A new European law goes into effect on May 25, 2018, that will require changes for almost everyone who publishes information online. In my opinion, this is a very good law. However, if you write a genealogy blog or collect email addresses for those who read your genealogy data online, you need to be aware of the changes that might be required of your web site.
Even though the General Data Protection Regulation (GDPR) is a European law, it affects almost everyone who publishes information online. Just because you live in North America or in Asia doesn’t mean you can ignore this new law. The law covers privacy requirements, and we all live in a digital world where data privacy is of the utmost importance. If you have one or more readers in Europe, you need to comply with the new law. In fact, I would suggest everyone should follow the new guidelines simply as a matter of common sense, regardless of where your readers reside. Compliance should be easy.
The General Data Protection Regulation, otherwise referred to as GDPR, is new legislation that strives to put the control back in the hands of European Union citizens when it comes to their personal information. Since it will require changes to web sites worldwide, the result will be better privacy for all of us, regardless of where we live.
Once the new law goes into effect, an individual can retrieve details on what personal information is being held about him or her, who is using it, how they’re using it, and how it’s being stored. Additionally, information is to be provided on how individuals can request copies of this data, and even more, they can request to be completely deleted from the web site’s database (which goes beyond the simple “Unsubscribe” button).
Will this affect you? The answer is “Yes” if your answer is affirmative for any of these questions:
Do you have a newsletter list with at least one person in the European Union?
Have you posted at least one Facebook ad to advertise your blog or other information you publish online?
Are you maintaining a mailing list to be used on social media?
Do you use PayPal or Square or any other type of eCommerce platform to accept credit card payments your readers or customers?
If you answered “Yes” to any of the above questions, you must comply with the new law. That is true with you make money with your web site or not, even nonprofits must comply with the new law. Luckily for you, compliance is easy.
The primary thing to remember is that individuals in the European Union must explicitly opt-in to communications from you. You cannot add anyone in the European Union to your mailing list without that person’s stated permission. You cannot just add someone to your email list because they asked you a question; they must have given explicit permission to be added to the mailing list.
Likewise, when anyone in the European Union asks to be deleted from your mailing list, you must delete that person’s information immediately. That is referred to as “opt-out” of the mailing list. There are to be no exceptions.
With GDPR, you must be able to provide an audit trail of how and when each person opted-in, should you ever be asked to provide substantiation.
Most mailing list software, such as MailChimp or Mailer Lite or FeedBlitz (which is used by the eogn.com web site), already complies with the new GDPR law. The bigger risk is for someone who MANUALLY maintains a mailing list and is unaware of the new law’s requirements. Fines for noncompliance could cost $20 million Euros. And… yes, the European courts have legal methods of collecting those fines from North American violators of the new law.
Purchasing a mailing list online and sending unsolicited emails to the list has always been a poor business practice, but now it will become illegal. Of course, sending spam mail will become illegal, but I suspect the new law won’t impact spam mail very much. Those who send spam mail have always ignored most other laws, and I suspect they will ignore the new law as well.
If you have questions about the General Data Protection Regulation, you should consult your legal counsel for additional information. You can also read more at the new law’s support page at https://www.eugdpr.org/ as well as on hundreds of web sites by starting at https://duckduckgo.com/?q=%22https%3A%2F%2Fwww.eugdpr.org%2F%22&t=hg&ia=web.
Pour l’heure, en France, la loi protège l'intimité génétique de chacun. Mais la Suisse est sur le point de craquer. Et demain, les assurances trieront-elles leurs clients en fonction de leurs gènes? 3 mars 2018
Êtes-vous le seul propriétaire de vos gènes? Qui d’autre que vous peut avoir accès au prodigieux coffre-fort informatif que constitue votre patrimoine génétique? Durant des millénaires ces questions ne se posèrent pas: personne ne disposait de la clef. Et les assurances privées n’avaient pas été inventées. Vint la découverte de l’ADN. C’était dans la seconde partie du siècle dernier. Puis tout s’emballa dans l’ivresse d’une quête scientifique et médicale aux parfums d’eldorado.
Les assureurs sont très intéressés par nos données
Inaccessible, le coffre-fort génétique devint visible. Puis de plus en plus accessible. Se substituant aux cartomanciens, les généticiens annonçaient des miracles prédictifs. L’esprit de conquête, de lucre et la publicité suivirent: vous pouvez aujourd’hui (un prélèvement de salive, quelques cheveux ou une goutte de sang suffisent) connaître quelques aperçus d’une vérité personnelle, génétique et généalogique. Il vous suffit pour cela de contacter 23andme (c’est l’exemple le plus célèbre) ou l’une des entreprises similaires –comme la belge DNAVision du transhumaniste français Laurent Alexandre.
Dans ce nouveau contexte, quid de la préservation de l’intimité biologique héréditaire? Rempart contre cette irrésistible dynamique planétaire au service de la transparence génétique: la France, ses valeurs et son corpus législatif de bioéthique. Officiellement, tout y est verrouillé depuis les premières lois de 1994 transposées dans l’article 16-10 du code civil:
«L'examen des caractéristiques génétiques d'une personne ne peut être entrepris qu'à des fins médicales ou de recherche scientifique. Le consentement exprès de la personne doit être recueilli par écrit préalablement à la réalisation de l'examen, après qu'elle a été dûment informée de sa nature et de sa finalité. Le consentement mentionne la finalité de l'examen.»
Or la situation évolue aujourd’hui à très grande vitesse, outre-Atlantique mais aussi en Suisse:
«Notre gouvernement vient de soumettre au Parlement un projet de loi sur l’analyse génétique humaine. C’est un modèle du genre, ce texte prend en compte la subtilité des enjeux en une dentelle juridique destinée à protéger les citoyens de tout abus et à leur garantir la maîtrise de leur génome, explique à Slate.fr le Dr Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la Revue Médicale Suisse. Cette loi fait comme si notre pays était un monde étanche, fermé sur lui-même. La réalité, celle du marché mondial du séquençage et de la loi de la jungle qui y règne, n’est qu’à peine évoquée. Mais il n’y a pas que cela.»
Il poursuit:
« La politique suisse a aussi, comme celle des autres pays, ses forces qui sont loin d’avoir la défense de la personnalité de chacun comme objectif. Ainsi, sous pression du lobby des assureurs, une commission du Parlement chargée d’une première lecture de ce projet de loi lui a infligé un sérieux coup de canif. Elle a demandé que les assurances sur la vie –ou celles couvrant l’invalidité– puissent exiger, à partir d’un certain montant de couverture, d’avoir accès à toutes les analyses génétiques déjà effectuées par la personne. Que ce soit dans un cadre médical ou de manière libre, sur internet par exemple.
Si le Parlement accepte ce que lui propose sa commission, les citoyens suisses feront bien d’éviter toute analyse génétique, y compris sur internet (les clauses de confidentialité n’empêchent pas toujours de vendre la liste des clients). Ils feraient bien aussi de refuser de participer à toute bio-banque et aux recherches susceptibles de séquencer leur génome. Sans indication médicale vraiment impérative, le mieux pour eux serait de rester dans le vieux monde de l’ignorance génétique. Car il est dans l’ordre des choses que si le Parlement ouvre cette brèche, quantité d’autres lobbies voudront aussi accéder à l’intimité génétique de chacun.»
En France
Qu’en est-il en France? Ce questionnement s’inscrit dans le cadre général de la connaissance par les assureurs des «données de santé», données dites «sensibles» et qui, à compter du 25 mai prochain, feront l’objet du «Règlement général sur la protection des données» (RGPD). Pour l’heure ces données sont clairement protégées par un ensemble de dispositions incluant le secret médical et le respect d’un code de bonne conduite. Si l’on excepte les contrats d’assurance complémentaire santé (collectifs ou individuels) qui interdisent la prise en compte de ces données et les indemnisations de dommages corporels, ce sont les contrats d’assurance en cas de décès et ceux inhérents à des emprunts bancaires importants (pour projets immobiliers notamment) qui sont ici concernés.
«Dans certains cas, la déclaration sur l’honneur peut être suffisante, précise-t-on à Slate.fr auprès de la Fédération Française de l’Assurance (FFA). Dans d’autres situations, en fonction des montants, une visite médicale peut être demandée ainsi que des investigations complémentaires. Mais dans tous les cas le cadre général de la protection des données est impérativement respecté.»
On peut y ajouter les récentes «dispositions relatives au “droit à l’oubli”», dont peuvent désormais théoriquement bénéficier les malades guéris de pathologies qui, hier, leur interdisaient l’accès aux assurances.
Cette situation apparaît d’autant plus solide que l’interdiction qui est faite aux assureurs français d’avoir recours aux tests génétiques est inscrite à la fois dans le code de la santé publique, dans le code des assurances et dans le code pénal (sanctions prévues: jusqu’à 225.000 euros d’amende).
«Tous les traitements de données de santé sont fortement encadrés, outre le respect de la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978 et du pack de conformité assurance de la CNIL, tous les traitements de données de santé sont couverts par le secret professionnel, ce qui implique l’intervention d’un médecin conseil ou d’un membre du personnel spécifique, souligne-t-on auprès de la FFA. Et l’entrée en application du RGPD ne modifiera pas le fondement légal de ces traitements.»
«Vous cibler pour vous vendre tel ou tel produit, ou éventuellement vous refuser telle ou telle assurance»
Il est difficile d’imaginer que cette situation restera très longtemps figée. Les puissants opérateurs français de l’assurance (et ceux, internationaux, de la réassurance) ne cachent nullement leur intérêt pour l’évolution du cadre et des pratiques dans le monde anglo-saxon.
«Pour notre part, si nous devions exprimer un regret, ce serait celui de ne pas pouvoir avoir accès aux données publiques françaises anonymisées dont dispose notamment aujourd’hui l’Assurance Maladie», nous explique-t-on auprès de la FFA. Une Assurance Maladie qui vient d’ailleurs d’être mise en demeure par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) d’améliorer sous trois mois son système de protection informatique des milliards de données personnelles de santé qu’elle détient.
Aucune volonté chez les assureurs français de violer les libertés individuelles et le secret médical. Mais bien le souci assurantiel consubstantiel d’ajuster au mieux leurs calculs pour des prises maximales de profit fondées sur une connaissance approfondie du risque.
De ce point de vue les assureurs français sont dans une situation paradoxale, corsetés dans leur impossibilité d’avoir une connaissance des risques prédictif –et ce alors que ces mêmes risques sont de plus en plus fréquemment et planétairement affichés par les premiers concernés (voir «Nebula Genomics» ou «Patientslikeme»). Cette dynamique est d’autant plus rapide que les prix des tests génétiques ne cessent de s’effondrer et que chacun peut y avoir accès (y compris en France où ils sont officiellement interdits).
«Il faut ici faire la part entre les simples “analyses génétiques” désormais facturées une centaine d’euros et les “séquençage complet” de l’ADN, de l’ordre du millier d’euros, auxquels il faut ajouter le coût des interprétations, nous explique le généticien moléculaire Bertrand Jordan. Outre-Atlantique les premiers succès ont été assurés à 23andMe par l’engouement massif pour la quête génétique généalogique de ses origines –et ce alors que la solidité des informations à prétention médicale pouvait aisément être mises en doute. Puis vinrent les contrats entre ces firmes et celles des entreprises pharmaceutiques.»
Au final, selon Bertrand Jordan, «23andMe» aura réussi à accumuler un ensemble de données génétiques et cliniques auxquelles l’industrie pharmaceutique accorde aujourd’hui une grande valeur –tout en faisant financer cette collecte par les patients eux-mêmes.
«Profils génétiques, informations médicales, et bientôt séquence d’ADN (obtenue dans le cadre des contrats passés avec Genentech, Pfizer ou d’autres), tout cela intéresse beaucoup de monde, assurances, marketing pharmaceutique, qui peuvent, au vu de ces informations, vous cibler pour vous vendre tel ou tel produit, ou éventuellement pour vous refuser telle ou telle assurance, écrivait déjà Bertrand Jordan dans la revue Médecine/Sciences en 2015.
Les garanties que donne l’entreprise ne peuvent être totalement rassurantes: on a vu avec Google et Facebook comment ces promesses pouvaient se diluer au fil du temps, ou même être carrément oubliées, et on sait aussi qu’une séquence d’ADN “anonyme” peut assez facilement être rattachée à une personne précise. Notre “intimité génétique’” est en danger (…), le problème est général, mais particulièrement aigu pour ce qui concerne notre santé et notre génome. Oui, décidément, nous risquons bien d’assister à la fin de la vie privée, ou tout au moins d’une certaine idée de l’intimité.»
Trois ans plus tard, la menace ne cesse de croître. Et le citoyen français informé des menaces et des enjeux, ne peut que regretter que le sujet soit étrangement absent de l’agenda de ses États généraux de la bioéthique –une entreprise pourtant démocratique qui nous interroge officiellement sur «le monde que nous voulons pour demain».
À dire vrai, depuis un siècle ou presque, assureurs ou pas, l’alternative finale ne change guère: Aldous Huxley ou George Orwell.
Les actes de naissance, les actes de reconnaissance et les actes de mariage ainsi que les registres de l'état civil qui les contiennent, datant de moins de soixante-quinze ans, ne peuvent être directement consultés que par les agents de l'Etat habilités à cet effet et les personnes munies d'une autorisation écrite de l'administration des archives, conformément à l'article L. 213-3 du code du patrimoine. Au-delà de ce délai, l'accès de toute personne à ces actes et registres est régi par les dispositions du chapitre III du titre Ier du livre II du même code.
A l'exception des actes de décès dont la communication est de nature à porter atteinte, compte tenu des circonstances du décès, à la sécurité des personnes qui y sont désignées et qui est opérée conformément aux dispositions du 3° du I de l'article L. 213-2 du même code, les actes de décès sont librement communicables conformément à l'article L. 213-1 du code du patrimoine.
I. – Les archives publiques sont communicables de plein droit à l'expiration d'un délai de :
1° Vingt-cinq ans à compter de la date du document ou du document le plus récent inclus dans le dossier :
a) Pour les documents dont la communication porte atteinte au secret des délibérations du Gouvernement et des autorités responsables relevant du pouvoir exécutif, à la conduite des relations extérieures, à la monnaie et au crédit public, au secret en matière commerciale et industrielle, à la recherche par les services compétents des infractions fiscales et douanières ou au secret en matière de statistiques sauf lorsque sont en cause des données collectées au moyen de questionnaires ayant trait aux faits et comportements d'ordre privé mentionnées aux 4° et 5° ;
b) Pour les documents mentionnés au 1° du I de l'article L. 311-5 du code des relations entre le public et l'administration, à l'exception des documents produits dans le cadre d'un contrat de prestation de services exécuté pour le compte d'une ou de plusieurs personnes déterminées lorsque ces documents entrent, du fait de leur contenu, dans le champ d'application des 3° ou 4° du présent I ;
2° Vingt-cinq ans à compter de la date du décès de l'intéressé, pour les documents dont la communication porte atteinte au secret médical. Si la date du décès n'est pas connue, le délai est de cent vingt ans à compter de la date de naissance de la personne en cause ;
3° Cinquante ans à compter de la date du document ou du document le plus récent inclus dans le dossier, pour les documents dont la communication porte atteinte au secret de la défense nationale, aux intérêts fondamentaux de l'Etat dans la conduite de la politique extérieure, à la sûreté de l'Etat, à la sécurité publique, à la sécurité des personnes ou à la protection de la vie privée, à l'exception des documents mentionnés aux 4° et 5°. Le même délai s'applique aux documents qui portent une appréciation ou un jugement de valeur sur une personne physique, nommément désignée ou facilement identifiable, ou qui font apparaître le comportement d'une personne dans des conditions susceptibles de lui porter préjudice.
Le même délai s'applique aux documents relatifs à la construction, à l'équipement et au fonctionnement des ouvrages, bâtiments ou parties de bâtiment utilisés pour la détention des personnes ou recevant habituellement des personnes détenues. Ce délai est décompté depuis la fin de l'affectation à ces usages des ouvrages, bâtiments ou parties de bâtiment en cause ;
4° Soixante-quinze ans à compter de la date du document ou du document le plus récent inclus dans le dossier, ou un délai de vingt-cinq ans à compter de la date du décès de l'intéressé si ce dernier délai est plus bref :
a) Pour les documents dont la communication porte atteinte au secret en matière de statistiques lorsque sont en cause des données collectées au moyen de questionnaires ayant trait aux faits et comportements d'ordre privé ;
b) Pour les documents relatifs aux enquêtes réalisées par les services de la police judiciaire ;
c) Pour les documents relatifs aux affaires portées devant les juridictions, sous réserve des dispositions particulières relatives aux jugements, et à l'exécution des décisions de justice ;
d) Pour les minutes et répertoires des officiers publics ou ministériels ;
e) Pour les registres de naissance et de mariage de l'état civil, à compter de leur clôture ;
5° Cent ans à compter de la date du document ou du document le plus récent inclus dans le dossier, ou un délai de vingt-cinq ans à compter de la date du décès de l'intéressé si ce dernier délai est plus bref, pour les documents mentionnés au 4° qui se rapportent à une personne mineure.
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (C.N.I.L) vient de délibérer en matière de traitement de données à caractère personnel contenues dans des informations publiques aux fins de communication et de publication par les services d’archives publiques le 12 avril 2012 (délibération n° 2012-113).
Les documents comportant des données à caractère personnel sont dans son collimateur, et la présente délibération va nécessairement avoir des conséquences pour les généalogistes.
La CNIL émet un principe général qui veut que les archives qui contiennent de telles données appellent une protection particulière au regard de la loi « Informatique et libertés ».
La numérisation, la publication, la diffusion ou toute autre mise à disposition sous quelque forme que ce soit ainsi que l'indexation de documents d'archives de manière nominative constituent un traitement de données à caractère personnel au sens de l’article 2 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée. Il en résulte donc que les traitements opérés sont soumis aux formalités prévues au chapitre IV de la loi de 1978.
Une ruelle de la commune de Longueil dans le Pays de Caux (580 hab) dont est originaire Charles Le Moyne qui a donné le nom à la commune homonyme de Longueuil au Québec (240 000 hab).
Avec l’avènement d’Internet, la recherche généalogique est devenue plus accessible et se démocratise de plus en plus. Preuve en est avec le développement récent de sites dédiés à la généalogie (Ancestry, Geneanet, MyHeritage, etc.). Au Québec, elle connaît un véritable engouement et la création d’émissions télévisées qui mettent en scène des personnalités québécoises en quête de leurs origines en est le meilleur exemple. D’ailleurs, l’affirmation de l’identité québécoise (où le français est la seule langue officielle) au sein d’un Canada majoritairement anglophone n’est sûrement pas étrangère à cette activité.
Depuis quelques années, on constate en France l’émergence d’un tourisme généalogique québécois. Pourtant, cette nouvelle forme de tourisme reste confidentielle alors que son potentiel de développement économique ne serait pas négligeable à l’échelle locale, notamment pour les territoires ruraux qui ont vu partir bon nombre de pionniers. Alors, le tourisme généalogique peut-il répondre aux enjeux de redynamisation de ces campagnes qui sont de plus en plus vieillissantes et de moins en moins attractives ? Voici quelques éléments d’éclairage avec l’exemple de la région normande où ses nombreux pionniers ont laissé une descendance prolifique au Québec et dont le potentiel touristique généalogique est encore peu exploité par les acteurs territoriaux.
La maison ancestrale de Jean Giguère à Tourouvre-au-Perche (Orne), ancêtre de tous les Giguère d’Amérique du Nord. angelanoelle/Flickr
L’immigration vers la Nouvelle-France : un pan méconnu de l’histoire française
Après la découverte de l’actuel Québec par Jacques Cartier en 1534, le Royaume de France prend possession des lieux et fonde la Nouvelle-France. Après plusieurs tentatives avortées, la campagne de colonisation initiée par Samuel de Champlain en 1608 puis par la Compagnie des Cent-Associés en 1627 – notamment motivée par le commerce de fourrures – est la bonne. Dès lors, plusieurs centaines de pionniers principalement originaires des provinces de Normandie, du Perche (dont son territoire sera intégré en partie à la Normandie en 1789), d’Aunis et de Saintonge (correspondant actuellement à l’ex région Poitou-Charentes) partent défricher ce nouveau territoire dans l’espoir d’une vie meilleure.
Plaque honorifique en l’honneur des ancêtres Hamel du Québec et d’Amérique du Nord dans l’église Saint-Jacques de Dieppe (Seine-Maritime). Philippe Aubry/Flickr
Par la suite, plus de 800 femmes appelées « Filles du Roy » sont envoyées en Nouvelle-France pour se marier et fonder une famille avec les hommes sur place. Elles proviennent généralement d’orphelinats ou d’hôpitaux des villes de Dieppe, La Rochelle, Paris ou Rouen et sont âgées de 15 à 30 ans. La population de la Nouvelle-France doublera rapidement après l’arrivée de ces jeunes femmes et une nouvelle vague de nouveaux migrants de moindre importance viendra par la suite s’y installer au XVIIIe siècle. Par conséquent, il est fortement probable aujourd’hui qu’un québécois d’origine « canadien-français » ait plusieurs ancêtres parmi ces pionniers du XVIIe et XVIIIe siècles.
Plus de deux millions de Québécois porteraient un nom de famille hérité d’un ancêtre normand
Parmi les dix noms de famille les plus portés actuellement au Québec, quatre d’entre eux proviennent exclusivement d’ancêtres originaires de l’actuelle Normandie (Tremblay, Gagnon, Côté et Gagné) et cinq d’entre eux en contiennent partiellement (Roy, Gauthier, Morin, Lavoie et Fortin). Citons le plus prolifique d’entre eux, Pierre Tremblay, originaire de Randonnai (Orne) et dont son nom est désormais porté par plus de 80 000 québécois avec une descendance estimée à 150 000 personnes en Amérique du Nord. Pour l’anecdote et pour bien mesurer la descendance laissée notamment par les percherons au Québec, le géographe Élisée Reclus disait de la commune de Tourouvre (Orne) qu’elle fut « le lieu d’Europe qui a contribué, pour la plus grande part, au peuplement du Nouveau Monde ». Pas étonnant que cette commune accueille depuis 2006 le Musée de l’émigration française au Canada.
Distribution des immigrants (masculin et féminin) en Nouvelle-France par province d’origine. (Charbonneau et Guillemette, 1994)
La Normandie et l’ancienne province du Perche ont fourni 843 des 3303 individus partis peupler la Nouvelle-France (voire carte ci-dessus), soit environ un quart du contingent français. Mais d’après mes estimations personnelles à partir de diverses sources d’informations (sites généalogiques, bases de données publiques, etc.), environ un tiers des Québécois d’origine « canadien-français » porteraient un patronyme hérité d’un ancêtre originaire de Normandie, soit une population estimée de 2 à 2,5 millions de personnes. Si l’on rajoute les ancêtres féminins, la descendance laissée par les hommes et femmes originaires de Normandie sur la population québécoise est probablement beaucoup plus conséquente.
Source : Reportage du JT de France 2 (25/09/2017) : « Normandie, des Québécois en quête de leurs racines ».
Le tourisme généalogique : un levier de développement local pour les territoires ruraux ?
Le potentiel touristique généalogique est donc bien réel en Normandie si on tient compte du nombre important de Québécois concernés et de leur engouement pour la généalogie. D’ailleurs, j’ai cartographié ce potentiel touristique par commune après avoir identifié l’ensemble des ancêtres normands (masculin et féminin) qui ont laissé une descendance au Québec jusqu’à nos jours (cette recension n’est pas encore totalement exhaustive). En effet, les lieux de mémoire de ces ancêtres se concentrent presque exclusivement dans leur commune d’origine (maison ancestrale, église de baptême et/ou mariage, rue portant son nom, etc.).
Cette géographie communale d’origine de ces ancêtres montre deux choses :
Un potentiel touristique qui est hétérogène géographiquement (les 5 départements normands sont concernés même si celui de l’Eure le semble moins que les autres).
Outre trois villes de taille moyenne ou importante (Rouen, Dieppe et Caen), de nombreuses communes rurales sont concernées par ce potentiel, généralement dans des espaces ruraux peu attractifs économiquement et vieillissants (Perche, Pays de Caux, Pays d’Auge et le sud-Manche).
Cartographie du potentiel touristique généalogique québécois en Normandie. François Raulin (2017)
D’autres sites touristiques régionaux très fréquentés (Le Mont-Saint-Michel, Giverny, le Memorial de Caen, etc.) ainsi que plusieurs lieux ayant un lien avec l’histoire du Québec (Musée de l’émigration française au Canada de Tourouvre, cimetières canadiens de Dieppe et de Bény-sur-Mer, port de Honfleur qui a vu le départ de plusieurs expéditions de Samuel de Champlain, etc.) ont été rajoutés dans cette carte afin de mieux se rendre compte de ce potentiel touristique.
Dès lors, si les acteurs publics et privés du territoire décidaient de capter ce potentiel (élus locaux et entreprises dédiées au tourisme notamment), il est certain que ces territoires ruraux bénéficieront directement de retombées économiques locales (établissements hôteliers, restaurants, etc.). Face aux enjeux (difficiles) de la redynamisation des espaces ruraux, est-ce que cette nouvelle forme de tourisme peut-elle être une réponse (certes modeste) aux territoires concernés ?
CyberAcadie - Un site Web sur l'histoire des Acadiens et de l'Acadie a disparu des écrans quand j'ai vérifié ce 2 juin 2024. Voici le texte de l'article récupéré sur web.archive.org
En Acadie, comme dans toutes les cultures, la langue est intimement liée à la question identitaire. Petit îlot francophone dans une mer anglophone qu'est l'Amérique du Nord, l'Acadie de l'Atlantique associe la langue française à un véritable outil de promotion nationale.
L'appellation «français acadien» sert à désigner le dialecte parlé dans les provinces de l'est du Canada. Le français acadien est, avec le français québécois, l'une des deux variétés d'origines du français canadien. Le français acadien se distingue non seulement de la référence que constitue le français parisien, mais il diffère des autres variétés canadiennes de français qui se rattachent surtout au français québécois. Le caractère particulier du français acadien et son statut actuel sont le résultat de nombreux facteurs d'ordre historique, politique et social qui ont marqué la communauté de langue française qui vit aujourd'hui en Acadie et à laquelle a donné naissance un groupe de colons venus de France dans la première moitié du 17e siècle.
Les premières familles qui se sont établies en Acadie sous les auspices du sieur d'Aulnay sont issues de plusieurs régions françaises, mais les efforts de recrutement étant effectué dans certaines régions spécifiques, un grand nombre de ces ménages proviennent de l'ouest de la France, principalement : Poitou, Aunis, Saintonge, Guyenne et Pays Basque. Les recherches de Geneviève Massignon confirment ce fait. Elle a relié les noms de familles acadiennes avec ces mêmes noms retrouvés dans l'ouest de la France. Ainsi, presque la moitié de la descendance acadienne tire ses origines de cette partie de la France située au sud de la Loire. Ce fort pourcentage a forcément eu une incidence sur les caractéristiques culturelles de la communauté acadienne, notamment sur son parler, et permet par ailleurs d'expliquer les différences que l'on observe entre les communautés acadiennes et québécoises sur le plan de la langue, puisque moins du tiers de la descendance québécoise est issue de cette région française.
Une grande partie du vocabulaire des parlers populaires d'Acadie est d'origine poitevine-saintongeaise (émigration du 17e siècle). Au 17e siècle, dans la région centre ouest de la France, on parlais le poitevin et le saintongeais (poitevin-saintongeais), un patois qui a tendance à disparaître. On parlait le poitevine-saintongeaise en Vendée, ancien Bas-Poitou, dans les Deux-sèvres, la Vienne, la Charente-Maritime, la Charente, le nord de la gironde. Les parlers des Mauges (49), du Pays de Retz (44) gardent de nombreux traits poitevins.
Pour ce qui est de la Nouvelle-France (Québec actuel), plus de la moitié des colons proviennent des provinces situées au nord de la Loire (Normandie, Perche, Île-de-France, Anjou, Maine, Touraine, Bretagne, Champagne et Picardie), un tiers d'entre eux étaient originaires de provinces situées dans l'ouest de la France et au sud de la Loire et le reste des pionniers venaient de provinces qui ont fourni assez peu d'immigrants à la colonie.
Plusieurs facteurs ont agi sur le développement du français acadien, dont l'éclatement de la communauté acadienne en 1755 par le biais du Grand Dérangement, l'isolement géographique qui s'ensuivit, l'absence de droits linguistiques pendant plus d'un siècle et, bien sûr, le voisinage d'une forte majorité anglophone souvent hostile et peu ouverte au fait français. La langue parlée par les Acadiens (le français acadien) est distincte du français standard et du français québécois. Le français acadien est original dans la mesure où il s'est enrichi des contacts avec les anglophones et les Amérindiens, en plus des mots hérités de la France du centre-ouest du 17e siècle. Faire zire, abrier et hardes sont des archaïsmes dont l'usage est encore courant dans certaines régions acadiennes. Le parler de La Sagouine, ce personnage célèbre de l'écrivaine Antonine Maillet, est devenu un genre d'archétype de la langue acadienne. Or, contrairement à la croyance populaire, le parler de La Sagouine constitue un accent acadien parmi tant d'autres. En réalité, l'accent de La Sagouine est peu représentatif du français acadien moderne.
Après le Grand Dérangement, les Acadiens ont formé des enclaves francophones çà et là sur le territoire des provinces de l'Atlantique. C'est grâce à la formation de ces îlots francophones que la majorité des Acadiens ont échappé à l'anglicisation. Toutefois, la distance séparant ces enclaves et leur situation minoritaire par rapport aux anglophones ont créé plusieurs variantes dans le parler acadien. C'est en parcourant les régions francophones des provinces de l'Atlantique qu'on peut constater ces variantes régionales.
Les variantes linguistiques en Acadie ne correspondent pas aux frontières interprovinciales, ni aux limites communautaires. Comme dans toute culture, le français acadien peut varier selon les individus, les générations et les groupes socio-économiques. Les parlers varient beaucoup à l'intérieur d'une même province, tant au niveau de la phonétique que du lexique. Prenons l'exemple de la Nouvelle-Écosse où le parler de Chéticamp au Cap-Breton ressemble peu à celui de la baie Sainte-Marie, mais se rapproche davantage du parler du sud-est du Nouveau-Brunswick. À Terre-Neuve, la colonisation de la péninsule de Port-au-Port s'est en partie effectuée par des Acadiens du Cap-Breton. Ainsi, le parler franco-terre-neuvien actuel s'apparente beaucoup à celui de la région de Chéticamp.
image de l'Aire géolinguistique du domaine acadien Pour sa part, le français acadien du Nouveau-Brunswick est riche de plusieurs parlers régionaux. Dans le nord-ouest et le nord-est de la province, vu la proximité géographique du Québec, il y a une nette influence québécoise sur la langue. Puisque les Acadiens de ces deux régions sont à forte majorité francophone, leur usage de mots anglais est plutôt rare. La réalité des Acadiens du sud-est de la province est cependant toute autre. Selon la linguiste acadienne Louise Péronnet, le parler traditionnel du sud-est du Nouveau-Brunswick est le plus représentatif du français acadien. On y retrouve deux parlers distincts : le premier est traditionnel, et le second, le chiac, est le parler de la nouvelle génération acadienne du sud-est du N.-B.. Le chiac est le résultat des nombreux contacts avec la communauté anglophone, surtout dans le milieu urbain de Moncton. Langue urbaine, le chiac se caractérise par le mélange du français, de l'anglais et du vieux français. Plus que partout ailleurs en Acadie, l'alternance et l'emprunt à l'anglais sont fréquents, pour ne pas dire naturels, dans les communautés acadiennes du sud-est du Nouveau-Brunswick. De plus en plus d'artistes acadiens (sud-est du N.-B.) écrivent en chiac, autant en littérature qu'en chanson. D'ailleurs, l'écriture en parler régional (non seulement en chiac) est un courant qui se manifeste dans les quatre provinces de l'Atlantique.
La première chose qui saute aux yeux, en observant la distribution actuelle de la population, est que les limites du domaine linguistique acadien ne correspondent pas à des frontières politiques. L’Acadie consiste, comme nous venons de le voir, en un ensemble d'agglomérations francophones réparties dans cinq provinces canadiennes et qui débordent sur le territoire de deux autres pays (les États-Unis et la France). Par ailleurs, les communautés acadiennes sont souvent noyées dans un environnement anglophone, ce qui contraste avec la situation de la communauté québécoise qui occupe un territoire relativement étendu et où ce sont les groupes anglophones qui sont circonscrits par les francophones.
Cette situation a des conséquences sur les plans politique et sociolinguistique. Par exemple, l'Acadie ne peut, contrairement au Québec, pratiquer une véritable gestion de sa langue. Elle est soumise à quatre juridictions différentes, si on se limite aux provinces Atlantiques. La majorité de la population acadienne, soit un quart de million de francophones, se situe à l'intérieur du Nouveau-Brunswick, concentrés dans trois grandes régions : celles de nord-ouest, du nord-est et du sud-est. La population de langue française représente aujourd'hui un peu plus de 20 % de la population totale des provinces Atlantiques, proportion s'élevant à quelque 34 % au Nouveau-Brunswick. On comprendra que, dans ces conditions, le fait français dans les provinces Atlantiques est constamment menacé.
L'Acadie, de par son histoire, est aujourd'hui une entité constituée de plusieurs communautés acadiennes dispersées sur un large territoire. Ces disparités géographiques ont favorisé les régionalismes linguistiques, d'où le besoin de prendre en compte la répartition géolinguistique de chaque acadianisme.
Cette répartition est très variable selon les cas : certains mots sont en usage un peu partout et peuvent se trouver également au Québec (ex. : mitaine, garrocher, achaler) alors que d'autres, très répandus, se limitent à l'Acadie, laissant supposer une origine très précise dans l'ouest de la France (ex. : bâsir, bouchure, cagouet, chalin, zire) où se trouvent d'ailleurs les principales sources lexicales acadiennes. Les acadianismes qui sont attestés un peu partout sur le territoire linguistique acadien reflètent à peu près 20 % des usages linguistiques.
Les influences linguistiques étrangères, notamment celle du français québécois, ont affecté la vitalité des acadianismes dans certaines régions. Plus l'influence du français québécois est grande, plus la masse démographique acadienne doit être importante pour la contrecarrer. Certaines régions, comme la Basse-Côte-Nord, les îles de la Madeleine et le sud de la Gaspésie, tous peuplés d'Acadiens à l'origine, témoignent davantage aujourd'hui de l'influence linguistique québécoise. Le même phénomène se produit aux îles Saint-Pierre et Miquelon, d'abord habitées par des Acadiens venus de France après la signature du traité de Paris en 1763. L'influence de la France tend aujourd'hui à effacer la couleur acadienne qui a prévalu sur ces îles à ses débuts. Enfin, il est évident que l'influence de la langue anglaise est un facteur décisif dans la vitalité linguistique francophone de certaines régions acadiennes, telles que la côte ouest de Terre-Neuve, la région de Tignish sur l'Île-du-Prince-Édouard et la région de Pomquet en Nouvelle-Écosse.
Ces différentes influences expliquent qu'aujourd'hui, la zone linguistique la plus homogène se trouve dans les régions acadiennes des provinces Maritimes où le nombre élevé de locuteurs francophones favorise sa vitalité linguistique. Le pourcentage d'acadianismes retrouvés un peu partout dans les provinces Maritimes est deux fois plus élevé que celui qui englobe tout le territoire linguistique acadien, évalué précédemment à environ 20 %.
L'isolement des différentes communautés acadiennes a fait en sorte que presque la moitié des usages ne sont attestés que dans certaines régions bien spécifiques : des acadianismes ne sont relevés que dans une seule région (ex. : assaye dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, rempart sur l'Île-du-Prince-Édouard), tandis que d'autres sont utilisés un peu plus largement dans deux ou trois régions avoisinantes (ex. : gorziller et baraque au Cap Breton et aux îles de la Madeleine). Les régions avoisinant le golfe du Saint-Laurent ont souvent en commun des termes de pêche inusités ailleurs (ex. : chafaud, saline, nove); cette distribution s'explique par le contact régulier des pêcheurs des différentes régions, alors que la mer agissait autrefois comme principal moyen de déplacement et donc, d'échange. Pour certaines régions insulaires, cette dépendance est toujours actuelle.
Certaines attestations régionales ne correspondent pas à un territoire homogène; cette répartition sporadique peut s'expliquer en partie par le vieillissement de certains termes, entraînant leur absence dans certaines régions (ex : caristeaux, foulerie, perlache). Dans d'autres cas, le mystère demeure quant à leur répartition disparate (ex : rusillon, attesté au sud-est du N.-B., au sud-ouest de la N.-É. et sur la Basse-Côte-Nord).
image aires géolinguistique du domaine Cadien La Louisiane joue un rôle non négligeable dans la vitalité du lexique acadien en Amérique du Nord. Longtemps isolés de leurs racines acadiennes, les Cadiens Louisianais ont conservé des termes qui ont presque disparu des provinces de l’Atlantique aujourd'hui et qu'on peut dénicher dans certaines régions isolées, derniers bastions d'une partie du patrimoine lexical acadien. Nous avons répertorié, par exemple, une trentaine d'acadianismes du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse dont on n'a pu retrouver d'autres traces qu'en Louisiane (ex : embaucher, niger, pienque).
Enfin, ce n'est pas parce qu'une région comprend une plus forte population acadienne que nous y trouvons plus d'acadianismes; ce sont plutôt les régions le plus à l’abri des autres influences linguistiques (notamment celle du français québécois) qui renferment le plus grand nombre d'acadianismes. On retrouve, par exemple, un nombre élevé d'acadianismes dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, en comparaison avec le nord-ouest du Nouveau-Brunswick qui, pourtant, représente un nombre de francophones beaucoup plus important.
Les acadianismes répertoriés tirent leur origine de trois principales sources : les langues gallo-romanes (comprenant les parlers de France et le parler de l'Île-de-France), la langue anglaise et les langues amérindiennes (notamment le micmac). Sur l'ensemble des emplois traités, 90 % semblent découler des parlers gallo-romans (dont 50 % ont été relevés dans les dictionnaires français ou les parlers régionaux), 6 % à l'anglais et 3 % aux langues amérindiennes. 1 % des mots sont d'origine inconnue ou obscure.
Les acadianismes d'origine française constituent donc la partie la plus importante du lexique acadien étudié. Pour ces mots dont l'origine a pu être bien délimitée, nous pouvons attester que 55 % d'entre eux sont hérités des parlers régionaux de France (dialectalismes) et que 45 % d'entre eux proviennent du français général de l'époque (archaïsmes). Parmi les mots consignés dans les dictionnaires français, quelques-uns présentent des attestations plus anciennes en Acadie qu'en France (ex.: décolleur, piqueur, vigneau). Pour les mots dont les origines françaises sont incertaines, plusieurs d'entre eux semblent pouvoir se rattacher à la langue française en présentant soit une extension de sens d'un mot déjà consigné (acadianisme sémantique) ou encore en étant un dérivé d'un mot français (acadianisme formel).
La consultation de nombreux ouvrages traitant des régionalismes en France nous permet de rapprocher les acadianismes de leurs régions d'origine : l'ouest atteste presque la moitié des acadianismes relevés. Viennent ensuite le nord-ouest qui en compte entre 15 et 20 %, le centre avec moins de 10 %, et le nord et l'est avec moins de 5 %. Ces pourcentages sont éloquents : plus de la moitié des acadianismes hérités des parlers de France peuvent être retrouvés dans l’ouest, d'où sont partis les premiers colons français venus peupler l'Acadie. Ces données viennent en outre appuyer les travaux de Genevève Massignon à ce sujet. Enfin, il est intéressant de noter les nombreux cas d'attestations d'acadianismes dans les parlers de Bourgogne, pourtant une région assez éloignée de l'Ouest.
Quant à ce qu'on appelle traditionnellement des «archaïsmes», ce sont des emplois qui faisaient partie de la langue générale au moment de la colonisation et qui, depuis, ne sont plus en usage en France, alors qu'ils continuent d'être employés en Acadie. On trouve généralement ces emplois sans marque dans les dictionnaires généraux des 17e, 18e ou 19e siècles, mais ils ne sont plus attestés dans les dictionnaires contemporains ou y sont présentés avec les marques «vieux», «vieilli» ou «archaïque». Le faible pourcentage d'archaïsmes relevés dans les emplois d'origine gallo-romane (23 %) remet en cause la croyance populaire qui veut qu'une bonne partie, voire la majorité du lexique acadien, soit issue de l'ancien ou du moyen français. Il est intéressant de constater que beaucoup de ces emplois continuent de vivre non seulement en Acadie, mais dans les parlers régionaux de France (marqué vieux ou régional dans les dictionnaires) (par ex. : haim ou platin ).
Plusieurs des archaïsmes relevés ont eu une longue vie en français et ne sont tombés dans l'oubli qu'au cours du dernier siècle. Nous pensons à des mots comme espérer, au sens d'«attendre», attesté depuis le 12e siècle jusqu'en 1870. Baillarge, relevé au début du 15e siècle et qui n'a reçu le statut régional qu'à partir de 1900. Certains archaïsmes sont tombés après avoir été en concurrence avec un synonyme pendant un certain temps. Ainsi en est-il de bailler qui, relevé au 12e siècle par Godefroy, attesté ensuite au 16e siècle chez Dupuys, a perdu de sa popularité au profit de «donner» dès la fin du 17e siècle. Aviser a subi le même sort : attesté chez Dupuys au 16e siècle, il est considéré d'usage «bas» dès la fin du 17e siècle, pour être finalement remplacé par «apercevoir». Aviser est toutefois demeuré très vivant dans les parlers régionaux. Mitan, relevé au 12e siècle par Godefroy, a perdu ses lettres de noblesse en français dès le 17e siècle devant «milieu», mais demeure également très répandu dans les parlers régionaux. On peut encore citer le verbe hucher qui a cédé le pas devant «crier» depuis le 17e siècle, mais qui est toujours très usité en région.
D'autres acadianismes hérités de France ont été consignés parce qu'ils ont aujourd'hui, en France, la marque «littéraire» alors qu'ils sont d'usage courant en Acadie. C'est le cas par exemple de déconforter, bénaise ou serein.
Dans la catégorie de mots tirés du domaine gallo-roman, certaines recherches linguistiques indiquent en outre des rapports avec le vocabulaire maritime. Nos données semblent confirmer cette hypothèse : certains termes ont gardé le sens maritime, en devenant tout simplement un terme d'usage général (ex.: noroît, fayot), tandis que d'autres termes ont évolué sémantiquement pour représenter davantage une réalité qui n'avait plus nécessairement de rapport avec la vie des marins (ex.: amarre, paré, débarquer, abrier et balise).
Enfin, à partir de mots hérités de France, les Acadiens ont souvent innové. Par exemple, pilot, en référence à la culture du sel dans l'ouest de la France, a été repris dans un sens beaucoup plus large en Acadie. Outre des extensions de sens à partir de termes maritimes, on trouve également de nombreuses innovations sémantiques pour rendre compte des réalités géographiques, naturelles, culturelles et sociales du Nouveau Monde (par ex.: violon ; passe-pierre ; marionnettes et lances).
L'apport d'anglicismes dans le français acadien n'est pas un phénomène nouveau. Ces emprunts ont été repris directement de l'anglais (ex.: feed , berry) ou ont été intégrés au français après une adaptation formelle et phonétique (ex. : buckwheat deviendra bocouite ; to bail deviendra béler). D'autres ont fait l'objet d'une traduction (ex. : trial deviendra assaye).
Quant à l'apport amérindien, malgré l'importance des Amérindiens dans la survie et le développement de la communauté française en Acadie au début de la colonisation, peu d'amérindianismes ont été intégrés au français acadien. En raison du fait que les systèmes linguistiques en présence (français et le plus souvent micmac) n'avaient absolument rien en commun, les emprunts ont fait l'objet de transformations qui rendent parfois difficile la recherche de l'origine amérindienne (par ex. : neskawe deviendra escaouette; kwemoo deviendra couimou) ; l'exemple de maskwe qui a donné de nombreuses variantes (machcoui, maskoui, machecoui, machekoui, mashcoui, mashquoui) montre bien la difficulté pour les Français de comprendre la langue amérindienne.
Enfin, un pourcentage non négligeable d'acadianismes est d'origine vague ou inconnue. Ce purgatoire» comprend quelquefois des termes servant à définir les réalités géographiques, naturelles, culturelles et sociales du Nouveau Monde, et semble constituer des innovations formelles ou sémantiques acadiennes (ex.: bûcherie, passe-pierre).
Dans un dernier temps, il faut signaler l'importance de la répartition géolinguistique dans l'étude historique. Des données, comme l'attestation de certains acadianismes dans les aires des îles Saint-Pierre et Miquelon et en Louisiane, ont souvent apporté un éclairage essentiel à la compréhension de certains faits linguistiques, notamment en permettant de mieux dater ces faits. Ainsi, un exemple intéressant à ce sujet est le mot poutine, que certains auteurs ont rattaché à la forme anglaise pudding; cette hypothèse peut être plausible en considérant qu'il s'agit ici de deux plats de cuisine. La forme poutine est cependant attestée en Louisiane, ce qui suppose qu'elle fut courante durant et peut-être avant le 18e siècle; cette présence à l'époque de la dispersion jette alors un doute sérieux sur ses origines anglaises, puisque les emprunts à l'anglais étaient alors quasi inexistants.
- Abrier : Couvrir, mettre à l'abri. S'abrier avec une couverture. Attesté partout en Acadie et au Québec.
- Amarre : Toute corde, ficelle, câble servant à lier, à attacher. Amarre de souliers. Attacher un piquet avec une amarre. En France, amarre signifie «cordage servant à attacher un bateau à un point fixe ou à attacher divers objets dans un bateau».
- Assaye : Procès en cours de justice. Avoir son assaye dans trois semaines.
- Aviser : (1) Apercevoir, regarder attentivement. On a avisé l'ours tout d'un coup. S'aviser dans un miroir. – (2) Se renseigner (attesté en Louisiane)
- Baillarge : Orge, comme dans soupe au baillarge. Au Québec, on dit orge ou encore barley dans la locution soupe au barley.
- Bailler : Donner. Bailler son argent, bailler du travail à quelqu'un. (Note historique : Héritage de France ; attesté en français dès le milieu du 12e siècle. La forme bailler garde en Acadie au 20e siècle le statut qu'elle avait au début du 17e siècle en France, c'est-à- dire qu'elle maintient un usage souvent aussi fréquent que son synonyme donner.
- Balise : Arbuste placé de manière à indiquer le tracé d'une route, d'un chemin en hiver.
- Béler : Écoper, vider, notamment en parlant de l'eau accumulée dans une embarcation. Béler l'eau de sa chaloupe avec un seau.
- Bénaise : Content, heureux. Je suis bénaise de vous voir.
- Berry : Airelle vigne d'Ida (Vaccinium vitis- idaea), plante rampante qui produit de petits fruits rouges, pouvant être employés dans la confection de gelée ou de sauce, tout comme la canneberge.
- Bocouite : Sarrasin. Farine de bocouite, crêpe de bocouite.
- Bûcherie : Travail communautaire organisé pour couper du bois, notamment du bois de chauffage.
- Couimou : Nom commun donné au plongeon, notamment le plongeon huard (Gavia immer) et le plongeon catmarin (Gavia stellata).
- Débarquer : Sortir d'un véhicule. Nous débarquons d'une voiture comme les marins d'un navire, d'une barque.
- Décolleur : Personne qui tranche la tête de la morue et vide le poisson de ses entrailles, après qu'il eut été ouvert par le «piqueur».
- Déconforter : Se décourager. (Note historique : Héritage de France ; attesté en français comme verbe transitif dès 1050 sous la forme desconforter, puis déconforter depuis la fin du 17e siècle. Relever en outre sous la forme pronominale dans les parlers du Nord et du Nord Ouest, et transitif en Anjou).
- Escaouette : Danse exécutée par les quêteurs de la chandeleur. La danse de l'escaouette.
- Espérer : (1) Attendre quelqu'un ou quelque chose. J'espère le courriel. Espérer un enfant : être enceinte. (2) Attendre de faire quelque chose. Espérer à gagner la loterie.
- Fayot : Partie comestible du haricot (Phaseolus vulgaris), comprenant soit les cosses, soit les graines seules (fèves). Fayot blanc, vert ; Cosse de fayots. Soupe aux fayot. Au Québec, fève désigne le haricot, soit le fayot acadien, tandis que fève en Acadie désigne la grosse fève (Vicia Faba), soit la gourgane au Québec.
- Feed : Nourriture, notamment du grain moulu, pour animaux de ferme. Feed de cochon, de cheval. Sac de feed.
- Haim : Hameçon. Jeter son haim à l'eau. Aussi relevé sous la graphie «aim».
- Hucher : Appeler quelqu'un à haute voix. Hucher à son voisin, hucher fort.
- Machcoui : Écorce du bouleau blanc qui servait autrefois d'isolant pour les murs et les toitures.
- Marionnettes (Lances) : Aurore boréale, manifestation lumineuse déclenchée pas l'activité du soleil sur les électrons dans l'atmosphère qui éclairent par certains soirs les régions polaires du ciel de brillants jeux de couleur aux mouvements incessants.
- Mitan : Milieu, centre. Le mitan de la place. Le poêle au mitan de la cuisine.
- Noroît : Vent qui souffle du Nord-ouest.
- Paré : Prêt. Le souper est paré. Es-tu paré pour partir ?
- Passe-pierre : Plantain maritime, herbe comestible affectionnant les sols salés, poussant en touffes de petite taille dans les marais.
- Pilot : Tas, pile. Pilot de bois. Mettre en pilot; mettre (des morues) en tas pour les faire sécher.
- Piqueur (ou piqueux) : Personne qui ouvre la morue (poisson) avec un couteau pointu pour qu'elle soit ensuite vidée de ses entrailles par le «décolleur».
- Platin : Terrain bas et humide au ras de l'eau, qu'on exploite notamment pour la culture du foin, et qui peut être inondée périodiquement par la débâcle du printemps ou par les fortes marées de printemps ou d'automne. En France, le platin s'associe davantage à la partie de la plage ou du haut-fond qui subit l'action quotidienne des marées.
- Poutine : Mot d'un emploi universel en Acadie, pouvant désigner cinq ou six mets différents (Poutine râpée ; Poutine à trou ; Poutine à la râpure …). À ne pas confondre avec la «Poutine» au Québec, qui est un met à basse de pomme de terre frite, fromage et sauce.
- Serein : Humidité ou fraîcheur dans l'air à la tombée du jour.
- Vigneau : Table en treillis construite en bordure de l'eau, sur laquelle on fait sécher la morue au soleil, après que le poisson ait été vidé et salé.
- Violon : Mélèze laricin (Larix laricina), conifère atteignant 19 à 22 mètres de hauteur, qui se dépouille de ses feuilles à l'automne et dont le bois résiste à la pourriture. Bois de cet arbre. Bois et écorce de violon. Au Québec, on dit épinette rouge.
Liens intéressants ( à rechercher et confirmer)
Dictionnaire français / poitevin-saintongeais en ligne
Dictionnaire acadien-français
Dictionnaire Poitevin-saintongeais
Histoire (ou plutôt "istoere") de la langue poitevine-saintongeais
Source
texte, définitions et images : Dictionnaire du français acadien, Yves Cormier, Éditions Fides, 1999.ISBN 2-7621-2166-3,
Dernière mise à jour : ( 20-08-2008 )
Société Généalogique Canadienne-Française