Les cercles étaient nombreux, autrefois, dans le Var. Le Beausset en comptait plusieurs de toutes les sensibilités. De nos jours, tous ont disparu sauf un : Le Cercle du 24 février 1848.
Hauts lieux d'échanges et de débats, mais aussi de respect, de tolérance et de fraternité, les cercles, encore appelés chambrées ou clubs, pullulaient, autrefois, dans le Var.
Leur existence était ancrée au plus profond de la mémoire collective des populations. Propices aux réunions animées et aux controverses de toutes natures, à une époque où la télévision n'avait pas encore défait le lien social, ces associations villageoises reflétaient bien l'esprit frondeur et contestataire du Français en général, du Varois en particulier. Si quelques-uns de ces cercles affichaient leur apolitisme, la plupart étaient d'authentiques foyers d'agitation.
Le Beausset en comptait un très grand nombre de toutes les sensibilités. Ainsi trouvait-on le Cercle Démocratique, le Cercle de l'Union, le Cercle de l'Avenir, celui de la Concorde, de Saint-Pierre, ceux de Saint-Hubert, de la Renaissance, d'Apollon, des Vieux Soldats, de Saint Napoléon, des Indépendants, de la paix, de l'Amitié, de la Gaieté, de Saint-Joseph, de Mars, des Réjouis, de Cérès, etc. Les cercles exaltant les valeurs de la République étaient cependant majoritaires.
De nos jours, tous ont disparu sauf un : Le Cercle du 24 février 1848 (ex-Cercle Démocratique). Ultime spécimen d'une époque à jamais révolue, ce dernier fut encore l'enjeu, il n'y a pas si longtemps, de farouches rivalités. Il a été fondé le 31 mars 1893 pour glorifier la mémoire de ceux qui, en 1848, après trois jours de sanglantes émeutes parisiennes, ont renversé le régime honni du roi Louis-Philippe (la fameuse Monarchie de juillet) pour rétablir une République une et indivisible. Parmi ces « Républicains avancés » comme on disait alors : Lamartine, Louis Blanc, Ledru-Rollin, Dupont de l'Eure, Arago, Garnier-Pagès, Marie, Crémieux, Marrast, Flocon… sans oublier « l'ouvrier » Albert, tous membres du gouvernement de la IIème République.
Extrait de l'ouvrage de Jacky Laurent « Le Beausset au fil du temps » publié aux éditions Alan Sutton.
Depuis le XIXe siècle, les cercles ont marqué l’histoire des communes provençales.
Beaucoup ont disparu, d’autres continuent d’exister, notamment en s’ouvrant à tous.
Cette évolution est l’objet d’une étude menée par le Pays d’art et d’histoire de la Provence verte et Verdon.
Sur le terrain aux contacts des acteurs du territoire, Pauline Mayer, chargée de mission inventaire du patrimoine, a commencé depuis janvier à enquêter.
Très précisément, le projet porte sur la réalisation d’une fiche d’inventaire du patrimoine culturel immatériel. Il est subventionné par le ministère de la Culture, dans le cadre d’un inventaire national des pratiques immatérielles, complémentaire de celui du patrimoine bâti et mobilier. Cette démarche s’inscrit dans la convention Unesco de 2003, ratifiée par la France en 2006. Cette convention encourage à répertorier les pratiques vivantes - physiques, sociales et festives -, de traditions et d’expressions orales, des arts du spectacle, jeux, rituels, du savoir et savoir-faire. Ça peut être le jeu de paume à Artignosc, la fabrication de boules de pétanque en buis à Aiguines, la Saint-Marcel à Barjols… L’objectif est de donner un outil de connaissance pour le public et de faire reconnaître ces pratiques afin de favoriser éventuellement des opérations de sauvegarde menées par des institutions publiques. Le Pays d’art et d’histoire de la Provence verte et Verdon (du syndicat mixte, Ndlr) a choisi de continuer le travail réalisé sur les cercles au niveau du patrimoine bâti et mobilier.
La brochure "Laissez-vous conter les cercles" a été publiée en 2014. Un film documentaire - Paroles de cercles, loisirs et démocratie en Provence verte - est également visible sur le web (1). En 2016, il y a eu une réédition de la brochure dans l’ouvrage de synthèse de toute l’opération d’inventaire du patrimoine de la République (2). L’histoire, la fonction et le mobilier des cercles ont, donc, déjà été étudiés. Chaque local a été répertorié. Des huit cercles recensés sur le territoire en 2015, certains ont depuis disparu. Au XIXe siècle, il y en avait une centaine dans le Var, pratiquement un dans chaque commune, parfois deux et même cinq. Face à ce constat, le Pays d’art et d’histoire a décidé de répondre à l’appel à projet du ministère.
Sur un état des lieux des cercles encore actifs. De voir sous quelle forme ils perdurent. C’est un peu un outil d’aide, de sauvegarde. Actuellement, en Provence verte et Verdon, il n’y en a plus que cinq : Saint-Roch et de la Jeune France à Rougiers, Philharmonique à Saint-Maximin, de l’Avenir à Fox-Amphoux et de l’Avenir à Barjols. Ceux de Correns et Pontevès sont en sommeil. Les associations sont actives, mais les locaux ne sont pas ou plus utilisés. Nous sommes deux à travailler sur cette enquête, qui porte sur toute la basse Provence. Je m’occupe de la Provence verte et Verdon et Pierre Chabert, ethnologue et auteur d’un livre sur les cerces, du reste du Var, des Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône et Alpes-de-Haute-Provence. Il ne va pas enquêter sur tous les cercles encore ouverts, mais il va essayer d’avoir une représentativité.
L’objectif est de susciter un dialogue autour des cercles et éventuellement de réactiver celui intercercles, au moins à l’échelle du territoire. On est là pour soutenir, valoriser, mettre à l’honneur ce patrimoine. Il est toujours vivant et se réinvente, se transforme pour continuer à exister. Il est important de sauvegarder ces pratiques vivantes. Cette étude permet à la fois de documenter et étudier la pratique à "l’instant T". Savoir comment ça perdure aujourd’hui. Je suis au début de mon enquête (commencée en janvier, elle devrait se conclure en avril, Ndlr) mais je constate parfois des problèmes de transmission. Les équipes doivent se renouveler. Les jeunes doivent s’approprier les cercles pour assurer la transmission. Le but, bien entendu, de cet inventaire est que les membres des cercles se reconnaissent dans la fiche. Elle comprend également une partie sur des freins et menaces à l’identité des cercles. Mon travail est aussi d’apporter des informations sur les dispositifs publics qui peuvent les aider à perdurer.
Le Cercle Philarmonique de Saint-Maximin vers 1930. Photo doc V.M. .
À l’origine, au XIXe siècle, les cercles sont une assemblée de personnes, "historiquement des hommes. C’est un groupe d’amis, de connaissances. Ils représentent vraiment l’entre-soi du village. Ils se retrouvent chez les uns et les autres et se forment en association. Ils peuvent aussi acheter des locaux. Ce sont des cafés associatifs typiques de la Provence."
Ils se réunissent autour de valeurs et de loisirs communs, "pour discuter, jouer, boire un verre".
Historiquement, il y a trois types de cercles : économiques, "liés par exemple aux coopératives agricoles" ; politiques, "au XIXe siècle, des lieux de propagande et militantisme" et ludiques, "par exemple à Saint-Maximin, le Cercle philharmonique".
À caractère privé à l’origine, de nombreux cercles se sont ouverts à tous. "C’est intéressant en termes de sociabilité, il y a un brassage de population beaucoup plus important. Cette nouvelle enquête permet de mettre en rapport l’identité historique de chaque cercle avec la manière dont il s’est transformé."
Actuellement, il y a plusieurs types de gouvernance.
"L’association peut déléguer la gérance ou employer des salariés. D’autres cercles fonctionnent encore “à l’ancienne”, avec uniquement des bénévoles, comme à Fox-Amphoux. Par ailleurs, des associations ont encore leur siège dans les cercles. C’est comme un pôle qui centralise une partie des activités sociales ou ludiques, voire identitaires."
Au fil du temps ces transformations se sont traduites par une ouverture sous plusieurs formes.
Par exemple, à Barjols, les femmes ont géré le cercle "de 1950 à 1990. À Correns, à la fin des années 2000, une dizaine de femmes ont fait de même. Autre changement notoire, les cercles sont devenus apolitiques."
En Provence verte et Verdon, certains ont, donc, baissé pavillon. À Saint-Martin, le Cercle est devenu un Bistrot de pays".
À Correns, "c’est maintenant un bar-restaurant, mais l’association existe toujours".
À Tourves, "il a gardé son nom de “cercle” et abrite maintenant le service communal festivités, vie associative et jeunesse. Le maire a eu la volonté de conserver une dimension sociale."
Le Pays d’Art et d’Histoire Provence Verte Verdon, labellisé en 2005 et comprenant environ 40 communes de l’arrondissement de Brignoles (dont 14 au sein du Parc) a été le territoire d’étude pendant plusieurs années d’une enquête thématique de l’Inventaire Général. En 2012, la région a en effet missionné l’équipe de la Provence Verte Verdon pour une recherche sur les bâtiments et objets du patrimoine républicain.
Si cet inventaire a permis de répertorier nombre d’édifices, monuments aux morts ou objets divers et variés ; il a également été l’occasion de mettre en exergue un patrimoine tout aussi précieux bien qu’immatériel : les cercles provençaux.
Les cercles existaient avant 1901 sous forme de « chambrettes » ou « chambrée ». Au départ plutôt fréquentés par la bourgeoisie dans le reste de la France, ils ont connu une expansion au XIXème siècle sous l’effet d’une mode politique. C’est bien leur caractère sociabilisant qui leur permettra de perdurer en Provence jusqu’à aujourd’hui. Car bien qu’il s’agisse d’associations régies par la loi 1901, pour le visiteur, ils prennent souvent la forme d’un bar. Ludique, lieu musical, corporatiste ou politique, le cercle provençal est polymorphe ; mais encore et toujours un lieu de sociabilité.
Le résultat de cette étude :
212 notices Architecture*
169 notices Objet*
1616 notices Illustrations*
La publication de la brochure « Laissez-nous conter les cercles en Provence Verte »
La production d’un film documentaire « Paroles de cercles, loisir et démocratie en Provence »
La publication de l’ouvrage Le patrimoine de la République en Provence Verte
L’inscription des cercles à l’inventaire du Patrimoine culturel immatériel en France : www.pci-lab.fr/rechercher
Le Parc naturel régional de la Sainte-Baume souhaite féliciter et remercier le Pays d’Art et d’Histoire Provence Verte Verdon pour ce superbe travail.
*Toutes ces notices sont en ligne et en accès libre sur le site dossiersinventaire.maregionsud.fr
Pour en savoir plus sur les cercles :
www.paysprovenceverteverdon.fr/pays-dart-et-dhistoire/inventaire-du-patrimoine/patrimoine-de-la-republique/
“Guide des patrimoines de la Sainte-Baume” édité par le Parc
Ouvrage de Pierre Chabert “Les cercles, une sociabilité en Provence”
Historiquement, le phénomène des chambrées (« cambradas » en occitan provençal) puis des cercles s’est étendu à l’ensemble du bassin méditerranéen. On le retrouve aussi dans les Landes et à Paris. Dans le Var, il a été présent dans de nombreuses communes (comme tout près de chez moi, à La Cadière-d’Azur et à La Valette). En 2016, le réseau intercommunal « Pays d’Art et d’Histoire de la Provence Verte » a publié une excellente brochure sur le patrimoine républicain présent sur son territoire (39 communes du nord-ouest du Var). La première partie de la brochure est consacrée aux mairies, écoles, campaniles, monuments aux morts, lavoirs, bains publics, maisons du peuple, foyers municipaux, coopératives vinicoles et cercles. La seconde partie (de la page 102 à la page 157) revient sur la question des cercles en les étudiant de manière plus approfondie et en les inventoriant de manière précise. Lien pour télécharger l’intégralité de la brochure au format PDF : www.la-provence-verte.net/accueil/documentation/pah-republique.pdf
Extraits de la brochure :
En Provence, le cercle prend ses racines dans plusieurs formes de sociabilités : la confrérie de pénitents, la loge maçonnique, la corporation de métiers, la société de secours mutuel, le cercle bourgeois (similaire au club britannique), la chambrée (pendant populaire du cercle bourgeois), les clubs révolutionnaires et les sociétés secrètes. Le cercle est une assemblée de personnes partageant des valeurs ou des loisirs communs, se réunissant pour discuter, jouer ou boire un verre. Il recouvre trois principales fonctions : ludique, politique et économique. Cette pratique, très ancienne, existe déjà sous l’Antiquité, où les hommes se rassemblent dans des « collegia ». Chaque cercle possède une identité singulière. Le sentiment d’appartenance à la communauté est renforcé par le devoir d’entraide et de solidarité qui soude les membres. Le groupe est à la fois interne au village et autonome. Il a sa propre histoire, ses règles, ses fêtes, certains ont même leur monnaie.
De la chambrée au cercle – Dans le département du Var, les chambrées se multiplient entre 1830-1848. Il en existe en moyenne six par communes, parfois dix. Leur succès est tel que dans certains villages, l’ensemble de la population masculine majeure adhère à l’une de ces sociétés. Ces réunions constituent des réseaux intéressants pour la propagation des idées révolutionnaires et républicaines. Des émissaires venus des grandes villes comme Marseille, Toulon, Draguignan, assistent aux réunions et proposent la lecture et le commentaire des journaux. Dans la première moitié du XIXe siècle, les chambrées se réunissent chez des particuliers, plutôt à l’étage, à l’abri des regards. Suite à l’insurrection varoise de 1851, le Second Empire s’efforce de les interdire. N’y parvenant pas, il tente alors de les contrôler en leur imposant des règles. C’est ainsi que le lieu et la fréquence des assemblées ainsi que la liste des participants doivent être désormais déclarés en Préfecture. Progressivement, ces mesures conduisent à une sédentarisation qui amène à confondre l‘assemblée avec le bâtiment qui l’accueille. La chambrée, réunion informelle et privée, disparaît au profit d’une forme plus institutionnelle : le cercle.
Sous la Troisième République – Pendant cette période, le cercle participe activement à la vie de la cité. Il a désormais pignon sur rue et s’installe là où se joue la sociabilité dans le village, comme le cours ou la place principale. Parallèlement, le nombre de cercles diminue mais la fréquentation par établissement augmente (elle peut parfois être multipliée par 20 !) de sorte que le nombre d’adhérents par commune reste constant. Vers 1900, il ne subsiste souvent que deux cercles par commune, un blanc (de tradition catholique et conservatrice) et un rouge (de tradition anticléricale et progressiste)*. Le cercle est à la fois un tremplin pour la mairie et un foyer de l’opposition. Un cursus honorum se met en place : il débute par la présidence de la coopérative, se poursuit par celle du cercle et aboutit au mandat de maire.
Déclin et renouveau – À partir des années 1910, les créations de cercles diminuent fortement. Ce recul se confirme tout au long du XXe siècle et enregistre deux pics à chaque guerre mondiale. Sous l’Occupation, les cercles, à nouveau soupçonnés d’être des foyers révolutionnaires, sont fermés. La plupart ne rouvrent pas après la Libération. Depuis quelques années, le nombre d’adhérents semble s’être stabilisé. À l’heure actuelle, huit cercles sont encore en activité sur le territoire. La plupart ont perdu leur fonction politique au profit d’une dimension ludique : lotos, pétanques et jeux de cartes continuent d’attirer une population en attente de divertissement et de lien social.
La sociabilité est un vaste sujet qui concerne autant les réunions informelles que celles structurées ou dictées par le rythme des saisons, les habitudes locales ou nationales. En Provence, elle a été l’objet de nombreuses études, tant historiques [Agulhon, 1979] qu’ethnologiques [Roubin, 1970]. À notre tour, nous examinerons ce sujet [Chabert, 1991] à travers une structure assez répandue dans les villes et les villages, le « cercle ».
Régie par la loi de 1901 sur les associations, cette institution regroupe principalement des hommes. Elle possède un conseil d’administration, délivre des cartes à ses membres après le paiement d’une cotisation annuelle, qui permettra au trésorier de constituer un budget. Pour le visiteur, le cercle se présente sous la forme commune d’un bar : on y boit, on y joue aux cartes ou aux boules. Seules différences, son appellation : « Cercle de… », et la non-consommation de boissons habituelles. Ce bar est le siège d’une association, donc un lieu privé. Ainsi conçu, le cercle constitue une véritable « société » au sens juridique et, comme toute association, se trouve être polymorphe. On remarque, pour l’ensemble de ces cercles, une inclination vers le corporatisme lorsqu’il devient lieu de réunion des chasseurs ou des pêcheurs. C’est le cas à Tourves, à Vauvenargues ou aux Martigues. On devine également des connexions avec la coopérative viticole, lorsque le local du cercle est intégré à son bâtiment, comme à Camps. L’aspect ludique est récurrent, par-delà les cartes et les boules, mais certains cercles (tel celui d’Auriol) se consacrent essentiellement à la musique, avec la présence d’un orphéon. Enfin, d’autres nous intéressent plus particulièrement, pour avoir conservé jusqu’à ce jour une fonction politique, très importante par le passé, notamment durant la IIIe République. C’est en particulier sur ce dernier type d’association que portera notre étude, du point de vue de l’anthropologie politique.
Antérieurement à cette loi de 1901, le cercle existait déjà en Provence, ainsi nommé dans les villes, plutôt désigné par les termes « chambre » ou « chambrette » dans les campagnes (chambro ou chambreto, en langue d’oc) [Roubin, 1970]. Une rapide prospection dans les archives des communes indique un véritable fourmillement de chambrées tout au long du xixe siècle ; au xviiie siècle, le terme chambro peut désigner une société de pénitents. Dans le reste de la France, la structure-cercle s’est répandue sous la forme d’une association plutôt bourgeoise [Agulhon, 1977] sous la monarchie de Juillet. Durant la IIIe République, son expansion est due à un effet de « mode politique ». Peu après, elle s’est estompée un peu partout en France. Son existence, bien réelle et actuelle en Provence aujourd’hui, provient sans doute d’un effet lié au « substrat » de cette sociabilité, caractérisé par la densité et la proximité sociale. Ce qui tendrait à faire de cette sociabilité une exception provençale.
Dans le cercle, de manière récurrente, des banquets sont organisés, ainsi que des concours de pétanque, des célébrations en l’honneur de la société, bref, tout ce qui privilégie le versant ludique de la sociabilité. Si cette attitude est commune à tous les cercles, certains d’entre eux s’inspirent, à travers le ludique, d’une Histoire qui circule encore. En effet, si un banquet peut être anodin, il peut aussi s’inscrire dans un calendrier commémoratif donné ; un concours de pétanque a moins de chance d’être porteur d’un sens historique clair, bien qu’il puisse appartenir à une « syntaxe » festive qui, elle, détient une valeur affective forte pour la communauté villageoise. Les connotations sont fréquemment d’ordre politique et rappellent le rôle joué dans ce domaine par certains cercles.
Notre étude concerne essentiellement les cercles politisés d’aujourd’hui, ceux qui témoignent d’un profond enracinement dans les valeurs de la IIIe République. Il demeure cependant difficile de prouver la continuité du rôle de la sociabilité au travers d’une politisation antérieure au xixe siècle, même si le rôle des confréries aux xviiie et xviie siècles est déterminant quant à la notion de communauté d’habitants [Baudot, 1984].
Sociabilité et vie politico-festive
L’aire provençale offre une certaine théâtralisation de la sociabilité, tant dans le paysage villageois que dans le discours de ses habitants. Ainsi, l’utilisation d’un vocabulaire emprunté au théâtre n’a pas pour but de ridiculiser les acteurs – en membres du cercle ou villageois –, mais consiste en une façon d’aborder les événements, d’autant que la « communauté » elle-même n’hésite pas à se mettre en scène. Par contre, on ne peut être aussi affirmatif avec l’aire de l’ancien comté de Nice, où le discours ne convoque pas les mêmes pratiques et où la configuration des villages n’est pas tout à fait identique. Le cercle semble plus en retrait dans la géographie communale, et le discours porte encore les traces des confraternités de pénitents. Néanmoins, la fête recèle une volonté certaine de mettre en scène l’histoire locale. Enfin, on soulignera que dans deux cas sur trois, à Utelle et à Breil, le cercle est et a été l’organisateur de ces fêtes. Il devient un relais des abbayes de la jeunesse, ces anciennes associations/confréries d’hommes non mariés [Ariès, 1973 : ix]. Comment s’exprime donc la dimension politique de la sociabilité ?
Depuis les travaux des historiens [Agulhon, 1979], on connaît la spécificité des villages provençaux, principalement ceux du Var. Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’ils ressemblent davantage à des petites villes, à des « bourgs » : leur sociabilité est celle d’une société complexe avant l’heure, l’heure de la Révolution bien sûr. Cette propension d’une certaine sociabilité provençale à « s’urbaniser » nous oblige à un raccourci historique : elle va sans doute chercher ses racines bien loin dans l’histoire, une histoire déjà pétrie par les légionnaires romains et leur système apparemment égalitaire des centuries, mais cette « urbanisation de l’esprit » s’effectue même dans les plus petits quartiers ruraux qui pensent comme leurs aînés. Malgré tout, rappelons ex abrupto que le cercle s’inscrit dans la problématique d’un individualisme qui jouxte une apparente solidarité.
Les données immédiates que l’observable nous présente et qui par conséquent nous permettent d’objectiver le cercle politisé sont les indicateurs topographiques par exemple, facilement décelables pour un œil averti. Globalement, le village a une physionomie qui renvoie à une variété de commune à laquelle son histoire a largement contribué. Il est probable qu’un village perché ou présentant même une faible pente ait connu, ou connaît toujours, une opposition entre le haut et le bas alors qu’il semble groupé et uni autour du campanile. La présence d’un cercle en haut du village et/ou en bas peut nous mettre sur une piste d’autant plus sérieuse qu’une proximité de la mairie dans un cas, ou de l’église dans l’autre, apporte des soupçons que l’enquête orale devra dissiper. On pense ainsi aux villages de Fuveau et d’Auriol dans les Bouches-du-Rhône. L’un est un village perché où l’on observe un clivage entre le haut et le bas, mais a contrario Auriol est un village-rue où le clivage s’effectue dans l’horizontalité, en amont et en aval de la rivière, l’Huveaune. Ces deux situations extrêmes peuvent sans doute s’expliquer par un phénomène d’« aimantation ». À Fuveau, le cercle d’en haut est proche de l’église et le cercle d’en bas est placé sur un boulevard ; à Auriol, le cercle en amont de la rivière est placé sur le cours, en face du monument aux morts et près de la mairie, le second cercle est en aval, assez éloigné. L’enquête orale nous apprend que le cercle de Fuveau qui est près de l’église, en haut, est un cercle qualifié de « blanc » et que celui d’en bas est « rouge » ; à Auriol, celui qui est placé près de la mairie est un ancien cercle dit « rouge ».
Outre le titre du cercle qui est susceptible de connotations évidentes, mais dont il faut se méfier, puisqu’un cercle dit « de l’Union » peut être un titre abrégé (« de l’Union Républicaine »), l’intérieur du cercle délivre sans ambages une réponse aux interrogations du promeneur. L’iconographie (bustes de Marianne, de Jean Jaurès ou de Jules Guesde ; tableaux de Rouget de Lisle, drapeaux rouges) nous dirige vers la voie d’une interprétation sans équivoque, de même que les bustes de saints ou les croix, ainsi que des enseignes ornées du labarum (étendard impérial institué par Constantin et portant)
Il faut souligner l’absence assez continue du buste de Marianne dans les cercles des Alpes-Maritimes, surtout sur la rive gauche du Var, historiquement ancien comté de Nice. Dans cette aire, les titres des cercles ne comportent généralement pas de connotation politique ; leurs présidents se refusent d’ailleurs à toute activité politique susceptible, selon eux, « de semer la discorde » [déclaration d’un informateur], mais, a contrario, la production de vin « favorise la solidarité »
Ainsi plantés, les décors vont s’animer dans le discours et dévoiler dans un système métonymique leur forte charge symbolique. Le décodage, d’abord topographique, montrera le jeu des oppositions, ou des agencements des groupes, comme on l’a rapidement évoqué précédemment. Cela n’est pas sans rappeler les remarques de Jacques Lévy [fnsp, 1991 : 213] : « Il existe différentes combinaisons interholistiques dont on peut supposer qu’elles fonctionnent sur le modèle qu’André Siegfried avait défini pour l’Ardèche [Siegfried, 1949] : une première opposition religieuse (Catholique/Protestant), une seconde en fonction du mode d’exploitation agricole, mais avec une vaste gamme de variantes si l’on change l’ordre des facteurs. »
La question qui se pose est celle d’une reconnaissance des indices topographiques et iconographiques dans le discours, soit une vérification de l’externe dans l’interne. L’émergence des discriminants dans le discours s’effectue sous la forme d’un paradigme récurrent qui use de codes à la fois topographique, patronymique, social, chromatique et de classe d’âge. On peut convoquer à ce propos la notion littéraire d’« isotopie » qui désigne un réseau de signifiés plus large qu’un champ sémantique. On obtient ainsi dans le discours de certains informateurs, sous une forme saturée, les formules suivantes pour le Var :
« En haut » « En bas »
« L’Union » « Le Progrès »
« Les Riches » « Les Pauvres »
« Les Blancs » « Les Rouges »
« Les Anciens » « Les Jeunes »
Dans les Alpes-Maritimes, le code ne met pas en avant une dichotomie par les cercles, mais se réfère essentiellement aux codes des confraternités, c’est-à-dire des confréries de pénitents, ce qui a pour effet d’effacer le code Rouge/Blanc, ce qui doit pouvoir s’expliquer par l’histoire du comté de Nice qui est resté étranger à la Révolution française ; les cercles n’étant pas encodés, le résultat est le suivant :
« En haut » « En bas »
« Les Pénitents Blancs » « Les Pénitents Noirs »
« Les Riches » « Les Pauvres »
Dans cette aire, l’ensemble de la communauté est comprise dans une répartition très claire, grâce au système des codes en vigueur aussi bien dans l’espace ludique, festif, que dans celui des processions ou du travail.
Au sujet des institutions qui produisent leur vin, on précisera que cette originalité ne figure pas dans les statuts des sociétés, mais se trouve juste expliquée par les sociétaires, qui considèrent qu’une telle pratique consolide les liens et présente des avantages économiques. Ne s’agit-il pas d’une transposition des pratiques dites « autarciques » qui existèrent naguère et se trouvent aujourd’hui transférées dans le cercle, alors même que la production de raisin disparaît dans le terroir et que le raisin est acheté dans le Var ? Rappelons que les coopératives vinicoles n’existent pas dans ce département, peut-être du fait de la forte déclivité des terrains ou d’une tradition politique qui manque et limite les innovations, telles que les coopératives viticoles.
Une originalité supplémentaire de l’ancien comté réside dans la propension à mettre en scène les tensions intra/intercommunautaires qui ponctuèrent la vie locale avant le rattachement (1860). Nous en donnerons quelques exemples.
La célèbre fête du Cepoun à Utelle se concrétise par un jeu qui se déroule depuis le XVe siècle, le 15 août, sur la place de l’église. M. Jean Gavot [1971 : 75] déclare : « Il consiste, pour les célibataires du pays à attaquer et à s’emparer, si possible, d’un morceau de tronc d’arbre, d’environ 80 kilogrammes, défendu avec acharnement par les hommes mariés qui en sont les gardiens. Le sens du jeu changea vers 1430 ou 1450, à la faveur d’un événement très important. Comme Utelle, Peille et Lucéram étaient des communes libres, elles décidèrent de signer un pacte d’assistance en cas de danger, d’où qu’il vienne. Peille et Lucéram furent attaquées, elles firent appel à Utelle, mais les jeunes Utellois refusèrent de se battre, les anciens durent remplacer les jeunes défaillants, et les combats se prolongèrent assez longtemps pour que les femmes des guerriers s’ennuient… Et qu’elles se divertissent avec les jeunes. »
À Levens, un festin a lieu le 2 septembre, dont l’origine se trouve dans le fait historique suivant : « Quand les Levensois qui, sous le régime de leur seigneur, avaient un “parlement” (réunion des chefs de famille), voulurent se soustraire à la suzeraineté des Grimaldi, ils offrirent le 29 août 1699, seize mille lires au duc de Savoie, pour n’être désormais tenus qu’à ce seul vasselage, la commune fut alors investie du “fèude, noble et lige” mais sans titre comtal. Les habitants marquèrent leur affranchissement en plantant, au milieu de la place, devant l’entrée du château du seigneur, une grosse pierre conique “lou boutau”, que l’on saute » [Gavot, 1971 : 68].
Enfin, à Breil, a lieu la fête d’A’ Stacada. « Cette reconstitution commémore une petite révolution qui permit aux Breillois de faire abolir le droit de cuissage dont usait le bailli de l’époque. Au XVIIe siècle, les membres du conseil de Communauté étaient élus par les chefs de famille (cap d’oustau), et élisaient à leur tour et à leur tête les syndics (maires) au nombre de deux. Le bailli du lieu, personnage central de la Stacada représentait le seigneur de Breil et réglait la justice » [Gavot, 1971 : 99]. On devine la suite, le bailli abuse de son droit de cuissage, et la communauté se révolte.
Globalement, la longue durée nous offre un paysage politique partagé entre les « cap d’oustau » qui tentent de se faire entendre et le seigneur. Le clivage dans la sociabilité ne se politise pas pour autant, on a davantage affaire à des jacqueries ou à des révoltes sporadiques qu’à un mouvement global comme en Provence. Là, la Révolution va, semble-t-il, entraîner un processus dichotomique à l’intérieur du premier groupe qui donnera vraisemblablement naissance aux Rouges et aux Blancs. Mais, au lendemain de la Révolution, quand les corporations sont pourchassées et qu’on assiste à un vide associatif, l’éclatement des chefs de maison en deux factions crée de facto une sociabilité politisée, après un passage par les clubs révolutionnaires.
Néanmoins, on peut se demander si la constitution du cercle en véritable corps ne nous renvoie pas à une attitude « inconsciente » qui s’enracine dans la longue durée et renvoie au mécanisme d’opposition. Pour mémoire, on notera qu’au lendemain de la Révolution les maires sont élus, mais qu’ensuite et jusque vers 1831 ils sont nommés. Ce n’est qu’en 1831 qu’une loi permettra l’élection des conseillers municipaux. C’est alors que Charles Dunoyer écrit : « L’État moderne est un producteur de sociabilité » [Coquelin, Guillaumin, 1852, t. 2 : 837].
Mais il faut aller plus loin que la mise au jour de cette interaction globale entre le fait politique et sa théâtralité. L’attitude réflexive, d’autodérision assez répandue dans le Midi se retrouve sans doute dans ce jeu de l’acteur/spectateur de son histoire, peut-être le cercle est-il aussi un effet de cette « double énonciation » si connue au théâtre ?
En Provence, le cercle aimante une grande partie des autres associations du village. Ce phénomène fait du cercle un forum, ce qui lui confère, de fait, une légitimité implicite. Il est un pion incontournable sur l’échiquier de la commune. On y trouve par exemple les associations de chasseurs, pêcheurs, boulistes, coopérateurs, anciens combattants, libres-penseurs et, surtout, celle du comité des fêtes. Sur ce dernier point, le cercle remplit les fonctions d’abbaye de la jeunesse, puisqu’on y retrouve le groupe des jeunes. Cette stratégie permet sans aucun doute à l’institution de maintenir son patrimoine culturel, de le produire et de le reproduire afin de le conserver. Enfin, cette capitalisation associative met en relief les réseaux basés sur le clientélisme et la notion de famille, réelle ou idéologique. Apparemment, le cercle appartient à ce que Maurice Duverger [1968 : 454] qualifie de « groupes de pression étroitement liés à un parti et soumis en fait à un parti », mais les faits ne sont pas aussi simples et ce serait compter sans le non-dit inhérent au village lui-même.
La pratique du cercle s’effectue dans un continuum où le caractère rituel de l’acte politique est fondamental. On n’appartient à un cercle que si l’on est domicilié dans la commune. Se retrouve la vieille notion d’« étranger » (en tant que non-indigène à la commune) : on se doit d’être parrainé, d’attendre quinze jours d’affichage pour connaître la réponse. N’oublions pas qu’il s’agit d’entrer dans un lieu qui porte souvent à l’entrée la mention « Privé ». Il faut souligner également que ce sont surtout les anciennes familles (tant chez les Rouges que chez les Blancs) qui occupent le conseil d’administration de la société. Les anciens sont souvent surnommés lei cepoun (les piliers). Ce sont eux qui font autorité – leur père sinon leur grand-père ayant, la plupart du temps, été membres –, et sont par conséquent des références et des garanties d’une légitimité incontournable (lou cepoun désigne à la fois un cep de vigne et la marque du grade de centurion, qui était un sarment de vigne lui servant à imposer son autorité). Bref, cette place des anciens est justifiée par les actions politiques des ancêtres, qui sont à l’origine de la fondation du cercle ou de la coopérative, ou du syndicat. Le prestige provient ainsi d’actions illustres que la mémoire conserve dans les noms des rues, des quartiers ou des salles de fêtes.
Le fondateur est plus souvent évoqué chez les Rouges, puisqu’il est à l’origine du processus d’achat du local sous la forme de quotes-parts ou d’actions, ce qui fait du cercle un bien en indivision dont les membres sont copropriétaires, système égalitaire qui satisfait l’ensemble de la société. Par contre, chez les Blancs, c’est un grand propriétaire terrien ou un châtelain qui a fait don du local où le cercle s’est installé ; ainsi a-t-il été élu maire, conséquemment à ce mécanisme de don et de contre-don. Mais les Rouges peuvent parfaitement pratiquer une transmission familiale du titre. On voit le fils succéder au père dans les fonctions de premier magistrat de la commune : il y a là légitimité traditionnelle.
Enfin, une solution ultime reste possible pour tous si les tensions sont trop vives et si personne ne veut s’engager sur la voie de l’élection : le recours au système du « podestat » consistant à convaincre une personne étrangère à la commune, ou qui n’y réside que depuis peu, de se présenter aux élections. Sans devenir une tête de Turc ou un caramentran, elle pourra concrétiser une sorte d’arbitre passager (Caramentran, ou « Sa Majesté Carnaval » est ici évoquée, car nombre de maires battus aux élections voyaient, il y a peu, leur effigie brûlée ou leur veste pendue en place publique).
De la mémoire à l’imaginaire, il n’y a qu’un pas. Que l’on continue à qualifier une partie du village de « Rouge » ou de « Blanc » renvoie à une époque qui n’existe peut-être plus, mais est toujours perçue de la sorte. De plus, l’absence d’un code métaphorique Rouge/Blanc dans les Alpes-Maritimes à propos des cercles connote certes une « autre Histoire », puisque le rattachement, qui date de 1860, a « favorisé » le maintien d’un code métaphorique lié aux confréries de pénitents, Noir/Blanc. Cette « transmétaphorisation » ou cette métaphorisation dans le temps peut sans doute s’expliquer, d’une part, par la place du soleil dans les proverbes météorologiques provençaux (le soleil couchant très rouge annonçant le beau temps), et, d’autre part, par leur utilisation en période politique. Frédéric Mistral l’illustre avec l’anecdote de la vieille Riquelle [Mistral, 1971 : 160]. S’agit-il d’un déplacement métaphorique lié à un héliotropisme – on substitue au Noir le Rouge, et à l’ancien ordre social, un nouvel ordre politique ? Ce code ressurgit régulièrement, dès que le discours politique sur le cercle s’engage, mais est-ce suffisant pour dire que le mythe solaire est associé hic et nunc à la politique et à la sociabilité ? Est-ce suffisant pour affirmer que la nouvelle métaphore politique entraîne avec elle un nouveau langage, un peu comme « la poésie qui ne détruit le langage ordinaire que pour se reconstruire sur un plan supérieur » [Ricœur, 1975 : 206] ?
Quoi qu’il en soit, dans l’Ouest varois, un usage est à remarquer qui consiste, selon un rituel plus ou moins consciemment réalisé, à entamer sa carrière politique locale par la présidence de la coopérative, ou de la société de chasse comme nous l’indique Christian Bromberger. Ensuite vient la présidence du cercle, ou inversement, et enfin l’accession au pouvoir municipal. C’est dans cet ordre que se situe un parcours sans erreur.
Pour les « Blancs », la course au pouvoir s’inscrivant dans un autre système qui met en place un café et des caves privées, le cursus honorum s’établit ainsi :
Rouges : Présidence du cercle et/ou de la coopérative. Mairie
Blancs : Café et caves privées. Mairie
Il existait une variante plus ancienne de conquête de la municipalité, très répandue dans l’entre-deux-guerres : la présence de deux infrastructures de couleur politique différente. Dans chacune d’elles, on rencontrait un cercle et une coopérative. Ce dispositif est encore partiellement en place. C’est dire l’usure en cours du dispositif. De même, il est clair que le terme « coopérative » s’efface peu à peu des frontons de ces bâtiments, laissant place à celui de « cave ». Le cadre dans lequel ces cercles s’épanouissaient a largement évolué : au début du siècle, les Rouges étaient réunis sous le titre de « Fédération des cercles rouges ». Les Blancs, eux, participaient, du moins dans les Bouches-du-Rhône, de « L’œuvre des cercles catholiques d’ouvriers », fondée par Albert de Mun à la fin du xixe siècle. Dans le Var, l’implantation de ce réseau n’a pas eu lieu. Sans doute, cela peut-il s’expliquer par la présence dans les cercles blancs de quelques royalistes, et par une composition sociale où les ouvriers étaient absents ; par contre, les grands propriétaires fonciers étaient largement représentés.
Parallèlement à ces réseaux, il est clair que l’homogénéité sociale des cercles n’a cessé d’évoluer. Globalement, ceux du début du siècle présentent un lien social très fort entre les familles du terroir et la profession : on observe ainsi des cercles d’agriculteurs ou de charretiers, de pêcheurs ou, dans les villes, des cercles de négociants, sinon d’avocats ou de chapeliers. Dans l’entre-deux-guerres, les faits évoluent vers une plus grande diversité. Malgré tout, n’imaginons pas le cercle comme un système hermétique, car les instituteurs y étaient très activement présents et s’attachaient à l’embrigadement des jeunes dans les orphéons. Cette culture orphéonique passée de mode, c’est le sport qui prendra le relais. Du côté des Blancs, c’était généralement un prêtre qui s’occupait du patronage, destiné également à former une chorale ou à jouer la célèbre pièce de théâtre, La Pastorale, véritable cheval de Troie que les Blancs représentaient régulièrement au cours de leurs « virantes » dans les villages voisins.
Les bagarres entre les écoliers de l’école laïque et ceux de l’école religieuse étaient nombreuses jusque vers 1939 environ. La période de l’Occupation fut particulièrement néfaste pour les sociétés des Rouges, alors interdites, et dont les membres furent l’objet de tracasseries [Guillon, 1983 ; Girault, 1995 ; Rinaudo, 1982 ; Constant, 1977].
Aujourd’hui, ces tensions ont à peu près disparu, les « cercles » étant avant tout composés d’employés. L’homogénéité sociale demeure, mais le travail qui réunissait naguère les hommes se trouve peu à peu remplacé par les loisirs. C’est sans doute la raison pour laquelle les « cercles » se dépolitisent. On peut dire cependant que l’institution « est le prisme d’une relation de pouvoir autant que l’incarnation d’une culture singulière dont on perçoit les effets en termes de productions d’identités » [Abélès, Jeudy, 1997 : 135]. Quant à la mémoire du « cercle », elle demeure, grâce au rituel festif par exemple, qui réunit les membres de certains « cercles » rouges autour d’un banquet républicain, le 24 février. Ce jour-là, les membres boivent le vin « français » dont la recette ressemble sensiblement à une sorte de sangria et qui a pour objet de rappeler aux membres « ceux de 1851 » qui, réunis dans leurs chambrettes, goûtaient ce breuvage en attendant des jours meilleurs. La fête de ces « cercles » qu’on peut qualifier de « quarante-huitarde » leur est spécifique dans la mesure où il s’agit de « leur » fête. Quant à elle, la commune fêtera le 14 juillet, mais les participants éprouvent le besoin de se démarquer. On retrouve en ces termes le vieux débat de l’Histoire et de la mémoire de l’Histoire.
Autre particularité festive, c’est l’attachement des « cercles » communistes de la région d’Aubagne au 21 septembre, cette date constituant d’ailleurs, comme le 24 février, le titre de certains d’entre eux. Il faut y ajouter le 1er mai, jour au cours duquel le drapeau rouge est hissé devant l’entrée.
Notons que ces lieux sont précisément définis par les locuteurs : « Le cercle, c’est la mairie ! » Malgré tout, au village, on ne parle pas de parti politique, comme s’il existait un tabou à cet endroit, à moins que ce soit par simplification, ce qui expliquerait la persistance de la formule paradigmatique et certes ancienne, « les Rouges et les Blancs ». Ainsi que le remarque très justement Irène Bellier [Abélès, Jeudy, 1997 : 136], la question est de savoir si les individus font de l’institution un lieu de culture et si l’institution est le foyer d’une culture singulière. Dans le cas du « cercle », il semble bien que l’institution en question réponde à ces interrogations en tant que lieu de production et de reproduction culturelle notamment par le biais du rituel festif.
Dans cette interaction au sein de la commune, à quoi correspond réellement le cercle ?
« Réfléchir à l’institution en partant de l’idée qu’elle constitue un microcosme permet aussi bien d’explorer ses frontières et les relations qu’elle entretient avec des unités semblables ou d’ordre distinct, que de considérer les pratiques de ses “ressortissants” et les idées qu’ils mettent en œuvre » [Abélès, Jeudy, 1997 : 134]. Dans cette perspective, nous avons vu cette institution comme un contre-pouvoir ou une sorte d’antichambre de la mairie. C’est, en effet, à la fois une manière de préparer les élections et de contrôler le maire quand il a été élu. Peut-être aussi une façon de considérer qu’en fait tout se joue au cercle et non à la mairie. Les faits paraissent relativement clairs dans les écrits d’un militant communiste d’Aubagne [Grimaud, 1980] : « La proclamation des résultats des municipales de 1965 déchaîna l’enthousiasme et cette foule en délire, nouveaux élus en tête, se dirigea vers le cours Beaumond, vers ce cercle de l’Harmonie qui, il faut bien le dire, était le vainqueur de cette journée […], dans ces heures de joie, nous nous sentions près de nos Anciens, nous leur apportions, dans les murs qu’ils avaient bâtis, la réalisation de leurs rêves […]. Le doyen d’âge prit la parole et remercia le cercle de l’Harmonie et son président pour l’appui apporté pendant la campagne électorale. Le maire prit place dans le fauteuil. » On le voit, la mairie, c’est bien sûr le but, mais est-ce que tout n’a pas déjà été joué ailleurs ? Peut-on aller jusqu’à avancer l’idée d’un doublet de la mairie incarné par le cercle ? À moins qu’il ne s’agisse d’une manifestation de ce goût pour la liberté, tant apprécié par les Provençaux ? Les règles du jeu politique obligent à la confrontation, surtout lorsque deux « cercles » sont en présence. Le champ lexical de la guerre chez les locuteurs est riche : le cercle adverse « doit être démoli », les « processions interdites », la « date de Carnaval déplacée » dans le calendrier. On oublie pour un temps les moqueries à l’égard des communes voisines, et « l’état de guerre engendre une situation de contre-société animée par la tension interne et la propension révulsive » [Abélès, Jeudy, 1997 : 113]. L’état de guerre est à la fois une rupture – ici une rupture pour la conquête de la mairie – et une façon de consolider la cohésion du groupe et d’assurer sa continuité.
Quant au ressort réel qui pousse les bellicistes vers l’extrémisme, il paraît bien appartenir au domaine du symbolique et plus précisément du patrimoine symbolique, de l’identité politique, mais la guerre aura-t-elle jamais lieu ? Dans cet état plus ou moins chronique de guerre, l’observateur est tenté de qualifier cet aspect de « jeu politique critique » qui oscille dangereusement vers la fragmentation extrême de la sociabilité. C’est notamment le cas avec la commune de Saint-Zacharie, qui a connu le cercle des Rouges, celui des Blancs et celui des Jaunes (fondé par des dissidents des Rouges). Ces conditions conduisent à la prise de conscience d’un risque de fracture irrémédiable, comme cela se passe dans les communes modestes où la fusion des deux « cercles » est un mariage de raison. Dans ces perspectives, un discours digne d’intérêt est celui tenu par bon nombre de membres qui regrettent la trop grande fragmentation des partis politiques au plan national, ce qui finit par « brouiller les pistes » et gêner le débat. En fait, avec cette remarque, on met le doigt sur une divergence importante entre, d’une part, la politique au village qui s’inscrit dans une dichotomie qui puise ses origines très loin dans l’histoire, dans la mémoire et les choix locaux de chacun, et, d’autre part, la politique nationale qui s’avère plus anonyme et comme échappant aux villageois par la complexité des divisions et des repères.
À ce propos, la théorie du contrat social resurgit dans ce microcosme politique qui s’avère être un laboratoire de sciences politiques ; dans une pénétrante analyse de la souveraineté [Esprit, 2002 : 156] Mickael Foessel insiste sur ce point en citant Rousseau et « son refus de toute représentation de la souveraineté [qui] s’explique par le souci de ne pas séparer l’origine de toute légitimité politique (le peuple) de l’exercice du pouvoir ». Mais n’imaginons pas le village provençal comme un camp retranché où chacun vit de son côté. Certes, il y a les habitudes, mais, interrelations aidant, le moment des élections cristallise des conflits qui sommeillaient. Conflits enracinés dans l’imaginaire autant que liés aux engagements historiques (récents ou anciens) : Occupation, Front populaire, séparation de l’Église et de l’État, 1851, Révolution… Il est vrai que derrière l’enjeu d’une « appropriation de la commune » par un maire d’une certaine « couleur » politique se profile la continuité de l’appartenance du village à une histoire locale cohérente, et son basculement remet en question l’identité même à laquelle les habitants sont attachés. C’est pourquoi, au-delà du choix électoral individuel, se situe l’image du village, qui fut pour certains d’abord situé en haut de la colline, là où l’on trouve toujours le cercle des Blancs ou des Anciens, alors que pour d’autres elle se vit là où les Rouges ou les Jeunes venus après eux se sont installés, où se trouvent leur « cercle », les travailleurs, leur coopérative : en bas.
D’ailleurs, dans cette dialectique qui puise dans un culte unanime des Anciens (même les Jeunes ont leurs Anciens), chacun obéit et se subordonne à son mythe politique fondateur, tout en le transmutant en pouvoir par le biais d’un puissant esprit de liberté. Rappelons le passage d’un discours de Fabre d’Églantine le 3 brumaire an II [Le Moniteur, 18 : 683] qui met en relief la place de l’imaginaire, même si le terme est absent : « Il faut se saisir de l’imagination des hommes pour la gouverner. » Le prolongement du capital symbolique en tant que légitimité traditionnelle, on le retrouve encore dans les monographies, qu’elles soient écrites par un « bord » ou par un autre. C’est bien dans l’écriture de son histoire, qu’on peut (ou pas) s’identifier et cristalliser l’imaginaire, aussi bien que dans la guerre des noms de rues ou dans le choix des journaux, des écoles… La délimitation de l’espace du politique passe même par les proverbes. Ainsi, à Aubagne, la règle du jeu est claire : « Un cop, cadun, maire d’Aubagno » et ce goût bien méridional pour le jeu se retrouve dans les jeux de cartes, le jeu de boules, la chasse ou le jeu de ballon.
Ces pratiques ne sont pas innocentes : sont-elles initiation ou jeu politique ? On l’a vu, enfermer uniquement la politique du village dans des luttes électorales serait réducteur. Il semble à la fois que le cercle constitue une sorte de « forum intérieur » où les élections se préparent selon des critères ne coïncidant pas nécessairement avec ceux de la nation ; et que le jeu politique relève d’une mentalité globale régulant la vie quotidienne dont la dimension rituelle est importante. La culture dite « traditionnelle » peut éventuellement confirmer ces recherches. La Pastorale (pièce de théâtre en langue d’oc régulièrement jouée à Noël) met en scène une communauté villageoise réconciliée autour de la naissance de l’Enfant Jésus. D’une certaine manière, elle se fait l’écho utopique d’un village idéal, impossible à concevoir. Cette mise en « abyme » via La Pastorale est d’autant plus savoureuse qu’elle est souvent représentée par et dans un cercle.
Enfin, la longue durée montre combien, dès le xive siècle, la confrérie du Saint-Esprit est à la source de la notion de communauté d’habitants [Baudot, 1984 : 235-244]. Celle-ci possédait déjà un grenier, produisait son vin et établissait ses réunions dans la chapelle.
Soulignons que fréquemment le capitaine de bravade ou l’abbé de la jeunesse, sinon le recteur de la confrérie, est un consul. Là encore, on retrouve le lien discret entre espace festif et espace politique.
Maillon essentiel dans la transmission du pouvoir et du savoir politique, le cercle, par le rôle qu’il accorde au rituel, et surtout par son caractère de propriété indivise entre les membres qui garantit l’égalité entre eux, montre qu’il existe un lien entre les modes de transmission du patrimoine en général et du patrimoine symbolique auquel participe le politique. Ainsi, on rejoint Marie Cuillerai et Marc Abélès : « Individus et groupes produisent leurs propres paysages, les ethnoscapes, eu égard à leurs propres origines et aux avatars qu’ils subissent. La notion de paysage est elle-même ambiguë : elle connote tout à la fois l’extérieur, le monde tel qu’il nous apparaît, mais tout autant l’intériorité, la représentation que nous portons en nous » [2002 : 17]. Mais le cercle peut aussi s’interpréter en tant que théâtre, espace, où le fait politique est dédramatisé par sa mise en scène. Ou bien encore être vu comme synthèse relativement réussie de la vie privée et de la vie publique, puisque c’est dans cet espace privé qu’on débat de la vie politique. Enfin, on a déjà indiqué [Chabert, 1991] combien les pratiques provençales (tout au moins pour ce qui est de la sociabilité) présentaient d’affinités avec notre voisin italien. Il est clair que les cercles socialistes, tant à Florence (« Circolo arci ») que dans le nord de l’Italie avec « Forza Italia » (mouvement politique de droite) autour de Silvio Berlusconi, y sont puissamment organisés. Ainsi lit-on dans le journal Le Monde [2003] : « Forza Italia est pourtant devenue aujourd’hui une formation solidement enracinée grâce aux liens noués avec les cercles et les associations professionnelles. » ?
Le Cercle Républicain du 21 Septembre, une institution dont l'histoire se confond avec celle du village, est, de ce fait, un intéressant reflet de l'évolution de la société zacharienne, depuis sa fondation en 1882 jusqu'à nos jours. Jean-Claude Haingue, président de l'association "Rencontres de Mémoires", historien amateur particulièrement consciencieux, a plongé dans les archives disponibles pour en extraire l'histoire très fouillée de l'association la plus vieille du village, née de la volonté républicaine de quelques villageois désireux de marquer leur opposition à la restauration éventuelle de la monarchie ou d'un nouvel empire bonapartiste. La date choisie du 21 septembre, tout un symbole, est celle du 21 septembre 1792, date d'abrogation de la royauté par l'Assemblée nationale. Pour rendre plus vivant son discours, Jean-Claude Haingue s'est appuyé sur un diaporama dont certaines images ont réveillé des souvenirs parmi le nombreux public présent dans la grande salle du Cercle, adhérents et curieux mélangés. Le conférencier est remonté au début du 19e siècle qui a vu apparaître les premiers cercles en Provence, 768 en 1843, fréquentés en majorité par une élite bourgeoise.
Les cafés et cabarets étant jugés trop bruyants et malfamés, les cercles attirent du monde, et, si officiellement, on n'y fait pas de politique, on tente d'y instaurer "l'espérance d'une société plus juste, débarrassée du dogme de l'Église et des préjugés sociaux". Le Cercle zacharien a d'ailleurs inscrit dans l'article premier de ses statuts : "... Épris de justice, ils (les membres) proclament leur attachement indéfectible aux droits de l'Homme et à toutes les valeurs démocratiques, en particulier celles de progrès, de tolérance et de laïcité". Il est intéressant de constater qu'en 1881, Saint-Zacharie compte 1669 habitants, en majorité agriculteurs, 381, pour 90 personnes employées dans les ateliers de céramique et les tuileries et 70 journaliers. En 1911, sur 1702 habitants, il ne reste plus que 153 agriculteurs, pour 177 travailleurs dans la céramique et 111 journaliers. On constate immédiatement le sens de l'évolution sociale. On ne connaît pas exactement les différents locaux utilisés par l'association, mais les archives nous apprennent que le local actuel, cours Louis-Blanc, en est le siège depuis 1901, l'association s'en portant acquéreur en 1920. À partir de 1892, année de la création, à St-Zacharie, du premier syndicat des ouvriers potiers, le destin du Cercle est très lié à celui des ouvriers de la céramique.
Le nombre de cercles n'a cessé de se réduire dans le Var
Jean-Claude Haingue a abordé un sujet très à la mode, la présence des femmes dans l'association, notant que "jusqu'en 1960, la fréquentation est restée exclusivement masculine", et aujourd'hui, c'est une femme, Denise Paolini, qui préside le Cercle. Un Cercle qui est un lieu de solidarité, assistance aux membres malades, accompagnement des convois funéraires des membres décédés, mais c'est aussi un lieu de culture. L'Harmonie du 21 Septembre a compté jusqu'à 58 musiciens entre 1910 et sa dissolution en 1970. L'originalité et la beauté de ses locaux, faïences et céramiques, a attiré les productions télévisuelles qui ont tourné téléfilms et séries pour le petit écran.
Aujourd'hui, le nombre de cercles n'a cessé de se réduire dans le Var depuis la fin de la Première Guerre mondiale, un déclin général du "aux profondes mutations qu'ont subi les échanges d'informations". Jean-Claude Haingue poursuit : "Soucieux de conserver au Cercle son rôle de lieu de rencontre, de détente et de loisirs, on voit que les dirigeants font preuve d'imagination pour conserver le même niveau de fréquentation. Mais notre société a beaucoup changé, il n'est plus nécessaire de se déplacer ou de se rencontrer pour être informé. Désormais, l'information arrive dans les foyers par la télévision, et non plus par le Cercle. Le téléphone relie les maisons et le portable met en contact les individus."
Or, "le Larousse nous apprend qu'une personne sociable recherche la compagnie de ses semblables. C'est donc clairement aujourd'hui, une qualité en voie de disparition. Et pourtant, pousser la porte du Cercle pour y prendre un verre entre amis, c'est plonger dans le passé des hommes de St Zacharie, et c'est aussi mettre un pied dans un cercle de convivialité". Il a conclu sa conférence en donnant son avis sur les conditions de survie de cette institution indissociable de la société zacharienne : "Compte tenu des coûts de fonctionnement d'une telle structure, le Cercle ne peut survivre que s'il maintient ou augmente le chiffre actuel de ses adhérents, que la fréquentation de son bar reste stable, et que l'aide de la commune soit maintenue. La part des ressources provenant des soirées dans le budget doit se maintenir au niveau actuel, faute de quoi l'équilibre se révélera impossible, et le Cercle disparaîtra".
Les cercles, jadis bouillonnants d’idées et de fraternité, foisonnaient dans le Var. Si presque tous ont disparu, celui du 24 février 1848 du Beausset perdure, témoin d’une époque où les débats enflammés façonnaient les villages.
Autrefois, dans le Var, les cercles étaient des hauts lieux d’échanges, de débats, de respect, de tolérance et de fraternité. Des espaces privilégiés où les villageois se réunissaient pour discuter de sujets divers, « reflétant ainsi l’esprit frondeur et contestataire du Français en général ...
Créé le 21 septembre 1882, le Cercle Républicain du 21 septembre
fut financé conjointement par les syndicats de céramiste et les industriels.
Il doit son nom au 21 septembre 1792, le lendemain de la victoire de Valmy, jour de la proclamation de la 1ère république.
Il est fondé en 1882 par autorisation de l’administration préfectorale.
Le cercle sera le siège du syndicat de la céramique et de la société de secours mutuel jusqu’au 1er janvier 1911, date de la création de la bourse du travail.
On peut y voir de superbes céramiques, fresques, carrelages et arabesques, tous témoins du passé industriel prestigieux de la commune.
Aujourd'hui siège de l'association du même nom, il accueille de nombreuses manifestations.