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 La revue de web de Kat

Nouvelle Acadie

Fri 17 Aug 2018 - 21:52

La présente partie fait suite à la première intitulée «La colonie française de l'Acadie, 1604-1755». Après la déportation, l'Acadie a pu revivre et se transformer dans une forme autre que coloniale ou celle d'un État autonome ou souverain. L'Acadie contemporaine ne forme pas un État, mais elle existe néanmoins. C'est la suite de l'Histoire des Acadiens qui est présentée ici: la Nouvelle Acadie, celle d'après la déportation de 1755,et de ce qu'elle deviendra avec le retour des Acadiens dans les Maritimes (voir les cartes sur l'évolution des établissements acadiens). Mais la Nouvelle Acadien n'est pas géographique, elle est culturelle et historique.

Acadie
http://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/Nlle-France-Acadie2.htm#1.5_Le_salut_par_les_colonies

Les Acadiens "habitants" en Guyane 1772-1853

Fri 17 Aug 2018 - 21:43

L'examen détaillé des généalogies et des résultats économiques des habitations des quartiers de Kourou, de Sinnamary et d'Iracoubo entre 1772 et 1853montre que les colons Acadiens, venus en Guyane dans le cadre de la désastreuse "expédition de Kourou" de 1764, ont plutôt bien réussi leur implantation, contrairement aux conclusions avancées par la plupart des spécialistes de la période. Ce constat nous amène à relancer le débat sur l'émergence de véritables cultures paysannes, via la société d'habitation, parallèlement ou en dehors de la société de plantation.

Acadie Guyane
http://genealogie.dalbiez.eu/Habitants%20Acadiens%20Guyane.htm

Il était une fois l’Amérique française du 05 septembre 2012 - France Inter

Fri 10 Aug 2018 - 15:34

Jacques Cartier n'était pas le premier européen à fréquenter le Saint-Laurent mais il savait en dire les beautés, il savait aussi le surnommer: "le fleuve qui marche" , disait-il. On lui doit aussi le mot "Canada" .

Mais l'Amérique française, c'est bien davantage que le Canada de Cartier.

Il y a aussi, en Atlantique Nord, des îles, Terre Neuve, Saint Pierre et Miquelon et l'Acadie. Et au Sud, la Louisiane, à entendre comme un gigantesque espace entre Grands Lacs et golfe du Mexique, Appalaches et Rocheuses. Jacques Cartier n'a peut-être pas découvert le Canada mais les Français ont arpenté le Grand Ouest avant les cow-boys.

La Nouvelle France, s'émerveillait Bougainville, au milieu du XVIIIe, peu avant sa fin, c'était bien plus de territoire qu'il n'y en avait en Europe. ...

Cliquer sur le lien pour écouter l'émission.

Acadie Amérique histoire
https://www.franceinter.fr/emissions/la-marche-de-l-histoire/la-marche-de-l-histoire-05-septembre-2012#icon_player-embed

Les déclarations de Belle-ile

Fri 10 Aug 2018 - 10:02

Déclarations de généalogie des familles Acadiennes établies à Belle-Ile-enMer en 1767, relevées par l'association Racines et rameaux français d'Acadie aux archives Départementales du Morbihan.

Acadie Belle-Île Généalogie
http://www.rrfa.fr/bull/declgenealogie.pdf

Les Acadiens de Belle-Île-en-Mer | Le Devoir

Thu 26 Jul 2018 - 19:20

Nous venons tous, plus ou moins, d’une lignée d’océan, de mer et d’eaux vives. Notre collaboratrice Monique Durand nous présente cet été une série d’articles où se mêlent petite et grande histoire dans les vents de l’Atlantique. Trajectoires de femmes et d’hommes qui nous ont précédés, illustres inconnus pour la plupart, creusant jusqu’à nous leur sillon dans la chair du temps.

Ils arrivaient enfin quelque part. Sur ce petit fragment de France détaché de la Bretagne appelé Belle-Île-en-Mer. Après des années d’errance, ils abordaient une nouvelle vie sur la grève de Palais, porte d’entrée de Belle-Île. Ils pouvaient enfin poser leurs enfants et leurs bagages.

Au cours des années qui suivirent le Grand Dérangement de 1755, des milliers d’Acadiens furent dispersés dans les ports anglais et français. Ils furent nombreux aussi à croupir dans les prisons britanniques — Southampton, Bristol, Liverpool — jusqu’à la signature du Traité de Paris, en février 1763. Par ce traité, la France cédait à l’Angleterre, entre autres, toutes ses possessions du Canada, sauf Saint-Pierre-et-Miquelon, et lui rendait Minorque en échange de Belle-Île-en-Mer, que les Anglais occupaient depuis deux ans. L’île bretonne, à 15 kilomètres au large de Quiberon, était convoitée pour son climat tempéré, l’abondance de ses ressources en eau douce et sa position hautement stratégique, au carrefour des routes maritimes qui allaient de la Manche jusqu’à l’Espagne.

Rien ne prédestinait l’Acadie et Belle-Île-en-Mer à voir leurs destins liés. Après le Traité de Paris, Louis XV négocie le rapatriement des Acadiens prisonniers en Angleterre, « ces Français fidèles à leur roi et à leur religion », écrit feu Jean-Marie Fonteneau, spécialiste de Belle-Île. Puis il lance une sorte d’appel d’offres auprès de tous les intendants de France : 3 500 Acadiens se trouvent à la disposition de ceux qui pourraient les accueillir et leur fournir des terres.

Plus de vingt offres d’accueil furent proposées et c’est Belle-Île-en-Mer qui remporta la mise. Pillée et dévastée par les occupants anglais, elle avait besoin de main-d’oeuvre pour la remettre sur pied et cultiver les terres abandonnées. C’est ainsi que 78 familles, des Leblanc, des Granger, des Thomas, des Mélanson, au total 363 Acadiens, dont 211 enfants, s’établirent sur l’île perdue dans l’Atlantique, après que trois de leurs représentants s’y soient rendus pour examiner les lieux.

Formidable citadelle

Il y eut d’abord de longs mois d’attente à Morlaix et à Saint-Malo, le temps de régler les modalités d’installation et l’épineux problème de la distribution des terres. Ils arrivèrent enfin, en quatre groupes, à l’automne 1765. Le dernier groupe toucha terre à Belle-Île le 30 octobre par une retentissante tempête sur la mer. Ballottés dans l’écume, à travers la pluie et le grain, les exilés virent bientôt apparaître la formidable citadelle de Vauban qui, des siècles après sa construction, mange encore tout entier le paysage quand les voyageurs d’aujourd’hui arrivent sur l’île. Peut-être les Acadiens furent-ils un tant soit peu rassurés d’imaginer leur nouvelle vie sous la protection d’une telle forteresse ?

Mais tout n’était pas gagné. Il leur faudrait encore affronter les natifs de Belle-Île, qui allaient leur tenir rigueur de ce que le Roi de France les prenait sous son aile et leur fournissait animaux, instruments aratoires et solde. Un boeuf, un cheval, une charrette et trois faucilles furent distribués à chaque famille. Quelques Bellilois « de souche » seront même déplacés pour céder des terres aux Acadiens. En plus, ces derniers parlaient français, alors que les Bellilois, eux, parlaient breton. L’accueil réservé aux émigrés fut pour le moins mitigé.

Les familles acadiennes avaient demandé d’être regroupées dans un seul village. Elles voulaient enfin pouvoir se serrer les unes contre les autres, dans une proximité qu’elles n’avaient plus connue depuis de longues années. Mais ce fut peine perdue. Leurs terres seront réparties entre une quarantaine de villages « afin que tous les habitants ne fassent qu’un seul esprit et qu’un même peuple », écrit le gouverneur de l’île, le baron de Warren. Ces « honnêtes gens », les qualifia-t-il, acceptèrent de bon gré. Tout était mieux que l’errance et la prison.

Ils travaillèrent comme des forcenés, de l’aurore jusqu’à la nuit, pour construire leurs maisons et cultiver les terres souvent les plus ingrates de l’île. Plusieurs demeures qu’ils ont construites existent toujours à Belle-Île-en-Mer. On peut voir, apposée sur certaines d’entre elles, un petit écriteau marqué « 1766 », ces quatre chiffres, plus évocateurs et plus émouvants que n’importe quelle autre trace de leur installation sur l’île.

Les nouveaux venus s’engageaient à rester à Belle-Île au moins dix ans, jusqu’au 1er janvier 1776. Après cette décennie belliloise, plusieurs remirent le cap sur l’Amérique et tout particulièrement sur la Louisiane. Mais certains firent souche sur une île qui était un peu devenue la leur. Ils avaient été reconnus propriétaires de leur parcelle et avaient acquis un état civil français.

Un territoire profondément acadien

Aujourd’hui encore, Belle-Île-en-Mer respire littéralement l’Acadie. Et quand on aborde ce paradis aux paysages contrastés de landes rases et de falaises, un long et lent parfum d’histoire monte jusqu’à vous. Il y a le « Quai de l’Acadie », où les traversiers venus du continent déversent touristes, villégiateurs et gens du cru. Il y a les maisons, les villages qui portent le sceau des Acadiens. Des monuments, des croix de chemin à leur mémoire. Des échanges, des colloques. Mais là où l’Acadie est la plus présente, c’est au fond des êtres. Le tiers des 5 000 habitants de Belle-Île serait d’origine acadienne. Christine Thomas, serveuse au restaurant L’Odyssée, s’anime quand elle parle de ses racines acadiennes en servant l’agneau et les Saint-Jacques de Belle-Île aux clients attablés. Danielle Blancaneaux, née Mélanson, retraitée de l’enseignement, raconte, encore émue, cette procession du 28 juillet 2005 pour marquer le 250e anniversaire de la Déportation de 1755. À 17 h 55 précises retentirent les cloches de Bangor, le village où s’étaient établis les Granger. Hommes, femmes et enfants entonnèrent l’Ave Maris Stella, au milieu des vallons dorés cheminant vers la mer.

Maryvonne Le Gac est propriétaire d’une mercerie à Palais, À la Providence, sise dans une maison construite entre 1650 et 1700. « Avant l’arrivée des Acadiens », dit-elle. Maryvonne a fait de la perpétuation des racines acadiennes de Belle-Île le centre de sa vie. Elle passe des heures à rassembler des souvenirs, créer des contacts, organiser anniversaires et commémorations. « Ce qu’il y a d’acadien en moi ? » Elle fait une pause. « D’abord la simplicité des rapports avec les autres, des rapports sans filtres, sans couches de vernis. » Comme si ces rapports échappaient aux codes sociaux, si puissants en France. « C’est en nous », souffle-t-elle.

Le poissonnier de Palais, Herlé Lanco, né Granger par sa mère, se souvient d’une vieille amie de la famille qui portait encore des robes acadiennes. Il se souvient aussi qu’il ne faisait pas bon se dire Acadien en ces temps-là.
« Quand j’étais gamin, les gens étaient discrets sur le sujet. Aujourd’hui, on a enfin le droit d’en parler. » Mû par une sorte d’appel, il est allé en voyage de noces à Richibouctou, au Nouveau-Brunswick. « Le principal, résume-t-il, c’est de savoir qu’on vient de là. »

Mais certains jours de vague à l’âme, assis devant la mer, Herlé voudrait prendre le large. « Quand ça ne va pas, c’est à l’Acadie que je pense, c’est là-bas que j’aurais envie d’être. » Puis, comme un cri du coeur, il lâche en plaisantant : « Si y avait pas eu ces putains d’Anglais ! »

Acadie Belle-Île
https://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/415508/vents-de-mer-et-d-histoire-les-acadiens-de-belle-ile-en-mer

Escapade chez nos cousins acadiens - La Croix

Sun 10 Dec 2017 - 11:28

Dans la « vraie » vie, elle se nomme Irène Belley. Chaque année, à la belle saison, vêtue d’un fichu et d’une blouse à fleurs vieillotte, elle devient Dorine, une quinquagénaire à la langue bien pendue qui raconte aux visiteurs du « village de la Sagouine », à Bouctouche, la douloureuse saga des Acadiens.

Les Acadiens ? Des Français qui, venus du Poitou et d’Anjou, ont fait souche et prospéré, à partir de 1604, avec l’aide des Indiens micmacs, d’abord sur l’île sainte-Croix puis dans tout l’est de l’actuel Canada, sur le territoire de la province aujourd’hui nommée Nouveau-Brunswick, entre la baie de Fundy et la baie des chaleurs, près de Caraquet. Las, insiste Dorine, en 1713, par le traité d’Utrecht, Louis XIV cède aux Anglais une partie des territoires « français » sur lesquels vivent les Acadiens.

En 1755, les Anglais, qui se préparent à une nouvelle guerre contre la France, imposent aux 13 000 Acadiens un serment d’allégeance à la couronne britannique, avec l’éventualité de devoir prendre les armes contre la France. Devant leur refus massif, ils sont déportés dans les colonies anglaises (les futurs États-Unis). Quelques décennies plus tard, ceux qui ne sont pas morts de maladie ou de faim au cours de ce « grand dérangement » (c’est le terme consacré) seront autorisés à revenir sur leur territoire d’origine désormais exclusivement dominé par l’anglais et les Anglais.

Sauvés par la pomme de terre et leur joie de vivre

Village de la Sagouine./Paula Boyer

Village de la Sagouine. / Paula Boyer

« Ce qui nous a sauvés, insiste Dorine, c’est la pomme de terre et notre joie de vivre ». Cette joie de vivre, le « village de la Sagouine », avec ses maisons en bois, son phare, son poste de douane, son pont d’accès en zigzag, ses personnages hauts en couleur, la cultive avec moult spectacles et concerts de groupes acadiens comme celui du violoneux Abel Cormier. Dans ce village, on fait un saut dans les années 1940-1950.

C’est aussi un voyage dans le temps que propose, près de Caraquet, le « village historique acadien » avec ses 40 maisons anciennes venant des quatre coins de la province. La plus récente est de 1949, la plus ancienne remonte à 1770, date à laquelle un certain Jean Martin est revenu de déportation. Des « interprètes » en costume d’époque y racontent l’histoire des Acadiens, leurs coutumes ancestrales et leurs métiers traditionnels.

En déambulant de maison en maison, on acquiert néanmoins la conviction que langue et culture acadiennes sont bien vivantes. Il a pourtant fallu deux siècles pour que le bilinguisme s’impose au Nouveau-Brunswick et qu’il y ait des lycées et une université francophones. Dorine reprend : « Nous le devons à Louis J. Robichaud, premier Acadien devenu premier ministre en 1960. Lui avait dû aller au Québec pour étudier le droit. » Elle insiste : « avec ses écoles et ses hôpitaux, l’Église catholique romaine nous a également beaucoup aidés. Et puis il y a eu Antonine Maillet. »

Prix Goncourt 1979, cette écrivaine rendue célèbre par La Sagouine et Pélagie-la-charrette a largement contribué à rendre aux Acadiens leur fierté et à renouer avec le fil de leur histoire. « Nos ancêtres ont été déportés car ils voulaient garder notre langue, notre culture, notre religion catholique. Pour que nos petits-enfants continuent à parler français, il faut nous battre. Quand je vais dans les écoles, je dis aux jeunes : “arrêtez de swicher l’english”, insiste Dorine.

Un tiers des habitants du Nouveau-Brunswick sont francophones

Aujourd’hui, un tiers des habitants du Nouveau-Brunswick sont francophones. Mais, ils ont un parler bien à eux : ils ne mangent pas des toasts mais des « roties », ils « amarrent » les lacets de leurs chaussures, « embarquent dans un char » (une voiture), prennent une « assurance mourant » (assurance vie), boivent des verres de « tchekafaire » (quelque chose) et ainsi de suite.

Bleu blanc rouge avec une étoile jaune, le drapeau de la province s’affiche partout, y compris sur la façade peinte des maisons, des phares ou sur des boîtes aux lettres. Cela renforce le charme d’une escapade sur ces rivages et dans ces bourgs aux maisons colorées en bois sagement alignées, qui respirent tranquillité et prospérité.

C’est un pays attachant de forêts, de marais salés et de dunes, de tourbières (rouge vif à l’automne, leur spectacle est éblouissant), d’estuaires, de lagunes abritées, d’eau douce et salée. La mer n’est jamais très loin et dans la baie de Fundy, les marées peuvent atteindre 14 mètres : elles dévoilent, lorsque l’eau se retire à Hopewell, le pied d’étranges rochers surnommés « pots de fleurs » : creusés par les flots à la base, leur tête est couverte de végétation. La pêche est un sport national qu’il s’agisse de celle au bar rayé pratiquée, à la ligne, par les amateurs sur les plages, ou celle au homard qui mobilise les professionnels à Shédiac notamment.

Le homard bleu son emblème touristique

Comme la « tarte au sucre » et la « poutine » (frites couvertes de fromage et de sauce), ce crustacé, vendu à prix modéré, se trouve sur toutes les tables de cette province qui a fait du « homard bleu », pourtant excessivement rare, son emblème touristique. En autres curiosités aquatiques, le centre marin de Shippagan en possède quelques exemplaires d’un étonnant bleu vif tandis que Shédiac se vante de posséder le plus gros du monde, installé au milieu d’un carrefour : cette sculpture orangée en béton, longue de 11 mètres, large de 5, pèse 90 tonnes ! Les touristes adorent grimper dessus et s’y photographier.

Dans ce port propret, Ron Cormier, un ancien pêcheur reconverti dans le tourisme, propose des « croisières homard ». Pendant la virée dans la baie, il sert avec humour force explications sur ce crustacé, sa pêche (taille minimum à respecter, etc.) et sa cuisson. Pour finir, on déguste à bord un homard cuit juste ce qu’il faut, avec une salade de chou.

Amateurs de nature comblés

Dans ce Nouveau – Brunswick, moins connu que le Québec – et c’est bien dommage –, les amateurs de nature sauvage seront comblés. Ils n’auront que l’embarras du choix : marcher sur les sentiers autour de la baie de Fundy ; observer, à Saint Andrews, des baleines, des phoques, des aigles chauves au cours d’une sortie en zodiac ; guetter du haut d’un tour en bois des ours noir en liberté à Acadieville, chez Richard Gauguin, un conducteur de bus qui, l’été, a tissé au fil des ans une étrange relation avec ces plantigrades dans un coin de forêt qui lui appartient ; découvrir des sternes dans les dunes du parc national de Kouchibouguac ou des balbuzards pêcheurs près de Caraquet ; admirer les étonnantes peintures couleur bonbon vif de l’église Sainte-Cécile de Petite Rivière  ; ou encore se passionner pour les étonnantes fleurs carnivores dans les tourbières de l’île de Miscou.

Les plus courageux grimperont au sommet du phare construit au XIXe siècle sur la pointe Birch pour éviter les nombreux naufrages : de là-haut, la vue est éblouissante sur la mer, la côte et les tourbières. Partout, l’accueil des cousins acadiens sera chaleureux. Alors, n’hésitez plus, faites vos valises, pardon, « paquetez vos hardes ! ».

Acadie Canada
https://www.la-croix.com/Culture/Art-de-vivre/Escapade-chez-cousins-acadiens-2017-12-10-1200898328?google_editors_picks=true

Histoire des Acadiens et de l'Acadie - Le français acadien (dialecte) - Partie 2

Sat 30 Jan 2016 - 12:09

CyberAcadie - Un site Web sur l'histoire des Acadiens et de l'Acadie a disparu des écrans quand j'ai vérifié ce 2 juin 2024. Voici le texte de l'article récupéré sur web.archive.org

Introduction

En Acadie, comme dans toutes les cultures, la langue est intimement liée à la question identitaire. Petit îlot francophone dans une mer anglophone qu'est l'Amérique du Nord, l'Acadie de l'Atlantique associe la langue française à un véritable outil de promotion nationale.

L'appellation «français acadien» sert à désigner le dialecte parlé dans les provinces de l'est du Canada. Le français acadien est, avec le français québécois, l'une des deux variétés d'origines du français canadien. Le français acadien se distingue non seulement de la référence que constitue le français parisien, mais il diffère des autres variétés canadiennes de français qui se rattachent surtout au français québécois. Le caractère particulier du français acadien et son statut actuel sont le résultat de nombreux facteurs d'ordre historique, politique et social qui ont marqué la communauté de langue française qui vit aujourd'hui en Acadie et à laquelle a donné naissance un groupe de colons venus de France dans la première moitié du 17e siècle.

Les premières familles qui se sont établies en Acadie sous les auspices du sieur d'Aulnay sont issues de plusieurs régions françaises, mais les efforts de recrutement étant effectué dans certaines régions spécifiques, un grand nombre de ces ménages proviennent de l'ouest de la France, principalement : Poitou, Aunis, Saintonge, Guyenne et Pays Basque. Les recherches de Geneviève Massignon confirment ce fait. Elle a relié les noms de familles acadiennes avec ces mêmes noms retrouvés dans l'ouest de la France. Ainsi, presque la moitié de la descendance acadienne tire ses origines de cette partie de la France située au sud de la Loire. Ce fort pourcentage a forcément eu une incidence sur les caractéristiques culturelles de la communauté acadienne, notamment sur son parler, et permet par ailleurs d'expliquer les différences que l'on observe entre les communautés acadiennes et québécoises sur le plan de la langue, puisque moins du tiers de la descendance québécoise est issue de cette région française.

Une grande partie du vocabulaire des parlers populaires d'Acadie est d'origine poitevine-saintongeaise (émigration du 17e siècle). Au 17e siècle, dans la région centre ouest de la France, on parlais le poitevin et le saintongeais (poitevin-saintongeais), un patois qui a tendance à disparaître. On parlait le poitevine-saintongeaise en Vendée, ancien Bas-Poitou, dans les Deux-sèvres, la Vienne, la Charente-Maritime, la Charente, le nord de la gironde. Les parlers des Mauges (49), du Pays de Retz (44) gardent de nombreux traits poitevins.

Pour ce qui est de la Nouvelle-France (Québec actuel), plus de la moitié des colons proviennent des provinces situées au nord de la Loire (Normandie, Perche, Île-de-France, Anjou, Maine, Touraine, Bretagne, Champagne et Picardie), un tiers d'entre eux étaient originaires de provinces situées dans l'ouest de la France et au sud de la Loire et le reste des pionniers venaient de provinces qui ont fourni assez peu d'immigrants à la colonie.

Les variantes du français acadien

Plusieurs facteurs ont agi sur le développement du français acadien, dont l'éclatement de la communauté acadienne en 1755 par le biais du Grand Dérangement, l'isolement géographique qui s'ensuivit, l'absence de droits linguistiques pendant plus d'un siècle et, bien sûr, le voisinage d'une forte majorité anglophone souvent hostile et peu ouverte au fait français. La langue parlée par les Acadiens (le français acadien) est distincte du français standard et du français québécois. Le français acadien est original dans la mesure où il s'est enrichi des contacts avec les anglophones et les Amérindiens, en plus des mots hérités de la France du centre-ouest du 17e siècle. Faire zire, abrier et hardes sont des archaïsmes dont l'usage est encore courant dans certaines régions acadiennes. Le parler de La Sagouine, ce personnage célèbre de l'écrivaine Antonine Maillet, est devenu un genre d'archétype de la langue acadienne. Or, contrairement à la croyance populaire, le parler de La Sagouine constitue un accent acadien parmi tant d'autres. En réalité, l'accent de La Sagouine est peu représentatif du français acadien moderne.

Après le Grand Dérangement, les Acadiens ont formé des enclaves francophones çà et là sur le territoire des provinces de l'Atlantique. C'est grâce à la formation de ces îlots francophones que la majorité des Acadiens ont échappé à l'anglicisation. Toutefois, la distance séparant ces enclaves et leur situation minoritaire par rapport aux anglophones ont créé plusieurs variantes dans le parler acadien. C'est en parcourant les régions francophones des provinces de l'Atlantique qu'on peut constater ces variantes régionales.

Les variantes linguistiques en Acadie ne correspondent pas aux frontières interprovinciales, ni aux limites communautaires. Comme dans toute culture, le français acadien peut varier selon les individus, les générations et les groupes socio-économiques. Les parlers varient beaucoup à l'intérieur d'une même province, tant au niveau de la phonétique que du lexique. Prenons l'exemple de la Nouvelle-Écosse où le parler de Chéticamp au Cap-Breton ressemble peu à celui de la baie Sainte-Marie, mais se rapproche davantage du parler du sud-est du Nouveau-Brunswick. À Terre-Neuve, la colonisation de la péninsule de Port-au-Port s'est en partie effectuée par des Acadiens du Cap-Breton. Ainsi, le parler franco-terre-neuvien actuel s'apparente beaucoup à celui de la région de Chéticamp.

image de l'Aire géolinguistique du domaine acadien Pour sa part, le français acadien du Nouveau-Brunswick est riche de plusieurs parlers régionaux. Dans le nord-ouest et le nord-est de la province, vu la proximité géographique du Québec, il y a une nette influence québécoise sur la langue. Puisque les Acadiens de ces deux régions sont à forte majorité francophone, leur usage de mots anglais est plutôt rare. La réalité des Acadiens du sud-est de la province est cependant toute autre. Selon la linguiste acadienne Louise Péronnet, le parler traditionnel du sud-est du Nouveau-Brunswick est le plus représentatif du français acadien. On y retrouve deux parlers distincts : le premier est traditionnel, et le second, le chiac, est le parler de la nouvelle génération acadienne du sud-est du N.-B.. Le chiac est le résultat des nombreux contacts avec la communauté anglophone, surtout dans le milieu urbain de Moncton. Langue urbaine, le chiac se caractérise par le mélange du français, de l'anglais et du vieux français. Plus que partout ailleurs en Acadie, l'alternance et l'emprunt à l'anglais sont fréquents, pour ne pas dire naturels, dans les communautés acadiennes du sud-est du Nouveau-Brunswick. De plus en plus d'artistes acadiens (sud-est du N.-B.) écrivent en chiac, autant en littérature qu'en chanson. D'ailleurs, l'écriture en parler régional (non seulement en chiac) est un courant qui se manifeste dans les quatre provinces de l'Atlantique.

Le français en situation minoritaire

La première chose qui saute aux yeux, en observant la distribution actuelle de la population, est que les limites du domaine linguistique acadien ne correspondent pas à des frontières politiques. L’Acadie consiste, comme nous venons de le voir, en un ensemble d'agglomérations francophones réparties dans cinq provinces canadiennes et qui débordent sur le territoire de deux autres pays (les États-Unis et la France). Par ailleurs, les communautés acadiennes sont souvent noyées dans un environnement anglophone, ce qui contraste avec la situation de la communauté québécoise qui occupe un territoire relativement étendu et où ce sont les groupes anglophones qui sont circonscrits par les francophones.

Cette situation a des conséquences sur les plans politique et sociolinguistique. Par exemple, l'Acadie ne peut, contrairement au Québec, pratiquer une véritable gestion de sa langue. Elle est soumise à quatre juridictions différentes, si on se limite aux provinces Atlantiques. La majorité de la population acadienne, soit un quart de million de francophones, se situe à l'intérieur du Nouveau-Brunswick, concentrés dans trois grandes régions : celles de nord-ouest, du nord-est et du sud-est. La population de langue française représente aujourd'hui un peu plus de 20 % de la population totale des provinces Atlantiques, proportion s'élevant à quelque 34 % au Nouveau-Brunswick. On comprendra que, dans ces conditions, le fait français dans les provinces Atlantiques est constamment menacé.

Données géolinguistiques

L'Acadie, de par son histoire, est aujourd'hui une entité constituée de plusieurs communautés acadiennes dispersées sur un large territoire. Ces disparités géographiques ont favorisé les régionalismes linguistiques, d'où le besoin de prendre en compte la répartition géolinguistique de chaque acadianisme.

Cette répartition est très variable selon les cas : certains mots sont en usage un peu partout et peuvent se trouver également au Québec (ex. : mitaine, garrocher, achaler) alors que d'autres, très répandus, se limitent à l'Acadie, laissant supposer une origine très précise dans l'ouest de la France (ex. : bâsir, bouchure, cagouet, chalin, zire) où se trouvent d'ailleurs les principales sources lexicales acadiennes. Les acadianismes qui sont attestés un peu partout sur le territoire linguistique acadien reflètent à peu près 20 % des usages linguistiques.

Les influences linguistiques étrangères, notamment celle du français québécois, ont affecté la vitalité des acadianismes dans certaines régions. Plus l'influence du français québécois est grande, plus la masse démographique acadienne doit être importante pour la contrecarrer. Certaines régions, comme la Basse-Côte-Nord, les îles de la Madeleine et le sud de la Gaspésie, tous peuplés d'Acadiens à l'origine, témoignent davantage aujourd'hui de l'influence linguistique québécoise. Le même phénomène se produit aux îles Saint-Pierre et Miquelon, d'abord habitées par des Acadiens venus de France après la signature du traité de Paris en 1763. L'influence de la France tend aujourd'hui à effacer la couleur acadienne qui a prévalu sur ces îles à ses débuts. Enfin, il est évident que l'influence de la langue anglaise est un facteur décisif dans la vitalité linguistique francophone de certaines régions acadiennes, telles que la côte ouest de Terre-Neuve, la région de Tignish sur l'Île-du-Prince-Édouard et la région de Pomquet en Nouvelle-Écosse.

Ces différentes influences expliquent qu'aujourd'hui, la zone linguistique la plus homogène se trouve dans les régions acadiennes des provinces Maritimes où le nombre élevé de locuteurs francophones favorise sa vitalité linguistique. Le pourcentage d'acadianismes retrouvés un peu partout dans les provinces Maritimes est deux fois plus élevé que celui qui englobe tout le territoire linguistique acadien, évalué précédemment à environ 20 %.

L'isolement des différentes communautés acadiennes a fait en sorte que presque la moitié des usages ne sont attestés que dans certaines régions bien spécifiques : des acadianismes ne sont relevés que dans une seule région (ex. : assaye dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, rempart sur l'Île-du-Prince-Édouard), tandis que d'autres sont utilisés un peu plus largement dans deux ou trois régions avoisinantes (ex. : gorziller et baraque au Cap Breton et aux îles de la Madeleine). Les régions avoisinant le golfe du Saint-Laurent ont souvent en commun des termes de pêche inusités ailleurs (ex. : chafaud, saline, nove); cette distribution s'explique par le contact régulier des pêcheurs des différentes régions, alors que la mer agissait autrefois comme principal moyen de déplacement et donc, d'échange. Pour certaines régions insulaires, cette dépendance est toujours actuelle.

Certaines attestations régionales ne correspondent pas à un territoire homogène; cette répartition sporadique peut s'expliquer en partie par le vieillissement de certains termes, entraînant leur absence dans certaines régions (ex : caristeaux, foulerie, perlache). Dans d'autres cas, le mystère demeure quant à leur répartition disparate (ex : rusillon, attesté au sud-est du N.-B., au sud-ouest de la N.-É. et sur la Basse-Côte-Nord).

image aires géolinguistique du domaine Cadien La Louisiane joue un rôle non négligeable dans la vitalité du lexique acadien en Amérique du Nord. Longtemps isolés de leurs racines acadiennes, les Cadiens Louisianais ont conservé des termes qui ont presque disparu des provinces de l’Atlantique aujourd'hui et qu'on peut dénicher dans certaines régions isolées, derniers bastions d'une partie du patrimoine lexical acadien. Nous avons répertorié, par exemple, une trentaine d'acadianismes du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse dont on n'a pu retrouver d'autres traces qu'en Louisiane (ex : embaucher, niger, pienque).

Enfin, ce n'est pas parce qu'une région comprend une plus forte population acadienne que nous y trouvons plus d'acadianismes; ce sont plutôt les régions le plus à l’abri des autres influences linguistiques (notamment celle du français québécois) qui renferment le plus grand nombre d'acadianismes. On retrouve, par exemple, un nombre élevé d'acadianismes dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, en comparaison avec le nord-ouest du Nouveau-Brunswick qui, pourtant, représente un nombre de francophones beaucoup plus important.

Données historiques

Les acadianismes répertoriés tirent leur origine de trois principales sources : les langues gallo-romanes (comprenant les parlers de France et le parler de l'Île-de-France), la langue anglaise et les langues amérindiennes (notamment le micmac). Sur l'ensemble des emplois traités, 90 % semblent découler des parlers gallo-romans (dont 50 % ont été relevés dans les dictionnaires français ou les parlers régionaux), 6 % à l'anglais et 3 % aux langues amérindiennes. 1 % des mots sont d'origine inconnue ou obscure.

Les acadianismes d'origine française constituent donc la partie la plus importante du lexique acadien étudié. Pour ces mots dont l'origine a pu être bien délimitée, nous pouvons attester que 55 % d'entre eux sont hérités des parlers régionaux de France (dialectalismes) et que 45 % d'entre eux proviennent du français général de l'époque (archaïsmes). Parmi les mots consignés dans les dictionnaires français, quelques-uns présentent des attestations plus anciennes en Acadie qu'en France (ex.: décolleur, piqueur, vigneau). Pour les mots dont les origines françaises sont incertaines, plusieurs d'entre eux semblent pouvoir se rattacher à la langue française en présentant soit une extension de sens d'un mot déjà consigné (acadianisme sémantique) ou encore en étant un dérivé d'un mot français (acadianisme formel).

La consultation de nombreux ouvrages traitant des régionalismes en France nous permet de rapprocher les acadianismes de leurs régions d'origine : l'ouest atteste presque la moitié des acadianismes relevés. Viennent ensuite le nord-ouest qui en compte entre 15 et 20 %, le centre avec moins de 10 %, et le nord et l'est avec moins de 5 %. Ces pourcentages sont éloquents : plus de la moitié des acadianismes hérités des parlers de France peuvent être retrouvés dans l’ouest, d'où sont partis les premiers colons français venus peupler l'Acadie. Ces données viennent en outre appuyer les travaux de Genevève Massignon à ce sujet. Enfin, il est intéressant de noter les nombreux cas d'attestations d'acadianismes dans les parlers de Bourgogne, pourtant une région assez éloignée de l'Ouest.

Quant à ce qu'on appelle traditionnellement des «archaïsmes», ce sont des emplois qui faisaient partie de la langue générale au moment de la colonisation et qui, depuis, ne sont plus en usage en France, alors qu'ils continuent d'être employés en Acadie. On trouve généralement ces emplois sans marque dans les dictionnaires généraux des 17e, 18e ou 19e siècles, mais ils ne sont plus attestés dans les dictionnaires contemporains ou y sont présentés avec les marques «vieux», «vieilli» ou «archaïque». Le faible pourcentage d'archaïsmes relevés dans les emplois d'origine gallo-romane (23 %) remet en cause la croyance populaire qui veut qu'une bonne partie, voire la majorité du lexique acadien, soit issue de l'ancien ou du moyen français. Il est intéressant de constater que beaucoup de ces emplois continuent de vivre non seulement en Acadie, mais dans les parlers régionaux de France (marqué vieux ou régional dans les dictionnaires) (par ex. : haim ou platin ).

Plusieurs des archaïsmes relevés ont eu une longue vie en français et ne sont tombés dans l'oubli qu'au cours du dernier siècle. Nous pensons à des mots comme espérer, au sens d'«attendre», attesté depuis le 12e siècle jusqu'en 1870. Baillarge, relevé au début du 15e siècle et qui n'a reçu le statut régional qu'à partir de 1900. Certains archaïsmes sont tombés après avoir été en concurrence avec un synonyme pendant un certain temps. Ainsi en est-il de bailler qui, relevé au 12e siècle par Godefroy, attesté ensuite au 16e siècle chez Dupuys, a perdu de sa popularité au profit de «donner» dès la fin du 17e siècle. Aviser a subi le même sort : attesté chez Dupuys au 16e siècle, il est considéré d'usage «bas» dès la fin du 17e siècle, pour être finalement remplacé par «apercevoir». Aviser est toutefois demeuré très vivant dans les parlers régionaux. Mitan, relevé au 12e siècle par Godefroy, a perdu ses lettres de noblesse en français dès le 17e siècle devant «milieu», mais demeure également très répandu dans les parlers régionaux. On peut encore citer le verbe hucher qui a cédé le pas devant «crier» depuis le 17e siècle, mais qui est toujours très usité en région.

D'autres acadianismes hérités de France ont été consignés parce qu'ils ont aujourd'hui, en France, la marque «littéraire» alors qu'ils sont d'usage courant en Acadie. C'est le cas par exemple de déconforter, bénaise ou serein.

Dans la catégorie de mots tirés du domaine gallo-roman, certaines recherches linguistiques indiquent en outre des rapports avec le vocabulaire maritime. Nos données semblent confirmer cette hypothèse : certains termes ont gardé le sens maritime, en devenant tout simplement un terme d'usage général (ex.: noroît, fayot), tandis que d'autres termes ont évolué sémantiquement pour représenter davantage une réalité qui n'avait plus nécessairement de rapport avec la vie des marins (ex.: amarre, paré, débarquer, abrier et balise).

Enfin, à partir de mots hérités de France, les Acadiens ont souvent innové. Par exemple, pilot, en référence à la culture du sel dans l'ouest de la France, a été repris dans un sens beaucoup plus large en Acadie. Outre des extensions de sens à partir de termes maritimes, on trouve également de nombreuses innovations sémantiques pour rendre compte des réalités géographiques, naturelles, culturelles et sociales du Nouveau Monde (par ex.: violon ; passe-pierre ; marionnettes et lances).

L'apport d'anglicismes dans le français acadien n'est pas un phénomène nouveau. Ces emprunts ont été repris directement de l'anglais (ex.: feed , berry) ou ont été intégrés au français après une adaptation formelle et phonétique (ex. : buckwheat deviendra bocouite ; to bail deviendra béler). D'autres ont fait l'objet d'une traduction (ex. : trial deviendra assaye).

Quant à l'apport amérindien, malgré l'importance des Amérindiens dans la survie et le développement de la communauté française en Acadie au début de la colonisation, peu d'amérindianismes ont été intégrés au français acadien. En raison du fait que les systèmes linguistiques en présence (français et le plus souvent micmac) n'avaient absolument rien en commun, les emprunts ont fait l'objet de transformations qui rendent parfois difficile la recherche de l'origine amérindienne (par ex. : neskawe deviendra escaouette; kwemoo deviendra couimou) ; l'exemple de maskwe qui a donné de nombreuses variantes (machcoui, maskoui, machecoui, machekoui, mashcoui, mashquoui) montre bien la difficulté pour les Français de comprendre la langue amérindienne.

Enfin, un pourcentage non négligeable d'acadianismes est d'origine vague ou inconnue. Ce purgatoire» comprend quelquefois des termes servant à définir les réalités géographiques, naturelles, culturelles et sociales du Nouveau Monde, et semble constituer des innovations formelles ou sémantiques acadiennes (ex.: bûcherie, passe-pierre).

Dans un dernier temps, il faut signaler l'importance de la répartition géolinguistique dans l'étude historique. Des données, comme l'attestation de certains acadianismes dans les aires des îles Saint-Pierre et Miquelon et en Louisiane, ont souvent apporté un éclairage essentiel à la compréhension de certains faits linguistiques, notamment en permettant de mieux dater ces faits. Ainsi, un exemple intéressant à ce sujet est le mot poutine, que certains auteurs ont rattaché à la forme anglaise pudding; cette hypothèse peut être plausible en considérant qu'il s'agit ici de deux plats de cuisine. La forme poutine est cependant attestée en Louisiane, ce qui suppose qu'elle fut courante durant et peut-être avant le 18e siècle; cette présence à l'époque de la dispersion jette alors un doute sérieux sur ses origines anglaises, puisque les emprunts à l'anglais étaient alors quasi inexistants.

Lexique des acadianismes sur cette page:

- Abrier : Couvrir, mettre à l'abri. S'abrier avec une couverture. Attesté partout en Acadie et au Québec.

- Amarre : Toute corde, ficelle, câble servant à lier, à attacher. Amarre de souliers. Attacher un piquet avec une amarre. En France, amarre signifie «cordage servant à attacher un bateau à un point fixe ou à attacher divers objets dans un bateau».

- Assaye : Procès en cours de justice. Avoir son assaye dans trois semaines.

- Aviser : (1) Apercevoir, regarder attentivement. On a avisé l'ours tout d'un coup. S'aviser dans un miroir. – (2) Se renseigner (attesté en Louisiane)

- Baillarge : Orge, comme dans soupe au baillarge. Au Québec, on dit orge ou encore barley dans la locution soupe au barley.

- Bailler : Donner. Bailler son argent, bailler du travail à quelqu'un. (Note historique : Héritage de France ; attesté en français dès le milieu du 12e siècle. La forme bailler garde en Acadie au 20e siècle le statut qu'elle avait au début du 17e siècle en France, c'est-à- dire qu'elle maintient un usage souvent aussi fréquent que son synonyme donner.

- Balise : Arbuste placé de manière à indiquer le tracé d'une route, d'un chemin en hiver.

- Béler : Écoper, vider, notamment en parlant de l'eau accumulée dans une embarcation. Béler l'eau de sa chaloupe avec un seau.

- Bénaise : Content, heureux. Je suis bénaise de vous voir.

- Berry : Airelle vigne d'Ida (Vaccinium vitis- idaea), plante rampante qui produit de petits fruits rouges, pouvant être employés dans la confection de gelée ou de sauce, tout comme la canneberge.

- Bocouite : Sarrasin. Farine de bocouite, crêpe de bocouite.

- Bûcherie : Travail communautaire organisé pour couper du bois, notamment du bois de chauffage.

- Couimou : Nom commun donné au plongeon, notamment le plongeon huard (Gavia immer) et le plongeon catmarin (Gavia stellata).

- Débarquer : Sortir d'un véhicule. Nous débarquons d'une voiture comme les marins d'un navire, d'une barque.

- Décolleur : Personne qui tranche la tête de la morue et vide le poisson de ses entrailles, après qu'il eut été ouvert par le «piqueur».

- Déconforter : Se décourager. (Note historique : Héritage de France ; attesté en français comme verbe transitif dès 1050 sous la forme desconforter, puis déconforter depuis la fin du 17e siècle. Relever en outre sous la forme pronominale dans les parlers du Nord et du Nord Ouest, et transitif en Anjou).

- Escaouette : Danse exécutée par les quêteurs de la chandeleur. La danse de l'escaouette.

- Espérer : (1) Attendre quelqu'un ou quelque chose. J'espère le courriel. Espérer un enfant : être enceinte. (2) Attendre de faire quelque chose. Espérer à gagner la loterie.

- Fayot : Partie comestible du haricot (Phaseolus vulgaris), comprenant soit les cosses, soit les graines seules (fèves). Fayot blanc, vert ; Cosse de fayots. Soupe aux fayot. Au Québec, fève désigne le haricot, soit le fayot acadien, tandis que fève en Acadie désigne la grosse fève (Vicia Faba), soit la gourgane au Québec.

- Feed : Nourriture, notamment du grain moulu, pour animaux de ferme. Feed de cochon, de cheval. Sac de feed.

- Haim : Hameçon. Jeter son haim à l'eau. Aussi relevé sous la graphie «aim».

- Hucher : Appeler quelqu'un à haute voix. Hucher à son voisin, hucher fort.

- Machcoui : Écorce du bouleau blanc qui servait autrefois d'isolant pour les murs et les toitures.

- Marionnettes (Lances) : Aurore boréale, manifestation lumineuse déclenchée pas l'activité du soleil sur les électrons dans l'atmosphère qui éclairent par certains soirs les régions polaires du ciel de brillants jeux de couleur aux mouvements incessants.

- Mitan : Milieu, centre. Le mitan de la place. Le poêle au mitan de la cuisine.

- Noroît : Vent qui souffle du Nord-ouest.

- Paré : Prêt. Le souper est paré. Es-tu paré pour partir ?

- Passe-pierre : Plantain maritime, herbe comestible affectionnant les sols salés, poussant en touffes de petite taille dans les marais.

- Pilot : Tas, pile. Pilot de bois. Mettre en pilot; mettre (des morues) en tas pour les faire sécher.

- Piqueur (ou piqueux) : Personne qui ouvre la morue (poisson) avec un couteau pointu pour qu'elle soit ensuite vidée de ses entrailles par le «décolleur».

- Platin : Terrain bas et humide au ras de l'eau, qu'on exploite notamment pour la culture du foin, et qui peut être inondée périodiquement par la débâcle du printemps ou par les fortes marées de printemps ou d'automne. En France, le platin s'associe davantage à la partie de la plage ou du haut-fond qui subit l'action quotidienne des marées.

- Poutine : Mot d'un emploi universel en Acadie, pouvant désigner cinq ou six mets différents (Poutine râpée ; Poutine à trou ; Poutine à la râpure …). À ne pas confondre avec la «Poutine» au Québec, qui est un met à basse de pomme de terre frite, fromage et sauce.

- Serein : Humidité ou fraîcheur dans l'air à la tombée du jour.

- Vigneau : Table en treillis construite en bordure de l'eau, sur laquelle on fait sécher la morue au soleil, après que le poisson ait été vidé et salé.

- Violon : Mélèze laricin (Larix laricina), conifère atteignant 19 à 22 mètres de hauteur, qui se dépouille de ses feuilles à l'automne et dont le bois résiste à la pourriture. Bois de cet arbre. Bois et écorce de violon. Au Québec, on dit épinette rouge. 

Liens intéressants ( à rechercher et confirmer)
Dictionnaire français / poitevin-saintongeais en ligne
Dictionnaire acadien-français
Dictionnaire Poitevin-saintongeais
Histoire (ou plutôt "istoere") de la langue poitevine-saintongeais

Source
texte, définitions et images : Dictionnaire du français acadien, Yves Cormier, Éditions Fides, 1999.ISBN 2-7621-2166-3,
Dernière mise à jour : ( 20-08-2008 )

Acadie Acadien Généalogie Langue
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