Une partie des clients des sociétés qui proposent des tests de généalogie génétique sont des personnes à la recherche de leurs parents – ou grands parents – biologiques. Certaines sociétés, comme MyHeritage, ont même une branche spécifique qui dans certains cas fait les analyses gratuitement. Et régulièrement, des familles dispersées qui se sont retrouvées après avoir fait ces tests sont mises à l’honneur dans les médias, ce qui augmente encore l’envie et l’espoir de ceux qui n’ont pas encore tenté l’expérience.
Cette possibilité, non légale en France et qui n’ouvre donc aucune suite juridique possible, est une des raisons que les opposants à l’ouverture du marché de l’ADN généalogique en France mettent souvent en avant. Vous qui avez eu une vie agitée lorsque vous étiez jeune, vous pourriez vous retrouver avec une flopée d’héritiers venant frapper à votre porte … Grosse angoisse …
Disons que c’est une plaisanterie malvenue, et passons …
En tant que généalogistes, nous sommes à la recherche d’indices pour savoir qui était l’arrière arrière grand père à la génération n, et pourtant certains d’entre nous refusent à d’autres personnes la possibilité de savoir qui étaient leurs parents biologiques. Pendant que nous farfouillons de registres en registres, à la recherche de notre lointaine histoire familiale, près de nous, des enfants, qui n’avaient rien demandé, n’ont pas le droit d’avoir accès à leur histoire familiale la plus proche. Où est la logique ?
Plusieurs lecteurs de ce blog m’ont déjà interrogée sur la façon dont on peut retrouver quelqu’un grâce à ces kits d’analyse. Je commence toujours par leur dire que ça n’est pas forcément simple, et surtout que quelque soit le résultat de leur recherche, ils ne pourront en aucun cas l’utiliser pour une quelconque action légale. Mieux encore, si la personne retrouvée et contactée décide de porter plainte, au nom de la protection de sa vie privée, il est vraisemblable que les tribunaux en France lui donnent raison.
La loi changera peut-être un jour.
En attendant, si vous habitez hors de France, ou si la curiosité est la plus forte, et qu’un simple nom, un enchainement de circonstances, vous suffiront, je vous propose une méthodologie pour essayer de retrouver vos parents biologiques.
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En 1606, la levée d’engagés pour la Nouvelle-France (Acadie) est l’affaire de Pierre Dugua de Monts, mais aussi des marchands rochelais Samuel Georges et Jean Macain.
Gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi et son lieutenant général au pays de la Nouvelle-France, Pierre Dugua de Monts rentre en France, en septembre 1605, où il apprend que plusieurs marchands s’efforcent de faire annuler son monopole. Il décide donc de rester en France pour mieux défendre les intérêts de sa compagnie.
Avec l’appui des marchands rochelais Samuel Georges et Jean Macain, Dugua expédie le navire Le Jonas (150 tx) pour l’Acadie. Parti de La Rochelle le 13 mai, le navire est chargé d’approvisionnement et une cinquantaine de colons, dont vingt-quatre engagés, sous le commandement de Jean de Biencourt, baron de Poutrincourt et de Saint-Just.
Des vingt-quatre engagés connus, un seul est recruté à La Rochelle et les vingt-trois autres sont enrôlés à Paris.
C’est dans l’étude du notaire rochelais Jacques Cousseau que se présente Élie Petit, le 25 février 1606[1], pour convenir de ses conditions d’engagement avec les marchands Samuel Georges et Jean Macain. Ainsi, il promet de s’embarquer dans un navire pour aller au pays de Canada servir de chaussetier et de chaunier, pour une année, à ceux à qui il sera employé moyennant un salaire de 96lt dont 32lt lui sont avancées.
Macain et Georges vont défrayer les dépenses d’Élie Petit au Canada ainsi que ses frais de retour à La Rochelle dans un navire de 1607. Ils promettent aussi de faire nourrir, coucher et loger Petit et lui fournir tous les outils nécessaires à son métier.
Voici le contrat d’engagement d’Élie Petit en 1606.
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Des milliers de Françaises et Français passent outre la loi bioéthique en offrant leur ADN à de puissantes firmes étrangères. Des spécialistes s’alarment et proposent de sortir de cette impasse éthique, médicale, scientifique et économique.
Focalisés sur la PMA pour toutes, les derniers États généraux de bioéthique ont laissé dans l’ombre un sujet majeur mais peu connu du grand public: celui de la propriété, de l’exploitation et du devenir des données génétiques de chaque citoyen français. Cette omission est d’autant plus regrettable que ce sujet concerne un pays qui défend une conception originale des rapports entre le droit de propriété et le corps humain.
En France, le corps n’est pas une «chose» qui pourrait faire l’objet d’un contrat ou d’une convention. Une personne ne peut librement disposer d’elle-même. Ce principe dit d’indisponibilité se rattache à la notion de dignité de la personne; une notion inscrite depuis 1994 et les premières lois de bioéthique, à l'article 16-1 du Code civil
«Chacun a droit au respect de son corps. Le corps humain est inviolable. Le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent faire l'objet d'un droit patrimonial.»
Il s’agit là d’une clé de voûte juridique sur laquelle reposent les interdits français concernant le commerce du sang, des organes ou des cellules sexuelles –de même que la condamnation de la pratique de la grossesse pour autrui (GPA).
GPA : incompatible avec les "principes d'indisponibilité du corps humain et de l'état des personnes" — Véronique Hunsinger (@vhunsinger) 11 juillet 2018
Mais cette conception de la dignité de la personne humaine entre aujourd’hui en conflit avec la quête de nouveaux droits (comme dans le cas de la GPA) de même qu’avec les considérables développements du décryptage génétique et moléculaire de l’humain. Il peut aussi s’opposer aux espérances médicales et scientifiques de la nouvelle génétique et, corollaire, aux appétits financiers qu’elles génèrent.
C’est dans ce contexte qu’il faut situer les nouvelles et dérangeantes questions relatives à l’exploitation des données génétiques, un dossier dont les termes sont exposés par un groupe de recherche français dans la dernière livraison de la revue Médecine-Sciences.
En informatique, la donnée (data) correspond le plus souvent à une information numérisée, stockée sur des serveurs. La data est aussi devenue une véritable matière première d’une nouvelle économie libérale, à la fois numérique et mondiale. Cette donnée peut aussi être une information dont la valeur d’usage n’a pas encore été déterminée. Quant à la donnée génétique, elle peut avoir plusieurs valeurs d’usage: médicale, scientifique, économique, etc.
«Or ces données génétiques sont, d’une certaine façon, “marchandisables” aux États-Unis, et non en France, expliquent ces scientifiques à Slate.fr. Par certains côtés on pourrait faire le parallèle avec le sang et le plasma mais il faut en réalité tenir compte de plusieurs différences notables. Tout d’abord la production de sang et de plasma requiert des moyens significativement plus invasifs (prises de sang) que le fait de cracher dans un tube pour produire des données génétiques. D’autre part ces données sont duplicables, en théorie à l’infini, à la différence du sang et du plasma. Enfin, la donnée génétique s’inscrit dans une sorte de troisième révolution industrielle fondée sur les nouvelles technologies de l’information, de la communication et de l’intelligence artificielle.»
A 2016 study, which included data from 23andMe, found that there are more than 60 genetic variants associated with resting heart rate. #AmericanHeartMonthhttps://t.co/9gPilMbASp — 23andMe (@23andMe) 19 février 2019
De fait, le temps est révolu où les spécialistes du génome pouvaient, seuls, avoir accès aux informations contenues dans les patrimoines génétiques des personnes –et ce, à des fins médicales ou judiciaires. Cette activité est devenue un gigantesque commerce. «En l’espace de trois décennies, des biotechs principalement nord-américaines (Myriad Genetics, 23andMe, Ancestry DNA, Myheritage, etc.) sont devenues expertes dans la production, le traitement et l’analyse de volumes importants de données génétiques qui dépassent désormais ceux des plateformes académiques habituelles, expliquent Guillaume Vogt, généticien (Centre national de recherche en génomique humaine [CNRGH]) et Henri-Corto Stoeklé, bioéthicien (Laboratoire de génétique humaine négligée [CNRGH-CEA, Évry]). La majeure partie de leur succès tient aujourd’hui à l’appropriation d’un nouveau modèle économique: celui de “marché biface”.»
«Ici, l’entreprise privée, ou “plateforme biface”, offre “gratuitement”, sur la première face, différents services numériques aux consommateurs demandeurs, afin d’obtenir et de stocker différents types de données les concernant, qu’elle transforme en information valorisée (à la fois en termes d’échange et d’usage) sur la seconde face, auprès d’autres entreprises ou structures. Les bénéfices réalisés sur la seconde face de la plateforme doivent alors couvrir largement les pertes accusées sur la première.»
Or on estime déjà à plus de quinze millions le nombre de de personnes dans le monde qui ont aujourd’hui eu recours aux tests génétiques commercialisés via internet par 23andMe, AncestryDNA ou MyHeritage. Il s’agit le plus souvent de tests génétiques censés fournir des éléments de prédisposition à certaines maladies ou à fournir des données généalogiques. Dans le même temps il faut compter avec une baisse drastique et continue du prix et du temps du séquençage des génomes.
Il n’existe pas, et pour cause, de données officielles mais on estime que, chaque année, près de 100.000 Françaises et Français se procurent un test ADN à visée généalogique et font analyser leurs gènes... à l'étranger. Il suffit ici de se procurer un kit et envoyer un échantillon de salive dans un pays où cela est autorisé. Cinq opérateurs proposent actuellement ce type de service, dont deux en langue française. Ces sociétés ne sont pas immatriculées en France, les analyses sont effectuées en Angleterre ou aux États-Unis et les résultats accessibles en ligne sur leurs bases de données qui sont hébergées outre-Atlantique. Pourtant, la loi française dispose que «le fait, pour une personne, de solliciter l'examen de ses caractéristiques génétiques ou de celles d'un tiers ou l'identification d'une personne par ses empreintes génétiques en dehors des conditions prévues par la loi est puni de 3.750 euros d'amende».
L'opérateur 23andMe est un parfait exemple du phénomène, qui comptabilise aujourd’hui plusieurs millions de participantes et participants. Au départ, son offre de service ressemblait à celle d’un test génétique relatif à la santé et à l’ancestralité, en vente librement sur internet –sans l’intermédiaire (à la différence de la France) d’une ou d'un médecin ni de l'obligation d’une prescription médicale.
«Il s’agissait en fait d’un “two-sided-market” ou “plateforme biface’” expliquent les deux chercheurs français. Sur sa première face, l’entreprise a collecté et collecte toujours auprès du consommateur, quel qu’il soit, grâce à internet, des échantillons biologiques et des données personnelles via l’offre d’un test génétique à un prix particulièrement attractif. Mais, sur sa seconde face, ceci lui a permis de créer une biobanque (lieu de stockage des échantillons biologiques) ainsi qu’une base de données (lieu de stockage des données issues du séquençage, entre autres) considérable pour être valorisée (en termes d’usage et d’échange) auprès de la recherche et de l’industrie.»
«23andMe est devenu une sorte de “Facebook de l’ADN” où les usagers font circuler eux-mêmes leurs données génétiques en y ajoutant différentes données personnelles.» Guillaume Vogt, généticien et Corto Stoeklé, bioéthicien
«Aujourd’hui, 23andMe a commercialisé plusieurs millions de tests et baissé significativement son prix depuis sa création en 2006. Le test coûtait environ 1.000 dollars (à peu près 882 euros) à son arrivée sur le marché, et coûte aujourd’hui moins de 100 dollars (environ 88,2 euros) [...] L’entreprise a dû aussi parfaitement intégrer, au moins sur sa première face, et de façon systématique, les outils et les techniques du “social web”. 23andMe est devenu alors une sorte de “Facebook de l’ADN” où les usagers font circuler eux-mêmes leurs données génétiques en y ajoutant différentes données personnelles. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Google fut l’un de ses principaux et premiers investisseurs, et que désormais toute l’industrie du numérique cherche à investir dans la production, l’analyse et le stockage des données de santé.»
23andMe s’est implantée en Europe, au Royaume-Uni, mais aussi au Danemark, en Finlande, aux Pays-Bas, en Irlande et en Suède. Et en dépit de leur stricte interdiction en France ces firmes produisent donc (et valorisent) une quantité importante de données génétiques françaises. «De nombreux Français achètent leurs tests génétiques; des chaînes de télévision françaises diffusent leurs films publicitaires; des hôpitaux, des universités ou des instituts français, et donc des chercheurs français, collaborent et publient avec elles», expliquaient il y a peu Messieurs. Vogt et Stoeklé dans Le Monde.
«Outre une méconnaissance de la loi, voire un délit volontaire, cette tendance à “l’infraction’’ souligne, qu’on le veuille ou non, une demande française importante et, surtout, l’échec total de notre politique en matière d’industrie génétique. Ces données ont donc un intérêt stratégique majeur, tant pour notre recherche que pour notre économie. Malheureusement, le monde académique et institutionnel français ne fait que critiquer ces firmes, sans proposer de solutions efficientes pour nos chercheurs et nos entreprises. Cessons cette “politique de l’autruche”.»
La flotte de 1670 à destination de Québec est composée de quatre navires : trois de La Rochelle (La Nouvelle-France, La Sainte-Hélène et Le Saint-Pierre) et un de Dieppe (Le Saint-Jean-Baptiste).
Le navire La Nouvelle-France (250 tx) est la propriété du marchand rochelais Pierre Gaigneur qu’il a acquit, le 5 avril 1667[1], avec quatorze pièces de canon, des marchands Gédéon Bion, Daniel Brians et Paul Bion en compagnie pour la somme de 15 700lt.
Au baptême, l’enfant reçoit du parrain et de la marraine de nouveaux parents dits spirituels. Les historiens du droit, et notamment du droit canonique, se sont emparés au XIXe siècle de la thématique du baptême et ce n’est que dans les années 1990, grâce aux travaux pionniers d’Agnès Fine en France, puis, dans les années 2000, avec les travaux majeurs de l’italien Guido Alfani, que le baptême revient dans le giron de l’historien des familles. Une tâche ingrate, dans l’étude des parrains et marraines, consiste à dépouiller intégralement une commune, voire plusieurs, et à reconstituer les familles pour identifier les parents spirituels dans la parentèle et plus globalement dans la vie de la communauté. Ceci a été réalisé à quelques reprises, notamment par les membres du courant de la démographie historique (un numéro paru en 1995 des Annales de Démographie Historique traite justement de l’histoire de la famille). Pour ce mémoire, le même travail a été entrepris sur une commune, La Tour-d’Aigues, qui se trouve entre le village et la ville et que l’on pourrait qualifier de bourg. Dans la première partie de ce chapitre, nous reviendrons sur cette méthode employée (et ses limites). Le baptême est perçu par la susdite historiographie comme un acte « annexe ». Il serait un acte formel ne créant que de faibles liens avec le baptisé. Notre hypothèse de travail est presque à l’opposé de ce que les historiens ont étudié jusqu’à présent. Il est apparu, dans la documentation à notre disposition, que si le parrain et la marraine ne sont certes pas omniprésents, ils ont un rôle à jouer. Nous tenterons de définir ce rôle. Dans l’approche renouvelée de la parenté en histoire, avec les histoires des grands-parents et récemment les brillants travaux de Marion Trévisi sur les oncles et tantes, nous pensons que les parrains sont aussi, sinon au cœur de la parenté, du moins des membres clés de la famille élargie. Plus encore, le parrainage permet de renforcer des liens, soit dans l’entre-soi (avec des membres de sa famille, des amis proches, des voisins) soit dans l’hors-de-soi (avec des relations qui seraient donc mixtes, avec des liens clientélaires ou même des liens d’amitié entre personnes de milieux variés). Pour cela, dans un premier temps, nous présenterons la méthode et en indiquerons les limites (I). Nous nous questionnerons aussi sur le lien entre le baptisé, les parents de ce dernier et ses parrains (II). Bien sûr, il n’est pas question d’écarter les relations de clientèle au sein du réseau, donc des relations verticales (III), mais nous aimerions aussi, et peut-être surtout, nous intéresser, ne serait-ce que brièvement, à un aspect assez neuf dans l’étude du baptême, du moins d’après nos lectures : le baptême comme consolidation des fiançailles (IV). Voilà, en quelques mots, ce que nous allons étudier ci-après.
L'annonce sème le doute sur la sécurité des données génétiques.
Avec les tests d'ADN effectués chez soi, une nouvelle opportunité se présente pour les enquêteurs de police. Aux États-Unis, le FBI est récemment entré en collaboration avec Family Tree DNA, une entreprise qui propose à tout un chacun de prélever son propre ADN pour le faire analyser. Ces kits prêts à l'emploi se composent de deux bâtonnets pour prélever l'ADN à l'intérieur de la joue. Le kit est ensuite renvoyé à l'entreprise pour être analysé et établir l'arbre généalogique ainsi que l'origine du volontaire.
Pour la première fois, une société privée de ce secteur a accepté de mettre volontairement à disposition des forces de l'ordre une partie de ses données. Néanmoins, le FBI ne peut pas parcourir librement la base de Family Tree. Dans un communiqué, l'entreprise détaille sa relation avec le Bureau d'investigation en précisant n'avoir signé aucun contrat et dit travailler au cas par cas pour comparer des échantillons à sa bibliothèque de données. Elle revendique avoir contribué à moins de dix enquêtes.
Depuis deux ans déjà, la police et le FBI ont utilisé des données généalogiques publiques pour élucider des affaires non résolues. Le «Golden State Killer», un tueur en série soupçonné de douze meurtres et cinquante et un viols entre 1974 et 1986, a pu être arrêté en avril 2018. L'ADN collecté sur les scènes de crime a pu être confondu avec celui d'un membre de sa famille.
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Enjeu de sécurité
Le rapprochement entre les deux organismes a engendré beaucoup de doutes sur la privatisation des données. «Globalement, je me sens abusée, je sens que ma confiance en tant que client a été trahie», a déclaré Leah Larkin, une généalogiste génétique de Livermore, en Californie, à BuzzFeed News. Le site offre à ses adeptes la possibilité de refuser d'apparaître dans les résultats dont peut se servir le FBI, mais cela implique que la fonctionnalité phare du test –retrouver des proches– n'est plus disponible.
Un généalogiste a relevé d'après un sondage informel réalisé aux États-Unis et en Europe que 85% des personnes interrogées sont à l'aise avec l'idée que les forces de l'ordre utilisent leur ADN.
Family Tree annonce recenser 1.021.774 entrées dans sa banque de données. À titre de comparaison, ses deux principaux concurrents dans le monde, Ancestry.com et 23andMe en possèdent respectivement dix millions et cinq millions.
La flotte de 1606 à destination de l’Acadie est composée de cinq navires[1].
Le navire Le Jonas (150 tx) est le sujet du présent article. Il est la propriété des marchands rochelais Samuel Georges et Jean Macain qui fournissent l’équipage[2].
Nommé l’un des pairs de La Rochelle en 1603, Jean Macain avait épousé, le 15 décembre 1591, Anne Georges, sœur de son associé. Les deux beaux-frères protestants se livrent, depuis le début du XVIIe siècle, à de nombreuses opérations commerciales avec la Nouvelle-France[3]. Le 25 février 1606[4], ils ont engagé Élie Petit, chaussetier et chaunier, de La Rochelle.
Au printemps de 1605, Pierre Dugua de Monts décide de déplacer son habitation de l’île Sainte-Croix vers Port-Royal, près de l’actuelle petite ville d’Annapolis Royal (Nouvelle-Écosse).
Il choisit François Gravé du Pont pour diriger les pêcheries et nomme Jean de Biencourt, baron de Poutrincourt et de Saint-Just, un gentilhomme picard, gouverneur de Port-Royal.
Poutrincourt demande à Dugua de lui accorder des terres à Port-Royal, se proposant de vivre là et d’y établir sa famille et sa fortune. Il acquiesce et, le 25 février 1606, Henri IV accorde à Poutrincourt « la seigneurie de Port-Royal et terres adjacentes ». En échange, il doit y installer une colonie dans les deux années qui suivent.
Le 19 décembre 1605, en vue de l’expédition de 1606, Dugua de Monts signe un contrat avec les rochelais Georges et Macain et avec d’autres marchands de Rouen et de Saint-Malo[5].
À Paris, Dugua presse le départ de Poutrincourt, qui tarde un peu à aller se mettre en possession du pays et territoires qui lui ont été concédés[6]. En mars, Poutrincourt rencontre son ami Marc Lescarbot, avocat au Parlement, et l’invite à joindre son expédition en Acadie.
Poutrincourt recrute une cinquante de colons dont plusieurs personnes de qualité, des artisans et journaliers aussi : menuisiers, charpentiers de navire, maçons, tailleurs de pierres, serruriers, taillandiers, couturiers, scieurs d’ais, matelots, etc. Selon Gervais Carpin[7], il est resté vingt-trois contrats d’engagement d’artisans d’une durée d’une année, signés chez le notaire parisien Rémond en présence de Pierre Dugua « gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et son lieutenant général en la Nouvelle-France ». Les contrats mentionnent qu’ils doivent rejoindre La Rochelle à la fin du mois de mars pour leur embarquement.
Poutrincourt est aussi à la recherche de prêtres, mais c’est la Semaine sainte et ils sont tous occupés aux confessions ! Il s’en présente aucun, les uns s’excusant sur les incommodités de la mer et du long voyage, les autres remettant l’affaire après Pâques[8]. Le temps presse, il faut se rendre à La Rochelle.
Le Vendredi Saint, Lescarbot se rend vers Orléans, où il remplit, le dimanche, son devoir pascal et arrive à La Rochelle le 3 avril[9]. Le jeune avocat va quitter sa mère patrie pour la première fois. Entre Orléans et La Rochelle, un touchant et sincère adieu sort de sa plume de poète. Il compose un long poème combinant une nostalgie de l’Ancien Monde et l’anticipation du Nouveau[10]. Son Adieu à la France est imprimé le lendemain de son arrivée à La Rochelle, puis à Rouen.
Les préparatifs
À La Rochelle, nos voyageurs y trouvent le navire Le Jonas, prêt à sortir « hors des chaînes » de la ville pour attendre le vent. Il est chargé de bétail : des vaches, des porcs, un mouton, des poules, des pigeons ainsi que des chiens et… bien malgré soi, on emmène des rats[11].
Étant dans l’octave de Pâques, ils patientent en profitant des abstinences du récent carême[12]. Ils font bonne chère, « si bonne chère, écrit Lescarbot, qu’il nous tardait que nous fussions sur mer pour faire diète[13]. » On fête… un peu trop !
Fait étrange que ces tintamarres, constate Lescarbot, dans une ville réformée comme La Rochelle…où chacun marche droit pour ne pas encourir la censure soit du maire, soit des ministres de la ville. Quelques ouvriers sont faits prisonniers, gardés à l’Hôtel de ville jusqu’à leur départ. N’eut été de l’expédition, ils auraient été châtiés !
Le 1er avril[14], le capitaine Guillaume Foucques emprunte la somme de 42lt du marchand rochelais Jean Perrin pour s’acheter des marchandises pour le voyage.
Étant chargé, le navire Le Jonas est prêt à sortir de la rade. Le départ est prévu le 8 ou le 9 avril, mais… Par malheur, le capitaine Foucques le laisse sans hommes, ni lui-même, ni son pilote, puis un grand vent du sud-est s’élève pendant la nuit et casse le câble… le navire est entraîné hors du port et va se briser contre une des murailles de la ville, adossant la tour de la Chaîne[15]. Par chance, au même moment, la mer monte et l’empêche de couler !
Le navire est sauvé, mais il faut le réparer. Les pertes sont énormes. L’expédition est compromise. On demande l’aide des ouvriers soit à tirer à la pompe ou pousser au cabestan ou autre chose, mais peu d’entre-eux se mettent au travail. Quelques-uns se plaignent et quittent. Il faut embaucher un nouvel équipage.
Immobilisé, le capitaine Foucques parle sérieusement de rompre son engagement et de se mettre au service de marchands concurrents des Macain et Georges, écrit Adrien Huguet[16]. Sur le port, il reçoit des offres alléchantes dans l’espoir de se détacher de l’expédition de Dugua de Monts.
Cet esclandre retarde le départ de plus d’un mois ! Il faut décharger et recharger le navire. Pendant ce temps, Lescarbot se promène dans la ville et particulièrement aux Cordeliers. Comme l’a fait Poutrincourt à Paris, Lescarbot profite de son séjour rochelais pour trouver un homme d’église afin d’administrer les sacrements pendant le voyage. Étant dans une ville maritime, il croit qu’un curé ou vicaire prendrait plaisir à voguer sur les flots. En vain ! Il se fait dire qu’il « faudrait des gens qui fussent poussés de grand zèle et piété pour aller en tels voyages et serait bon de s’adresser aux pères Jésuites[17]. »
Faute de temps, le navire va partir sans missionnaire et lorsqu’on arrivera en Acadie, on apprendra que le seul prêtre qu’y avait laissé Dugua de Monts est décédé. C’est donc sans aucun prêtre que se fera l’hivernement de 1606-1607[18].
Le 11 mai, à la faveur d’un petit vent d’est, le navire Le Jonas prend la mer et aborde à La Palice. Le lendemain, il mouille à Chef de Baie (lieu où les navires s’abritent des vents). Enfin, le samedi 13 mai, veille de la Pentecôte, il fait voile…
Juste avant de partir, le 12 mai[19], le marinier Jean Launay reconnaît avoir reçu la somme de 45lt du marchand rochelais Élie Leroy.
De l’équipage, nous connaissons :
Guillaume Foucques, maître et capitaine
Olivier Fleuriot, pilote, de Saint-Malo (Bretagne)
Jean Launay, marinier, de Le Conquet (Bretagne)
Des passagers, nous connaissons :
Jean de Biencourt, baron de Poutrincourt et de Saint-Just, gouverneur
François Addenin, soldat, domestique
Charles de Biencourt de Poutrincourt, fils de Jean
Du Boullay, ancien capitaine de régiment
Étienne, maître-chirurgien
Robert Gravé, fils de François Gravé du Pont
Daniel Hay, charpentier
Jean Hay, charpentier
Louis Hébert, apothicaire, de Paris (Île-de-France)
Marc Lescarbot, avocat, de Vervins (Île-de-France)
Jean Ralluau, secrétaire de Dugua de Monts
Charles Turgis de Saint-Étienne de La Tour, fils
Claude Turgis de Saint-Étienne et de La Tour, père
Des engagés, nous connaissons :
Simon Barguin, compagnon-charpentier, de Reims (Champagnie)
Léonard Bidon
François Bonin
Olivier Bresson
Claude Desbry
Michel Destrez, compagnon-menuisier, de Magny-en-Vexin (Île-de-France)
Jean Duval, serrurier, de Normandie
Antoine Esnault, compagnon-menuisier, natif de Montdidier (Picardie)
Michel Genson, compagnon-menuisier, de Troyes (Champagne)
Guillaume Gérault
François Guittard, taillandier, de Paris (Île-de-France)
Jean Hanin
Toussain Husson
Husson Jabart
Élie Petit, chaussetier, de La Rochelle
Poileus
Jean Pussot, compagnon-charpentier, de Reims (Champagne)
Guillaume Richard, compagnon-charpentier, de Lusignan (Poitou)
Pierre Rondeau
À bord du navire, Marc Lescarbot passe par toute une gamme d’émotions pour un homme si peu familier avec les voyages maritimes. Face à l’océan, il a peur. Il le confesse avec franchise.
Le 16 mai, les voiles blanches d’une flottille de treize navires flamands allant en Espagne distraient, pour un instant, l’horizon du navire. En vue des Açores, un navire inconnu, dont l’équipage composé de matelots anglais et flamands, se disant terre-neuvier, se montre courtois et s’informe de son itinéraire[20].
Jusqu’au 18 juin, le navire surmonte quelques tempêtes causées par des vents contraires… étant partit trop tard, écrit Lescarbot. À cela, il faut ajouter des froidures et des brouillards intenses rendant la traversée difficile.
Des volées d’oiseaux annoncent les environs du banc de Terre-Neuve. Pour s’en assurer, le soir du 22 juin, à la seconde tentative, la sonde est jetée et on trouve fond à trente-six brasses. Après avoir reconnu le Banc, on poursuit la route à l’ouest. On met les voiles bas, la veille de la Saint-Jean-Baptiste, et la journée se passe à la pêcherie des morues avec mille réjouissances pendant lesquelles un des charpentiers de navire tombe à la mer ! Il est sauvé sans pour autant subir le mécontentement du capitaine. Pendant la nuit du 29 juin, un des matelots tombe à la mer sauvé par un cordage !
Dès le matin du 4 juillet, les matelots du dernier quart de travail reconnaissent les îles de Saint-Pierre encore lointaines. Le 7 juillet, avec joie, on découvre à tribord une côte de terre longue à perte de vue [Cap Breton]. « Les plus hardis, raconte Lescarbot, montaient à la hune pour mieux voir tant nous étions désireux de cette terre […] Nos chiens mettaient le museau hors le bord pour mieux flairer l’air terrestre[21]. »
Le 8 juillet apparaît la baie de Canseau, mais des brumes s’élèvent forçant le navire à louvoyer, sans avancer, contrarié des vents d’ouest et sud-ouest[22]. Sur les deux heures de l’après-midi, le samedi 15 juillet, le brouillard se dissipe, le ciel s’éclaircit et la côte se distingue à quatre lieues de terre[23].
Deux chaloupes, voiles déployées, s’approchent du navire. L’une chargée de sauvages, un élan peint à leur voile, l’autre de Français malouins faisant la pêche au port de Canseau[24]. Par eux, on apprend que Gravé du Pont avait quitté Port-Royal vingt jours avant, désespéré de voir arriver un navire de France. Il décida de regagner Honfleur par ses propres moyens. Il avait laissé la garde de l’habitation à deux hommes[25], nommés La Taille et Miquelet.
Le 17 juillet, le navire est encore pris de brumes et de vent contraire pendant deux jours. Le calme revenu, le soir du 19 juillet, se baignant dans la mer, un charpentier de navire ayant trop bu d’eau de vie est surpris… « le froid de la marine combattant contre l’échauffement de cet esprit de vin », écrit Lescarbot[26]. Voyant leur compagnon en danger, quelques matelots se jettent à l’eau pour le secourir, mais il se moque d’eux ! D’autres matelots sont appelés en renfort qui, dans cette confusion, se nuisent l’un l’autre et se mirent en danger ! Au cri de Poutrincourt, le charpentier Jean Hay prend le cordage qu’on lui montre et est tiré vers le haut, puis sauvé. Il tomba malade et cru mourir !
Le dimanche 23 juillet, le navire entre dans le port Rossignol et en après-midi, de beau soleil, il mouille au port au Mouton. Dix-sept hommes débarquent pour se réapprovisionner d’eau douce et de bois. Après avoir doublé le Cap de Sable, le 25 juillet, le navire Le Jonas jette l’ancre à l’entrée de Port-Royal. Deux coups de canon sont tirés afin de saluer le port et avertir les Français qui y demeurent[27].
Enfin, le 27 juillet, après une traversée de onze semaines, le navire entre dans le port, non sans difficulté, car le vent ralenti sa marche. La joie est grande, tant chez les passagers que chez les colons.
Le lendemain de leur débarquement, tous se mettent à l’ouvrage; quelques-uns au labourage et à la culture de la terre, écrit Lescarbot, d’autres à nettoyer les chambres. Comme la colonie ne compte aucune femme, les hommes doivent se partager les menus travaux ménagers[28].
Alors que les colons s’affairent à leur besogne, les hommes de bord qui avait quitté Le Jonas au port de Canseau pour venir le long de la côte rencontrent sur leur route Gravé du Pont qui rebroussa chemin pour retourner à Port-Royal, où il arrive le 31 juillet.
Pendant un mois, les réjouissances succèdent aux réjouissances. Poutrincourt fait mettre un muid de vin « sur le cul ». L’un de ceux qu’on lui avait baillé pour sa bouche, raconte Lescarbot[29], et permission de boire à tout venant tant qu’il y en aura !
Le 20 août, il est temps de trousser bagage. Le 25, après maintes canonnades, le navire Le Jonas lève l’ancre pour aller à l’embouchure du port en attendant un vent favorable. Le 28 août, le navire appareille. Gravé du Pont dit adieu à ses amis et prend place dans le navire avec ses cinquante hommes. Pour l’occasion, Marc Lescarbot salue les partants d’un poème de 124 vers, Adieu aux Français retournant de la Nouvelle-France en la France Gaulloise.
Tandis que certaines startups proposent de connaître les origines géographiques de ses ancêtres à l'aide de kits ADN, sept de nos journalistes ont accepté de s'y soumettre eux aussi pour en apprendre davantage sur leur lignée.
"Je suis brun et pas très grand, je me vois plutôt d'Europe du Sud", suppose Julien Pain, rédacteur en chef à franceinfo. Adrien Rohard, l'un de ses collègues, pense venir d'Europe de l'Est. "Rohard c'est un peu râpeux, on est plus sur la Hongrie, sur l'Allemagne", indique-t-il. Comme eux deux, cinq autres salariés de francinfo ont fait analyser leur ADN pour connaître leurs origines. Un mois et demi après avoir envoyé des échantillons d'ADN, les résultats sont parvenus.
Tous partagent au moins une origine en commun
Le journaliste Rody Anglesi se dit 100% antillais. Le test révèle qu'il a des origines africaines, dont 85,3% provenant du Yorubaland, la région culturelle du peuple Yoruba, qui couvre les pays actuels du Nigeria, du Togo et du Bénin. Djamel Mazi, né de deux parents algériens, est à sa grande surprise, selon le test majoritairement européen, à 54,1%, et nord-africain a "seulement 11,4%". Lisa Beaujour, née d'une mère italienne et d'un père français, compte bien 57,5% d'origines d'Europe du Sud, mais également un tiers d'origines britanniques, alors qu'elle ne connait aucun ancêtre provenant de cette région. Julien Pain, quant à lui, est le plus français du groupe, avec 54,3% d'origines françaises.
Pauline Ringenbach, de son côté, est née d'une mère d'origine juive d'Espagne et d'un père alsacien. Avec 27,4% d'origines espagnoles, près d'un tiers d'origines italiennes et un autre tiers d'origines britanniques, elle est très métissée. Adrien Rohard, dont les parents sont français et la grand-mère italienne, se découvre des origines espagnoles, italiennes, allemandes, écossaises et irlandaises. En revanche, nulle trace d'origines françaises. Enfin, Linh-Lan Dao, née de parents vietnamiens, apprend grâce au test qu'elle est à 74,2% originaire du sud de la Chine. Au final, chaque journaliste avait au moins une origine en commun avec un autre membre du groupe. Rudy et Adrien partagent en outre un ancêtre paternel ayant vécu 2 500 ans avant Jésus-Christ. Julien Pain est le seul à avoir de "l'ADN français".
TROIS-RIVIÈRES — Vous vous intéressez à vos ancêtres? Vous vous passionnez peut-être d’histoire ou de sociologie? Vous êtes enseignant et vous cherchez de nouveaux moyens de mettre un peu de piquant dans vos cours? Des chercheurs de l’UQTR, de l’UQAC, de l’Université de Montréal et de l’Université Laval viennent de mettre en ligne un nouveau portail, dont une partie est accessible au grand public et l’autre, réservée exclusivement aux scientifiques, qui permet d’en apprendre plus que jamais sur les générations passées du Québec.
Appelé Infrastructure intégrée des microdonnées historiques de la population du Québec (XVIIe - XXe siècles) ou IMPQ, ce nouveau portail regroupe des ensembles de données issues du dépouillement des recensements nominatifs canadiens et des registres d’état civil du Québec. [L’adresse pour le trouver est]( https://impq.cieq.ca).
Ce qu’il y a de différent, par rapport aux simples données généalogiques, c’est que ce portail fait converger une foule de données extrêmement intéressantes, que ce soit pour les chercheurs, amateurs ou professionnels, en histoire, en sociologie et autres domaines connexes.
On trouve en effet bien plus que le nom des parents, époux, enfants, frères, sœurs, cousins et cousines, mais également leur lieu de naissance, le métier que la personne pratiquait, son salaire, les études qu’elle a faites, à quel âge elle allait à l’école, la ou les langues qu’elle parlait, si elle avait des domestiques à son service de même que le nom de ces derniers, les endroits où elle a habité de même que sa religion.
Comme le fait valoir Claude Bellavance professeur en études québécoises à l’UQTR et membre régulier du Centre interuniversitaire d’études québécoises (CIEQ), qui a contribué à ce projet, la base de données ne fait pas état seulement de personnes ou familles illustres, mais de tout le monde qui a été recensé.
« D’après des collègues, au Canada anglais, à peu près rien n’existe de ce genre-là »
— Claude Bellavance
«Si vous prenez les anciens journaux, la littérature et autres sources, généralement, ce sont les gens connus dont on parle», souligne-t-il. Cette fois-ci, on pourra s’intéresser aux gens en général. «C’est d’aller chercher l’histoire de tout le monde à partir du petit peu de traces laissées par les gens ordinaires. Peu de sources permettent cela», explique le chercheur qui entend s’intéresser également aux anciens rôles d’évaluation.
Il faut vraiment visionner la vidéo de neuf minutes, sur la page d’accueil, afin d’apprendre à naviguer sur le portail et en tirer le meilleur profit.
Le portail donne accès, en tout, à quelque 12 millions de mentions d’individus enregistrés entre 1621 et 1914.
«On compte quelque 300 millions de liens familiaux», précise le professeur Bellavance. Un jumelage des recensements du Canada permet de suivre les personnes durant cette période. Les internautes qui désirent s’inscrire peuvent importer des fichiers Excel et émettre des commentaires aux administrateurs du portail.
La section réservée aux scientifiques donne également accès aux données de l’état civil qui, elles, ne sont pas publiques en ligne. C’est l’équipe de l’IMPQ qui évaluera à qui cet accès peut être accordé.
Les données accessibles sur ce portail couvrent les villes de Québec et Trois-Rivières ainsi que le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Gaspésie et la Côte-Nord. Le portail contient plus de 180 000 fiches de ménages de recensement.
Le projet de l’UQTR est déjà reconnu au niveau international, indique le professeur Bellavance. «D’après des collègues, au Canada anglais, à peu près rien n’existe de ce genre-là», dit-il.
Dans ce projet qui implique plusieurs universités, l’UQTR a pris la responsabilité de la section recensement. Les mariages ont été faits par Chicoutimi à l’aide du projet BALSAC pour tout le Québec depuis le XVIIe siècle.
Notons que le portail ne tient pas encore compte des gens de la région de Shawinigan. Une partie de la Rive-Sud, au Centre-du-Québec (Victoriaville et Drummondville, Saint-Grégoire, Pierreville, Warwick), sera faite et à Trois-Rivières, le territoire couvert va de Baie-Jolie à Cap-de-la-Madeleine.
«Pour les Trifluviens, c’est drôlement intéressant parce qu’on a entré toutes les familles, tous les individus qui ont vécu à Trois-Rivières depuis 1851 jusqu’à 1911» (jusqu’en 1921 dès 2019), précise le professeur Bellavance.
L’idée que beaucoup d’hommes élèveraient à leur insu des enfants qui ne sont pas génétiquement les leurs a tout d’une légende urbaine, et ce, depuis un bon paquet de temps.
C’est un motif récurrent des séries et des talk-shows: le brave père de famille qui, après un test génétique, apprend que le ou les enfants qu’il élève depuis des années ne sont en réalité pas les siens. En général, la nouvelle relève de la colossale catastrophe et d’un ressort tragique tout aussi gigantesque.
De fait, le phénomène est très présent dans l’imaginaire collectif, et pour cause: d’un point de vue masculin, biologiquement parlant, c’est passablement affreux d’investir du temps, de l’énergie et des ressources pour s’assurer la survie de gènes qui ne sont pas les vôtres. Et le pire, c’est que ce risque semble tout à fait avéré. Chez des espèces monogames autres que la nôtre –des oiseaux, par exemple–, un enfant sur dix a été engendré lors d’une «copulation extérieure au couple». Une stratégie reproductive qui, théoriquement parlant, serait particulièrement bénéfique aux femelles. Quand on y ajoute la prévalence de l’adultère féminin au sein de notre espèce –entre 5 et 27% des individus âgés de moins de 30 ans– l’angoisse d’avoir été fait cocu au point d’élever les rejetons du facteur n’a visiblement rien d’exagérée.
Sauf que sans doute que si, selon une synthèse de trois spécialistes de la question parue le 11 avril dans la revue Trends in Ecology & Evolution. En effet, s’il est courant d’estimer la proportion des paternités mal attribuées entre 10 et 30% des familles –un chiffre que les associations masculinistes ne manquent pas, évidemment, de véhiculer–, Maarten H.D. Larmuseau, Koen Matthijs et Tom Wenseleers, de l’Université catholique néerlandophone de Louvain, arguent que la fourchette se situerait bien plus probablement autour des 1 à 2%. On passerait donc, en gros, d’un père «floué» sur dix à un sur cinquante. Une paille.
Généalogie du chromosome Y
Qui plus est, la proportion resterait relativement stable même en remontant le cours de notre histoire, soit avant la massification de l’usage de la contraception scientifiquement élaborée. Une affirmation rendue possible par les progrès de la génétique des populations, qui passe notamment au crible la généalogie du chromosome Y.
Responsable de l’androgénisation du fœtus, ce bout d’information génétique ne se transmet que du père au fils et demeure quasiment identique lors de la formation des gamètes des deux sexes. Au travers des générations, il est donc (scientifiquement parlant) facile de remonter sa trace et d’étudier les éventuelles «incartades» dont il a pu être victime. C’est, par exemple, de cette manière qu’après la découverte du squelette de Richard III les scientifiques avaient été capables de dévoiler une infidélité royale survenue quelque part sur la grande route génétique reliant le tyran boiteux et bossu à l’actuelle reine d’Angleterre.
Mais, à l’échelle de l’humanité, et ce, depuis au moins un demi-millénaire, l’infidélité féminine (féconde) serait un phénomène pour le moins exceptionnel:
«La faiblesse des taux de cocuage observés dans les populations humaines passées et contemporaines contestent clairement l’idée, bien connue, voulant que les femmes aient l’habitude de “faire leur marché” de bons gènes, résume Larmuseau, et s’engagent dans des copulations extérieures au couple afin d’obtenir des bénéfices génétiques pour leurs enfants.»
En d’autres termes, pour les femmes, les avantages potentiels de l’infidélité seraient surpassés par ses coûts –violence conjugale, divorce, moindre investissement de la part du conjoint «social» et/ou de son cercle familial. Ce qui expliquerait pourquoi, sur des centaines de générations et des millions d’individus, le phénomène demeure, en réalité, bien plus rare qu’on pourrait le penser.
Petit résumé des thématiques abordées dans les épisodes précédents dans le texte mais aussi dans les commentaires :
épisode 1 : la pub biaisée des sociétés de généalogie génétique.
épisode 2 : les dérives de racisme et de fichage sous prétexte d'étude sociologique et de santé.
épisode 3 : les universités américaines travaillent sur un outil probabilistique de répartition géographique et des résultats sur la longévité, la fertilité, les schémas de migration et, dans certains cas, des caractéristiques faciales.
épisode 4 : le mythe des enfants adultérins démonté.
épisode 5 : le cas particulier de Hans Jonathan, antillais en Islande en 1802, le portrait robot ADN (couleur de peau, présence/absence de taches de rousseur, présence d'alopécie), les dérives racistes.
épisode 6 : les résolutions de cold cases à partir des fichiers d'ADN récréatif, les dérives de fichage, les dérives des assurances.
épisode 7 : comparaison des séquençage complet, emprunte FNAEG et test récréatif. Dérives de revente des données à des fins médicales, incident de cybersécurité, le fichage d'état en Estonie.
épisode 8 : le sondage Geneanet et sa faible représentativité, biais et paradoxes des comparaisons (avec nos contemporains uniquement, avec des échantillons non représentatifs ou en sous nombre...) La fiabilité déplorable des interprétations, le problème des naissances sous X, l'amélioration génétique, l'eugénisme.
épisode 9 : la non toute puissance de prédiction médicale, la désinformation médicale des tests, la cybersécurité, la porosité entre les bases et les enquêtes de police, le fichage d'état en Angleterre.
épisode 10 : Geneanet se lance dans la bataille, résumé des dérives médecine, assurances, employeurs, police, racisme. Cybesécurité. Récréation avec Spotify, Taille du marché de l'ADN.
épisode 11 : le problème des naissances sous X, anciens vs nouveaux (tout en ligne) généalogistes, la perte d'information forte au delà de la 6e génération, le fichage généralisé, les dérives racistes dénoncées par les universitaires, les problématiques vues par les universitaires, l'impossibilité de renouvellement des données en cas de compromission.
Dans ce nouvel opus, revenons pour cet épisode au marché de l'ADN pour particuliers, comme dit dans les commentaires de l'épisode 10, C'est un marché en expansion qui faisait 117M$ en 2017 et devrait atteindre 611M$ en 2026. Dans le même temps les couts de séquençage fondent comme neige au soleil : en 2007 il fallait 1M$ par séquençage, en 2014, il fallait 1000 $, et le PDG d'Illumina (un fabriquant de séquenceurs) pense que dans quelques années ce sera 100$, comme nous le rapporte Les Echos
Dans ce nouvel opus, revenons pour cet épisode au marché de l'ADN pour particuliers, comme dit dans les commentaires de l'épisode 10, C'est un marché en expansion qui faisait 117M$ en 2017 et devrait atteindre 611M$ en 2026. Dans le même temps les couts de séquençage fondent comme neige au soleil : en 2007 il fallait 1M$ par séquençage, en 2014, il fallait 1000 $, et le PDG d'Illumina (un fabriquant de séquenceurs) pense que dans quelques années ce sera 100$, comme nous le rapporte Les Echos
Commençons par les entreprises de "généalogie génétique"
Jusqu'à présent, la plupart des opérateurs proposaient une fois l'ADN numérisé de pouvoir procéder gratuitement à un transfert des données brutes chez un concurrent (où il fallait payer un petit supplément pour réanalyser les données et obtenir une interprétation différente !). Depuis ce 1er décembre l'un des principaux acteurs (MyHeritage) a décidé de faire payer ce transfert, ce n'est sans doute que le début d'une monétisation exacerbée. Au passage vous remarquerez que ces données brutes qui vous définissent ne sont, pour ces sociétés, pas votre propriété ! Vous trouverez une analyse complète des transferts sur le blog Genealogie-Génétique. On voit également que ces résultats sont exprimés en probabilités et sont variables dans le temps comme le montre Libération
L'autre tendance de ces entreprises est de proposer à leurs clients une réanalyse, là aussi si par le passé c'était gratuit, ça change et comme le montre ce tweet de Juloz AncestryDNA propose des options payantes pour vous "montrer" quelles caractéristiques physiques (monosourcil, taches de rousseur, calvitie) vous avez hérité de vos ancêtres... Puisque l'ADN de votre ancêtre n'est pas analysé, c'est déjà très douteux puisque ça nie la recombinaison de l'ADN, ensuite ça ne dit pas de quel ancêtre ça vient et enfin, ça ne prend pas en compte le fait ce n'est pas parce que vous avez un gène qu'il s'exprime, comme le montre Joël de Rosnay dans son intervention sur l'épigénétique !
L'article des Echos précité, nous apprend également qu'Ancestry a passé un partenariat avec GoAhead Tours pour créer des voyages sur mesure fonction des résultats ADN et que National Geographics fait de même. L'ADN semble être un vecteur commercial sans fin.
De nouvelles entreprises se lancent également à l'assaut de ce marché, et vous proposent de nouveaux "services"
La compagnie Life Epigenetics, une start-up filiale du géant de l'assurance GWG prétend avoir mis au point un test permettant de prédire la mortalité et la probabilité de contracter des maladies à partir de l'expression des gènes comme nous le présente Futura-sciences. Cependant c'est biaisé, car comme le montre cet article en anglais de Science Daily, qui relate une étude de la Genetics Society of America a partir de données d'Ancestry sur 400 millions d'individus, notre longévité est liée à notre capacité à nous lier à une personne présentant certains traits identiques. D'autre part la probabilité de contracter des maladies est utilisée aux USA par des médecins peu scrupuleux pour vendre des chirurgies préventives. A cela deux biais. Ce n'est pas parce que 100% des personnes ayant un cancer partagent le même marqueur ADN, que l'ensemble des personnes ayant ce marqueur ont un cancer, et d'autre part comme dit dans l'épisode 9 il y a confusion entre probabilité et certitude (si un test de probabilité de cancer a un résultat de 14% c'est en fait un risque relatif : s’il y a 1 chance sur 1000 de l’avoir, alors ça veut juste dire que le résultat réel est de 1,14 / 1000). Je vous invite également à voir le reportage de Complément d'Enquête intitulé "ADN pour tous : miracle ou cauchemar ? ADN : la foire aux tests", c'est édifiant ! Les taux de faux-positifs atteignent 40% d'après une étude d'Ambry Genetics. Le fait que ce soient des sociétés d'assurance qui cherchent à connaître notre longévité supposée est également une tentative de biaiser le rapport de mutualisation des risques pour augmenter les profits.
Les compagnies Nebula Genomics et Encrypgen comme le montre Dick Eastman dans deux notes de blog (1, 2), vous proposent de monétiser votre ADN en vous mettant en rapport avec des entreprises de recherche prêtes à l'acheter. En gros, elles proposent d'individualiser ce que les grosses entreprises type 23andMe font dans votre dos. Rien que pour 23andMe, leur base a été revendue à au moins trois labos Roche, Pfizer et GSK (GlaxoSmithKline) pour un montant total supérieur à 400 M$.
Laissez parler les p'tis papiers.. Pour qu’ils puissent parler, ils doivent être bien conservés. Nous sommes souvent perdus face à nos archives familiales. Comment les préserver ? Comment les exploiter ? Micro-Archives a peut-être une solution pour vous.
À défaut de nous faire retrouver par hasard une lignée prestigieuse « sortie de la cuisse de Jupiter », une illustre parenté ou un de ces fameux oncles d’Amérique richissimes, nos recherches et arbres généalogiques nous font découvrir le plus souvent des femmes et des hommes qui ont chacun à leurs époques rempli tout bonnement et sans guère de publicité leurs métiers de femmes ou d’hommes, vivant des destins ordinaires et l’ordinaire de tous les destins ; et puis ils sont morts chacun à leur tour, souvent sans commentaires, à des dates marquées seulement d’un petit + sur nos arbres généalogiques, leurs vies se résumant alors par un simple tiret tracé entre deux dates côtes à côtes. Nous sommes leurs survivants provisoires.
En revanche il peut arriver que nos recherches nous fassent découvrir des relations familiales qu’on ignorait, qu’on ne cherchait pas, voire que l’on aurait préféré laisser dissimulées ou même que l’on craint de voir ainsi révélées. Les risques dans ce domaine vont de l’éventuelle surprise amusante à la révélation de secrets de famille générateurs d’attitudes ou de comportements répétitifs, individuels ou familiaux, souvent inexplicables comme l’ont révélé des études de psycho-généalogie et de psychanalyse trans-générationnelle.
Au pire des révélations peuvent entrainer des graves conflits familiaux, des vengeances personnelles ou même des incitations au crime comme dans certains contextes historiques ou sociologiques particuliers ; citons par exemples les vendettas façon Corse, Sicile ou Sardaigne, les intrigues meurtrières et masquées à la Vénitienne ou encore les substitutions d’identités et les assassinats politiques comme dans toutes les dynasties et lignées de pouvoir.
Les nombreux blogs généalogiques et tout spécialement notre Gazette Histoire Généalogie sont riches d’enseignements sur les problèmes rencontrés ou révélés lors de nos recherches individuelles. On se bornera donc ici à n’évoquer que des généralités, laissant à chaque lecteur le soin d’explorer seul et discrètement les zones et personnages romanesques ou tragiques de son arbre généalogique.
On abordera successivement :
1) Les risques sociaux : dissimulations, manipulations et assassinats liés aux métiers de la politique et aux sphères du pouvoir, ou aux mentalités et mœurs régionales
2) Les risques familiaux : les secrets de famille, jeux de rôles et romans familiaux
3)Les impacts psychologiques du secret : psycho-généalogie et psychanalyse trans-générationnelle.
4)La généalogie génétique : au secours nos ADN !
Les tests d'ADN pour connaître ses « origines » explosent aux États-Unis. Mais les entreprises privées qui les réalisent revendent souvent ces données, pourtant si précieuses.
Ils veulent savoir d’où viennent leurs épais sourcils, leurs tâches de rousseur ou leur teint olive. Un peu d’Irlande, de bassin méditerranéen ou d’Amérique centrale. Aux États-Unis, de plus en plus d’Américains choisissent de passer un test ADN afin de connaître leurs origines. Pour cela, nul besoin de se rendre dans des laboratoires spécialisés. Pour quelques dizaines de dollars, ils peuvent commander un kit de prélèvement sur internet ou même aller le chercher directement dans la pharmacie de leur quartier.
Pour savoir d’où ils « viennent », ils déposent un peu de salive dans un tube en plastique puis l’envoient par la poste pour le faire analyser. Plus de 10 millions d’Américains et Américaines y ont déjà eu recours, selon une étude publiée dans le magazine scientifique Genome biology. « Si on se projette d’ici à 2021, ce sont plus de 100 millions de profils ADN qui auront été analysés. La croissance réelle excèdera probablement nos prédictions en raison de l’augmentation croissante de la publicité et du prix de séquençage de l’ADN qui baisse », expliquent les deux auteurs de l’étude. Mais est-ce vraiment une bonne idée ?
Le séquençage du génome a fait des progrès fulgurants. Il a fallu 13 ans, de 1990 à 2003, pour séquencer un génome entier pour la première fois. 15 ans plus tard, en 2018, cela ne prend plus que quelques jours. Et les tests grand public, eux, n’en analysent en fait qu’une partie.
Cette technologie n’est pas chère, facile d’accès, et produit des résultats rapides. Pourquoi ne pas y céder et découvrir les secrets cachés dans nos doubles hélices d’ADN ? Peut-être parce que nos informations génétiques font partie de ce que nous avons de plus cher. Et pour cause, les grands groupes se l’arrachent… Cet été, 23andMe, l’une des principales entreprises de ce secteur, a revendu la quasi-totalité des données qu’elle possédait au géant de l’industrie pharmaceutique GlaxoSmithKline. 80 % des utilisateurs de ce kit ont autorisé le partage de leurs données, faute d’avoir bien lu les petites lignes des conditions du contrat.
23andMe assure n’utiliser les données que des clients qui ont donné leur autorisation, et qui plus est, en les anonymisant. « Personne ne peut être identifié », peut-on lire dans un communiqué publié par l’entreprise. Mais plusieurs voix dissidentes commencent à se faire entendre au sein de la communauté scientifique, comme sur le site du Times. « Ces informations ne sont jamais sécurisées à 100 %. Le risque est amplifié quand une organisation les partage avec une autre. Quand les informations vont d’un endroit à l’autre, il y a toujours un risque qu’elles soient interceptées par d’autres acteurs », estime Peter Pitts, le président du Center for medicine in the public interest (CMPI), une association de recherche à but non lucrative.
Ces données destinées à découvrir ses origines seront finalement utilisées par un laboratoire pharmaceutique pour mettre sur le marché de nouveaux médicaments, notamment dans la maladie de Parkinson. « Ensemble, GSK et 23andme vont s’employer à traduire ces informations génétiques et phénotypiques dans nos activités de R&D pour développer la médecine de précision, mettre en point des sous-groupes de patients et constituer plus facilement des cohortes pour les études cliniques », explique l’entreprise pharmaceutique dans un communiqué.
Il suffit que 2 % de la population donne son ADN pour que tous les Américains puissent être identifiés
Surtout, la notion de vie privée risque d’être considérablement restreinte dans les années à venir. Il suffit que 2 % de la population donne son ADN pour que tous les Américains puissent être identifiés, selon une étude publiée dans la revue Science par Yaniv Erlich, le responsable scientifique de MyHeritage, une entreprise de tests ADN basée en Israël. Aujourd’hui déjà, plus de 60 % des Américains d’origine européenne peuvent être identifiés grâce aux bases de données de généalogie génétique publiques, comme GEDmatch.
Cette base de données a même permis à la police californienne de retrouver l’identité d’un tueur, en téléchargeant simplement son ADN sur le site. Sur GEDmatch, où tous les ADN sont enregistrés au format texte, avec un nom et une adresse mail associée, il est possible de retrouver les ADN proches des nôtres. La police a réussi à mettre la main sur un cousin au 3e degré du tueur, alors que le meurtre datait de 1980. La technique est maintenant utilisée à l’échelle nationale pour résoudre les cold cases, avec déjà 13 personnes arrêtées en 5 mois.
Si dans ce cas-là, la génétique a été utilisée à bon escient, le contraire peut vite arriver. C’est Yaniv Erlich lui-même qui met en garde contre cette technique dans l’étude publiée sur le site de Science : « Même si les décideurs et le grand public peuvent être en faveur de l’amélioration des outils médico-légaux pour résoudre les crimes, ils reposent sur des bases de données ouvertes à tout le monde. Par conséquent, la même technique pourrait être utilisée de façon abusive dans des buts néfastes, comme l’identification inversée d’individus ayant participé à des recherches à partir de leurs données génétiques. »
Voilà donc bien des écueils auxquels se soumettent personnes souhaitant simplement savoir qui ont été leurs ancêtres. D’autant que le test ADN ne permet pas vraiment d’avoir un temps d’avance sur les risques qui planent sur notre santé. La Food and Drug Administration (FDA), le gendarme du médicament américain, avait imposé un moratoire sur les tests de santé de 23andMe en 2013.
Il a finalement été levé en 2017 pour une dizaine de maladies, comme Alzheimer, Parkison, le risque de thromboses ou de maladies coeliaques. Là encore, le ton restait prudent. « Il est important que les gens comprennent que le risque génétique n’est qu’une pièce d’un puzzle plus large. Cela ne veut pas dire qu’ils vont, ou ne vont pas développer une maladie », déclarait alors Jeffrey Shuren, directeur du centre de la FDA en charge des dispositifs médicaux. Le résultat génétique reste une indication et ne permet aucune projection avérée.
En attendant, des vidéos méticuleusement mises en scène se multiplient sur Youtube, montrant des anonymes en train de découvrir leurs résultats. Beaucoup d’entre elles ont été postées par Momondo, un site de… comparateurs de voyages. À l’occasion d’un concours, l’enseigne offrait même un voyage dans le pays « de ses racines » à un grand gagnant. Ce genre de pratiques risque de s’étendre à l’Europe. AncestryDNA et 23andMe n’envoient pas leurs kits en France, mais des produits similaires sont disponibles sur Amazon. Myheritage a ouvert sa livraison à la France, bien que les tests génétiques de convenance n’y soient pas autorisés. Ils ont même récemment fait une promo pour Halloween. Reste à savoir si le jeu en vaut la chandelle.
Déclarations de généalogie des familles Acadiennes établies à Belle-Ile-enMer en 1767, relevées par l'association Racines et rameaux français d'Acadie aux archives Départementales du Morbihan.
Généalogie des familles Cadel, Chauvigné et de tous leurs alliés (ou presque ...) - Site privé
Généalogies croisées au Revest-les-Eaux
À moins que vous n'ayez fait un voyage sur Mars, il n'a pas dû vous échapper que le règlement général sur la protection des données (RGPD) de l'Union européenne est entré en vigueur le 25 mai 2018.
Un arbre généalogique est un endroit peu propice à l'émergence de questions relatives au RGPD, car il concerne principalement des personnes décédées auxquelles le RGPD ne s'applique pas. Mais chaque arbre comporte des personnes vivantes et les historiens de la famille qui hébergent leurs propres sites web généalogiques doivent réfléchir aux implications du RGPD et à "ce qui se cache en dessous". Certains aspects du RGPD vont au-delà du consentement aux cookies et des déclarations de confidentialité.
Au cours des derniers mois, nous avons tous été confrontés à une avalanche de demandes de consentement à l'utilisation de cookies et d'acceptation des politiques de confidentialité des sites. Où que vous alliez, ces invites désormais familières apparaissent, et nous sommes peut-être devenus blasés à l'idée de les accepter.
Chacune d'entre elles nous demande d'approuver les informations associées à notre compte en ligne sur le site en question. Et c'est bien ainsi. Mais si nous gérons un site d'histoire familiale, nous disposons d'informations qui vont plus loin que cela, car chaque personne vivante a également une entrée dans l'arbre généalogique. Mon arbre en compte des centaines et 99 % d'entre eux n'ont pas de compte sur le serveur parce que leurs coordonnées ont été saisies par les historiens de la famille. La quantité d'informations varie, mais elle comprend généralement au minimum le nom complet, la date de naissance et les noms et dates de naissance des parents - exactement le genre d'informations qui pourraient être utilisées pour une usurpation d'identité, par exemple.
Il est vrai que le RGPD a été conçu principalement pour contrôler les excès des entreprises que nous avons vus récemment avec des violations massives conduisant à la fuite de millions d'enregistrements. Comme les entreprises étaient la cible principale, la plupart des documents disponibles se concentrent également sur elles. Cela donne la fausse impression que nous sommes exemptés. Le règlement est très clair : il n'y a qu'une seule exemption pour l'usage personnel, et elle est strictement limitée :
Le présent règlement ne s'applique pas au traitement de données à caractère personnel : ... (c) par une personne physique dans le cadre d'une activité purement personnelle ou domestique RGPD
Cela signifie que vous pouvez collecter des informations sur vous-même ou sur les membres de votre foyer, afin de pouvoir gérer votre vie quotidienne. Cela n'inclut pas la collecte d'informations sur votre famille élargie.
C'est pourquoi la généalogie est un cas particulier du RGPD. Les rédacteurs n'avaient pas les arbres généalogiques à l'esprit en tant que cas d'utilisation typique. Ils étaient motivés par les excès des entreprises qui abusent de nos données mais, comme c'est souvent le cas, la loi des conséquences involontaires a fait que nous avons été pris dans le filet.
En avril dernier, aux États-Unis, le tueur du Golden State a été arrêté à 72 ans. Il est suspecté d'avoir commis au moins treize meurtres, cinquante viols et une centaines de vols en Californie de 1974 à 1986. L'affaire qui avait fait travailler et échouer tant de policiers a pu être résolue notamment grâce à une base de données généalogiques en ligne, GEDMatch. Depuis, l'utilisation de cette dernière a permis de résoudre d'autres affaires.
GEDMatch rassemble les données analysées par des sites de tests génétiques comme 23andMe ou Ancestry, devenus de véritables réseaux sociaux. Même si la police américaine a sa propre base de données génétiques depuis 1994, celle-ci ne contient que l'ADN de personnes déjà arrêtées (seize millions, tout de même) et les filiations sont forcément moins étendues que ce que l'on peut trouver sur un site de généalogie.
Détourné de son utilisation première –retrouver des membres de sa famille éloignée– GEDMatch a mis à jour sa politique de confidentialité en informant les utilisateurs et utilisatrices que leurs données ADN pourraient bien être analysées par la police pour résoudre des crimes.
Des arbres généalogiques accablants
CeCe Moore est une généalogiste génétique qui travaille en principe à aider des personnes adoptées à retrouver leurs parents biologiques. Mais elle voit «énormément de parallèles» avec la résolution d'enquêtes criminelles. Dans les deux cas, elle utilise la comparaison d'ADN afin de créer un arbre généalogique, pour ensuite analyser branche par branche les individus et se recentrer sur une seule et même personne.
Cette généalogiste a récemment aidé la police à résoudre plusieurs affaires jusqu'ici non élucidées. Elle a ainsi participé à l'arrestation, en juin 2018, d'un ancien infirmier de 66 ans pour le viol et meurtre d'une petite fille de 12 ans datant de 1986. En mettant en ligne les données récupérées sur la scène du crime, CeCe Moore avait identifié un certain nombre de cousins éloignés du suspect. Elle avait aussi trouvé 9% de sang amérindien dans l'ADN. Suffisant à l'experte pour reconstituer un arbre généalogique, se rendre compte qu'il y avait un trou dedans (un grand-père qui n'en était pas un) et identifier deux suspects possibles en fonction de leur âge et adresse. Après comparaison de l'ADN d'une serviette du suspect, sa culpabilité a pu être prouvée. En effet, aux États-Unis, il n'est pas obligatoire d'accepter de communiquer son ADN mais n'importe quel «morceau» laissé derrière soi peut être utilisé.
Le 25 juin, c'est un DJ de 49 ans qui est arrêté pour un viol et meurtre datant de 1992. Alors que le suspect exerce ses activités, les enquêteurs utilisent un chewing-gum et une bouteille d'eau pour vérifier que le travail de CeCe Moore a été efficace. Après avoir mis en ligne l'ADN retrouvé sur la scène de crime de l'époque, elle a, à nouveau, été capable de retracer l'arbre généalogique du tueur. Un double assassinat datant de 1987 a également été résolu grâce à la chercheuse.
Pour stalker vos cousins éloignés, les grandes tantes et... les donneurs de spermes.
Repéré sur The New York Times
La démocratisation des kits de tests génétiques a engendré une nouvelle tendance: les tests ADN récréationnels. Vous voulez connaître les secrets de vos chromosomes? Il suffit de vous rendre sur un des sites qui proposent ce genre de test –23andme et Ancestry.com. Selon la Société internationale de généalogie génétique, presque huit millions de personnes dans le monde ont déjà fait analyser leur ADN via ces services –en particulier aux États-Unis.
Après réception des résultats, il est proposé aux clients de «découvrir des proches parents», qui auraient aussi fait le test et qui se seraient eux aussi inscrits sur ce genre de sites. Si des points communs dans les génomes respectifs apparaissent, un mise en relation est proposée, quaisment comme une banale suggestion d’amis sur Facebook. En France, faire tester son ADN à des fins récréationnelles est interdit. Toutefois, il est possible de passer outre la loi en se faisant livrer le kit dans un autre pays.
En 2016, Nolwenn Le Blevennec, journaliste à Rue89, avait comparé son expérience avec les tests ADN à une inscription sur un réseau social: «23andme me propose de découvrir les gens inscrits sur son site qui partagent des séquences de leur ADN avec moi. Le plus souvent, des cousins éloignés, au cinquième degré ou plus. [...] Dans mon cas, le premier profil qui sort est très proche de moi. [...] 23andMe me dit qu’il s’agit surement d’un demi-frère», expliquait-elle à l’époque.
La génétique reprend les codes qui ont fait le succès de Facebook
En utilisant leur base de données génétiques pour «matcher» des clients volontaires avec des personnes qui leur sont génétiquement apparentées, les sites comme 23andme et Ancestry.com reprennent simplement les codes des réseaux sociaux. Rappelons qu'à sa création, le but de Facebook était de connecter les gens entre eux.
«Dans de nombreux cas, des parents éloignés se réunissent, deviennent amis, partenaires de voyage ou confidents. Les enfants adoptés se créent des liens avec leurs familles biologiques», note Alyson Krueger dans le New York Times.
Dyan deNapoli, conférencière TED, fait partie des millions de personnes ayant fait tester leur ADN. Deux mois après avoir craché dans une éprouvette, elle a reçu un dossier de quarante-et-une pages qui liste les personnes qui lui sont génétiquement apparentées: 1.200 personnes au total: «Je me suis très vite trouvée dans un puit sans fond génétique», témoigne-t-elle.
Le New York Times raconte que grâce au système de messagerie interne –non sans rappeler Messenger– Dyan deNapoli a contacté trois de ses cousins au second degré qu'elle a fini par rencontrer pour échanger de longues heures à propos de l'histoire familiale.
Toutefois, tout le monde ne ressort pas satisfait de ces tests ADN. Pour certains groupes ethniques, il est très difficile de trouver des liens de parenté. D’après le magazine Pacific Standard, les Asiatiques et les Latino-Américains ont moins recours à ces tests ADN.
«La manque de diversité dans la recherche génétique est un problème mondial. Mais notre base de données continue de grandir. On y est presque», explique Joanna Mountain, directrice principale à la recherche pour 23andme.