSS a occupé un sixième des terres émergées du globe. Du point de vue géopolitique, cette construction fédérale a permis à la Russie de s’assurer un glacis conséquent face à l’Europe, le Proche et le Moyen-Orient. Sous l’influence de Staline et de ses successeurs, elle a inscrit la politique soviétique dans la continuité géopolitique de la Russie des tsars, un rêve d’expansion qui refait surface un siècle après sa création.

Au début de l’année 1917, alors que le conflit dure depuis bientôt trois ans, l’absurdité et l’horreur de la guerre associées à la famine qui touche les grandes villes du pays poussent de nouveau la Russie dans la Révolution. La précédente, en 1905, a mené à la création d’une assemblée, la Douma, dont la création se présente comme une promesse de changement pour la plus grande autocratie européenne. Dans les faits, elle n’est qu’une vitrine sans pouvoir, qui ne trouve de véritable fonction que douze ans plus tard, après les troubles de février.

Le régime tsariste s’effondre en quelques jours, forçant le tsar à abdiquer. Le nouvel homme fort du gouvernement provisoire est un socialiste révolutionnaire, Alexandre Kerenski, ministre de la Justice puis de la Guerre et, enfin, ministre-président. Si les réformes sont nombreuses et spectaculaires, le gouvernement ne veut pas mettre fin au conflit, par peur de trahir ses alliés, mais aussi de devoir faire des concessions territoriales à l’Allemagne. Le mécontentement grandit et les bolcheviks, menés par Lénine, rentré de son exil suisse en avril avec la bénédiction de Berlin, prennent le contrôle des conseils d’ouvriers, les soviets.
Les soviets au cœur de la fiction d’une démocratie populaire

« Tout le pouvoir aux soviets », le mot d’ordre de Lénine repris aux anarchistes, est une formule purement rhétorique. Il s’agit de s’appuyer sur le mécontentement ouvrier face à un gouvernement défini comme « bourgeois ». Dans un pays dévasté, les bolcheviks n’ont aucun mal à déclencher une seconde révolution en octobre et à s’emparer du pouvoir. Les soviets sont désormais sous le contrôle des commissaires du peuple. Le pouvoir qui se veut soviétique – tenu par les conseils représentants du peuple – est en fait tout entier entre les mains d’une poignée de révolutionnaires professionnels, secondée par une police politique omniprésente, la Tchéka.

En mars 1917, des congrès nationaux ont pris le pouvoir dans les pays baltes, en Finlande, en Ukraine, en Géorgie, en Arménie, au Turkestan, qui tous étaient jusque-là sous le contrôle direct de la Russie. Lorsque le nouveau pouvoir proclame le droit à l’autodétermination des peuples, Finlande, Pologne, pays baltes, Ukraine, Géorgie et Arménie choisissent aussitôt l’indépendance. Les nouveaux pays sont reconnus par la Société des nations. En mars 1918, le gouvernement bolchevik signe une paix séparée à Brest-Litovsk qui s’avère désastreuse. Mais une autre guerre, civile cette fois, est déjà en cours, où s’invitent dès l’armistice de novembre 1918 les anciens alliés du tsar, comme la France et le Royaume-Uni.

Dès lors, il n’est plus question de la liberté des peuples. Et en août 1920, il s’en faut de peu pour que le nouveau régime n’inclue la Pologne dans ses conquêtes. En Finlande, les bolcheviks sont durement réprimés. En Russie, Trotski, chef de la nouvelle Armée rouge, s’exclame « Vive la guerre civile ! » Depuis septembre 1918, règne la « Terreur rouge ». On parle d’anéantir les dix millions de Russes hostiles à la révolution. S’ajoute à cela une famine qui fait des millions de morts. En mars 1921, les marins de Kronstadt se révoltent au cri de « Vive les soviets sans les communistes ! » La répression menée par Trotski est implacable.

Carte de l'expansion de la Russie et de l'URSS de 1812 à 1945Carte de l'expansion de la Russie et de l'URSS de 1812 à 1945 © Pline Wikimedia Creative Commons

Une construction fédérale purement formelle

Les frontières de la Russie sont désormais assurées. Politiquement est instauré le « centralisme démocratique » qui nie jusqu’au droit de tendance dans l’appareil bolchevik. Économiquement, en revanche, le régime fait machine arrière sur la collectivisation et propose la Nouvelle politique économique (la NEP), pour une période de sept ans. Même après la mort de Lénine en 1924, Staline attendra 1928 pour assurer le contrôle absolu de l’État sur l’économie.

Très vite donc, les principes ont cédé face à ce qui est perçu comme la nécessité de maintenir un cadre idéologique conforme à la révolution bolchevik. En 1920 déjà, l’Armée rouge crée une République soviétique en Ukraine, où une large majorité des forces politiques en présence sont vigoureusement anti-bolcheviks. Et pour s’assurer le contrôle de ce régime fantoche, elle met en place en juillet un traité d’union ouvrière et paysanne non seulement avec elle, mais aussi avec l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Géorgie. Lénine, dont la santé et l’influence déclinent rapidement, cherche à maintenir un cadre fédéral qui permettrait à la fois un semblant de pluralisme politique – un accord avec l’autre courant communiste en Géorgie, les mencheviks – et surtout un dialogue entre toutes les nations en présence. C’est le sens du terme Union des républiques socialistes soviétiques, d’où toute référence explicite à la Russie a été effacée.

Staline, lui, se positionne constamment au centre des différentes tendances bolcheviks, renvoyant dos à dos les oppositions de droite et de gauche – cette dernière menée par Trotski. Il entend asseoir de manière explicite l’hégémonie de Moscou. Il a donc proposé, dans un premier temps, la création d’une République socialiste fédérative soviétique de Russie. Formellement pourtant, c’est bien le terme d’URSS qui est choisi lors du premier congrès des soviets le 30 décembre 1922. Dans les faits, la Russie a repris possession de son Empire et l’internationalisme communiste a débouché sur une aporie.

De gauche à droite: les dirigeants révolutionnaires russes Joseph Staline (1879-1953), Vladimir Lénine (1870-1924) et Mikhaïl Kalinine (1875-1946), lors du 8e congrès du parti communiste russe à Moscou, le 23 mars 1919.De gauche à droite: les dirigeants révolutionnaires russes Joseph Staline (1879-1953), Vladimir Lénine (1870-1924) et Mikhaïl Kalinine (1875-1946), lors du 8e congrès du parti communiste russe à Moscou, le 23 mars 1919. © Universal History Archive/Getty Images

La continuité d’une logique impériale

Deux ans plus tard, Staline fera du « socialisme dans un seul pays » le slogan officiel de l’URSS, montrant par là que les diversités internes de l’État fédéral n’ont plus cours. Sept ans après la Révolution d’octobre, il offre surtout un cadre rassurant pour les puissances occidentales : le but des bolcheviks n’est plus dès lors d’étendre la révolution communiste au monde entier. De fait, les extensions territoriales de 1945 resteront mineures et dans la constitution du bloc de l’Est, l’URSS cherchera presque exclusivement à étendre son glacis protecteur. Pour ne pas effrayer, elle n’apportera qu’un soutien purement formel aux puissantes forces communistes en Grèce qui perdront la guerre civile – comme elle l’avait fait, avant-guerre, en Espagne – mais n’hésitera pas à imposer ses vues, à la seule fin de défendre ses intérêts géostratégiques, dans des pays où le communisme est réduit à la portion congrue, en Pologne par exemple.

Le 21 décembre 1991, l’URSS laisse place à la CEI (Communauté des États indépendants) qui rassemble aujourd’hui neuf des quinze ex-républiques soviétiques : la Russie et la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Moldavie, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan ainsi que l’Arménie et l’Azerbaïdjan pourtant régulièrement en conflit depuis 1988. Le Turkménistan n’est plus depuis 2007 qu’un État associé, la Mongolie est un État observateur dans certaines instances. La Géorgie et l’Ukraine ont quitté la CEI respectivement en 2009 et en 2018, après la guerre d’Ossétie du Sud (2008) et la révolution de Maïdan (2014).

L’Ukraine était, avec la Russie et la Biélorussie, l’un des trois membres fondateurs de la CEI. État continuateur de l’URSS, héritière de son siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, la Fédération de Russie demeure le plus vaste pays de la planète et aussi l’un des moins denses. Elle compte encore plus de 120 nationalités, dont beaucoup ont été intégrées par la politique coloniale de la Russie tsariste, consolidée au XIXe siècle.

Russie URSS
https://www.rfi.fr/fr/connaissances/20221216-30-d%C3%A9cembre-1922-naissance-de-l-urss-d-un-imp%C3%A9rialisme-%C3%A0-l-autre

Drôme : les chasseurs se plaignent de la diminution des sangliers causée par… les loups - La Relève et La Peste

Mon 12 Dec 2022 - 08:56

« Les loups s’attaquent aux proies les plus faciles, ce qui permet à la nature de se régénérer et de permettre aux espèces d’être plus fortes. Le loup est la meilleure chose qui puisse arriver à un écosystème. »
9 décembre 2022 - Laurie Debove

C’est ce qu’on appelle « l’arroseur arrosé ». Alors que certaines fédérations de chasse refusent désormais de payer les dégâts causés par la prolifération des sangliers dans d’autres départements, celle de la Drôme se plaint de ne plus en avoir assez à chasser à cause du loup. Revenu en force sur le territoire, ce canidé sauvage régule bien mieux les populations d’herbivores que les humains armés.

L’ingérence des chasseurs

En quarante-cinq ans, le nombre de sangliers en France a été multiplié par vingt. Il y en aurait aujourd’hui entre 1 et 2 millions dans l’Hexagone. Dans les vignes, les prairies ou les champs de maïs, leur prolifération entraîne chaque année 20 à 30 millions d’euros de dommages agricoles en France.

Dans les années 1960, les chasseurs avaient demandé à payer eux-mêmes le montant des dégâts causés par « le grand gibier » pour devenir les « régulateurs officiels » des herbivores des forêts. Seulement en 2019, l’indemnisation de ces dégâts a représenté un budget de 77,3 millions d’euros ce qui fait que les chasseurs ne veulent plus payer. Une demande rejetée en début d’année par le Conseil Constitutionnel.

« Les chasseurs ont fait tellement de choses pour gonfler les populations en les croisant avec des cochons domestiques, le fameux cochonglier qui est une pratique aujourd’hui interdite sauf en enclos, ou en les nourrissant. Face aux dérives, un décret a été promulgué il y a un mois pour interdire aux chasseurs de nourrir artificiellement les sangliers pour les maintenir à un endroit fixe, preuve que même l’Etat cherche à reprendre la main sur cette situation catastrophique » explique Richard HOLDING, naturaliste et chargé de communication à l’ASPAS.

En plus d’interdire les tirs sélectifs épargnant les laies reproductives et les lâchers de sangliers, ce nouveau décret punit désormais le nourrissage des sangliers (betteraves, patates et baguettes de pain) par une amende de 750 euros. L’agrainage reste paradoxalement toujours autorisé, sauf dans certains départements qui prennent les choses en main comme l’Indre-et-Loire.

Dans la Drôme, au contraire, le nombre de sangliers a diminué de plus de la moitié depuis 2018 grâce aux loups qui sont de plus en plus présents dans le département. Mais au lieu d’accueillir avec plaisir cette aide inattendue, les chasseurs se plaignent d’avoir moins de sangliers à disposition : alors qu’ils ont tué 20 000 sangliers en 2018, ils en ont abattu deux fois moins en 2021 et ne devrait en tuer « que » 7000 à 8000 cette année.

« Les chasseurs considèrent les loups comme des concurrents directs puisqu’eux ont besoin de chasser pour se nourrir et vont s’attaquer aux chevreuils, cerfs, chamois, mouflons ou sangliers. Leur prédation se voit clairement : j’ai moi-même eu l’occasion de l’observer en trouvant des crottes de loup pleines de poils de sangliers dans la nature. Les chasseurs sont de plus en plus mobiles avec le prix du permis de chasse divisé par deux en 2018 (de 400€ à 200€, ndlr).

Ce cadeau de Macron a eu un impact assez énorme : avant, les chasseurs se contentaient de rester dans leur département car le permis national était beaucoup plus cher ; aujourd’hui, ils viennent de très loin pour chasser à la journée. On n’est plus du tout dans cette chasse à l’ancienne où les locaux chassent autour de chez eux, je croise partout des grands pick-ups de chasseurs avec des immatriculations d’autres départements. S’ils n’ont plus autant de gibier à disposition, cela casse le business de la chasse et rend les chasseurs en colère » analyse Richard HOLDING.

Le rôle essentiel des prédateurs naturels dans les écosystèmes

L’argument avancé par les chasseurs n’est pourtant pas d’ordre économique mais écologique. Pour eux, la « présence excessive » du loup, soit environ 250 individus selon leurs estimations, serait une menace pour la faune sauvage qui risquerait de disparaître.

« Clairement, la Drôme a de plus en plus de loups mais les loups ne connaissent pas les limites administratives et les meutes évoluent certainement à cheval entre plusieurs départements. Ils se déplacent de plusieurs dizaines de kilomètres par nuit, ce sont des animaux très mobiles. Quand ils chassent, ils vont rester plusieurs jours sur un secteur puis partir ailleurs pour se faire oublier et tromper la vigilance des animaux sauvages. Chaque meute a son propre territoire, donc une population de loups ne peut pas pulluler sur un secteur car ils sont vraiment dépendants de la quantité de gibier disponible. Même les naissances s’adaptent à ce facteur, un phénomène courant chez les renards et d’autres prédateurs » détaille Richard HOLDING.

Pour les chasseurs, les loups seraient notamment responsables de la diminution des mouflons, qui seraient passés de 900 individus il y a 20 ans à seulement une quinzaine de nos jours. Or, le mouflon n’est pas originaire des Alpes. Il a été introduit petit à petit au milieu du XXe siècle, sans aucune étude préalable, pour des raisons cynégétiques.

« L’espèce a été importée par les chasseurs, pour leur plaisir. Alors que le chamois, lui, est une espèce endémique qui souffre beaucoup du changement climatique et de la sur-chasse humaine. » rappelle Richard HOLDING.
Pourtant, Michel Sanjuan, vice-président des chasseurs de la Drôme en charge du loup et du grand gibier, explique à FranceBleu que « si on ne change pas le statut d’animal protégé du loup, on court à la catastrophe » et aimerait avoir l’autorisation d’abattre ce prédateur naturel.

« Les loups s’attaquent aux proies les plus faciles, ce qui permet à la nature de se régénérer et de permettre aux espèces d’être plus fortes. Le loup est la meilleure chose qui puisse arriver à un écosystème. Ils ont ce rôle de régulation qui les assainit et profite à la végétation car les cervidés et les ongulés deviennent plus méfiants et plus mobiles, ce qui laisse plus de marge aux forêts pour se régénérer. Le problème, c’est qu’en France on ne laisse pas assez de temps et d’espace à la régulation naturelle. Clairement dans les zones où les loups sont présents il faudrait arrêter tout type de chasse et voir le résultat » plaide à l’inverse Richard Holding

On dénombrait entre 10 000 et 20 000 loups en France à la fin du 18ème siècle, contre 920 aujourd’hui. Malgré cela, des abattages légaux et illégaux de loups continuent d’avoir lieu dans le pays. Pour l’ASPAS, la solution n’est pas de les tuer, une bonne coexistence avec les éleveurs inquiets passe par le triptyque présence du berger, clôtures électrifiées et surtout chiens de protection.

Les études le prouvent, il n’y a aucun risque les loups fassent mourir toute la faune sauvage dont ils dépendent. Il n’y a que l’espèce humaine qui soit assez stupide pour se condamner toute seule.

chasse loup sanglier
https://lareleveetlapeste.fr/drome-les-chasseurs-se-plaignent-de-la-diminution-des-sangliers-causee-par-les-loups/

Orthographe, grammaire, calculs… Chez les aspirants professeurs aussi, le niveau a baissé

Sun 11 Dec 2022 - 13:21

Les résultats au concours 2022 de recrutement des professeurs des écoles sont tombés et, pour certains, ils ne sont pas bons du tout. Grammaire, orthographe, conjugaison, syntaxe et mathématiques : les correcteurs décrivent des candidats à « la langue pauvre », peu cultivés, qui citent des programmes de téléréalité ou des films Disney.

Alors qu'on se désole régulièrement de la baisse du niveau des élèves, les aspirants professeurs des écoles ne font pas beaucoup mieux, si on en croit les rapports des jurys du Concours de recrutement des professeurs des écoles (CRPE). Que ce soit à Lille, Besançon, Clermont-Ferrand, Strasbourg ou Marseille, les correcteurs s'inquiètent du manque de culture générale des candidats et de leurs lacunes de base en orthographe, grammaire ou encore en mathématiques. « Très peu de candidats citent des sources qui permettraient de démontrer une culture personnelle déplore par exemple le rapport de l'académie de Lille. Certains le font en se trompant d’auteur, en citant une émission de téléréalité ou des dessins animés de Disney. Une petite minorité est en mesure de citer quelques lectures personnelles. »

La forme n'est pas en reste : « Beaucoup de correcteurs s’étonnent encore du manque de maîtrise de la langue française, relèvent énormément d’erreurs orthographiques (accords de base), des fautes de syntaxe et des expressions familières, note le même rapport. La ponctuation est absente de certaines copies, les virgules, d’une manière générale, sont peu utilisées. »

Des connaissances « chancelantes »

Un exemple édifiant du niveau de certains candidats : la définition du mot « chancelant », que « très peu de candidats » sont en mesure de donner « au grand étonnement des correcteurs, puisque le contexte était fortement aidant ». Dans la grande majorité des cas, les candidats de l'Académie de Lille relient cet adjectif (qui signifie « vacillant ») au radical « chance » ou « chant » : « Il en découle donc que des enfants « chancelants » sont des enfants qui ont de la chance, qui sont joyeux, innocents, insouciants… » Le jury de Besançon fait, pour sa part, remarquer que « les mots familiers tels que "cool" n’ont pas lieu d’apparaître dans une copie de concours qui vise à recruter de futurs experts qui auront en charge d’enseigner la langue française aux plus jeunes élèves ».

À Marseille, la moyenne générale des aspirants professeurs des écoles dans la partie « lexique et compréhension lexicale » est de 1,84 / 4. Une note assez basse pour faire dire aux jurys « que le point faible des candidats demeure le lexique. Cela avait déjà été observé l’année dernière mais le constat est à nouveau alarmant cette année, en atteste la moyenne obtenue à cette partie. » Ces mêmes correcteurs dénoncent l' « inculture littéraire et artistique » de « nombre de candidats ». À Limoges, les correcteurs alertent sur le nombre de pénalités infligées pour des problèmes de langue, « dans toutes les épreuves puisque toutes les copies sont pénalisées, avec des caractéristiques plus fortes en français (45 % obtiennent la pénalité maximale) et en épreuve d’application (41,4 % obtiennent la pénalité maximale) qu’en mathématiques (26,4 % obtiennent la pénalité maximale) ».

« Des propos vagues et sans consistance »

À Clermont-Ferrand, même constat. Un nombre « significatif » de copies accuse une expression qui « n'est pas bonne, voire fautive à l'excès » ; certaines « ont mis en évidence une faiblesse des connaissances dans le domaine de la langue française. » Des candidats, note le jury, répondent « à peu près au hasard aux questions posées. Ce sont aussi l’identification et l’analyse de l’emploi des temps verbaux qui ne sont pas du tout réussies, collectivement. » Les correcteurs se désolent que « plusieurs copies [...] se soient contentées de généralités passe-partout, souvent empruntées à l’expérience personnelle, et donc sans réelle pertinence dans un développement de cette sorte »soit« de propos vagues et sans consistance, semblables à ceux que l’on pourrait entendre dans une conversation relâchée ».

En mathématiques, le niveau ne semble guère meilleur. Le jury de Besançon note même que « le nombre de copies affichant des non-réponses est en nette augmentation » ; alors que le sujet est jugé « accessible » et que les « formules de calcul sont données », les résultats très faibles des candidats interrogent les correcteurs « sur la qualité de maîtrise par les candidats des contenus des programmes de l’épreuve et des notions mathématiques convoquées ». Et même ici, le niveau de langue « relâché » semble poser problème, puisque « des expressions familières, une grande impropriété lexicale, une langue pauvre, au lexique répétitif et sans pertinence, ainsi qu’une mauvaise orthographe » émaillent les copies de mathématiques. À Strasbourg, de « très nombreux candidats ne connaissent pas la définition d'un nombre décimal ». Difficile dans ces conditions de faire monter le niveau.

Par Jean-Loup Adenor

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L’histoire de la Déclaration universelle des droits de l’homme racontée par le spécialiste Salvatore Sagues - RFI

Fri 9 Dec 2022 - 19:36

Ce 10 décembre marque le 74e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée en 1948 lors de l’Assemblée générale des Nations unies tenue à Paris (50 votes pour, 8 abstentions). Pour Salvatore Saguès, spécialiste des droits de l’homme à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), ancien chercheur d’Amnesty International, cette déclaration a eu des effets considérables, mais elle ne pourrait probablement pas être adoptée comme telle aujourd'hui. Entretien.

Première publication le 06/12/2018

RFI : D’abord, quels sont les pays qui, à l’heure actuelle, n’ont pas encore adopté ou ratifié la Déclaration universelle des droits de l’homme ? D’ailleurs, est-ce qu’on l’adopte ou est-ce qu’on la ratifie la Déclaration universelle des droits de l’homme ?

Salvatore Saguès : Ni l’un ni l’autre, car cette déclaration n’a pas de valeur contraignante puisque, comme son nom l’indique, c’est une déclaration. Personne ne l’adopte ou personne ne la ratifie, contrairement aux instruments comme les conventions ou comme les pactes. Mais les principes de cette déclaration ont été repris dans de très nombreux instruments internationaux qui, eux, ont été ratifiés à la fois à l’échelle universelle et régionale. Donc, on peut dire qu’il y a quand même un consensus général sur les principes. La déclaration a une valeur déclarative, mais n’est pas soumise à ratification ni à adhésion.

C’est donc plutôt une source d’inspiration et un modèle…

Exactement. C’est une source d’inspiration qui a directement mené à l’adoption, en 1966, des deux grands pactes relatifs aux droits civils et politiques et aux droits économiques, sociaux et culturels qui, eux, ont été pour la première fois des instruments contraignants qui ont posé des normes dans ces domaines, qui font obligation aux États de les respecter.

Mais contraignants jusqu’à quel point ?

C’est tout le problème du droit international. Ces deux pactes, comme d’autres instruments – comme la Convention contre la torture, la Convention contre les disparitions forcées – mettent en place un comité. Et donc, les États doivent régulièrement envoyer des rapports pour préciser la nature de leur respect de ces droits de l’homme. Et, pour certains de ces comités, il y a la possibilité que des individus déposent plainte contre l’État. Mais évidemment, ce n’est contraignant que dans la mesure où l’État accepte de s’y plier, bien sûr. D’où le rôle des ONG [Organisations non gouvernementales, NDLR], des journalistes, des militants qui font pression avec également le poids de l’opinion publique pour que ces droits soient respectés. C’est toujours un rapport de force entre d’une part le droit qui impose, d’autre part les États qui, parfois et souvent, rechignent et enfin les ONG de défense des droits humains, ou de simples citoyens, qui militent pour faire pencher la balance du bon côté.

Si l’on remonte dans le temps, est-ce que l’on peut cibler les principaux textes et documents dont s’est inspirée cette déclaration ? On parle, par exemple, du cylindre de Cyrus, qui date du VIe siècle avant Jésus-Christ, comme de la plus ancienne déclaration des droits de l’homme. Est-ce exact ?

Oui tout à fait. Il est considéré comme le premier texte de cette nature. Il a été salué comme la première charte des droits de l'homme et l'ONU en a publié une traduction dans toutes les langues onusiennes en 1971. Mais je ne suis pas un spécialiste de cette époque précise. [Découvert en 1879 à Babylone, site qui se trouve dans l'Irak actuel, ce cylindre en argile en forme de tonneau décrit, en écriture cunéiforme, un certain nombre de thèmes évoqués par Cyrus le Grand, l'empereur de Perse, comme la liberté de culte, l'abolition de l'esclavage et la liberté de choix de profession, NDLR]

Un artéfact babylonien, parfois décrit comme la première charte des droits de l'homme au monde, sera exposé en Iran après que le gouvernement a menacé de couper les liens avec le British Museum si celui-ci ne prêtait pas l'objet. Le cylindre de Cyrus est un objet en argile datant du VIe siècle avant J.-C., sur lequel est inscrit en cunéiforme le récit de la conquête de Babylone par le roi perse Cyrus le Grand. Il est arrivé en Iran le 10 septembre et sera exposé au Musée national d'Iran pendant quatre mois, rapporte alors la télévision d'État.

Le cylindre de Cyrus, exposé au Musée national d'Iran, à Téhéran, le dimanche 12 septembre 2010. Un artéfact babylonien, parfois décrit comme la première charte des droits de l'homme au monde, sera exposé en Iran après que le gouvernement a menacé de couper les liens avec le British Museum si celui-ci ne prêtait pas l'objet. Le cylindre de Cyrus est un objet en argile datant du VIe siècle avant J.-C., sur lequel est inscrit en cunéiforme le récit de la conquête de Babylone par le roi perse Cyrus le Grand. Il est arrivé en Iran le 10 septembre et sera exposé au Musée national d'Iran pendant quatre mois, rapporte alors la télévision d'État. AP - Vahid Salemi

Ensuite, en remontant le temps jusqu’à la Grèce et la Rome antique, est-ce que l’on peut trouver des textes et des hommes qui se sont saisis de cette idée des droits de l’homme ?

Bien sûr. La Grèce d’abord, qui a inventé la démocratie, tout en gardant à l’esprit que cette démocratie ne concernait que les hommes et pas les femmes. Et uniquement les citoyens libres, pas les métèques [étrangers résidant à Athènes sans avoir les droits d’un citoyen dans le sens premier du terme, NDLR] ou les esclaves. Les Romains aussi ont adopté des droits, mais seulement pour eux. Et c’est d’ailleurs pourquoi la déclaration de 1948 est si importante parce que, pour la première fois, c’est au niveau universel ! Mais tout au long de ces 2 000 ans effectivement, il y a eu des dispositions qui ont visé à assurer les droits de certaines catégories de la population et, évidemment, des individus qui étaient au pouvoir, à savoir en Occident, les hommes blancs et libres. Cela a exclu les esclaves durant des millénaires et les femmes jusqu’au début du XXe siècle. Mais il y a eu, en effet, des règles qui, peu à peu, ont été adoptées.

La première Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, c’est celle signée le 26 août 1789 à Paris par l’Assemblée constituante. Mais elle-même, où a-t-elle trouvé son inspiration ?

L’une des principales inspirations, c’est Jean-Jacques Rousseau qui, l’un des premiers, a dit que la souveraineté de l’État repose sur le peuple, sur la nation et non sur les aristocrates ni sur une monarchie de droit divin qui, parce qu’elle se prétend choisie par Dieu, peut décider pour elle seule du bien de la nation. La déclaration de 1789 découle des Lumières et du fait que l’autorité ne découle plus de Dieu ni de son représentant sur terre, le roi, mais qu’elle est l’émanation de la volonté générale.

La Constitution américaine de 1787 est également citée comme source d’inspiration. Plusieurs députés de l’Assemblée constituante, comme Lafayette ou Talleyrand, avaient d’ailleurs voyagé en Amérique. La Déclaration des droits de l’homme a donc aussi une filiation anglo-saxonne ?

Oui tout à fait. Il y a déjà la Magna carta, la Grande Charte de 1215 qui, pour la première fois, a limité les droits du roi en Angleterre même si, à nouveau, c’étaient les nobles qui défendaient leurs droits. Mais tout cela vient de cette même idée que le pouvoir ne peut pas être imposé d’en haut, au nom de Dieu ou au nom du roi. Et donc, les droits de l’homme ont rogné peu à peu dans cet absolutisme soit religieux, soit royal, pour installer des droits qui appartiennent à un grand nombre et au nom de la raison.

Est-ce que l’Habeas Corpus adopté en Angleterre en 1679 et qui impose que tout prisonnier soit déféré devant un juge fait également partie de cette filiation ?

Absolument. L’Habeas Corpus, c’est essentiel puisque c’est la première limitation à la détention arbitraire. En France, malheureusement, on a eu les lettres de cachet où l’on pouvait envoyer quelqu’un à la Bastille de manière illimitée sans rien justifier. L’Habeas Corpus, c’est la première fois qu’il y a une règle qui dit qu’on ne peut pas détenir quelqu’un de manière arbitraire. Il faut qu’il y ait un motif qui soit vérifié et validé par un juge. Cela part à nouveau de l’idée de limiter le pouvoir absolu.

Comment expliquer, sur le plan philosophique, que la Constitution américaine, souvent citée comme modèle, se soit accommodée si facilement de l’esclavagisme aux États-Unis ?

Parce que cette Constitution a été adoptée sur un mode consensuel. Cette Constitution de 1787 est un texte très, très, court qui résumait le consensus des treize colonies qui ont fondé les États-Unis. Peu à peu, ils ont adopté les célèbres amendements – il y en a maintenant vingt-sept – et chaque amendement est venu préciser quelque chose. Par exemple, le 1er amendement, c’est celui concernant la liberté d’expression et ce n’est que le 13e amendement, après la guerre de Sécession en 1865, qui a aboli l’esclavage. Les amendements ont été ajoutés de manière très pragmatique. Alors évidemment, comme tous les États du Sud étaient esclavagistes et que pour modifier la Constitution américaine il faut une majorité des deux tiers au Congrès ou bien une proposition émanant des deux tiers des États [cette deuxième possibilité n'a jamais été utilisée dans l'Histoire américaine, NDLR], c’était impossible avant la guerre de Sécession de faire adopter ce type d’amendement contre l’esclavage.

Vous avez cité Jean-Jacques Rousseau comme l’un des inspirateurs de la Déclaration des droits de l’homme. Du côté des philosophes allemands, par exemple, y a-t-il eu également des chantres des droits de l’homme ?

Oui bien sûr, et en particulier Emmanuel Kant. Kant a été un homme très important. Ce philosophe allemand était très admiratif de la Révolution française. C’est celui qui, pour la première fois dans le domaine philosophique, a dit : « Je ne sais pas si Dieu existe ou s’il n’existe pas, mais je ne peux pas le connaître par ma raison. » Cela veut dire « donc je ne peux pas imposer quelque chose à autrui au nom d’une autorité que je ne peux pas expliquer ». Il a écrit un très beau texte qui s’appelle Qu’est-ce que les Lumières ? où il dit que l’arrivée des Lumières, c’est l’affranchissement de l’homme, que c’est l’arrivée de l’homme à l’âge adulte. Il a été un très grand inspirateur de tout cet élan vers l’idée qu’il faut remplacer l’autorité sans contestation par la raison.
Image d'artiste non datée montrant le philosophe allemand Emmanuel Kant. Kant, mort le 12 février 1804 à Koenigsberg, aujourd'hui Kaliningrad, en Russie occidentale.
Image d'artiste non datée montrant le philosophe allemand Emmanuel Kant. Kant, mort le 12 février 1804 à Koenigsberg, aujourd'hui Kaliningrad, en Russie occidentale. ASSOCIATED PRESS

Vous citez Dieu. Est-ce que le fait religieux, souvent porteur de dogmes, et les droits de l’homme peuvent être conciliables ?

C’est une grande question. Il est évident que dans la Bible et dans le Coran, il y a des règles qui ont été reprises par les droits de l’homme : tu ne tueras point, tu ne voleras point…

Je vous coupe : les Dix Commandements, par exemple, peuvent être aussi considérés comme les « ancêtres » de la déclaration des droits de l’homme ?

Oui, bien sûr. On peut le dire comme ça, tout en sachant que les Dix Commandements sont un texte tellement court et tellement ouvert à interprétation… Par exemple, le « Tu ne tueras point » n’a pas empêché les religions de justifier la peine de mort. Dans cette optique, il faut tuer celui qui a tué. Lus de manière progressiste, les Dix Commandements peuvent être une source pour les droits de l’homme et justifier le premier droit de l’homme, le droit à la vie, principal argument des militants de l’abolition de la peine de mort. À l’inverse, ce même texte, lu au pied de la lettre, peut justifier les pires choses.

Les dogmes religieux peuvent parfois être contraignants, voire priver de certaines libertés…

C’est tout le pari des droits de l’homme. Les droits de l’homme sont, en fait, une sécularisation de certains principes intangibles. C’est vrai que les Dix Commandements, ou les principes de la Bible, avaient comme légitimité le fait que c’était Dieu qui les avait donnés aux hommes alors que les droits de l’homme, c’est l’homme qui se les donne lui-même en tant que souverain. C’est à la fois une sécularisation et une sacralisation, parce que maintenant, on peut dire que le droit à la vie, que le droit à ne pas être discriminé, que le droit à l’éducation ou à la santé, par exemple, sont des droits intangibles. Il n’y a personne qui nie ces droits même si, après, les modes de mise en œuvre de ces droits peuvent grandement varier. Mais ce sont des droits qui ne souffrent d’aucune contestation. Nulle part, il y a un État qui peut oser dire : « On n’a pas le droit d’être soigné de manière égale quelle que soit l’origine ethnique ou l’origine économique de la personne. »

Est-ce que le droit à l’avortement peut être considéré comme un droit de l'homme ?

Alors ça, c’est une très grande question. Elle a divisé beaucoup d’ONG, y compris Amnesty International. Certains ont opté pour une voie de compromis en s’abstenant de réclamer le droit à l’avortement de manière absolue tout en mettant l’accent sur les cas où le fait de refuser l’avortement met en danger la santé mentale ou physique d’une personne. C’est évidemment le cas en cas de viol, et c’est évidemment le cas en cas d’inceste. Mais, comme vous le savez, il y a des pays – notamment en Amérique latine – où même des jeunes filles qui ont été violées ou bien qui ont été victimes d’inceste et sont tombées enceintes peuvent être poursuivies pour avoir tenté d’interrompre leur grossesse. L’évolution récente, aux États-Unis, est à cet égard très inquiétante. Car au-delà de la question de principe sur laquelle on peut débattre, il est incontestable que l’interdiction de l’avortement a une portée discriminatoire évidente. Une femme américaine qui dispose de moyens financiers pourra toujours se rendre à New York ou en Californie pour y effectuer une interruption de grossesse dans des conditions sanitaires sûres. Je crois que le grand défi des droits de l’homme, c’est d’éviter le piège des débats philosophiques. Les débats philosophiques, c’est fait pour les philosophes. Je prends le cas très important des droits LGBT [Lesbienne-Gay-Trans et Bi, NDLR] sur lesquels j’ai beaucoup travaillé. Évidemment qu’il y a des pays, en Afrique notamment mais aussi en Asie et en Amérique latine où, à cause de la religion ou de pesanteurs sociologiques, certains vont dire : « Les homosexuels sont des gens anormaux ; donner des droits aux homosexuels, cela va remettre en cause la famille et caetera ». L’approche par les droits signifie que l’on va dire : un homosexuel est une personne comme les autres. Donc, les droits fondamentaux de cette personne ne peuvent pas être remis en cause ; cette personne ne peut pas être arrêtée de manière arbitraire, ou condamnée à mort de manière arbitraire, ou frappée de manière arbitraire. Donc, on va essayer ne de ne pas tomber dans le piège du débat philosophique sur la conception de la famille ou sur la morale mais plutôt de dire qu’il y a des droits qui sont intangibles. Moi, je vais souvent en Afrique parler avec des États qui criminalisent encore les relations homosexuelles et je leur dis : « Voilà, est-ce que vous estimez normal d’arrêter quelqu’un, de le tabasser, de le torturer, de le maintenir en prison de manière arbitraire pour quelque raison que ce soit ? » Évidemment, les autorités vont dire : « Non ». Et parmi les « quelque raison que ce soit », il y a l’orientation sexuelle. C’est une manière d’éviter le piège qu’on peut nous tendre en disant : « Ce que vous voulez, en fait, c’est introduire partout le mariage pour tous ou des choses comme ça ». On dit : « Non, ça c’est un problème de morale, c’est un problème de société et c’est au gouvernement de décider cela ; mais il y a des droits intangibles sur lesquels personne ne peut revenir. » Et ces droits, ce sont l’interdiction absolue de la torture, c’est le droit absolu à avoir un procès équitable, à ne pas être détenu de manière arbitraire, à ne pas être tabassé, etc.

L’abolition de la peine de mort est l’une des plus grandes avancées en matière de droits de l’homme, mais elle est assez récente. Est-ce que, par le passé, des civilisations avaient aboli la peine de mort ?

À ma connaissance, non. Comme vous le savez, la torture est interdite dans tous les cas, mais la peine de mort n’est pas interdite par le droit international dans tous les cas. Dans le Pacte international des droits civils et politiques, il est dit : « On ne privera pas quelqu’un de la vie de manière arbitraire, sauf lorsque des sanctions légales sont prévues. » Pourquoi y a-t-il eu cette disposition ? Parce que, sans cette disposition, tous les États qui pratiquent la peine de mort – comme les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Iran – n’auraient pas ratifié ce pacte. Cela permet aux pays qui n’ont pas aboli la peine de mort de dire : « On pratique la peine de mort, mais on respecte le droit international dans la mesure où nous ne tuons qu’en fonction de sanctions légales. » C’est un combat qui est mené au jour le jour. Plus des deux tiers des États à travers le monde ont aboli la peine de mort et le mouvement abolitionniste ne cesse de connaître des avancées, même aux États-Unis, mais, contrairement à la torture, on ne peut pas dire que la peine de mort est interdite par le droit international.

Les droits de l’homme, c’est aussi les droits des femmes. Or, en anglais, on parle des « human rights », littéralement les « droits humains », alors qu’en français, on a gardé l’expression « droits de l’homme ». Même si c’est au sens large du terme, est-ce que cela ne pose pas problème, encore plus dans le contexte actuel ?

C’est un très grand débat. De plus en plus d’organisations internationales comme Amnesty, par exemple, parlent de « droits humains ». Les Canadiens parlent des « droits de la personne » ou des « droits humains ». Je sais que la France, les Nations unies et l’OIF où je travaille actuellement, gardent pour le moment « droits de l’homme », mais même dans ces enceintes, cela aussi est en train de changer. À l’OIF, nous gardons pour le moment « droits de l’Homme » avec un H majuscule. En fait, ceux qui défendent cette optique disent que, en latin, « homo », c’est homme et femme, comme dans « Homo sapiens ». En latin, le mot « homme » se dit « vir » et pas « homo ». Et donc ils disent que, à l’origine, le mot « homme » ne désignait pas les hommes au masculin mais les hommes et les femmes. C’est effectivement un débat, mais je pense qu’il ne faut pas attribuer trop d’importance à cela, parce que les défis sont tellement grands que perdre du temps là-dessus… Moi, je préfère « droits humains » à titre personnel. Mais je préfère consacrer mon énergie à défendre les droits qu’à discuter longuement entre « droits de l’homme » et « droits humains ».

On a quand même l’impression que le respect des droits de l’homme s’applique surtout pour le moment aux sociétés occidentales. On a tort ?

Non, on ne peut pas dire cela. Moi, cela fait trente ans que je travaille sur l’Afrique et, en trente ans, le degré de la liberté d’expression et d’association dans ce continent a connu des avancées inimaginables.

Pas dans les pays où la charia est appliquée cependant….

Même dans ces pays, les droits de l’Homme servent de fer de lance à la contestation et peuvent secouer des régimes forts. Regardez ce qui se passe actuellement en Iran. Des hommes et des femmes jeunes sont prêts à mourir pour la liberté, pour des droits qui ont été consacrés de manière universelle, pour la première fois en 1948. Toutes les demandes de liberté et de respect des droits dans le monde découlent directement de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce texte repose sur un postulat et un pari. Il affirme l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance des droits de l’Homme. Et cette affirmation demeure révolutionnaire et pour beaucoup d’États difficile à accepter. Beaucoup d’observateurs affirment que la Déclaration universelle des droits de l’Homme ne pourrait pas être adoptée aujourd’hui par les États, parce que ce texte va très loin. Cette déclaration, si on la relit maintenant, quasiment tous les droits y sont consacrés. On peut imaginer que de nombreux États refuseraient actuellement d’adopter cette déclaration pour des raisons idéologiques ou religieuses.

Vous avez dit que la Déclaration de 1948 couvrait tout le droit. Or, depuis 1948, l’humanité a évolué. Et il y a des problématiques qui ne figurent pas dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : la bioéthique, la génétique, l’environnement, l’espace, etc. Est-ce qu’il ne serait pas opportun d’ajouter des chapitres comme on ajoute des amendements à une Constitution ?

Comme je vous l’ai dit, parvenir au consensus de 1948 était relativement facile pour deux raisons : d’abord, il y avait beaucoup moins d’États qu’aujourd’hui. Il n’y avait quasiment pas d’États indépendants en Afrique, il y avait très peu d’États en Asie qui étaient indépendants, on sortait de la Deuxième Guerre mondiale… Même les Russes, par exemple, qui pouvaient ne pas être tout à fait d’accord avec des principes tels que la liberté d’expression qu’ils bafouaient tranquillement chez eux, n’ont pas osé s’y opposer. Donc, je pense que toucher à la déclaration maintenant me semblerait très dangereux. En revanche, là où vous avez tout à fait raison, c’est que ces nouveaux droits, qui n’étaient pas envisagés à l’époque, doivent faire l‘objet de nouvelles conventions. L’Accord de Paris sur le climat, par exemple, ou sur la bioéthique : il faut faire de nouvelles conventions pour intégrer ces droits. Mais au-delà de la conclusion d’accords, il y a le problème de la mise en œuvre et là, je ne peux qu’être pessimiste. La polarisation actuelle dans le monde, sans précédent depuis la fin de la guerre froide, la désastreuse présidence de Donald Trump, la fuite en avant du président Poutine, l’autisme des autorités chinoises, cela ne porte à l’optimisme. Sauf à agir en brandissant à nouveau l’arme des droits de l’Homme. Les Russes coupables de crimes de guerre pourraient un jour se retrouver à La Haye devant la CPI, comme cela a été le cas pour Milosevic. C’est ce que demandent et recherchent déjà des ONG de défense des droits de l’Homme, comme la FIDH.

On peut garder espoir quand même ?

Oui, parce que nous n’avons pas d’autre choix et parce que, malgré tout, il y a des signes d’espérance. Malgré tout leur pouvoir, Trump ou Bolsonaro ont été chassés par les urnes. Le pouvoir théocratique en Iran vacille sous les cris de jeunes femmes et de jeunes hommes qui n’ont plus peur. En Ukraine, un peuple s’est levé contre un envahisseur beaucoup plus puissant que lui et il tient bon. Vous pourrez, bien entendu, m’opposer des dizaines de contre-exemples, que je ne pourrai pas nier. Mais quel que soit le point de vue que l’on adopte, il est incontestable que la défense des droits de l’Homme, de la démocratie et de l’État de droit demeure une arme redoutable et crainte des tyrans.

Pour conclure, vous diriez qu’elle a laissé quel héritage, cette Déclaration universelle des droits de l’homme ?

Je crois qu’elle a laissé le plus beaux des héritage ; pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, des droits s’appliquent à tous. C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que des États ont lancé un signal : celui de dire qu’il y a des droits qui concernent tout le monde. Jusque-là, certains de ces droits avaient concerné des personnes, dans le Nord, des personnes éduquées et avaient exclu d’autres. Pour la première fois, le principe de l’universalité et de l’indivisibilité des droits de l’Homme a été proclamé. Et puis le deuxième héritage, c’est que ce texte a permis ensuite l’adoption de textes contraignants. Il y a, à l’heure actuelle, neuf grands traités contraignants : les deux pactes dont je vous ai parlé en début d’entretien mais aussi la convention contre la torture, contre les disparitions forcées, sur les droits de l’enfant, etc., qui, eux, sont des pactes contraignants. Malgré tous les retards, malgré toutes les marches arrière, pour la première fois dans l’humanité, des États ont accepté de limiter leur propre pouvoir. Mes étudiants à Sciences Po me disent : « Est-ce qu’il y a des raisons d’être optimistes dans un monde aussi grave ? ». Je leur réponds que j’ai travaillé vingt-cinq ans pour Amnesty International, que j’ai rencontré les pires tortionnaires, que j’ai rencontré les chefs d’État les plus cyniques qui soient, en Afrique, et qu’aucun ne m’a dit : « Moi ? Eh bien, je torture ! Moi, je tue ! » Ils ont menti, ils ont caché, ils ont nié, ils ont même affirmé être de grands défenseurs des droits de l’Homme. Est-ce qu’on peut imaginer Gengis Khan ou, plus près de nous, Hitler ou Staline prendre de telles précautions ? Donc, malgré tout, même chez les pires tortionnaires, il y a désormais un surmoi qui impose le respect de ces normes. Même lorsqu’elles sont violées. Malgré tout, il y a eu, dans la conscience universelle, un bond en avant inimaginable. Et cela, nous le devons en grande partie à la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

droit liberté
https://www.rfi.fr/fr/connaissances/20221209-marbre-pour-la-premi%C3%A8re-fois-dans-l-histoire-des-%C3%A9tats-ont-accept%C3%A9-de-limiter-leur-propre-pouvoir

L'affaire du Levothyrox résumée en sept actes - France Info

Tue 6 Dec 2022 - 20:35

L'Agence nationale de sécurité du médicament a été mise en examen, début décembre, pour "tromperie". Retour sur les principales étapes du dossier.
Article rédigé par franceinfo avec AFP - France Télévisions Publié le 06/12/2022 17:08

Deux mises en examen à quelques semaines d'intervalle. Après des années de procédures judiciaires, le dossier du Levothyrox avance. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé lundi 5 décembre sa mise en examen pour "tromperie". Un mois et demi plus tôt, la filiale française du laboratoire pharmaceutique allemand Merck, fabricant du médicament, avait déjà été mise en examen pour "tromperie aggravée".

Au cœur du scandale : une nouvelle composition du médicament contre les troubles de la thyroïde, prescrit à trois millions de personnes en France. Après sa mise sur le marché en 2017, des patients se sont plaints de nombreux effets secondaires. Franceinfo revient sur les principales étapes de cette affaire.

1 Mars 2017 : une nouvelle formule du médicament est commercialisée

Fin mars 2017, la filiale française du laboratoire allemand Merck met sur le marché la nouvelle formule du Levothyrox, à la demande de l'ANSM. Cette nouvelle formule utilise le même principe actif, la lévothyroxine, mais avec de nouveaux excipients. Le but est de rendre sa concentration plus stable, élément crucial pour l'efficacité.

Crampes, maux de tête, vertiges ou perte de cheveux... Rapidement, des patients se plaignent de nombreux effets secondaires liés, selon eux, à cette nouvelle formule.

2 Octobre 2017 : des patients saisissent la justice

Les plaintes de patients s'accumulent. Une enquête préliminaire est confiée au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Marseille, dont la compétence s'étend jusqu'à Lyon, siège français de Merck. L'ancienne formule du Levothyrox fait son retour dans les pharmacies le 2 octobre 2017 sous le nom d'Euthyrox. Mais le nombre de boîtes est limité. A Lyon, le siège français de Merck est perquisitionné le 3 octobre 2017.

Les effets indésirables sont dus à "un déséquilibre thyroïdien" causé par le changement de traitement, pas à la nouvelle formule, assure l'ANSM, le 11 octobre. Sur le plan civil, une action collective est engagée le 24 octobre contre Merck à Lyon. Une mission parlementaire menée par le député LR et médecin Jean-Pierre Door conclut à un défaut d'information. Son travail est critiqué par des patients, qui considère que "les personnes auditionnées sont quasiment toutes des proches ou des gens qui ont travaillé pour le laboratoire", y compris le député.

3 Mars 2018 : une enquête au pénal est ouverte

Merck est condamné le 14 novembre 2017 à fournir "sans délai" l'ancienne formule, par le tribunal de grande instance de Toulouse. Au pénal, une information judiciaire contre X est ouverte à Marseille le 2 mars 2018 pour tromperie aggravée, blessures involontaires et mise en danger de la vie d'autrui, élargie en novembre à homicide involontaire. D'après le ministère de la Santé, un demi-million de Français ont cessé de prendre le Levothyrox depuis le lancement de la nouvelle formule.

4 Juillet 2018 : Merck et l'ANSM démentent toute anomalie

L'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) dénonce la présence de nanoparticules de métal dans la nouvelle formule ainsi que des anomalies de composition. Le laboratoire dément toute anomalie, tandis que l'agence du médicament confirme, le 5 juillet 2018, "la bonne qualité de la nouvelle formule".

Le 20 décembre, à l'issue d'une vaste étude sur plus de 2 millions de patients, le ministère de la Santé note l'absence d'augmentation de "problèmes de santé graves", ce que confirme son rapport final en juin 2019. D'autres études, comme celle d'avril 2019 réalisée par des chercheurs de l'université de Toulouse, concluent pourtant que la nouvelle formule ne présente pas de garanties suffisantes pour les patients.

5 Juin 2020 : Merck est condamné en appel, au civil

En mars 2019, à l'issue du premier procès intenté au civil, le tribunal d'instance de Lyon déboute 4 113 plaignants, écartant tout "défaut d'information" de la part de Merck. Mais en juin 2020, la Cour d'appel de Lyon reconnaît que Merck a commis "une faute" lors du changement de formule. Le laboratoire est condamné à verser 1 000 euros à chacun des 3 329 plaignants toujours impliqués dans la procédure. Le laboratoire se pourvoit en cassation, mais son pourvoi est rejeté le 16 mars 2022.

L'arrêt de la commercialisation de l'ancienne formule du Levothyrox (Euthyrox), initialement annoncée pour septembre 2020, est repoussée à fin 2022 au moins. Une autre action collective est lancée en septembre 2021, contre l'agence du médicament pour "défaut de vigilance" et d'"anticipation", devant le tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

6 Octobre 2022 : Merck est mis en examen pour "tromperie aggravée"

Un nouveau volet s'ouvre le 19 octobre 2022. La filiale française du laboratoire pharmaceutique allemand Merck est mise en examen pour "tromperie aggravée", quatre ans et demi après l'ouverture de l'enquête pénale à Marseille. Le président de Merck en France est entendu au pôle santé du tribunal judiciaire de Marseille. La société Merck Santé S.A.S.U est placée "sous contrôle judiciaire" avec le dépôt d'une caution de 4,3 millions d'euros, ainsi qu'une garantie de 7 millions d'euros.

Cette mise en examen est liée aux "modalités d'information mises en place au moment de la transition de l'ancienne à la nouvelle formule en 2017", explique l'entreprise. Selon l'avocat de Merck au pénal, Mario Stasi, "Merck avait coconstruit ce plan de communication avec différents partenaires, des experts et en dialogue avec des associations de patients, et sous l'autorité de l'agence du médicament qui l'a approuvé".

"La juge a écarté les infractions les plus graves – blessures et homicides involontaires et mise en danger de la vie d'autrui –, pour ne retenir que des manquements dans le plan de communication", insiste l'avocat, la qualité du médicament n'est pas en cause." Mais "l'instruction se poursuit sur l'ensemble des chefs visés lors de l'ouverture de l'information judiciaire", précise le parquet phocéen.

7 Décembre 2022 : l'ANSM est mise en examen pour "tromperie"

L'ANSM annonce lundi 5 décembre avoir été mise en examen pour "tromperie" dans le dossier. "L'ANSM n'a jamais nié les difficultés rencontrées par certains patients au moment du passage à la nouvelle formule du Levothyrox et se préoccupe de manière constante et quotidienne de la sécurité et de la santé des patients", se défend l'agence. L'ANSM "apportera sa pleine contribution à la manifestation de la vérité, mais conteste fermement les reproches formés à son encontre, car aucune infraction pénale n'a été commise", estime-t-elle.

L'agence est aujourd'hui visée par une action collective de quelque 1 100 plaignants, pour "défaut de vigilance" et "défaut d'anticipation".

lévothyrox
https://www.francetvinfo.fr/sante/levothyrox/l-affaire-du-levothyrox-resumee-en-sept-actes_5527023.html

Levothyrox : l’Agence du médicament mise en examen pour tromperie - Huffington Post

Tue 6 Dec 2022 - 09:14

Cette mise en examen intervient peu après celle de la filiale française du laboratoire allemand Merck, fabricant du médicament, pour « tromperie aggravée ».

SANTÉ - L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé avoir été mise en examen ce lundi 5 décembre pour « tromperie » dans le dossier du changement de formule du Levothyrox, ce médicament conçu contre les problèmes de thyroïde.

Cette mise en examen intervient un mois et demi après celle la filiale française du laboratoire pharmaceutique allemand Merck, fabricant de ce médicament, pour « tromperie aggravée ».

Au cœur de cette affaire : la nouvelle composition du Levothyrox, arrivée en France fin mars 2017 et utilisant le même principe actif, la lévothyroxine, mais avec de nouveaux excipients.

Or, des patients se sont plaints de nombreux effets secondaires : crampes, maux de tête, vertiges ou perte de cheveux. Une enquête pénale a été ouverte à Marseille en mars 2018 pour faire la lumière, alors que ce médicament est utilisé quotidiennement par 2,5 millions de patients en France, selon Merck.

« L’ANSM n’a jamais nié les difficultés rencontrées par certains patients au moment du passage à la nouvelle formule du Levothyrox et se préoccupe de manière constante et quotidienne de la sécurité et de la santé des patients », assure l’agence française contrôlant la sécurité des médicaments dans un communiqué diffusé ce lundi soir.

Une étude sur plus de deux millions de patients

Elle « apportera sa pleine contribution à la manifestation de la vérité mais conteste fermement les reproches formés à son encontre, car aucune infraction pénale n’a été commise », estime-t-elle.

En juin 2019, l’ANSM avait mené une étude sur plus de deux millions de patients et conclu que le passage à la nouvelle formule n’avait pas engendré de « problèmes de santé graves ».

Cette agence est aujourd’hui visée par une action collective de quelque 1 100 plaignants, pour « défaut de vigilance » et « défaut d’anticipation ».

Dans un autre volet, au civil, la Cour de cassation avait rejeté en mars le pourvoi de Merck, condamné en 2020 à indemniser plus de 3 300 utilisateurs ayant souffert d’effets secondaires à la suite du changement de formule.

En France, moins de 100 000 patients sont traités avec l’ancienne formule, importée depuis fin 2017 sous le nom d’Euthyrox. La distribution de l’ancienne formule, qui devait s’arrêter en 2020, a été prolongée au moins jusqu’à la fin 2022.

lévothyrox
https://www.huffingtonpost.fr/france/article/levothyrox-l-agence-du-medicament-mise-en-examen-pour-tromperie_211158.html

FranceSoir n’est plus reconnu comme un service de presse en ligne - Huffington Post

Thu 1 Dec 2022 - 10:23

Malgré son nom, hérité d’un ancien titre de presse prestigieux, FranceSoir s’était récemment refait une santé avec la circulation de thèses complotistes, notamment sur le Covid-19.

MÉDIAS - Le site FranceSoir a finalement perdu son statut de service de presse en ligne, qui lui donnait notamment la possibilité de bénéficier d’aides publiques et d’avantages fiscaux, a indiqué ce mercredi 30 novembre la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP).

Réunie mercredi matin en commission plénière, la CPPAP « a décidé de ne pas renouveler la reconnaissance de service de presse en ligne à FranceSoir », a-t-elle déclaré à l’AFP, confirmant une information de la lettre spécialisée Mind Media.

Selon l’institution composée de représentants de l’État et des éditeurs de presse, « FranceSoir ne respectait plus l’ensemble des critères » fixés par décret pour obtenir cette qualification. Contactée par l’AFP mercredi soir, la direction du site n’était pas disponible pour réagir dans l’immédiat.

Selon le site Mind Media, à l’origine de l’information, la commission estime que le site présente désormais un « défaut d’intérêt général », en raison notamment de contenus qui portent « atteinte à la protection de la santé publique ». La circulation d’informations erronées sur la pandémie de Covid-19 aurait entraîné nouvelle démarche de la Commission. Cette dernière a d’ailleurs annoncé que « la décision motivée sera communiquée directement à l’éditeur dans les meilleurs délais », sans plus de précisions.

Thèses complotistes et désinformation

Le média en ligne, qui a conservé le nom d’un prestigieux quotidien disparu, est accusé depuis plusieurs années de relayer des thèses complotistes. Mais il avait réussi à conserver son statut de site d’information politique et générale lors du dernier examen de la CPPAP en avril 2021. « La preuve a été apportée de la présence de deux journalistes permanents et quatre pigistes », soulignait alors le ministère de la Culture.

À l’époque, « l’administration était frileuse », craignant de ne pas avoir des arguments suffisamment solides à faire valoir en cas de recours du site, a expliqué à l’AFP une source proche du dossier. Les fondements de cette nouvelle décision n’étaient dans l’immédiat pas connus.

Le retrait de ce statut entraîne notamment la perte d’une exonération fiscale sur les dons, d’un taux de TVA réduit, et complique les démarches pour obtenir une carte de presse. En septembre 2021, Google avait déjà coupé l’accès de FranceSoir à son réseau publicitaire, le privant ainsi d’une partie de ses revenus, après la diffusion d’un reportage sur France 2 intitulé « Fake News, la machine à fric ».

Quelques mois auparavant, Google avait déjà déréférencé FranceSoir de son service Google Actualités et suspendu sa chaîne YouTube. Début septembre 2022, le tribunal de commerce de Paris a débouté Shopper Union, la société éditrice du site FranceSoir, de son recours contre Google.

France-Soir Médias Presse
https://www.huffingtonpost.fr/medias/article/francesoir-n-est-plus-reconnu-comme-un-service-de-presse-en-ligne_210966.html

Utilise-t-on trop souvent le point d'exclamation? | Slate.fr

Sat 19 Nov 2022 - 08:14

Voici comment cette marque de ponctuation a divisé le monde.
exclamation Milennia via PixabayMilennia via Pixabay

Repéré sur The Guardian

Six siècles après son invention, notre cher point d'exclamation alimente toujours autant de controverses. Imaginez quand même qu'une dispute peut débuter sur un simple quiproquo quant à son utilisation. Mais que seraient nos conversations sans cette ponctuation? Probablement ennuyeuses. Tombé en désuétude puis héros de la campagne présidentielle américaine, le «!» n'a jamais cessé de nous surprendre.

Comme le rapporte le Guardian, l'érudit italien Iacopo Alpoleio da Urbisaglia aurait inventé le point d'exclamation vers le milieu du XIVe siècle. Autrefois représenté par une barre inclinée à droite sous laquelle deux points étaient dessinés, ce signe grammatical symbolisait l'admiration. En 1611, soit 300 ans après sa conception, le lexicographe Randle Cotgrave a certes défini le «!» comme une incarnation de l'admiration, mais également de la détestation. Cette ponctuation était la première à traduire des sentiments.

Pourtant, en 1920, le point d'exclamation a disparu des radars et n'a plus figuré que dans la propagande politique et la publicité. «!» a patiemment attendu son heure jusqu'à l'apparition de son véritable foyer: internet, avec ses pièges et ses promesses de communication rapide et facile. Mais, surprise: témoin de notre spontanéité, allégresse ou mécontentement, le point d'exclamation est devenu clivant.

Les baby-boomers perçoivent un message ponctué de ce signe comme criard, tandis que les millennials interprètent un manque de points d'exclamation comme de la mauvaise humeur. Les membres de la génération Z évitent quant à eux la controverse en préférant intégrer des émojis à leurs conversations.

En 2014, certains se sont même demandés si cette ponctuation n'avait pas atteint son pic d'utilisation, spéculant qu'elle deviendrait bientôt désuète. Ces derniers avaient tort. Ils étaient loin de se douter de la venue prochaine d'un personnage qui allait se présenter à l'élection présidentielle des États-Unis: Donald Trump, alias le grand roi MAGA.

À utiliser avec modération

La palme du plus grand crieur sur les réseaux sociaux revient, bien sûr, à (roulement de tambours) l'ex-président américain. Depuis ses débuts sur Twitter en 2009 jusqu'à la suspension de son compte onze ans plus tard, Donald Trump s'est livré à une véritable surenchère du point d'exclamation. 33.000 «!» en douze ans. Selon le site de données statistiques FiveThirtyEight, 60% de ses tweets en contenaient au moins un. Le Républicain a même établi son record personnel à quinze «!» d'affilée. Il serait parfois utile de rappeler qu'il n'y a pas que l'alcool qui doit être consommé avec modération.

Cette utilisation excessive n'est cependant peut-être pas qu'un simple coup de folie, mais un véritable coup de maître. Le «!» active le système d'alarme de notre cerveau: nous prêtons davantage attention aux messages en comportant. Pour le démontrer, le logiciel d'analyse marketing TrackMayen a examiné 1,5 million de messages Facebook de 6.000 grandes marques, et a constaté que les posts contenant au moins un point d'exclamation suscitaient trois fois plus d'interactions.

L'utilisation excessive de ce signe a même impacté l'enseignement. En 2016, l'Éducation britannique a émis une directive pour faire échouer aux examens les élèves qui ne l'utilisaient pas de manière appropriée. L'idée était de bannir tout abus d'usage avant que ce trop-plein d'exclamations ne devienne –ce que le dictionnaire urbain appelle– la bangorrhée, c'est-à-dire l'écriture abusive de cette ponctuation.

Aujourd'hui, l'image du «!» en tant que vecteur de bonnes nouvelles se démocratise et équivaut de plus en plus à un sourire. Alors saupoudrez vos messages d'un, de deux voire de trois points d'exclamation si vous êtes particulièrement enthousiaste. Mais par pitié, pas quinze.

langue ponctuation écrire
https://www.slate.fr/story/236456/point-exclamation-signe-interpretations-sms-reseaux-sociaux-trump-ponctuation

L'indécision est une forme d'intelligence | Slate.fr

Thu 17 Nov 2022 - 07:38

À condition de ne pas être totalement pétrifié au moment de faire le moindre choix.

Si, comme Chidi Anagonye dans la série The Good Place, vous vous sentez incapable de prendre la moindre décision, rassurez-vous: contrairement au personnage incarné par William Jackson Harper, votre indécision ne devrait pas vous nuire outre mesure.

Cette inaptitude à choisir est souvent en lien avec des problèmes d'anxiété, mais des recherches récentes ont montré qu'elle pouvait avoir de bons côtés. Elle protège par exemple de certaines erreurs cognitives (dont les biais de confirmation), et les décisions sur lesquelles elle finit un jour ou l'autre par déboucher sont souvent plus sages, car elles sont le fruit de longues réflexions ayant permis de peser le pour et le contre de la façon la plus exhaustive qui soit.

Finalement, ce qui manque aux personnes trop indécises, c'est simplement la petite impulsion qui leur permettra de se lancer au bon moment plutôt que de s'engluer dans une inertie pouvant finir par être pesante –tant pour elles que pour leurs proches.

D'après les recherches menées à l'université allemande de Dresde par la doctorante Jana-Maria Hohnsbehn et la professeure de psychologie sociale Iris Schneider, les personnes les plus hésitantes sont bien celles qui prennent les décisions les plus sensées, et qui (se) posent les meilleures questions.

Décisions et émotions

Ceci s'explique par le fait qu'au lieu de se donner bonne conscience en s'auto-convainquant que la décision qui les tente est la meilleure, les indécis auront au contraire tendance à aller fouiller du côté des autres possibilités qui se présentent, et à imaginer en permanence que le chemin qu'ils s'apprêtent à ne pas emprunter est peut-être le meilleur. Cela les rend également plus ouverts, puisqu'ils auront ainsi pris le temps de s'imprégner d'opinions contradictoires et d'expériences variées.

Faire preuve d'indécision favorise, nous l'avons dit, l'intelligence décisionnelle, mais aussi l'intelligence émotionnelle: en effet, toujours d'après les études allemandes, les individus qui peinent à se décider se distinguent positivement par leur aptitude à éviter les biais de correspondance, ce travers consistant à attribuer tout échec à une personne au lieu de prendre aussi en compte le contexte de celui-ci.

L'indécision est donc plutôt une bonne chose, à condition de savoir se jeter du plongeoir tôt ou tard.

une bonne règle de décision consiste à choisir l'action qui représente le changement plutôt que le statu quo. - Steven Levitt, économiste américain, coauteur du best-seller Freakonomics

Opter pour le changement serait souvent plus fructueux, ce qui n'empêche pas de commencer par réfléchir longuement avant de pencher définitivement pour cette alternative.

indécision
https://www.slate.fr/story/236336/indecision-intelligence-biais-correspondance-confirmation

L’Éducation Nationale officialise l’arrêt du déploiement d’Office 365 et de Google for Education dans les écoles

Wed 16 Nov 2022 - 09:20

C’est par l’intermédiaire d’une réponse à une question écrite du député Modem Philippe Latombe que le ministère de l’Éducation Nationale officialise publiquement l’arrêt dans les établissements scolaires du déploiement ou extension de Microsoft Office 365, « ainsi que celle de Google, qui seraient contraires au RGPD ».

À l’origine, Philippe Latombe pointait dans sa question que l’offre gratuite de Microsoft « s'apparente à une forme ultime de dumping et à de la concurrence déloyale. Il semble par ailleurs qu'aucun appel d'offres n'ait eu lieu ».

Dans sa réponse, le ministère explique que les offres gratuites sont «exclues du champ de la commande publique » même s’il concède qu' « il est vraisemblable que la mise à disposition gratuite des établissements scolaires d'une suite bureautique vise à inciter un public qui aurait été accoutumé à l'utilisation de ces outils à souscrire par la suite à la version payante de son offre ». Mais il affirme avoir informé en octobre 2021 les recteurs de région académique et d'académie de la doctrine « cloud au centre » du gouvernement et des positions de la Dinum et de la CNIL sur le sujet.

Perfidement, la réponse du ministère souligne aussi que le code de l’éducation prévoit que ce sont les collectivités territoriales (les communes pour les écoles, les départements pour les collèges et les régions pour les lycées) qui doivent assurer « l'acquisition et la maintenance des infrastructures et des équipements, dont les matériels informatiques et les logiciels prévus pour leur mise en service, nécessaires à l'enseignement et aux échanges entre les membres de la communauté éducative sont à [leur] charge ».

Google Microsoft RGPD Éducation-Nationale
https://www.nextinpact.com/lebrief/70378/leducation-nationale-officialise-larret-deploiement-doffice365-et-google-for-education-dans-ecoles

"On va enfin nous croire !" : les victimes du Levothyrox saluent la mise en examen de Merck pour "tromperie aggravée"

Wed 19 Oct 2022 - 22:02

"On va enfin nous croire !" : les victimes du Levothyrox saluent la mise en examen de Merck pour "tromperie aggravée"

La filiale française du laboratoire pharmaceutique allemand Merck a annoncé mercredi sa mise en examen pour "tromperie aggravée" dans l’affaire du changement de formule du Levothyrox, médicament conçu contre les problèmes de thyroïde.

Article rédigé par Mathilde Lemaire Radio France Publié le 19/10/2022 16:16

Un nouvel épisode dans la sage pharmaco-judiciaire du Levothyrox : la filiale française du laboratoire pharmaceutique allemand Merck a annoncé mercredi 19 octobre dans un communiqué sa mise en examen pour "tromperie aggravée" dans le dossier du changement de formule du Levothyrox, ce médicament conçu contre les problèmes de thyroïde. Cette décision est liée aux "modalités d'information mises en place au moment de la transition de l'ancienne à la nouvelle formule en 2017", précise l'entreprise dans un communiqué.

Mise en examen de Merck : "C'est un satisfecit", mais pas "une victoire", réagit l'avocat de plaignants Christophe Lèguevaques

Le laboratoire Merck est mis en examen pour "tromperie aggravée" : une tromperie sur une marchandise entraînant un danger pour la santé de l'homme ou de l'animal. La juge d'instruction du pôle santé du tribunal judiciaire de Marseille a décidé de cette mise en examen après l'audition mardi du patron de Merck France. Il est reproché à la filiale française du laboratoire allemand de ne pas avoir informé les patients – et pas suffisamment les médecins – que le changement de formule du Levothyrox allait occasionner des troubles chez certains malades, obligés quotidiennement de prendre ce traitement vital et non substituable. En 2017, Merck avait le monopole en France sur cette molécule.

A ce stade, il n'y a pas de mise en examen pour "homicide" ni pour "blessures involontaires" pour Merck, alors que l'enquête ouverte depuis 2018 au pôle santé du tribunal judiciaire de Marseille l'est bien pour ces motifs.

Pour les victimes, l'espoir d'un procès

Cette mise en examen de Merck est une satisfaction pour les milliers de victimes du Levothyrox. La justice travaille depuis des années dans l'ombre et c'est le signe pour les victimes que les choses avancent : c'est l'espoir d'un possible procès un jour. Quelque 31 000 personnes ont déclaré souffrir d'effets secondaires à cause de la nouvelle formule du Levothyrox, en particulier des femmes de plus de 50 ans : fatigue extrême, douleurs dans les membres, maux de tête, vertiges, pertes de cheveux, dépressions lourdes parfois jusqu'au suicide.

Sylvie Chéreau avait fondé le tout premier collectif de victimes du Levothyrox, à une époque où on répondait aux malades que ce qui était en train de se produire était seulement un "emballement psychologique", une hystérie infondée émanant des réseaux sociaux. En apprenant la nouvelle de cette mise en examen, elle confie à franceinfo avoir "exulté de joie". "En arriver à une mise en examen, ça veut dire que le dossier est fondé. C'est une grande porte qui s'ouvre. Ouf ! On va enfin nous croire ! Ce sont des victimes qui se disent : cinq ans ont passé, et enfin aujourd'hui peut-être qu'il y a une lueur d'espoir sur la vérité. J'irai jusqu'au bout, je ne lâcherai pas, parce que moi, j'ai cru mourir avec ce médicament."

Même satisfaction pour Marie-Odile Bertella-Geffroy, avocate au barreau des Hauts-de-Seine en charge de plus de 3 000 patients dans cette affaire du Levothyrox et ancienne juge d’instruction au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Paris. "Les victimes n'espéraient plus après cinq ans. C'était vraiment long. Ce qui va venir ensuite – j'espère – ce sont des mises en examen pour 'blessures involontaires et homicides involontaires'."

Au titre du contrôle judiciaire, la juge a obligé mardi Merck à provisionner 11,3 millions d'euros en perspective d'un éventuel jugement, si le laboratoire devait payer une amende et des dommages et intérêts. Cette provision est de 4,3 millions d'euros pour une caution et 7 millions d'euros pour une garantie bancaire.

Merck déjà condamné au civil

Cette mise en examen intervient dans le volet pénal de cette affaire Levothyrox. Au civil, la justice a déjà tranché en faveur des malades. Indépendamment de cette procédure pénale, Merck doit déjà indemniser 3 300 patients dont le préjudice moral a été reconnu en 2020 devant la justice civile. Le groupe a tenté tous les recours jusque devant la Cour de cassation mais son pourvoi a été rejeté en mars dernier. La condamnation est donc définitive et on sait que d'autres patients intentent les mêmes poursuites au civil dans de nombreuses régions de France.

De son côté, Merck souligne dans son communiqué que "cette mise en examen ne concerne en aucun cas la qualité de la nouvelle formule du Levothyrox". Selon l'avocat de Merck au pénal, maître Mario Stasi, "la juge a écarté les infractions les plus graves – blessures et homicides involontaires et mise en danger de la vie d'autrui – pour ne retenir que des manquements dans le plan de communication."

lévothyrox
https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/droit-et-justice/on-va-enfin-nous-croire-les-victimes-du-levothyrox-saluent-la-mise-en-examen-de-merck-pour-tromperie-aggravee_5427343.html
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