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 La revue de web de Kat

Corsica Genealugia lève le voile sur ses nouveaux projets | Corse Matin

Fri 8 Jul 2022 - 22:15

Après une pause forcée l'an dernier, l'association a de nouveau pu tenir son assemblée générale. Avec au menu, un site internet plus riche et plus interactif, et des recherches lancées sur les traces d'Ugo Colonna.

Les traditionnelles Scontri Genealugichi Corsi, organisées par l'association Corsica Genealugia, ont à nouveau pu se tenir après une annulation l'an passé due au Covid. Dimanche, une trentaine de membres se sont ainsi réunis à Prumitei, dans la salle de la Communauté de communes Pasquale-Paoli, afin de dresser le bilan d'activités annuel de l'organisme. L'heure était donc à l'analyse de l'état d'avancée de différents travaux menés depuis 2020. Car l'année dernière a beau avoir été marquée par plusieurs confinements, les projets, eux, ont tout de même avancé.

Avant de commencer cette réunion, un hommage a été rendu à Jeanne Ettori, membre de l'association, décédée il y a peu. "C'est la première fois que nous nous retrouvons depuis deux ans et Jeanne, membre fondateur de l'association, est partie en début de semaine, a indiqué André Flori, président de Corsica Genealugia. Je l'ai connue aux archives à Ajaccio, elle a participé à l'une des premières missions et son travail, notamment sur le site, était remarquable. Jeanne n'aurait pas voulu une minute de silence, alors je propose une minute d'applaudissements."

Une remise de médailles a ensuite été effectuée par l'un des représentants de la Fédération française de généalogie. "Nous avions proposé que deux de nos membres soient récompensés en vertu de leurs bons et loyaux services", a détaillé le président.

Un nouveau site internet...

Une fois ces moments introductifs passés, c'est d'abord le nouveau site internet de l'association, totalement retravaillé, qui a été présenté. "Le site est nettement plus interactif que le précédent", a glissé André Flori. Et pour cause.

Désormais, les recherches généalogiques de chacun seront facilitées. "Le nouveau site permettra à chacun de trouver facilement les sources pour un village : Taglie, état des âmes, recensement, registres paroissiaux et registre d'état civil..., a détaillé le président. Pour chacun de ces documents, il sera possible de retrouver son lieu de conservation, son site de consultation et savoir s'il a été dépouillé." Autrement dit, en tapant le nom d'un village sur le site, l'utilisateur - qui devra au préalable avoir créé un compte - aura accès à toutes les informations d'ordre généalogiques liées au lieu recherché.

Une démonstration a suivi ces explications. "Tous les villages de Corse ont été enregistrés, là j'ai choisi une commune et en dessous, vous pouvez voir apparaître toutes les sources mentionnées précédemment, a-t-il indiqué. Si votre recherche porte sur un mariage et que vous n'avez pas en tête le nom de famille et le prénom des deux personnes concernées, vous pouvez par exemple taper le nom du mari et le prénom de l'épouse. Toute la liste des mariages qui correspondent va s'afficher. De la même manière, si vous n'avez que leurs prénoms, cela fonctionne aussi."

Une étude sur la descendance des Cinarchese

La deuxième annonce, et pas des moindres, portait sur une recherche scientifique.

L'association, avec la précieuse aide de Didier Ramelet-Stuart, enseignant en généalogie génétique à l'université de Nîmes, mène une étude sur le modèle de celle de deux historiens italiens. En s'appuyant sur le chromosome Y, qui se transmet aux descendants masculins et qui est connu pour peu changer sur vingt-cinq générations, ces derniers sont parvenus à retracer l'arbre généalogique de Léonard de Vinci sur vingt et une générations. Il s'agit désormais d'appliquer cette méthode à Ugo Colonna.

"À travers cette étude, nous aspirons à voir, selon les informations recueillies, si Ugo Colonna relève du mythe ou de la réalité", commente André Flori. Dans ce cadre-là, "nous recherchons des hommes volontaires pour faire un test financé par l'association et garantissons leur anonymat".

Après toutes ces présentations, un apéritif dînatoire servi à l'auberge A Tavula a permis de clôturer cette réunion sur une note positive et, surtout, de célébrer ces retrouvailles attendues par les membres de l'association.

Corse Corsica-Genealugia Généalogie
https://www.corsematin.com/articles/corsica-genealugia-leve-le-voile-sur-ses-nouveaux-projets-119166

Historia : interview de Jacques Le Marois, président de Geneanet - Geneanet

Fri 8 Jul 2022 - 20:41

«Nous sommes une communauté»

Entretien avec Jacques Le Marois, cofondateur de Geneanet.org la principale plateforme collaborative de généalogie.

Historia – Comment avez-vous découvert la généalogie ?

Jacques Le Marois : Adolescent, j’ai retrouvé des travaux réalisés par mes parents. On appelait ça des « camemberts » généalogiques. Je m’étais amusé à rapprocher le camembert de ma mère et celui de mon père. Quand j’étais étudiant en maîtrise, n’ayant que huit heures de cours par semaine, je me suis mis à fréquenter une bibliothèque où j’ai découvert les innombrables volumes du Dictionnaire de biographie française. J’y ai découvert des biographies d’ancêtres de père en fils, ce qui m’a donné envie de repartir de ce camembert et de le compléter.

Presque une addiction !

Oui, l’un des moteurs du chercheur est identique à celui du collectionneur : réunir un maximum d’ancêtres. Or, c’est exponentiel puisqu’on multiplie par deux le nombre d’ancêtres à chaque génération. Bref, J’ai passé plus de temps à faire de la généalogie qu’à travailler pour mes études. Le midi, j’allais à la bibliothèque Mazarine, ensuite aux Archives nationales ou encore, le soir, à Beaubourg. J’ai aussi fréquenté la Bibliothèque généalogique au 3 rue de Turbigo, qui n’existe malheureusement plus. C’était un haut lieu de la généalogie : vous aviez la Bibliothèque généalogique en bas et au sous-sol, ensuite la France généalogique, qui est la plus vieille association généalogique, et la Fédération française de généalogie à un autre étage.

Et là vous trouvez les fondateurs de la généalogie moderne !

Le fondateur de la fédération française de Généalogie, dans les années 1960, c’est le duc de La Force. Et la Bibliothèque généalogique a été fondée par le colonel Arnaud. Il a, en trente ans, épluché tous les ouvrages et toutes les revues ! En fait, il avait préfiguré Geneanet avec des ciseaux et du papier. Pour un patronyme, on savait dans quels ouvrages on pouvait trouver des généalogies. Il y avait toutes les généalogies possibles, sachant que c’est surtout dans la noblesse que s’est développée la pratique de la généalogie.

Pour une raison fiscale !

Oui… Sous l’Ancien Régime, vous payiez moins – ou pas – d’impôt si vous étiez noble, donc le sport national consistait à se faire passer pour noble. Il fallait justifier de sa noblesse sur trois générations, ou cent ans, pour qu’il y ait prescription et qu’on soit considéré comme noble… donc privilégié et exempté d’impôts. Les nobles devaient donc toujours conserver soigneusement leurs archives familiales pour être en mesure de prouver la continuité de leur ascendance. Pour entrer dans l’ordre de Malte, il fallait même renseigner sa généalogie sur seize quartiers de noblesse.

Ce qui entraînait une étiquette toute particulière…

Et comment ! Ma grand-mère faisait beaucoup de généalogie sur d’énormes cahiers et m’expliquait que, dans son école, elle n’avait le droit de ne tutoyer que ses cousines. Son objectif était donc de démontrer que sa copine était bien sa cousine !

À quand remonte la démocratisation de la généalogie ?

C’est seulement dans les années 1970-1980, notamment avec l’exode rural, que la généalogie a commencé à se populariser dans la société quand il s’est agi de retrouver ses racines.

La grande chance en France, c’est la qualité de l’archivage…

Nous bénéficions en France de la chance de disposer d’archives ouvertes à tous. Il y a eu une première vague lors de la Révolution française, qui a centralisé les registres paroissiaux dans les archives départementales, puis une deuxième vague, à la fin des années 1990, avec la numérisation en ligne des archives sur Internet. La Mayenne est le premier département qui a mis les archives en ligne au début des années 2000, pour faire de la place dans la salle de lecture. Il faut ajouter un maillage extraordinaire de plus de 300 associations généalogiques dans tout le pays, puis les sociétés comme Geneanet ou Filae, ont aidé à démocratiser l’accès à la généalogie en mettant à disposition des internautes des bases de données multiples avec des approches différentes.

Votre apport a consisté à coupler deux passions : la généalogie et l’informatique. C’est bien ça ?

Exact. En 1996, je me suis dit qu’avec Internet il y avait moyen de fabriquer un outil d’indexation et de consultation rapide pour aller le plus rapidement possible vers le but recherché. Je fréquentais le forum fr.rec.genealogie ; j’y ai annoncé mon projet et un informaticien, Jérôme Abela, m’a répondu aussitôt qu’il partageait la même idée. Nous avons donc lancé ensemble, en un temps record, une première version qui s’appelait « la liste des patronymes français » (LPF). Dans la foulée, je me suis dit qu’il fallait quelque chose de plus sérieux, et multilingue, financé par la publicité, que l’on a appelé Geneanet et qui a ouvert en novembre 1996 avec le coup de pouce d’un brillant mathématicien, Julien Cassaigne.

Et dès les débuts, Geneanet affiche une pratique collaborative

Au départ, j’avais recruté des personnes dans plusieurs pays pour aider à développer Geneanet. En 1999, l’idée a été ensuite de créer une société pour accélérer le développement du site. Celle-ci a été lancée en 2000 en visant plus de contenu, plus de trafic et plus de publicité pour nous financer. Mais ça n’a jamais marché du fait de revenus publicitaires insuffisants pour couvrir les coûts. On s’est donc retrouvé dans une situation financière compliquée.

C’est alors que vous mettez au point le modèle Geneanet en vigueur aujourd’hui

En octobre 2001, plutôt que d’annoncer à nos utilisateurs que Geneanet fermait ou devenait payant – ce qui aurait été catastrophique par rapport à la promesse de gratuité que nous avions toujours défendue, nous leur avons expliqué la situation : Si vous voulez que Geneanet reste gratuit, il faut que certains paient. En échange, ils seront moins soumis à la publicité et disposeront, dans le futur, de fonctions supplémentaires. Les premiers souscripteurs de l’abonnement « Club privilège » l’ont fait, non pour obtenir un service payant mais pour que la plateforme reste d’accès gratuit ! Dès le lendemain, plusieurs milliers de personnes ont souscrit. Cahin-caha, nous avons pu renforcer les équipes, jusqu’à arriver à une trentaine de salariés. En 2016, nous avons un peu perdu cet esprit des origines. Aussi nous l’avons remis au cœur de nos valeurs, et nous avons clarifié notre modèle en supprimant la publicité, qui était devenue trop intrusive.

Vous vous définissez donc d’abord Geneanet aujourd’hui comme une communauté…

J.L.M. : C’est l’originalité de Geneanet ! L’essentiel de nos contenus est apporté par nos membres qui partagent leurs arbres, leurs documents… Il y a, à ce jour, plus d’un million et demi d’arbres partagés. La généalogie se caractérise par un très fort esprit d’entraide et de partage. Parmi nos membres, certains font leur propre généalogie, mais d’autres effectuent des travaux au bénéfice de la communauté tout entière. Chaque semaine, des membres de Geneanet partagent des registres notariaux qu’ils ont numérisés. Nous mettons à leur disposition des appareils de numérisation, qui permettent de travailler dans de bonnes conditions. Nous avons aussi des bénévoles qui photographient les tombes dans les cimetières. D’autres qui indexent tout ce qui a été numérisé, ou qui indexent directement sur le site des archives, et partagent ensuite sur Geneanet. Tout ce qui est apporté par nos membres est en accès libre.

Vous labellisez ce savoir-faire ?

J.L.M. : Geneanet a la capacité d’animer ces groupes de bénévoles. Nous sommes l’hébergeur de tous ces travaux qui restent leur propriété. Il y a la numérisation puis l’indexation des registres, des travaux en partenariat avec des archives comme les Archives nationales. Les bénévoles ont la satisfaction de participer à un projet au bénéfice de tous. Le mot « altruisme » peut sembler exagéré mais il est exact. Certains effectuent d’ailleurs un travail de titan. L’un d’entre eux, Claude Franckart a effectué un chantier considérable, monacal, pendant plusieurs années, consistant à numériser intégralement des archives des châteaux ! Son plaisir est que ces archives soient accessibles à tous. Certains nous disent que c’est leur vie et qu’ils ont pu sortir de leur solitude grâce à cette communauté.

C’est une ruche décentralisée !

On ne voit pas de limite au bénévolat : pour tout nouveau projet, il y a toujours des personnes prêtes à participer. Voyez le projet des arbres 1914-1918, qui a pour but de construire des arbres collaboratifs restituant une famille aux poilus morts pour la France. In fine, ce projet revient à reconstituer les populations villageoises au XIXe siècle. Ces arbres, sont lancés à partir de projets plus anciens (livres d’or, tables de mariage du XIXe s.) ; ensuite, des communautés de généalogistes se les approprient. Pour le département du Calvados, un participant épluche tous les articles de journaux à la recherche de faits divers, pour les relier à des individus.

Un autre exemple ?

En 2014, l’un de nos membres nous a proposé de nous intéresser aux matricules napoléoniens. En huit ans, nous sommes déjà à plus d’un million de soldats indexés ! Une équipe entière travaille dessus. C’est intéressant pour des gens qui ont des ancêtres parmi ces soldats : avec la fiche matricule, ils obtiennent la description du visage, la taille, la couleur des yeux, la forme du front…

Les cotisations suffisent à faire face aux charges ?

Nous avons deux types de public. D’une part, des clients qui payent leur cotisation et sont exigeants sur le service qu’ils reçoivent. Et d’autre part un très grand nombre de membres qui se sentent partie prenante d’une communauté et sont très attentifs à la préservation de notre modèle : contributif, collaboratif et freemium.

Nous restons attentifs à ce que nos niveaux de recrutement et d’investissements ne se développent qu’à proportion du soutien de nos membres. Une politique rendue possible grâce aux apports des membres « premium ». Du coup, nous lançons aussi beaucoup de projets qui n’ont aucun but lucratif. Juste parce qu’on estime que c’est utile pour la communauté. D’une certaine façon, tout ce qui est bénéfique pour l’écosystème généalogique est bon pour Geneanet.

Et pourtant Geneanet vient d’être racheté

Nous avons été rachetés par Ancestry en septembre 2021. Paradoxalement, c’était un moyen de pérenniser Geneanet face à la concurrence d’acteurs commerciaux accumulant des bases de données considérables. La promesse d’Ancestry est de respecter notre modèle communautaire. Ce qui nous a rassurés, c’est qu’ils partagent la même expérience que nous avec « FindAGrave », un site dont la communauté numérise les cimetières outre-Atlantique. Grâce à Ancestry, nous bénéficions des investissements considérables qu’ils font dans l’indexation de l’état civil, ce qui nous permet de rendre plus attractive notre offre Premium. On essaie de préserver un équilibre entre ces deux approches : l’assise communautaire gratuite et l’offre « premium » réservée aux membres qui bénéficient de fonctionnalités et de contenus plus pointus.

Il s’est beaucoup dit que les plateformes de généalogie, intéressaient les investisseurs pour le futur business de la prédiction médicale. Ça vous semble exact ?

Les sociétés américaines et israéliennes se sont, c’est vrai, lancées dans des offres sur la prédisposition des maladies. Ils en sont revenus. Les plateformes généalogiques provoquent l’intérêt des investisseurs, d’abord parce que ce sont des modèles à forte croissance où vous investissez de manière importante pour faire de l’acquisition de contenus en les faisant indexer à bas coût chez des prestataires en Inde ou à Madagascar. Ensuite, plus vous disposez de membres, plus vous amortissez vos investissements. C’est une course permanente à l’acquisition de contenus. Pour Geneanet, c’était compliqué de suivre devant à cette problématique et à ces géants. Pour ne pas risquer d’être marginalisé, nous avons choisi de répondre positivement à la proposition d’Ancestry.

Aujourd’hui, quelle est votre place en France et en Europe ?

En termes de trafic et de contenu, Geneanet est numéro un. Sur Similarweb, qui permet de comparer les trafics entre tous les sites comparables, nous apparaissons comme le leader en Europe continentale. Nous avons des communautés en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Belgique, en Hollande, en Angleterre, en Suède et en Slovénie.

L’archéologie a longtemps été considérée la supplétive de l’Histoire. Puis il y a eu les fouilles d’urgence, et l’archéologie est devenue un producteur de nouveaux contenus historiques. C’est un peu ce qui se passe avec la généalogie ?

Au départ, les généalogistes faisaient de la généalogie dans leur pré carré, puis comme les généalogistes font les choses en grand, nous sommes devenus producteurs de ressources. Le fait de numériser toutes les tutelles et curatelles du Châtelet de Paris sur trois cents ans et de les mettre en ligne permet à d’autres usagers de bénéficier de notre force de frappe. Qui aurait été en mesure de mener un tel projet de numérisation et d’indexation ? Du coup, nous tentons de nouer des relations fructueuses avec des historiens en échangeant nos résultats. Beaucoup d’entre eux, il est vrai, se montrent méfiants et ne souhaitent pas partager leurs sources ; d’autres, au contraire, se sont montrés très ouverts, comme Robert Descimon, un historien en prosopographie. Il a réalisé un énorme travail de dépouillement et d’analyse des archives notariales, numérisé et mis en ligne par Généanet après son accord.

Par ailleurs, il faut savoir que le généalogiste amateur une fois son arbre terminé va s’immerger dans l’histoire locale puis tenter de se rattacher à des événements plus larges. De la petite Histoire on se dirige vers la grande Histoire, alors que l’historien procède plutôt le cheminement inverse. En tout cas, je peux vous dire que beaucoup d’historiens utilisent notre plateforme, une source indispensable pour des abonnés qui font une thèse ou des études historiques. Si vous discutez avec un directeur d’archives, il vous dira que l’état civil représente 2 à 3% de ses fonds et le notariat 50%. Le potentiel de données non encore exploitées reste considérable pour le généalogiste.

Vous devenez ainsi contributeurs ou coproducteurs de recherches…

J.L.M. : Oui. Nous travaillons par exemple avec les Archives nationales ou avec l’Institut national d’études démographiques. Autre exemple : Eugène Bruneau-Latouche, un érudit qui a étudié les familles en Martinique, m’a contacté parce qu’il trouvait dommage que ses livres restent en accès confidentiel. J’ai mis ses cinquante ans de travaux en accès libre. Ce qui est formidable, c’est que la généalogie ne constitue plus un terrain de chasse réservé aux aristocrates. Tout un chacun devient susceptible de s’intéresser à son histoire familiale.

Qu’est-ce que vient changer l’ADN en généalogie ?

L’INSERM estime le nombre de demandes de tests ADN à 100 000 par an en France, alors même que cet acte reste illégal. L’intérêt de la généalogie par ADN est de deux ordres. Il y a l’approche qui promet de vous faire découvrir de quelles régions du monde viennent vos ancêtres. C’est amusant mais la fiabilité dépend des bases statistiques utilisées… L’autre promesse, plus sérieuse, c’est la révélation des cousinages généalogiques, et là, la démarche est implacable ! Tous vos cousins et parents, connus ou insoupçonnés, seront identifiés à condition qu’ils aient réalisé eux aussi leur empreinte ADN et qu’ils l’aient mise en ligne. En France, la généalogie par ADN n’a pas un intérêt considérable parce que les archives sont pléthoriques et permettent souvent de remonter, sans grande difficulté, jusqu’au XVIIe siècle voire au XVIe siècle à Paris. Le test ADN est plus utile aux États-Unis, où les sources sont plus aléatoires. Il est surtout utile quand vous êtes bloqué sur un chaînon manquant ou une branche morte de votre arbre. L’inconvénient, c’est que, de temps en temps, vous découvrez que votre père n’est pas… votre père. Nous avons travaillé pour faire changer la réglementation lors des discussions sur les lois bioéthiques, mais le législateur a considéré que les gens ne devaient pas connaître leurs origines au risque de les traumatiser et qu’il fallait préserver le secret. Pourtant, quand on discute avec ceux qui sont en quête de leur origine, ils souffrent surtout de ne pas savoir.

La libéralisation des tests ADN changerait quelque chose pour vous ?

On peut déjà commander son test par envoi d’un échantillon de salive à l’étranger et utiliser le résultat en France. La loi qui interdit la vente des tests est purement virtuelle. Une plateforme de généalogie a même orchestré une campagne de publicité à la télévision jusqu’à ce qu’on le lui interdise. Il a recentré ensuite sa communication sur Internet et, quand on consulte son site, on peut acheter le kit ADN sans difficulté. Personne n’a jamais payé une amende pour avoir pratiqué un test ADN. Vous comprendrez que, pour Geneanet, l’accès aux tests ADN est indispensable. On ne peut pas être compétitifs face aux concurrents si nous n’offrons pas cette option. Ancestry, notre actionnaire, a d’ailleurs une offre ADN toute prête. Pour l’heure, à défaut de pouvoir commercialiser nous-mêmes ces kits, nous proposons de mettre les fichiers ADN réalisés aux États-Unis ou en Grande- Bretagne sur notre site pour les comparer aux autres. Ce qui est fascinant avec la révélation de ces cousinages par ADN, c’est de pouvoir résoudre des problèmes de filiations sur lesquelles on a un doute, mais aussi de résoudre des cold case. Aux États-Unis, 200 enquêtes qui étaient au point mort ont été résolues grâce aux tests ADN généalogiques dans le cadre d’une instruction judiciaire.

Vous persistez et vous signez : Geneanet reste Geneanet avec ou sans ADN et avec un nouveau propriétaire…

L’approche de Geneanet est unique : nous formons, je le répète, d’abord une communauté. Chaque année, nous publions une note de blog pour expliquer notre modèle. Lisez les commentaires : il y en a plus de 2000 à chaque fois ! Peu d’entreprises peuvent se prévaloir d’une telle implication de ses membres. Récemment, la Mairie de Paris nous a contactés pour la sauvegarde d’un stock de livres de la Commission des travaux historiques de la Ville de Paris, créée par le baron Haussmann. Nous leur avons proposé de les aider à sauver ces ouvrages en mobilisant notre communauté. En dix séances d’une journée dans un entrepôt de la ville de Paris toute la logistique a été entièrement assurée par un groupe de bénévoles.

Vous comptez combien de ces bénévoles actifs ?

Sur l’indexation collaborative on compte 26000 participants passés et présent. En fonction des projets, leur nombre peut monter à des centaines de participants. Sur le projet avec la Ville de Paris, une dizaine de personnes ont aidé à la manutention des livres et la préparation des colis, sans compter ceux qui ont transporté les ouvrages et tous ceux qui vont procéder à la numérisation pour les rendre accessibles à tous. C’est ça Geneanet. C’est ce miracle-là.

Propos recueillis par Guillaume Malaurie

Généalogie Généanet
https://www.geneanet.org/blog/post/2022/07/historia-interview-de-jacques-marois-president-de-geneanet

Le livret de famille évolue pour tenir compte des dernières lois | La Revue française de Généalogie

Sat 25 Jun 2022 - 17:41

Les généalogistes devront s'y faire, car il y aura un avant et un après : depuis le 1er juin 2022, le livret de famille a changé pour s'adapter aux récentes lois sur la famille ayant modifié certaines informations devant figurer sur ce document d'état civil. C'est par l'arrêté du 3 mai 2022 que le gouvernement a introduit un nouveau modèle de livret de famille. Les modifications portent à la fois sur la partie principale relative à l'état civil et au droit de la famille et à la fois sur la partie concernant les extraits d'actes d'état civil.

Il s'agit notamment de prendre en compte les nouvelles dispositions concernant la procréation médicalement assistée. Ainsi, un couple de femmes ayant recouru à la PMA voit la filiation de son enfant établie directement à l'égard de la femme qui accouche, par sa seule désignation dans l'acte de naissance de l'enfant. À l'égard de l'autre femme, la filiation est établie par la reconnaissance conjointe anticipée faite devant le notaire concomitamment au consentement donné à l'assistance médicale à la procréation. »

Ce nouveau livret s'adapte aussi à la réglementation récente relative au changement de nom, simplifié quand le choix porte sur un nom issu de la filiation. Les couples pacsés et les concubins peuvent également adopter plus facilement. La nouvelle réglementation sur le choix d'un nom pour l'enfant né sans vie y est également présentée, il peut désormais y figurer, tout comme l'acte de décès d'un enfant majeur.

Tous ces bouleversements qui figurent sur le nouveau livret de famille parviendront aux familles dans un délai variable selon les communes : en effet si le nouveau modèle du livret de famille circule depuis le 1er juin 2022, les mairies pourront continuer à écouler leurs anciens modèles, jusqu'à épuisement de leur stock.

Généalogie état-civil
https://www.rfgenealogie.com/infos/le-livret-de-famille-evolue-pour-tenir-compte-des-dernieres-lois

Hérault : l'accès réservé ouvre les registres de naissance jusqu'à 1944 | La Revue française de Généalogie

Mon 6 Jun 2022 - 08:23

Aux archives de l'Hérault, place aux "privilèges" ! Pour certains utilisateurs, les délais de communication sur Internet sont considérablement élargis, jusqu'à 1944 pour les registres de naissance, au lieu de 1918 pour le commun des mortels... Petite précision, ce "privilège" n'est aucunement un passe-droit, uniquement une application précise de la loi.

En effet, aux Archives de l'Hérault, tout le monde peut devenir un "privilégié" et consulter des actes avec des délais de communication plus favorables. Il suffit simplement de s'inscrire... L'explication est simple : il y a une différence sur le plan légal entre la communication sur Internet qui est ouverte à tous anonymement et la communication à des personnes dont l'identité a été vérifiée. On peut donc avoir accès à des archives plus récentes, comme en salle de lecture, à partir du moment où l'on a prouvé son identité.

Aux archives de l'Hérault, il y a désormais deux manières de justifier de son identité. Soit vous créez un compte de lecteur ordinaire et vous envoyez votre pièce d'identité au service des Archives. Votre compte est ensuite certifié dès lors que votre inscription a été validée. Sinon, depuis quelques jours, il vous suffit de vous connecter avec France Connect en utilisant l'un des services de l'Etat pour lequel votre identité est déjà validée : avec votre compte impots.gouv.fr, ameli.fr, l’Identité Numérique La Poste, MobileConnect et moi, msa.fr et Alicem. Ensuite, à vous la consultation des actes plus récents ! Ce n'est pas beau les privilèges ?

Généalogie
https://www.rfgenealogie.com/infos/herault-l-acces-reserve-ouvre-les-registres-de-naissance-jusqu-a-1944

Le mariage civil des protestants au XVIIIe siècle et les origines de l'état civil - Persée

Sat 28 May 2022 - 10:13

L'état civil laïque est dans une certaine mesure la conséquence lointaine du schisme religieux du XVIe siècle. Dans les pays qui ne l'ont point connu ou qui l'ont tué dans l'œuf — pays de la Contre -Réforme, Espagne ou Italie, la laïcisation a été tardive, voire incomplète. La France au contraire a, la première, franchi avec la Révolution ce pas décisif .

Déjà, au XVIe siècle, la question s'était posée une première fois. Les fiançailles « par parole de présent » passées par devant notaire et que les protestants pratiquèrent au XVIe siècle pour éviter d'avoir recours aux prêtres est, après tout, la première ébauche du mariage civil. Mais l'édit de Nantes en reconnaissant en fait deux religions d'État laissait à l'état civil son caractère purement religieux : le ministre de l'Évangile était le pendant du curé. La Révocation, supprimant les pasteurs, reposa le problème.

Dès 1683, avant même la Révocation, un arrêt du Conseil « prescrivait le dépôt des registres d'état civil protestants des églises supprimées au greffe des bailliages et sénéchaussées. En septembre 1685, dans les mêmes localités, la publicité des bans pour le mariage réformé fut transmise au juge de la justice royale la plus proche, et les mariages célébrés en présence des consuls par des ministres autorisés chargés ensuite de faire enregistrer les mariages au greffe. L'édit d'octobre et le postulat qu'il implique, la disparition du protestantisme annulent le compromis. Or, le protestantisme n'est pas mort. Les protestants naissent, se marient et meurent...

Pour sortir de l'impasse, Claude Brousson proposait le retour au contrat notarié du XVIe siècle, et, en magistrat soucieux de l'ordre social, le complétait d'une déclaration devant la justice royale. La société était satisfaite, le mariage civil est créé. Mais la solution allait se heurter aux hostilités curieusement conjuguées des protestants eux-mêmes, du clergé catholique et du roi.

L'hostilité des protestants, cela va sans dire, présentait un réel danger, et le mariage au Désert va bientôt être préféré, pour avoir le double avantage de satisfaire les consciences et de créer un état civil clandestin. Les protestant espèrent d'ailleurs que celui-ci sera reconnu et qu'on reviendra à l'Édit de Nantes. De son côté, l'Église romaine veut acculer les hérétiques au mariage catholique ; certains ecclésiastiques, pourtant, par crainte du sacrilège ou goût du lucre, font inconsciemment du curé un « officier d'état civil » qui enregistre le consentement mutuel, sans autre exigeance religieuse. Dernière hostilité, celle du Roi aboutit à supprimer le contrat notarié et les autres expédients matrimoniaux. Sans doute, mais la magistrature est obligée de reconnaître la réalité protestante ; elle souffre du désordre social ainsi créé : bâtardise, incapacité d'hériter, et sa solution, l'enregistrement devant la justice royale, n'est pas différente de celle que Brousson, huguenot, magistrat avant d'être pasteur du Désert, avait proposée en son temps. La solution rallie finalement les sages de tous les partis, et, après avoir avancé ou reculé, au gré des fluctuations des intrigues de Cour, c'est celle qui prévaudra en 1787.

Fluctuations des intrigues de la Cour, dira-t-on, mais encore... les protestants eux-mêmes, par leurs divisions, retardent la solution du mariage civil.

Le protestantisme n'est pas un, on pouvait s'en douter : devant le problème du mariage, des divisions apparaissent. Pour les uns, restaurateurs de l'Église, non conformistes, ruraux, nobles, tenanciers du Midi et de l'Ouest, le problème du mariage civil n'est qu'un aspect de la reconstruction de l'Église et de la reconnaissance du culte réformé. Pour la bourgeoisie — cette bourgeoisie qu'incarnaient au XVIIIe siècle les Messieurs de La Rochelle et des autres métropoles calvinistes et commerçantes, ceux dont le patriotisme fiscal compensait largement aux yeux du Gouvernement la tare calviniste, — le Désert était bien compromettant : l'essentiel était de sauvegarder leurs intérêts en obtenant un état civil, et de transmettre à leurs enfants l'héritage, signe de la Grâce de Dieu : ils craignaient de sacrifier la proie pour l'ombre. Le mariage civil leur suffit et, paradoxe, ceux qu'on appelle les Messieurs s'allient à l'autorité royale contre le Désert. Bonne aubaine pour celle-ci. On comprend que la solution de 1787 ait tant tardé. Finalement, l'Édit de 1787, en donnant le mariage civil aux protestants sans accorder le culte public, donnait satisfaction aux bourgeois sans satisfaire les classes rurales plus sensibles à ce qui manquait à l'Édit qu'à ce qu'il apportait. — Épisode -d'une opposition profonde et complexe que la Révolution ne devait point apaiser.

Huguette Chaunu

Généalogie Protestants
https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1950_num_5_3_1853

État civil et généalogie - Quelques repères historiques - Blog de Geneafinder

Sat 8 Jan 2022 - 17:43

Ancien Régime

Août 1539 : Ordonnance de Villers-Cotterêts
Cette ordonnance royale, décrétée par François Ier, impose aux prêtres de tenir des registres des baptêmes dans toutes les paroisses du royaume. Elle fait aussi du français la langue officielle en France.

Mai 1579 : Ordonnance de Blois
Désormais, les mariages et les sépultures doivent eux aussi être inscrits dans les registres paroissiaux par les prêtres. Cette même ordonnance instaure l’obligation de consentement des parents des mariés et la célébration du mariage devant quatre témoins.

Avril 1667 : Ordonnance de Saint Germain en Laye
Cette ordonnance promulguée par Louis XIV exige la tenue des registres paroissiaux en double en cas de destruction d’un dossier. Chaque copie doit être déposée aux greffes des sénéchaussées. Elle implique également que les parrains et marraines doivent signer les actes de baptême, que les mariés et leurs témoins doivent signer leur acte de mariage et que les parents ou amis du défunt doivent signer les actes de sépulture.

Avril 1736 : Ordonnance du Chancelier d’Aguesseau
Celle-ci prescrit l'obligation de la tenue de deux registres originaux identiques et non plus d’une simple copie comme en 1667.

Après la Révolution

Septembre 1792 : Institution de l’état civil laïc et obligatoire

Selon l’article 7 du titre II de la Constitution du 3 septembre 1791 : « Le pouvoir législatif établira pour tous les habitants, sans distinction, le mode par lequel les naissances, les mariages et les décès seront constatés ; et il désignera les officiers publics qui en recevront et conserveront les actes ». Les registres de BMS (baptême, mariage et sépulture) sont donc remplacés par les registres de NMD (naissance, mariage et décès). Les mairies sont également tenues de rédiger des tables décennales.

Mars 1877 : Circulaire de Jules Simon
Suite à la destruction totale de l’état civl parisien en 1871, la circulaire de Jules Simon, adressée à tous les préfets, permet la création du livret de famille sur tout le territoire français. Distribué gratuitement aux époux lors de la célébration du mariage, y seront recensés tous les actes de naissance et décès de la famille nucléaire.

De 1804 jusqu’à 1985 : Ajout progressif de mentions marginales
Les mentions marginales sont des notes ajoutées à côté de l’acte de naissance, de mariage ou de décès d’une personne. Celles sur l’acte de naissance concernent depuis 1804 la reconnaissance d’un enfant naturel, le mariage depuis 1897, le décès depuis 1945, entre autres ; sur l’acte de mariage le divorce depuis 1886 (entre autres également) ; et sur l’acte de décès, la mention « mort pour la France » depuis 1915 ou « mort en déportation » depuis 1985.

Généalogie état-civil
https://geneafinder.com/blog?id=13:284

Les origines de la généalogie -Blog de Geneafinder

Sat 8 Jan 2022 - 17:37

Alors que plus de 7 Français sur 10 disent s’intéresser à leurs racines et que beaucoup essaient de remonter jusqu’aux origines de leur arbre généalogique, vous êtes-vous déjà demandé quelles étaient les origines de la généalogie .
Le Larousse définit la généalogie comme la « science qui a pour objets la recherche de l’origine et l’étude de la composition des familles ». Cela a-t-il toujours été le cas ?

La généalogie pour légitimer les religions et les peuples

Parce que la généalogie est une des sciences les plus anciennes et présente dans de nombreuses cultures, son origine est indissociable des religions et des premiers Dieux.

L’œuvre « La Théogonie » du poète grec Hésiode, qui livre un récit sur l’origine des dieux, est pour certains considérée comme l’une des œuvres fondatrices de la généalogie. Au même titre que l’Iliade et l’Odyssée qui rapportent les liens de parenté des familles de dieux et humains mortels et qui fondent la mythologie grecque.

Aussi, Confucius, né le 28 septembre 551 av. J.-C., sera le point de départ d’une généalogie descendante comptant plus de 80 générations et 2 millions de personnes. Cet arbre est aujourd’hui reconnu comme le plus grand arbre généalogique du monde.

Plus tard, c’est la Bible qui dans le Livre de la Genèse tend à prouver le lien de parenté entre les élus de Dieux et Adam. On y retrouve également une liste des descendants de Noé avec la Table des peuples ainsi que la parenté entre Jésus et le roi David au sein de l’arbre de Jessé, une œuvre reconnue comme étant l’une des premières représentations d’arbre généalogique avec des branches et un tronc.

On retrouve ce principe de liste de parentés dans de nombreuses civilisations, comme chez les Vikings, les Égyptiens (avec la liste d’Abydos - une gravure comptant les 76 rois prédécesseurs de Séthi Ier), les Romains (qui gardaient des traces des filiations dans chaque clans familiaux) ou encore les Arabes qui cherchaient à établir un lien avec le prophète Mahomet.

L’idée principale de ces généalogies résidait surtout dans l’objectif de légitimer une religion, un divin, un chef, voire même un peuple.

Au Moyen Âge, l’Église chrétienne répand un nouveau genre de généalogie, la généalogie hagiographique, ou le récit des vies des saints. Ainsi, les clercs rapprochaient les saints des rois pour assurer leur influence. A cette époque, l’Arbre de Jessé est toujours utilisé pour représenter les relations familiales. L’étude des liens de famille est d’autant plus importante que le droit canon chrétien interdit le mariage entre personnes du même sang, ainsi sont nés les premiers registres de baptêmes, mariages (et des dispenses de consanguinité) et sépultures.

La généalogie pour les nobles

Pendant de longues années la généalogie était surtout utile pour garantir aux nobles une « noblesse de sang » et ainsi leur droit à bénéficier de privilèges. Alors que les titres de noblesse étaient vérifiés lors des réformations de la noblesse, ils se devaient de démontrer les titres de leurs ancêtres sur plusieurs générations pour échapper à l’amende. En 1595 sera d’ailleurs créée la charge de Généalogiste des ordres du roi qui regroupe des experts chargés d’authentifier les généalogies nobles. Autre intérêt à justifier d’une lignée noble : la transmission héréditaire des titres et des privilèges fiscaux. Cet intérêt vaudra par ailleurs à la généalogie d’être qualifiée de « science occupée de flatter les vanités et de conserver un ordre social périmé, héritage haïssable des siècles d’obscurantisme » par les encyclopédistes du siècle des Lumières.

A cette même époque, Pierre d’Hozier, un marseillais d’origine, devient juge d’armes de France - comprenez - commis royal chargé de certifier la noblesse. Comme un titre de noblesse d’ailleurs, il transmettra ce rôle à ses descendants. Généalogiste français, il est considéré comme l’un de ceux qui ont fait de la généalogie une science. Il a, de par sa charge et entre autres, rédigé la Généalogie des principales familles de France (en 150 volumes !).

Mais à la Révolution française le ton change et la généalogie est un peu plus discréditée puisque sont donnés des titres de noblesse à quiconque pouvant les acheter. Cette science tombe plus ou moins dans l’oubli tandis qu’en parallèle les registres d’Etat civil sont de plus en plus rigoureux et accessibles. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que la généalogie soit de nouveau pratiquée, mais par les populations les plus bourgeoises, toujours.

La généalogie individuelle et locale

Désormais et depuis la moitié du XXe siècle la généalogie est un loisir qui se démocratise, une passion pour beaucoup même. On la pratique pour le plaisir de l’enquête, pour l’Histoire, pour mieux (se) comprendre ou encore pour les nombreuses découvertes qu’il y a à faire. Que l’on soit un généalogiste enquêteur, un généalogiste collectionneur, un généalogiste amateur ou professionnel, la quête de ses racines familiales et remplir son arbre généalogique sont aujourd’hui des activités accessibles à tous.

Notez que la religion est toujours présente dans la généalogie de nos jours. C’est par exemple le cas pour les Mormons (Family Search) qui baptisent leurs morts et qui ont, de ce fait, entamé depuis quelques dizaines d’années la numérisation et la compilation des archives mondiales. Des archives disponibles pour beaucoup en ligne.

Aujourd’hui les ressources à notre disposition sont nombreuses et accessibles sur Internet, ce qui facilite grandement les recherches des généalogistes. Les associations de généalogie y jouent un rôle important puisqu’elles mettent à disposition des registres (indexés souvent) et d’autres revues sur l’histoire locale - de quoi avancer un peu plus dans la découverte du quotidien de nos ancêtres.

Et vous, pourquoi vous intéressez-vous à la généalogie ?

Généalogie histoire
https://geneafinder.com/blog?id=13:282

D comme... Défricheurs d'eau - Traces et Petits Cailloux

Thu 4 Nov 2021 - 13:58

Ma lettre A aurait pu être pour Aboîteaux, car qui dit Acadiens dit Aboîteaux...

A leur arrivée sur les côtes de la Baie Française (aujourd'hui Baie de Fundy) , les futurs colons, outre les immenses forêts canadiennes, découvrirent des marées impressionnantes (celles de Fundy sont les plus hautes du monde : leur marnage* peut atteindre jusqu'à 16 m), qui avaient formé de nombreux marais.

Grâce à l'ingénieux système des aboîteaux qu'ils mirent au point et à un labeur méthodique et harassant, ils allaient mettre ces espaces en valeur. Un aboîteau est une sorte de digue astucieuse, dont le clapet permet à la fois d'empêcher la mer d'envahir les terres à marée haute, et de les laver peu à peu de leur sel, grâce à l'écoulement à marée basse des eaux pluviales ou provenant de la fonte des neiges. C'est une spécifité acadienne.

https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15337623Source Wikimedia Commons

Certes, il fallait attendre deux à trois ans avant de pouvoir cultiver ces terres gagnées sur la mer, mais ensuite, le rendement était magnifique, nettement supérieur à celui obtenu en défrichant la forêt. C'était la puissance des marées qui créait la fertilité de ces terres inondables, car les courants profonds et rapides de la baie, qui peuvent attendre 13 kms/h, drainent et déposent deux fois par jour des quantités formidables de sédiments.

Par ailleurs, une végétation spécifique - avec des plantes halophytes** comme la spartine - poussait sur l'estran et servait de fourrage aux bêtes avant même que les terres ne deviennent cultivables.

La technique des aboîteaux fit des Acadiens des "défricheurs d'eau" et contribua à façonner leur identité collective. En effet, la construction des digues puis leur entretien face aux coups de boutoir des grandes marées et des glaces hivernales, exigeaient un travail colossal et donc imposait la solidarité et la coopération de tous. Cela tissait des liens étroits dans les communautés, où l'on travaillait ensemble entre voisins et toutes générations confondues. Même le gouverneur de l’Acadie, Charles Menou d’Aulnay, participait à la mise en valeur des marais. Ainsi, trois jours avant de se noyer dans le retournement de son canoë à Port Royal, en mai 1650, il était lui aussi occupé à "poser des piquets, tracer les lignes et tendre les cordeaux pour faire un nouvel assèchement de terre, pendant même qu’il pleuvait averse sur lui "...

Après quelques décennies, le succès de ce type d'agriculture et l'expansion démographique de la petite colonie de Port Royal amenèrent les plus dynamiques habitants de la région à rechercher de nouveaux espaces. C'est ainsi que vers 1672, Jacob BOURGEOIS (sosa 4930), quinquagénaire déjà bien établi à Port-Royal, alla avec certains de ses fils et ses gendres fonder un nouvel établissement dans l'isthme de Chinectou, au fond de la baie de Fundy; exactement sur la frontière actuelle du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. Très vite, la fusion de la petite colonie de Jacob avec celle, voisine, du seigneur de la Vallière, constitua l'établissement de Beaubassin qui atteindrait les 3 000 habitants huit décennies plus tard.. Peu après, vers 1675, Pierre TERRIOT, Claude LANDRY, Antoine LANDRY et René LEBLANC (Sosa 2464) allèrent s'installer à la rivière Habitants dans la région des Mines, et en 1682, d'autres familles fondèrent Grand Pré.

Les terres gagnées sur la mer allaient rapidement faire la richesse de ces nouveaux établissements, et dès le début du XVIII° siècle, la région des Mines était la plus peuplée d'Acadie, et Grand-Pré devenu "le grenier de l'Acadie" exportait céréales et autres denrées vers Port Royal et jusqu'en Nouvelle Angleterre.

Les aboîteaux étaient si connus pour être essentiels à la richesse de ces communautés qu'en 1704, lors d'un raid britannique sur la région depuis le Massachussets, les 550 assaillants, non contents de faire des prisonniers, tuer du bétail et incendier des maisons, détruisirent les digues de Grand-Pré, laissant la mer envahir les terres et détruire les cultures. Résilients et obstinés, les Acadiens reconstruisirent leurs aboîteaux patiemment...

Notes :

  • Le marnage est la différence de hauteur d'eau entre le niveau de la marée haute et celui de la basse mer qui la suit ou la précède

** plantes halophytes : plantes adaptées aux milieux salés

aboiteaux Acadie Généalogie
https://tracesetpetitscailloux.over-blog.com/2021/10/d-comme.defricheurs-d-eau.html

C comme... Commençons par le commencement... - Traces et Petits Cailloux

Thu 4 Nov 2021 - 12:13

Un arrêt de la Cour de janvier 1767 imposa donc de reconstituer pour chaque chef de famille acadien installé à Belle Isle "la généalogie aussi exacte et étendue qu'il sera possible de ses pères et mères, du lieu de leurs naissances, de leurs mariages, et de la naissances de leurs enfants, des morts de leurs parents en ligne directe, ascendant et descendant, et en collatérale", et ceci "autant qu'ils pourront s'en souvenir", et en comptant sur l'aide des autres acadiens et de leur représentant, l'abbé LE LOUTRE. Sans doute y avait-il d'ailleurs dans le groupe de réfugiés quelque "défricheteux de parenté", comme les appelle Antonine MAILLET, chargé d'entretenir et transmettre la mémoire collective. Ces déclarations n'étaient pas une mince affaire, puisqu'il s'agissait de compenser grâce à la mémoire orale près d'un siècle et demi de registres paroissiaux perdus.

Carte de Port-Royal - 1708Carte de Port-Royal - 1708

Et c'est ainsi que, le 5 février 1767, "Honoré Le Blanc, acadien demeurant actuellement en cette île au village de Bordustard, paroisse Saint Gerand du Palais" se rend à la convocation des autorités et déclare en présence des témoins "être issu de Daniel LE BLANC son aïeul sorti de France avec sa seconde femme, et Marie Le Blanc, sa fille de son premier mariage et morte sans enfant, et passés tous les trois au Port Royal, chef lieu de l'Acadie, après le traité de Breda du 31 juillet 1661*. " , avant de dérouler la généalogie complète de Daniel et Françoise, la liste de leurs enfants, petits enfants, etc...

Le lendemain, 6 février, c'est au tour d' "Honoré, Olivier et Paul DAIGRE, frères demeurant au village de Chubiguer paroisse du Palais" de faire leur déclaration. Honoré indique "être né à la Rivière aux Canards, paroisse Saint Joseph, le six janvier mil sept cent vingt six, d'Olivier DAIGRE né au Port Royal en 1703 et décédé à Falmouth le 8 décembre 1756 [qui] était fils d'Olivier DAIGRE et de Jeanne BLANCHARD, tous deux décédés au Port Royal; Olivier DAIGRE issu de Jean DAIGRE venu de France, marié au Port Royal à Marie GAUDETet tous deux morts au dit lieu". S'ensuit toute la généalogie descendante de Jean et Marie.

Puis, "le 23 février 1767 a comparu Cyprien DUON, métayer acadien, demeurant au village de Calastrène paroisse de Bangor, lequel [...] a déclaré être né au Port Royal le premier avril 1729 de Jean Baptise DUON sorti de la ville de Lyon en France et marié au dit Port Royal à Agnès HEBERT fille d'Antoine HEBERT et de Jeanne CORPORON, ledit DUON mort au dit lieu. Du mariage de Jean Baptiste DUON et d'Agnès HEBERT sont nés au dit Port Royal..."

Un régal bien sûr pour la généalogiste en herbe que j'étais, même s'il y a quelques erreurs dans ces longues déclarations. Ainsi, le traité de Bréda fut signé le 31 juillet 1667 (et non 1661), par l'Angleterre, la République des Provinces Unies, la France et le Danemark. Curieusement, les déclarants acadiens de 1767 avaient bien retenu le jour et le mois, mais se trompaient sur l'année. Ce traité qui avait rendu l'Acadie à la France (mais sans que soient clairement précisés quels territoires étaient concernés, ce qui était le germe de futurs nouveaux conflits) avait visiblement marqué les esprits. Mais l'Acadie n'ayant cessé de faire des aller retours entre la France et l'Angleterre pendant plusieurs décennies, on peut comprendre les confusions de dates lors de la transmission orale un siècle plus tard.

Par ailleurs, on sait par le recensement de 1671 et par la suite même de la déclaration d'Honoré à Belle Isle ce jour-là que Daniel LEBLANC était déjà arrivé en Acadie en 1650, puisque c'est l'époque à laquelle il épouse Françoise GAUDET à Port Royal, et que plusieurs enfants du couple y naissent dès 1651 : " d'iceux Daniel Le Blanc et sa femme, sont nés René Le Blanc, Jacques Le Blanc, Antoine Le Blanc, Pierre Le Blanc, au dit Port Royal, et de Daniel Le Blanc et femme est aussi né André Le Blanc" .

Mais pour l'essentiel, les déclarations belliloises de 1767 sont une source précieuse et émouvante.

Une autre source très riche pour reconstituer une grande partie de la population du berceau de l'Acadie est le recensement effectué fin 1670-début 1671 à Port Royal, à la demande du gouverneur GRANDFONTAINE, et à destination de Jean-Baptiste COLBERT, contrôleur général des finances de France de Louis XIV.

On trouve en effet dans ce recensement la quasi totalité des patronymes acadiens, dont une bonne part concerne mes ancêtres directs, tels :

AUCOIN BAYOL BLANCHARD
BOUDROT / BOUDREAU
BOURC / BOURG / BOURQUE
BOURGEOIS
BRUN BRAUD/ BRODE
CHEBRAT COLLESON
COMEAU CORPORON / CORBERON
DAIGRE / DAIGLE
GOUGEON GRANGER
GAUDET / GODET
GAUTIER HEBERT LAMBERT
LANDRY LEBLANC LEJEUNE
RAU SAVOIE / SCAVOIS
TERRIAU / TERRIOT / THERIOT / THERIAULT
TRAHAN

il faudra ajouter à mes sosa (LE)PRINCE et DUON / DUHON, arrivés plus tard.
en italique : ceux qui ne se sont pas transmis car portés uniquement par des pionnières.

Par ces patronymes pionniers, je cousine avec pratiquement tous les acadiens de par le monde...:)

Recensement de Port-Royal - 1671 - mes Sosa :

Chirurgien - Jacob BOURGEOIS (S 4930) agé de 50 ans, sa femme Jeanne TRAHAN (S 4931) âgée de 40 ans, leurs enfans 10, deux de mariés, un garçon et une fille, Jeanne, âgée de 27 ans, Charles 25, Germain 21, Marie 19, Guillaume 16, Marguerite 13, Françoise 12, Anne (S 2465)10, Marie 7 ans, Jeanne 4 ans.
Leurs terres Labourables et en valeur en deux endroits : environ 20 arpents plus ou moins. Leurs bestiaux a cornes 33, Leurs brebis 24

Laboureur - Jean GAUDET (S 5002, 5050, 9858, 9918, 10 046 et 10 052) âgé de 96 ans (sic!), sa femme Nicole COLLESON âgée de 64 ans. Leur enfant Jean âgé de 18 ans
(NB : je descends 6 fois de Jean, aux 13° et 14° générations! par sa première épouse, dont l'identité est inconnue. Il a d'ailleurs tant de descendants qu'il a pu être surnommé "l'Abraham de l'Acadie"par le Père Archange Godbout, généalogiste québécois)
Leur terre en labour : trois arpents en deux places. Leurs bêtes à cornes 6 piéces. Leurs brebis, 3 piéces.

Laboureur - Denis GAUDET (S 5026) âgé de 46 ans, sa femme Martine GAUTIER (S 5027) âgée de 52 ans, Leurs enfants 5, et 2 de mariés. La première Anne Gaudet âgée de 25 ans, La seconde Marie (S 2513) âgée de 21 ans, Pierre âgé de 20 ans, Pierre âgé de 27 ans, Marie âgée de 14 ans, tous 5 sans métier excepté laboureurs.
Leur terre en valeur: 6 arpents. Leurs bêtes à cornes: 9 piéces. 13 brebis tant petites que grandes.

Marie GAUDET (S 2501, 2525, 4959, 5023) Veuve de Etienne HEBERT ( S 2500, 2524, 4958, 5022) âgée de 38 ans, ses enfants 10; 2 de mariées : Marie âgée de 20 ans, Marguerite âgée de 19 ans, Les autres a marier, Emmanuel âgé de 17 ans, Etienne âgé de 17 ans, Jean âgé de 13 ans, Françoise 10 ans, Catherine 9, Martine 6 ans, Michel 5 ans, Antoine 1 an.
Ses terres en labour :2 arpents, bêtes a cornes 4, et 5 paires de brebis

Laboureur - Olivier DAIGRE ( S 2512) âgé de 28 ans, sa femme Marie GAUDET (l'aînée) (S 2513), âgée de 20 ans,. Leurs enfants 3: Jean âgé de 4 ans, Jacques 2 ans, Bernard 1 an
Leurs terres en Labour deux arpents, bêtes à cornes 6 paires et 6 brebis.

Laboureur - Jean BLANCHARD (S 5028) âgé de 60 ans, sa femme Radegonde LAMBERT (S 5029) âgée de 42 ans, Leurs enfants 6, 3 de mariés : Martin Blanchard âgé de 24 ans, Magdeleine Blanchard âgée de 28 ans, Anne âgée de 26 ans
Les non mariés : Guillaume (S 2514) âgé de 21 ans, Bernard âgé de 18 ans, Marie âgée de 15 ans
Leurs terres en labour : 5 arpents. Leurs bestiaux à cornes : 12, et brebis 9

Laboureur - Jean TERRIAU (S 4948, 5012, 5036) âgé de 70 ans, sa femme Perrine RAU âgée de 60 ans. Leurs enfans 7. Ceux qui sont mariés, Claude Terriau, âgé de 34 ans, Jean âgé de 32 ans, Bonaventure (S 2474, 2506, 2518) âgé de 30 ans, Germain 25 ans, Jeanne âgée de 27 ans, Catherine âgée de 21 ans, Le non marié Pierre âgé de 16 ans
Leurs bestiaux a cornes 6, et 1 brebis; terres labourables 5 arpents.

Laboureur - François SCAVOIS (S 5006) âgé de 50 ans, sa femme Catherine LEJEUNE (S 5007) âgée de 38 ans. Leurs enfants 9, 1 fille de mariée, Françoise (S 2503) âgée de 18 ans, Les non mariés, Germain âgé de 17 ans, Marie âgée de 14 ans, Jeanne âgée de 13 ans, Catherine âgée de 9 ans, François 8, Barnabé âgé de six ans, Andrée âgée de 4 ans, Marie âgée d'1 an 1/2
bestiaux a cornes 4 piéces, terres labourables 6 arpents

Laboureur - Jean CORPORON (S 2502) âgé de 25 ans, sa femme Françoise SCAVOIS (S 2503) âgée de 18 ans, Leurs enfants : 1 fille de 6 semaines qui n'a point encore esté nommée sur les Sts fonds
On remarque que ce tout jeune couple a encore peu de moyens; Jean est arrivé depuis peu en Acadie
bête a cornes :1 vache, et 1 brebis, point de terre labourable

Laboureur - Vincent BRUN (S 4938, 5042) âgé de soixante ans, sa femme Renée BRODE (S 4939, 5043) âgée de 55 ans, Leurs enfants 5 tant mariés que non mariés, 3 de mariés, Magdeleine BRUN (S 2469, 2521) âgée de 25 ans, Andrée âgée de 24 ans, Françoise âgée de 18 ans, Les non mariés : Bastien âgé de 15 ans, Marie âgée de 12 ans
Leurs bêtes à cornes 10 piéces et 4 brebis, terre labourable 5 arpents

Maréchal - Guillaume TRAHAN (S 2468, 2520, 9862) âgé de 60 ans ou environ, sa femme Magdeleine BRUN ( S 2469, 2521) âgée de 25 ans, Leurs enfants 3. Guillaume (S 1234) âgé de quatre ans, Jean Charles (S 1260) âgé de 3 ans, Alexandre âgé d'1 an
Leurs bestiaux à cornes 8, et 10 brebis, Leurs terres en labour: 5 arpents

Laboureur - Bonaventure TERRIAU (S 2474, 2506, 2518) âgé de 27 ans, sa femme Jeanne BOUDROT (S 2475, 2507, 2519) âgée de 26 ans. Leurs enfants : 1 fille Marie 4 ans
Leurs bêtes à cornes 6 piéces, et 6 brebis, Leurs terres en labour : 2 arpents

Laboureur - Michel BOUDROT (S 4950, 5014, 5038, 5044) âgé de 71 ans, sa femme Michelle AUCOIN (S 4951, 5015, 5039, 5045) âgée de 53 ans. Leurs enfants : 11, 3 de mariés, Françoise âgée de 29 ans, Jeanne (S 2475, 2507, 2519) âgée de 26 ans, Marguerite âgée de 20 ans, Les non mariés Charles (S 2522) âgé de 22 ans, Marie âgée de 18 ans, Jean âgé de 16 ans, Abraham âgé de 14 ans. Michel âgé de 12 ans, Olivier âgé de 10 ans, Claude âgé de 8 ans, François âgé de 5 ans
Leurs bêtes à cornes 20 et 12 brebis, Leurs terres labourables 8 arpents

Laboureur - Antoine BOURC (S 5046) âgé de 62 ans, sa femme Antoinette LANDRY (S 5047) âgée de 53 ans, Leurs enfants, 11, 4 de mariés dont s'ensuivent les noms: Marie âgée de 26 ans, Francois âgé de 27 ans, Jean âgé de 24 ans, Bernard âgé de 22 ans. Les non mariés : Martin âgé de 21 ans, Jeanne âgée de 18 ans, Renée (S 2523) âgée de 16 ans, Huguette âgée de 14 ans, Jeanne 12 ans, Abraham âgé de 9 ans, Marguerite 4 ans
Leurs bêtes à cornes 12, et 8 brebis. Leurs terres labourables, 4 arpents

Matelot - Laurent GRANGER (S 2516) âgé de 34 ans, sa femme Marie LANDRY (S 2517) âgée de 24 ans. Leurs enfants 2, Marguerite âgée de 3 ans, Pierre âgé de 9 mois
Leurs bêtes à cornes 5, et 6 brebis. Leurs terres labourables 4 arpents

Laboureur - Daniel LEBLANC (S 4928) âgé de 45 ans, sa femme Françoise GAUDET (S 4929) âgée de 48 ans. Leurs enfants, 7, 1 fille de mariée Françoise âgée de 18 ans, Les non mariés, Jacques âgé de 20 ans, Etienne âgé de 15 ans, René (S 2464) âgé de 14 ans, André âgé de 12 ans, Antoine âgé de 9 ans, Pierre âgé de 7 ans
Leurs bestiaux à cornes 18, et brebis 26. Leurs terres en Labour 10 arpents en 2 places.

Laboureur - Antoine GOUGEON (S 5030) âgé de 45 ans, sa femme Jeanne CHEBRAT (S 5031) âgée de 45 ans, 1 enfant : Huguette (S 2515) âgée de 14 ans
Leurs bestiaux à cornes 20 piéces, et 17 brebis. Leurs terres labourables et en Labour 10 arpents

Tonnelier - Pierre COMMEAU (S 2526, 4954, 5018) âgé de 75 ans, sa femme Rose BAYOL (S 2527, 4955, 5019) âgée de 40 ans, leurs enfants 9, 1 de marié, Etienne, âgé de 21 ans, les non mariés, Pierre Commeau âgé de 18 ans. Françoise âgée de 15 ans, Jean âgé de 14 ans, Pierre âgé de 13 ans, Antoine âgé de 10 ans, Jeanne (S 1263) âgée de 9 ans, Marie (S 2477, 2509) âgée de 7 ans, Jean âgé de 6 ans
Leurs bêtes à cornes, 16 piéces et 22 . Leurs terres labourables 6 arpents

Laboureur - René LANDRY l'aîné (S 5034) âgé de 53 ans, sa femme Perrine BOURC (S 5035) âgée de 45 ans. Leurs enfans 7, 4 de mariés, à savoir Henriette PELLETRET (d'un premier mariage de Perrine) âgée de 30 ans, Jeanne âgée de 28 ans, Marie âgée de 25 ans, Marie (S 2517) âgée de 23 ans. Les non mariés : Magdeleine âgée de 15 ans, Pierre âgé de 13 ans, Claude âgé de 8 ans
Leurs bestiaux à cornes 10, et 6 brebis. Leurs terres en labour 12 arpents en 2 places

Un chirurgien (à l'époque, une sorte de barbier amélioré, capable de faire certains soins), un maréchal ferrant, un tonnelier, un matelot (mais qui cultivait la terre et avait vaches et brebis), et une majorité de laboureurs : voilà donc en 1671 mes ancêtres acadiens établis à Port Royal.
La colonie comptait également un tisserand ("texier"), deux armuriers, trois autres tonneliers, un maçon, un taillandier, deux charpentiers, un tailleur, et quelques autres laboureurs...Toute une communauté rurale apte à vivre en grande partie de ses propres ressources...

Tout en me réjouissant de cet "inventaire" si précieux, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée émue pour le cordelier Laurent MOLINS, passant de ferme en ferme le long de la rivière au Dauphin dans son habit de gros drap gris, en plein hiver, dans la neige, pour questionner les habitants, sans doute accueilli dans mainte maison avec une boisson chaude et de la bienveillance, mais parfois vertement éconduit, comme chez le tailleur Pierre MELANSON, qui "a refusé de donner son âge et le nombre de ses bestiaux et terres, et sa femme [lui] a répondu [s'il était] fou de courir les rues pour des choses de même (= pareilles)", ou Etienne ROBICHAUT, qui "ne [l]'a pas voulu voir. Il a sorti de chez lui et a dit a sa femme qu'elle [lui] dise qu'il ne [lui] voulait point donner le compte de ses bestiaux et terres", ou encore le tonnelier Pierre LA NOUE, qui lui "a fait réponse lorsqu [il lui a] demandé son âge qu'il se portait bien et qu'il ne le voulait pas donner"...

sources :

  • Déclarations généalogiques de Belle Isle en Mer - 1767 - AD du Morbihan
  • Recensements de l'Acadie 1671 - 1752 : Archives du Canada : Dépôt des papiers publics des colonies; état civil et recensements : Série G 1 : Recensements et documents divers : C-2572 https://heritage.canadiana.ca/view/oocihm.lac_reel_c2572/2?r=0&s=1
Acadie Généalogie
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B comme... Belle Isle en Mer - Traces et Petits Cailloux

Tue 2 Nov 2021 - 09:44

Mais revenons à la chronologie de mes découvertes, car les recherches généalogiques sont une sorte de machine à remonter le temps, et j'ai donc commencé à faire la connaissance de mes acadiens par la fin, par leur installation dans "mon" île...

Claude Picard : l’arrivée des Acadiens en 1765 à Belle Isle - © Citadelle Vauban Claude Picard : l’arrivée des Acadiens en 1765 à Belle Isle. (© Citadelle Vauban)

A l'automne 1765, 363 personnes de tous âges, débarquent à Belle Isle en Mer, après des années de péripéties, pour démarrer une nouvelle vie. Ce sont des "réfugiés acadiens". Sur ces 78 familles, 5 sont celles de mes ancêtres directs. Mais les autres sont formées de frères, cousins, neveux... Tous sont liés par d'étroits liens de parenté et forment une sorte de clan : Les LE BLANC arrivent à 57, les GRANGER à 46, les TRAHAN à 49, les TERRIOT à 27 et les DAIGRE à 21, de sorte que sur les 363 personnes arrivées à Belle-Île, 200 correspondent à seulement 5 patronymes.

Source gallica.bnf.frSource gallica.bnf.fr

Dans le récapitulatif de ces familles, on trouve 9 de mes Sosa, répartis ainsi :

Famille 11 :
Honoré Leblanc (mon sosa 616) , né à Pigiguit (Acadie) le 1er novembre 1710, veuf, père de Charles (S 308), (55 ans). Ses enfants Paul et Joseph.
Venant de Liverpool et Morlaix, installés à Bordustard (Le Palais).

Famille 12 :
Charles Leblanc (Sosa 308) , né à Pigiguit en août 1734 (31 ans), fils d’Honoré (Sosa 616). Son épouse Anne Landry (sosa 309) née à la Rivière-aux-Canards (Acadie) le 24 février 1739 (26 ans). Leurs enfants : Claude-Marie et Marie.
Venant de Liverpool et Morlaix, installés à Bordrouant (Bangor).

Famille 56 :
Cyprien Duon (sosa 312), né à Port-Royal (Acadie) le 18 avril 1730 ( 35 ans). Son épouse Marguerite Landry (sosa 313), née à la Rivière-aux-Canards le >15 janvier 1735 (30 ans), fille de Marie-Rose Rivet (sosa 619 et 627, implexe) veuve Landry. ( 58 ans)
Leurs enfants : Jean-Baptiste, Marie et un orphelin, Jean Vincent, neveu de Cyprien.
Venant de Liverpool et Morlaix, installés à Calastren (Bangor).

Famille 70 :
Marie Rose Rivet (sosa 619 et 627, implexe) , veuve de René Landry, née à Pigiguit le 18 juillet 170 (58 ans) . Mère d’Anne (Sosa 309) (26 ans) et de >Marguerite (Sosa 313) (30 ans). Ses autres enfants : Jean et Magdeleine, Marie-Josèphe.
Venant de Liverpool et Morlaix, installés à Bordustar (Le Palais).

Famille 25 :
Honoré Daigre (sosa 314), né à la Rivière-aux-Canards le 6 janvier 1726 (39 ans), veuf, sa 3ème épouse Élisabeth Trahan (sosa 315), née à la Rivière-aux-Canards le 1er janvier 1726 (39 ans), également veuve. Mariés à Falmouth le 29 septembre 1762 Sa mère Françoise Granger (sosa 629), née à Port-Royal en 1700 ( 65 ans).
Leurs enfants : Pierre, Jean, Joseph, Jean-François et Marie Terriot, (fille d'Élisabeth).
Viennent de Falmouth, de Morlaix et Tréguier, installés à Chubiguer (Le Palais).

Le 2 novembre 1765, le baron de Warren, gouverneur de l'île, écrivit à un ami : "Voilà enfin, mon cher marquis, tous les Acadiens arrivés au nombre de 77 familles. Les derniers sont arrivés avant-hier sur deux bateaux plats, le premier qui est entré dans notre port coulait bas d'eaux et le second a pensé périr sur les roches sous la citadelle ! Je vous avoue que j'aurais été furieusement touché s'il était arrivé quelques accidents à ces honnêtes gens dont je regarde leur émigration dans l'île comme le plus grand bien qui pouvait arriver dans Belle-Ile, au service du Roi et pour les intérêts de la Province...

Mais que venaient donc faire ces "acadiens", nés dans la lointaine Amérique, sur cette île ? Et en quoi pouvaient-ils présenter un intérêt pour le roi de France et la Province de Bretagne?

Nous verrons dans de prochains articles toutes les tragédies qui les ont conduits d'Acadie en France après moult détours, mais voyons pour l'instant les tenants et les aboutissants de leur installation à venir.

Je ne comprendrais rien à toute une partie de mon histoire ancestrale sans quelques informations sur la Guerre de 7 ans, cette première "guerre mondiale" de fait (car les combats se déroulèrent en Europe, Amérique du Nord et Inde) qui dura de 1756 à 1763. Elle opposa la France et la Grande Bretagne, chacune étant alliée à d'autres puissances européennes.

Dès 1755 les Acadiens en avaient été les premières victimes (article G à venir). La France y perdit notamment son empire colonial en Amérique du Nord. Et la petite île de Belle Isle elle aussi paya un lourd prix : après une grande bataille navale* auprès de ses côtes en novembre 1759 qui consacra la débâcle de la flotte française, elle subit le 7 avril 1761 l'attaque d' une flotte anglaise forte de 130 bâtiments et de 18 000 hommes ; le chevalier de Sainte Croix à la tête d'une petite garnison de 3 200 hommes, après une rude bataille, ne put guère que se replier dans la citadelle Vauban. Le siège dura jusqu'au 2 juin, mais il fallut finalement capituler, et l'île devint anglaise...Les Bellilois durent fuir sur le continent en abandonnant leurs maigres biens, ou travailler pour les Anglais.

Le Traité de Paris qui mit fin à la guerre fut signé le 10 février 1763. Entre autres, la France abandonnait la plus grande partie de ses possessions américaines; et renonçait définitivement à l'Acadie. Par ailleurs, elle rendait Minorque aux britanniques, en échange de ... Belle-Île.

Mais pendant les deux années d'occupation anglaise, l'île avait été totalement pillée, le bétail tué, les champs abandonnés étaient en friche, la plupart des maisons détruites, même leurs poutres avaient été volées pour pallier le manque de bois, etc...

Il fallait rapidement repeupler l'île et reconstruire son économie. Le Receveur du Domaine de Belle-Isle, François de Kermarquer, était de Morlaix. Il avait donc appris l'arrivée des prisonniers acadiens rendus par le roi d'Angleterre (toujours suite au Traité de Paris) et provisoirement installés à Morlaix et Saint Malo. Offre fut alors faite auxdits acadiens d'aller s'installer à Belle-Isle. Un tel projet faisait d'une pierre deux coups : repeupler l'île ravagée et donner un établissement à des réfugiés à la charge du roi.

Afin de voir si ce projet pouvait convenir à la petite communauté, trois chefs de famille acadiens, Honoré LE BLANC (mon sosa 616), Joseph TRAHAN et Simon GRANGER, vinrent à Belle Isle en juillet 1763, quelques semaines à peine après leur arrivée sur le sol français. Le baron de WARREN témoigne de la réussite de ce premier contact :"Ils ont paru très contents de ma réception et s'en sont retournés le 27. Comme ils sont gens fort industrieux et habiles cultivateurs, je serais enchanté de les voir arriver: ce serait un bon boulevard contre ceux qui les ont maltraités." *

Les États de Bretagne ratifièrent le projet, confirmé par le duc de Choiseul, ministre de Louis XV. Il fut alors procédé à l'afféagement de l'île, véritable révolution agraire, tout à fait inédite : l'île, domaine royal, allait être divisée en lots attribués aux familles acadiennes et belliloises, et ces cultivateurs, à condition de travailler les terres pendant 10 ans, en deviendraient pleinement propriétaires!

L'abbé LE LOUTRE, ancien missionnaire en Acadie auprès des autochtones MicMac, se chargea de défendre les intérêts des Acadiens Il fallut beaucoup de talent, de discussions et tractations diverses, pour faire accepter aux Bellilois, soutenus par leurs curés, la future arrivée de ces "étrangers" qui ne parlaient pas breton, et aux acadiens le fait d'être répartis dans toute l'île et non regroupés en une seule paroisse comme ils le souhaitaient.

Il fallut acheter 78 paires de bœufs, 78 chevaux, des attelages et jougs, courroies, charrettes et charrues, brouettes, ustensiles et outils - comme « 234 faucilles à raison de 3 par famille »-, etc. Il fallut aussi s’occuper de l'arpentage des terrains, de la construction des maisons - acquisition des matériaux, et recrutement des maçons venus du continent, car les Acadiens ne savaient construire qu'en bois-. Les plans des maisons furent définis avec précision par les États de Bretagne : c'étaient de très petites maisons, de 27 mètres carrés au sol, aux ouvertures basses et étroites, construites avec le schiste local, et couvertes soit de lande - c'est à dire d'ajoncs séchés mis en bottes - soit d'ardoises. Toutes les maisons devaient être identiques et pouvoir être agrandies plus tard en longères.

AD du MorbihanAD du Morbihan

En septembre 1765, Simon GRANGER et Honoré LE BLANC revinrent dans l'île pour préparer l'arrivée des familles, qui va se faire en 4 vagues, le 2 septembre, le 1er , le 18 et le 30 octobre. Les maisons n'étant pas encore construites, les Acadiens furent logés provisoirement dans des entrepôts à grains, sur la paroisse de Palais.

Logement provisoire des Acadiens à leur arrivée à PalaisLogement provisoire des Acadiens à leur arrivée à Palais

En décembre 1766, les contrats d’afféagement étaient tous signés, et Joseph Simon GRANGER, Jean MELANSON et Honoré Daigre (sosa 314) concluaient ainsi une lettre de remerciement aux États de Bretagne :

Nous ne cesserons de présenter nos vœux et nos prières pour la conservation et prospérité de vos illustres personnes, et serons avec toute la soumission possible et le respect le plus profond, Nos seigneurs, vos humbles et très obéissants serviteurs...

En juillet 1767 le baron de Warren écrivait : "Ces honnêtes citoyens ont presque fini tous leurs établissements : leurs maisons sont couvertes, leurs écuries bâties et leurs terres travaillées. Ainsi j’espère qu’à la récolte de l'année prochaine, ils commenceront à recueillir les fruits de leurs travaux..."

Voici donc comment mes Acadiens trouvèrent une nouvelle patrie à Belle Isle en Mer après des années d'errance.

Mettant le point final à cette installation, le 12 janvier 1767, un arrêt de la Cour ordonna la reconstitution de l'état-civil des familles acadiennes établies à Belle Isle. Les registres paroissiaux acadiens avaient en effet été détruits ou perdus lors de la déportation, et il était urgent d'y remédier. Dans les semaines qui suivirent fut donc organisée la collecte de la mémoire généalogique acadienne. sous l'égide de l'abbé LELOUTRE et d'un notaire d'Auray.

Découvrir ces "généalogies acadiennes" établies par mes ancêtres en 1767 allait me faire faire une grande avancée dans mes recherches, et enfin quitter mon île pour faire mes premiers pas en Acadie...

Notes :

  • cité par Jean Marie FONTENEAU in Cahiers de la société historique acadienne vol 30 N°1 mars 1999

** les Cardinaux : bataille navale qui opposa Français et Anglais le 20 novembre 1759, dont le bilan fut clairement à l'avantage des seconds, puisque la marine française perdit 6 bâtiments et eut 2 000 hommes tués (300 côté britannique), et de plus les vaisseaux français qui se réfugièrent dans les estuaires de la Vilaine et de la Charente, y furent bloqués par les britanniques pendant plus de deux ans

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Sources :

  • Jean Marie FONTENEAU in Cahiers de la société historique acadienne vol 30 N°1 mars 1999
  • Christophe CERINO : Les Acadiens à Belle-Île-en-Mer : une expérience originale d’intégration en milieu insulaire à la fin du XVIIIe siècle
Acadie Belle-Île Généalogie
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A comme... Acadie de mon coeur - Traces et Petits Cailloux

Mon 1 Nov 2021 - 09:04

Une des branches de ma famille était donc "acadienne". Mais qu'est-ce que ça voulait dire? et comment avait-elle atterri sur une petite île bretonne de 85 km² ?

Partie Orientale du Canada - Vincenzo Coronelli - Source gallica.bnf.frPartie Orientale du Canada - Vincenzo Coronelli - Source gallica.bnf.fr

Quand j'ai questionné mon père sur ses souvenirs à ce sujet, il a commencé par me dire qu'enfant, il s'ennuyait lorsque sa grand-mère belliloise racontait les histoires du passé avec les autres vieilles du village, et que donc il n'écoutait pas... Tout juste a-t-il fini par grommeler qu'il avait entendu dire "qu'on venait du Canada"... Mais je n'ai rien pu en tirer de plus. Mon arrière-grand-mère et mon grand-père étant morts, la transmission familiale avait cessé. J'ai dû reconstituer l'histoire grâce aux archives puis à diverses lectures (difficile d'imaginer aujourd'hui ce que c'était , avant l'explosion d'internet, que de faire ce genre de recherches, qui s'opèrent aujourd'hui en deux clics).

Ne serait-ce que pouvoir situer géographiquement l'Acadie était une gageure. D'autant que l'Acadie en tant que telle n'existe plus depuis 3 siècles... Elle n'a d'ailleurs jamais constitué un pays. Il s'agissait d'une colonie de la Nouvelle France, au même titre que le Canada, la Louisiane... C'était une sorte de puzzle, de pointillé d'établissements le long des côtes de ce qui allait devenir définitivement la Nouvelle Écosse lors du traité d'Utrecht de 1713, et du futur Nouveau Brunswick.

Carte de l'Acadie - 1702 - Source gallica.bnf.frCarte de l'Acadie - 1702 - Source gallica.bnf.fr

D'ailleurs, à l'époque où ils vivaient en Acadie, ses habitants ne se définissaient pas comme "Acadiens", mais comme "Français", ou "sujets du roi de France", puis , à partir de 1713, après la perte définitive de l'Acadie originelle par la France au profit de la Grande Bretagne, comme "Français neutres"... C'est paradoxalement au moment même où il durent quitter l'Acadie géographique, à partir de 1755, qu'ils furent définis officiellement comme "Acadiens" (souvent écrit "Accadiens"), constituant un groupe devenu différent des Français par ses particularités.

Le berceau historique de l'Acadie (celui qui concerne mes ancêtres) se situe sur la côte est du Canada, car non, ce n'est pas le Québec qui borde l'Atlantique mais les "Provinces Maritimes" - Nouveau Brunswick, Nouvelle Ecosse et Ile du Prince Edouard .

Après de probables incursions normandes dès le XI° siècle, puis la venue de l'explorateur vénitien Jean CABOT en 1497, la région de l'actuelle Nouvelle Ecosse (Nova Scotia en anglais) fut explorée en 1604/1605 par Pierre DUGUA de MONS, accompagné de Jean de POUTRINCOURT et de Samuel de CHAMPLAIN (géographe et cartographe de l'expédition). Ainsi furent nommés La Hève, le cap Nègre, la baie Sainte-Marie, le cap Sable, la baie Française, Port-Royal, le fleuve Saint-Jean, la rivière Sainte-Croix, etc, et commença le peuplement de l'Acadie par les Européens.

 Port de La Heve - Illustrations des Voyages de Champlain. 1613. Source gallica.bnf.fr Port de La Heve - Illustrations des Voyages de Champlain. 1613. Source gallica.bnf.fr

Peuplement d'abord sporadique : les Français installèrent quelques postes à divers endroits de la côte, avec des succès limités, dus notamment aux difficultés d'adaptation au climat, aux luttes intestines franco-françaises, et aux fréquentes attaques anglaises.

La colonisation commença à s'organiser en 1632, quand le gouverneur Isaac de Razilly amèna les premières familles françaises en Acadie. Toutefois, tandis que les Britanniques organisaient une colonisation à grande échelle du sous continent, la France n'envoya finalement que peu de colons (815 en tout selon certains comptages) au cours du XVII° siècle (essentiellement de 1632 à 1670), puis plus du tout à partir de 1713.

Ceci explique qu'en peu de générations, les Acadiens de Nouvelle Ecosse furent tous liés par des liens de parenté et manifestèrent une forte solidarité lors des épreuves qui allaient les frapper. Mais également que la disproportion démographique entre les deux peuplements et l'abandon de fait par la France de sa colonie ne pouvaient qu'aboutir à un désastre pour l'Acadie.

Le ver était dans le fruit dès l'origine : de 1604 à 1713, le berceau de l'Acadie changea 9 fois d'allégeance. Car l'Acadie voyait ses frontières constamment contestées, et, immédiatement devenue un enjeu du séculaire conflit franco-britannique, se trouvait ballotée d'un camp à l'autre au gré des traités de (pseudo) paix. J'ignorais, quand au lycée j'entendais parler avec un certain ennui des traités de Saint-Germain-en-Laye (1632), de Breda (1667), de Ryswick (1697) ou d'Utrecht (1713), que mes propres ancêtres en avaient vu chaque fois leur quotidien bouleversé...

Acadie Belle-Île Généalogie
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Les reconnaissances féodales : des actes rares, mais utiles - Cercle Genealogique de l'Aveyron

Thu 10 Jun 2021 - 15:46

mercredi 9 juin 2021 par ROUBY Gilles

Les reconnaissances féodales relèvent du droit de la propriété sous l’Ancien régime. En effet, les terres se répartissaient en deux catégories :

  • Celles exploitées directement par le seigneur (la réserve seigneuriale)
  • Les autres, anciennement concédées à des paysans sous forme de tenures (baux perpétuels) ; les paysans étaient simplement tenanciers de leurs terres et non propriétaires. Sur le fond, cela ne changeait pas grand-chose, car ils pouvaient les vendre ou les léguer à leurs héritiers. Ils devaient par contre payer une redevance annuelle au seigneur, le cens ; au fil du temps, cette redevance était devenue symbolique, car elle n’avait jamais été réévaluée.

Les tenanciers devaient également, à la demande de leur seigneur, lui rendre hommage par le biais de reconnaissances féodales passées devant notaire. Mais ces actes sont rares et motivés essentiellement par la vente, soit de la tenure par le tenancier, soit du fief par le seigneur. Les reconnaissances renferment parfois de nombreux liens de parenté, précieux pour les généalogistes . A défaut, elles mentionnent généralement la date de la précédente reconnaissance, souvent très ancienne, ainsi que le nom du ou des tenanciers de l’époque. Dans ce cas, le renseignement ne suffit pas à établir une filiation précise entre les tenanciers, mais il permet de constater le cas échéant le maintien de la tenure dans une même famille (transmission par testament ou donation).

féodalité Généalogie
http://genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1490

Du bon usage du vocabulaire généalogique – Généalogie Alsace

Wed 21 Apr 2021 - 21:13

7 mots ou expressions utilisés en généalogie, parfois de façon erronée :

ANCÊTRE : Un ancêtre est une personne dont on descend. Les ancêtres sont les ascendants directs et non pas l’ensemble des individus de l’arbre généalogique. Les cousins ne sont pas des ancêtres, ce sont des collatéraux.

OBIIT : « Obiit » en marge des baptêmes dans les actes paroissiaux signifie que l’enfant est mort en bas âge (contraction de obivit = il est mort). Pour cet enfant, il n’existe pas d’acte de décès ni de sépulture.

DE DROIT ET DE FAIT : Dans un acte de mariage, qu’un des époux soit « de fait » d’une paroisse signifie qu’il y habite ; « de droit » indique la paroisse dont il dépend juridiquement ou canoniquement (il y est né ou ses parents y habitent ou il y est rattaché). Plusieurs bans doivent alors être publiés.

BREVET : Un acte en brevet est un acte délivré par un notaire directement à l’intéressé, contrairement à une minute que le notaire conserve dans ses archives. Il concerne une procuration, un acte de notoriété, une autorisation pour mariage… Il est difficile à retrouver car c’est un exemplaire unique (par exemple autorisation parentale annexée à l’acte de mariage), la plupart du temps détruit. Parfois, il en existe des traces dans le répertoire du notaire.

RÉPERTOIRE CIVIL : « RC » en marge d’un acte de naissance (suivi d’un numéro ou date) concerne un acte survenu pendant la vie de l’intéressé : changement de régime matrimonial ou mise sous tutelle par exemple. Il est possible de demander une copie de ce répertoire civil.

PUPILLE DE LA NATION : C’est un enfant dont un des parents a été tué ou blessé lors d’une guerre ou d’un attentat et que la nation prend à sa charge pour certains avantages (éducation). Ne pas confondre avec « pupille de l’état » = pupille de l’assistance publique, qui désigne des enfants délaissés par leur famille (abandonnés, nés sous X, orphelins), que l’état prend en charge dans des centres spécialisés.

À LA MODE DE BRETAGNE : Un cousin « à la mode de Bretagne » ou « à la mode de Bourgogne » n’est pas un cousin lointain dont on ne connaît pas précisément la parenté. L’expression a un sens précis en généalogie : désigne le fils d’un cousin germain d’un des parents. Par extension, ma « tante à la mode de Bretagne » est la cousine germaine de mon père ou de ma mère (idem pour l’oncle). NB : On parle aussi de cousin issu de germain.

France Généalogie langue
https://genealogiealsace.wordpress.com/2021/04/21/du-bon-usage-du-vocabulaire-genealogique/

Les conteurs d'histoires

Sun 29 Nov 2020 - 19:53

Nous sommes les élus. Dans chaque famille, il en est un qui semble appelé à retrouver les ancêtres, à redonner de la matière à ces fantômes et à les faire revivre, à raconter l'histoire de la famille et à sentir que d'une certaine manière, ils le savent et approuvent.

Pour moi, faire de la généalogie n'est pas une froide collecte de faits, plutôt une renaissance de tous ceux qui nous ont précédés.

Nous sommes les narrateurs de la tribu. Toutes les tribus en ont un.

Nous avons été appelés par nos gènes. Ceux qui nous ont précédés nous en conjurent : racontez notre histoire. C'est ce que nous faisons. En les retrouvant, nous nous retrouvons nous-mêmes, en quelque sorte.

Cela va au-delà du simple exposé de faits. Il s'agit de savoir qui je suis et pourquoi je fais les choses que je fais. Je suis fière de ce que nos ancêtres ont pu accomplir, de leur contribution à ce que nous sommes aujourd'hui. Écrire leur histoire, c'est respecter leurs épreuves et leurs peines, leur résistance et leur constance, leur détermination à continuer et à construire une vie pour leur famille.

J'écris aussi leur histoire parce que j'ai compris qu'ils l'avaient fait pour nous. Pour que nous puissions naître tels que nous sommes. Et que nous puissions nous souvenir d'eux.

Et c'est ce que nous faisons. Avec respect et bienveillance, en décrivant chaque pas de leur existence, parce que nous sommes eux et qu'ils sont nous. Ainsi, comme un scribe que l'on convoque, je raconte l'histoire de ma famille. C'est maintenant à l'élu de la génération suivante de répondre à l'appel et de prendre sa place dans la longue lignée des conteurs de famille.

Voilà pourquoi je fais de la généalogie, et voilà ce qui incite les jeunes, et les moins jeunes, à s'engager et à redonner vie à ceux qui nous ont précédés.

Librement traduit et inspiré d'un poème en prose anglaise aux origines obscures, souvent cité sur les sites de généalogie anglophones, mais généralement attribué à Della M. Cummings Wright

Généalogie généalogiste tribu écrire
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Gabarres et autres bateaux de la Dordogne - Sur la piste de nos ancêtres en Périgord.

Sat 7 Nov 2020 - 07:04

La Dordogne est devenue une voie naturelle d’échanges et ce, depuis l’époque Gallo-Romaine. Il faut dire que les ressources ne manquaient pas, les forêts pour le bois de construction et le chauffage, les merrains pour la tonnellerie, les carassonnes (piquet de vignes en châtaigniers). En plus du bois, on transportait les fromages d’Auvergne, les peaux des tanneries de Bort-les-Orgues, les châtaignes (qui pouvaient également partir vers l’Angleterre et la Hollande), les « soustres » pierres destinées aux meules, le charbon d’Argentat, le genièvre, le vin, les céréales, les papeteries et diverses marchandises telles que les tuiles, les poteries…

On peut même dire qu’elle a fait vivre et parfois prospérer bon nombre de riverains.

C’est ainsi qu’on a construit des « gabarres » ou « gabares » tout le long de la rivière. Parfois les chantiers étaient éphémères sur l’exploitation d’une coupe de bois. C’étaient des barques à fond plat ou « sole » qui permettait avec un faible tirant d’eau de porter un maximum de charge car elles étaient destinées au transport de marchandises. Elles pouvaient même être gréées. Sous ce terme, on désignait plusieurs sortes de bateaux fluviaux. Le courpet est un ancien type de gabare, utilisé en haute Dordogne depuis Argentat en Corrèze (le nom « d’Argentat » était également utilisé pour le désigner), bien que généralement construit à Spontour (commune de Soursac) ou Saint-Projet. L’élan du bateau était impulsé par une rame ou « pallas » et le gabarrier, juché sur le chargement afin de pouvoir observer, dirigeait la manœuvre, à l’aide d’un grand aviron ou « plume » ou « gober ». Il fallait une autre personne pour écoper. A usage souvent unique, il était fabriqué avec du « bois pauvre » comme le hêtre, le tremble, l’aulne, le bouleau, le peuplier…Arrivé à destination il était alors « déchiré » (désassemblé) et vendu avec le chargement comme bois de chauffage.

On disait alors de cette navigation qu’elle était à bateau perdu car il était très difficile de remonter à contre-courant surtout en l’absence de chemin de halage. Les gabariers rentraient alors à pied ou sur de légers « couralins ». L'activité des courpets était saisonnière, et se concentrait sur une période d'environ 27 jours, période appelée par les gabariers : « eau marchande » ou « eau de voyage ». C’était à la fin du printemps avec les eaux de neige ou au début de l’automne avec les grosses pluies que l’eau était assez haute pour passer les hauts fonds sans trop de difficulté car les passages périlleux étaient nombreux (appelés localement « malpas »), bien connus et redoutés par les gabariers. Le trajet entre Argentat et Libourne en Gironde s'effectuait en 5-6 jours par beau temps, mais nécessitait néanmoins que plusieurs courpets partent en convoi. Ces parcours nécessitaient « une protection divine » et le départ donnait toujours lieu à une cérémonie religieuse. Le restant de l’année les hommes exerçaient un autre métier (charpentiers, mérandiers…)

D’autres argentats descendaient la Dordogne, les couajadours qui pouvaient être réutilisés ainsi que les gabarots (petites gabarres). Certains gabarots et les batelets étaient utilisés pour la pêche. Quant aux naus ils servaient pour aller d’une rive à l’autre. Le coureau (ou courreau, courau) était un type de gabare de transport traditionnelle de fret à fond plat originaire de la Gironde et de la Dordogne, relevé aux extrémités aux formes allongées pointues et étroites. A l’arrière de l’embarcation, un long aviron « la plume » servait de gouvernail. Le mat qui supporte la voilure était repliable pour passer sous les ponts. La cale à marchandise était à ciel ouvert. Les coureaux de Dordogne, longs de 15 à 20m environ pour 4,50m de large pour un tonnage de 25 à 50 tonnes Une cale ouverte servait d’abri à l’équipage.

Les couralins étaient semblables aux coureaux, ils avaient une voile carrée, le logement du gabarier était sous le pont arrière. Le tonnage était inférieur à 15 tonnes. Ils étaient destinés à naviguer en moyenne Dordogne et à la remonte. La remonte, permettait d'alimenter le "haut pays" en sel, poissons séchés ou salés (sardines, morues), huile d’olive, savon, sucre, café, soie et bois exotiques…Elle était cependant moins importante que la descente. Elle se faisait avec l'aide de la marée, du vent (voiles) notamment sur la partie aval. En amont, après Castillon, il était fréquent d'avoir recours à la tire ou halage. Le chemin de halage longeait la rivière, les tireurs pouvaient être au nombre de 20 à 30, de 80 à 100 quand il fallait franchir des passages difficiles. Au XVIIIe siècle les tireurs ont été remplacés par des bœufs.

Florissante du XVIIe siècle à une bonne partie du XIXe siècle, la batellerie a réduit son activité par la suite, à cause notamment des épidémies de phylloxéra et l’arrivée du train.

Le tourisme fluvial et de plaisance a remplacé cette vieille navigation, c’est un facteur majeur de développement économique.

La chanson des gabariers.

C'était le temps des gabariers, Qui descendaient au fil de la Dordogne Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient Du haut pays jusqu'en basse Gascogne Le beau voyage en vérité Entre les bois dans les gorges profondes Le beau voyage au fil de l'onde Au temps des Gabariers En ce temps-là notre belle rivière Coulait gaiement sous les ponts de chez nous On aimait voir folâtrer son eau claire Reflets d'argent dansant sur les cailloux Je me souviens on chargeait les gabares A Spontour au pied de notre maison Les fiers lurons en larguant les amarres Nous quittaient en chansons C'était le temps des gabariers, Qui descendaient au fil de la Dordogne Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient Du haut pays jusqu'en basse Gascogne Le beau voyage en vérité Entre les bois dans les gorges profondes Le beau voyage au fil de l'onde Au temps des Gabariers Quand ils disaient que l'eau était marchande Le moment était venu de partir Ils quittaient Jeanne, Marie ou Fernande Mais quand on part c'est pour mieux revenir Les échalas charges sur les gabares Ils s en allaient au fil des hautes eaux Pendant trois jours et sans lâcher la barre Ils voguaient vers Bordeaux C'était le temps des gabariers, Qui descendaient au fil de la Dordogne Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient Du haut pays jusqu'en basse Gascogne Le beau voyage en vérité Entre les bois dans les gorges profondes Le beau voyage au fil de l'onde Au temps des Gabariers
Dordogne Gabarres Généalogie
http://www.genea24.fr/blog/index.php?post/2020/11/07/Gabarres-et-autres-bateaux-de-la-Dordogne

D'où venaient les pionniers de l’Acadie?

Sun 20 Sep 2020 - 14:09

Acadie Nouvelle3 décembre 2017

Pour nombre d’entre eux, partis de diverses provinces françaises au XVIIe siècle, il est très difficile de savoir d’où ils étaient originaires et la première difficulté est le manque d’archives originelles les concernant, celles-ci ayant disparu lors du Grand Dérangement, archives qui auraient indiqué leur provenance.

Sur le premier recensement d’Acadie de 1671, document original conservé aux Archives d’outre-mer à Aix-en-Provence, nous ne trouvons ni mention du lieu d’origine, ni les noms de leurs parents restés en France.

Les origines qui ont pu être retrouvées pour un petit nombre de migrants qui étaient inscrits sur des rôles de navire ou avaient passé des contrats d’engagements chez un notaire. Certains renseignements ont ainsi de pouvoir confirmer des origines: par exemple, Guillaume Trahan de Bourgueil en Anjou et son épouse Françoise Corbineau partis sur le Saint-Jean en 1636, avec leur fille Jeanne (future épouse de Jacques Bourgeois, pionnier d’Acadie bien connu). Ils s’étaient mariés à Chinon le 13 juillet 1627 (Source: Jean-Marie Germe, 1986). Également plus facile pour les personnages historiques pour lesquels il y avait quelques indices comme Nicolas Denys de Tours, Charles de Menou à Charnizay ou Françoise-Marie Jacquelin à Nogent-le-Rotrou, dont les baptêmes ou l’origine ont été retrouvés et publiés par M. Germe dans les bulletins AGCF.

Des similitudes de noms ne peuvent suffire à inscrire leurs origines avec certitude. On retrouve les patronymes acadiens dans beaucoup de départements français. Ainsi en 1963, une hypothèse, dans une étude linguistique, a été émise proposant, sur des ressemblances de noms, qu’une grande partie des migrants acadiens étaient du Loudunais (Généralité de Tours jusqu’à la Révolution). Cette hypothèse a très vite été reprise comme certitude, certains n’hésitant pas ensuite à accommoder l’Histoire. Ainsi on peut lire encore de nos jours que Théophraste Renaudot, dans la Gazette de France en 1632, aurait relaté le départ des Loudunais avec Razilly parti d’Auray en Bretagne en 1632!

Lorsqu’on lit la Gazette de France originale du 14 juillet 1632, sauf erreur, on peut noter qu’Isaac de Razilly (Commandeur de l’Île Bouchard en Touraine ) est parti d’Auray en Bretagne avec 300 hommes d’élite et 3 capucins, mais dont la provenance n’est pas mentionnée.

Deux filles Brin baptisées à la Chaussée en Loudunais, seraient ainsi, selon cette hypothèse, les filles Brun recensées en Acadie en 1671. Or, il n’y a pas de document qui atteste d’un lien avec l’Acadie; les noms de leurs mères sont différents ainsi que le lieu-dit de résidence. Comment pouvoir être certains qu’elles sont sœurs et que ce sont les mêmes que celles recensées en Acadie?

Un Etienne Rebecheau est recensé à la Chaussée, mais ne quittera jamais la Chaussée où il baptise des enfants et y décède le 24 février 1718. Par conséquent, il ne peut pas être Etienne Robichaud recensé en Acadie en 1671 dont on ne sait rien. Est-il né en France, est-il né en Acadie?

L’origine d’Antoine Bourc, qui figure également sur le Recensement d’Acadie de 1671, est toujours inconnue, et ce malgré l’installation d’une plaque à son nom dans une église. Comme pour les autres pionniers, personne ne connaît les noms de ses parents.

Deux baptêmes en 1627 ont été trouvés au nom de Jeanne Chebrat, l’un à Poitiers (Poitou) l’autre à la Chaussée (Anjou à l’époque). Mais personne ne connaît les noms des parents de Jeanne Chebrat recensée en Acadie, donc il est impossible de dire si l’une d’elles est la migrante. Il en existe peut-être d’autres ailleurs en France.

Pour l’Acadie, pour annoncer une origine française à leurs descendants, il ne faut se fier qu’aux archives retrouvées qui la confirment.

Marie-Christine Chaillou (Poitiers)
Les Amitiés Généalogiques Canadiennes-Françaises

Acadie Généalogie
https://www.acadienouvelle.com/mon-opinion/2017/12/03/dou-venaient-pionniers-de-lacadie/

A quel âge se marie-t-on selon les époques ? - Apprendre la généalogie

Fri 21 Aug 2020 - 16:36

A partir de quel âge peut-on se marier en France ? Et doit-on demander l’autorisation de ses parents ?

Oui, ce sont 2 questions différentes, il ne faut pas confondre l’âge nubile (en droit, cela désigne quelqu’un qui est en âge d’être marié) et la majorité matrimoniale (âge auquel une personne peut s’engager dans les liens du mariage sans autorisation de ses parents) !

Jusqu’à la Révolution : dans le droit canonique (autorité catholique), l’âge nubile et la majorité matrimoniale étaient de 12 ans pour les filles et de 14 ans pour les garçons. Et un édit de Henri II entré en vigueur en 1556 et valable jusque 1792 fixait la majorité à 30 ans pour les garçons et 25 ans pour les filles.

Loi du 20 septembre 1792 : mariage à partir de 13 ans pour les filles et 15 ans pour les garçons, mais avec le consentement des parents jusque 21 ans.

Code civil de 1804 : la nubilité est à 15 ans pour les filles et 18 ans pour les garçons, la majorité matrimoniale à 21 ans pour filles et 25 ans pour les garçons !

Loi du 21 juin 1907 : Il faudra attendre 100 ans pour que la majorité matrimoniale soit également fixée à 21 ans pour les garçons.

Loi du 5 juillet 1974 : On peut se marier sans le consentement de ses parents à partir de 18 ans.

Depuis 2006 : La nubilité est ramenée à 18 ans aussi pour les filles…

Généalogie mariage
https://apprendre-genealogie.fr/a-quel-age-se-marie-t-on-selon-les-epoques/

De la Révolution à nos jours - Le mariage dans tous ses états - Herodote.net

Fri 21 Aug 2020 - 16:28

Le XVIIIe siècle ou Siècle des Lumières est aussi le siècle du clair-obscur, mêlant le pire et le meilleur, avec des comportements divergents face au mariage, selon que l'on appartient aux classes supérieures ou aux classes populaires.

Ces divergences se retrouvent aux siècles suivants et jusqu'à nos jours avec la concurrence entre mariage arrangé et mariage d'amour, entre pudibonderie et liberté sexuelle, entre soumission de la femme et émancipation.
...

Généalogie mariage
https://www.herodote.net/Le_mariage_dans_tous_ses_etats-synthese-644.php

Attention aux faux sites payants d’état-civil

Thu 20 Aug 2020 - 12:20

Cela ressemble à une arnaque : Plusieurs sites payants vous proposent de vous fournir une copie d’un acte d’état-civil. Pourtant, les généalogistes qui recherchent des actes récents peuvent les recevoir gratuitement. Voici comment éviter de tomber dans le piège.

Si les actes d’état civil anciens sont consultables en ligne (sauf quelques exceptions) sur les sites des archives départementales, la période récente est plus difficile pour les recherches. En effet, la protection de la vie privée, sujet important en France, dicte des règles strictes pour empêcher la diffusion de détails personnels ou familiaux pouvant toucher des personnes encore vivantes.

Par exemple, le site des archives départementales de Loir-et-Cher ne propose pas en ligne, à ce jour, d’actes d’état-civil numérisés après 1899.

Pour vous procurer une copie des actes d’État-civil récents, il vous faut utiliser l’une des deux options suivantes :

  • Les mairies : il faut vous déplacer sur place (profitez-en pour visiter les lieux d’habitation de vos ancêtres) ou envoyer un courrier.
  • Internet : il faut passer par un service en ligne pour faire une demande d’acte.

C’est normalement totalement gratuit, sauf peut-être une participation possible aux frais d’envoi.

Oui, mais voilà… certains ont senti une opportunité d’activité.

Les faux sites d’état civil

C’est un fait, tout généalogiste aura besoin, tôt ou tard, de se procurer un acte d’état civil récent.
Pour répondre à ce besoin, plusieurs sites proposent aux généalogistes de leur fournir les copies des actes d’état civil recherchés.

Quel est le problème ?

Il fallait s’y attendre… ces sites vous feront payer l’obtention de vos actes à hauteur, parfois, de plusieurs dizaines d’Euros.

Quelle est la stratégie de ces sites ? Comment font ces sites pour attirer des clients et leur facturer des prestations ?

  • Premièrement, il faut reconnaître que ce type de pratique est légal. Ces sites assurent bien un service d’intermédiaire et livrent réellement les actes à leurs clients. C’est leur service (obtention et livraison de l’acte) qui est payant et non pas l’acte en lui-même.

  • Ensuite, pour que ces sites puissent légalement exister, il faut qu’ils ne trompent pas leurs utilisateurs : Ils ne doivent pas se faire passer pour un quelconque service administratif, ni arborer les logos ou les chartes graphiques des sites officiels. Sur ce sujet, il faut bien dire que plusieurs sites dépassent la limite, selon moi.

  • Enfin, pour attirer les clients, ces sites parient sur l’utilisation des moteurs de recherche. Ils se positionnent en première place des résultats de recherche, soit en payant des emplacements publicitaires soit en travaillant leur référencement. Comme chacun sait, les premières places sur les pages de résultats garantissent une grande quantité de visites sur le site destinataire.

En résumé, si ces sites apportent un vrai service et sont légaux, dans l’ensemble… ils jouent sur la méconnaissance des personnes.

La presse et la télévision (voir le reportage ci-dessous) ont déjà évoqué ces sites mais il m’a semblé utile d’en parler ici pour prévenir les lecteurs de Généalogie Pratique.

Le site officiel : Service-public.fr

Pour demander vous-même et gratuitement les actes d’état-civil (Actes de naissance, actes de mariage ou actes de décès) dont vous avez besoin pour vos recherches généalogiques, une seule adresse à retenir :

Service-public.fr

Généalogie service-public état-civil
https://www.genealogiepratique.fr/attention-aux-faux-sites-payants-detat-civil/

Un site de la généalogie commerciale change d'actionnaire - BlogGenWeb

Tue 11 Aug 2020 - 21:26

Créé en 1996 par les Mormons, le site Ancestry était depuis quelques années la propriété du fond souverain de Singapour (GIC) et de Silver Lake Management une firme d'investissement new-yoirkaise. Ce site, vient d'être revendu 4.7 Milliards de dollars au fond d'investissement Blackstone à ne pas confondre avec l'autre fond d'investissement au nom similaire Blackrock

Ancestry autoproclame à la fois leader des tests ADN et plus grand site de généalogie du monde. Blackstone est le plus grand propriétaire de biens immobiliers du monde et a acheté 75% des actions Ancestry. D'après le communiqué de presse, Ancestry a 3 millions d'abonnés (à 50 $/an) à ses activités généalogiques et dégage plus d'1 milliard de revenus par an. En lisant entre les lignes, cela veut donc dire que plus de 850 millions proviennent du commerce de l'ADN. Blackstone a aussitôt été interrogé par Vice sur les aspects de vie privée et a assuré ne pas avoir accès aux données ADN des personnes ayant confié leur ADN à Ancestry et ne pas partager les données ADN et les arbres généalogiques hébergés par Ancestry avec les autres sociétés que possède le fond d'investissement (vous remarquerez que ça n'interdit nullement de le monétiser ailleurs....). L'article de Vice conclut en disant "quand on livre son ADN a une entreprise, du fait des rachats de société, on ne sait jamais qui en sera propriétaire"

Plusieurs généalogistes américains se sont émus de ce rachat car la société Blackstone a plusieurs fois été accusée de se comporter de manière amorale. En particulier elle a donné à l'émigration US les listes d'hôtes hispaniques qui étaient dans sa chaine d'hôtel Motel6, elle est le principal soutien de la déforestation de l'Amazonie. Enfin les rapporteurs de l'ONU Leilani Farha et Surya Deva ont accusé Blackstone d'avoir une politique d'expulsion des locataires agressive afin d'assoir ses profits.

Des sites comme Komando recommandent aux utilisateurs de retirer leurs données. Mais comme le commente Dick Eastman sur son blog il serait illusoire de penser qu'Ancestry ne possède pas de sauvegarde de ses données : "essayer de retirer ses données c'est comme refermer la porte de l'écurie alors que les chevaux sont sortis".

ancestry données-personnelles Généalogie
http://www.francegenweb.org/blog/index.php?post/2020/08/11/Un-site-de-la-g%C3%A9n%C3%A9alogie-commerciale-change-d-actionnaire
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