Généa50 est une association qui s’adresse à tous les passionnés d’histoire et de généalogie dans la Manche. En 2024, nous avons organisé plusieurs événements sur Fermanville (3 expos, 3 conférences, 1 grande vente de livres). A partir du 14 décembre commence une nouvelle exposition avec une présentation très spéciale de quelques Fermanvillais que vous reconnaîtrez peut être. D’autres manifestations se dérouleront en 2025, venez nous y revoir ou nous découvrir à ces occasions !
Après 5 ans d’existence, l’association continue son développement. Une 15aine de bénévoles, au service de nos presque 300 adhérents et des visiteurs de Fermanville et d’ailleurs, occupent divers missions : gérer notre bibliothèque (2800 ouvrages), relever des chartriers & transcrire des vieux actes, donner des cours de paléographie, développer notre arbre généalogique de la Manche de 1,7 million de personnes liées à la Manche et leurs ancêtres nobles, tenir un forum, un blog et une chaine Youtube… En plus de la publication d’une revue semestrielle, nous lançons une nouvelle activité d’édition inaugurée par « la Rue du Faubourg à Cherbourg ». D’autres livres locaux sont en préparation pour 2025.
Le canton inhabité d’Entremont, de forme rectangulaire, se situe dans la réserve faunique La Vérendrye, en Abitibi-Témiscamingue, un peu au nord du lac Cocôwan, une des composantes du réservoir Dozoi, et à environ 20 km à l’est de la baie Kawastaguta du Grand lac Victoria. Son territoire, au relief plutôt accidenté, contient bon nombre de petits plans d’eau, dont le lac Tesserie. Il est également irrigué par deux rivières importantes, la Canimiti et la Chochoucouane, qui créent un confluent au centre du territoire. Depuis le 20 décembre 1955, il porte le nom d’un gentilhomme normand, Philippe Moius d’Entremont, dont les origines se trouveraient toutefois en Savoie. Les titres de noblesse de la famille d’Entremont, ayant émigré en Normandie au XVIe siècle, remonteraient, selon certains, au XIe siècle. D’autres affirment cependant que c’est Louis XIV (1638-1715) qui fit de Philippe Mius le sieur d’Entremont. Quoi qu’il en soit, il existe aujourd’hui en France deux communes appelées Entremont, et toutes deux se trouvent dans l’ancienne province de Savoie, définitivement incorporée à la France en 1860 ; les deux tiennent leur nom de leur situation géographique entre de hautes montagnes. L’une d’entre elles, à 791 m d’altitude au cœur des Alpe françaises, s’étend sur le Borne, dans le département de la Haute-Savoie, à quelque 25 km au nord-est d’Annecy, et à environ 40 km au sud-est de Genève, en Suisse. Les touristes y découvriront notamment les ruines d’un monastère du XIIe siècle, érigé en Abbaye en 1154 mais supprimé en 1772, ainsi qu’une église, construite également au XIIe siècle, mais profondément modifiée jusqu’au XIXe siècle.
L’autre commune, Entremont-le-Vieux, sise à 840 mètres d’altitude, se situe sur le Cozon, dans la partie ouest de la Savoie, à une quinzaine de kilomètres au sud de Chambéry, préfecture de département. Là, on peut y voir les ruines d’un château. Le sieur d’Entremont naquit vers 1609, probablement à Cherbourg, en Normandie. En 1650 ou 1651, il fut amené en Acadie par son ami, le nouveau gouverneur Charles de Saint-Étienne de La Tour, comme lieutenant-major et commandant des troupes du roi. Deux ou trois ans plus tard, Entremont reçut, en récompense pour ses services, le fief Pobomcoup (aujourd’hui Pubnico, en Nouvelle-Écosse) à titre de baronnie.
Il assuma plusieurs fonctions dans la colonie, devenant même, vers 1670, procureur du roi, puis il s’occupa du développement des terres qui lui avaient été attribuées. Il mourut en Acadie au début du XVIIIe siècle. Sa descendance demeure nombreuse en Nouvelle-Écosse, et tout particulièrement, à Pubnico.
Au Québec, en plus d’un canton, le toponyme Entremont désigne un lac, situé précisément dans le canton d’Entremont, sur le cours de la rivière Canimiti, et des voies de circulation, à Sainte-Foy, Saint-Marc-des-Carrières et Amos.
Proclamé en 1966, le canton d’Entremont est situé au nord du réservoir Dozois, dans la réserve faunique La Vérendrye. Ce canton de présente comme un ensemble hydrographique compliqué où l’on distingue à peine la rivière Chochoucouane et la rivière Canimiti, au sein de très nombreuses étendues d’eau. Son relief, accidenté et brisé, varie entre 350 et 537 mètres d’altitude. En dénommant ainsi cette unité géographique en 1955, on a voulu honorer la mémoire du Normand Philippe Mius ou Muis (né vers 1609 et mort vers 1700). En 1650 ou 1651, il est amené en Acadie par le nouveau gouverneur Charles de Saint-Étienne de La Tour comme lieutenant-major et commandant des troupes du roi. Deux ou trois ans plus tard, il reçoit en récompense le fief Pobomcoup (Pubnico, Nouvelle-Écosse), à titre de baronnie, et y construit son château. Cette baronnie est demeurée un bien familial jusqu’à la dispersion des Acadiens, en 1755. Les descendants qui portent ce nom d’Entremont sont encore nombreux.
Noms et lieux du Québec, ouvrage de la Commission de toponymie paru en 1994 et 1996 sous la forme d’un dictionnaire illustré imprimé, et sous celle d’un cédérom réalisé par la société Micro-Intel, en 1997, à partir de ce dictionnaire.
(Source : La France et le Québec. Des noms de lieux en partage. Commission de toponymie du Québec, les Publications du Québec, l’Association française pour l’information géographique, 1999).
La date du 6 juin 1944 qui vit la destruction totale des collections et du bâtiment des Archives départementales de la Manche, scindera toujours en deux leur histoire.
Avant 1944 : un dépôt d'archives, dont l'importance (plus de 85000 articles) n'était connue ou plutôt soupçonnée que des initiés, dont deux séries étaient fort belles : la série A (Domaine royal et domaines engagés) et la série E (état civil, familles, notaires), mais dont la série H (Clergé régulier) écrasait les prétentions en ce domaine de tous les autres dépôts départementaux par sa splendeur numériquement et quantitativement inimaginable :
Abbayes de Blanchelande : 1300 articles ; de Cerisy : 550 articles ; de Cherbourg : 2300 articles ; de Hambye : 300 articles ; de Lessay : plus de 3400 articles ; de Montebourg : 5000 articles ; de Montmorel : 1500 articles ; du Mont Saint-Michel : 3000 articles et 1500 sceaux ; de Saint-Lô : 750 articles ; de Saint-Sauveur-le-Vicomte : 2200 articles ; de Savigny : 2200 articles ; de Torigni : 250 articles ; Abbaye blanche : 615 articles ; etc ...
De multiples instruments de travail, inventaires et répertoires, en facilitaient l'accès. La majorité, manuscrits, ont péri, à l'exception de quelques notes de travail de Dubosc et de Doblet.
Après 1944 : Mise en place d'une dynamique politique de reconstitution (à l'identique parfois, grâce à des copies d'avant 1944 ; à l'"équivalence" le plus souvent) des collections afin de restituer aux Manchois, par tous les moyens possibles, une part de la mémoire perdue. Celle-ci est multiforme : campagnes de microfilmages, relayées maintenant par la numérisation, reconstitutions de corpus documentaires et indexation systématique de ces collections, collecte tous azimuts des archives antérieures aux désastres de la guerre, actions multiples auprès des particuliers pour faire déposer leurs papiers familiaux ou professionnels, classements et inventaires.
Vue aérienne de l'île de Guernesey-EmmaLeP via Flickr
Des pêcheurs français qui bloquent un port de Jersey; les navires de guerre britanniques qui patrouillent pour réaffirmer leur bon droit dans ces eaux; des menaces françaises de couper l'alimentation électrique des îles Anglo-Normandes. Pas de doute, le Brexit a électrisé la Manche et ce pacifique archipel devient un peu l'équivalent de Gibraltar pour l'Espagne: une pomme de discorde diplomatique. Les îles en soit ne soulèvent aucun différend. Ce sont ses eaux territoriales poissonneuses qui exacerbent les tensions entre les pêcheurs français et cet archipel de la Manche avec lequel la France voisinait jusque-là paisiblement.
Ces îles sont un vestige des origines normandes de la monarchie anglaise. Les bailliages de Jersey et Guernesey possèdent chacun leur gouvernement et reconnaissent la reine comme souveraine. Elizabeth II n'est pas seulement reine de quinze États et présidente du Commonwealth, elle porte également le titre de «duc» de Normandie. «C'est peu connu car elle n'en fait pas étalage pour des raisons diplomatiques évidentes», constate l'historien Christophe Maneuvrier, enseignant-chercheur à l'université de Caen.
Cet héritage remonte à Guillaume le Conquérant qui traversa la Manche en 1066 pour ajouter la couronne d'Angleterre à son titre de duc de Normandie. Normandie et Angleterre partagèrent un siècle et demi de destin commun. Jusqu'en 1204, lorsque le roi de France Philippe Auguste incorpora l'ancienne province viking à son domaine royal. Toute la Normandie fut occupée. Toute? Non! Un archipel au large du Cotentin demeura encore et toujours rattaché à son duc, c'est-à-dire au roi d'Angleterre.
Par la suite, la France tenta bien, à plusieurs reprises, de débarquer sur ces îles Anglo-Normandes. Las, les expéditions se fracassaient sur la protection naturelle que confère son insularité. Des récifs et des bas-fonds dans la Manche, une mer que Victor Hugo qualifiera d'«insoumise», où il faut se défier des «coups de théâtre de l'océan». «Si vous n'êtes pas un ancien pilote et un vieil habitué», gare à vous, «c'est fini, le navire se disloque et sombre», avertissait l'écrivain alors exilé sur ces îles, dans Les travailleurs de la mer.
Côté français, arracher ces îles normandes au roi d'Angleterre ne tourna guère à l'obsession. Aux XIVe et XVe siècle, il y eut bien quelques incursions françaises au cours de la guerre de Cent Ans, mais rien de très durable. Jersey et Guernesey ne possédaient aucune richesse susceptible d'attiser les convoitises. «Et l'enjeu stratégique des îles était quasi nul puisque les grandes routes maritimes passaient plus au nord», analyse Christophe Maneuvrier. Même Napoléon, le grand ennemi de l'Angleterre, ne fut pas tenté de faire main basse sur elles.
«Il n'y avait pas d'intérêt à envoyer une grande armée pour envahir trois cailloux, d'autant que sa marine était mal en point après Trafalgar», ajoute l'historien. Les seuls à avoir récemment conquis l'archipel de la Manche furent les Allemands en 1940. Ils prévenaient ainsi un débarquement allié vers le Cotentin, mais leur objectif n'était pas que militaire.
Symboliquement aussi, ils envahissaient un archipel lié à une Angleterre résistant farouchement à Hitler. L'occupation fut d'ailleurs éprouvante et s'éternisa bien au-delà du Débarquement en Normandie puisque sa libération n'aboutit qu'après la capitulation allemande du 8 mai 1945. Entretemps, les troupes de Sa Majesté n'avaient rien tenté pour les récupérer. Prouvant une nouvelle fois leur faible intérêt stratégique.
«Les milieux populaires ont parlé français jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.» Christophe Maneuvrier, historien
L'archipel n'a pivoté vers les îles britanniques que récemment. Longtemps tournées vers le continent, les îles ont attiré sur leur sol les huguenots, indésirables en France après la révocation de l'édit de Nantes (1685), et des prêtres réfractaires fuyant la Révolution. Quand Victor Hugo y a séjourné, il fut marqué par la proximité culturelle de ces îles avec la France. Dans Les Travailleurs de la mer, il écrit «les îles de la Manche sont des morceaux de France tombés dans la mer et ramassés par l'Angleterre». Il remarque que «les fleurs de lys abondent» et qu'«en fait de mode, Guernesey copie Paris». L'écrivain note aussi que «l'archipel normand parle français, avec quelques variantes […] Paroisse se prononce paresse». Hugo respecte ce «patois», «une vraie langue, point méprisable du tout». Il popularise un normandisme qu'il découvre sur place: la pieuvre. Le succès du mot fut tel qu'il s'est partiellement substitué au poulpe du français standard.
La société insulaire que découvrit Hugo était bilingue, avec des journaux anglais qui cohabitaient avec la presse en français. «Les élites partaient étudier en Angleterre mais les milieux populaires ont parlé français jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, rappelle Christophe Maneuvrier. Aujourd'hui, ce français y est presque moribond… Même s'ils n'aimeraient pas que je dise cela!» En effet, si les Anglo-Normands ont basculé en anglais, ils restent profondément attachés à leur identité normande. À leurs bailliages, à leur droit coutumier et à leur toponymie française. Pareil pour les patronymes: un francophone ne sera pas dépaysé par un ministre en chef à Jersey dénommé John Le Fondré ou un ministre à Guernesey qui se nomme Jonathan Le Tocq.
Longtemps négligé, presque oublié par les conquérants français, l'archipel est aujourd'hui riche et stratégique dans le jeu diplomatique. Cela fait belle lurette que Jersey, Guernesey, Sark, Herm ou Aurigny ne sont plus revendiqués par Paris mais la Normandie continentale tente de se rapprocher de ces îles, qui sont anglophones mais dont les habitants se considèrent comme Normands.
«Le bailli vient très fréquemment à Caen, le président de la région Normandie se rend aussi dans les îles, souligne Christophe Maneuvrier. Il y a une convention universitaire entre l'État de Jersey et l'université de Normandie à Caen pour accueillir des étudiants. Le Brexit qui nous est tombé dessus vient donc à rebours de dizaines d'années de rapprochement!» Et la crise sanitaire, qui a raréfié depuis près de deux ans les communications maritimes avec le continent, n'a rien arrangé…
Une ruelle de la commune de Longueil dans le Pays de Caux (580 hab) dont est originaire Charles Le Moyne qui a donné le nom à la commune homonyme de Longueuil au Québec (240 000 hab).
Avec l’avènement d’Internet, la recherche généalogique est devenue plus accessible et se démocratise de plus en plus. Preuve en est avec le développement récent de sites dédiés à la généalogie (Ancestry, Geneanet, MyHeritage, etc.). Au Québec, elle connaît un véritable engouement et la création d’émissions télévisées qui mettent en scène des personnalités québécoises en quête de leurs origines en est le meilleur exemple. D’ailleurs, l’affirmation de l’identité québécoise (où le français est la seule langue officielle) au sein d’un Canada majoritairement anglophone n’est sûrement pas étrangère à cette activité.
Depuis quelques années, on constate en France l’émergence d’un tourisme généalogique québécois. Pourtant, cette nouvelle forme de tourisme reste confidentielle alors que son potentiel de développement économique ne serait pas négligeable à l’échelle locale, notamment pour les territoires ruraux qui ont vu partir bon nombre de pionniers. Alors, le tourisme généalogique peut-il répondre aux enjeux de redynamisation de ces campagnes qui sont de plus en plus vieillissantes et de moins en moins attractives ? Voici quelques éléments d’éclairage avec l’exemple de la région normande où ses nombreux pionniers ont laissé une descendance prolifique au Québec et dont le potentiel touristique généalogique est encore peu exploité par les acteurs territoriaux.
La maison ancestrale de Jean Giguère à Tourouvre-au-Perche (Orne), ancêtre de tous les Giguère d’Amérique du Nord. angelanoelle/Flickr
L’immigration vers la Nouvelle-France : un pan méconnu de l’histoire française
Après la découverte de l’actuel Québec par Jacques Cartier en 1534, le Royaume de France prend possession des lieux et fonde la Nouvelle-France. Après plusieurs tentatives avortées, la campagne de colonisation initiée par Samuel de Champlain en 1608 puis par la Compagnie des Cent-Associés en 1627 – notamment motivée par le commerce de fourrures – est la bonne. Dès lors, plusieurs centaines de pionniers principalement originaires des provinces de Normandie, du Perche (dont son territoire sera intégré en partie à la Normandie en 1789), d’Aunis et de Saintonge (correspondant actuellement à l’ex région Poitou-Charentes) partent défricher ce nouveau territoire dans l’espoir d’une vie meilleure.
Plaque honorifique en l’honneur des ancêtres Hamel du Québec et d’Amérique du Nord dans l’église Saint-Jacques de Dieppe (Seine-Maritime). Philippe Aubry/Flickr
Par la suite, plus de 800 femmes appelées « Filles du Roy » sont envoyées en Nouvelle-France pour se marier et fonder une famille avec les hommes sur place. Elles proviennent généralement d’orphelinats ou d’hôpitaux des villes de Dieppe, La Rochelle, Paris ou Rouen et sont âgées de 15 à 30 ans. La population de la Nouvelle-France doublera rapidement après l’arrivée de ces jeunes femmes et une nouvelle vague de nouveaux migrants de moindre importance viendra par la suite s’y installer au XVIIIe siècle. Par conséquent, il est fortement probable aujourd’hui qu’un québécois d’origine « canadien-français » ait plusieurs ancêtres parmi ces pionniers du XVIIe et XVIIIe siècles.
Plus de deux millions de Québécois porteraient un nom de famille hérité d’un ancêtre normand
Parmi les dix noms de famille les plus portés actuellement au Québec, quatre d’entre eux proviennent exclusivement d’ancêtres originaires de l’actuelle Normandie (Tremblay, Gagnon, Côté et Gagné) et cinq d’entre eux en contiennent partiellement (Roy, Gauthier, Morin, Lavoie et Fortin). Citons le plus prolifique d’entre eux, Pierre Tremblay, originaire de Randonnai (Orne) et dont son nom est désormais porté par plus de 80 000 québécois avec une descendance estimée à 150 000 personnes en Amérique du Nord. Pour l’anecdote et pour bien mesurer la descendance laissée notamment par les percherons au Québec, le géographe Élisée Reclus disait de la commune de Tourouvre (Orne) qu’elle fut « le lieu d’Europe qui a contribué, pour la plus grande part, au peuplement du Nouveau Monde ». Pas étonnant que cette commune accueille depuis 2006 le Musée de l’émigration française au Canada.
Distribution des immigrants (masculin et féminin) en Nouvelle-France par province d’origine. (Charbonneau et Guillemette, 1994)
La Normandie et l’ancienne province du Perche ont fourni 843 des 3303 individus partis peupler la Nouvelle-France (voire carte ci-dessus), soit environ un quart du contingent français. Mais d’après mes estimations personnelles à partir de diverses sources d’informations (sites généalogiques, bases de données publiques, etc.), environ un tiers des Québécois d’origine « canadien-français » porteraient un patronyme hérité d’un ancêtre originaire de Normandie, soit une population estimée de 2 à 2,5 millions de personnes. Si l’on rajoute les ancêtres féminins, la descendance laissée par les hommes et femmes originaires de Normandie sur la population québécoise est probablement beaucoup plus conséquente.
Source : Reportage du JT de France 2 (25/09/2017) : « Normandie, des Québécois en quête de leurs racines ».
Le tourisme généalogique : un levier de développement local pour les territoires ruraux ?
Le potentiel touristique généalogique est donc bien réel en Normandie si on tient compte du nombre important de Québécois concernés et de leur engouement pour la généalogie. D’ailleurs, j’ai cartographié ce potentiel touristique par commune après avoir identifié l’ensemble des ancêtres normands (masculin et féminin) qui ont laissé une descendance au Québec jusqu’à nos jours (cette recension n’est pas encore totalement exhaustive). En effet, les lieux de mémoire de ces ancêtres se concentrent presque exclusivement dans leur commune d’origine (maison ancestrale, église de baptême et/ou mariage, rue portant son nom, etc.).
Cette géographie communale d’origine de ces ancêtres montre deux choses :
Un potentiel touristique qui est hétérogène géographiquement (les 5 départements normands sont concernés même si celui de l’Eure le semble moins que les autres).
Outre trois villes de taille moyenne ou importante (Rouen, Dieppe et Caen), de nombreuses communes rurales sont concernées par ce potentiel, généralement dans des espaces ruraux peu attractifs économiquement et vieillissants (Perche, Pays de Caux, Pays d’Auge et le sud-Manche).
Cartographie du potentiel touristique généalogique québécois en Normandie. François Raulin (2017)
D’autres sites touristiques régionaux très fréquentés (Le Mont-Saint-Michel, Giverny, le Memorial de Caen, etc.) ainsi que plusieurs lieux ayant un lien avec l’histoire du Québec (Musée de l’émigration française au Canada de Tourouvre, cimetières canadiens de Dieppe et de Bény-sur-Mer, port de Honfleur qui a vu le départ de plusieurs expéditions de Samuel de Champlain, etc.) ont été rajoutés dans cette carte afin de mieux se rendre compte de ce potentiel touristique.
Dès lors, si les acteurs publics et privés du territoire décidaient de capter ce potentiel (élus locaux et entreprises dédiées au tourisme notamment), il est certain que ces territoires ruraux bénéficieront directement de retombées économiques locales (établissements hôteliers, restaurants, etc.). Face aux enjeux (difficiles) de la redynamisation des espaces ruraux, est-ce que cette nouvelle forme de tourisme peut-elle être une réponse (certes modeste) aux territoires concernés ?