Pascal Grué, président de l’Écomusée de la Vallée du Gapeau, est formel: "Bien sûr, il existe une dépression géologique longue de près de 40 km, tantôt étroite, tantôt évasée, formée par un fleuve côtier appelé Gapeau. Cependant, ce territoire n’a pas d’unité administrative, économique, humaine, historique, culturelle, géologique... Il est donc illusoire d’appréhender cet espace de manière globale: il n’y a pas une vallée du Gapeau, mais des entités, traversées en partie ou en totalité par ce fleuve".
Gapel, Gapellus
Il garde une part de mystère: que signifie son nom? Depuis quand est-il appelé ainsi? Dans son ouvrage La chartreuse de Montrieux, Raymond Boyer évoque les noms médiévaux de Gabellus, Gapel ou Gapellus. Des textes du XVIe siècle parlent de Gapeau. "Une autre interrogation demeure: d’où vient l’eau de sa source officielle? Il s’agit d’une résurgence située sur la commune de Signes, à 315 m d’altitude, en bordure de la D2 et un kilomètre en amont de la source Beaupré."
La Source bleue
"Il naît à Signes au lieu-dit la Source bleue et c’est jusqu’à Belgentier que sa pente est la plus forte, son cours est jalonné de rapides et de chutes. Sa profondeur moyenne est de 30 cm. Puis de Belgentier à la Castille, la pente s’adoucit et la profondeur oscille entre 50 cm et 130 cm, enfin jusqu’à son embouchure, la pente diminue nettement". Cela explique la présence d’eaux saumâtres dans l’estuaire du Gapeau. La largeur moyenne du lit est de 6 m. La région qu’il traverse est marquée par la pauvreté du réseau hydrographique : quelques sources et cours d’eau alimentent ce fleuve, mais leur apport est inégal en raison de l’aridité estivale et de l’irrégularité des pluies.
Modeleur de l’espace
Entre sa source à Signes et son embouchure à Hyères, ce cours d’eau a plus marqué l’histoire des communes qu’il traverse. "Pendant longtemps, il a été au cœur de l’économie locale, employé pour l’irrigation ou comme force motrice. Aujourd’hui, il est surveillé, car il est à l’origine de dramatiques débordements et son débit capricieux engendre méfiance et crainte dès que les précipitations s’accentuent plus que d’ordinaire".
Le Gapeau a vu son environnement changer ces dernières décennies: le caractère rural des espaces qu’il traverse et des populations qui vivent sur ses rives s’estompe au profit de l’agglomération toulonnaise. La population de toutes les communes qu’il traverse croît fortement "Elle a sextuplé par endroits en un siècle. Ce bouleversement s’est accompagné de l’abandon de nombreuses activités agricoles et industrielles, au profit de zones d’activités commerciales situées le long des grands axes de transport".
De telles transformations poussent les spécialistes à s’interroger sur l’avenir et à souhaiter préserver la mémoire du passé ainsi que le patrimoine qui s’y rattache.
Le terme "route" vient du latin "rupta" (via), "voie rompue" "voie frayée", aménagée dans la roche.
COMPLÉTER ILLUSTRATIONS
Le réseau routier a été historiquement développé par les Romains. Ils ont mis en place environ 12 000 kms de voies partiellement pavées afin de pouvoir facilement déplacer leurs armées d'une région à une autre. Ce sont les voies romaines. Selon la tradition, le premier constructeur de routes fut Appius Claudius le Censeur qui, en 312 avant JC. entreprit la construction de la route qui porte son nom, la Via Appia, principale route menant de Rome au sud de l’Italie. C'est de Rome au bout du forum que partaient 29 routes disposées en éventail qui reliaient la ville aux provinces d’Italie et continuaient dans des pays limitrophes au-delà des Alpes. Certaines se prolongeaient vers les différentes régions de l’Empire, du Sud au Nord et de l’Est à l’Ouest. Elles permettaient les rapides mouvements de troupes destinés à réprimer les révoltes et formaient un important réseau de communication, la clé du succès et de la survie de Rome.
Table de Peutinger
Extrait de la Table de Peutinger (Tabula Peutingeriana ou Peutingeriana Tabula Itineraria), appelée aussi carte des étapes de Castorius
Le reste du territoire était parcouru par de simples chemins de terre. Après la chute de l'Empire Romain, ces routes devenues moins utiles se dégradent. La "Table de Peutinger", copie médiévale d’une carte des routes de l’Empire, donne les distances entre les villes et les hébergements disponibles. Plus de 80.450 kilomètres de routes couvrent l’Empire dans sa totalité en l’an 114 après JC.
Au Moyen Age, la France n'a plus vraiment de réseau routier, mais des routes régionales et des chemins en plus ou moins bon état. Par la suite, les gouvernements successifs ne font que des efforts temporaires de mise en état sous Louis XI, puis Sully et Colbert. C'est au XVIIIème siècle que l'établissement d'un véritable réseau routier se met en place. Le service des Ponts et Chaussées développe et entretient les routes les plus importantes avec le concours du ministère de la Guerre. Il construit avec le système de la corvée près de 30 000 km de voies entre 1728, date de sa création, et la Révolution. Les routes sont bordées d'arbres afin de protéger les piétons et les chevaux. Les voies locales restent à la charge des riverains.
En 1776, un arrêt du Conseil d'état définit quatre classes de routes, depuis les grandes routes qui traversent la totalité du royaume, ou qui conduisent de la capitale dans les principales villes, ports ou entrepôts de commerce, jusqu'aux petites routes d'intérêt local.
Les routes de première classe, ou routes royales, devront désormais avoir 42 pieds de largeur (environ 13 m). Après la Révolution, les routes sont dans un état déplorable. Pour Napoléon Bonaparte, les routes impériales, qui remplacent les routes royales, permettent d'unifier le pays et de faciliter le passage des troupes, comme à l'époque romaine. Il s'attache à développer les routes vers l'Italie, à laquelle il attribue une importance politique particulière. Il construit ou aménage les voies passant par le col du Simplon vers Milan, par le col du Mont-Cenis, par le col du Lautaret et Briançon, en Oisans et le long de la côte méditerranéenne (future Nationale 7).
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Point zéro des routes de France sur le parvis de Notre-Dame de Paris (Photo Wikipédia)
Le décret impérial du 16 décembre 1811 divise les routes de l'Empire en routes impériales, départementales et chemins vicinaux. Il distingue trois classes de routes impériales. La première classe comprend quatorze routes dont dériveront les principales routes nationales que l'on connait aujourd'hui. Toutes ces routes partent de Paris, même si certaines ont un tracé commun à leur début. Conçues à l'époque d'extension maximale de l'Empire, certaines de ces routes se terminent de nos jours, dans des villes étrangères. Les voies reliant les grandes villes de province entre elles sont reléguées dans une seconde catégorie. Le décret mentionne aussi les routes départementales, qui correspondent aux routes de 3e classe de l'Ancien Régime.
Dans le Var, le réseau routier départemental compte alors 17 routes. Ce sont les routes : N°1 de Brignoles à Marseille, N°2 de Draguignan à Saint-Raphaël, N°3 de Grasse à Cannes, N°4 du Beausset à Bandol, N°5 de Toulon à Barjols et à Digne, N°6 de Marseille à Barjols, N°7 de Draguignan à Barjols, N°8 du Luc à Saint-Tropez, N°9 de Draguignan à Riez, N°10 de Lorgues à Fréjus, N°11 de Cuers à Brignoles, N°12 de Cuers aux salins (Hyères), N°13 de l'embranchement de Saint-Julien pour aller de La Roquebrussanne à Tourves, N°14 de Castellane à Toulon, N°15 de Grasse à Cagnes, N°16 de Grasse à Vence, N°17 de Vence à Cagnes par Saint-Paul. A noter que les routes N°3, 15, 16 et 17 ont été intégrées au département des Alpes-Maritimes en 1861.
Agay-route de la Corniche
Il n'y a pas de domaine public départemental. Les routes départementales restent la propriété de l'Etat. Le Conseil général les gère, les entretient et les aménage. Il faudra attendre 1871 pour qu'elles intègrent le domaine public départemental. Déjà en 1873, le Conseil général du Var innove en la matière en délibérant et décidant "que le service des routes départementales et celui des chemins vicinaux seraient confiés à un personnel unique, que ce personnel serait exclusivement départemental, et que le chef de service prendrait le titre de Directeur de la voirie départementale". Le Conseil général du Var exprimait sa volonté de simplifier la gestion de la voirie, de coordonner au mieux la politique routière et de mettre fin aux disparités qui existaient entre les personnels du service vicinal et celui des Ponts et Chaussées. C'est au XXe siècle que les grands changements interviennent. Pour faciliter l'orientation des automobiles, en 1930 les voies départementales sont signalisées. On roule à 30 km/h en rase campagne et à 20 km/h en agglomération. En 1972, débute le grand transfert des routes nationales vers les départements. La loi du 2 mars 1982 transfère la responsabilité du Préfet vers le Président du Conseil général. Les directions départementales - DDE - sont mises à la disposition des Départements pour la gestion des routes. Dernière étape, en 2004, avec la loi de Décentralisation, dans le Var, l'Etat transfère tout son réseau routier national (hors réseau autoroutier) au Département. Le Conseil général du Var récupère 315 km de routes supplémentaires.
Le réseau routier varois aujourd'hui : Au 31 décembre 2011, la longueur totale du réseau routier du département du Var est de 10 352 km, se répartissant en 195 km d'autoroutes, 4 km de routes nationales, 2 931 km de routes départementales et 7 221 km de voies communales. Il occupe ainsi le 61e rang au niveau national sur les 96 départements métropolitains quant à sa longueur et le 67e quant à sa densité avec 1,7 kilomètres par km2 de territoire.
Le saviez-vous ? : La taille des départements nés sous la Révolution a été calculée pour qu'on puisse les traverser en une journée à cheval.
Col de Gratteloup
La RD 25 entre Le Muy et Sainte-Maxime : Il y a deux cents ans environ, la municipalité de Sainte-Maxime s'échinait déjà à améliorer le sentier qui allait vers le route Royale du Muy. En 1832, le Conseil général du Var classe ce chemin en route Départementale. C'est au début du XXème siècle, juste avant l'ère automobile, que le chemin fut empierré sur une bonne largeur. Du coup, le trafic de charrettes tirées par des chevaux s'intensifie. En 1937, il passe en été au Col du Gratteloup, 100 véhicules par jour, contre 12 000 aujourd'hui.
Sources : D'après un article paru dans Var Mag' Le magazine du Conseil Général N° 176 - Janvier 2012 et Wikipédia - l'encyclopédie libre.
Forum du Revest-les-Eaux, animé par Les Amis du Vieux Revest