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 La revue de web de Kat

La destruction du 6 juin 1944 - Archives de la Manche

Fri 27 Oct 2023 - 09:57

La date du 6 juin 1944 qui vit la destruction totale des collections et du bâtiment des Archives départementales de la Manche, scindera toujours en deux leur histoire.

Avant 1944 : un dépôt d'archives, dont l'importance (plus de 85000 articles) n'était connue ou plutôt soupçonnée que des initiés, dont deux séries étaient fort belles : la série A (Domaine royal et domaines engagés) et la série E (état civil, familles, notaires), mais dont la série H (Clergé régulier) écrasait les prétentions en ce domaine de tous les autres dépôts départementaux par sa splendeur numériquement et quantitativement inimaginable :

Abbayes de Blanchelande : 1300 articles ; de Cerisy : 550 articles ; de Cherbourg : 2300 articles ; de Hambye : 300 articles ; de Lessay : plus de 3400 articles ; de Montebourg : 5000 articles ; de Montmorel : 1500 articles ; du Mont Saint-Michel : 3000 articles et 1500 sceaux ; de Saint-Lô : 750 articles ; de Saint-Sauveur-le-Vicomte : 2200 articles ; de Savigny : 2200 articles ; de Torigni : 250 articles ; Abbaye blanche : 615 articles ; etc ...

De multiples instruments de travail, inventaires et répertoires, en facilitaient l'accès. La majorité, manuscrits, ont péri, à l'exception de quelques notes de travail de Dubosc et de Doblet.

Après 1944 : Mise en place d'une dynamique politique de reconstitution (à l'identique parfois, grâce à des copies d'avant 1944 ; à l'"équivalence" le plus souvent) des collections afin de restituer aux Manchois, par tous les moyens possibles, une part de la mémoire perdue. Celle-ci est multiforme : campagnes de microfilmages, relayées maintenant par la numérisation, reconstitutions de corpus documentaires et indexation systématique de ces collections, collecte tous azimuts des archives antérieures aux désastres de la guerre, actions multiples auprès des particuliers pour faire déposer leurs papiers familiaux ou professionnels, classements et inventaires.

archives Normandie
https://www.archives-manche.fr/a/482/la-destruction-du-6-juin-1944/

L'ordonnance de Villers-Cotterêts n'est pas ce que vous croyez | Slate.fr

Thu 19 Oct 2023 - 21:23

Signée en 1539 par François Ier, elle est souvent présentée comme l'acte qui a officialisé le français. C'est oublier sa nature originelle et ses parts d'ombre.

L'ordonnance de Villers-Cotterêts devrait être visible à la Cité internationale de la langue française le 1er novembre 2023. | Eliselfg via Wikimedia Commons L'ordonnance de Villers-Cotterêts devrait être visible à la Cité internationale de la langue française le 1er novembre 2023.
Eliselfg via Wikimedia Commons

Le 1er novembre 2023, le château royal de Villers-Cotterêts (Aisne) et sa Cité internationale de la langue française devraient ouvrir leurs portes au grand public. Condamnés à la ruine, les murs du château ont été sauvés par Emmanuel Macron. Déjà parce que le lieu représente un témoignage majeur du patrimoine de la Renaissance. Ensuite parce qu'un événement enseigné dans toutes les écoles s'y est déroulé en août 1539 (la date exacte est incertaine). «Aucun autre lieu au monde ne symbolise mieux la naissance du français, s'enthousiasme Jacques Krabal, l'ancien député de l'Aisne qui a ardemment œuvré pour son sauvetage. Dans l'Aisne, nous connaissons beaucoup de difficultés, mais nous avons cette fierté.»

Le roi de France d'alors, François Ier, avait signé l'année précédente une paix de dix ans avec son ennemi Charles Quint. Ce qui lui a permis de se recentrer sur les affaires domestiques du royaume et le quotidien de ses sujets. Sa cour itinérante a passé tout l'été dans son château de Villers-Cotterêts, où le roi est tombé malade. C'est alors qu'il reprend du poil de la bête qu'il signe l'ordonnance dite «de Villers-Cotterêts».

Un texte de procédure

La mémoire collective a retenu que François Ier avait signé l'acte officialisant le français. On imagine des trompettes de la renommée retentir dans le château, alors qu'en fait, le souverain a approuvé un texte strictement juridique, assez technique d'ailleurs, avec un objectif: obtenir le soulagement de ses sujets par l'abréviation (c'est-à-dire l'abrégement) des procès. On veut accélérer le cours de la justice, on supprime les formalités inutiles. C'est un texte de procédure.

«Il s'agit de remédier aux lenteurs de la justice pour désencombrer les tribunaux», décrypte Charles Baud, chartiste et docteur en droit, qualifié aux fonctions de maître de conférences et auteur de la thèse «L'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) et sa réception jusqu'aux codifications napoléoniennes». On est assez loin d'une volonté visionnaire pour la langue…

Parmi ses 192 articles, l'ordonnance en comprend un seul, le 111, dans lequel il est bien question de linguistique: les actes de justice devront dorénavant être rédigés «en langage maternel françois et non autrement». Mais, là encore, cette décision s'inscrit dans une logique de simplification des procédures. On exclut de facto le latin, cette langue élitiste que ne maîtrise pas le peuple. En optant pour la langue maternelle, la justice devenait moins obscure pour le quidam. En ce sens, l'ordonnance démocratisait le droit.

Cela témoigne d'un basculement alors qu'en ce XVIe siècle, le savoir ne s'exprimait qu'en latin. Beaucoup voulaient en découdre avec cette langue prestigieuse qui ne voulait pas mourir et donnait des complexes au français. Dans les parlements, ces hautes cours de justice d'alors, on a appliqué la disposition royale sans résistance –en matière de justice, on pouvait bien se passer des mots de Cicéron. «Le parlement de Paris a enregistré le texte le 6 septembre 1539 et dès cette date, tous les actes ont été enregistrés en français, précise Charles Baud, qui a fouillé les archives judiciaires. Le français était d'ailleurs déjà employé dans certains tribunaux de province, notamment dans le Sud-Ouest.»

Plus décisif que l'ordonnance: l'élan littéraire. Dix ans après sa signature, c'est Joachim du Bellay qui a enfoncé le clou avec sa Défense et illustration de la langue française. La langue française «sortira de terre, et s'élèvera en telle hauteur et grosseur, qu'elle se pourra égaler aux mêmes Grecs et Romains», annonçait-il. La mythification de Villers-Cotterêts semble avoir commencé dès l'origine, car elle servait le dessein d'écrivains et d'écrivaines qui s'efforçaient de donner au français une vitalité inédite. Quant à lui immobile, le latin restera une langue considérable de culture, de diplomatie et de religion, même si son lent déclin sera irréversible. En 2021, l'option latin n'a été suivie que par 3% des lycéens.

Qu'est-ce que c'est qu'un langage maternel françois?

Revenons sur la formulation: dorénavant, les actes juridiques doivent être rédigés «en langage maternel françois et non autrement». Un chef-d'œuvre d'ambiguïté digne d'un quatrain de Nostradamus. Ce langage maternel françois déchire depuis longtemps les linguistes: s'agit-il de toutes les langues maternelles parlées en France, ou bien de la seule langue du roi? «Mon hypothèse est que François Ier a volontairement employé cette formule très ambiguë pour contenter tout le monde et prévenir certaines contestations parlementaires pour ménager les particularismes provinciaux», estime Charles Baud.

Ce qui est certain, c'est que le roi n'avait certainement pas l'ambition, ni même le désir, que tout le monde parle français. «Colette Beaune l'a bien montré dans Naissance de la nation France: on était très fier, au XVIe siècle, de la richesse linguistique de la France, où il y avait de multiples dialectes, poursuit le docteur en droit. Cela ne posait pas de problème politique.»

Toujours est-il que cette formulation flottante sera par la suite interprétée à l'encontre des langues régionales. À partir de la Révolution, le latin n'est plus le seul ennemi: s'y ajoutent les différents parlers régionaux. Comme si seul le français pouvait être républicain, les autres langues et dialectes devaient être combattus. Le 2 Thermidor 1794 (20 juillet 1794), Maximilien Robespierre a fait publier un décret lançant la Terreur linguistique. Le chef du Comité de salut public tombera peu après, mais l'anathème jacobin était jeté sur les langues régionales qui susciteront la méfiance tout au long du XIXe siècle.

C'est ainsi que la justice s'appuiera sur l'ordonnance pour refuser l'emploi d'une langue régionale dans la procédure judicaire. La plus ancienne décision trouvée par Charles Baud est l'arrêt «Giorgi contre Masaspino», rendu le 4 août 1859 par la Cour de cassation. Un siècle plus tard, dans le célèbre arrêt «Quillevère» du 22 novembre 1985, le Conseil d'État estimait à son tour que seuls des actes rédigés en français étaient recevables. Cette ordonnance royale a traversé les régimes en raison d'une lacune: le français n'est devenu langue officielle qu'en 1992, avec son insertion tardive dans la Constitution (article 2). C'est à la fois le dernier texte de l'Ancien Régime directement applicable et le plus ancien.

«Les juges judiciaires ou administratifs continuent à s'y référer, alors qu'ils pourraient très bien se contenter de citer la loi Toubon de 1994 ou la version révisée en 1992 de la Constitution. L'ordonnance est un peu une clause décorative, insérée ici pour faire joli, sans raison juridique véritable.» Inutile juridiquement, l'ordonnance de Villers-Cotterêts apporte un souffle symbolique jusque dans nos salles d'audience. Probablement parce que ce texte célèbre une forme de communion nationale autour de la langue.

Une face bien sombre

Avec cette ordonnance, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. C'est elle qui oblige à tenir des registres de baptêmes et de sépultures: il s'agit de l'ancêtre de notre état civil et les généalogistes peuvent aujourd'hui saluer la mémoire de François Ier. Moins reluisant, cette ordonnance comprend aussi un volet pénal qui paraît, regardé avec des yeux contemporains, terriblement cruel et arbitraire. Les procès devaient être rapides et toute une série de mesures visait à aggraver le caractère inquisitoire de la procédure en rognant très sévèrement sur les droits de l'accusé.

Cette justice expéditive cherchait avant tout des coupables, au détriment des droits les plus élémentaires de la défense. Tout ce que combattront les philosophes des Lumières. «Si l'ordonnance n'avait pas été connue pour sa décision sur la langue, elle aurait pu devenir tristement célèbre pour les procès kafkaïen où l'accusé est livré à lui-même, seul, sans ressources ni connaissance des pièces du dossier et, surtout, sans l'assistance d'un avocat, constate Charles Baud. On s'étonne que les révolutionnaires n'aient pas agité ce texte comme symbole de l'iniquité du droit pénal sous l'Ancien Régime!»

Fort heureusement, seul son volet linguistique est passé à la postérité, au point d'incarner l'officialisation du français. «Dire que le français est devenu officiel à Villers-Cotterêts est évidemment un raccourci, sourit Charles Baud. Quand je l'entends dans les médias, en tant qu'historien attaché à la véracité des sources, je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est un manque de précision et de rigueur. Mais c'est le jeu: les gens ont besoin d'avoir des jalons, des repères spatio-temporels communs. C'est ce qui permet de faire société.» Ce texte mythique est aujourd'hui revenu au bercail: on pourra bientôt le découvrir là où il est né, dans le flambant neuf château de Villers-Cotterêts.

Généalogie langue
https://www.slate.fr/story/254980/ordonnance-villers-cotterets-langue-francaise-mythe-francois-ier-justice-proces

Décret n° 2023-835 du 29 août 2023 relatif aux usages et aux conditions d'utilisation des eaux de pluie et des eaux usées traitées - Légifrance

Mon 9 Oct 2023 - 13:53

Depuis le 1er septembre 2023 : interdiction de l'utilisation des eaux de pluie dans les locaux d'habitation entre autres

« Dispositions communes aux eaux de pluie et aux eaux usées traitées

« Art. R. 211-123.-I.-L'utilisation des eaux de pluie et des eaux usées traitées, telles que définies respectivement aux articles R. 211-124 et R. 211-125, est possible dans les lieux et aux conditions définies aux articles R. 211-126 et R. 211-127 pour les usages non domestiques.
« L'utilisation des eaux de pluie est possible sans procédure d'autorisation.
« L'utilisation des eaux usées traitées peut être autorisée selon la procédure définie à la sous-section 2 de la présente section. Lorsqu'il est envisagé d'utiliser les eaux usées traitées à des fins agronomiques ou agricoles, seule l'utilisation des eaux mentionnées au 1° de l'article R. 211-125 peut être autorisée.
« II.-Les utilisations d'eau dans les domaines suivants sont régies exclusivement par les dispositions qui leurs sont propres :
« 1° Les usages domestiques et dans les entreprises alimentaires, sur le fondement de l'article L. 1322-14 du code de la santé publique ;
« 2° Les usages dans une installation relevant de la nomenclature annexée à l'article R. 511-9 ou de la rubrique 2.1.1.0 de la nomenclature définie à l'article R. 214-1, tels qu'ils sont réglementés par l'arrêté préfectoral encadrant le fonctionnement de cette installation ;
« 3° Les utilisations d'eaux douces issues du milieu naturel encadrées par un arrêté préfectoral pris sur le fondement de la nomenclature définie à l'article R. 214-1.

« Art. R. 211-124.-Pour l'application de la présente section, on entend par “ eaux de pluie ” celles issues des précipitations atmosphériques collectées à l'aval de surfaces inaccessibles aux personnes en dehors des opérations d'entretien et de maintenance.
...

« Art. R. 211-126.-L'utilisation des eaux mentionnées aux articles R. 211-124 et R. 211-125 n'est pas possible à l'intérieur des lieux suivants :
« 1° Les locaux à usage d'habitation ;
« 2° Les établissements sociaux, médico-sociaux, de santé, d'hébergement de personnes âgées ;
« 3° Les cabinets médicaux ou dentaires, les laboratoires d'analyses de biologie médicale et les établissements de transfusion sanguine ;
« 4° Les crèches, les écoles maternelles et élémentaires ;
« 5° Les autres établissements recevant du public pendant les heures d'ouverture au public.

« Art. R. 211-127.-L'utilisation des eaux mentionnées aux articles R. 211-124 et R. 211-125 n'est pas possible sur le fondement de la présente section pour les usages suivants :
« 1° Alimentaires, dont la boisson, la préparation, la cuisson et la conservation des aliments, le lavage de la vaisselle ;
« 2° D'hygiène du corps et du linge ;
« 3° D'agrément comprenant, notamment, l'utilisation d'eau pour les piscines et les bains à remous, la brumisation, les jeux d'eaux, les fontaines décoratives accessibles au public et l'arrosage des espaces verts des bâtiments.

Eau pluie
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048007367

Et si l’écologie, c’était plutôt de rouler avec nos vieilles voitures ? - The Conversation

Sun 1 Oct 2023 - 19:05

La Ford Capri 1975 de FrancisLa Ford Capri 1975 de Francis
par Gaëtan Mangin 1er octobre 2023

L’urgence écologique nous impose désormais de repenser nos mobilités, seul secteur pour lequel les émissions n’ont jamais cessé de croître. Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics multiplient les directives qui enjoignent les citoyens à abandonner leurs voitures thermiques pour des véhicules électriques. En témoignent les récentes annonces du gouvernement qui entend généraliser leur possession par des subventions massives permettant à de nombreux ménages de s’équiper pour une centaine d’euros par mois.

Un certain nombre de zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), qui consistent à restreindre l’accès aux véhicules qui dépassent un certain seuil d’émission de gaz polluants, ont ainsi été instaurées dans quelques métropoles : Paris, Lyon ou Grenoble par exemple. Avec la loi « climat et résilience » adoptée en 2021, l’ensemble des agglomérations de plus de 150 000 habitants seront concernées d’ici 2024.

De fait, dans ces zones, seules les voitures qui répondent à des normes écologiques très récentes (majoritairement électriques ou hybrides) seront autorisées à circuler. Nous assistons dès lors à une épuration de grande ampleur du parc automobile, qui traduit une conception pour le moins enchantée des mobilités électriques présentées comme salvatrices. Cette vision fait reposer le problème de la pollution de l’air sur les usagers de voitures qui, parce que trop anciennes, ne répondent plus aux exigences actuelles en termes d’émissions polluantes, soit celles disposant d’un moteur thermique et construites avant les années 2010.

Notre thèse de doctorat en sociologie menée entre 2017 et 2022, qui se donne pour ambition de comprendre la possession et l’usage d’une voiture de plus de 20 ans à l’époque contemporaine, révèle pourtant que les impératifs de durabilité ne sont pas étrangers à de telles mobilités. Dans la quarantaine d’entretiens réalisés, l’analyse de la presse spécialisée, mais aussi les moments plus informels de bricolage et de discussion dans des garages ou en rassemblements de passionnés d’automobiles qui ont constitué les terrains de cette thèse, il devient même possible d’entrevoir, chez certains usagers, qu’ils soient urbains ou ruraux, des engagements forts en faveur d’une certaine écologie.

Se servir de l’existant

Dans une large majorité, les propos des usagers de vieilles automobiles expriment une rhétorique du réemploi opposée à la production et la consommation de masse. Il s’agit de promouvoir une écologie priorisant l’usage d’outils fonctionnels (ou réparables) au recours à du neuf. Dans leurs discours, cette écologie du réemploi apparaît comme davantage réaliste parce qu’elle se veut plus accessible financièrement, et correspondrait à un mode de vie sobre déjà dont l’expertise existe déjà dans les catégories populaires qui la développent au quotidien.

La dauphine bleue de 1969, toujours à FrancisLa dauphine bleue de 1969, toujours à Francis

Peu coûteuse à l’achat comme à l’entretien, la voiture d’occasion désuète serait aussi écologique parce que le coût écologique de sa production a déjà été assumé.

Il n’est pas évident d’expliquer à nos chers écolos que conserver et faire rouler une “vieille” auto à la place d’en fabriquer une neuve permet d’économiser des hectolitres d’eau, des kilos d’acier, de caoutchouc et de plastique, etc. C’est tout le problème de ne s’en tenir qu’à la des gaz qui sortent de l’échappement, plutôt que d’analyser le cycle de vie total, de la fabrication au recyclage en passant par l’usage… » (Richard, s’exprimant dans la revue « Youngtimers » n°79)

Prendre soin, pour redéfinir ce qui est durable

Comme tout objet technique, une voiture a besoin d’être entretenue pour durer, et une vieille automobile nécessite une attention soutenue, à l’état de ses organes de sécurité notamment (plusieurs fois par an).

Aujourd’hui, un grand nombre de concessions automobiles ne sont plus équipées pour intervenir sur des véhicules dénués de systèmes de diagnostic électronique, et les mécaniciens ne sont plus formés pour intervenir sur une mécanique commercialement dépassée. Dès lors, la maintenance incombe largement aux possesseurs qui développent, aux fil de leurs interventions, un attachement à la voiture dont ils prennent soin, ainsi qu’une connaissance fine qui leur permet de croire que leur objet perdurera encore longtemps à leurs côtés.

« Moi, ma voiture, je l’entretiens ! Pour qu’elle soit belle et pouvoir continuer de rouler avec. Je voudrais l’user jusqu’à la corde, celle-là. Attends, une Golf comme ça, je fais 300 000 kilomètres avec ! Elle peut encore vivre 30 ans, ma voiture ! » (Larry, 64 ans, décorateur retraité, roule en Volkswagen Golf 3 de 1993)

Refuser une transition écologique soupçonnée de « greenwashing »

Refuser de passer à une voiture plus récente relève également d’un scepticisme assumé envers les intentions écologiques des constructeurs. La voiture contemporaine, surtout lorsqu’elle est électrique, est soupçonnée d’être bien plus polluante qu’il n’y paraît, notamment par sa production qui nécessite l’extraction de métaux précieux tels que le lithium ou le cobalt.

Le pick-up Honda de 1981 au bac de Tchibanga vers Ndende Le pick-up Honda de 1981 au bac de Tchibanga vers Ndende

Ses équipements électroniques et numériques font eux aussi l’objet de méfiance quant à la planification de leur obsolescence. C’est, là aussi, la logique de remplacement précoce qui est critiquée, et avec elle la stratégie consistant à rendre chaque modèle rapidement obsolète en le remplaçant par un autre ou en en proposant une version restylisée.

« Par leur fiabilité, elles se retrouvent plus vite à la casse qu’une voiture ancienne. Elles ont pas vocation à durer, non… le but, c’est de consommer ! Avant, on faisait des voitures robustes ! La Saab 900, c’est de la voiture robuste. Pourquoi ? Parce qu’on n’était pas dans cette démarche-là, de consommation ! » (Yannis, 40 ans, Chef d’entreprise, roule en Saab 900 de 1985)

Rompre avec la frénésie pour rouler « moins mais mieux »

Si on les compare aux voitures récentes, les voitures de plus de 15 ans sont moins confortables et moins sécurisées, ce qui requière une attention plus soutenue de la part du conducteur qui devra davantage faire preuve d’observation et d’anticipation.

Elles sont aussi plus exigeantes à conduire, ce qui sollicite davantage ses cinq sens. Par exemple, elles ne bénéficient pas de régulateurs de vitesse, d’aide au freinage d’urgence, ni même parfois de direction assistée, ce qui complique particulièrement les manœuvres. Parce qu’elles se trouvent à l’opposé des impératifs d’efficacité, de telles voitures deviennent l’outil idéal pour tenir à distance un sentiment d’accélération qui caractérise notre époque, en s’immergeant dans des mobilités « douces » car convoquant un imaginaire du voyage, empreint de lenteur et de contemplation.

« Mes parents, ils sont là-dedans. Ils gagnent du temps, ils ont le petit boîtier pour passer au péage et puis tout est prélevé sur leur compte… Moi, je trouve ça effrayant ! C’est effrayant ! T’as l’impression que c’est simple, mais au final, ça va encore plus vite ! » (Lucas, 22 ans, étudiant en philosophie reconverti en charpentier traditionnel, roule en Renault 4 de 1982)

Tenir à distance… l’automobilisme !

Plus encore que des marchandises et un système économique, c’est aussi tout un système de mobilité qui se trouve tenu à distance. Pour bon nombre d’usagers en effet, faire persister la centralité de la voiture dans l’aménagement du territoire et dans les mobilités quotidiennes, ce serait manquer d’ambition face aux enjeux écologiques contemporains.

Ainsi, nombre d’usagers de vieilles voitures plaident pour une refonte ambitieuse du système de mobilité qui ferait la part belle aux mobilités alternatives, et qui prendrait notamment au sérieux la bicyclette en tant que moyen de transport efficace. Aussi, tous affirment qu’ils se passeraient de voiture au quotidien si cela leur était possible.

« Moi, je suis pas nostalgique. Je pense que cette société d’avant, celle de la conquête, on se trompait. Elle a oublié la finitude des choses, comme je pense qu’aujourd’hui on oublie qu’il y a des perspectives ! La perspective c’est le vélo par exemple […] Avec le vélo, on va dans des endroits où la voiture ne va plus, on s’affranchit des embouteillages, voilà. On peut se projeter de nouveau ! » (Fabrice, 47 ans, enseignant-chercheur, roule avec plusieurs Citroën des années 1970 à 2000)

La Dyane à Belle-Isle en 1988La Dyane à Belle-Isle en 1988

La composante d’un mode de vie sobre

Rouler en vieille voiture, c’est donc pour certains une manière de vivre ses mobilités de façon plus sobre, en privilégiant la qualité (du trajet, de l’objet…) à une forme d’abondance.

« Je trouve qu’on a été trop loin sur certaines choses, qu’on va trop loin par rapport à la planète aussi, la pollution, tout ça. Je veux pas rentrer là-dedans, enfin je veux plus. Un de mes rêves, ce serait d’être autonome au niveau énergétique. Donc il y a, dans ma démarche, quelque chose d’écolo… Oui, écolo ! On peut dire écolo. » (Bruno, 56 ans, éducateur spécialisé, roule en Renault 4 de 1986).

Cette éthique de la sobriété se trouve bien souvent au fondement d’un mode de vie plus frugal, et suppose une posture réflexive quant à nos actions et leurs conséquences. Si convertir tout un chacun à la « vieille voiture » ne peut représenter un projet de transition écologique, le rapport de tels usagers à leurs mobilités nous invite toutefois à ne plus prendre la route à la légère. Il exhorte, au contraire, à questionner la banalité de notre recours à la voiture pour penser un automobilisme plus éclairé.

auto Écologie
https://theconversation.com/et-si-lecologie-cetait-plutot-de-rouler-avec-nos-vieilles-voitures-214495

Des voies romaines aux routes départementales et nationales - Passion Provence

Thu 21 Sep 2023 - 16:56

Le terme "route" vient du latin "rupta" (via), "voie rompue" "voie frayée", aménagée dans la roche.

COMPLÉTER ILLUSTRATIONS

Le réseau routier a été historiquement développé par les Romains. Ils ont mis en place environ 12 000 kms de voies partiellement pavées afin de pouvoir facilement déplacer leurs armées d'une région à une autre. Ce sont les voies romaines. Selon la tradition, le premier constructeur de routes fut Appius Claudius le Censeur qui, en 312 avant JC. entreprit la construction de la route qui porte son nom, la Via Appia, principale route menant de Rome au sud de l’Italie. C'est de Rome au bout du forum que partaient 29 routes disposées en éventail qui reliaient la ville aux provinces d’Italie et continuaient dans des pays limitrophes au-delà des Alpes. Certaines se prolongeaient vers les différentes régions de l’Empire, du Sud au Nord et de l’Est à l’Ouest. Elles permettaient les rapides mouvements de troupes destinés à réprimer les révoltes et formaient un important réseau de communication, la clé du succès et de la survie de Rome.

Table de Peutinger

Extrait de la Table de Peutinger (Tabula Peutingeriana ou Peutingeriana Tabula Itineraria), appelée aussi carte des étapes de Castorius

Le reste du territoire était parcouru par de simples chemins de terre. Après la chute de l'Empire Romain, ces routes devenues moins utiles se dégradent. La "Table de Peutinger", copie médiévale d’une carte des routes de l’Empire, donne les distances entre les villes et les hébergements disponibles. Plus de 80.450 kilomètres de routes couvrent l’Empire dans sa totalité en l’an 114 après JC.

Au Moyen Age, la France n'a plus vraiment de réseau routier, mais des routes régionales et des chemins en plus ou moins bon état. Par la suite, les gouvernements successifs ne font que des efforts temporaires de mise en état sous Louis XI, puis Sully et Colbert. C'est au XVIIIème siècle que l'établissement d'un véritable réseau routier se met en place. Le service des Ponts et Chaussées développe et entretient les routes les plus importantes avec le concours du ministère de la Guerre. Il construit avec le système de la corvée près de 30 000 km de voies entre 1728, date de sa création, et la Révolution. Les routes sont bordées d'arbres afin de protéger les piétons et les chevaux. Les voies locales restent à la charge des riverains.

En 1776, un arrêt du Conseil d'état définit quatre classes de routes, depuis les grandes routes qui traversent la totalité du royaume, ou qui conduisent de la capitale dans les principales villes, ports ou entrepôts de commerce, jusqu'aux petites routes d'intérêt local.

Les routes de première classe, ou routes royales, devront désormais avoir 42 pieds de largeur (environ 13 m). Après la Révolution, les routes sont dans un état déplorable. Pour Napoléon Bonaparte, les routes impériales, qui remplacent les routes royales, permettent d'unifier le pays et de faciliter le passage des troupes, comme à l'époque romaine. Il s'attache à développer les routes vers l'Italie, à laquelle il attribue une importance politique particulière. Il construit ou aménage les voies passant par le col du Simplon vers Milan, par le col du Mont-Cenis, par le col du Lautaret et Briançon, en Oisans et le long de la côte méditerranéenne (future Nationale 7).

Paris-point-zero

Point zéro des routes de France sur le parvis de Notre-Dame de Paris (Photo Wikipédia)

Le décret impérial du 16 décembre 1811 divise les routes de l'Empire en routes impériales, départementales et chemins vicinaux. Il distingue trois classes de routes impériales. La première classe comprend quatorze routes dont dériveront les principales routes nationales que l'on connait aujourd'hui. Toutes ces routes partent de Paris, même si certaines ont un tracé commun à leur début. Conçues à l'époque d'extension maximale de l'Empire, certaines de ces routes se terminent de nos jours, dans des villes étrangères. Les voies reliant les grandes villes de province entre elles sont reléguées dans une seconde catégorie. Le décret mentionne aussi les routes départementales, qui correspondent aux routes de 3e classe de l'Ancien Régime.

Dans le Var, le réseau routier départemental compte alors 17 routes. Ce sont les routes : N°1 de Brignoles à Marseille, N°2 de Draguignan à Saint-Raphaël, N°3 de Grasse à Cannes, N°4 du Beausset à Bandol, N°5 de Toulon à Barjols et à Digne, N°6 de Marseille à Barjols, N°7 de Draguignan à Barjols, N°8 du Luc à Saint-Tropez, N°9 de Draguignan à Riez, N°10 de Lorgues à Fréjus, N°11 de Cuers à Brignoles, N°12 de Cuers aux salins (Hyères), N°13 de l'embranchement de Saint-Julien pour aller de La Roquebrussanne à Tourves, N°14 de Castellane à Toulon, N°15 de Grasse à Cagnes, N°16 de Grasse à Vence, N°17 de Vence à Cagnes par Saint-Paul. A noter que les routes N°3, 15, 16 et 17 ont été intégrées au département des Alpes-Maritimes en 1861.

Agay-route de la Corniche

Il n'y a pas de domaine public départemental. Les routes départementales restent la propriété de l'Etat. Le Conseil général les gère, les entretient et les aménage. Il faudra attendre 1871 pour qu'elles intègrent le domaine public départemental. Déjà en 1873, le Conseil général du Var innove en la matière en délibérant et décidant "que le service des routes départementales et celui des chemins vicinaux seraient confiés à un personnel unique, que ce personnel serait exclusivement départemental, et que le chef de service prendrait le titre de Directeur de la voirie départementale". Le Conseil général du Var exprimait sa volonté de simplifier la gestion de la voirie, de coordonner au mieux la politique routière et de mettre fin aux disparités qui existaient entre les personnels du service vicinal et celui des Ponts et Chaussées. C'est au XXe siècle que les grands changements interviennent. Pour faciliter l'orientation des automobiles, en 1930 les voies départementales sont signalisées. On roule à 30 km/h en rase campagne et à 20 km/h en agglomération. En 1972, débute le grand transfert des routes nationales vers les départements. La loi du 2 mars 1982 transfère la responsabilité du Préfet vers le Président du Conseil général. Les directions départementales - DDE - sont mises à la disposition des Départements pour la gestion des routes. Dernière étape, en 2004, avec la loi de Décentralisation, dans le Var, l'Etat transfère tout son réseau routier national (hors réseau autoroutier) au Département. Le Conseil général du Var récupère 315 km de routes supplémentaires.

Le réseau routier varois aujourd'hui : Au 31 décembre 2011, la longueur totale du réseau routier du département du Var est de 10 352 km, se répartissant en 195 km d'autoroutes, 4 km de routes nationales, 2 931 km de routes départementales et 7 221 km de voies communales. Il occupe ainsi le 61e rang au niveau national sur les 96 départements métropolitains quant à sa longueur et le 67e quant à sa densité avec 1,7 kilomètres par km2 de territoire.

Le saviez-vous ? : La taille des départements nés sous la Révolution a été calculée pour qu'on puisse les traverser en une journée à cheval.

Col de Gratteloup

La RD 25 entre Le Muy et Sainte-Maxime : Il y a deux cents ans environ, la municipalité de Sainte-Maxime s'échinait déjà à améliorer le sentier qui allait vers le route Royale du Muy. En 1832, le Conseil général du Var classe ce chemin en route Départementale. C'est au début du XXème siècle, juste avant l'ère automobile, que le chemin fut empierré sur une bonne largeur. Du coup, le trafic de charrettes tirées par des chevaux s'intensifie. En 1937, il passe en été au Col du Gratteloup, 100 véhicules par jour, contre 12 000 aujourd'hui.

Sources : D'après un article paru dans Var Mag' Le magazine du Conseil Général N° 176 - Janvier 2012 et Wikipédia - l'encyclopédie libre.

Routes Var
http://www.passionprovence.org/archives/2013/02/16/26373998.html

Les livres sont faits pour être lus, puis virés de chez vous | Slate.fr

Mon 18 Sep 2023 - 20:41

Après la lecture, jetez-les, donnez-les, échangez-les –ça vous fera de la place.
J'ai validé le titre, donc je sais que vous êtes hors de vous et pourquoi. Mais écoutez-moi juste un peu.
par Dorie Chevlen

J'adore les livres. Leur odeur, sentir leur poids dans ma main, regarder leurs dos bien alignés sur une étagère. Arpenter les rayonnages des bibliothèques, feuilleter des ouvrages dans la librairie indépendante de mon quartier et évidemment, par-dessus tout, les lire, tout cela me comble. Je les aime au point que j'ai étudié la littérature à la fac et que comme je n'étais jamais rassasiée, je me suis faite écrivaine.

Je vous raconte tout ça pour que vous compreniez une chose: je ne suis pas en train de vous provoquer juste pour m'amuser. Je sais que ce ne sera pas facile. Mais mon conseil est ferme et définitif: il faut vous débarrasser de vos livres.

Géométrie dans l'espace

O tempora! O mores! O tout ce que vous voudrez! Je ne suis pas différente de vous. Tous les bibliophiles grandissent en rêvant de posséder un jour une gigantesque bibliothèque. Si comme moi vous êtes un millennial, vous l'avez sans doute imaginée comme celle de Belle dans le dessin animé La Belle et la Bête, avec des rayonnages du sol au plafond et un escabeau qui roule pour glisser de l'un à l'autre.

Mais vous ne vivez pas dans un palais rococo français, si? Non. Le plus probable, c'est que vous êtes obligé de faire de la géométrie dans l'espace chaque fois que vous déménagez (et vous déménagez souvent), que vous êtes au désespoir quand il s'agit de trouver où déballer cet énième carton de livres, que vous vous demandez si c'est une idée absurde d'en coller tout en haut du frigo et que vous finissez par vous demander si vous l'utilisez vraiment si souvent que ça, ce four.

Une fois lus, vous devez vous engager à les passer à quelqu'un d'autre –à des amis, à des voisins, à des boîtes à livres, à des écoles.

Si vous êtes un millennial et que vous êtes propriétaire, félicitations d'avoir gagné à la loterie de notre génération –mais je suis prête à parier que chez vous, c'est quand même plus petit que ce que vous espériez et que votre bureau/chambre d'amis/chambre d'enfant gagnerait à être délivré de ces mètres carrés dévorés par la bibliothèque.

Je ne suis pas en train de vous dire qu'il ne faut pas avoir de livre du tout. Tout le monde devrait avoir une collection permanente (et vous avez même ma permission de l'appeler comme ça si vous avez envie de faire un peu classe). Mais soyez réaliste vis-à-vis de l'espace dont vous disposez et des titres qui ont gagné leur droit à s'y faire une place, parce que vos étagères ne vont pas s'agrandir par l'opération du Saint-Esprit.

Donnez, donnez, donnez

Évidemment certains livres sont trop précieux pour qu'on s'en sépare, peu importe le nombre de fois que vous les aurez lus: une certaine première édition de T.S. Eliot offerte par mon petit ami préféré a une place ad vitam aeternam sur mes étagères et je relis «le sermon» de Moby-Dick à chaque Yom Kippour au lieu d'aller à la synagogue, donc ça, ça reste.

Si c'est un livre auquel vous revenez régulièrement, ou que vous relisez souvent, ou juste auquel vous attachez une grande importance émotionnelle –gardez-le. Les autres? Donnez-les.

Après l'abattage, il faut continuer à acheter des livres, que ce soit des précommandes de vos auteurs préférés ou des trésors d'occasion achetés sur un coup de tête. Mais une fois lus, vous devez vous engager à les passer à quelqu'un d'autre –à des amis, à des voisins, à des boîtes à livres, à des écoles.

John Waters prône même de ne surtout pas coucher avec quelqu'un qui n'en a pas.

Oui, les bibliothèques municipales et les e-books (qui retournent dans le néant) correspondent exactement à l'idée: les livres sont faits pour être lus, puis virés. Et quand un nouvel élément intègre la collection permanente, un ancien doit en sortir.

Je comprends pourquoi il peut être difficile d'appauvrir votre collection actuelle. Pour commencer, c'est une question d'ego: après tout, chaque livre est un témoin physique de votre érudition, un trophée de papier à votre immense intelligence. Et naturellement, certains titres fournissent un complément de contexte à cette immense intelligence: les Nora Ephron prouvent que vous êtes romantique, mais les Stephen King laissent entendre qu'il y a en vous une part d'ombre.

Chacun est méticuleusement sélectionné et placé, tel un petit kit de base pour savoir Qui Vous Êtes™. Nous attribuons une telle valeur au fait de posséder des livres que John Waters prône même de ne surtout pas coucher avec quelqu'un qui n'en a pas.

Ami avec un inconnu

Et si, dans cette quête du nettoyage par le vide, nous pensions à nos livres physiques non comme à des babioles servant à impressionner de potentiels partenaires, mais comme à un moyen d'exister dans le monde et à nous y relier?

En donnant un livre, vous lui donnez l'occasion de devenir ami avec un inconnu. Vous lui donnez la possibilité d'étonner, d'effarer, de marquer. Et non, vous ne le reverrez probablement plus jamais. Même en le prêtant, vous savez qu'il ne reviendra pas.

Mais si ça se trouve, dans quelques années, peut-être entendrez-vous quelqu'un évoquer une scène, faire allusion à une intrigue, ou même mal citer un passage, et reconnaîtrez-vous l'esprit de votre vieil ami sorti de son enveloppe corporelle: «Je l'ai lu, ça, il y a longtemps», vous direz-vous alors. Et vous penserez: «Moi aussi, je l'ai aimé.»

livres
https://www.slate.fr/story/252336/livres-donnez-jetez-echangez-bibliotheque-espace-personnalite

Dans les secrets de «l'armoire de fer» avec le seul civil à côtoyer Louis XIV et Napoléon | Slate.fr

Fri 15 Sep 2023 - 21:20

Peu de gens savent ce qui se cache derrière les murs du musée des Archives nationales. Pour les Journées européennes du patrimoine, l'artiste Ami Karim ouvre un tiroir insolite de l'histoire de France.
par Elodie Palasse-Leroux

J'ai plus de souvenirs que si j'avais 1.000 ans.
gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances.

Charles Baudelaire surgit à l'esprit quand s'ouvrent les lourds battants de «l'armoire de fer». Mais Karim Zaïdi, slameur connu sous le nom de scène Ami Karim, n'éprouve aucun spleen en se remémorant ce jour de 2009 durant lequel il a fait une entrée inattendue –et littérale– dans l'histoire de France. Il est le «défricheur de rimes, détrousseur de quatrains» du chanteur Renaud, le sujet de son morceau «Pour Karim, pour Fabien» (Fabien, alias Grand Corps malade, ami et complice des débuts de Karim), sorti en 2016.

À l'approche du musée des Archives nationales, on aperçoit, au croisement des rues Rambuteau, des Archives et des Francs-Bourgeois, à la limite des IIIe et IVe arrondissements de Paris, les tourelles érigées au-dessus de la porte fortifiée de l'ex-hôtel de Clisson (désormais hôtel de Soubise), qui date de la fin du XIVe siècle. Il y a trois minutes à peine, la silhouette radicale du Centre Pompidou nous propulsait dans les années 1970. Quelques centaines de mètres plus loin, nous voilà de retour en 1371. Levez le nez: cette éruption médiévale dans le mur d'enceinte de l'hôtel de Soubise (construit, lui, entre 1705 et 1709) constitue l'unique vestige de l'architecture privée de l'époque à Paris.

Les pas de promeneurs pressés claquent sur les pavés. Rares sont ceux qui jettent un regard, au-delà de l'immense portail laissé ouvert, à l'imposant hôtel particulier qui abrite le musée des Archives nationales. Il leur aurait suffi de s'y engouffrer pour être happés par cette machine à remonter le temps. Savent-ils seulement ce qui s'y cache? «J'adore l'histoire, mais moi non plus je n'avais jamais entendu parler des Archives avant 2009», confie Ami Karim.

Serment du Jeu de paume et interrogatoire des Templiers

Il a rattrapé son retard. Sa connaissance de l'histoire des lieux ferait rougir Stéphane Bern. En 1808, un décret impérial affecte l'hôtel de Soubise aux Archives de l'Empire. Napoléon Ier y fait regrouper les documents jusque-là éparpillés dans divers dépôts parisiens.

Le musée des Archives nationales ouvre ensuite en 1867 pour offrir aux visiteurs «un abrégé des preuves de l'histoire de France» à travers les «monuments écrits de la patrie». Aujourd'hui, l'hôtel abrite un musée des documents français, depuis les Mérovingiens jusqu'au Premier Empire (1804-1814-1815), dont l'interrogatoire des Templiers en 1307 ou la révocation de l'édit de Nantes en 1685. Le musée des documents étrangers rassemble quant à lui des traités et documents diplomatiques.

L'hôtel de Soubise fait aussi office de conservatoire de «pièces à conviction et objets saisis» (attentat contre Louis XV en 1757, procès contre l'Organisation de l'armée secrète de 1959 à 1965) et d'objets historiques (l'étalon des poids et mesures ou les clefs de villes prises à l'ennemi). Sans oublier la fameuse «armoire de fer». Coffre-fort composé de deux monumentaux caissons de métal de 2,60 mètres de largeur sur 2,60 mètres de hauteur, enchâssés l'un dans l'autre, il est considéré comme un chef-d'œuvre de l'ingénierie du XVIIIe siècle.

Sa serrure est pourvue de six molettes, chacune permettant d'encoder toutes les lettres de l'alphabet, pour une infinité de combinaisons. En plus du code, elle s'ouvre au moyen de clés à quatre tours (faites d'acier massif et dépourvues de soudure). Peu de meubles ont été produits pendant la Révolution, ce qui renforce encore le caractère exceptionnel de l'armoire construite en 1790-1791. Elle conservait à l'Assemblée nationale les prototypes des étalons du système métrique, la Constitution ou les minutes des lois et décrets révolutionnaires.

Derrière ses portes se cachent l'ensemble des constitutions de la France et une variété hétéroclite de documents historiques: le journal de Louis XVI y côtoie la gazette des atours de Marie-Antoinette, les mètre et kilogramme étalon jouxtent le serment du Jeu de paume, les testaments de Louis XIV et de Napoléon Ier. «Et puis, il y a mon texte, s'étonne encore Ami Karim. Le seul document émanant d'un civil.»

Je ne voulais pas de récupération politique

En 2009, pour parer à la saturation des deux sites des Archives nationales à Paris et à Fontainebleau (ils reçoivent plus de quatre kilomètres linéaires de documents chaque année), a commencé la construction d'un nouveau bâtiment à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Il a ouvert en 2013 pour accueillir les documents post-période révolutionnaire. L'architecture a été confiée au controversé Massimiliano Fuksas, et la première pierre posée en septembre 2009 en présence du Premier ministre de l'époque, François Fillon, et du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand.

Le premier album d'Ami Karim, sorti en 2008, avait alors fait grand bruit et l'artiste venait d'achever une tournée de 150 concerts en France et en Amérique du Nord. C'est à lui qu'on propose d'écrire un texte, lu en 2009 lors de la cérémonie de la pose de la première pierre. «Pour l'occasion, ils voulaient quelque chose de moins conventionnel. J'ai grandi à Saint-Denis, ils m'ont appelé pour me demander ce que représentait pour moi l'implantation des Archives dans le 93.»

Pour Ami Karim, «fan d'histoire de France», les Archives nationales organisent une immersion dans leurs coulisses. «Je conserve un souvenir extraordinaire de ce moment, au cours duquel j'ai parcouru des documents vieux de plusieurs siècles, souvent manuscrits, signés des rois de France…» Il impose cependant une condition: «Je ne voulais pas de récupération politique. J'étais d'accord pour leur soumettre mon texte, mais ils ne pouvaient en changer le moindre mot.»

L'importance des détails

Il en faut de la place pour garder le temps, texte que vous pouvez lire en intégralité à la fin de cet article, décrypte «la différence entre un musée et les Archives nationales: décider que l'histoire est importante jusque dans ses moindres détails, soigner avec la même tendresse une lettre d'amour et les rapports de Napoléon, imaginer une vie changer dans une demande de naturalisation».

Le Journal des arts s'étonne à l'époque du peu de médiatisation de l'événement: «C'est l'un des chantiers les plus ambitieux portés à l'heure actuelle par le ministère de la Culture. Il est le seul à être financé à 100% par l'État, […] pour un budget global de 242 millions d'euros.» Le média souligne également la justesse des propos tenus par Ami Karim. Il n'est ni «universitaire ni responsable politique», mais «résume parfaitement l'importance de cette institution. Point de convergence entre histoire, identité et mémoire, celle-ci reste garante de la transmission des sources majeures de l'histoire de France.»

En dépit d'un patrimoine culturel costaud, on nous renvoyait l'image d'enfants de nulle part.» - Ami Karim, artiste

Raconter le 93, «ça prendrait du temps. Et aussi pas mal de statistiques, pas très glorieuses évidemment, parce qu'un département né sur les cendres d'une révolution, déclare le slameur en septembre 2009. Mais ça crée aussi des hommes, qui survivront aux bidonvilles, des ouvriers aux doigts calleux, aux rides profondes, indélébiles.»

Des questions d'histoire, d'identité et de mémoire, Ami Karim s'en pose depuis toujours. «J'ai grandi à cheval entre deux mondes auxquels, enfant, je n'appartenais jamais complètement. Il faut devenir un jeune adulte pour mesurer qu'il s'agit aussi d'une richesse»: celle d'une double culture et des leçons tirées de l'histoire du couple formé par ses parents.

Tout a commencé à l'hiver 1954
«Mon père est arrivé d'Algérie en hiver 1954.» Celui, particulièrement cruel, de l'appel de l'Abbé Pierre. «Il a grandi à Stains [Seine-Saint-Denis, ndlr], dans une cité d'urgence, une cité de transit. Ce devait être éphémère, mais il y est resté quinze ans. Ce sont aussi les réalités d'une période de l'histoire de France. Ma mère, elle, vivait à Paris, dans le VIIe [Cliquer et glisser pour déplacer] arrondissement. Mon grand-père maternel était polytechnicien. À 20 ans, elle s'est engagée dans une association caritative –pour laquelle elle allait travailler toute sa vie. Une de ses premières missions l'a amenée à Stains.»

Cinquante ans et quatre enfants plus tard, ils font toujours mentir les prévisions. Karim est né en 1976. «Mais rien n'a été facile, jamais.» Il reconnaît toutefois que l'expérience lui a permis, ainsi qu'à ses deux sœurs et à son frère, de «devenir des caméléons»: «Nous sommes aussi à l'aise à Pierrefitte dans la cité qu'en visite chez notre grand-mère dans sa maison de retraite du XVe arrondissement. Pourtant, en dépit d'un patrimoine culturel costaud, on nous renvoyait l'image d'enfants de nulle part.»

En «protégeant son passé on en devient fier», écrit-il pour l'inauguration des Archives de Pierrefitte. «Imaginer demain, c'est plus facile quand on a fait la paix avec hier.» La suite va prendre des allures de «pied de nez à ces discours d'intégration qui [l]e hérissent parfois».

Dans son texte, Ami Karim remercie les employés des Archives «pour faire de la connaissance bien plus qu'un droit, un devoir». «Par chez nous, ça manque souvent d'attaches, de racines. Merci de venir combler les blancs de nos origines.» Cette attention lui vaut un traitement particulier: «Je ne devais pourtant que lire ce texte.» Mais «les Archives nationales sont avant tout un lieu républicain», rappelait Isabelle Neuschwander, alors directrice des Archives nationales. C'est elle, conjointement avec la directrice de l'atelier de restauration, qui décide de faire entrer Ami Karim dans l'histoire.

«Elles ont tellement apprécié que je rende à la fois hommage à la France et à leur travail d'archivage et de conservation qu'elles ont décidé que mon texte avait sa place aux Archives.» Il est ainsi relié dans les règles de l'art, en deux exemplaires. «J'en garde un, le deuxième est conservé aux Archives nationales. Le jour de la cérémonie, toute ma famille était réunie pour observer le livre être rangé dans “l'armoire de fer”. Mes mots, les seuls d'un civil, rejoignaient ceux de personnages qui ont fait l'histoire de France. Quelle fierté, quel bonheur ils ont ressenti!»

Le voisin de Pétain et de Louis XIV

Il est ensuite invité par le ministère de la Culture à prendre part à une mission de terminologie et de néologisme. Ses vers ont même résonné outre-Atlantique: en 2017, Ami Karim a appris avec stupéfaction qu'une professeure de la prestigieuse Université de Georgetown, à Washington, «faisait étudier [s]es textes à ses élèves».

Ils échangent et l'artiste est invité à donner plusieurs conférences sur les banlieues françaises, dont une portant sur «les discriminations liées aux lieux d'habitations, pour le département d'anthropologie». Il y tient aussi une masterclass et des ateliers d'écriture. Une autre consécration pour lui, qui a dédié un de ses morceaux à son ancienne professeure de français. Avec son troisième album, dont le premier extrait («Jamais content, toujours fâché») doit sortir en octobre 2023, il espère y retourner.

Une question me brûle les lèvres: avec qui partage-t-il sa boîte d'archives au sein du coffre-fort de l'histoire de France? On y trouve aussi le testament signé de la main de Louis XIV, m'apprend-t-il. Mais le Roi-Soleil n'est pas son seul voisin: «Il paraît que je suis posé au-dessus d'un texte de Pétain!» La coïncidence l'amuse beaucoup. Très à propos, le tiroir est classé dans la catégorie «Mélanges». Cela ferait un beau titre d'album.

«Il en faut de la place pour garder le temps»

J'en avais jamais entendu parler.
Pour moi la mémoire collective, c'étaient les expos et les jours fériés,
C'était le Louvre, le musée de l'Homme et le samedi soir l'arc de Triomphe,
C'étaient aussi les cours d'histoire et la moitié de la classe qui ronfle.

Alors ça a beau être grand, ça a beau être symbolique,
C'est compliqué de s'identifier aux icônes de la République,
Et puis même si ce sont de grands hommes qui dessinent une nation,
Pour la construire on aura toujours besoin de juristes, de boulangers ou de maçons.

C'est là, la différence entre un musée et les Archives nationales,
Décider que l'histoire est importante jusque dans ses moindres détails,
Soigner avec la même tendresse une lettre d'amour et les rapports de Napoléon,
Imaginer une vie changer dans une demande de naturalisation.

Mais il en faut de la place pour garder le temps,
Et deux cents ans de détails, ça n'a pas l'air, mais c'est imposant,
Alors aujourd'hui le sentiment qui domine c'est la fierté,
Au moment de construire, la nouvelle armoire du passé.

S'il fallait raconter le 93... Ça prendrait du temps.
Et aussi pas mal de statistiques, pas très glorieuses évidemment,
Parce qu'un département né sur les cendres d'une révolution,
Ça fait des enfants turbulents souvent victime d'hypertension.

Mais ça crée aussi des hommes, qui survivront aux bidonvilles,
Des ouvriers aux doigts calleux, aux rides profondes, indélébiles,
Et puis des journalistes, des commerçants, des artistes, des avocats.
C'est peut-être un petit peu prétentieux, mais y a que chez nous qu'on trouve tout ça.

Alors merci,
Merci de rendre hommage à notre histoire,
De faire de la connaissance bien plus qu'un droit, un devoir.
Par chez nous, ça manque souvent d'attaches, de racines,
Merci, de venir combler les blancs de nos origines.

Avec ce bâtiment, vous faites de la Seine-Saint-Denis un écrin.
Sacrée responsabilité, mais on en prendra soin.
Parce qu'en protégeant son passé on en devient fier,
Et qu'imaginer demain c'est plus facile quand on a fait la paix avec hier.

Merci, enfin, de nous rappeler que ce terrain a eu une vie avant,
Et que d'ici à Pantin, pour alimenter Paris, il y avait du blé, il y avait des champs.
C'est pas seulement un terrain vague, des hommes ont cultivé ici,
Et maintenant que le corps est rassasié, on va nourrir l'esprit.

Ami Karim, 11 septembre 2009

archives Histoire
https://www.slate.fr/story/253188/secrets-armoire-de-fer-musee-archives-nationales-paris-ami-karim-texte-seine-saint-denis-journees-patrimoine

5 outils en ligne gratuits pour convertir vos images en peintures - Ballajack

Mon 11 Sep 2023 - 19:51

Si vous avez déjà pris un selfie et que vous vous êtes demandé à quoi il ressemblerait si Léonard de Vinci le peignait, vous avez de la chance. Grâce à la puissance de l’IA, vous pouvez transformer vos souvenirs en tableaux qui ressemblent aux coups de pinceau d’artistes peintres. Si de nombreuses plateformes vous offrent cette possibilité, toutes ne le font pas gratuitement. Dans cet article, nous allons voir quelques outils en ligne gratuits que vous pouvez utiliser pour convertir vos images en peintures.

Fotor

Vous cherchez une solution en ligne pour convertir rapidement et facilement vos photos préférées en œuvres d’art ? Et gratuitement en plus ? Ne cherchez pas plus loin que Fotor.
L’outil Picture to Painting de Fotor vous permet de transformer vos images grâce à plus de 50 options de filtrage. Ces options comprennent des croquis, du pop art, de l’aquarelle, des peintures à l’huile, de l’art à la Van Gogh, et bien d’autres encore. Vous obtiendrez ainsi des photos haute définition qui vous donneront l’impression d’être un artiste de la Renaissance.
Vous n’avez pas besoin de vous inscrire pour accéder à ces fonctionnalités, mais vous devrez passer à Fotor Pro pour supprimer le filigrane. L’interface conviviale de Fotor en fait l’outil idéal pour les novices en matière d’édition de photos.

BgRem

BgRem est un outil en ligne gratuit créé par Deelvin qui propose des convertisseurs texte-image ainsi que des outils photo-peinture.
Pour transformer vos photos en peintures, il vous suffit de glisser-déposer ou de télécharger votre photo dans l’éditeur Photo Into Painting. L’IA se charge ensuite de la remodeler dans différents styles d’art vintage et contemporain.
Pour obtenir des résultats optimaux, choisissez un style dans la section Portrait pour les photos de portrait, et dans la section Image pour les paysages sans sujet humain. Veillez également à ce que vos photos aient une résolution supérieure à 600 x 1000.
Comme la plupart des éditeurs de photos AI gratuits en ligne, vous trouverez presque tout ce dont vous avez besoin dans la version gratuite de BgRem. Mais si vous préférez la retouche photo sans limitations, il peut être intéressant de s’abonner.

AILab Tools

AILab Tools est une plateforme d’IA gratuite qui propose un grand nombre d’outils d’édition d’images. C’est l’un des meilleurs générateurs d’art IA pour créer des œuvres d’art à partir de photos. Si vous souhaitez transformer vos photos en magnifiques peintures, vous pouvez utiliser son éditeur d’IA, PhotoPaint.
En un seul clic, l’éditeur transforme votre image dans le style de votre choix. Les dessins de type cartoon, les esquisses au crayon, les peintures à l’huile Kanagawa et les peintures à l’huile gothiques ne sont que quelques-unes des options disponibles. AILab Tools vous permet également de modifier les expressions faciales, les coiffures et de réaliser des portraits en 3D.
Vous devez vous connecter pour utiliser l’outil et vous recevrez cinq crédits par mois avec la version gratuite.

AI Gahaku

Al Gahaku est une excellente option si vous recherchez un outil gratuit capable de donner à vos photos l’aspect des peintures de la Renaissance du XVIe siècle. Il dispose d’une vaste bibliothèque d’œuvres d’art et d’une multitude de filtres qui peuvent donner l’impression que votre selfie a été peint par le grand Raphaël.
Le plus intéressant dans l’utilisation d’Al Gahaku, c’est que le processus est simplifié. Vous n’avez pas besoin d’être un pro de la retouche photo pour l’utiliser, il vous suffit de télécharger votre photo et de laisser Al Gahaku s’occuper de tout pour vous.

Picsart

Picsart est un outil de conversion de photos en peintures très populaire, et ce pour une bonne raison : il s’agit d’une solution complète. Picsart combine l’édition de photos AI, des fonctions de masquage, des autocollants et une grande variété de filtres pour vous offrir une expérience de peinture amusante. En outre, il s’agit également d’un puissant éditeur de photos.
Au début, il peut être un peu difficile de s’y retrouver dans l’outil tant il y a de choses à faire. Néanmoins, le résultat final en vaut la peine. Vous avez le choix entre des options telles que l’aquarelle, le style cartoon et le pastel.
Bien que gratuit, vous devrez vous abonner pour accéder à des fonctionnalités premium telles que l’absence de publicité et l’accès illimité aux fonctionnalités AI.

Conclusion
Ces outils ont redéfini la créativité visuelle en vous permettant d’expérimenter différents styles artistiques. Leur accessibilité en fait des outils de premier choix pour transformer vos photos préférées en tableaux et œuvres d’art étonnants.
Nombre d’entre eux ne se contentent pas de transformer vos photos en peintures : vous pouvez effectuer d’autres tâches de retouche photo, comme modifier la densité des couleurs et effacer les parties indésirables d’une image.

Ai photos
https://www.ballajack.com/outils-convertir-images-peintures

Margaret Atwood: My Voice and Mind Are Not Replicable - The Atlantic

Fri 8 Sep 2023 - 12:09

Murdered by My Replica?
Margaret Atwood responds to the revelation that pirated copies of her books are being used to train AI.

Remember The Stepford Wives? Maybe not. In that 1975 horror film, the human wives of Stepford, Connecticut, are having their identities copied and transferred to robotic replicas of themselves, minus any contrariness that their husbands find irritating. The robot wives then murder the real wives and replace them. Better sex and better housekeeping for the husbands, death for the uniqueness, creativity, and indeed the humanity of the wives.

The companies developing generative AI seem to have something like that in mind for me, at least in my capacity as an author. (The sex and the housekeeping can be done by other functionaries, I assume.) Apparently, 33 of my books have been used as training material for their wordsmithing computer programs. Once fully trained, the bot may be given a command—“Write a Margaret Atwood novel”—and the thing will glurp forth 50,000 words, like soft ice cream spiraling out of its dispenser, that will be indistinguishable from something I might grind out. (But minus the typos.) I myself can then be dispensed with—murdered by my replica, as it were—because, to quote a vulgar saying of my youth, who needs the cow when the milk’s free?

To add insult to injury, the bot is being trained on pirated copies of my books. Now, really! How cheap is that? Would it kill these companies to shell out the measly price of 33 books? They intend to make a lot of money off the entities they have reared and fattened on my words, so they could at least buy me a coffee.

A certain amount of hair-tearing and hair-splitting is bound to go on over such matters as copyright licenses and “fair use.” I will leave those more knowledgeable about the hair business to go at it. I recall, though, some of the more fatuous comments that were made in my country during the “fair use” debate some years ago, when the Canadian government was passing a bill that in effect granted universities the right to repackage the texts of books gratis, and then sell them to students, pocketing the change. But what are writers to live on? was the question. Oh, they can, you know, get grants and teach creative writing in universities and so on, was the airy reply from one lad, an academic. He had clearly never existed as a freelancer.

Beyond the royalties and copyrights, what concerns me is the idea that an author’s voice and mind are replicable. As young smarty-pants, we used to write parodies of writers older and more accomplished than ourselves. The more mannered an author, the easier it was for us. Hemingway? Dead simple! (Dead. Simple.) Henry James? Max Beerbohm had beat us to it, with his baroque masterpiece, The Mote in the Middle Distance. Shakespeare? Nay, needst thou ask, thou lily-livered pup? Jane Austen? Jane visits the dentist: “It is a tooth universally acknowledged …” The sentence structure, the vocabulary—adjectives and adverbs, especially—the cadence, the subject matter: All were our fodder, as they are the fodder, too, of chatbots. But we were doing it for fun, not to impersonate, to deceive, to collect, and to render the author superfluous.

Orwell, of course, was there before: In 1984, there are machines that crank out trashy romance novels as opium for the proles, and I suppose if a literary form is generic and formulaic enough, a bot might be able to compose examples of it. But judging from the attempt recently made with one of these entities—“Write a Margaret Atwood science-fiction short story about a dystopian future”—anything more complex and convincing is as yet beyond it. The result, quite frankly, was pedestrian in the extreme, and if I actually wrote like that, I would defenestrate myself immediately. The program, so far, does not understand figurative language, let alone irony and allusion, and its flat-footed prose was the opposite of effective storytelling. But who knows what the machines might yet achieve? you may say. I’ll wait and see. Maybe they’ll at least turn out a mediocre murder mystery or two.

I am, however, reminded of the Hans Christian Andersen story “The Nightingale.” The clockwork bird can sing, but only the song with which it has been programmed. It can’t improvise. It can’t riff. It can’t surprise. And it is in surprise that much of the delight of art resides: Otherwise, boredom sets in quickly. Only the living bird can sing a song that is ever renewed, and therefore always delightful.

A former teacher of mine once said there was only one important question to be asked of a work of art: “Is it alive, or is it dead?” Judging from the results I’ve seen so far, AI can produce “art” of a kind. It sort of looks like art; it sort of sounds like art. But it’s made by a Stepford Author. And it’s dead.

Margaret Atwood is a Canadian poet and short-story writer, as well as the author of more than a dozen novels. Her novel The Handmaid’s Tale is among the most frequently banned books in the United States.

AI copyright livres
https://www.theatlantic.com/books/archive/2023/08/ai-chatbot-training-books-margaret-atwood/675151/

*privacy not included | Shop smart and safe | Mozilla Foundation

Wed 6 Sep 2023 - 16:17

Ah, the wind in your hair, the open road ahead, and not a care in the world… except all the trackers, cameras, microphones, and sensors capturing your every move. Ugh. Modern cars are a privacy nightmare.

Car makers have been bragging about their cars being “computers on wheels" for years to promote their advanced features. However, the conversation about what driving a computer means for its occupants' privacy hasn’t really caught up. While we worried that our doorbells and watches that connect to the internet might be spying on us, car brands quietly entered the data business by turning their vehicles into powerful data-gobbling machines. Machines that, because of their all those brag-worthy bells and whistles, have an unmatched power to watch, listen, and collect information about what you do and where you go in your car.

All 25 car brands we researched earned our *Privacy Not Included warning label -- making cars the official worst category of products for privacy that we have ever reviewed.

The car brands we researched are terrible at privacy and security

Why are cars we researched so bad at privacy? And how did they fall so far below our standards? Let us count the ways!

  1. They collect too much personal data (all of them)

We reviewed 25 car brands in our research and we handed out 25 “dings” for how those companies collect and use data and personal information. That’s right: every car brand we looked at collects more personal data than necessary and uses that information for a reason other than to operate your vehicle and manage their relationship with you. For context, 63% of the mental health apps (another product category that stinks at privacy) we reviewed this year received this “ding.”

And car companies have so many more data-collecting opportunities than other products and apps we use -- more than even smart devices in our homes or the cell phones we take wherever we go. They can collect personal information from how you interact with your car, the connected services you use in your car, the car’s app (which provides a gateway to information on your phone), and can gather even more information about you from third party sources like Sirius XM or Google Maps. It’s a mess. The ways that car companies collect and share your data are so vast and complicated that we wrote an entire piece on how that works. The gist is: they can collect super intimate information about you -- from your medical information, your genetic information, to your “sex life” (seriously), to how fast you drive, where you drive, and what songs you play in your car -- in huge quantities. They then use it to invent more data about you through “inferences” about things like your intelligence, abilities, and interests.

  1. Most (84%) share or sell your data

It’s bad enough for the behemoth corporations that own the car brands to have all that personal information in their possession, to use for their own research, marketing, or the ultra-vague “business purposes.” But then, most (84%) of the car brands we researched say they can share your personal data -- with service providers, data brokers, and other businesses we know little or nothing about. Worse, nineteen (76%) say they can sell your personal data.

A surprising number (56%) also say they can share your information with the government or law enforcement in response to a “request.” Not a high bar court order, but something as easy as an “informal request.” Yikes -- that’s a very low bar! A 2023 rewrite of Thelma & Louise would have the ladies in custody before you’ve had a chance to make a dent in your popcorn. But seriously, car companies' willingness to share your data is beyond creepy. It has the potential to cause real harm and inspired our worst cars-and-privacy nightmares.

And keep in mind that we only know what companies do with personal data because of the privacy laws that make it illegal not to disclose that information (go California Consumer Privacy Act!). So-called anonymized and aggregated data can (and probably is) shared too, with vehicle data hubs (the data brokers of the auto industry) and others. So while you are getting from A to B, you’re also funding your car’s thriving side-hustle in the data business in more ways than one.

  1. Most (92%) give drivers little to no control over their personal data

All but two of the 25 car brands we reviewed earned our “ding” for data control, meaning only two car brands, Renault and Dacia (which are owned by the same parent company) say that all drivers have the right to have their personal data deleted. We would like to think this deviation is one car company taking a stand for drivers’ privacy. It’s probably no coincidence though that these cars are only available in Europe -- which is protected by the robust General Data Protection Regulation (GDPR) privacy law. In other words: car brands often do whatever they can legally get away with to your personal data.

  1. We couldn’t confirm whether any of them meet our Minimum Security Standards

It’s so strange to us that dating apps and sex toys publish more detailed security information than cars. Even though the car brands we researched each had several long-winded privacy policies (Toyota wins with 12), we couldn’t find confirmation that any of the brands meet our Minimum Security Standards.

Our main concern is that we can’t tell whether any of the cars encrypt all of the personal information that sits on the car. And that’s the bare minimum! We don’t call them our state-of-the-art security standards, after all. We reached out (as we always do) by email to ask for clarity but most of the car companies completely ignored us. Those who at least responded (Mercedes-Benz, Honda, and technically Ford) still didn’t completely answer our basic security questions.

A failure to properly address cybersecurity might explain their frankly embarrassing security and privacy track records. We only looked at the last three years, but still found plenty to go on with 17 (68%) of the car brands earning the “bad track record” ding for leaks, hacks, and breaches that threatened their drivers’ privacy.
At a glance: How the car brands stack up

Here’s how the cars performed against our privacy and security criteria.

Some not-so-fun facts about these rankings:

Tesla is only the second product we have ever reviewed to receive all of our privacy “dings.” (The first was an AI chatbot we reviewed earlier this year.) What set them apart was earning the “untrustworthy AI” ding. The brand’s AI-powered autopilot was reportedly involved in 17 deaths and 736 crashes and is currently the subject of multiple government investigations.

Nissan earned its second-to-last spot for collecting some of the creepiest categories of data we have ever seen. It’s worth reading the review in full, but you should know it includes your “sexual activity.” Not to be out done, Kia also mentions they can collect information about your “sex life” in their privacy policy. Oh, and six car companies say they can collect your “genetic information” or “genetic characteristics.” Yes, reading car privacy policies is a scary endeavor.

None of the car brands use language that meets Mozilla’s privacy standard about sharing information with the government or law enforcement, but Hyundai goes above and beyond. In their privacy policy, it says they will comply with “lawful requests, whether formal or informal.” That’s a serious red flag.

All of the car brands on this list except for Tesla, Renault, and Dacia signed on to a list of Consumer Protection Principles from the US automotive industry group ALLIANCE FOR AUTOMOTIVE INNOVATION, INC. The list includes great privacy-preserving principles such as “data minimization,” “transparency,” and “choice.” But the number of car brands that follow these principles? Zero. It’s interesting if only because it means the car companies do clearly know what they should be doing to respect your privacy even though they absolutely don’t do it.

What can you do about it? Well…

This is usually where we’d encourage you to read our reviews, and to choose the products you can trust when you can. But, cars aren’t really like that.

Sure, there are some steps you can take to protect more of your privacy, and we’ve listed them all in each of our reviews under “Tips to protect yourself.” They’re definitely worth doing. You can also avoid using your car’s app or limit its permissions on your phone. (Since many of the apps share a privacy policy with the vehicle, we can’t always tell which data is taken from your phone so it’s probably better to err on the side of caution by not using it.) But compared to all the data collection you can’t control, these steps feel like tiny drops in a massive bucket. Plus, you deserve to benefit from all the features you pay for without also having to give up your privacy.

The lack of choice has really been among the biggest bummers in reading up on cars and privacy. Consumers’ choices are limited in so many ways with cars, because:
They’re all bad

People don’t comparison-shop for cars based on privacy. And they shouldn’t be expected to. That’s because there are so many other limiting factors for car buyers. Like cost, fuel efficiency, availability, reliability, and the features you need. Even if you did have the funds and the resources to comparison shop for your car based on privacy, you wouldn’t find much of a difference. Because according to our research, they are all bad! On top of all that, researching cars and privacy was one of the hardest undertakings we as privacy researchers have ever had. Sorting through the large and confusing ecosystem of privacy policies for cars, car apps, car connected services, and more isn’t something most people have the time or experience to do.

Like we mentioned, all of the cars we researched earned our *Privacy Not Included warning label. All of the car brands we researched got our “data use” and “security” dings -- and most earned dings for poor data control and bad track records too! We can’t stress enough how bad and not normal this is for an entire product guide to earn warning labels.
It’s so confusing

We spent over 600 hours researching the car brands’ privacy practices. That’s three times as much time per product than we normally do. Even still, we were left with so many questions. None of the privacy policies promise a full picture of how your data is used and shared. If three privacy researchers can barely get to the bottom of what’s going on with cars, how does the average time-pressed person stand a chance?
But wait, there’s more!

"Consent” is an illusion

Many people have lifestyles that require driving. So unlike a smart faucet or voice assistant, you don’t have the same freedom to opt out of the whole thing and not drive a car. We’ve talked before about the murky ways that companies can manipulate your consent. And car companies are no exception. Often, they ignore your consent. Sometimes, they assume it. Car companies do that by assuming that you have read and agreed to their policies before you step foot in their cars. Subaru’s privacy policy says that even passengers of a car that uses connected services have “consented” to allow them to use -- and maybe even sell -- their personal information just by being inside.

So when car companies say they have your “consent” or won’t do something “without your consent,” it often doesn’t mean what it should. Like when Tesla says, that sure! You can opt out of data collection, but it might break your car:

However, “if you no longer wish for us to collect vehicle data or any other data from your Tesla vehicle, please contact us to deactivate connectivity. Please note, certain advanced features such as over-the-air updates, remote services, and interactivity with mobile applications and in-car features such as location search, Internet radio, voice commands, and web browser functionality rely on such connectivity. If you choose to opt out of vehicle data collection (with the exception of in-car Data Sharing preferences), we will not be able to know or notify you of issues applicable to your vehicle in real time. This may result in your vehicle suffering from reduced functionality, serious damage, or inoperability."

Tesla's Customer Privacy Notice

https://www.tesla.com/legal/privacy

A few of the car companies we researched take manipulating your consent one step further by making you complicit in getting “consent” from others, saying it’s on you to inform them of your car’s privacy policies. Like when Nissan makes you “promise to educate and inform all users and occupants of your Vehicle about the Services and System features and limitations, the terms of the Agreement, including terms concerning data collection and use and privacy, and the Nissan Privacy Policy.” OK, Nissan! We would love to meet the social butterfly who drafted this line.
Don’t worry!! There is something you can do!

Hey woah don’t hang up your driving gloves just yet! We’re not saying the situation is hopeless. What we are saying is that it’s not fair for the burden to be on consumers to make “better choices” that in this case don’t exist. And we don’t want to take a page from car companies’ books by asking you to do things no reasonable person would ever do -- like reciting a 9,461-word privacy policy to everyone who opens your car’s doors.

You’re already helping us to spread the word just by reading our research. Our hope is that increasing awareness will encourage others to hold car companies accountable for their terrible privacy practices too. But that’s not all. On behalf of the Mozilla community, we’re asking car companies to stop their huge data collection programs that only benefit them. Join us!

Add your name to ask car companies to respect drivers’ privacy and to stop collecting, sharing and selling our very personal information.

auto Vie-privée
https://foundation.mozilla.org/en/privacynotincluded/articles/its-official-cars-are-the-worst-product-category-we-have-ever-reviewed-for-privacy/

A Toulon, découvrez ce projet fou d’arsenal caché sous le Faron - Var-Matin

Tue 29 Aug 2023 - 20:00

Après la Seconde Guerre mondiale, la Marine s’est lancée dans le creusement d’un arsenal souterrain afin de protéger certaines de ses installations sensibles. Mais le projet… a pris l’eau.

Par Matthieu Dalaine - Publié le 29/08/2023

En janvier2023, des spéléologues ont pu explorer la "galerie de la Marine" qui devait, en 1946, lancer le grand projet de "base industrielle protégée du Faron". Tout au bout de ce tunnel brut, qui succède à une première partie maçonnée, se trouvent deux vannes et un mur en béton. (Photos DR)

C’est une histoire méconnue. Documentée par quelques érudits et redécouverte récemment par un groupe de plongeurs spéléologues. C’est une histoire étonnante, comme le Toulon militaire en regorge, où subsistent encore de nombreuses zones d’ombre.

C’est une histoire qui prend racine à la fin de la guerre 1939-1945. Les bombardements ont alors lourdement endommagé la ville et la base navale. Marquée par les menaces venues du ciel, mue par de nécessaires ambitions de reconstruction, la Marine cherche à abriter certaines installations stratégiques.

Lesquelles? Mystère. Une chose est sûre: l’idée folle d’un arsenal souterrain qui serait caché à l’abri des bombes dans la masse calcaire du Faron fait son chemin dans les couloirs de l’amirauté.

Et toute la ville se retrouva à sec

"Une équipe d’ingénieurs se met à réfléchir à cette problématique, des plans sont dressés, des spécialistes consultés", raconte l’hydro-spéléologue Philippe Maurel, qui se passionne depuis plusieurs années pour ce sujet. "Le projet se veut pharaonique, avec des ramifications en sous-sol qui iraient du Jonquet à La Valette." Certains évoquent même des accès depuis le port.

Loin de rester à l’état de maquette, l’opération est mise en œuvre dès août 1945. Sans tambour ni trompette. "Ils attaquent une galerie d’exploration depuis les abords de la route des Moulins", poursuit André-Jean Tardy. Cet ancien directeur de la régie municipale des eaux a enquêté sur cette stupéfiante entreprise, dont il livre les moindres détails: "Sur la partie aval de cette route, pas très loin des actuels HLM du Jonquet, un ingénieur des travaux maritimes possédait un terrain. Aucune autorisation ne sera nécessaire…"

Problème: après un tir de mine, les techniciens tombent sur un os. Ou plutôt sur de l’eau, beaucoup d’eau. Début 1946, le boyau qui atteint maintenant la longueur de 162mètres est partiellement noyé sans que personne ne sache vraiment d’où provient le précieux liquide.

"Au même moment, une partie de Toulon se retrouve subitement à sec, explique Philippe Maurel. C’est le branle-bas de combat: les autorités civiles pressent alors les autorités militaires d’arrêter immédiatement leurs travaux."

Un projet abandonné… et délocalisé

La mairie envoie des agents contrôler le débit de cette rivière souterraine. "Mais cela leur est plusieurs fois interdit car la Marine considère son opération comme du secret-défense", précise André-Jean Tardy.

Un éminent professeur de Dumont d’Urville, par ailleurs président de la Société des sciences naturelles de Toulon, est missionné pour documenter les lieux. Après un début d’altercation avec un officier qui n’apprécie guère la présence de curieux sur un terrain militaire, ce dénommé Jean-Baptiste Gaignebet confirme le problème: la galerie a bien recoupé l’alimentation de la source Saint-Antoine, qui alimente Toulon.

L’affaire remonte jusqu’au ministère. L’armée n’a plus le choix. Le tunnel est obstrué par un solide mur en béton comportant deux vannes. Comme par enchantement, l’eau réapparaît aussitôt en ville. "Le projet de base est purement et simplement abandonné", relate Philippe Maurel.

À la place, les crédits de l’État seront fléchés vers… Mers el-Kébir, en Algérie, où quelque 15km de tunnels "antiatomiques" et autres hangars vont être creusés dans les années qui suivent. Casernements, hôpital, magasins à vivres, réservoirs à mazout, soutes à munitions, arsenal et même une centrale électrique sont enterrés sous la montagne. C’est la plus grande base militaire souterraine du monde!

Est-ce cela qui avait été imaginé pour la "base industrielle protégée du Faron", ainsi nommée sur un vieux plan de la DCAN? Peut-être.

La galerie vendue à la ville pour 100 francs!

A Toulon, le souvenir de "la galerie de la marine" s’estompe peu à peu. Il faudra attendre 1970 pour que des plongeurs, passant par le siphon de Saint-Antoine, redécouvrent le boyau.

En 1988, un discret acte administratif signé du ministère de la Défense national scelle le sort de l’endroit. "Pour la somme de 100 francs, à laquelle il fallait ajouter 480 francs de frais de publicité, la commune de Toulon devenait propriétaire d’une galerie de mine abandonnée", sourit André-Jean Tardy.

Ce qu’il en reste aujourd’hui? Philippe Maurel et ses camarades spéléologues y sont allés de leur exploration en début d’année. Ils en ont ramené de magnifiques photos du tunnel, pour partie maçonné, pour partie brut, qui garde les stigmates des explosions qui ont permis son creusement. Les vestiges d’un projet titanesque qui a tourné court.

Quelques rares plans de la direction des constructions et armes navales (DCAN) documentent le projet de l’époque. (Photo DR).

eau Faron Marine Toulon
http://about://reader?url=https%3A%2F%2Fwww.varmatin.com%2Fvie-locale%2Fa-toulon-decouvrez-l-enigmatique-projet-d-arsenal-sous-le-faron-869553

« Dune » pourrait finalement être une trilogie d’après le réalisateur Denis Villeneuve

Mon 28 Aug 2023 - 14:09

Initialement prévue pour être une œuvre en deux parties, le « Dune » de Denis Villeneuve pourrait bien avoir droit à un 3e volet adapté du roman « Le Messie de Dune ».
Par Loïse Delacotte

TRILOGIE - Voilà une nouvelle qui permet d’apaiser un peu la tristesse des fans de Dune. La sortie de Dune : Deuxième Partie a été reportée au mois de mars 2024 en raison de la grève à Hollywood qui continue de secouer le milieu du divertissement. Mais les amateurs de science-fiction vont pouvoir trouver du réconfort malgré tout. Dans une interview avec le magazine spécialisé Empire, Denis Villeneuve a fait une révélation réjouissante au sujet de son œuvre. Le réalisateur a confié qu’il envisageait une suite. « Si je parviens à faire une trilogie, ce serait un rêve ».

Celles et ceux qui ont lu la saga Dune de Frank Herbert savent qu’elle s’étend sur de nombreux tomes. En effet, la suite directe de Dune est intitulée Le Messie de Dune et suit toujours le destin de Paul Atréides. La matière existe donc, et Denis Villeneuve envisage déjà de la travailler à sa façon. « Le Messie de Dune a été écrit pour corriger le tir car les gens percevaient Paul Atréides comme un héros. Alors que ce n’était pas l’objectif premier. Mon adaptation de Dune est donc un peu plus fidèle à sa vision, et sert d’avertissement. »

Quel avenir pour Paul Atréides dans Le Messie de Dune ?

Ce 3e volet de Dune est corrélé au succès de Dune : Deuxième Partie au box-office lors de sa sortie dans quelques mois. Mais s’il obtient un feu vert des studios pour lancer Le Messie de Dune, ou Dune : Troisième Partie, Denis Villeneuve ne partira pas d’une page blanche, comme il l’a confié à Empire. « Je peux simplement vous dire, qu’il y a déjà des mots écrits sur une page… » .

Quid du destin du personnage principal incarné par Timothée Chalamet dans l’adaptation de Denis Villeneuve, le mystérieux Paul Atréides ? Attention, si vous n’avez pas lu les romans de Frank Herbert et souhaitez garder le suspense, arrêtez votre lecture.

S’il respecte la trame des livres, ce 3e film, encore hypothétique, suivrait le destin de Paul devenu l’empereur Muad’Dib et régnant sur l’univers et l’épice. Le guerrier (qui peut voir l’avenir) n’est pas au bout de son combat puisque ses adversaires vaincus feront tout pour le destituer : la Guilde, les Bene Gesserit, l’ancienne maison impériale. Pour ce faire ils s’attaqueront à ce que Paul a de plus précieux, sa famille, et notamment sa compagne Chani, incarnée par Zendaya dans les films. Et leur histoire ne s’arrête pas là, puisqu’après leur disparition, ce sont leurs enfants Leto et Ghanima qui reprennent le flambeau… Denis Villeneuve est-il prêt pour un Dune : Quatrième Partie ? Nous, oui.

Dune
https://www.huffingtonpost.fr/culture/article/dune-pourrait-finalement-etre-une-trilogie-d-apres-le-realisateur-denis-villeneuve_222291.html

Pourquoi confions-nous le destin du monde à des super-vilains? | Slate.fr

Sun 13 Aug 2023 - 09:49

Nous sommes terriblement mal préparés pour faire face à la plus grande menace qui pèse sur l'humanité.

L'un des premiers essais importants de Friedrich Nietzsche s'ouvre sur une étrange fable aux allures de science-fiction. Située sur une petite planète mélancolique où «des animaux intelligents inventèrent la connaissance», la parabole du philosophe raconte l'ascension, le règne et l'extinction de cette espèce savante, dont la carrière est décrite comme ne représentant qu'une «minute» dans l'histoire de l'univers. «La nature respira encore un peu et puis l'astre se figea dans la glace, les animaux intelligents durent mourir», écrit-il.

La ruse de Nietzsche devient rapidement transparente: bien sûr, les «animaux intelligents» ne sont autres que nous, et le but de la parabole est de forcer le lecteur à imaginer notre espèce du point de vue de Dieu, de révéler le «fantôme misérable, éphémère, insensé et fortuit que constitue l'intellectuel humain au sein de la nature». L'histoire se termine sur une note résolument nihiliste: «Lorsque c'en sera fini de lui, il ne se sera rien passé de plus», observe Nietzsche. «Car ce fameux intellect ne remplit aucune mission au-delà de l'humaine vie.»

Naturellement, la plupart des lecteurs se concentrent sur l'avant-dernière phrase, extrêmement pessimiste, dans laquelle Nietzsche annonce l'insignifiance cosmique de l'humanité. Pourtant, c'est la dernière phrase, qui explique expressément pourquoi il ne se sera rien passé, qui délivre la clé de cette parabole.

Pour Nietzsche, si l'extinction des «animaux intelligents» importe si peu, ce n'est pas parce que leur existence est intrinsèquement dénuée de valeur, mais parce qu'ils ne poursuivent pas de «mission» qui donnerait un sens à leur existence collective. Ils ne se fixent pas d'objectif en tant qu'espèce.
La nécessité d'un surhomme

En 1873, Nietzsche insistait sur le fait que l'humanité n'atteindrait une signification cosmique que si elle se transcendait elle-même –si elle évoluait vers quelque chose de plus grand et de plus grandiose–, ce qui était à la fois scandaleux et révolutionnaire.

Mais aujourd'hui, de tels propos sont monnaie courante. Leur forme la plus extrême, le transhumanisme –avec sa fixation sur le risque existentiel pour l'humanité, les esprits numériques et le génie génétique– est l'idéologie dominante de certaines des personnes et des institutions les plus puissantes du monde.

Lorsqu'une journaliste interviewe le Dr No sur son île privée, elle aborde avec lui la question de la démocratie.

Pourtant, la parabole de Nietzsche ne fait pas qu'anticiper le transhumanisme contemporain en tant que philosophie centrée sur la croyance que le destin de l'humanité est de repousser les limites de l'esprit et de la matière à son avantage. Son travail anticipe également le transhumanisme en tant que politique.

Philosophe antidémocratique par excellence, Nietzsche pensait que l'humanité ne pouvait accomplir son prochain saut évolutif que si un leader fort –appelé «Übermensch», ou «surhomme»– exerçait sa volonté sur les masses désorientées.

Problématiques

Dans sa nouvelle «No Regrets» publiée dans Future Tense sur Slate.com, Carter Scholz ressuscite avec humour l'adversaire emblématique de James Bond, le Dr No, dépeint comme un magnat de la tech à la Elon Musk et un Übermensch nietzschéen.

Dans le monde d'aujourd'hui, un Dr No réhabilité –avec un penchant pour les thérapies «new age», l'IA, le pillage d'astéroïdes et le désir de contrôler le destin de l'humanité– découvre que les plans qui ont fait de lui par le passé un super-vilain mondial font désormais de lui une célébrité sur internet et l'objet d'une couverture médiatique flatteuse.

Doit-il essayer d'attirer l'astéroïde suffisamment près pour l'exploiter, ou jouer la carte de la sécurité en le détournant?

Lorsqu'une journaliste interviewe le Dr No sur son île privée, elle aborde avec lui la question de la démocratie, lui demandant pourquoi il devrait avoir le pouvoir d'entreprendre des projets à l'échelle de la planète, comme l'exploitation minière d'astéroïdes ou la géo-ingénierie solaire, sans le consentement de ses habitants.

«N'est-il pas problématique de faire cela tout seul?», lui demande-t-elle. «N'est-il pas plus problématique de ne pas le faire?», rétorque le docteur, d'une manière qui rappelle celle de certains milliardaires de la tech dans la vie réelle.

Dans ces moments-là, la fable commence à nous paraître familière. Nous savons que le génie du mal va parier; nous savons que l'humanité va probablement perdre. Pourtant, Scholz nous réserve un rebondissement.

Lorsqu'un astéroïde que le Dr No espérait exploiter dans le cadre d'un projet complexe de géo-ingénierie se rapproche à toute allure de la Terre, il demande conseil à ses légions de followers sur les réseaux sociaux: doit-il essayer d'attirer l'astéroïde suffisamment près pour l'exploiter, ou jouer la carte de la sécurité en le détournant? «Organisons un crowdsourcing», dit-il à son assistant IA. «Demande aux gens ce qu'ils veulent faire de l'astéroïde.»

L'ennemi, c'est nous

Les votes arrivent, comme il se doit, avec un grand nombre de répondants souhaitant une extinction de l'humanité et suggérant des cibles pour la frappe de l'astéroïde allant de Moscou à Mar-a-Lago. Comme dans la parabole de Nietzsche, c'est ici que le tour de passe-passe de l'auteur devient évident: nous comprenons enfin que c'est l'espèce humaine qui est le véritable ennemi dans cette histoire, et non le savant fou qui ne fait qu'intervenir.

Certes, nous ne sommes pas censés éprouver de la sympathie pour «le Docteur». Il est mégalomane, se fiche de la démocratie et s'arroge le droit de prendre en main le destin du monde. Mais la question que Scholz nous incite à poser n'est pas de savoir pourquoi un homme peut exercer un tel contrôle sur le destin de la planète et de ceux qui l'occupent.

Non, la vraie question est la suivante: pourquoi existe-t-il un tel vide en matière de leadership? Pourquoi avons-nous pris l'habitude de confier les problèmes les plus sérieux –l'avenir même de l'humanité– à des milliardaires excentriques qui auraient été parfaits dans un James Bond en super-méchants rêvant de dominer le monde?

Nous sommes distraits par d'étroites questions identitaires qui reflètent la balkanisation de notre politique.

La conclusion de la nouvelle suggère une réponse à ces questions: parce que notre culture ne tient plus l'humanité en haute estime. En tant que chercheur étudiant l'extinction de l'humanité dans l'histoire de la pensée occidentale, je m'inquiète depuis longtemps de voir grossir la sphère des élites technophiles –qui inclut des mégalomanes comme Musk et Peter Thiel, des escrocs célèbres comme Sam Bankman-Fried, ainsi que d'influents chercheurs enquêtant sur le «risque existentiel» ou des philosophes prônant le «long-termisme»– qui s'estiment, eux et leur entourage, les plus à même de prendre les bonnes décisions concernant la survie de l'humanité.

Pourtant, ce qui m'empêche de dormir la nuit, ce ne sont ni les innombrables scénarios d'extinction qui menacent notre espèce, ni les savants fous et les milliardaires qui aspirent à les conjurer. Ce qui m'empêche de dormir, c'est notre indifférence collective à l'égard de ces deux dangers. À l'exception de quelques individus fortunés et de quelques universitaires, personne ne semble vraiment se soucier de l'extinction de l'humanité. Certains s'en réjouissent même.

Nouvelle misanthropie

Notre paysage politique et notre culture, du moins aux États-Unis, semblent terriblement mal préparés à faire face aux menaces qui pèsent sur notre espèce.

À droite, nous avons des troglodytes qui se sont retirés dans leur caverne de déni, tandis que la planète brûle sous l'effet du changement climatique. À gauche, nous sommes distraits par d'étroites questions identitaires qui reflètent la balkanisation de notre politique, réduite à un jeu à somme nulle par la concurrence que se livrent les groupes d'intérêt. Les questions relatives à l'humanité et à son destin collectif semblent au mieux désuètes, au pire hors de propos.

Comme toute grande nouvelle, celle de Scholz nous montre la vérité: des surhommes sans envergure règnent sur les animaux intelligents.

Au lieu de cela, c'est ce que j'ai appelé «la nouvelle misanthropie» qui règne: nous considérons de plus en plus la civilisation occidentale comme désespérément raciste (à gauche) et décadente (à droite). Nombre des personnes qui se préoccupent des risques existentiels tels que le changement climatique considèrent l'humanité comme irrémédiablement corrompue, incapable d'une bonne gestion environnementale et ne valant probablement pas la peine d'être sauvée.

Nous sommes pessimistes. Nos politiques sont anémiques. Et les jeunes n'offrent guère de raisons d'être optimistes: plutôt que d'organiser des sit-in, de s'enchaîner à des arbres ou de protester dans la rue, la génération Z a largement accepté la confiscation de son avenir, sans trop d'éclats. Le mouvement Sunrise n'a pas le mordant du radicalisme étudiant d'autrefois. Mes étudiants me demandent la permission avant d'aller manifester.

Compte tenu de tout cela, est-il surprenant que nous ayons laissé les milliardaires se disputer notre planète, notre espèce et l'avenir de l'une et l'autre? «No Regrets» n'est pas un réquisitoire contre «le Docteur», la caricature à peine voilée d'Elon Musk. C'est un réquisitoire contre nous. Notre misanthropie paresseuse et nos tendances apocalyptiques teintées d'ironie. Notre optimisme falot qui consiste à nous en remettre aux grandes entreprises de la tech. Notre attachement à une politique du moi à un moment où notre espèce est en danger.

Comme toute grande nouvelle, celle de Scholz nous montre la vérité: des surhommes sans envergure règnent sur les animaux intelligents. Notre «mission» est insipide, comme tirée d'un mauvais récit de science-fiction. L'horreur finale n'est pas la fin du monde, mais notre indifférence à son égard. Comme le dit le docteur: «Le peuple a parlé.»

humains
https://www.slate.fr/story/251722/leadership-nietzsche-carter-scholz-milliardaires-destin-super-vilains-misanthropie

Celtes en Bretagne, mythe ou mystère ? - B u h e z U r V a l a f e n n

Sat 12 Aug 2023 - 14:33

Je suis tombé par hasard, dans La Nouvelle République, sur l'interview en 2014 d'un archéologue réduisant l'apport celtique en Bretagne à un mythe. Voici quelques extraits commentés :

Question du journaliste : « La Bretagne celtique, c'est un mythe ?

Réponse de l'archéologue : Complètement ! Dans la préhistoire du Massif armoricain, les Celtes ne sont qu'une anecdote qu'on a cherché à monter en épingle à partir du XVIII esiècle, en partie, pour des raisons politiques, Bonaparte voulant recréer une Nation sur des bases identitaires très fortes, lançant la fameuse académie celtique qui a attribué aux Celtes le mégalithisme. »

Comment, au vu des recherches génétiques récentes, et historiques (notamment sur la transmission orale depuis le moyen-âge), peut-on faire remonter la présence celte en Bretagne à une invention politique sous Bonaparte ? Je m'interroge. Mais continuons :

«En tout cas, c'est un mythe persistant…

-Il est particulièrement entretenu, au point que l'on voit aujourd'hui se mettre en place des pratiques néodruidiques complètement construites puisque les communautés du Massif armoricain, de tradition orale, n'ont laissé aucun écrit ! Les Celtes ne sont jamais venus en Bretagne. Les recherches archéologiques démontrent que les Celtes sont venus d'Europe centrale et se sont partagés en deux groupes, l'un remontant vers l'Angleterre, l'Écosse et l'Irlande par la Belgique et la Normandie ; l'autre descendant vers la péninsule, ibérique par le centre de la France en évitant la Bretagne. »

Ce point de vue n'est-il pas en contradiction totale avec à peu près toutes les recherches sur les tribus/peuples celtiques (Vénètes, Osismes, Coriosolites, Redonnes...) qui ont occupé l'Armorique ? Et cela ne ruine-t-il pas les travaux sur l'interpénétration entre les langues celtiques insulaires et continentales en Armorique ? Je pense que l'archéologie travaille parfois en silo en faisant fi des travaux des autres disciplines (linguistique, recherche historique et aujourd'hui génétique...), peut-être au prétexte que les archéologues sont précurseurs, dans le sens antérieur sur un plan chronologique aux autres disciplines.

Enfin :

« Pourquoi ont-ils snobé la Bretagne ?

  • D'abord parce que les Celtes, peuple migrant, n'étaient pas intéressés par les péninsules. Mais je pense que la raison principale tient au fait que les Celtes, qui cherchaient à se fondre dans les populations, n'ont pas réussi à s'intégrer aux communautés bretonnes du fait de leur forte identité développée au néolithique. »

Il y a une contradiction qui pointe en fin d'interview. Au bout de combien d'années d'interpénétrations considère-t-on qu'un peuple "n'a pas réussi à s'intégrer" ? Les Celtes ont-ils fait qu'effleurer de leur présence l'Armorique pour finalement se dire : "Bon, ce n'est pas pour nous..." Tout en y laissant une trace encore palpable ? On a envie d'en savoir plus. De comprendre ce qui a alors suscité ce non événement, cette non interpénétration supposée. Et qu'est-ce que cela signifie sur l'intégration ? Peut-on nier la présence d'un peuple au motif qu'il n'a pas réussi à s'intégrer ? Les tentatives certes infructueuses ne font-elles pas en elles-mêmes parties de l'histoire de l'humanité ?

Comment explique-t-on alors cette forte présence, parmi les Bretons actuels, des marqueurs génétiques des celtes continentaux gallo-romains (R1b U152 par exemple) ou celtes insulaires (R1b L21) ?

La notion de mythe évoquée dans l'interview n'est-elle pas une réponse un peu facile qui escamote les questions non élucidées ? Le terme est fort et catégorique. Je préfère encore celui de mystère, qui aurait été plus mesuré, et plus juste.

Celtes
http://breizhblog.canalblog.com/archives/2019/10/18/37721586.html

Un chercheur met les Bretons au régime sans celte

Sat 12 Aug 2023 - 14:22

Yannick Lecerf, archéologue et chercheur au CNRS, affirme que les Celtes ne se sont jamais installés en terre bretonne. Pour lui, la littérature romantique a largement fondé le mythe.

Mercredi, dans la salle d'honneur de la mairie, la conférence de Yannick Lecerf, archéologue, chercheur au CNRS, a surpris son public. Après avoir expliqué la chronologie du peuplement de la Bretagne depuis 750 000 ans avant J.-C. jusqu'aux Gaulois, ce chercheur a affirmé que jamais les Celtes n'étaient venus s'installer en Bretagne. Une thèse confirmée aujourd'hui par bon nombre de scientifiques.

« De nombreuses traces de la civilisation celte ont été retrouvées dans une grande partie de l'Europe, en Espagne et en France. Mais pas l'once d'un Celte en Bretagne. Les Parisiens, les Strasbourgeois ou les Rouennais sont plus celtes que les Bretons. » Les dernières cartes migratoires établies grâce aux fouilles des archéologues dans les régions concernées l'attestent.

Mais comme l'a rappelé Yannick Lecerf, cette légende de la celtitude bretonne « a commencé au XVIIIe siècle, avec la grande période de la littérature romantique chère à François-René de Chateaubriand ». Facétieux, le conférencier ajoute : « Le Festival interceltique de Lorient est une grande et belle manifestation, mais qui se déroule sur un territoire qui n'a jamais vu un celte. »

Un spectateur ajoute tout bas : « Ce n'est pas grave, la course du Paris-Dakar se déroule bien en Amérique du Sud. » Cette conférence était donnée dans le cadre de la Fête de la Bretagne, et cela ne s'invente pas, dimanche dans le cadre de cette même fête, la ville accueille le groupe Panick celtic. On ne saurait mieux dire.

Renseignements : La Bretagne préhistorique, de Yannick Lecerf, aux éditions Skol Vreizh.

Celtes
https://www.ouest-france.fr/bretagne/dol-de-bretagne-35120/un-chercheur-met-les-bretons-au-regime-sans-celte-4245572

Les Bretons. Celtes mais pas trop ! | Le Télégramme

Sat 12 Aug 2023 - 14:18

Par René Perez

Chateaubriand n'y est pas allé de main morte. L'écrivain a imaginé carrément des druides celtes faisant des sacrifices humains sur des dolmens ! En pleine celtomanie, née au XVIIIe siècle, le romantisme ambiant et l'imaginaire débridé ont composé des tableaux celtes délirants quand on les confronte aux dernières publications des historiens. Non, les Armoricains n'ont pas attendu les Celtes pour dresser leurs menhirs de plusieurs dizaines de tonnes. Et l'historien et archéologue Yannick Lecerf va même jusqu'à affirmer que dans leurs grandes migrations, les Celtes ont probablement évité la Bretagne ! Ah bon ?

Le contournement armoricain

Alors comment s'y retrouver ? D'abord, en allant chercher les Celtes du côté de la Mer Noire où ont commencé leurs transhumances vers l'Ouest, à la poursuite du soleil. Pendant plusieurs siècles avant J.C., ils vont ainsi avancer par petites étapes sans que l'on puisse mesurer la part de conquêtes ou d'assimilations. Une avancée durant laquelle ils ne prirent pas le temps d'élaborer une véritable écriture, au point qu'il faut aller chercher les auteurs gréco-romains ou César lui-même pour trouver des écrits, forcément sujets à caution. Donc, ils avancent. Et se répandent si largement que l'historien Patrick Galliou n'a pas hésité à observer, à propos du Festival interceltique de Lorient : « Les Auvergnats y auraient autant leur place que les Bretons ». Oups ! Tout à fait, embraye Yannick Lecerf, dont le dernier ouvrage pose comme quasi-certitude que les Celtes migrateurs ont contourné la Bretagne où ils n'ont pas laissé de traces tangibles. Une branche est partie vers les îles britanniques et l'autre vers le sud et l'Espagne. Pourquoi ? « Sans doute, dit-il, parce qu'ils sont tombés, en Armorique, sur des populations bien organisées et homogènes, avec de vrais chefs ». Autrement dit, à en croire l'historien, les Celtes qui avaient pour habitude de prendre l'ascendant sur les populations indigènes, auraient préféré ne pas se frotter aux Armoricains, dompteurs de mégalithes. S'ils sont tombés sur les ancêtres de Kersauson, Bernard Hinault, Christian Troadec ou Enora Malagré, on comprend qu'ils aient préféré passer leur chemin et ne pas se coltiner cette bande de furieux.

Irlande - Pays-de-Galles à la Vallée des Saints

Près d'un millénaire se passe avant que les descendants des Celtes « brittoniques » ne traversent la Manche en sens inverse, chassés par les Saxons, pour débarquer en Armorique. Ce sont les grandes migrations d'Irlandais et Gallois entre le IVe et le VIe siècles de notre ère, des populations passant de la grande à la petite Bretagne, avec leurs coutumes, leur langue et leur clergé (essentiellement composé d'ermites) qui va marquer durablement la foi en Armorique. En témoigne la Vallée des Saints de Carnoët (22) où d'impressionnantes statues géantes viennent maintenant s'aligner au fil des ans. Il y en a déjà assez pour constituer deux équipes de rugby mais pour un match Pays-de-Galles - Irlande car la quasi-totalité des saints bretons représentés sont référencés comme nés gallois ou irlandais. En cherchant bien, on trouve ainsi un bon millier de saints en Bretagne mais bien peu ont été reconnus comme tels par Rome, même s'ils ont durablement marqué l'Armorique croyante. Pour le reste, Yannick Lecerf relativise : « Ces populations migrant en petite Bretagne descendaient de Celtes arrivés dans les îles britanniques mille ans plus tôt. Que pouvait-il rester du celtisme originel ? ».

Pas Celtes mais celtiques !

La troisième époque charnière, il faut la chercher au XVIIIe siècle quand un mouvement parti d’Écosse avec les fameux (mais contestés) poèmes d'Ossian, remet en cause la civilisation gréco-romaine comme base de la culture millénaire. La tradition orale que l'on va chercher dans les campagnes fait remonter une autre civilisation enfouie dont on ne savait plus rien mais dont la mémoire s'est transmise oralement, de génération en génération, dans des campagnes reculées. L'Europe va se passionner pour ce sujet qui porte l'éveil des nations et Bonaparte lui-même va voir dans la Bretagne et sa géographie particulière un sanctuaire du celtisme originel. Le mouvement était lancé et avec toutes les approximations, voire certaines dérives, on sait à quel point il a fait son nid dans une Bretagne allant chercher, outre-Manche, son hymne, sa croix celtique et même certains instruments de musique, nous ramenant ainsi au bagad de Vannes. Ceux qui ont joué, mardi soir, n'étaient probablement pas nombreux à avoir de lointains aïeux celtes, si l'on en croit les dernières théories. Mais leur succès prouve que pour s'approprier la mythologie celte et donner un formidable élan à la culture celtique, la Bretagne a fait preuve d'un incroyable talent ! Pour en savoir plus sur ce regain d'intérêt pour les Celtes, on renvoie aux deux numéros spéciaux de Bretagne-Magazine sur les Celtes, aux publications d'historiens comme Yannick Le Cerf et Patrick Galliou ainsi qu'à l'Atlas des mondes celtiques qui vient de sortir, chez Coop Breizh.

Celtes
https://www.letelegramme.fr/bretagne/les-bretons-celtes-mais-pas-trop-22484.php

La glacière du port de pêche lorientais | Becedia

Sun 6 Aug 2023 - 00:04

La glacière du port de pêche de Lorient a fêté ses cent ans en août 2020. Cette fabrique s'inscrit dans le plan national établissant une chaîne de froid entre Saint-Pierre-et-Miquelon, via Lorient, et les consommateurs français de poissons pêchés sur les bancs de Terre-Neuve. L’échec de cette chaîne n’altère en rien l’ambition initiale de l’État. L’inauguration en grande pompe ce 29 août 1920 marque bien les prémices d’une grande aventure industrialo-portuaire. Mise en service en février 1922, ce premier bâtiment industriel produisant du froid annonce le premier port de pêche industriel français.

« C’est dans cette baie de Keroman que je construirais le port, et sur le rocher de la pointe de la Perrière, j’établirais le Frigorifique ». Déjà en 1904, l’ingénieur Henry Verrière (1876-1965) imaginait les contours de la future cité du poisson à Keroman qu’il réalisera 14 ans plus tard.

La construction du frigorifique débute à Keroman en mai 1919. L'édifice, érigé par la compagnie Sulzer, doit répondre à quatre besoins : la fabrication de la glace, sa distribution et sa conservation ainsi que la congélation du poisson. Ces quatre usages sont bien lisibles sur les façades. Pour contenir le froid, les murs extérieurs sont faiblement percés. De simples fentes aux allures de meurtrière ponctuent les trois premiers étages réservés au stockage et à la congélation. Le dernier niveau concentre le lieu de production. Il est éclairé par des ouvertures ne devant pas dépasser 3 m2. Quatre ascenseurs extérieurs facilitent l’accès aux étages quand les portes du rez-de-chaussée s’ouvrent sur les frigos loués aux pêcheurs. La salle des machines et ses annexes jouxtent le bâtiment. La face, côté bassin et criée, est réservée à la distribution.

Vue du port de Keroman, à droite la glacière. Carte postale. Musée de Bretagne : 993.0133.2094.

Vue du port de Keroman, à droite la glacière. Carte postale. Musée de Bretagne : 993.0133.2094.
Le bâtiment s’ancre sur un soubassement de voûtes en béton et de piliers en moellons de granite posés sur le rocher. De cette assise, s’élèvent, sur cinq niveaux, les murs en maçonnerie de pierres enduites de ciment. Le béton armé est utilisé pour l'ossature intérieure quand les briques d'agglomérés isolées de panneaux de liège cloisonnent les salles prévues pour le stockage de 1 500 tonnes de glace et 2 000 tonnes de poissons. La toiture, à l'origine en shed couverte de tuiles, est remplacée en 1955.

La congélation n'est encore qu'à ses balbutiements. C'est le système du Danois Ottesen, testé en 1912, qui est retenu. « Dans des grands bacs à saumure, des séries de mouleaux sont remplis d’eau douce, puis réfrigérés à – 10°C pendant une douzaine d’heures. A l’aide d’un pont roulant, les rames de mouleaux sont soulevées puis démoulées sur une table. Les pains de glace de 25 kg ainsi constitués descendent aux niveaux inférieurs à l’aide d’un toboggan pour être soit stockés, soit concassés par les broyeurs. Cette glace pilée est acheminée sur tapis roulant vers les bateaux ou par wagonnet jusqu’aux halles et magasins des mareyeurs ».

Par jour, 120 tonnes de pains de glace sortent des mouleaux et, en une heure, est congelée 1,8 tonne de poissons. L’usine tourne en 3/8 parfois 7 jours sur 7. L'équipe, jusqu'à 70 personnes, travaille sous des températures oscillant entre -10° et -20° C. En 1970, la fabrication passe à 450 tonnes en barre ou sous forme de paillettes depuis 1965. La production de pain de glace cesse en 1991, les paillettes en 2005, date de la fermeture du frigorifique destiné alors à la destruction.

Ce grand et haut bâtiment gris a perdu la blancheur de ses origines et la noblesse d’une architecture industrielle aux airs d’art décoratif. Dans les étages, si la glacière se dégrade, elle conserve bien des traces de cette activité industrielle révolue dont la zone de production aux matériels encore présents. Elle ne laisse personne insensible. Pour les uns, la glacière est fascinante et offre ses surfaces au Street Art. Pour les autres, cet immeuble concentre deux logiques qui s’opposent : celle d’une part de sa conservation au motif de la qualité architecturale, au nom des valeurs d’ancienneté et d’une certaine importance historique ; celle d’autre part qui défend sa destruction au motif du développement économique portuaire.

Vue du port de Keroman, au fond la glacière. Carte postale. Musée de Bretagne : 993.0133.2102.

Vue du port de Keroman, au fond la glacière. Carte postale. Musée de Bretagne : 993.0133.2102.
Quinze années d’un avenir en suspens que sauveront peut-être des logiques environnementales plus prégnantes aujourd’hui, celle de la durabilité. « Si l’on sait les regarder, ces architectures partagent des capacités hors du commun : très solides, elles supportent des tonnes et permettent donc à peu près tout » expose l’architecte Philippe Prost au sujet de l’architecture industrielle et militaire. Et si, en cette année du centenaire, nous apprenions à la regarder…!?

CITER CET ARTICLE

Auteur : Soazig Le Hénanff, « La glacière du port de pêche lorientais », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 7/05/2020.

Permalien: http://bcd.bzh/becedia/fr/la-glaciere-du-port-de-peche-lorientais

BIBLIOGRAPHIE :

Slipway – Glacière, Art et Histoire, Livret de l’exposition du même nom, Lorient, Édition Ville de Lorient, 2003.
Le Bouëdec Gérard et Le Brigand Dominique, Lorient Keroman, du port de la pêche à la cité du poisson, Rennes, Marines Éditions, 2015.
Le dossier documentaire sur la glacière de Keroman sur le site internet du service régional de l’Inventaire.
Lorient
http://bcd.bzh/becedia/fr/la-glaciere-du-port-de-peche-lorientais

Débuter en généalogie : les registres d’état civil et les registres paroissiaux - Geneanet

Fri 28 Jul 2023 - 11:22

Deuxième étape de notre tour d’horizon estival des archives les plus utiles pour les recherches généalogiques : l’incontournable état civil, avec les registres paroissiaux.

Les actes d’état civil ou religieux sont au nombre de trois : naissance ou baptême, mariage, décès ou sépulture. Etablis en double exemplaire à partir de 1737 (un exemplaire conservé par le curé, un autre transmis au greffe), ils sont relativement bien conservés partout en France (à l’étranger, c’est une autre histoire), mais en cas de lacune de l’exemplaire unique (incendies, dégâts des eaux, disparitions…) avant 1737, il vous faudra vous avouer vaincu… ou vous tourner vers d’autres sources que l’état civil !

S’il n’est pas indispensable de retrouver ces trois actes marquant la vie d’une personne pour remonter de génération en génération, cela reste tout de même fortement conseillé, afin d’avoir la vision la plus complète de votre ancêtre, sans compter que chaque acte peut revêtir une mention inattendue et compléter des informations que l’on croyait déjà connaître. Le principe est très simple : il faut trouver les noms des parents d’un individu pour remonter une génération, puis pour chacun d’entre eux faire de même en retrouvant leurs actes de naissance, mariage, décès et leurs parents, etc.

On peut y trouver (selon les actes et les époques) :

  • le(s) prénom(s) et le nom de famille de la personne ;
  • les noms des parents ;
  • la date et le lieu de l’événement ;
  • la date et le lieu de naissance de la personne, mais plus souvent son âge ;
  • d’autres informations selon les actes (profession, domicile, témoins…).

L’acte le plus complet est l’acte de mariage, lui seul suffit pour faire votre généalogie, car il contient des informations à propos des deux époux (donc des deux parents d’un de vos ancêtres).

Bien évidemment, plus vous remonterez dans le temps, moins les informations seront précises. Si l’on peut pleinement se fier à un acte rédigé au XXe siècle (quoique l’exemple de l’acte de décès ci-dessous prouve le contraire), il faut rester prudent avec un acte du XIXe (prénoms confondus ou différents, orthographe incertaine, erreur sur un lieu ou un témoin) et utiliser son flair et son sens de la déduction pour ceux d’ancien régime (manque d’informations, par exemple pas de parents sur un acte de mariage, erreurs fréquentes sur les prénoms et les noms, âges approximatifs). Le véritable travail de généalogie se situe là : dans votre faculté à interpréter un acte, à le recouper avec d’autres, à le comparer avec d’autres actes rédigés dans la commune ou dans les communes alentours, parfois même sur d’autres familles, à votre esprit de déduction, à votre capacité à penser comme on pensait alors, quand les mœurs étaient différentes, que les impératifs religieux était omniprésents et que les mentalités différaient des nôtres ; mais aussi à vos connaissances historiques, régionales ou nationales.

Chaque région, voire chaque commune, étant différente, il serait impossible de passer en revue tous les cas possibles permettant de trouver un ancêtre manquant, seule l’habitude et la pratique peuvent permettre de le faire. N’oubliez jamais qu’une information trouvée (sur un arbre sur Généanet par exemple) doit être vérifiée par vos soins en consultant la source, c’est-à-dire l’acte original : la personne qui l’a publiée est certainement de bonne foi, mais elle a pu se tromper !
Avant la Révolution, nous l’avons vu, il n’y a pas de tables décennales et les actes sont souvent difficilement lisibles, soit parce que l’écriture ne correspond pas aux standards actuels, soit parce que le registre lui-même est abîmé (encre baveuse, tâches, encre effacée…), soit parce qu’ils sont rédigés en latin.

Généalogie Généanet
https://www.geneanet.org/blog/post/2023/07/debuter-en-genealogie-les-registres-detat-civil-et-les-registres-paroissiaux

La Révolution française, une déculottée pour les femmes | Slate.fr

Sun 23 Jul 2023 - 21:56

Les revendications égalitaires de 1789 ont apporté la promesse de l'émancipation… pour finalement mieux bâillonner les femmes.

«Les hommes ont fait le 14 juillet, les femmes le 6 octobre, écrivait Jules Michelet dans Les Femmes de la Révolution (1854). Les hommes ont pris la Bastille royale, les femmes ont pris la royauté elle-même.» L'historien fait ici référence à la marche des femmes sur Versailles les 5 et 6 octobre 1789. Les Parisiennes en colère étaient venues réclamer du pain; elles repartent avec la famille royale au grand complet.

Si elle se conclut par le retour du roi à Paris, désormais logé aux Tuileries, la marche du 6 octobre est surtout un symbole: celui d'une révolution égalitaire, où les femmes comme les hommes participent aux protestations, scandent les chants révolutionnaires et montent à la tribune. Tout un symbole. Mais à quel point est-ce représentatif de la réalité historique?

Le mal par le mâle

Ne crions pas victoire trop vite. Sous l'Ancien Régime, la France maintient les privilèges séculaires et, de fait, les vieilles inégalités héritées de la loi salique. À l'aube de la Révolution, ses institutions vacillantes continuent de se méfier des femmes. Ces dernières sont exclues de l'administration, du gouvernement et de l'appareil judiciaire; à quelques exceptions près, assemblées, tribunes et trônes sont couverts de mâles.

Les Lumières du XVIIIe siècle n'arrangent rien. L'humaniste Jean-Jacques Rousseau rabaisse la femme au rang de «moitié de l'homme». D'autres érudits justifient leur éviction de la vie politique en incriminant leurs soi-disant «tendresse excessive» ou «raison limitée». En ces temps prétendument éclairés, la femme n'est plus pécheresse, à l'image d'Ève, mais faible de corps et d'esprit.

Cette tyrannie masculine justifie l'engouement que provoque l'étincelle de la Révolution chez les femmes: enfin, l'occasion leur est donnée de repousser les frontières étriquées de leur condition! Rien de surprenant, donc, à ce que les sans-culottes au féminin soient d'abord émeutières, notamment lors des crises de subsistance qui secouent 1788 et 1789.

À Grenoble le 7 juin 1788, c'est une femme qui, en giflant le sergent Bernadotte, déclenche l'émeute retenue sous le nom de la «journée des tuiles». À Paris, les «Dames de la Halle» nourrissent le gros des troupes sans-culottes. Elles sont blanchisseuses, épicières, domestiques, marchandes ambulantes, fripières, mais toutes se retrouvent dans la cohorte des barricades. Leur enthousiasme suffit-il à arracher les droits qu'elles réclament?

De la tribune à l'échafaud

Malgré ses prétentions égalitaires, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen exclut opportunément les revendications féministes. Même si les femmes participent activement à la vie politique, rejoignant les clubs et les salons révolutionnaires, elles n'ont toujours pas voix au chapitre. D'ailleurs, les tribunes des Cordeliers et des Jacobins leur sont toujours interdites.

C'est cette injustice qui poussera Olympe de Gouges à rédiger, en 1791, sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne… Elle y écrira notamment: «La femme a le droit de monter à l'échafaud; elle doit avoir également celui de monter à la tribune.» Pour s'être hissée à la seconde, critiquant Maximilien de Robespierre et Jean-Paul Marat, elle passera sous le couperet du «rasoir national» en novembre 1793.

Dans une lettre rédigée en 1776, Madame Roland regrettait déjà ce que signifiait sa condition féminine. «En vérité, je suis bien ennuyée d'être une femme: il me fallait une autre âme, ou un autre sexe, ou un autre siècle. Je devais naître femme spartiate ou romaine, ou du moins homme français. [...] Mon esprit et mon cœur trouvent de toute part les entraves de l'opinion, les fers des préjugés, et toute ma force s'épuise à secouer vainement mes chaînes.» Il est des changements que l'on peine à provoquer.

Les rares qui s'aventurent dans les assemblées révolutionnaires se voient affublées, à partir de 1792, du surnom insultant de «Tricoteuses». On les imagine tricoter pendant que défilent les motions, sans doute pour incriminer le manque d'esprit inhérent à leur sexe.

Aux armes, citoyennes!

Qu'ont donc gagné les femmes de la Révolution? Si l'émancipation tant attendue est loin de se matérialiser, cette défaite politique est éclaircie par quelques victoires sociales. Les règles de succession sont réformées en avril 1791: dès lors, garçons et filles jouissent des mêmes droits en matière d'héritage. La laïcisation du mariage, actée en septembre 1792, introduit la nécessité du consentement mutuel des deux conjoints, permettant d'entrevoir la fin des unions forcées. En outre, le divorce est légalisé –une arme qui sera en grande majorité mobilisée par les femmes pour se débarrasser d'époux abusifs, violents ou absents.

Ragaillardies, les militantes poursuivent la lutte dans les clubs où leurs idées trouvent un auditoire à leur mesure. Certaines oratrices se distinguent, à l'instar d'Anne-Josèphe Théroigne, dite de Méricourt, qui, le 25 mars 1792, prononce ces mots devant la Société fraternelle des Minimes: «Armons-nous, nous en avons le droit par la nature et même par la loi. Montrons aux hommes que nous ne leur sommes inférieures ni en vertus ni en courage. Il est temps que les femmes sortent de leur honteuse nullité.»

Malgré cet appel, on continue de leur refuser le droit de voter, d'intégrer la garde nationale ou de porter des armes: le sabre et le fusil restent des attributs mâles…

Les femmes déculottées

Trois ans après la Révolution, le statut des femmes n'a pas bougé d'un iota. Les préjugés toujours tenaces cristallisent le «sexe faible» en groupe soumis et peu éduqué. Toute femme dotée d'ambitions politiques fait figure d'hystérique, d'extrémiste, de «harpie» capable d'user de tous les moyens pour parvenir à ses fins. Pamphlets et tracts érotiques achèvent de bâillonner les militantes; la misogynie des tribunaux révolutionnaires n'épargne d'ailleurs pas la famille royale, puisque Marie-Antoinette est humiliée lors de son procès, accusée de relations incestueuses avec son propre fils.

Les femmes, toutes conditions confondues, voient leurs libertés s'amaigrir encore davantage au crépuscule de la Révolution. Le 30 octobre 1793, un député de l'Isère, Jean Pierre André Amar, déclare ainsi devant la Convention nationale: «Nous croyons donc qu'une femme ne doit pas sortir de sa famille pour s'immiscer dans les affaires du gouvernement […]. Leur présence dans les sociétés populaires donnerait une place active dans le gouvernement à des personnes plus exposées à l'erreur et à la séduction.»

Le même jour, les clubs féminins sont dissous. Seule une poignée de femmes hante encore les assemblées révolutionnaires et, courant 1794, certaines sont chassées à coups de verge des gradins de la Convention. Passés les ténèbres de la Révolution, le coup de grâce est porté par Napoléon. Promulgué en 1804, le code civil réduit les femmes à l'état de mineures et enterre définitivement toute promesse d'émancipation.

1789 femme féminisme Révolution
https://www.slate.fr/story/250522/revolution-francaise-femmes-deculottee-droits-parole-politique-mariage-heritage

Débuter en généalogie : les tables décennales - Geneanet

Fri 21 Jul 2023 - 15:57

Geneanet vous propose tout l’été de faire le tour des principales sources archivistiques utiles aux recherches généalogiques. La première de toutes, ce sont les tables décennales de l’état civil.

Vous venez de commencer vos recherches généalogiques et après avoir écrit aux mairies et découvert vos arrière grands parents ou vos trisaïeuls, vous désirez commencer à fouiller dans les documents fournis par les archives départementales ? Les tables décennales vont vous faciliter la tâche. Présentation.
Historique

Les tables décennales (familièrement dénommées “T.D.”) résument le contenu des registres d’état civil (naissances, mariages et décès, divorces, reconnaissances d’enfants). Elles sont établies par tranches de dix ans, en fusionnant toutes les années. Les tables décennales ont été créées par l’Administration Révolutionnaire en 1793. Très lacunaires pour la première période 1793/1802, elles sont consultables partout dès 1803.

Au début notamment, ces tables sont souvent par ordre chrono-alphabétique (à l’intérieur de chaque lettre de A à Z, les actes sont référencés de façon chronologique), et parfois elles ne fusionnent pas les dix années mais récapitulent année par année les actes enregistrés. Pour les périodes les plus récentes elles sont par ordre alphabétique complet. Elles reprennent la logique des registres : tables décennales des naissances, des mariages, des décès.

Bon à savoir :

L’index annuel : en même temps qu’étaient instaurées des tables décennales, établies sur des feuillets séparés des registres, un index similaire était établi année par année à la fin de chaque registre de naissance, mariage ou décès. En l’absence de tables décennales, celui-ci permettra malgré tout une recherche rapide. Le plus gros inconvénient, c’est qu’il faut d’abord le retrouver, et que parfois, sur les registres pré-imprimés, aucun emplacement n’a été laissé pour un index : celui-ci est donc écrit en tout petit dans un coin, faute de place, ou au milieu des caractères d’imprimerie non remplis.
Ancien Régime : concernant l’Ancien Régime on trouve parfois, au gré de ses recherches et notamment pour les communes de taille importante (par exemple Bourges ou Strasbourg), un équivalent des tables décennales sous forme de répertoire des actes enregistrés, bien utiles pour ces périodes antérieures à l’état civil

Avantages

Les tables décennales sont très utiles au chercheur, puisqu’en quelques dizaines de minutes il peut relever tous les actes concernant le même nom de famille (il peut donc bien sûr y avoir des noms similaires pour des familles différentes mais cela reste très utile), et consulter ensuite les registres correspondants. Cela permet de recenser tous les enfants d’un couple très rapidement, ainsi que de retrouver en quelques secondes un mariage ou un décès.
Lors de ses recherches, on se retrouve donc à effectuer un aller-retour incessant entre les tables décennales et les registres, le contenu des actes donnant de nouvelles informations que l’on retourne chercher dans les tables.
On peut ainsi, si la famille est restée dans la même commune, remonter en deux ou trois heures sur une centaine d’années, ce qui équivaut à trois, quatre ou cinq générations.
Plus la commune est grande, plus l’utilité de ces tables est incontestable.

Inconvénients

Abréviations dans les dates souvent illisibles, fréquence du “dito” représenté par un d°, ou simple trait… ou rien du tout.
Risque élevé de confusion avec les abréviations des mois : 7bre (septembre confondu avec juillet), 8bre (octobre confondu avec août), 9bre (novembre confondu avec septembre) et Xbre (décembre confondu avec octobre)
Erreurs possibles dans les relevés des actes ! Oublis pur et simples, dates mal lues et erronées, prénoms tronqués, cela arrive et si l’on ne trouve pas ce que l’on cherche, il peut ne pas être inutile de vérifier quand même les registres entiers.
Dates des actes parfois remplacées par les numéros de page figurant sur les registres
Pour les mariages, absence de classement par nom de l’épouse, parfois même absence totale de son nom.
Les promesses de mariage ne sont pas indiquées : si vous ne trouvez pas un mariage, n’oubliez pas qu’il y a de fortes chances qu’il soit mentionné dans le registre complet, après les mariages, dans les promesses de mariage. Les promesses de mariage étaient enregistrées à la fois dans la commune de l’époux et dans celle de l’épouse, avec bien entendu la provenance de chacun des deux époux, on comprend vite la grande utilité de celles-ci !

Généalogie Généanet
https://www.geneanet.org/blog/post/2023/07/debuter-en-genealogie-les-tables-decennales
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