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États-Unis : une censure conservatrice "sans précédent" prive les écoles de milliers de livres

Tue 25 Feb 2025 - 15:20

Julianne Moore s'est dite "choquée". Alors qu'elle venait de publier son tout premier livre pour enfants, racontant l'histoire de "Freckleface Strawberry", une enfant constellée de petites taches de rousseurs, l'actrice américaine a vu son œuvre – semi-autobiographique – interdite par l'administration Trump dans les écoles gérées par le ministère de la Défense (représentant plus de 20 000 élèves sur le territoire des États-Unis). Écoles dans lesquelles l'actrice, fille de militaire, a elle-même été scolarisée.

"Je n'aurais jamais cru voir cela dans un pays où la liberté d'expression est un droit constitutionnel", a-t-elle réagi, atterrée, dimanche 16 février sur Instagram.

Les interdictions de livres ont pourtant bel et bien augmenté ces dernières années aux États-Unis, coïncidant avec la montée en puissance du camp conservateur, puis le retour au pouvoir de Donald Trump. Les œuvres visées sont principalement des livres jeunesse, sensibilisant au racisme, aux inégalités de genre et à l'histoire, et dont les auteurs sont des personnes racisées, femmes ou membres de la communauté LGBTQ+.

"C'est vraiment depuis 2021 – donc depuis la défaite de Donald Trump en 2020 – qu'il y a eu cette résurgence", affirme Esther Cyna, historienne spécialiste des questions de racisme, de l'histoire politique et de l’éducation aux États-Unis. Elle explique que les conservateurs se sont mobilisés à l'échelle locale après avoir vu leur candidat se faire battre dans la course à la Maison Blanche. "Cela a accéléré le mouvement qui, aujourd'hui, est sans précédent."

Inquiète, l'une des plus grandes organisations à but non lucratif des États-Unis dédiées à la protection de la liberté d'expression dans la littérature, PEN America, a dénoncé ce déluge d'interdictions, lui trouvant de "dangereuses" ressemblances avec "les régimes autoritaires de l'histoire."

Plus de 10 000 œuvres interdites en 2023-2024

"Le phénomène de censure a toujours existé, souvent dans des moments de pouvoir conservateur, mais cette fois, c'est inédit en termes de volume et de rapidité", analyse Esther Cyna. "C'est aussi sans précédent par rapport à l'emprise que ça a sur les discussions locales, et sur la couverture médiatique".

Selon l'historienne, il existe trois niveaux de censure : à l'échelle locale, dans un district scolaire qui a décidé de faire circuler une liste de livres auxquels les parents se sont opposés ; à l'échelle des États, où le gouverneur décide de bannir certains œuvres, comme l'Utah, l'Oklahoma ou encore l'Arizona ; et au niveau fédéral, où la situation est "plus compliquée, parce qu'il n'y a pas vraiment d'écoles fédérales, sauf celles dont on parle par exemple dans le cas de Julianne Moore".

Au cours de l'année scolaire 2023-2024, PEN America a recensé un total de 10 046 titres interdits, dont plus de 4 000 ont été retirés des bibliothèques scolaires. Parmi les livres les plus censurés figure "L'Œil le plus bleu" de Toni Morrison, prix Nobel de Littérature. Également retirés des étagères de certaines bibliothèques publiques ou scolaires, des classiques tels que "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", d'Harper Lee, "Le Meilleur des mondes", d'Aldous Huxley, "Maus", d'Art Spiegelman, ou encore " Gender Queer", de Maia Kobabe.

Parmi les œuvres censurées, 57 % incluaient des "thèmes ou représentations liés au sexe" ; plus de 30 % incluaient des représentations d'agressions ou de violences sexuelles, et plus de 5 % étaient axées sur la puberté, l'éducation sexuelle ou la santé sexuelle.

"Il y a eu des censures de manuels scolaires dès le début du XXe siècle. Aujourd'hui, on voit beaucoup de censure autour d'œuvres de littérature, avec toujours le même argument selon lequel 'c'est inapproprié' et 'ça pervertit la jeunesse'", poursuit Esther Cyna.

Dans le sillage de la publication par PEN America de ses statistiques sur l'année scolaire 2023-2024, "la plus marquée par les censures" littéraires, l'autrice américaine Jodi Picoult a publié une vidéo Instagram fin octobre, à la veille de la présidentielle américaine, expliquant pourquoi son livre "Nineteen Minutes", était "le livre le plus interdit du pays l'année dernière".

Son œuvre raconte l'histoire d'une fusillade dans une école, mais Jodi Picoult affirme que la raison de sa censure se situe ailleurs. La décision serait "liée à une seule page, qui décrit un viol et qui utilise des mots anatomiquement corrects pour le corps humain", explique l'autrice diplômée de Princeton et de Harvard, déplorant que l'étiquette d'œuvre "pornographique" ait été collée à son livre par les censeurs.

Bien d'autres titres, parfois très populaires, ont été visés par cette interdiction au motif qu'ils contenaient du contenu "pornographique", à l'instar de "La servante écarlate" de Margaret Atwood, ou encore de la saga "Twilight" de Stephanie Meyer.

"Nier l'existence de certaines personnes"

En ce qui concerne le livre de Julianne Moore, s'il ne traite pas de sujets explicitement politiques ou polémiques, l'administration Trump semble l'avoir ciblé dans le cadre d'une politique plus large de censure.

"Le livre parle de l'acceptation de soi, avec un message de diversité, et a dû simplement être identifié comme ayant un message progressiste", suppose Esther Cyna. "Tout ce qui tourne autour de la diversité fait désormais l'objet d'une surveillance accrue. De plus, l'héroïne est une femme, cela a donc pu être vu comme un peu féministe."

La décision s'inscrit donc dans une vague plus générale de restrictions à l'encontre des livres abordant des thèmes perçus par certains mouvements conservateurs comme une forme de "propagande woke".

Par ailleurs, le fait que Julianne Moore, engagée politiquement en faveur des droits LGBTQ+ et du contrôle des armes à feu, se soit à plusieurs reprises exprimée publiquement contre les politiques et les actions de Donald Trump, pourrait ne pas avoir joué en sa faveur.

Selon Esther Cyna, s'il est correct de faire le parallèle avec d'autres vagues de censure qui visaient déjà à "faire taire les idées politiques dissidentes" – dans les années 1950, par exemple, le maccarthysme cherchait à limiter la diffusion du communisme en visant de nombreux créateurs et leurs œuvres –, le mouvement massif d'interdictions à l'œuvre aujourd'hui aux États-Unis se distingue en allant globalement plus loin encore : "Là, on voit que c'est une attaque directe qui vise à nier l'existence, l'identité de certaines personnes", affirme l'historienne.

Selon le recensement de PEN America pour 2023-2024, les États républicains enregistrent sans surprise un nombre plus élevé d’interdictions de livres. La Floride du gouverneur républicain Ron DeSantis est de loin l'État ayant enregistré le plus grand nombre d’interdictions, avec plus de 4 500 cas d’interdictions dans 33 districts scolaires. L'État se distingue en la matière en raison d'un activisme local particulièrement efficace, facilité par des lois récentes.

Parmi elles, le House Bill 1069, adopté sous l'impulsion de Ron DeSantis, permet aux parents de contester des livres qu'ils jugent inappropriés, entraînant leur retrait immédiat des bibliothèques scolaires et des salles de classe.

Évoquant ces "lois visant à faciliter l'interdiction des livres" dans certains États, Jodi Picoult dénonçait plus largement dans sa vidéo le "Blueprint Project 2025" – une initiative menée par Heritage Foundation, groupe de réflexion conservateur américain – dont l'un des objectifs était de "faire de même au niveau national".

"Le projet 2025 – dont Trump a essayé dans un premier temps de se distancer – articule la vision ultraconservatrice et extrémiste du parti républicain", explique Esther Cyna. "On y trouve ce qui est en train de se faire aujourd'hui, c'est-à-dire un démantèlement complet de ce qu'eux appellent 'diversité, équité et inclusion', mais qui en fait désigne les avancées du mouvement pour les droits civiques."

Face à ces "canulars", point de garde-fous ?

"Sous prétexte de protéger les enfants et de garantir une prétendue 'neutralité idéologique', ils [l'administration Trump et les États républicains] veulent interdire des livres, bannir des sujets considérés comme trop 'polémiques' et limiter les discussions sur des enjeux sociaux et historiques", s'alarmait le 22 janvier Shophika Vaithyanathasarma, spécialiste des sujets éducation pour le Journal de Montréal.

"Ces politiques transformeront les écoles et les campus en lieux de contrôle idéologique, où enseignants et élèves s’autocensureront par peur de représailles, voire de poursuites judiciaires", poursuit-elle, ajoutant que trois États américains ont "déjà voté des lois criminalisant certains libraires qui refusent de retirer des livres de leur rayons".

Fin janvier, l’administration Trump a demandé au ministère de l’Éducation de mettre fin à ses enquêtes sur les interdictions de livres, les qualifiant de "canulars". Une décision qui a renforcé la colère des groupes de défense des droits et des libertés civiles.

Dans la foulée, le Bureau des droits civils du ministère a dit avoir rejeté 11 plaintes liées à des interdictions de livres et annoncé qu'il n'emploierait plus de "coordinateur des interdictions de livres" pour enquêter sur les districts scolaires locaux et les parents. Dans son communiqué de presse, celui-ci justifie ces interdictions par le fait que les districts scolaires et les parents ont "mis en place des processus de bon sens pour évaluer et supprimer les documents inappropriés à l’âge des élèves".

Autant de décisions qui font craindre une absence totale de garde-fous. Mais sur ce point, Esther Cyna prône la nuance, au moins pour ce qui est de l'échelle locale. "Les parents d'élèves des districts scolaires, s'ils ne sont pas d'accord avec la censure, peuvent voter pour d'autres représentants", dit-elle, admettant que les choses sont plus compliquées au niveau des États et à l'échelle fédérale.

"Avant les élections de mi-mandat, en 2026, a priori rien ne va bouger", affirme l'historienne, qui précise que le parti républicain concentre pour l'instant tous les pouvoirs. "Le président, en revanche, est là pour quatre ans. Donc pour ce qui est des écoles militaires et du livre de Julianne Moore, ça ne va pas changer."

America censure lire
https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20250219-etats-unis-censure-conservatrice-prive-ecoles-milliers-de-livres

Netflix a complètement tué notre capacité à lire des livres | Slate.fr

Tue 17 Sep 2024 - 14:50

Il y a dix ans, presque jour pour jour (le 15 septembre 2014), Netflix débarquait en France. Ce jour-là, sans qu'on en eut forcément conscience sur le moment, l'exercice qui consistait à ouvrir un livre pour passer une soirée en sa compagnie devenait une pratique désuète, bientôt obsolète. Je ne dis pas qu'en 2014 la France comptait autant d'habitants que de lecteurs, mais au moins existait-il encore une frange de sa population qui s'adonnait régulièrement au plaisir de lire des livres autres que des romances à visées commerciales.

Dix ans plus tard, cette population a largement disparu. Rares sont désormais les individus qui occupent leurs heures de loisir à dévorer un roman, préférant s'adonner au plaisir de consommer, à toute heure de la journée, un flux de séries présent en abondance sur de multiples plateformes de streaming. D'une certaine manière, Netflix et consorts ont donné le coup de grâce à une pratique qui était de toute manière condamnée à disparaître.

Il n'est nul besoin d'être visionnaire pour constater que nous sommes passés, en l'espace de deux décennies, d'une civilisation du verbe à celle de l'image et du bruit, du tapage incessant. L'apparition des réseaux sociaux a capté l'essentiel de nos capacités réflexives, transformant nos cerveaux en une vaste terre brûlée où la finesse de la pensée a été remplacée par la brutalité de slogans qui ne cherchent plus à asseoir un raisonnement, mais à manifester une opinion réduite à sa plus simple expression.

Les écrans sont devenus nos nouveaux évangiles, nos téléphones portables, nos auxiliaires de vies. Nous vivons saturés d'images, de faits divers, d'anecdotes qui vont et viennent à la vitesse de la lumière au point où notre capacité à fixer notre attention ne dépasse plus que quelques minutes, voire même une poignée de secondes, le temps de s'intéresser à une quelconque problématique, avant de s'interrompre pour répondre à un message WhatsApp ou visionner en urgence absolue une vidéo sur l'accouplement de deux pandas dont les ébats feront le tour du monde avant de laisser la place à un homme capable de décortiquer un homard à l'aide de sa barbe.

Netflix n'a fait qu'accentuer ce dérèglement culturel en proposant pour un prix dérisoire une flopée de séries, certaines remarquables, mais dans l'immense majorité parfaitement insignifiantes et suffisamment élaborées pour que le cerveau captif en redemande soir après soir. Si l'on considère que le but ultime de chaque individu est de trouver un moyen de s'évader de lui-même, Netflix a apporté de quoi remplir ce besoin existentiel par la profusion d'une offre qui ne connaît pas de limites.

Netflix procure chaque jour la dose suffisante de divertissement pour permettre à chacun de prendre congé de lui-même sans réclamer autre chose qu'un canapé et une capacité d'attention minimale. Le problème étant qu'à force de répéter cet exercice, le cerveau a perdu tout contact avec la notion même d'effort. À force de s'absenter de nous-mêmes, nous sommes devenus des sortes de parangons du vide, d'individus saoulés de récits écrits à la va-vite et filmés pareillement, dont le rythme effréné de productions annihile toute sorte d'esprit critique.

Si bien que désormais la lecture d'un roman, d'un roman qui ne soit pas le pendant d'une série estampillée Netflix où l'écriture serait devenue comme une sorte de supplétif à l'image, une écriture bon marché et sans aspérités, demande non seulement du temps mais aussi des efforts que nous ne sommes simplement plus capables de fournir.

Le cerveau est un muscle. Si vous l'habituez à gober des images ou des intrigues sans jamais le perturber dans sa manière d'être, si vous répondez très exactement à ce à quoi il aspire, un simple et pur désir d'évasion, face à la complexité d'une phrase qui prendrait le temps de s'écrire et jouerait sur plusieurs registres lexicaux, il devient aussi désemparé qu'un poulet face à un décapsuleur.

Ce n'est pas que les gens lisent moins, c'est qu'ils ne savent plus lire. Que leur capacité de concentration a diminué en des proportions si drastiques que la lecture qui nécessite une attention soutenue et un certain goût pour l'effort, se heurte aux contingences d'un cerveau asséché par l'absorption à haute dose de produits culturels néfastes à sa productivité.

Ce serait comme manger tous les jours de la pizza. À la longue, votre capacité à savourer des plats un brin plus élaborés aura disparu. L'idée même de goût n'existera plus. Vous serez devenus un estomac à pizza et à rien d'autre. Netflix, c'est le Pizza Hut de la culture. Un truc ni bon ni mauvais, juste pratique pour n'avoir ni à cuisiner ni à penser. Pour beaucoup, une certaine idée du bonheur contemporain.

lire livre
https://www.slate.fr/culture/blog-sagalovitsch-netflix-tuer-lecture-litterature-romans-effort-cerveau-divertissement-attention

Contre la censure, les ados se rebiffent par la lecture - Courrier International

Sun 20 Feb 2022 - 14:10

Dans ce club de lecture de Pennsylvanie, des jeunes de 13 à 16 ans débattent de littérature interdite. Reportage.

“Napoléon exploite les moutons, c’est incroyable”, s’exclame Jordan Daughtry, 14 ans, son exemplaire du livre de George Orwell La Ferme des animaux à la main. Elle parle du cochon dictateur qui prend le contrôle d’une ferme anglaise avant de soumettre à sa volonté les autres animaux.

Dans cet ouvrage qui critique le régime stalinien, les moutons, qui représentent les masses facilement manipulables, sont des “idiots incultes”, ajoute-t-elle.

Sa sœur Kiara, 16 ans, poursuit : >“Ça m’a un peu rappelé toute cette histoire après l’élection de Joe Biden”, explique-t-elle en évoquant l’insurrection du 6 janvier, quand les partisans de Trump, enhardis par les mensonges du président sortant, ont assiégé le capitole. “Et toutes les bêtises qu’on a entendues.”

Le plaisir défendu des livres interdits

Les Daughtry discutent dans l’arrière-boutique de la librairie Firefly, un paradis de livres neufs et d’occasion de la petite ville de Kutztown, en Pennsylvanie. Les membres de ce club de lecture des livres interdits se retrouvent deux fois par mois pour lire et débattre d’ouvrages que les conservateurs de tout le pays cherchent à faire disparaître des bibliothèques scolaires.

Les membres du club, âgés de 13 à 16 ans, sont inquiets. L’année dernière, ce mouvement de censure a réussi à interdire des ouvrages sur les questions raciales et LGBTQ dans des bibliothèques au Texas, en Utah, en Virginie, dans le Wyoming et en Pennsylvanie.

Comme de nombreux jeunes aux États-Unis, les membres du club trouvent que la censure se fait plus pesante. En décembre, le district scolaire de Pennridge, à une quarantaine de kilomètres de chez eux, a fait retirer des bibliothèques des écoles élémentaires le livre Heather à deux mamans, un album jeunesse sur un couple lesbien.

L’année dernière, la commission scolaire du district de Central York, en Pennsylvanie, a publié une longue liste de livres interdits, en grande majorité des ouvrages dont les personnages ou les auteurs étaient des gens de couleur. Cette interdiction a été levée en septembre après des manifestations d’élèves.

“Ce sont les adultes qui décident”

“J’adore lire, alors c’est vraiment énervant de voir que des livres sont interdits, d’autant plus que ce sont des adultes qui décident et que personne de nous demande à nous, les ados, ce qu’on en pense”, lance Joselyn Diffenbaugh, 14 ans,

la fondatrice de ce club destiné à contrecarrer cette vague d’intolérance :

“C’est flippant de savoir que ceux qui pourraient avoir besoin de ces livres, pour mieux se comprendre par exemple, en sont privés.”

Fin janvier, le phénomène a pris des proportions inédites, avec l’interdiction de Maus, le roman graphique sur l’Holocauste d’Art Spiegelman, par la commission scolaire du comté de McMinn, dans le Tennessee.
À lire aussi Censure. Un district scolaire du Tennessee bannit le livre “Maus”, d’Art Spiegelman, sur l’Holocauste

Selon cette commission, ce récit, qui met en images ce qu’ont vécu les parents de l’auteur dans les camps de concentration nazis ainsi que le suicide de sa mère, contenait des propos “durs et grossiers”. Maus est désormais numéro un des ventes sur Amazon.

À la librairie Firefly, le club de lecture discute de La Ferme des animaux quand je les rejoins. Ce roman n’est pas visé par la récente vague de censure, mais il était interdit en URSS avant la chute de l’Union soviétique, et au Royaume-Uni pendant la Seconde Guerre mondiale – le gouvernement britannique ne voulant pas froisser son allié soviétique. Il a ensuite été interdit en Floride car jugé “procommuniste”.

Égalité raciale et sexuelle

Leur prochain livre sera La haine qu’on donne, un roman pour ados sur le meurtre d’un jeune Noir désarmé par un policier blanc, qui a été retiré des rayonnages de nombreuses bibliothèques scolaires. Pour l’instant, les jeunes lecteurs se demandent pourquoi aucun animal n’a choisi de quitter la ferme de George Orwell.

Bridget Johnson, 13 ans, la plus jeune du groupe, n’a pas sa langue dans sa poche : >“Je constate souvent cela dans la vraie vie. Les gens ne se rendent pas compte, ils ne veulent pas prendre de risques, ils préfèrent ne rien changer.”

La manipulation, les mensonges et, comme le dit un membre du club, la “volonté d’enfumage” se retrouvent dans ce mouvement pour expurger les bibliothèques américaines. Un mouvement lancé par des groupes issus de la société civile, soi-disant des parents, qui envoient des pétitions aux établissements et aux élus pour interdire certains livres. En réalité, ces groupes sont liés et soutenus par des donateurs conservateurs influents.

La plupart des livres visés parlent de l’égalité raciale ou sexuelle, alors que certains républicains ont lancé une grande offensive contre l’enseignement de la théorie critique de la race à l’école, une discipline qui examine la façon dont le racisme ronge les institutions et la société américaine.

Toni Morrison, un symbole

Le roman Gender Queer, de Maia Kobabe, qui évoque les difficultés de faire son coming out et de découvrir son identité sexuelle, est l’un des livres les plus proscrits. Depuis sa publication en 2019, il a été banni des rayonnages d’au moins 11 États, dont le Texas, la Floride et la Pennsylvanie. Même chose pour Out of Darkness, l’histoire d’amour entre une Mexicaine-Américaine et un jeune garçon noir dans les années 1930 au Texas.

L’Œil le plus bleu, de Toni Morrison, un roman sur l’oppression raciale et sexuelle, a dû être retiré des bibliothèques scolaires en Floride et dans le Missouri.

Après une heure et demie de débats animés, la séance du club de Kutztown touche à sa fin. À la sortie de la librairie, Jesse Hastings, une grande jeune fille avec des grosses lunettes, tient dans la main un exemplaire de La haine qu’on donne. Tous les livres dont les jeunes débattent au club sont achetés et financés grâce à des dons.

Fermeture d’esprit

Jesse se dit choquée par l’ampleur de la censure et “surtout par le ridicule des raisons invoquées pour interdire ces livres. Beaucoup ont été interdits simplement parce qu’ils avaient pour personnages des Noirs ou des LGBTQ”, explique-t-elle :

“Pour les jeunes homosexuels ou les jeunes de couleur, il est vraiment important d’être représenté dans les livres, et si vous n’y avez pas accès, cela peut être grave.”

Outre l’impact sur les personnes qui auraient pu se trouver des affinités avec les auteurs interdits et sur la représentation de la diversité dans les livres, Jesse trouve qu’il y a un autre aspect encore plus grave : “C’est un énorme problème, car il y a déjà un grand manque de représentation des minorités dans les romans. Ils veulent interdire des livres qui parlent de politique et d’autres choses importantes”.

Et la jeune fille de conclure :

”Pour moi, le risque, c’est que de plus en plus de jeunes manquent d’ouverture d’esprit.”

Adam Gabbatt

Liberté-Expression lire
https://www.courrierinternational.com/article/etats-unis-contre-la-censure-les-ados-se-rebiffent-par-la-lecture

Prise de notes : faut-il privilégier le stylo ou le clavier ?

Fri 14 Jun 2019 - 06:54

Lorsqu’il s’agit de lire ou de prendre des notes, papier et écran ne logent pas à la même enseigne. Lorsque nous lisons, si la longueur du texte ne dépasse pas une page ou, en d’autres termes, si le texte n’a pas besoin d’être déroulé à l’écran, il n’y a aucune différence de compréhension entre les deux supports.

Toutefois lorsque le texte dépasse les 500 mots, le recours aux outils de navigation entame la qualité de la compréhension.

Certaines études précisent toutefois que le papier et l’écran sont sur un pied d’égalité lorsqu’il s’agit d’évaluer la compréhension générale d’un texte, quelle que soit sa longueur, si on n’exige pas du lecteur de fournir un compte rendu détaillé ou nuancé. Cela est particulièrement vrai pour les adolescents confrontés à des textes longs et complexes.

Les avantages écologiques et pratiques de l’écran remportent de plus en plus de succès. De plus, ils ont beaucoup évolué au fil des ans, prenant progressivement l’allure d’une feuille de papier. Alors, comment expliquer l’avantage « cognitif » que semble conserver le support papier ?
Conceptualisation

Parmi les hypothèses avancées, voici celles qui sont les plus souvent invoquées. Sur papier, le texte est fixe. Cette fixité permet au lecteur de construire une représentation spatiale du texte qui sert de repères pour la mémoire. La répartition physique du texte sur le papier permet de naviguer à travers une cartographie de mots.

Subrepticement, l’écran se présente à l’utilisateur comme un outil doté d’une performance innée et rend le lecteur trop confiant face à ses capacités. Ainsi, la tâche lui semble facile, alors qu’inversement, le support papier est traditionnellement associé à un processus d’apprentissage plus ardu.

Qu’en est-il de la prise de notes ? Des expériences ont été menées pour y voir plus clair. Utiliser un portable permet d’enregistrer un plus grand nombre de mots que sur le papier.

La prise de notes sur portable s’apparente à une transcription ; alors que la prise de notes sur papier, plus courte, se concentre sur les concepts. Par conséquent, la prise de notes sur papier favoriserait le traitement des données.

Pour savoir à quoi s’en tenir, on a demandé à ceux qui ont pris des notes sur papier et à ceux qui ont pris des notes sur un portable de se soumettre à un examen trente minutes après la prise de notes.

S’agissant de données factuelles, ceux qui ont pris des notes sur un portable obtiennent une meilleure performance que ceux qui ont pris des notes sur papier. Par contre, lorsqu’il s’agit de mémoriser des données conceptuelles, ceux qui ont pris des notes sur papier surclassent de manière significative ceux qui ont pris des notes sur un portable.

Un nouveau test, réalisé cette fois-ci une semaine après, confirme cette tendance. Ceux qui ont pris des notes sur papier ont obtenu un meilleur résultat.

Il semblerait que la prise de notes sur papier facilite le traitement cognitif de l’information en sélectionnant les concepts les plus importants, en synthétisant et en transcrivant ces données dans leurs propres mots. La prise de notes sur papier favoriserait en quelque sorte la pensée critique.

lire écrire
https://theconversation.com/prise-de-notes-faut-il-privilegier-le-stylo-ou-le-clavier-118340

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