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 La revue de web de Kat

Avec l'Oulipo, les mots sont un jeu depuis 50 ans | Slate.fr

Wed 7 Jun 2023 - 23:29

Par Jean-Marc Proust — 24 novembre 2010

Le 24 novembre 1960, Raymond Queneau et François Le Lionnais fondaient l'Oulipo. Le principe: établir des contraintes formelles, puis de les traduire sous forme de textes. Une idée: la rigueur devient source de créativité.

Mettre la langue sous corset pour faire jaillir l’imaginaire? Sur le principe de la contrainte littéraire, l'Ouvroir de littérature potentielle, l'Oulipo, crée depuis 50 ans des textes à part. Ses membres les plus célèbres –Raymond Queneau, Italo Calvino, Georges Perec– sont morts, mais le groupe continue à écrire sous contrainte: littérature, mathématiques et fantaisie sont les règles. Et le résultat –un jeu avec les mots savant et joyeux– séduit de plus en plus. Comme Umberto Eco, nombreux sont les «Monsieur Jourdain faisant de l'Oulipo sans le savoir». Retour sur une aventure littéraire hors normes.

Au début étaient le Verbe et le théorème

Le 24 novembre 1960, Raymond Queneau et François Le Lionnais fondent l'Oulipo. L'un est écrivain, rendu célèbre un an auparavant par Zazie dans le métro, l'autre est ingénieur –il a écrit un livre sur Les Nombres remarquables. Et ça tombe bien car l'Ouvroir de Littérature Potentielle se situe au croisement des mathématiques et de la littérature. Avec l'Oulipo, la rigueur devient source de créativité. Il s'agit d'établir des règles, des contraintes formelles, puis de les traduire sous forme de textes. Premier exemple avec Exercices de style, (1947) dans lequel Queneau écrivit la même histoire de 99 manières différentes. En 1961, il publie Cent mille milliards de poèmes, un petit ouvrage de dix sonnets dont chaque strophe est découpée pour pouvoir se combiner aux autres. Hum… la meilleure des explications reste une photo:

Il s'agit de la version polonaise via Wikimedia Commons / awersowy CC License byIl s'agit de la version polonaise via Wikimedia Commons / awersowy CC License by

Ainsi, explique l'auteur, «le lecteur peut composer 1014 sonnets différents, soit cent mille milliards». Et la lecture de l'ensemble atteint des proportions inconcevables:

«En comptant 45 secondes pour lire un sonnet et 15 pour changer les volets, à 8 heures par jour, 200 jours par an, on a plus d'un million de siècles de lecture, et en lisant toute la journée 365 jours par an, pour 190.258.751 années plus quelques plombes et broquilles (sans tenir compte des années bissextiles et autres détails).»

De la poésie, des mathématiques et du jeu: tout l'Oulipo est déjà là. Avec cet enjeu de la participation active du lecteur: «Comme l'a bien dit Lautréamont, la poésie doit être faite par tous, non par un.» D’emblée, les «poètes scientifiques» que sont les membres de l'Oulipo se fixent pour ambition d’explorer les contraintes du langage. Avec un credo: ces contraintes favorisent la créativité. Que le résultat soit abscons, iconoclaste, qu'il ressemble (souvent) à des blagues de potache ou des écrits scientifiques, il laisse rarement indifférent.

Coopté en 1967, Georges Perec donne bien vite au mouvement quelques-uns de ses plus beaux fleurons. Avec La Disparition (1969), il signe un premier tour de force: quelque 300 pages écrites sans la lettre «e», lettre disparue. Cette contrainte répond au doux nom de lipogramme. Avec Les Revenentes (1972), titre volontairement fautif, il s'impose la règle inverse: «e» sera la seule voyelle. Cette contrainte, indiquent les puristes, est celle du monovocalisme. Dans La Vie mode d'emploi (1978), roman –ou plutôt romans comme le précise le sous-titre–, «il travaille à partir du carré eulérien d'ordre 10, une énigme résolue par des mathématiciens en 1958, explique Olivier Salon. Le roman n'existe que parce que cet objet a été trouvé. C'est un roman extrêmement contraint bien qu’il ne soit nul besoin de connaître le carré eulerien pour le lire!». Le cahier des charges est fascinant. Georges Perec déplace son lecteur dans cet immeuble en utilisant les mouvements du cheval d'un jeu d'échecs. Par un mouvement calculé, le cheval explorera toutes les cases de ce damier qui en compte 100, sans jamais repasser par l'une d'entre elles. Chaque chapitre (appartement, pièce, couloir) devra faire figurer «42 objets obligatoires à insérer de force». Aujourd'hui encore, les fans de Perec n'en finissent pas de découvrir des significations cachées dans ce roman protéiforme. Champion olympique du jeu avec les mots, Georges Perec écrivit également un palindrome (phrase ou mot se lisant indifféremment dans les deux sens) de... 1.247 mots.

Autre auteur fameux, Italo Calvino épousa souvent les contraintes oulipiennes. Si par une nuit d'hiver un voyageur est un roman composé de... débuts de roman, organisé savamment à partir du carré sémiotique de Greimas (on reprend son souffle…). Secrétaire définitivement provisoire et secrétaire provisoirement définitif de l'Oulipo, Marcel Bénabou s'applique «à reverdir le langage cuit» (selon l'expression de Robert Desnos) que sont les dictons, proverbes ou citations, forcément figés, pour… en créer d'autres. Paul Fournel s’attacha à la «contrainte du prisonnier», laquelle consiste à écrire sans les lettres qui «dépassent» en haut ou en bas, pour gagner de la place sur un papier dont ledit prisonnier doit faire l'économie: «Ni P, ni Q, ni F.... incarcérés, nous écrivons sur une rame économisée au maximum...» Hervé Le Tellier détourne le Pater noster du côté du métro: «Notre Auber qui êtes Jussieu…» Chez les Oulipiens, la contrainte est parfois expliquée, parfois non. Parfois imperceptible, parfois visible, comme dans ce poème de Jacques Bens:

A

la

mer

nous

avons

trempé

crûment

quelques

gentilles

allemandes

stupidement

bouleversées.

Hors Oulipo, il faut signaler quelques absences: Boris Vian, Julio Cortázar, Umberto Eco, Jean Tardieu, Michel Leiris... Sans aucun doute, Boris Vian aurait été un oulipien de la première heure. L'Oulipo n'est-il pas issu du Collège de Pataphysique dont il était l'initiateur? Hélas, il mourut en 1959, un an trop tôt. Cortázar, lui, refusa d'entrer à l'Oulipo, qui l'avait pourtant coopté. Pour ce communiste irréductible, un mouvement littéraire non politique ne présentait, semble-t-il, pas assez d'intérêt. Quant à Umberto Eco, se présentant comme un «Monsieur Jourdain faisant de l'Oulipo sans le savoir», il suit les travaux du groupe mais sans entrer dans le cercle, affirmant qu'il «n'y a pas d'art sans contrainte».

Plagiaires par anticipation

Né en 1960, l'Oulipo revendique quelques héritages. Les précurseurs sont aimablement qualifiés de plagiaires par anticipation. A commencer par les Grands Rhétoriqueurs, des poètes du XVe siècle, à qui l'Oulipo emprunte la contrainte et... l'ouvroir, ce lieu clos où les moines se retiraient pour cogiter. Nul hasard donc si l'Oulipo, au moins à ses débuts, ressemble à une société secrète. Parmi les précurseurs, il faut aussi signaler... Jean-Sébastien Bach. Dans l'Art de la fugue ou la Passion selon Saint-Mathieu, il utilise un thème reprenant les lettres de son nom, qui sont aussi en notation allemande des notes de musique (BACH: Si bémol - La - Do - Si bécarre). De nombreux compositeurs lui rendront hommage de la même manière.

D'autres emprunts sont revendiqués. S’appuyant sur les poèmes-calembours de Franc-Nohain écrits en 1894 (Inattentions et sollicitudes), tel celui-ci:

Appétit vigoureux, tempérament de fer,
Member languit, Member se meurt – ami si cher,
Qu'a Member?

L'Oulipo crée une théorie des sollicitudes et compose des vers se terminant par des jeux de mots similaires (Qu'a mis Kaze? Qu'ont tes nerfs? Mais qui lit Mandjaro? Donc qu'a Millot?) où l'on retrouve, évidemment, un brin de mathématiques:

Il donne le tournis, ce diable de л,
Demi-tour du tour au rayon, sans répit,
Oh, qu'a л?

«Mam‘zelle Gibi / m’traite d’abruti/ Qu’a Gibi?» En composant l'Ami Caouette, Serge Gainsbourg s'en souviendra.

Excusés pour cause de décès

Aujourd’hui, la contrainte oulipienne semble s’être démocratisée. Sur les tracts, dans les publicités, les titres de journaux ou de films, le jeu avec le langage est monnaie courante. L’on ne résiste pas à évoquer ce sketch des Monty Pythons où Eric Idle s’exprime en anagrammes.

La plupart de ces emprunts «sont basés sur des jeux de mots, observe Marcel Bénabou. Mais il s'agit plus souvent d'un clin d'œil que d'une véritable contrainte. On a parfois l'impression que les Oulipiens s'amusent à faire des jeux de mots. C'est tout à fait exact mais ce n'est pas que cela. Nous explorons le langage, les virtualités du langage pour écrire». Même constat chez Olivier Salon: «L’Oulipo reste un laboratoire de recherche.» Sans doute est-ce pour cela que, vu de l'extérieur, l'Oulipo ressemble parfois à une secte, avec des règles, particulièrement strictes, ou joyeusement absurdes. On y entre par cooptation, à l'unanimité des membres. Faire acte de candidature est le meilleur moyen de n'être jamais coopté:

«Nul ne peut se porter candidat.»

Certains, pour l’avoir oublié, ne seront jamais oulipiens. De même, un refus est considéré comme définitif. En outre, l’Oulipo coopte ses membres de manière malthusienne. «Queneau estimait qu'au-delà de 10 personnes, on ne peut pas travailler sérieusement autour d'une table», explique Marcel Bénabou. Le cercle compte aujourd’hui compte 37 membres, dont 12 17 sont… morts. Car, une fois entré, on est oulipien à vie et même au-delà. Aussi, après leur disparition, les membres sont-ils «excusés pour cause de décès» s’ils manquent une réunion. Et il n'existe qu'un seul moyen de quitter l'Oulipo: se donner la mort en présence d'un huissier à qui on indiquera fermement que telle est la raison du suicide. Ces règles étaient voulues par Queneau «en réaction au mode de fonctionnement des Surréalistes qui passaient leur temps à s'exclure», indique Jean-Claude Guidicelli, réalisateur du documentaire L’Oulipo, mode d’emploi. Au début, les réunions sont quasi-clandestines. Aujourd’hui encore, elles restent réservées aux membres. Autour d’une bonne table s’organise un rituel immuable. «L’ordre du jour est découpé en trois temps, explique Olivier Salon: création –l’idée d’une nouvelle contrainte, rumination –on évoque une idée en germe, érudition –lectures, références…» Si la partie créative ne suscitait aucune idée, la réunion serait immédiatement annulée. Mais «ce n’est jamais arrivé…»

La notoriété s’est accrue. Longtemps indifférente, l'Université abonde désormais en travaux consacrés à l'Oulipo. Du lycée au primaire, l'audience de l'Oulipo ne cesse de s'élargir. «Chez beaucoup d'enseignants, il y a un amour réel de l'Oulipo», se réjouit Marcel Bénabou; et l'utilisation des contraintes fait désormais partie du champ pédagogique. Le temps est révolu où, à Rosay-en-Brie, en 1974, un professeur faisait scandale pour avoir dicté à ses élèves un extrait de Zazie dans le métro, suscitant un déluge de plaintes parentales (2)… Depuis les années 1990, l’Oulipo s’ouvre aussi à ses admirateurs avec des lectures publiques, la participation à des colloques ou conférences, ou des représentations théâtrales. Si le cercle des oulipiens est restreint, l'aventure s'est élargie et diversifiée. L'Italie dispose d'un Opificio di Letteratura Potenziale. Mieux, avec le phénomène de l’Ou-X-Po., toute activité peut désormais disposer de son ouvroir pour explorer ses potentialités. Voici un Oubapo (ouvroir de bande-dessinée potentielle, où s’illustre par exemple Lewis Trondheim), un Oulipopo (littérature policière), un Ouarchpo (architecture)... Le web a élargi le cénacle des aficionados. «Il y a sur internet un phénomène assez curieux, constate Marcel Bénabou: des quantités de sites se réclament de l'Oulipo. Il y a aussi une liste Oulipo, constituée d'admirateurs qui échangent entre eux des travaux sous contrainte, en ayant recours aux outils informatiques.»

Après la mort de Perec, champion olympique de la contrainte, la question de la survie de l'Oulipo avait été posée. Puis, de nouveaux membres entrèrent dans le cercle, un groupe aux allures de «famille». Car il s'agit d'un «groupe et non d'un mouvement littéraire. Un mouvement littéraire meurt avec ses fondateurs. C'est le cas du Surréalisme, du Nouveau roman... Or, l'Oulipo vit toujours», observe Jean-Claude Guidicelli. «Ce qu'on a en commun, c'est un rapport au langage, observe Marcel Bénabou. Les membres du groupe ne sont pas tenus à l'obéissance à l'égard d'un maître, (comme ce fut le cas pour le surréalisme), ni au respect d'une doctrine littéraire. Il n'y a pas d'enjeu dogmatique entre nous.» Pas de concurrence non plus, tant les œuvres des oulipiens sont différentes. Le cercle ou la famille continue donc à se réunir, à explorer, à remplir sa «fonction essentielle qui est d’inventer des formes littéraires», conclut Olivier Salon. Raymond Queneau et François Le Lionnais peuvent donc tranquillement continuer à se faire excuser pour décès.

langue
https://www.slate.fr/story/30693/oulipo

Le français va bien, merci (mais c'est un point de vue) | Slate.fr

Wed 7 Jun 2023 - 23:24

Des linguistes s'attaquent à l'Académie française et aux discours affirmant que notre langue va mal, saluent les écritures inclusives et prônent l'équivalence de l'oral et de l'écrit. Une mise au point salutaire mais paradoxale.

Il existe plusieurs manières d'aborder une langue: l'approche descriptive (on observe et on relate) se distingue de l'approche normative (on fixe des règles et on corrige les écarts). L'Académie française penche invariablement vers le normatif, tandis que les linguistes tendent au descriptif, plus neutre d'un point de vue scientifique.

Mais ces approches complémentaires peuvent devenir des oppositions franches à la vue d'un point médian ou d'un SMS –pardon, d'un texto–, bourré d'emojis et d'abréviations. Est-ce Molière qu'on assassine?

Molière, français langue étrangère

Pas vraiment, rappellent des linguistes dans Le français va très bien, merci, car la langue de Molière –«expression commode»– n'est pas la nôtre. En effet, nous ne la lisons pas «dans la graphie d'origine». «Si on le faisait, on découvrirait des signes étranges pour nous, comme le tilde au-dessus de la voyelle pour indiquer qu'elle est nasale: “nous voyõs”. “Moi” s'écrivait “moy” et “français”,“françois”, prononcé “fransoué”. Eh oui, la prononciation aussi a changé. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter les lectures reconstituées par Benjamin Lazar sur YouTube. La fameuse “langue de Molière” y apparaît presque comme une langue étrangère.»

Cette mise en garde est salutaire: essayez donc de lire Rabelais ou Montaigne en VO… Idéaliser une langue prétendument figée est illusoire. Et l'imposer, plus encore. Molière lui-même en riait dans Les Femmes savantes. Et c'est pourtant ainsi qu'une langue s'enseigne.

Qui plus est, le français se parle bien au-delà de nos frontières. Or, en dépit de cette «hétérogénéité», l'enseignement de notre langue repose sur des choix, qui conduisent à «UN français artificiellement épuré» dans lequel on privilégie «“j'appris”, le passé simple, mais pas “j'ai eu appris”, le passé surcomposé; “quatre-vingt-dix”, mais pas “nonante”».

Dans leur tract, les linguistes déplorent ces choix normatifs qui président à l'enseignement des langues en plaidant pour une «éducation plurilingue». L'on s'affranchirait ainsi de «la culture de la norme unique forgée par Paris» pour donner davantage de place à la francophonie et aux langues régionales.

Et voici un premier paradoxe.

Comment ne pas approuver telle proposition, synonyme d'enrichissement de l'apprentissage? Mais comment conjuguer cette difficulté supplémentaire au moment où, déjà, l'enseignement du français pose de nombreux problèmes? Les linguistes atterrées suggèrent une forme de complexité tout en en récusant d'autres: ainsi de l'orthographe, dont il faudrait cesser de faire un «outil de sélection» en autorisant «les correcteurs automatiques aux examens comme les calculatrices en maths ou en physique».

L'orthographe, stigmatisante et ludique

L'orthographe justement. Objet de fascination ou de répulsion. Au moment où «la plus grande dictée du monde a rassemblé 1.397 participants sur les Champs-Élysées» dimanche 4 juin, les linguistes balaient cet engouement d'un expéditif: «Des “fautes” d'aujourd'hui deviendront sans doute la norme en 2050.» Écrit au format «réforme de 1990», à la fois «mise à jour» et «rationalisation» qui ne «mettent pas la langue en danger», le tract ignore les accents circonflexes mais autorise une «gageüre», préfère «weekend» à «week-end».

Citant Paul Valéry, selon qui l'orthographe française va du «cocasse» à l'«absurde», il pointe avec gourmandise l'évolution de la langue, «une succession d'ajustements» et beaucoup d'incongruités:

«“Dompter” vient du latin domitare, qui ne contient pas de p.»
«“Posthume” n'a rien à voir avec humus (sinon que son orthographe fait penser à enterrer), il dérive du latin postumus, superlatif de posterus. Le “h” n'a donc pas de raison d'être.»
«“Aspect”, “respect”, “suspect”ont gardé de leur origine un “c” muet. Mais pas “objet”, “préfet”, “projet”, “sujet”, “rejet”.»

Rien de cohérent, donc. Estimant qu'il «est devenu pratiquement impossible d'écrire sans faire aucune faute», les linguistes préconisent d'autres mesures de simplification (adieu «oignon», bienvenue «ognon»). Assurément populaire depuis que Bernard Pivot l'a mise en scène à la télé, la dictée reste source d'angoisses pour nombre d'élèves.

«Si notre orthographe ne parvient pas à faire peau neuve, c'est parce qu'elle est devenue un marqueur social extrêmement puissant.» Marqueur générationnel et marqueur culturel plutôt que social, car la dysorthographie touche toutes les catégories sociales.

Par-delà les querelles qu'elle génère, la simplification, voire la démocratisation de l'orthographe ou de la grammaire nous fait passer du descriptif au normatif. Il s'agit de décisions tout aussi arbitraires que celles qui ont prévalu aux siècles passés. Favoriser l'apprentissage et éviter les discriminations: la position se défend aisément. Elle est pourtant peu cohérente au regard d'autres propositions contenues dans le tract: donner davantage de place aux variantes francophones, intégrer l'écriture inclusive. Car, là, il n'est plus du tout question de simplifier.

Inclusive Cerfa ou oulipienne?

«Si l'on réenseignait l'accord de proximité en français à côté de l'accord au masculin pluriel? Si l'on continuait à tester des techniques pour exprimer le genre, puisque seules les plus plébiscitées resteront en usage?» «Né au début du XXIe siècle, le néopronom iel, comme d'autres innovations récentes (ellui, celleux, toustes) permet de garder l'indétermination; créé au départ pour désigner une personne non-binaire, iel évolue vers un emploi générique (surtout au pluriel).»

De telles propositions ont l'avantage de faire sortir du bois les réacs de toutes obédiences et les «amoureux de la langue» que récuse la linguiste Julie Neveux, s'exprimant au micro de France Inter. Est-ce assez pour les légitimer? Et, surtout, faire fi de la complexité nouvelle qu'elles entraînent? Pourquoi simplifier ici pour complexifier ailleurs? Le descriptif laisse place à un normatif revendiqué, celui d'une langue qui porte un combat politique, avec son cortège de «néographies».

Dans un média –surtout quand il en a préconisé l'usage–, l'écriture inclusive est forcément désirable. Or, le tract, qui y consacre un chapitre, se borne à en faire une technique.

«Pour favoriser le sens générique, les doublets de type “Françaises, Français” ou la parenthèse utilisée sur les documents officiels à la fin du XXe siècle (“né(e)”, “domicilié(e)”) ne semblaient pas gêner grand monde. Le terme “écriture inclusive” désigne parfois toutes ces techniques ou bien, par restriction, un seul procédé d'abréviation, permettant d'éviter les doublets et de gagner de la place: les étudiant.e.s, étudiant-e-s ou étudiant·es abrégeant les étudiants et étudiantes. »

C'est bien là le problème. Si l'écriture inclusive a la beauté d'un formulaire Cerfa, elle ne servira qu'à complexifier la langue, j'allais écrire: l'enlaidir –mais c'est là un jugement subjectif. À cet égard, et c'est bien démontré, l'accord dit de voisinage ou de proximité est nettement plus séduisant –et probablement plus facile à apprendre car «on ne dit pas “certains régions et départements”». L'évidence.

Pour ma part, l'écriture inclusive est séduisante lorsqu'elle devient un exercice de style, une contrainte oulipienne. Mieux encore: qu'elle soit indiscernable à première vue, pour mieux duper le lectorat rétif (comme cet article par exemple). Car la langue est aussi un jeu, un plaisir, une joie et tout cela semble ici oublié.

Choisis ton camp, camarade linguiste!

C'est là l'ultime paradoxe de ce tract, pourtant stimulant. Le plaisir de la langue y est étonnamment absent, alors qu'il a été rédigé par des personnes qui ont choisi de lui consacrer leur vie professionnelle. Comme le sujet est politique, ces textes écartent tout ce qui fait la saveur de la langue: ses difficultés, ses surprises, ses exceptions.

La notion de jeu (et l'apprentissage peut être ludique) est absente. L'exception est stigmatisée, la difficulté repoussée. La littérature? Disparue. Absents, le rire ou l'émerveillement que procurent une blague, un jeu de mots, une tournure maladroite ou subtile. Comme si la langue, ce bien commun utilisé et malmené par n'importe qui, ne devait être «envisagée (que) de façon scientifique». En nous déniant le plaisir de regarder des étoiles filantes sans rien comprendre à la physique.

En revanche, des évolutions sont proposées qui ne vont pas toutes dans le sens d'une facilité accrue. Sous couvert de neutralité scientifique, c'est une vision de la langue qui est proposée et qui mérite d'être discutée. Il suscitera des colères conservatrices et ravira les apôtres d'une écriture débarrassée de sa pesanteur patriarcale. Il nourrira un débat sans cesse recommencé et toujours passionné. Il permettra d'illustrer le slogan (pardon) de Roland Barthes: la langue est «fasciste, car le fascisme, ce n'est pas d'empêcher de dire, c'est d'obliger à dire».

En attendant que ces linguistes atterrées parviennent à s'installer sous la coupole du Quai Conti. Car, oui, évidemment, ce tract n'oublie pas de cocher quelques cases corporatistes: «Et si l'Académie française élisait pour moitié des linguistes, en s'inspirant de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique?» Chiche?

langue
https://www.slate.fr/story/247856/le-francais-va-bien-merci-linguistes-atterrees-gallimard-livre-reflexion-langue-orthographe-grammairiens-academie-francaise

Non, les gens du Moyen Âge n'étaient pas sales et ignorants | Slate.fr

Fri 26 May 2023 - 22:44

L'image que l'on a des médiévaux est fausse.

Repéré sur National Geographic

Les gens se lavaient-ils? Croyaient-ils que la Terre était plate? Les anglophones nomment cette période «l'Âge sombre», notamment à cause des clichés persistants sur une population arriérée, violente et désespérément superstitieuse.

Pourtant, la réalité de l'Europe médiévale est bien différente. National Geographic déconstruit quatre mythes autour de cette période, afin d'exposer les véritables conditions de vie de nos ancêtres.

Lorsqu'on évoque le Moyen Âge, on a tendance à croire que les médiévaux manquaient cruellement d'hygiène. Bien qu'il ait fallu attendre le XIXe siècle pour que l'on s'intéresse aux maladies et à ce qui les provoque, l'image d'une population sale qui ne se lave pas est erronée. En Europe, les gens adoraient prendre des bains. Ils fabriquaient eux-mêmes leurs savons et se lavaient parfois même en public.

Il avaient également des rituels élaborés pour se laver les mains, en particulier dans la sphère aristocratique. Les paysans aussi se les lavaient, mais les nobles utilisaient de somptueux lavabos pendant que des ménestrels leur chantaient la sérénade. Les historiens modernes suggèrent que la pratique s'est essoufflée, ironiquement, au XVIe siècle (les Lumières), lorsque les fourchettes ont remplacé les doigts pour manger.

Les médiévaux avaient plus de connaissances qu'on ne le croit

Un autre mythe de l'époque persiste: la population «non éclairée» croyait que la Terre était plate et s'inquiétait de voir les navires tomber en arrivant au bout de l'océan. C'est faux. Les gens savaient que la Terre était ronde dès la Grèce antique (du XIIe au IXe siècle avant J.-C.).

Ils possédaient des connaissances astronomiques relativement complexes lorsque Christophe Colomb a découvert l'Amérique en 1492. Alors comment se fait-il que le mythe persiste encore aujourd'hui? C'est la faute de Washington Irving, un écrivain américain du XIXe siècle qui a écrit une biographie de Colomb (apparemment pleine de mythes) si appréciée que l'idée a parcouru les époques.

Une population diversifiée

Les médiévaux ont bon dos. En plus de la théorie de la Terre plate, on les associe à une population en manque de diversité ethnique et exclusivement hétérosexuelle.

Cependant, en 2019, des chercheurs ont analysé l'ADN des os provenant du cimetière de la peste noire à Londres, et ils ont découvert bien plus de diversité que prévu. Sur 41 ossements étudiés, 7 lieux d'origines différentes ont été relevés. Certains avaient des origines africaines et d'autres un double héritage, européen et africain.

Du côté de la sexualité, bien que l'Église catholique ait enseigné l'homosexualité comme étant un péché, les historiens soulignent des preuves de non-conformité de genre et de relations dans les œuvres d'art et la littérature de l'époque. Toutes les femmes n'étaient d'ailleurs pas réduites aux tâches domestiques. Certaines sont devenues des leadeuses de guerre, des scientifiques et des actrices du pouvoir politique.

Enfin, malgré la réputation de l'Âge sombre, la période a permis à l'éducation, à l'art et à la technologie de prospérer. Elle est à l'origine de la création des premières lunettes, du chronométrage mécanique ou encore de la charrue lourde. Ces trois inventions ont mené à la révolution industrielle et au siècle des Lumières. Les cartographes de l'époque ont réussi à créer des cartes d'une précision étonnante et les armes à poudre ont révolutionné la guerre pour toujours.

Moyen-Age
https://www.slate.fr/story/246914/gens-moyen-age-medievaux-pas-sales-ignorants-idees-recues

En visite à Toulon, Jean Castex annonce des changements pour Réseau mistral - Var-Matin

Fri 26 May 2023 - 22:08

Par Amandine Roussel

Ce vendredi après-midi, Jean Castex a joué le jeu (et pas que pour la photo) en pilotant aux côtés du capitaine un bateau-bus. Celui qui est désormais président de la RATP est venu concrétiser la délégation de service public (DSP) accordée à son entreprise par la Métropole.

Une image plutôt insolite. Un ancien Premier ministre aux commandes d’une navette maritime du Réseau mistral. Ce vendredi après-midi, Jean Castex a joué le jeu (et pas que pour la photo) en pilotant aux côtés du capitaine un bateau-bus. Celui qui est désormais président de la RATP est venu concrétiser la délégation de service public (DSP) accordée à son entreprise par la Métropole.

Les objectifs de la RATP

Dans le cahier des charges, TPM a fixé la ligne directrice de l’action de la RATP. "Nous voulons atteindre les 40 millions de voyages annuels dès 2026", rappelle le président de la Métropole, Jean-Pierre Giran. Cela passe par une "amélioration de l’offre de service tant quantitativement que qualitativement", a confirmé Jean Castex.

Dix-sept kilomètres de parcours seront ainsi ajoutés et le but est d’augmenter la fréquentation de 54%. "L’autre grand objectif que nous avons, c’est la transition écologique. Nous devons relever ce défi et faire que l’ensemble du parc soit propre. Cela passe par des bus qui fonctionnent à l’électrique, au gaz et à l’hydrogène", ajoute l’ancien Premier ministre.

Démarrage en douceur

La prise en main du Réseau mistral par la RATP n’est pas (encore) particulièrement visible pour l’usager. Le nouveau délégataire soigne son installation. Seule modification notable: la refonte du site Internet.
Le calendrier des grands changements

Dès septembre, en revanche, la RATP imposera visiblement sa patte. "Nous allons commencer par renforcer les dessertes de Six-Fours et Hyères, ainsi que la ligne 15 sur Toulon. La ligne maritime 8M sera cadencée, on pourra prendre un bateau toutes les 20 minutes", annonce Claudine Schultz, la directrice du Réseau mistral.

Dès 2024, il sera possible de payer directement en carte bleue son bus. "Pour les lignes structurantes, la 1, la 2 (fusion de la ligne 8 et 19 Ndlr) et la 3, on passera à des fréquences de moins de 10 minutes. Elles seront aussi prolongées jusqu’à 22h30." Le maillage du territoire sera également renforcé.

En 2025-2026, c’est le Bus à haut niveau de service (BHNS), qui devrait enfin être mis en service. "L’offre sur les lignes principales sera prolongée jusqu’à minuit. Tout en conservant les nocturnes le week-end", poursuit la directrice.

Et tout cela "sans changement de tarif", ponctue Jean-Pierre Giran.

En chiffres
6 : c’est le nombre d’années que dure la DSP avec la RATP.
511 : c’est en millions le coût de la DSP. Soit un coût moyen de 63 millions par an pour la Métropole.
54 : c’est le pourcentage l’augmentation prévue du trafic d’ici 2026.
17 : c’est le nombre de kilomètres supplémentaires de lignes programmés.

bus Jean-Castex Réseau-Mistral
https://www.varmatin.com/transports/en-visite-a-toulon-jean-castex-annonce-des-changements-pour-reseau-mistral-850392

Comment la Révolution française a réinventé l’école - The Conversation

Thu 25 May 2023 - 19:39

Évoquez autour de vous les débuts de l’école républicaine et aussitôt un nom surgira, celui de Jules Ferry évidemment. Pourtant, c’est près d’un siècle avant les fameuses lois scolaires de 1881-1882 que l’école républicaine fit ses premiers pas, en pleine Révolution française.

École révolutionnaire

À quoi ressemblait-elle, alors, cette première école de la République ? En quoi les expériences scolaires révolutionnaires contribuèrent-elles à façonner la pédagogie moderne et les fonctions que nous prêtons encore aujourd’hui à l’école ? Tentons un retour en arrière, pour mieux saisir la Révolution depuis une salle de classe.

Former les citoyens de demain

9 heures approchent. Des enfants du village, filles et garçons, convergent vers l’école, située tout à côté de l’église et du presbytère, au centre du bourg. Le bâtiment est récent, comme c’est le cas dans un nombre croissant de communes rurales. Il a de larges fenêtres et une salle de classe chauffée par un poêle – la lumière qui circule, l’air qui chasse les miasmes sont d’ailleurs des préoccupations en cette moitié du XVIIIe siècle.

Sur son pourtour, de nombreux bancs ont été installés, certains dotés de tables (pour les élèves qui apprennent à écrire), d’autres sans rien (pour ceux qui apprennent à lire). On dissociait alors les deux apprentissages : la lecture d’abord, l’écriture plus tard. Sur les murs, l’enseignant a accroché des affiches. On peut y lire les lettres de l’alphabet ainsi que des textes – je vous dirai bientôt lesquels. Une pile de petits fascicules imprimés (des abécédaires) attend l’arrivée des enfants.

La scène que nous imaginons se situe en 1793, peut-être au premier semestre 1794. Ce village, nous l’avons fabriqué de toutes pièces, en nous appuyant sur des éléments attestés en ces instants de paroxysmes révolutionnaires. Mais on peut l’incarner davantage, si vous le souhaitez, par un retour au réel. Disons donc que l’on est à Beaumont, en Auvergne, car sur cette école-là on sait beaucoup de choses. L’instituteur y a multiplié les écrits sur son activité. En l’an II, il s’était renommé Quintilien Vaureix – au lieu de Pierre Vaureix – et, à cet instant précis de sa vie, il avait 31 ou 32 ans. Les présentations étant faites, ouvrons la porte de sa classe. Les enfants entrent, ils prennent leurs abécédaires. La suite, laissons-là aux explications de l’instituteur.

Déclaration des droits de l’homme et du citoyenDéclaration des droits de l’homme et du citoyen. Jean-Jacques-François Le Barbier/Musée Carnavalet

Dans la classe de Quintilien régnait un système méritocratique : les places étaient hiérarchisées, et c’est par ses efforts, encouragés par des récompenses civiques, que l’on s’y hissait – point comme autrefois par la fortune des pères. Une fois assis, les élèves de Vaureix commençaient par lire et expliquer la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le texte en était reproduit dans leurs fascicules.

La Révolution, à l’école de Quintilien, c’était aussi celle du langage : l’instituteur avait appris aux enfants à dire le « tu » de l’égalité, le « citoyen » qui remplaçait le « monsieur ». L’usage du français (la langue de la loi) était établi au détriment du patois. Même le temps, ici, avait été révolutionné : l’école était fermée les quintidis et les décadis, ces cinquième et dixième jours de la nouvelle découpe républicaine du temps. Elle était en revanche ouverte les anciens jours de dimanche (il est vrai que Dieu avait été exclu de sa classe par Quintilien).

Faire vivre les enfants en républicains

Les décadis, les enfants de Beaumont devaient assister aux lectures de la loi faites par l’instituteur aux villageois. Ce jour-là, ils devaient aussi – les garçons du moins – participer à de petits exercices militaires pour être prêts, lorsqu’ils seraient adultes, à défendre la République (l’époque était à la guerre et à l’invention du service militaire). Quintilien, enfin, emmenait ses écoliers au club jacobin du village. À vrai dire, il leur avait même organisé un petit club où ils pouvaient débattre entre eux des affaires du temps, voter, élire, pétitionner. Ce que voulait Vaureix, on l’aura compris, c’était que ses élèves agissent en citoyens. Ils étaient 102, filles et garçons, à fréquenter son école, au printemps 1794.

Bien sûr, on n’est pas obligé de croire Quintilien sur parole quand il écrit qu’il faisait ceci, et cela. Pourtant, je vous propose de lui accorder un peu de crédit, car des instituteurs comme Quintilien, il y en avait plus de cent autres. Il y en avait dans chaque ville, chez les institutrices comme chez les instituteurs. Il y en avait aussi dans les campagnes (des instituteurs surtout, car presque pas d’institutrices ici) – du moins y en avait-il dans les communes républicaines du monde rural. Là, l’instituteur s’était trouvé chargé d’accompagner le groupe des habitants dans son choix de la République par des pratiques scolaires nouvelles.

Dans leurs registres, les autorités ont gardé trace de ce républicanisme scolaire. On y lit des Marseillaises chantées à n’en plus finir par des enfants de l’an II, des participations aux fêtes républicaines, des dons pour la défense de la République, des bataillons aux armes de bois pour les garçons, de petits clubs politiques, des textes patriotiques, le refus des châtiments corporels (la sanction des esclaves, non des hommes libres). Et puis l’essentiel : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, celle qui figurait dans les abécédaires des enfants, celle qu’ils récitaient lors des fêtes, celle qui était affichée dans leur classe également.

Enfants jouant la prise de la Bastille. Anonyme/WikimediaEnfants jouant la prise de la Bastille. Anonyme/Wikimedia

Bien sûr, des variantes propres à chaque instituteur ont pu exister. Celui-ci aura enlevé les images pieuses qui ornaient sa classe. Celui-là aura organisé de petits procès où les enfants arbitraient eux-mêmes leurs disputes (gare alors à ne pas être privé de récréation). Dans l’ancien prieuré Saint-Martin-des-Champs, à Paris, un internat accueillait près de 300 enfants vivant sous le régime d’une Constitution républicaine. Ils s’y réunissaient en assemblée pour faire les lois de leur petite Cité.

L’ambition était de faire de l’école une République en réduction. Il fallait, pensait-on (c’était un legs des Lumières), mobiliser les sens, donc faire vivre les enfants en républicains, pour leur apprendre les savoirs et les pratiques de la citoyenneté. Que de changements par rapport aux leçons d’avant 1789, largement fondées sur la religion !

L’école, une priorité pour les révolutionnaires

Ces modèles pédagogiques (choses politiques) circulèrent largement. On le comprend. Reprenant aux Lumières (encore) l’idée de la toute-puissance du pouvoir pédagogique, mais en la conjuguant à l’exigence d’une démocratisation de la scolarisation qui n’avait jamais vraiment été envisagée par les philosophes du XVIIIe siècle, les révolutionnaires ont fait de l’école une priorité, en même temps qu’un objet brûlant du débat politique. C’est à elle, l’école, qu’ils confièrent la tâche (immense et décisive) de former les citoyens de demain, ceux sans lesquels la République ne pourrait vivre longtemps.

Cela a ouvert la voie à d’innombrables écrits, à maints discours, à quantité d’expériences, dans un formidable élan pédagogique qui fit la marque de la période. Puis la loi s’y est mise. Un siècle avant Ferry, fin décembre 1793, l’école publique fut créée, gratuite et obligatoire. Cela ne dura qu’un an – la mesure figurant parmi les victimes collatérales de la chute de Robespierre. Mais cette année-là compta. Elle compta, parce que cette loi rencontra un authentique succès. Elle compta, car elle était un projet pour l’avenir.

Le maître d’école du village au temps des Lumières et de la Révolution (École nationale des chartes, mars 2023).

Insistons sur le fait que toutes les écoles du pays n’ont pas eu le visage de celle de Quintilien, même en 1793. Certaines étaient moins militantes dans leur républicanisme, d’autres étaient même franchement hostiles à la Révolution et continuaient d’enseigner les savoirs (pieux) de jadis.

En ville, face au grand nombre d’écoles, qui couvrait plus ou moins toutes les nuances politiques, les parents pouvaient choisir celle qui convenait le mieux à leurs opinions. Au village, où il n’y avait qu’un instituteur, les choses étaient différentes. Là, la commune maîtrisait le recrutement de l’enseignant et avait les moyens de lui imposer ses vues. Ni le pédagogue ni l’État n’y étaient véritablement maîtres du contenu politique des leçons.

Reste que l’école de la République a existé (pour la première fois). La Déclaration des droits fut le manuel de toute une génération de fils et de filles de républicains. Ils ne la comprenaient sans doute pas – ou pas complètement. Ils l’apprenaient néanmoins pour demain, un demain de XIXe siècle, un demain où ces gosses de 93, devenus adulte au temps de Hugo, de Michelet, purent donner des sens multiples et sans cesse renouvelés à ces quelques mots appris d’enfance, par cœur et par corps, ces mots qui donnaient pour but à la société le bonheur commun, le respect des droits fondamentaux, les secours publics, le droit à l’insurrection et à l’instruction, la démocratie. Pratiques et espoirs vains ? Plus d’un en garda en tout cas la mémoire vive.

Révolution école
https://theconversation.com/comment-la-revolution-francaise-a-reinvente-lecole-203015

"Mes rapports avec Emmanuel Macron? Ils sont très épisodiques!": Jean Castex de passage dans le Var ce jeudi - Var-Matin

Thu 25 May 2023 - 19:02

De passage dans le Var ce jeudi, en tant que président de la Fondation agir contre l’exclusion, l’ancien Premier ministre a répondu à quelques questions politiques. Faisant une entorse à sa ligne de conduite depuis un an.

Propos recueillis par Michaël Zoltobroda Publié le 25/05/2023

A-t-il été accueilli par des casseroles à l’aéroport, comme le redoutait son entourage? La question fait rire Jean Castex: "Soyez sérieux, je ne suis plus dans le jeu!". En visite dans le Var ce jeudi, l’ancien Premier ministre enchaîne discours, photos, tapes sur le bras et blagues sur les accents. Tout en esquivant au maximum les sujets politiques. C’est en tant que président de la Fondation agir contre l’exclusion (Face) que le prédécesseur d’Élisabeth Borne, devenu P.-D.G. de la RATP, a fait le déplacement. Entre une rencontre avec des collégiens et une autre avec les dirigeants du Rugby Club de Toulon, il a tout de même accepté d’évoquer ses rapports avec Emmanuel Macron, la récente condamnation d’Hubert Falco ou encore son projet de livre sur ses deux ans à Matignon.

Vous avez pris la présidence de Fondation il y a presque un an. Quel bilan dressez-vous de la situation aujourd’hui, en matière d’exclusion?

On en aura jamais fini avec l’exclusion, toutes les formes d’exclusion. Il y a toujours des gens qui restent au bord du chemin. Voilà pourquoi cette fondation, qui regroupe des entreprises qui ont décidé de mettre des moyens humains, financiers et techniques, est plus que jamais utile. Le point fort de Face, c’est le retour vers l’activité de publics en précarité, synonyme également de retour à la dignité. Et la période actuelle, où les entreprises recrutent, est une vraie opportunité pour nous. Il faut mettre le paquet.

D’après le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), 16% des Français déclaraient ne pas pouvoir manger à leur faim en fin d’année... Inquiétant?

Bien sûr. C’est la raison pour laquelle je me suis impliqué dans ce type de structure. Je voulais être utile à ma manière. Avec Face, le fait de pouvoir réinsérer certaines personnes dans l’activité professionnelle fait que leur pouvoir d’achat s’en trouve amélioré. Même si ce n’est pas mirobolant.

Pourquoi cet engagement (bénévole) contre l’exclusion vous tenait particulièrement à cœur?

C’est aussi un combat politique. Il y a une forme de constante, de cohérence avec moi-même. Dans le Var, j’ai été directeur de la DDASS de 1996 à 1999. J’ai notamment collaboré avec Gilles Robêche (secrétaire général de l’Union Diaconale du Var, à l’époque), à qui je remettrai ce vendredi la légion d’honneur. Ensemble, nous avons créé le Samu social à Toulon et distribué les premiers repas au SDF. Je me souviens du regard de ces gens.

Pensez-vous que le gouvernement actuel en fait assez en matière d’inclusion?

Non, non, non. C’est une question à laquelle je ne réponds pas. Je suis astreint à un devoir de réserve. Et je m’y tiens. Ce n’est pas la peine de me demander des trucs sur ceci ou cela. Vous pouvez tenter mais…

Pour connaître bien le Var, que vous inspire la montée du Rassemblement national dans le département, avec notamment l’élection de sept députés sur huit RN en juin dernier?

Pas de question politique. Je ne sais pas si ma parole est attendue ou légitime, mais je tiens à garder mes engagements. J’ai dit en sortant de Matignon que je quittais le champ politique. Résultat, vous ne m’avez pas entendu m’exprimer sur ces sujets-là depuis un an.

Un mot sur la récente condamnation d’Hubert Falco, à trois ans de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité avec effet immédiat pour recel de détournement de fonds publics dans l’affaire du frigo (décision dont il a fait appel)?

Je ne ferai pas de commentaire sur une décision de justice. Mais humainement, je connais très bien Monsieur Falco. Je l’ai vu chasser le Front national à la mairie de Toulon. Pardonnez-moi, j’ai vu comment il a transformé la ville. Je lui tire un coup de chapeau. Et je lui conserve toute mon estime.

Quid de votre projet de livre sur vos deux ans à Matignon?

(Il rit) Entre la RATP et Face, je n’ai pas assez de temps pour l’écrire, mais je n’y renonce pas. L’idée, c’est d’apporter une contribution à ce qui a été une période très particulière avec la gestion de crise sanitaire. J’aimerais raconter, de façon pédagogique, ce qu’on a fait ou pas fait pour que les dégâts soient les moins forts possible. C’est pas plus mal de laisser un peu de temps s’écouler. C’était une période marquante. Et puis, avant que ça sorte de ma mémoire…

Avez-vous parfois craqué? En privé, notamment?

On n’a pas le droit. Si le Premier ministre craque... Une des premières qualités pour être à ce poste, c’est la solidité psychologique. La résistance mentale. Mais bon, il y a eu des jours difficiles. Comme le 29 octobre 2020. Ce jour-là, je monte à la tribune de l’Assemblée nationale annoncer le deuxième confinement, pas forcément une bonne nouvelle, et là je vois des mouvements anormaux dans les travées. Je sens qu’il se passe quelque chose. Mais impossible de m’interrompre et d’allumer mon portable. Quand je redescends, un collaborateur m’informe du très grave attentat à Nice (à la basilique Notre-Dame, Ndlr), où trois personnes ont trouvé la mort. Là, vous vous dites: "Bon, il va falloir assurer". Mais c’est comme ça. Il ne faut pas que l’émotion prenne le pas.

Si Emmanuel Macron ne s’était pas rendu à Roubaix auprès des familles des trois gendarmes tués, vous auriez pu vous croiser dans le Var ce jeudi, où il avait prévu de participer à la fête de la nature. Quels sont vos rapports , aujourd’hui?

Épisodiques. Très épisodiques.

La politique, ça vous manque un peu?

Mon souhait, c’est de continuer à être utile à mon pays. On peut, la preuve aujourd’hui, l’être sans faire de politique. J’ai été un Premier ministre dans la tourmente, sous pression, mais un Premier ministre heureux. Maintenant, je suis utile autrement en étant patron de la RATP et président de la Face. Et j’en suis également heureux.

Peut-on être plus utile en étant en dehors de la politique?

Vous ne m’entendrez jamais dénigrer la politique. On a besoin de politiques, de gens qui prennent leurs responsabilités. C’est un rôle très dur. Alors que les critiques, les Y’a qu’à, faut qu’on, c’est à la portée de beaucoup de gens. Après, ne me demandez pas de commenter les empoignades à l’Assemblée nationale, je ne le ferai pas. Je vous vois venir...

Qu’est-ce qui pourrait vous faire revenir en politique? La présidentielle?

(Il éclate de rire) Je l’attendais celle-là... Écoutez, je n’y suis plus. Je n’y suis plus.

Face Jean-Castex Toulon
https://www.varmatin.com/politique/-mes-rapports-avec-emmanuel-macron-ils-sont-tres-episodiques-confie-jean-castex-850066

ChatPDF : un outil en ligne pour converser avec les PDF et les analyser

Wed 24 May 2023 - 13:55

ChatPDF est une application en ligne basée sur l'intelligence artificielle qui permet d'interagir avec un document PDF comme s'il s'agissait d'un être humain. Vous pouvez lui poser des questions sur le contenu du fichier PDF à l'aide d'un service de chat facile à utiliser. Lorsque vous posez une question, l'IA utilise les paragraphes pertinents du PDF pour vous donner une réponse.
ChatPDF homepage

ChatPDF peut convenir dans différentes situations : extraire rapidement des informations d'un fichier PDF, résumer des fichiers PDF volumineux tels que des manuels ou des documents de recherche, aider des étudiants dans l'étude d'articles universitaires, etc. Vous pouvez utiliser un PDF provenant de votre ordinateur ou d'une URL.

Avant toute chose, il faut savoir que ChatPDF est limité dans sa version gratuite, puisque vous n'avez droit qu'à lui transmettre 3 PDF par jour avec 50 questions quotidiennes. Par ailleurs, les PDF ne doivent pas faire plus de 10 Mo et contenir 120 pages au maximum. Si vous voulez l'utiliser sans ces limites, il faudra débourser 5 $ par mois (2000 pages par PDF, 32 Mo/PDF, 50 PDF/jour et 1000 questions/jour).

Rien de bien compliqué pour utiliser ChatPDF. Il suffit de glisser-déposer un fichier PDF sur son interface, puis de lui laisser le temps de l'analyser. Il affiche alors un court texte résumant le document suivi de quelques suggestions de questions, dans une interface proche de ChatGPT. Vous pouvez, bien sûr, poser vos propres questions ou choisir de cliquer sur les propositions qu'il va développer à la suite.
ChatPDF resume

Quand vous avez terminé, vous pouvez exporter (en TXT) le contenu de cette conversation en cliquant sur la petite flèche dans le coin supérieur droit de ChatPDF ou bien le partager à l'aide d'un lien proposé par l'application (également en haut à droite).
ChatPDF example

ChatPDF

Tuto :
Présentation en vidéo (en français)

Freewares-et-Tutos
https://freewares-tutos.blogspot.com/2023/05/chatpdf-un-outil-en-ligne-pour.html

BlueMail : un gestionnaire de messagerie multiplateforme et multi-comptes

Wed 24 May 2023 - 13:53

En 2019, je vous avais présenté l'application Android gratuite de messagerie multi-comptes BlueMail. Je l'utilise d'ailleurs toujours sur mon smartphone, mais il faut savoir que BlueMail est également disponible pour Windows, Mac, Linux et iOS. La version pour ordinateur reprend plus ou moins les mêmes caractéristiques que la version pour mobile. BlueMail pour Windows vous permet d'ajouter un nombre illimité de comptes de messagerie tout en prenant en charge les principaux protocoles de messagerie, notamment IMAP, SMTP, Exchange ActiveSync, EWS et POP3.

BlueMail pour Windows

BlueMail utilise les principaux protocoles du secteur pour sécuriser et protéger vos données et se connecte directement à votre fournisseur de serveur de messagerie sans avoir besoin d'un proxy de messagerie. BlueMail peut vous convenir de nombreuses messageries, que vous ayez un compte Gmail, Outlook, Hotmail, Yahoo Mail, AOL, iCloud, Office 365 ou tout autre fournisseur. De plus, il est multilingue, français inclus.
BlueMail pour Windows

Attention, la version pour Windows ne fonctionne que sous Windows 10 et Windows 11.

Principales caractéristiques de BlueMail :

  • comptes unifiés : vous pouvez combiner plusieurs comptes de plusieurs fournisseurs en une seule vue. Vous pouvez accéder à chacun d'entre eux séparément ou utiliser la boîte de réception unifiée pour les gérer tous à partir d'un seul endroit.
  • calendrier intégré : le calendrier est intégré de manière transparente dans l'interface de l'application, ce qui permet une gestion plus organisée.
  • fonction Clusters : organise votre courrier électronique en classant les expéditeurs connus en groupes intelligents. Il organise automatiquement vos communications provenant d'expéditeurs connus dans un sous-dossier.
  • antispam : traitement du spam avec la possibilité de bloquer directement des expéditeurs, des domaines ou un suffixe entier de domaines.
  • fonction MagicSync : permet de sauvegarder, de restaurer et de transférer en toute sécurité les configurations et paramètres de votre compte entre tous vos appareils.
  • sécurité : vos données sont cryptées (SSL/TLS et STARTTLS) pour que toutes vos communications et informations soient protégées et sécurisées.
  • etc
    BlueMail pour Windows

Téléchargement :
Homepage

Tuto :
Aide officielle en ligne (en français)

Tutos en vidéo :
Utiliser BlueMail sous Windows 10
Synchroniser ses comptes mails sur Bluemail (Windows/MacOS)

Freewares-et-Tutos
https://freewares-tutos.blogspot.com/2023/05/bluemail-un-gestionnaire-de-messagerie.html

La liberté de la presse est "noyée" sous la désinformation, alerte Reporters sans frontières dans son classement annuel - FranceInfo

Wed 3 May 2023 - 08:28

Pour l'ONG, les nouveaux "moyens technologiques permettent de diffuser le faux, de le présenter pour le vrai, d'amplifier les rumeurs, la propagande", et leur "intensité est inédite".

Propagande politique, manipulations économiques, faux contenus générés par l'intelligence artificielle... La désinformation au sens large est une menace majeure pour la liberté de la presse dans le monde, s'alarme mercredi 3 mai Reporters sans frontières (RSF) dans son 21e classement annuel.

Sans changement, le pays le mieux noté est la Norvège et le dernier la Corée du Nord. La France est 24e et gagne deux places. Globalement, les conditions d'exercice du journalisme sont mauvaises dans 7 pays sur 10. Cette édition 2023 pointe en particulier les effets de la désinformation. Au classement, les baisses les plus importantes s'observent au Pérou (110e, -33 places), au Sénégal (104e, -31 places), en Haïti (99e, -29) ou en Tunisie (121e, -27). A l'inverse, le Brésil (92e) remonte de 18 places après le départ de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro, battu par Lula aux élections fin octobre.

Dans les deux tiers des 180 pays évalués, les spécialistes qui contribuent à l'élaboration du classement "signalent une implication des acteurs politiques" dans des "campagnes de désinformation massive ou de propagande", selon RSF. C'est le cas de la Russie, de l'Inde, de la Chine ou du Mali.
"Industrie du simulacre"

Plus largement, ce classement "met en lumière les effets fulgurants de l'industrie du simulacre dans l'écosystème numérique". "C'est l'industrie qui permet de produire la désinformation, de la distribuer ou de l'amplifier", explique à l'AFP Christophe Deloire, secrétaire général de l'ONG. C'est, selon lui, le cas des "dirigeants de plateformes numériques qui se moquent de distribuer de la propagande ou de fausses informations". Sur France Inter, mercredi, il a mis en cause "le pouvoir du patron de Twitter, Elon Musk, qui peut décider de modifier son algorithme et d'amplifier la désinformation". "L'information fiable est noyée sous un déluge de désinformation", juge Christophe Deloire, selon qui "on perçoit de moins en moins les différences entre le réel et l'artificiel, le vrai et le faux".

Mais ce qui l'inquiète tout particulièrement, c'est la capacité qu'ont certains Etats de "disposer de moyens technologiques pour exercer une propagande". "Que ce soit Moscou ou Pékin, les grandes dictatures ne se contentent pas de contrôler les esprits de leurs citoyens avec un bourrage de crâne", s'est-il désolé sur France Inter, alertant sur la volonté qu'ont la Russie et la Chine "d'exporter leur contenu de propagande et leur modèle de contrôle de l'information" au-delà de leurs frontières.

Journalisme RSF
https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/classement-mondial-rsf-la-liberte-de-la-presse-noyee-sous-la-desinformation_5804549.html

Dans les médias comme sur internet, il est devenu impossible de débattre | Slate.fr

Sun 30 Apr 2023 - 13:04
  • Monique Dagnaud et Telos — 30 avril 2023*

Alors que le web offrait la promesse d'une ouverture démocratique, c'est tout le contraire qui est en train de se produire.

Le débat sur les retraites illustre sans ambages l'aboutissement du processus engendré par la communication internet qui, au départ, offrait la promesse d'une ouverture démocratique mais qui, à l'arrivée, se révèle être un aller direct et peut-être sans retour vers le populisme. Les fils Twitter, le réseau des journalistes et de tout le monde (il est ouvert), déclinent imperturbablement depuis trois mois une scène primitive: Emmanuel Macron («Le président des riches», narcissique, illibéral ou au contraire ultralibéral, etc.) contre le peuple («pas écouté», «méprisé», «en colère», «trahi»).

Massivement, les gazouillis de l'oiseau bleu véhiculent des variations sur ce refrain. Le plus sidérant c'est que ce prisme organise le débat presque partout ailleurs, dans les grands médias d'information, qu'ils soient publics ou privés. Ce nouveau système médiatique interroge. Comment expliquer une telle asphyxie de la pensée délibérative?

L'algorithme de la haine et du désaccord

L'Italie a été le premier pays à expérimenter le populisme médiatique, raison sans doute pour laquelle les penseurs italiens rivalisent d'ironie face à la France: «Cette discipline du Macron bashing va rentrer parmi les disciplines olympiques de Paris 2024», s'amusait ainsi le journaliste Paolo Levi, au micro de RTL le 21 avril.

Dans Les Ingénieurs du chaos, l'écrivain Giuliano da Empoli décrit la montée au pouvoir, à partir de sa création en 2009, du Mouvement 5 étoiles (M5S). Une ascension qui doit tout, d'une part, à Beppe Grillo, blogueur, comique, showman de télévision, pourfendeur de la classe politique italienne, et, d'autre part, à ses conseillers experts en numérique. Le baroudeur a réussi à mobiliser des millions d'électeurs grâce à l'algorithme qui permet «de cultiver la colère de chacun sans se préoccuper de la cohérence de l'ensemble, qui dilue les anciennes barrières idéologiques et réarticule le conflit politique sur la base d'une opposition entre le peuple et les élites».

En dirigeant des messages ciblés en direction de ces masses d'individus frustrés, des discours qui discréditent un candidat et flattent l'image de l'autre, ces experts mènent de véritables guérillas virtuelles et, finalement, parviennent à influencer suffisamment de votes pour faire pencher un scrutin dans le sens souhaité. En 2013, le Mouvement 5 étoiles récoltait 23% et 25% des voix dans les deux chambres du Parlement, se hissant au second rang des partis italiens. L'expérience à été réitérée avec succès lors de la campagne présidentielle de Donald Trump aux États-Unis en 2016, ou du Brexit la même année. L'heure des Français serait-elle arrivée?

Les plateformes numériques, on le sait, inclinent, pour des motifs économiques, à aller toujours plus loin vers la diffusion de contenus ludiques, festifs, et transgressifs qui incitent les internautes à «s'engager» (liker, commenter, répondre, partager). Les médias audiovisuels anciens ont connu cette même évolution vers le divertissement dans les années 1980-1990 avec l'explosion des chaînes commerciales, mais avec une différence: en matière d'information, la plupart d'entre elles restaient généralistes et pluralistes et s'attachaient à favoriser la confrontation de points de vue et, par là, à contribuer à la conversation démocratique.

Aujourd'hui, c'est exactement le contraire: tout concourt à polariser les auditeurs et les opinions, à hystériser les esprits, même dans les grandes chaînes ou radios, peu importe qu'elles soient publiques ou privées –les chaînes tout-info poussant ce principe à l'extrême. Pourtant, le cahier des charges des grandes télévisions, soucieux de créer les conditions de la vie démocratique, multiplie les obligations en faveur du pluralisme et de l'honnêteté de l'information –un cadre juridique qui semble ne plus faire l'objet d'aucun contrôle.

Des médias «de référence» devenus médias d'opinion

Le cyclotron Twitter mouline en instantané l'information chaude. Son architecture algorithmique obéit à l'économie de l'attention, à celle de l'engagement de l'internaute, peu importe le contenu. Chaque internaute vit dans son silo, les «thread conversationnels» sont inexistants ou en tout cas tournent court très vite (4% des échanges sont des réponses sur Twitter France, contre 80% de likes), la communication s'opère par des clins d'œil, des interjections indignées, dénonciatrices ou approbatrices et, bien entendu, par la rediffusion de séquences brèves, extraites de l'actualité télévisée: celles qui, en un flash, résument une opinion radicale.

Les producteurs de contenus «énervés» sont peu nombreux, mais ils inondent le réseau, que consultent beaucoup d'internautes passifs. Ce carnaval fait fuir ceux qui sont habités par une exigence intellectuelle; ils abandonnent la foire d'empoigne Twitter et préfèrent fréquenter des espaces de discussion spécialisés ou les réseaux «pro» comme LinkedIn, et se réfugier vers les podcasts, les nouveaux magazines ou les sites de la presse généraliste. Cette désertion laisse Twitter aux internautes galvanisés par des humeurs et commentaires chargés d'émotions, ceux-là même qui appellent un émoticone d'approbation (le réseau propose des cœurs et pas d'émoticone de rejet).

Les journalistes des grands médias obsédés par le fait de sonder les attentes du public se sourcent sur Twitter, qui les branche sur la fraction la plus exaltée des internautes, et cette vision circule ensuite aussi grâce à d'autres applications, en particulier les messageries Telegram de journalistes et de communicants. Cette tonalité est dès lors transposée dans la grande information politique, le bottom-up jouant alors à plein. Parallèlement, pour affirmer leur fonction de contre-pouvoirs et forcer leur visibilité, les intervieweurs et éditorialistes construisent leurs questionnements sur de la critique, voire de l'agressivité, usant d'une tonalité empruntée à leurs collègues américains.

Enfin, beaucoup d'entre eux, en particulier les jeunes journalistes, semblent endosser les convictions de la gauche radicale, à l'instar d'une bonne partie des élites intellectuelles: on en repère les traces dans le journal Le Monde, dans les médias publics comme France Inter, des univers professionnels situés dans le halo de Sciences-Po (où 55% des étudiants ont voté pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022). Les médias «de référence», de ce fait, ont tourné en médias d'opinion.

Utilisation des ressources numériques, journalisme de combat et radicalisme à gauche font système: la médiasphère présente un profil beaucoup plus engagé que ne l'est la population française moyenne. Dans cette bataille culturelle, le souci du pluralisme, de la vérité, de la pondération et de l'argument rationnel passe d'évidence après d'autres considérations.

La puissance des liens faibles

Dans The revolt of the public and the Crisis of Authority in the New Millennium, le politiste américain Martin Gurri explore le changement de paradigme né du web: en donnant la parole à tout le monde, chacun exprimant ses intérêts et ses émotions du moment, le Digital Age anéantit l'idée d'une société organisée selon une hiérarchie des savoirs et des positions –dans le gouvernement, les entreprises et les universités.

Le mode de fonctionnement ancien des sociétés devient alors illégitime. Vertical, centralisé, assis sur le socle des élites diplômées, des hauts cadres et des professionnels, pratiquant des délibérations compliquées, une obsession des normes et des procédures, guidé par des stratégies et une planification, filtré par les grands médias et les dispositifs culturels, ce modèle entre de plein fouet en conflit avec un nouvel acteur: l'amateur. L'internaute lambda exige d'être écouté et rejette spontanément les paroles issues d'un lieu d'autorité.

Martin Gurri pointe ainsi la puissance des liens faibles. Les réseaux pratiquent un égalitarisme fanatique sans craindre d'engendrer des dysfonctionnements sociaux majeurs. Ce nouvel acteur (le Public) se positionne radicalement contre le centre de la société, contre les pouvoirs organisés, campe sur un refus de l'ordre établi et s'active selon un élan unilatéral sans accorder la moindre considération aux autres parties prenantes du jeu social.

Sa dynamique et son mode de pensée s'orientent alors aisément vers une démarche nihiliste, la violence pour la violence, aucune réponse politique ne pouvant apaiser cet embrasement –qui n'a alors d'autre voie que de s'éteindre de lui-même. Dégager des leaders, prendre le pouvoir n'est pas le projet du Public, sa stratégie est plutôt de provoquer des nuisances et son principal projet, de s'opposer.

Que faire face à une foule sans tête et animée seulement par une position de refus? À tout moment, le pouvoir des faibles, coordonnés à travers des liens faibles au sein de la galaxie numérique, menace de déstabiliser le monde ancien –construit, lui, sur des liens forts (système de valeurs, cadres institutionnels, hiérarchies organisationnelles et scolaires).

La guerre du faux

Le philosophe italien Maurizio Ferraris, auteur de Postvérité et autres énigmes, établit la continuité entre le postmodernisme et le populisme avec la banalisation d'un régime de post-vérité. Il décrit le processus de l'histoire des idées qui trace ce chemin: déconstruction de la «rationalité instrumentale» perçue comme un agent de domination, affirmation du principe nietzschéen selon lequel «il n'y a pas de faits, mais seulement des interprétations», émergence de nouvelles pratiques accordant la toute première place à l'émotivité et à la solidarité, montée au pinacle de la subjectivité, avec son aboutissement, la privatisation de la vérité.

Internet galvanise ce processus, en encourageant le pouvoir direct des individus et en faisant disparaître les instances de validation. Dans l'effervescence de la communication décentralisée, créer du faux et le faire circuler, c'est d'ailleurs l'enfance de l'art –tant par la diffusion de «preuves» par des images truquées ou sorties de leur contexte, que par le martèlement d'idées ou de visions du monde mille fois partagées dans les liens numériques. Ce flot de narrations et de vérités alternatives, souvent résumées en tweets ou en statuts Facebook qui par leur abondance s'apportent une garantie réciproque, devient alors acceptable au nom du principe selon lequel chacun a droit à sa part de la vérité.

Au-delà de cet antiscientisme emboîté à la critique des sachants, d'autres éléments expliquent la crédulité d'une partie de la population face aux vrais ou demi-mensonges ainsi que, parfois, sa capacité à succomber aux fantasmes les plus délirants. À une époque où les médias et les responsables des partis de gouvernement sont souvent suspectés de mensonges –parfois à tort ou parfois à juste titre–, que des leaders populistes se jouent de la vérité, ou même inventent une réalité alternative, ce comportement n'entame pas leur crédit auprès de leurs électeurs et électrices.

Donald Trump a pu énoncer n'importe quelle énormité sans que cela ne choque ou ne lui porte préjudice. Bien au contraire, oser affirmer une chose fausse peut être perçu comme un acte d'émancipation, voire de bravoure, et celui qui ose transgresser les normes ou les vérités établies peut apparaître aux yeux de certains comme le vrai champion de leurs intérêts.

Business de la haine, révolte contre les hiérarchies, notamment celles des savoirs, mise en place de la subjectivisation de la vérité: difficile de lutter contre ces forces obscures, dont une partie relève de la puissance technologique; difficile, pour les sociétés démocratiques, d'affronter un tel chaos. Même Marshall McLuhan[1] n'aurait pas imaginé l'émergence d'un tel «moule de l'esprit».

1 — James W.Carey résume ainsi la pensée du professeur de communication: «Les technologies de la communication, loin d'être neutres, loin de se réduire à des outils de transmission, participent au sens du message: elles constituent “des choses avec quoi penser, des moules de l'esprit, des façonneurs de représentations”», Communication as Culture: Essays on Media and Society, New York & Londres, Routledge, édition révisée, 2008.

Journalisme opinion populisme
https://www.slate.fr/story/245453/populisme-medias-internet-reseaux-sociaux-twitter-journalisme-debat-reforme-retraites

A trip down the most mysterious road in California - SFGATE

Sun 30 Apr 2023 - 11:56

A trip down the most mysterious road in California, Zzyzx Road
Andrew Chamings, SFGATE, Jan. 24, 2023

(En cours de mise en page : illustrations à ajouter)

The Zzyzx Road sign along Interstate 15 in the Mojave Desert, between Las Vegas and Los Angeles.

The Zzyzx Road sign along Interstate 15 in the Mojave Desert, between Las Vegas and Los Angeles.
Stammberger1973/CC 3.0 via Wikipedia

A crucifix-shaped swimming pool crumbles in the desert sun. Alongside it, five decrepit concrete baths once filled with the promise of cleansing sins. Warm mineral water, tapped from what was said to be a holy underground river, drew desperate salvation searchers to this remote California wasteland. Today, part of the pool sinks into the banks of the ancient lakebed upon which this strange settlement was built.

This place was once the 12,000-acre dream of notorious huckster and “super squatter” Curtis Springer. Springer claimed to be a doctor, a minister, a professor and a miner — but turned out to be none of those things. Eventually, his wrongs caught up with him, forcing him to leave his tiny stolen empire in these desolate reaches of California.

This strange history, the two horror movies shot here and the place’s bizarre name first drew me to the Zzyzx Road turnoff on Interstate 15, around an hour east of Barstow. But notorious fraudster and creepy swimming pool aside, I discovered that the site at the end of the 4-mile track is a natural phenomenon unique unto itself. A true oasis in the desert.
Lake Tuendae in Zzyzx, Calif.

Lake Tuendae in Zzyzx, Calif. Andrew Chamings / SFGATE

Around 3 miles in, the road turns to loose gravel as it bends around a rocky outcrop. Lined with palm trees, the unpaved track finally approaches the fabled cluster of buildings at its terminus.

I made my way down there on a clear winter day. Without a soul in sight, the place felt a world away from the highway that ferries thousands between Los Angeles and Las Vegas every day.

The most striking sight at Zzyzx is Lake Tuendae, a body of water the size of a football field. Beyond, through the palm trees, the vast, ancient, crusty white lakebed reaches to the Devils Playground mountains.

“It’s a special place,” Dr. Terry McGlynn tells me. “There are scorpions at night, foxes, coyotes, rabbits and big-horned sheep wandering around. It’s absolutely stunning.”

McGlynn is the director at the California State University Desert Studies Center, which has occupied the storied settlement of Zzyzx, once named Soda Springs, for nearly 50 years. There, students and research scientists stay for weeks on end at the edge of Soda Dry Lake — a bright-white lakebed that was once Lake Mojave. Evidence shows that Indigenous people began populating the lakeshore around 10,000 years ago.

“It’s the terminal basin for the Mojave River, which runs west to east from the San Bernardino Mountains,” DSC operations manager and herpetologist (lizard expert) Jason Wallace tells me. “Which is kinda backwards for most river systems.”

While dry on the surface, the Mojave River is still active underground, Wallace says. “It’s always a little moist, not too far under the lakebed.”

Dry lake bed in Zzyzx, Calif.

Dry lake bed in Zzyzx, Calif.
trekandshoot/Getty Images/iStockphoto

Visiting students’ work here today includes drilling into the rocks to discover ancient climates, tracking sheep, conducting a reptile census and analyzing the hydrology of the ancient natural springs that have drawn people there for thousands of years.

“Geologists come from all over the world,” McGlynn says. “It offers a really unique window into the history of time.”

Despite the often repeated myth that the site is an abandoned ghost town, Zzyzx is an active field station, affiliated with California State University Fullerton, with around 60 beds for visiting students and research scientists.

“For some students from LA, this is the first place they see the uninterrupted night sky. It’s spectacular,” McGlynn says. “A lot of people haven’t seen the Milky Way before.”

The beautiful centerpiece to Zzyzx, Lake Tuendae, provides a home for mud hens, dragonflies and various migratory birds getting a drink on their long flight over the desert. It’s also one of only three places where the protected and endangered Mohave tui chub fish can be found.

“You never see them. They sit on the bottom of the lake,” McGlynn says. “Once every few years, a group of people monitor them to make sure they're there and OK.”

But something about the rectangular pond, flanked with evenly spaced palm trees, seems uncanny. It’s almost too perfect. That’s because the pristine lake in the desert is, in fact, a human-made pond. And that human is seemingly inescapable in any story about this place.

“There are no photos that show this,” McGlynn says. “But presumably, the lake was dug out by Springer.”
Sign on I-15 at the end of Zzyzx Road, from the Curtis Springer era.

Sign on I-15 at the end of Zzyzx Road, from the Curtis Springer era.
Desert Studies Center

Born in 1896 in Alabama, Curtis Springer first made a name for himself as a lecturer and later as a radio evangelist and fervent promotor of health foods.

As a self-described doctor, Springer took curious students’ cash to attend his lectures and learn his secrets to a healthy, God-fearing life. In 1930, at a YMCA in Scranton, Pennsylvania, Springer taught a course he claimed was associated with the “Extension Department of the National Academy,” a wholly made-up university. Other courses included “How to Banish Disease and Know the Joy of Living” and “Picking a Husband for Keeps.”

One repeated grift of Springer’s — may it be while teaching courses, offering samples of his miracle foods or later inviting visitors to bathe in his desert pool — was to ask for zero cash upfront but bait-and-switch attendees during the proceedings to get their money. Many of his lectures would pause halfway through so Springer could collect “donations” and also offer private sessions later that day for $25 a pop.

A 1935 report titled “Curtis Howe Springer: A Quack and His Nostrums,” published by the Journal of the American Medical Association, alleged that Springer lied his way through numerous East Coast and Midwestern cities in the early 1930s, duping people out of cash payments for courses before leaving town and adorning himself with various fictional titles along the way.

Springer also launched a curiously named magazine, “Symposium Creative Psychologic,” a title the American Medical Association found “as meaningless as some of the titles Springer has annexed.” Archives reveal a second magazine, named “The Elucidator,” was also published in 1935, but a second issue never appeared.
Archival advertisements for the resort and Curtis Springer's radio show.

Archival advertisements for the resort and Curtis Springer's radio show.
Desert Studies Center

At the peak of his radio fame, Springer’s show was syndicated by over 200 stations in the U.S. and another 100 overseas. Springer claimed he had 14 million listeners a week, which may have been not far from the truth. The show was a combination of preaching (Springer claimed to be a Methodist minister but was later revealed to be self-ordained at best), gospel singing, screeds against the sins of alcohol and testimonials from happy users of his miracle medicinal cures.

These dubious products, which would later land Springer in jail, included his famous Antediluvian Tea, a mixture of laxatives named after a biblical flood; a “Hollywood cocktail”; a $25 hemorrhoid kit; and Mo-Hair, a baldness cure that was later revealed to be a mixture of just two ingredients: mud and oil.

In his various ads, lectures and radio shows, Springer followed his name with M.D. and Ph.D. — titles the AMA’s investigation found had no merit whatsoever, as Springer never “graduated from any reputable college, medical or otherwise.” At one point in Pennsylvania, he was charged with practicing medicine without a license but skipped town while on bail, according to the report.

Maybe to escape the AMA or those seeking his tax dollars or refunds for aborted courses, in the early 1940s, Springer moved to Los Angeles.

Old palms stand sentinel against the desert at Zzyzx.

Old palms stand sentinel against the desert at Zzyzx.
R_Litewriter/Getty Images/iStockphoto

While there, he once recalled how he stumbled upon a 25-cent pamphlet in a secondhand Hollywood bookstore about the “mineral springs of the Pacific Coast.” Inside, he saw mention of a place named “Fort Soda Mineral Springs,” in the Mojave Desert. When he was unable to locate the site on a map, Springer headed into the desert, some 200 miles from his Hollywood home, and managed to find the spring that was sourced from the underground Mojave River, on the edge of the ancient Soda Dry Lake. At the time, the site was an uninhabited wilderness with nothing on the land beyond some old baking soda mines and the remnants of Fort Soda, an early Spanish and then U.S. military camp where dozens of Native American people were killed in the 1860s.

Springer and his wife Helen filed a mining claim to an 8-by-5-mile swath of federal land there and proceeded to build the place the preacher would be forever remembered for.

To build his ambitious resort, Springer headed back to Los Angeles and hired homeless men on Skid Row to come to the desert and help him tap the spring and erect the settlement at what was then named Soda Springs. Springer himself admitted to bringing “hundreds” of men from Skid Row to help build the site and paying them in room and board.

He coined the site “Zzyzx” as a gag of sorts — so he would always have “the last word in health.” The name was formally, and controversially, recognized by the San Bernardino County Board of Supervisors in 1965, resulting in the iconic green sign on I-15.

Springer’s hired help built the “hotel” — the same dorms used today by visiting students — on the town’s main esplanade he named “Boulevard of Dreams.”

The first newspaper advertisement for the resort ran in November 1945 in the Los Angeles Times, offering bus trips to Zzyzx from LA hotels and promising mud, sun, mineral baths, homemade ice cream and a “definite Christian atmosphere.” Springer had long been a staunch advocate of prohibition, and the site never served a drop of alcohol.

A view of the old Soda Springs health spa in Zzyzx, Calif.

A view of the old Soda Springs health spa in Zzyzx, Calif.
Andrew Chamings

Zzyzx would prove to be a big success, largely due to the apparent cost. “We accept whatever amount God has made possible for you to pay,” the ad stated.

This also proved to be a falsehood; Springer charged $50 a week to the vast majority of guests, though he would grant a free stay if the visitor provided a letter from their “preacher, priest or rabbi” proving that they were indeed “penniless.”

The site mostly bussed in pensioners from Southern California and could welcome up to 140 guests, all seeking to be cleansed in the desert by Springer’s godly advice, hot mineral water and health cures. And for some of those who visited the site, it seemed to work.

“I had arthritis in my hand so bad I could hardly bend it,” one unnamed 89-year-old guest said in a New York Times story headlined “Zzyzx is a booming health spa.” “Now look,” she added, before “flexing her gnarled hand with ease.”

Through the 1950s, laborers at Zzyzx continued to expand Springer's dream in the desert. At one time, the site boasted a recording studio, a metal-working shop, a printing facility and even Springer’s own private airstrip named Zyport, which ferried the radio star back to Hollywood every week to promote his new attraction.

What remains of the old Soda Springs health spa at Zzyzx, Calif.

What remains of the old Soda Springs health spa at Zzyzx, Calif.
Dylan Liebeck / EyeEm/Getty Images/EyeEm

It was also fitted with a PA system and loudspeaker, from which Springer would bellow a twice-daily sermon while not recording his radio show on-site.

Many of the advertisements for the resort claim the cleansing water that sprung from the underground river into the cross-shaped pool and baths was naturally “warm.”

But as with all of Springer’s claims, all wasn't as it seemed at Zzyzx.

“He used to heat it up and say it was ‘hot springs,’” McGlynn laughs. “He had a diesel generator to heat the water and say ‘ooh it’s hot mineral springs.’”

Springer’s car salesman-like approach to drawing customers to the desert can be heard on an archival recording of his radio show.

“We have this lovely 12,000-acre estate here that belongs to God,” Springer announces. “If you want to come and stay, come and stay for a month. If at the end of that month, you have any results that you think are worthwhile, and you’re able to do so, we’d appreciate anything you have to contribute. If you don’t, you owe us nothing.”

“The idea was that the water came from a 'cleansing spring,'” McGlynn says, and while the water was technically safe, it was largely undrinkable due to the mineral content. “The water would literally cleanse you by giving you diarrhea.”

Things started to go wrong in the late 1960s, when Springer allowed those who made large donations to build houses on the land, which was still technically owned by the Bureau of Land Management. Springer’s 1944 mining claim did not allow occupation or development of the land beyond mining use, and Springer did everything there but mine.

The crucifix-shaped swimming pool seen from above.

The crucifix-shaped swimming pool seen from above.
Google Earth

In 1967, an LA Times writer named Charles Hillinger published several exposes painting Springer as nothing more than a fraud and a huckster, living on stolen land. Springer was described by the paper as a “pudgy, blue-eyed, ruddy-faced, thin-haired promoter.” Hillinger’s reports revealed that the IRS and Bureau of Land Management had been investigating the squatter since the early 1950s for tax evasion and building countless buildings on land he never owned.

In 1968, Springer was arrested at the resort and served 49 days of a 90-day sentence on 65 counts of false advertising and misrepresentation. One of the charges named his $25 hemorrhoid treatment as useless, and another said Springer sold simple foods such as celery and parsnip as pricey “health supplements.” Springer was also charged with falsely claiming his regimen “cured cancer.”

After his sentence, Springer returned to the resort and continued to operate his business there, despite the BLM's serving notices that he owed $34,000 in rent. The news of his charges also shined a spotlight on the Zzyzx and brought more reporters to the remote road.

In 1969, a Chicago Tribune journalist approached Springer at the resort with some tough questions and received a frosty welcome.

“I’ve told you three times I don’t want any snooping around. You newspaper men are just like detectives. ... If you’re looking for trouble, we’ll give it to you,” Springer told the reporter, who described the heated moment somewhat poetically: “During this outburst, his ears reddened to the same color as his bulbous nose, setting off his white hair rather flatteringly in the late afternoon sun.”

Though, as was often the case in the diverging views on the mercurial figure, even that report stated that he “may be a shameless fraud, or he may be a great healer of mankind."

After six years of court proceedings, in 1974, the Bureau of Land Management finally, forcibly evicted Springer from the town he named but never owned.

“Behind the fraudulent acts he has perpetrated stand hundreds, or thousands and possibly tens of thousands of people who have been bilked of their money and possibly their health,” a probation officer wrote, adding that the spa was “portrayed in advertising as an Eden while in comparison is directly the opposite.”

Soda Dry Lake, as seen from a decaying structure at Zzyzx.

Soda Dry Lake, as seen from a decaying structure at Zzyzx.
Kristo/Getty Images

Just two years later, the site was turned into the university research center that still operates today. In a strange TV news moment, on the day of the launch of the site in 1976, as journalists gathered and cameras were rolling, Springer drove up to the site, in violation of his court order.

“The 80-year-old super squatter,” a local news anchor reported, “held court by the lake he built, boasting of the millions of free beds and free meals he had handed out at the site over the years.”

When asked by a reporter where he got the money to fund that charity, Springer curtly replied, “Well, that’s none of your business.”

At that time, the Philadelphia Inquirer estimated that Springer earned between $250,000 and $750,000 a year from donations. Another report said he netted over $1 million a year between 1963 and 1968.

“I believe this property belongs to God,” Springer told the cameras. “I’m going to keep my foot right in the door. I’ll fight until hell freezes over, and the last dog has been hung.”

It would be Springer’s last time at Zzyzx, though the preacher protested the eviction decision until his dying day.

Others also spoke out in defense of Springer and what he achieved in the desert. “He had done a lot of good. He gave retirees a place to vacation,” the owner of a hotel in nearby Baker told reporters. “Now lots of people are left with a vacuum in their hearts.”

“We aided in the rehabilitation of 4,000 destitute men,” Springer said in his twilight years in 1982. “I’d like our children and friends to know, and not forget about the good things we did at Zzyzx.”

Curtis Springer died on Aug. 19, 1985, in Las Vegas, at the age of 88.

Lake Tuendae in Zzyzx, Calif.

Lake Tuendae in Zzyzx, Calif.
Andrew Chamings / SFGATE

“It’s interesting to me that there hasn’t been a biography or movie about his legacy,” McGlynn tells me. “Not many people know about him.”

Two schlocky horror movies — one, a Katherine Heigl vehicle that holds the unenviable title of lowest-grossing movie ever made — have been set on Zzyzx Road. Both were released in 2006, meaning one was forced to misspell the name, “Zzyzyx” Road, to add even more confusion to the name.

Setting a horror movie there makes sense; the cinematic landscape and desolation are ripe for modern Western tales of bloodshed and scares, and in researching this story, I found two forgotten real-life tragic events at the site, both involving Curtis Springer’s then-teenage sons.

The first happened in December 1952, when Springer’s 16-year-old son, Terry Foster Springer, awoke in the middle of the night to a ruckus in a goat pen. Springer said he believed a wild cat was in among the livestock and fired his .22-caliber rifle at the commotion. The shot killed a man named Roberto De La Armendariz. Springer’s son was never held or charged in relation to the incident.

A few months later, in 1953, Springer’s older son, Charles, 19, killed himself in a bizarre accident while out with a party of friends hunting rabbits. According to a short obituary published in the Daily American, Springer jumped out of the truck in which he was riding to kill a wounded rabbit with the butt of his rifle. “The rifle barrel, loosened from the butt, discharged driving the bullet into the lung of the unfortunate young man.” Charles Springer reportedly died shortly after while en route to Barstow Hospital.

Records also show both of Springer’s parents died on-site at Zzyzx in the 1950s.
The remains of the swimming pool and baths at Zzyzx, California.

The remains of the swimming pool and baths at Zzyzx, California.
CC 2.0 via Flickr users el-toro and Don Barrett

Over the 50 years, the crucifix-shaped swimming pool has remained mostly intact. And its presence in the middle of the research center has been what McGlynn calls an “attractive nuisance.”

Wallace, who lives on-site and has worked there since 2007, wants visitors to know that they should stay on the designated path around Tuendae Lake. “You can see everything from the Springer days from there,” he says, adding that the swimming pool has been “wrecked” by gawkers.

Maybe due to its history, or its remoteness, in recent years, the site has sometimes become a draw for those seeking life off the grid.

“We’re a magnet; we’re at the end of a weirdly named road, which piques everyone’s interest. We get vandalized. We get people poking around where they are not supposed to,” Wallace says. “People think it's abandoned. They walk away with stuff and say, ‘Oh, I'm sorry. I didn’t realize anyone was here. I’m just taking this chainsaw.’ It’s crazy.”

Wallace said that during the pandemic, the site became a destination for some. “They didn’t know where to go. ‘I need to get out. I’ll just go to the desert,’ they’d say, and they’d get themselves in trouble.”

“People are out here in the middle of the summer with half a bottle of water, no idea where they’re going or what they’re doing,” Wallace says. “But the desert will always win.”

I ask McGlynn if Zzyzx ever feels a little spooky at night. “I don’t feel that way, but I think some visitors might. It’s incredibly still,” he says. “I find it incredibly peaceful.”

There is an undeniable strangeness to the landscape at the end of Zzyzx Road. As I drive out, lost-looking members of a punk band step out of a Ford Mustang emblazoned with the band’s name. They peer through the palm trees and dusty structures built by Doc Springer, trying to figure out the best spot for a photograph.

“God will provide,” Springer told a reporter a few years before he was evicted from the little city he built. “If you play the game fair, I believe the big boss upstairs will level things out. That’s my religion.”

When visiting the Desert Studies Center, for your own safety, please adhere to the designated public path.

Californie
https://www.sfgate.com/travel/article/the-mysteries-of-zzyzx-road-california-17726000.php

Niels Ackermann: «Face à l'essor des IA, les médias doivent devenir des marchands de vrai» - Heidi.news

Sat 29 Apr 2023 - 08:08

Face à l'essor des IA génératives comme Midjourney ou Dall-E, le photojournaliste Niels Ackermann estime que la presse doit devenir un rempart pour le réel, dans un monde inondé de contenus synthétiques. Il met en garde contre une utilisation irréfléchie de ces nouveaux outils.

C’est un regard qui compte dans le milieu du photojournalisme. Le Genevois Niels Ackermann, cofondateur de l’agence Lundi13, auteur de plusieurs photoreportages primés, appelle les médias à bien réfléchir à leur utilisation des IA génératives comme Dall-E ou Midjourney pour illustrer leurs articles. Parce qu’elles menacent son gagne-pain? Non, rétorque-t-il. Parce que la presse doit s’ériger en rempart qui protège encore le vrai, dans un monde inondé par des contenus synthétiques.

Heidi.news — Qu’est-ce que vous inspirent ces nouveaux logiciels d’IA génératives?

Niels Ackermann — Lorsque je vois une nouvelle technologie qui émerge, mon premier réflexe est de me remémorer les précédents bouleversements qui ont affecté ma profession et que j’ai moi-même vécus. À chaque fois, il y a ceux qui ont immédiatement adopté ces nouveaux outils, et ceux qui s’y sont opposés. J’avais 13 ans quand j’ai acheté mon premier appareil photo numérique. Autour de moi, certains photographes ont regardé ces nouveaux capteurs avec mépris, estimant que seules des photos prises par des appareils avec film avaient de la valeur. Mais la technologie a modifié les attentes du marché. La possibilité d’avoir des photos numériques qui n’ont pas besoin d’être développées et peuvent être utilisées immédiatement s’est avérée utile, notamment dans les médias. Ceux qui n’ont pas voulu opérer ce virage, ou l’ont fait trop tard, ont été mis de côté.

Le même scénario s’est reproduit il y a quelques années avec Instagram. Certains photographes ont refusé de s’y inscrire. Cela les a exclus en partie du marché, car de nombreux clients s’en servent comme d’un annuaire téléphonique pour sélectionner leur photographe.

Et cela se répète donc avec les IA génératives?

Bien sûr, le processus sera le même, et peut-être même encore plus rapide. En voyant l’essor fulgurant de ces nouveaux logiciels, j’ai décidé de m’y intéresser, parce que je veux comprendre leur fonctionnement et leur utilité. J’ai testé entre autres Dall-E, ChatGPT et Midjourney. J’ai été bluffé par la puissance de ces outils. A tel point que je me suis rendu compte qu’ils pourraient rapidement affecter mes revenus.
«Il existe sans doute un marché pour le réel»

C’est-à-dire?

Aujourd’hui, l’essentiel de mon chiffre d’affaires provient de mandats dans la pub ou pour des entreprises. Mon travail de photojournaliste, bien que je l’affectionne profondément, est marginal en termes de revenus. En testant ces IA génératives, j’ai pris peur. Je me suis d’abord imaginé que n’importe quelle agence de pub pourrait les utiliser pour générer des images d’excellente qualité pour leurs campagnes. Comment moi, en tant que professionnel, pourrais-je encore justifier des devis à cinq chiffres quand de telles technologies sont disponibles, à un prix défiant toute concurrence?

Je me suis toutefois souvenu qu’il était déjà possible de réduire les coûts en ayant recours à des banques d’images. Si la plupart des agences ne l’ont pas fait jusqu’ici, c’est peut-être parce qu’elles cherchent quelque chose de plus: une certaine personne, un certain lieu, mais aussi une certaine forme d’humanité qu’on ne trouve pas forcément dans ces banques d’images. Cela m’a rassuré de me dire qu’il existe sans doute un marché pour le réel, dans un monde où la disponibilité du faux, du synthétique devient illimitée.

Un «marché pour le réel», qu’est-ce que ça veut dire?

Je suis convaincu que la photographie transmet des émotions particulières. C’est ce qui a fait le succès de ce médium et c’est une des choses qui me fait tant aimer mon travail de photojournaliste. Ces images racontent quelque chose, elles capturent une part de «vrai», une scène, un moment de l’histoire, et elles suscitent des émotions, positives ou négatives. Dans un monde où la disponibilité pour le synthétique est illimitée, j’ai la conviction que les médias doivent devenir des «marchands de vrai». Le photojournalisme m’a mené vers la publicité, qui est plus rémunératrice, mais il se peut que ces évolutions technologiques inversent cette pyramide des revenus et me pousse de la publicité vers le journalisme.

Justement, comment réagissez-vous face aux médias qui génèrent de fausses photographies pour illustrer leurs articles? Le Blick l’a fait récemment, avec une image où apparaissent cinq jeunes qui n’existent pas.

Je ne vais pas le cacher, cela m’a porté un coup au moral de voir qu’un média s’amuse à générer des deepfakes, quand bien même il s’agit de visages qui n’existent pas, et que la légende photo le précise. Je ne l’ai pas mal vécu pour des raisons financières, parce que cela m’a privé d’un quelconque revenu. S’ils n’avaient pas généré cette image, ils auraient illustré leur article par une photo tirée d’une banque d’images. Le problème, c’est que cela porte atteinte à la crédibilité des médias. Ces derniers doivent s’interroger sur leur rôle dans cette époque où l’offre de faux est illimitée et omniprésente. Selon moi, cette profession doit se considérer comme le rempart qui protège encore le vrai. Et pour pouvoir occuper ce rôle, il faut être intraitable avec la déontologie.

Ce n’est pas le cas, selon vous?

Je pense que les médias suisses ont toléré ces dernières années des pratiques qui posent question sur le plan déontologique. Qu’il s’agisse (entre autres) de publireportages plus ou moins cachés, de sujets teintés de militantisme ou d’une absence de distance vis-a-vis du langage corporate. J’ai le sentiment que ces pratiques doivent être définitivement arrêtées. En Suisse, aucun média ne m’a par exemple demandé de signer une charte pour m’imposer des limites et s’assurer de mon honnêteté. La première fois que j’ai collaboré avec le New York Times, j’ai reçu des instructions sur ce qui était acceptable ou non. Parmi cette liste figurait l’interdiction d’accepter des cadeaux, le paiement du voyage par des tiers, mais aussi des paramètres techniques à respecter dans la manière d’utiliser mon appareil pour s’assurer que les images reflètent la vérité. Le risque, si je ne respectais pas ces règles, c’est d’être tout simplement ostracisé par les médias américains, parce que le New York Times aurait fait passer le mot.

«Il faut une distinction claire entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas dans les médias»

Mais au fond, ne cherchez-vous pas à conserver votre gagne-pain en limitant la capacité de choisir des médias?

Non. Je peux nourrir ma famille sans la presse aujourd’hui, et je ne fais pas partie de ceux qui vont dire que cette technologie va précariser ma profession. Cela fait déjà 20 ans qu’elle est précarisée. J’ai simplement la conviction qu’un lecteur qui ouvre un journal doit avoir la garantie que la photo qu’il voit raconte bien quelque chose de réel, et qu’il n’a pas besoin de systématiquement vérifier la légende pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un contenu synthétique.

Pour moi, l’enjeu va au-delà de mon propre confort financier. Il s’agit de conserver des lieux où le réel a sa place. Si les médias ne saisissent pas cette occasion pour proposer un contenu rigoureux où le vrai est la seule boussole, alors ils ne serviront plus à rien dans le monde qui nous attend. Il faut qu’il y ait une distinction claire entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas dans les médias. Raison pour laquelle d’ailleurs je pense qu’une illustration qui a un style cartoon et qui serait générée par une IA ne poserait pas de problème pour illustrer un article. Sa dimension fictive sauterait aux yeux. Mais tout ce qui tente de simuler le réel, qui peut tromper, c’est une limite qui ne doit pas être franchie, et je m’inquiète de voir que certains médias l’ont déjà franchie sans attendre.

Que les médias diffusent uniquement de vraies photos ne changera pas le fait que l’on va s’habituer à questionner l’authenticité de chaque contenu, dès lors à quoi bon?

Peut-être, mais les lecteurs ont toujours vu les photos publiées dans la presse comme une forme de rapport au réel. Les montages, qui ne datent pas des IA génératives, ont toujours été vécus comme une tromperie. Il ne doit pas en être différemment avec ces logiciels. Préserver un espace où le réel est la règle sera d’autant plus crucial justement, parce que ce questionnement autour de l’authenticité ne sera pas nécessaire.

Au-delà du rôle des médias, je m’inquiète qu’on me demande quel «prompt» (requête adressée à l’IA, ndlr.) j’ai utilisé pour générer les photos que j’ai réellement prises, par exemple dans mes reportages en Ukraine. Je m’interroge beaucoup sur le rapport qu’auront nos enfants aux photos lorsqu’ils seront grands. J’espère qu’ils seront en mesure de les concevoir comme quelque chose qui raconte le réel, et pas uniquement comme un contenu synthétique que n’importe qui aurait pu générer. J’espère surtout que ces photographies continueront à leur véhiculer des émotions.

IA journalisme photo photo-journalisme
https://www.heidi.news/cyber/niels-ackermann-les-medias-doivent-d-abstenir-de-generer-de-fausses-photos

Synonymes & Co

Thu 27 Apr 2023 - 19:25
https://www.cnrtl.fr/synonymie/

Des livres d’Agatha Christie en français vont aussi être révisés - Huffington Post

Mon 17 Apr 2023 - 18:22

Les expressions jugées offensantes sur le physique ou l’origine de personnages vont être supprimées, ont annoncé les éditions « Le Masque ».

LITTÉRATURE - Les traductions françaises d’Agatha Christie vont faire l’objet de « révisions », notamment la suppression de termes jugés offensants sur le physique ou l’origine de personnages, « s’alignant ainsi sur les autres éditions internationales », a indiqué une porte-parole des éditions « Le Masque » à l’AFP ce lundi 17 avril.

« Les traductions françaises de l’œuvre d’Agatha Christie font l’objet de révisions habituelles et intègrent au fil des années les corrections demandées par Agatha Christie Limited (la société qui gère l’œuvre de l’autrice, ndlr), s’alignant ainsi sur les autres éditions internationales », précise l’éditeur, qui fait partie du groupe Hachette.

Fin mars, le quotidien britannique The Telegraph avait rapporté que plusieurs passages des romans racontant les enquêtes d’Hercule Poirot et Miss Marple, initialement publiés entre 1920 et 1976, avaient été récrits après examen par un comité de lecture. L’éditeur a notamment modifié ou retiré des descriptions de certains personnages étrangers.
Les Dix petits nègres devenus Ils étaient dix

Comme dans Mort sur le Nil (1937), où le personnage de Mrs Allerton se plaignait d’un groupe d’enfants et se moquait de leur nez, ou dans La Mystérieuse Affaire de Styles (1920), dans lequel Hercule Poirot soulignait qu’un autre personnage était « un Juif, bien sûr ».

Ce n’est pas la première fois qu’un titre d’Agatha Christie est modifié. En 2020, le roman policier les Dix petits nègres, un des plus lus et vendus au monde, avait été rebaptisé Ils étaient dix et l’appellation péjorative, citée 74 fois dans la version originale, avait été ôtée de la nouvelle édition.

Récemment, des modifications apportées aux romans pour enfants de l’auteur anglais Roald Dahl avaient suscité l’indignation au Royaume-Uni. Les références au poids, à la santé mentale, à la violence ou aux questions raciales avaient été expurgées d’œuvres comme Charlie et la Chocolaterie ou James et la Grosse Pêche.

Face au tollé, son éditeur, Puffin UK, avait assuré qu’il continuerait de publier les versions originales dans une collection spéciale. La maison d’édition française de l’auteur, Gallimard Jeunesse, avait indiqué qu’elle continuerait d’éditer les versions originales.

Les aventures du célèbre espion britannique James Bond, écrites par Ian Fleming, ont également été récrites en anglais pour en enlever certains passages jugés racistes.

cancel-culture
https://www.huffingtonpost.fr/culture/article/des-livres-d-agatha-christie-en-francais-vont-aussi-etre-revises_216713.html

Qu'on se le dise : les Bretons ne sont pas celtes

Sat 15 Apr 2023 - 17:49

Archéologue spécialiste de la préhistoire du Massif armoricain, Yannick Lecerf tord scientifiquement le cou à quelques idées bretonnantes reçues. Interview.

Yannick Lecerf, archéologue, vient de sortir un livre passionnant et très pédagogique sur la Bretagne préhistorique. S'appuyant sur de récentes découvertes scientifiques et sur ses quelque quatre décennies de recherches, il bouscule les mythes et les légendes du Massif armoricain.

A quelle époque remonte le peuplement de la Bretagne ?

Yannick Lecerf : « On vient de faire un bon considérable dans le temps. Pendant longtemps, on a considéré que les traces les plus anciennes remontaient aux alentours du paléolithique récent (50.000 avant J.-C.). Dans les années quatre-vingt-dix, grâce aux fouilles du CNRS, on a trouvé dans le Finistère Sud le foyer le plus ancien, datant de 450.000 ans avant J.-C. Et puis récemment, à la suite d'érosions accélérées par les tempêtes, on a identifié un foyer dans la vallée de moyenne Vilaine qui nous emmène aux alentours de 750.000 avant J.-C. C'est donc dès cette époque que des hominidés ont fréquenté la Bretagne. »

Les monuments mégalithiques avaient-ils notamment un rapport avec les astres ?

« Non. Lorsqu'au néolithique (5.000 ans avant J.-C. dans le Massif armoricain) les communautés se sédentarisent et organisent leurs territoires, dans les vallées, près des points d'eau, ils créent des zones funéraires, avec de grands cairns mégalithiques, comme celui de Barnénez. Ce sont de grands monuments pouvant atteindre 70 mètres de long, 25 mètres de large et 9 à 10 mètres de hauteur pour accueillir onze chambres funéraires. On va commencer dans le même temps à dresser les premiers grands menhirs de plus de 20 mètres de haut et puis on va aussi créer des lieux de mémoire avec des champs de menhirs. Ils sont dressés afin de marquer un événement pour ces communautés qui sont de tradition orale. C'est à partir de ce moment-là que le territoire est structuré par le mégalithisme, avec une partialisation en lieux de vie, lieux de mort et lieux de mémoire. C'est là que naît l'identité des communautés du Massif armoricain. »

La Bretagne celtique, c'est un mythe ?

« Complètement ! Dans la préhistoire du Massif armoricain, les Celtes ne sont qu'une anecdote qu'on a cherché à monter en épingle à partir du XVIII esiècle, en partie, pour des raisons politiques, Bonaparte voulant recréer une Nation sur des bases identitaires très fortes, lançant la fameuse académie celtique qui a attribué aux Celtes le mégalithisme. »

En tout cas, c'est un mythe persistant…

« Il est particulièrement entretenu, au point que l'on voit aujourd'hui se mettre en place des pratiques néodruidiques complètement construites puisque les communautés du Massif armoricain, de tradition orale, n'ont laissé aucun écrit ! Les Celtes ne sont jamais venus en Bretagne. Les recherches archéologiques démontrent que les Celtes sont venus d'Europe centrale et se sont partagés en deux groupes, l'un remontant vers l'Angleterre, l'Écosse et l'Irlande par la Belgique et la Normandie ; l'autre descendant vers la péninsule, ibérique par le centre de la France en évitant la Bretagne. »

Pourquoi ont-ils snobé la Bretagne ?

« D'abord parce que les Celtes, peuple migrant, n'étaient pas intéressés par les péninsules. Mais je pense que la raison principale tient au fait que les Celtes, qui cherchaient à se fondre dans les populations, n'ont pas réussi à s'intégrer aux communautés bretonnes du fait de leur forte identité développée au néolithique. »

Donc, les Bretons doivent être fiers de ne pas être celtes !

« Absolument ! Ils n'ont pas attendu les Celtes pour avoir une culture forte. »

Bretagne Celtes Généalogie
https://www.lanouvellerepublique.fr/france-monde/qu-on-se-le-dise-les-bretons-ne-sont-pas-celtes

Piwigo, la photo en liberté – Framablog

Tue 28 Mar 2023 - 10:47

Nous avons profité de la sortie d’une nouvelle version de l’application mobile pour interroger l’équipe de Piwigo, et plus particulièrement Pierrick, le créateur de ce logiciel libre qui a fêté ses vingt ans et qui est, c’est incroyable, rentable.

Salut l’équipe de Piwigo ! Nous avons lu avec intérêt la page https://fr.piwigo.com/qui-sommes-nous

Moi je note que « Piwigo » c’est plus sympa que « PhpWebGallery », comme nom de logiciel. Enfin, un logiciel libre qui n’a pas un nom trop tordu. Qu’est-ce que vous pouvez nous apprendre sur Piwigo, le logiciel ?

Piwigo est un logiciel libre de gestion de photothèque. Il s’agit d’une application web, donc accessible depuis un navigateur web, que l’on peut également consulter et administrer avec des applications mobiles. Au-delà des photos, Piwigo permet d’organiser et indexer tout type de média : images, vidéos, documents PDF et autres fichiers de travail des graphistes. Originellement conçu pour les particuliers, il s’est au fil des ans trouvé un public auprès des organisations de toutes tailles.

Le logo de Piwigo, le logicielLe logo de Piwigo, le logiciel

La gestation du projet PhpWebGallery démarre fin 2001 et la première version sortira aux vacances de Pâques 2002. Pendant les vacances, car j’étais étudiant en école d’ingénieur à Lyon et j’ai eu besoin de temps libre pour finaliser la première version. Le logiciel a tout de suite rencontré un public et des contributeurs ont rejoint l’aventure. En 2009, « PhpWebGallery » est renommé « Piwigo » mais seul le nom a changé, il s’agit du même projet.

Les huit premières années, le projet était entièrement bénévole, avec des contributeurs (de qualité) qui donnaient de leur temps libre et de leurs compétences. Le passage d’étudiant à salarié m’a donné du temps libre, vraiment beaucoup. Je faisais pas mal d’heures pour mon employeur mais en comparaison avec le rythme prépa/école, c’était très tranquille : pas de devoirs à faire le soir ! Donc Piwigo a beaucoup avancé durant cette période. Devenu parent puis propriétaire d’un appartement, avec les travaux à faire… mon temps libre a fondu et il a fallu faire des choix. Soit j’arrêtais le projet et il aurait été repris par la communauté, soit je trouvais un modèle économique viable et compatible avec le projet pour en faire mon métier. Si je suis ici pour en parler douze ans plus tard, c’est que cette deuxième option a été retenue.

En 2010 vous lancez le service piwigo.com ; un logiciel libre dont les auteurs ne crèvent pas de faim, c’est plutôt bien. Est-ce que c’est vrai ? Avez-vous trouvé votre modèle économique ?

Le logo de Piwigo, le serviceLe logo de Piwigo, le service

Pour ce qui me concerne, je ne crève pas du tout de faim. J’ai pu rapidement retrouver des revenus équivalents à mon ancien salaire. Et davantage aujourd’hui. J’estime vivre très confortablement et ne manquer de rien. Ceci est très subjectif et mon mode de vie pourrait paraître « austère » pour certains et « extravagant » pour d’autres. En tout cas moi cela me convient :-)

Notre modèle économique a un peu évolué en 12 ans. Si l’objectif est depuis le départ de se concentrer sur la vente d’abonnements, il a fallu quelques années pour que cela couvre mon salaire. J’ai eu l’opportunité de réaliser des prestations de dev en parallèle de Piwigo les premières années pour compenser la croissance lente des ventes d’abonnements.

Ce qui a beaucoup changé c’est notre cible : on est passé d’une cible B2C (à destination des individus) à une cible B2B (à destination des organisations). Et cela a tout changé en terme de chiffre d’affaires. Malheureusement ou plutôt « factuellement » nous plafonnons depuis longtemps sur les particuliers. Nos offres Entreprise quant à elles sont en croissance continue, sans que l’on atteigne encore de plafond. Nous avons donc décidé de communiquer vers cette cible. Piwigo reste utilisable pour des particuliers bien sûr, mais ce sont prioritairement les organisations qui vont orienter notre feuille de route.

Grâce à la réorientation de notre modèle économique, il a été possible de faire grossir l’équipe.

Donc on a Piwigo.org qui fournit le logiciel libre que chacun⋅e peut installer à condition d’en avoir les compétences, et Piwigo.com, service commercial géré par ton équipe et toi. Vous vous chargez de la maintenance, des mises à jour, des sauvegardes.

Qui est vraiment derrière Piwigo.com aujourd’hui ? Et combien de gens est-ce que ça fait vivre ?

Une petite équipe mêlant des salariés, dont plusieurs alternants, des freelances dans les domaines du support, de la communication, du design ou encore de la gestion administrative. Cela représente 8 personnes, certaines à temps plein, d’autres à temps partiel. J’exclus le cabinet comptable, même s’il y passe du temps compte tenu du nombre de transactions que les abonnements représentent…

Qu’est-ce qui est lourd ?

Certains aspects purement comptables de l’activité. La gestion de la TVA par exemple. Non pas le principe de la TVA mais les règles autour de la TVA. Nous vendons en France, dans la zone Euro et hors zone Euro : à chaque situation sa règle d’application des taxes. Les PCA (produits constatés d’avance) sont aussi une petite source de tracas qu’il a fallu gérer proprement. Jamais je n’aurais imaginé passer autant de temps sur ce genre de sujets en lançant le projet commercial.

Qu’est-ce qui est cool ?

Constater que Piwigo est leur principal outil de travail de nombreux clients. On comprend alors que certains choix de design, certaines optimisations de performances font pour eux une grande différence au quotidien.

Création d’un utilisateurCréation d’un utilisateur

Nous avons lancé depuis quelques semaines une série d’entretiens utilisateurs durant lesquels des clients nous montrent comment ils utilisent Piwigo et c’est assez génial de les voir utiliser voire détourner les fonctionnalités que l’on a développées.

D’un point de vue vraiment personnel, ce que je trouve cool c’est qu’un projet démarré sur mon temps libre pendant mes études soit devenu créateur d’emplois. Et j’espère un emploi « intéressant » pour les personnes concernées. Qu’elles soient participantes à l’aventure ou utilisatrices dans leur métier. Je crois vraiment au rôle social de l’entreprise et je suis particulièrement fier que Piwigo figure dans le parcours professionnel de nombreuses personnes.

Votre liste de clients est impressionnante…

Oui, je suis d’accord : ça claque ! et bien sûr tout est absolument authentique. Évidemment on n’affiche qu’une portion microscopique de notre liste de clients.

Recevez-vous des commandes spécifiques des gros clients pour développer certaines fonctionnalités ?

Pourquoi des « gros » ? Certaines entreprises « pas très grosses » ont des demandes spécifiques aussi. Bon, en pratique c’est vrai que certains « gros » ont l’habitude que l’outil s’adapte à leur besoin et pas le contraire. Donc parfois on adapte : en personnalisant l’interface quasiment toujours, en développant des plugins parfois. C’est moins de 5 % de nos clients qui vont payer une prestation de développement. Vendre ce type de prestation n’est pas au cœur de notre modèle économique mais ne pas le proposer pourrait nuire à la vente d’abonnements, donc on est ouverts aux demandes.

Est-ce que vous refusez de faire certaines choses ?

D’un point de vue du développement ? Pas souvent. Je n’ai pas souvenir de demandes suffisamment farfelues… pardon « spécifiques » pour qu’on les refuse a priori. En revanche il y a des choses qu’on refuse systématiquement : répondre à des appels d’offre et autre « marchés publics ». Quand une administration nous contacte et nous envoie des « dossiers » avec des listes de questions à rallonge, on s’assure qu’il n’y a pas d’appel d’offre derrière car on ne rentrera pas dans le processus. Nous ne vendons pas assez cher pour nous permettre de répondre à des appels d’offre. Je comprends que les entreprises qui vendent des tickets à 50k€+ se permettent ce genre de démarche administrative, mais avec notre ticket entre 500€ et 4 000€, on serait perdant à tous les coups. Le « coût administratif » d’un appel d’offre est plus élevé que le coût opérationnel de la solution proposée. C’est aberrant et on refuse de rentrer là-dedans.

Bien que nous refusions de répondre à cette complexité administrative (très française), nous avons de nombreuses administrations comme clients : ministère, mairies, conseils départementaux, offices de tourisme… Comme quoi c’est possible (et légal) de ne pas gaspiller de l’énergie et du temps à remplir des dossiers.

Y a-t-il beaucoup de particuliers qui, comme moi, vous confient leurs photos ? Faites péter les chiffres qui décoiffent !

Environ 2000 particuliers sont clients de notre offre hébergée. Ils sont bien plus nombreux à confier leurs photos à Piwigo, mais ils ne sont pas hébergés sur nos serveurs. Notre dernière enquête en 2020 indiquait qu’environ un utilisateur sur dix était client de Piwigo.com [donc 90% des gens qui utilisent le logiciel Piwigo s’auto-hébergent ou s’hébergent ailleurs, NDLR] .

Si on élargit un peu le champ de vision, on estime qu’il y a entre 50 000 et 500 000 installations de Piwigo dans le monde. Avec une énorme majorité d’installations hors Piwigo.com donc. Difficile à chiffrer précisément car Piwigo ne traque pas les installations.

La page d’administration de PiwigoLa page d’administration de Piwigo

Pour des chiffres qui « décoiffent », je dirais qu’on a fait 30 % de croissance en 2020. Puis encore 30 % de croissance en 2021 (merci les confinements…) et qu’on revient à notre rythme de croisière de +15 % par an en 2022. Dans le contexte actuel de difficulté des entreprises, je trouve qu’on s’en sort bien !

Autre chiffre qui décoiffe : on n’a pas levé un seul euro. Aucun business angel, aucune levée de fonds auprès d’investisseurs. Notre croissance est douce mais sereine. Attention pour autant : je ne dénigre pas le principe de lever des fonds. Cela permet d’aller beaucoup plus vite. Vers le succès ou l’échec, mais beaucoup plus vite ! Rien ne dit que si c’était à refaire, je n’essaierais pas de lever des fonds.

Encore un chiffre respectable : Piwigo a soufflé sa vingtième bougie en 2022. Le projet a connu plusieurs phases et nous vivons actuellement celle de la professionnalisation. Beaucoup de projets libres s’arrêtent avant et disparaissent car ils ne franchissent pas cette étape. Si certains voient dans l’arrivée de l’argent une « trahison » de la communauté, je trouve au contraire que c’est sain et gage de pérennité. Lorsque les fondateurs d’un projet ont besoin d’un modèle économique viable pour payer leurs propres factures, vous pouvez être sûrs que le projet ne va pas être abandonné sur un coup de tête.

Est-ce que les réseaux sociaux axés sur la photographie concurrencent Piwigo ? On pense à Instagram mais aussi à Pixelfed, évidemment.

J’ai regardé rapidement ce qu’était Pixelfed. Ma conclusion au bout de quelques minutes : c’est un clone opensource à Instagram, en mode décentralisé.

Piwigo n’est pas un réseau social. Pour certains utilisateurs, Piwigo a perdu de son intérêt dès lors que Facebook et ses albums photos sont arrivés. Pour d’autres, Piwigo constitue au contraire une solution pour ceux qui refusent la centralisation/uniformisation telle que proposée par Facebook ou Google. Enfin pour de nombreux clients pro (photographes ou entreprises) Piwigo est un outil à usage interne de l’équipe communication pour organiser les ressources média qui seront ensuite utilisées sur les réseaux sociaux. Il faut comprendre que pour les chargés de communication d’un office de tourisme, mettre sa photothèque sur Facebook n’a aucun sens. Ils ou elles publient quelques photos sur Facebook, sur Instagram ou autres, mais leur photothèque est organisée sur leur Piwigo.

Bref, même si les premières années je me suis demandé si Piwigo était encore pertinent face à l’émergence de ces nouvelles formes de communication, je sais aujourd’hui que Piwigo n’est pas en concurrence frontale avec ces derniers mais qu’au contraire, l’existence de ces réseaux nécessite pour les marques/entreprises qu’elles organisent leurs photothèques. Piwigo est là pour les y aider.

Quelles sont les différences ?

La toute première des choses, c’est la temporalité. Les réseaux sociaux sont excellents pour obtenir une exposition forte et éphémère de votre « actualité ». À l’inverse, Piwigo va exceller pour vous permettre de retrouver un lot de photos parmi des centaines de milliers, organisées au fil des années. Piwigo permet de gérer son patrimoine photo (et autres médias) sur le temps long.

L’autre aspect important c’est le travail en équipe. Un réseau social est généralement conçu autour d’une seule personne qui administre le compte. Dans Piwigo, plusieurs administrateurs collaborent (à un instant T ou dans la durée) pour construire la photothèque : classification, indexation (tags, titre, descriptions…)

Enfin, certaines fonctionnalités n’ont tout simplement rien à voir. Par exemple, dans un réseau social le cœur de métier va être d’obtenir des likes. Dans un Piwigo, vous allez pouvoir mettre en place un moteur de recherche multicritères avec vos propres critères. Par exemple on a un client qui fabrique des matériaux acoustiques. Ses critères de recherche sont collection, coloris, lieu d’implantation… Cela n’aurait aucun sens sur l’interface uniformisée d’un Instagram.

Qui apporte des contributions à Piwigo ? Est-ce que c’est surtout la core team ?

Cela a beaucoup changé avec le temps. Et même ce qu’on appelle aujourd’hui « équipe » n’est plus la même chose que ce qu’on appelait « équipe » il y a 10 ans. Aujourd’hui, l’équipe c’est essentiellement celle du projet commercial. Pas uniquement mais quand même pas mal.

On a donc beaucoup de contributions « internes » mais ce serait trop simplificateur d’ignorer l’énorme apport de la communauté de contributeurs au sens large. Déjà parce que l’état actuel de Piwigo repose sur les fondations créées par une communauté de développeurs bénévoles. Ensuite parce qu’on reçoit bien sûr des contributions sous forme de rapports de bugs, des pull-requests mais aussi grâce à des bénévoles qui aident des utilisateurs sur les forums communautaires, les bêta-testeurs… sans oublier les centaines de traducteurs.

Petite anecdote dont je suis fier : Rasmus Lerdorf, créateur de PHP (le langage de programmation principalement utilisé dans Piwigo) nous a plusieurs fois envoyé des patches pour que Piwigo soit compatibles avec les dernières versions de PHP.

Quel est votre lien avec le monde du Libre ? (<troll>y a-t-il un monde du Libre ?</troll>)

Je ne sais pas s’il y a un « monde du libre ». Historiquement Les contributeurs sont d’abord des utilisateurs du logiciel qui ont voulu le faire évoluer. Je ne suis pas certain qu’il s’agisse de fervents défenseurs du logiciel libre.

Franchement je ne sais pas trop comment répondre à cette question. Je sais que Piwigo est une brique de ce monde du libre mais je ne suis pas sûr que l’on conscientise le fait de faire partie d’un mouvement global. Je pense qu’on est pragmatique plutôt qu’idéologique.

En tant que client, je viens de recevoir le mail qui annonce le changement de tarif. Pouvez-vous nous expliquer l’origine de cette décision ?

Là on est vraiment sur l’actualité « à chaud ». Le changement de tarif pour les nouveaux/futurs clients a fait l’objet d’une longue réflexion et préparation. Je dirais qu’on le prépare depuis 18 mois.

Si j’ai bien compris la clientèle particulière est un tout petit pourcentage de la clientèle de Piwigo.com ?

Les clients de l’ancienne offre « individuelle » représentent 30 % du chiffre d’affaires des abonnements pour 91 % des clients. J’exclus les prestations de dev, qui sont exclusivement ordonnées par des entreprises. Donc « tout petit pourcentage », ça dépend du point de vue :-)

Est-ce que l’offre de stockage illimité devient trop chère ?

En moyenne sur l’ensemble des clients individuels, on est à ~30 Go de stockage utilisé. La médiane est quant à elle de 5Go. Si la marge financière dégagée n’est pas folle, on ne perd pas d’argent pour autant, car nous avons réussi à ne pas payer le stockage trop cher. Pour faire simple : on n’utilise pas de stockage cloud type Amazon Web Services, Google Cloud ou Microsoft Azure. Sinon on serait clairement perdant.

Ceci est vrai tant qu’on propose de l’illimité sur les photos. Sauf que la première demande au support, devant toutes les autres, c’est : « puis-je ajouter mes vidéos ? », et cela change la donne. Hors de question de proposer de l’illimité sur les vidéos. De l’autre côté, on entend et on comprend la demande des utilisateurs concernant les vidéos. Donc on veut proposer les vidéos, mais il faut en parallèle introduire un quota de stockage.

Ensuite nous avions un souci de cohérence entre l’offre individuelle (stockage illimité mais photos uniquement) et les offres entreprise (quota de stockage et tout type de fichiers). La solution qui nous paraît la meilleure est d’imposer un quota pour toutes les offres, mais un quota généreux. L’offre « Perso » est à 50 Go de stockage, donc largement au-delà de la conso moyenne.

Enfin la principe de l’illimité est problématique. En 12 ans, la perception du grand public sur le numérique a évolué. Je parle spécifiquement de la consommation de ressources que le numérique représente. Le cloud, ce sont des serveurs dans des centres de données qui consomment de l’électricité, etc. En 2023, je pense que tout le monde a intégré le fait que nous vivons dans un monde fini. Ceci n’est pas compatible avec la notion de stockage infini. Je peux vous assurer que certains utilisateurs n’ont pas conscience de cette finitude.

Est-ce que des pros ont utilisé cette offre destinée aux particuliers pour « abuser » ?

Il y a des abus sur l’utilisation de l’espace de stockage, mais pas spécialement par des pros. On a des particuliers qui scannent des documents en haute résolution par dizaine de milliers pour des téraoctets stockés… On a des particuliers qui sont fans de telle ou telle star de cinéma et qui font des captures d’écran chaque seconde de chaque film de cet acteur. Ne rigolez pas, cela existe.

En revanche on avait un soucis de positionnement : l’offre « individuelle » n’était pas très appropriée pour les photographes pros mais l’offre entreprise était trop chère. On a maintenant des offres mieux étagées et on espère que cela sera plus pertinent pour ce type de client.

Enfin on a des entreprises qui essaient de prendre l’offre individuelle en se faisant passer pour des particuliers. Et là on est obligés de faire les gendarmes. On a même détecté des « patterns » de ses entreprises et on annulait les commandes « individuelles » de ces clients. J’en avais personnellement un petit peu ras le bol :-)

Les nouvelles offres, même « Perso » sont accessibles même à des multinationales. Évidemment, les limites qu’on a fixées devraient naturellement les orienter vers nos offres Entreprise (nouvelle génération) voire VIP.

Est-ce qu’il s’agissait d’une offre qui se voulait temporaire et que vous avez laissé filer parce que vous étiez sur autre chose ?

Pendant 12 ans ? Non non, le choix de proposer de l’illimité en 2010 était réfléchi et « à durée indéterminée ». Les besoins et les possibilités et surtout les demandes ont changé. On s’adapte. On espère ne pas se tromper et si c’est le cas on fera des ajustements.

L’important c’est de pas mettre nos clients au pied du mur : ils peuvent renouveler sur leur offre d’origine. On a toujours proposé cela et on ne compte pas changer cette règle. C’est assez unique dans notre secteur d’activité mais on y tient.

Nous avons vu que votre actualité c’était la nouvelle version de Piwigo NG. Je crois que vous avez besoin d’aide. Vous pouvez nous en parler ?

Nous avons plusieurs actualités et effectivement côté logiciel, c’est la sortie de la version 2 de l’application mobile pour Android. Piwigo NG (comme Next Generation) est le résultat du travail de Rémi, qui travaille sur Piwigo depuis deux ans. Après avoir voulu faire évoluer l’application « native » sans succès, il a créé en deux semaines un prototype d’application mobile en Flutter. Ce qu’il avait fait en deux semaines était meilleur que ce que l’on galérait à obtenir avec l’application native en plusieurs mois. On a donc décidé de basculer sur cette nouvelle technologie. Un an après la sortie de Piwigo NG, Rémi sort une version 2 toujours sur Flutter mais avec une nouvelle architecture « plus propice aux évolutions ». Le fameux « il faut refactorer tous les six mois », devise des développeurs Java.

En effet nous avons besoin d’aide pour bêta-tester cette version 2 de Piwigo NG. Plus nous avons de retours, plus nous pouvons la stabiliser.

Pour aller plus loin

  • Vous pouvez auto-héberger votre Piwigo, rendez-vous sur cette page
  • ou vous pouvez prendre un abonnement ici
  • Piwigo est également une application intégrée à la solution d’auto-hébergement Yunohost
Frama Piwigo
https://framablog.org/2023/03/28/piwigo-la-photo-en-liberte/

Comment le référencement a ruiné Internet - Speedway98

Wed 22 Feb 2023 - 11:52

Entre 1998 et 2003, rechercher quelque chose sur Google était magique. Je me souviens avoir saisi une vague notion comme "lait maternel du pétrole" et avoir été dirigé vers une interview de Thomas Gold, un astrophysicien qui postulait que les gisements d'hydrocarbures se remplissaient d'eux-mêmes en raison de la pression géologique.

Aujourd'hui, si vous cherchez quelque chose de technique, de spécifique, d'académique ou de généralement non commercial, bonne chance. Le meilleur système de recherche d'informations au monde s'est transformé en quelque chose qui rappelle le Digg de 2006 : Un indice de popularité contrôlé par un petit nombre d'acteurs motivés par le commerce. Ils se font appeler "SEOs".

Les spécialistes de l'optimisation technique des moteurs de recherche ont un laissez-passer : Ils rendent généralement le web plus rapide, plus sûr et plus accessible. Les "Black hat" SEOs sont des méchants évidents. Ils améliorent leur propre classement sur le web en enfreignant la loi (par exemple, en piratant un site web pour ajouter des liens vers le leur). Mais les "black hats" sont les petits criminels du monde du référencement. Ce sont les SEO "à chapeau blanc", les supposés gentils, qui sont les loups déguisés en moutons.

Ces spécialistes du marketing web ont une stratégie simple : étouffer la concurrence en concentrant l'autorité. Ils marchent en arborant une bannière de légitimité et d'autosatisfaction, et comme un régime totalitaire, ils pensent que la fin justifie les moyens. Voici quelques-unes des tactiques qu'ils utilisent.

Réécrire l'histoire

S'il vous est déjà arrivé de relire un article et de jurer que le titre, les hyperliens et les en-têtes avaient été modifiés, vous ne l'imaginez pas. Les spécialistes du référencement "optimisent" les anciens articles pour les rendre plus commercialisables (et pour diriger les visiteurs vers des contenus plus récents et plus commerciaux). Lorsque je regarde des articles que j'ai écrits il y a dix ans, je constate qu'ils ont été mis à jour avec du texte que je n'ai pas écrit et qui porte des significations que je ne voulais pas.

Effacer le passé

"L'élagage du contenu" est une tactique de référencement efficace sur les sites Web importants et établis. Au lieu d'archiver le vieux contenu ayant une signification historique, de nombreux sites Web le suppriment de leurs serveurs et renvoient un code d'état 410. Disparu. L'objectif est d'optimiser le "budget d'exploration", afin que Google se concentre sur le contenu qui compte aujourd'hui. Le résultat est un web sans mémoire institutionnelle ni responsabilité.

Diriger le récit

Montrez-moi une salle de rédaction moderne et je vous montrerai un stratège de contenu que les rédacteurs sont censés consulter. Mais lorsque les journalistes se sentent contraints d'écrire sur des sujets qu'ils ne maîtrisent pas, ou lorsqu'ils sont obligés de formuler les choses d'une manière spécifique, les "meilleures pratiques de référencement" commencent à ressembler à de la propagande. C'est l'effet de l'information par câble, où un stratège en coulisse édite le script et pousse chaque tendance comme une "nouvelle de dernière minute".
Donner l'illusion du choix

Une poignée de sociétés d'édition possèdent des centaines de sites web de médias qui reçoivent collectivement des milliards de visites de moteurs de recherche chaque année. Faites une recherche sur "meilleur smartphone" et vous verrez peut-être des résultats de sites Web comme TechRadar, Android Central, T3, Tom's Guide, Anandtech, iMore ou Top Ten Reviews. Peu importe le site pour lequel vous votez avec votre clic, le scrutin est pipé : Tous ces sites sont détenus par une seule et même entreprise.

Accumulation de richesses

Les liens sont la monnaie du web. Sans eux, les moteurs de recherche ne pourraient pas juger de la valeur relative d'une page par rapport à une autre. Malheureusement, de nombreux grands sites Web thésaurisent leur capital de liens en refusant de créer des liens vers des sites Web externes ou en utilisant un attribut rel="nofollow" sur chaque lien externe (c'est-à-dire en demandant aux moteurs de recherche d'ignorer ces liens). L'ensemble du web s'en trouve appauvri.

Le référencement est un jeu à somme nulle qui compte un perdant pour chaque gagnant. Mais nous sommes tous perdants lorsque le référencement encourage le gaslighting, le link rot, la conformité, le monopole et la subversion. Je me souviens quand il était facile de trouver la logique, les faits et la rationalité sur le web. Puis, quelqu'un les a optimisés.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

référencement référenceur SEO
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Registres maritimes et généalogie : retrouvez vos ancêtres marins - Généafinder

Sun 12 Feb 2023 - 12:02

Si vous cherchez un ancêtre qui a fait partie de la Marine Nationale française, la bonne piste est dans les archives de la Marine qui répertorient l’état civil et le signalement des marins, ainsi que leur carrière. Cependant tout n’est pas disponible en ligne. Le plus simple pour les recherches maritimes reste encore de s’adresser directement aux archives des 3 ports militaires Français : Cherbourg, Brest et Toulon. Elles seules disposent des registres matricules de la Marine, non disponibles en ligne.

Heureusement, des sites web peuvent déjà nous aider avant que nous traversions la France et les Océans :

Les archives de l'inscription maritime

Les sites d'institutions et archives

  • Registres maritimes Loire-Atlantique en ligne : Inscrits maritimes, matricules de navires, journaux de bord, capitaines…

  • La base de données reprend les informations contenues dans les registres d’inscription maritime conservés au [service historique de la défense à Cherbourg](http:// http://www.unicaen.fr/ufr/histoire/cimarconet/accueil.php) Attention : CIMARCONET n'est plus en ligne depuis le 30 septembre 2021, à la suite d'une cyberattaque.

  • www.frenchlines.com : site créé dans le but de « conserver la mémoire des entreprises et des hommes qui ont œuvré dans tous les domaines du commerce maritime national et international ». On y trouve notamment un répertoire des navires.

  • Rouen et Le Havre : Registres de l’administration de l’inscription maritime

  • Naissances et décès en mer en France 1802-1872

  • Base patronymique des marins et des passagers de la compagnie des Indes entre 1721 et 1770.

  • La liste des marins disparus et décédés, du milieu du XIXe au milieu du XXe siècle par l'Arche Musée et Archives de la Collectivité Territoriales de Saint-Pierre et Miquelon

  • L'inscription maritime aux archives départementales de Seine-Maritime

Les sites bénévoles

  • Un guide pour effectuer ses recherches sur des ancêtres marins

  • Le site www.migrations.fr contient de nombreuses informations comme le matricule des gens de mer de Granville entre 1706 et 1725.

  • Un groupe d’entraide de généalogie Outremer sur Facebook

  • Une base de données pour retrouver un ancêtre corsaire. Les navires et les armateurs y sont indexés.

  • Mémoire des équipages des marines de guerre, commerce, pêche et plaisance de 1939 à 1945 pour retrouver un marin ou un bâtiment dans la base de données.

  • Une base de données des désarmements des navires du Havre avec la liste des capitaines ainsi que la liste des navires désarmés.

  • Mémorial des officiers de marine

Mais si le voyage vous dit

Ici la liste des centres d'archives militaires en France :

  • Brest : Centre historique des archives de la marine en Atlantique et dans le pacifique
    4, rue du Commandant Malbert, 29240 BREST CEDEX 9

  • Cherbourg : Centre historique des archives de la marine en Manche et en mer du Nord
    57 Rue de l'Abbaye, 50100 Cherbourg-Octeville

  • Toulon : Centre d’archives de la marine en méditerranée et dans l’océan Indien
    Passage de la Corderie, 83000 Toulon

  • Rochefort : Centre historique des archives : archives de la marine du littoral atlantique ( de la Vendée à l’Espagne )
    4, rue du Port 17300 Rochefort

  • Lorient : Centre d’archives de la marine en Océan Indien dont le fonds de la compagnie des Indes
    1bis Rue de la Cale Orry, 56100 Lorient

Bonnes recherches !

Généalogie marins
https://geneafinder.com/blog?id=13:31

Infographie : L'excès de lumière est une pollution majeure

Wed 8 Feb 2023 - 22:10

Pollution lumineuse

environnement lumière nuit pollution-lumineuse
https://partage.agirpourlenvironnement.org/s/infographie-lexces-de-lumiere-est-une-pollution-majeure/

La loi européenne sur le contrôle des conversations (chats) interdit les systèmes d'exploitation open source. - Blog | Mullvad VPN

Wed 1 Feb 2023 - 12:57

1er février 2023 VIE PRIVÉE

La proposition de loi européenne sur le contrôle du chat ne se contentera pas de prendre le contrôle totalitaire de toutes les communications privées. Elle aura également pour conséquence involontaire d'interdire les systèmes d'exploitation open source.

L'UE est actuellement en train de promulguer la loi sur le contrôle du chat. Elle a été critiquée pour avoir créé un système centralisé de surveillance et de censure de masse à l'échelle de l'UE et pour avoir permis aux gouvernements d'écouter toutes les communications privées. Mais une conséquence peu évoquée de la loi proposée est qu'elle rend illégaux pratiquement tous les systèmes d'exploitation à code source ouvert existants, y compris les principales distributions Linux. Elle interdirait également l'archive d'applications Android open source F-Droid.

L'article 6 de la loi impose à tous les "magasins d'applications logicielles" de :

Évaluer si chaque service fourni par chaque application logicielle permet une communication interhumaine.
vérifier si chaque utilisateur est âgé de plus ou moins de 17 ans
empêcher les utilisateurs de moins de 17 ans d'installer de tels logiciels de communication.

En laissant de côté la folie des intentions déclarées ou les détails des logiciels qui seraient visés, examinons les implications pour les systèmes de logiciels libres.

Un "magasin d'applications logicielles" est défini par l'article 2[*] comme étant "un type de services d'intermédiation en ligne, qui se concentre sur les applications logicielles en tant que produit ou service intermédié".

Cela couvre clairement les archives logicielles en ligne presque universellement utilisées par les systèmes d'exploitation à source ouverte depuis les années 1990 comme principale méthode de distribution des applications et des mises à jour de sécurité. Ces archives sont souvent créées et maintenues par de petites entreprises ou des associations de bénévoles. Elles sont hébergées par des centaines d'organisations telles que des universités et des fournisseurs d'accès à Internet dans le monde entier. L'une des principales, l'archive de paquets Debian gérée par des bénévoles, contient actuellement plus de 170 000 paquets logiciels.

Ces services d'archivage de logiciels ne sont pas construits autour du concept d'un utilisateur humain individuel avec une identité ou un compte. Ils desservent des machines anonymes, comme un ordinateur portable, un serveur ou un appareil. Ces machines peuvent ensuite être utilisées ou non par des utilisateurs humains individuels pour installer des applications, ce qui échappe totalement au contrôle des services d'archives.

Pour être en mesure, ne serait-ce que conceptuellement et théoriquement, de respecter cette loi, il faudrait revoir totalement l'installation des logiciels, leur approvisionnement et les mises à jour de sécurité, procéder à une restructuration organisationnelle majeure et mettre au rebut, centraliser et reconstruire l'infrastructure de distribution des logiciels.

Ceci n'est bien sûr que théorique car les coûts et les problèmes pratiques seraient insurmontables.

Si et quand cette loi entre en vigueur, elle rendra illégaux les services de logiciels libres qui sous-tendent la majorité des services et des infrastructures sur l'internet, un nombre incalculable d'appareils et les ordinateurs utilisés par les développeurs de logiciels, parmi beaucoup d'autres choses. Pour se conformer à la loi, il faudrait tout arrêter, au niveau mondial, car les serveurs qui fournissent les logiciels et les mises à jour de sécurité ne font pas la différence entre un serveur web, un développeur de logiciels japonais, un réfrigérateur et un adolescent européen.

Il peut sembler incroyable que les auteurs de la loi n'aient pas pensé à cela, mais ce n'est pas si surprenant si l'on considère qu'il ne s'agit là que de l'une des nombreuses conséquences gigantesques de cette loi mal conçue et rédigée.

[Pour définir un magasin d'applications logicielles, la loi fait référence à la loi européenne sur les marchés numériques, article 2, point 12, qui définit l'"assistant virtuel". Ce qu'ils veulent dire en réalité est le point 14, qui définit le "magasin d'applications logicielles".
Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Europe Libre Vie-privée
https://mullvad.net/en/blog/2023/2/1/eu-chat-control-law-will-ban-open-source-operating-systems/
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